samedi 9 août 2014

Sur le monachisme contemporain : entrevue de Kristina Poliakova avec l’Archevêque Marc (Arndt) (2)

On Contemporary Monasticism: Interview with Archbishop Mark (Arndt)

- Si un monastère manque de guide spirituellement expérimenté, s’il n'est pas possible de révéler ses pensées à un père spirituel sur une base quotidienne, que faut-il faire? En particulier, il s'agit de la situation dans certains couvents féminins.
- A mon avis, un père spirituel doit être secondaire dans un couvent, l'higoumène doit être celle avec laquelle une moniale devrait partager ses pensées. Ou une higoumène peut nommer une moniale âgée pour conseiller les jeunes sœurs. En tout cas, je pense, qu’il vaut mieux qu’une religieuse puisse parler à quelqu'un du même sexe, qu’à un homme. Un prêtre, un père spirituel est prévu pour entendre la confession, ce qui est un peu différent que de révéler ses pensées les plus intimes. Bien sûr, une higoumène peut sommer toute personne spirituellement expérimentée pour que les moniales puissent lui parler. Mais une telle personne doit montrer beaucoup de tact et approcher les moniales avec prudence afin de ne pas interférer dans les affaires internes de la communauté monastique. En Terre Sainte, deux grands couvents sont sous ma garde. Bien sûr, je ne fournis certains conseils aux moniales, j’ai des des discussions avec elles, mais je souligne toujours que, à la fin de la journée, l'higoumène doit diriger. Malheureusement, dans de nombreux monastères, on sousestime l'importance de l’higoumène ou d’une moniale âgée.
- Vous avez dit que la voie monastique doit être choisie avec beaucoup de prudence. Qu'entendez-vous exactement?
- Il est nécessaire d'exclure au maximum sa propre volonté et d’accepter de Dieu à la place. En d'autres termes, à compter non pas sur ses propres connaissances et sur son esprit limité, mais sur le fait que le cœur va accepter la volonté de Dieu, le cœur va s'ouvrir à la "rosée" de l'Esprit Saint qui permettra à la personne de discerner le bien du mal, ce qui est bénéfique et ce qui ne l'est pas.
- Et les plus grands aides pour cela, ce sont les mystères de la confession et de la communion?
- Oui, principalement. Je dirais que c'est tout un système dans lequel une personne doit vivre et se développer: la prière, les mystères, la révélation de la pensée, la confession, etc… Nous devons nous libérer de l'état de cette fragmentation qui a envahi la vie humaine en raison des faux enseignements occidentaux catholiques romains. Père Justin (Popovic) a dit un jour que le principal péché du catholicisme est le papisme, et que le péché principal du protestantisme est que chacun a son propre pape, et c’est encore pire. Cette rupture et l'accent sur l'élément humain sont complètement inutiles pour le salut. Cela entrave le développement spirituel, puisque l'homme est sur le devant de la scène, et en fin de compte, il n'y a pas de place pour Dieu. Même s’il pense qu'il se donne plus à la volonté de Dieu, en réalité, ce n'est pas du tout le cas –c’est une auto-illusion qui sera toujours un obstacle à la communion avec Dieu.
- Comment peut-on dire ce qu’est la volonté de Dieu? Un des pères de l'Eglise dit: "Pour accomplir la Volonté de Dieu, il faut savoir ce que c'est, ce qui est une tâche grande et difficile."
Tant qu'une personne est guidée par sa propre volonté et par son esprit, elle ne peut pas entendre l'appel de Dieu.
Vous comprenez, la chose la plus importante dans la vie monastique et dans la vie d'un chrétien en général, c'est l'obéissance. Une personne ne peut atteindre la véritable et authentique obéissance que par l'humilité et la douceur. C’est seulement dans ce cas qu’elle pourra à écouter la voix du Seigneur, pour entendre la Volonté de Dieu. Une vie hermétique fermée exige une grande expérience dans l'obéissance, ce qui est possible en particulier au sein d'une communauté monastique. Dans la vie monastique, il est rare d'aller dans la solitude très rapidement, cela se fait seulement après de nombreuses années de vie sociale, au cours de laquelle une personne supprime son propre ego et obtient l'habitude de l'obéissance.
- Comment peut-on choisir un monastère?
- Si une personne s’efforce d’aller vers le monachisme, elle doit tenir compte de cet appel et faire un choix conscient d'un monastère à rejoindre. Il existe différents types de monastères. Dans le monde orthodoxe, chaque communauté monastique a sa propre identité et ses propres caractéristiques. Il faut choisir selon son cœur. Certaines aiment le travail physique, d'autres sont attirés par la contemplation. Donc, le choix d'un monastère, doit être orientée par les préférences individuelles. Par exemple, [sourire] il m'a fallu huit ans pour choisir.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après



vendredi 8 août 2014

Sur le blog de Maxime




Avoir pour cible des églises, les bombarder pour les détruire, on sait d'où ça vient...

Cette église en bois de l'Annonciation à Gorlovka avait été consacrée le 12 juin


Voici ce que les serviteurs du malin en ont fait sciemment, volontairement, précisément



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Sur le monachisme contemporain : entrevue de Kristina Poliakova avec l’Archevêque Marc (Arndt) (1/2)

On Contemporary Monasticism: Interview with Archbishop Mark (Arndt) Kristina Polyakova

Sur le monachisme contemporain :
entrevue de
Kristina Poliakova
avec
l’Archevêque Marc (Arndt)


-Votre Eminence, à votre avis, existe-t-il des différences significatives entre les monastères en Occident et en Russie?
- J'ai vécu toute ma vie en dehors de la Russie et je ne puis pas évaluer objectivement le monachisme russe. Je suis devenu moine en ayant vu le genre de vie monastique qui’il était impossible d'avoir sous les Soviétiques, j'ai donc grandi dans l'expérience de monastères à l’étranger : les serbes et ceux du mont Athos. Mais je vois que, aujourd'hui, beaucoup de choses  de la société –de toute société- changent, et sont en constante évolution.
En Occident, ceux qui entrent dans les monastères sont confrontés à des difficultés à cause du fait que les gens de l'Ouest sont éduqués dans l'individualisme, [ils doivent faire] un effort pour être spéciaux en quelque sorte, et pour cette raison, il est difficile de partager une cellule monastique résidentiel avec quelqu'un d'autre -plus que cela, c’est pratiquement impossible. C'est pourquoi je bénis souvent les gens pour qu’ils partagent une cellule monastique seulement après une certaine période de temps, permettant à une personne de vivre d’abord dans le monastère pendant quelques années. De ce que j'ai vu, les monastères sont configurés différemment en Russie. Les cellules monastiques communes, bien sûr, sont nécessaires: les gens doivent être en contact les uns avec les autres et ils savent comment le faire. Par rapport à l'Occident, les moines russes font face à d'autres types de difficultés. Par exemple, ici, il est difficile de donner une cellule sans douche privée à un novice. Mais ce problème est résolu différemment selon l'endroit considéré. Il y a des monastères où tout est moderne -j'ai vu cela en Grèce. Et il y a des endroits où cela serait impossible, et Dieu merci. Parce que les jeunes ont besoin d'apprendre la simplicité, dans leur relation avec les autres, dans la vie quotidienne, dans les besoins personnels, etc… Sans aucun doute, c’est différent dans chaque pays. Chaque société a ses particularités et ses difficultés qui doivent être surmontées.
Un des plus grands problèmes que nous endurons en Occident est l’attachement universel pour les ordinateurs, les téléphones, dont les modèles de plus en plus récents sont toujours offerts. Ces choses sont nécessaires pour nous les moines, aussi, mais dans les monastères, l'utilisation de ces dispositifs doit être réglementée. Vous devez comprendre: une personne qui est dépendante d'un ordinateur ne peut pas prier correctement. La prière d'une telle personne sera toujours superficielle. C'est pourquoi l'utilisation de la technologie moderne doit être limitée à certains moments, restreinte à des fins spirituelles. Quand un moine est occupé par l'accomplissement de ses nombreuses obédiences, il peut être difficile pour lui de s’arracher à ces objets technologiques pendant les offices divins ou la prière intérieure. C'est pourquoi il est particulièrement important d'enseigner aux jeunes comment se retirer des soucis quotidiens.
- Peut-être que c'est un sujet difficile à discuter, mais on dit qu'il y a un déclin de la vie monastique en Occident, en particulier chez les catholiques. Pouvez-vous commenter?
- Oui, il y a une certaine faiblesse, il y a des fautes qui doivent être affrontées et surmontées, mais je ne dirais pas qu'il est en déclin. Ces choses se produisent dans toutes les sociétés, à tout moment, et nous ne devons pas tomber dans le désespoir, dans un état ​​de paralysie. Nous devons travailler pour que tout prenne sa place. Le Seigneur nous donne d'énormes possibilités. Les possibilités que nous avons maintenant, en particulier en Russie, ont été peu nombreuses et espacées dans le passé, il serait préférable de dire que c'est un moment très rare dans le temps. Nous devons donc prendre des mesures. Ne soyons pas pessimistes, mais regardons le positif aujourd'hui, sur cette base, nous pouvons construire quelque chose de bon.
En ce qui concerne les monastères catholiques, il est en effet une baisse. À mon avis, c'est en partie en raison de l'attitude générale de la société occidentale qui s'est égaré loin de ses racines chrétiennes, mais aussi une conséquence du fait que les catholiques n'ont pas une base solide pour la vie spirituelle, parce qu'ils ont abandonné l'unité de l'Église. Hors de l'Église point de salut.
- A votre avis, est-il nécessaire pour les moines d'examiner les règlements et le mode de vie des autres monastères à l'étranger? Ou bien existe-t-il un modèle pour établir la vie monastique que tout le monde devrait suivre?
- Il ne peut y avoir aucun modèle établi à suivre dans la vie chrétienne! Si tout est normalisé, le christianisme, en règle générale, s'éteint. Il ne faut pas simplement copier quelqu'un ou quelque chose, tout est individuel. Par exemple, la nature elle-même est complètement différente en Grèce et en Russie. Cela conduit à différents besoins et problèmes dans les monastères de ces pays. Mais il est toujours utile de se familiariser avec les us et coutumes des autres monastères, d'apprendre quelque chose de bénéfique, ou de comparer ses propres moyens à ceux des autres. Il faut regarder les aspects positifs des différents monastères et communautés et les imiter s’il y a un besoin de le faire.
- Monseigneur, à votre avis, quel est le principal problème dans la vie spirituelle de l'homme moderne, du moine?
- L'un des principaux problèmes rencontrés par les chrétiens et surtout par les moines aujourd'hui, c'est que les gens ne sont pas habitués à se restreindre, à supporter, ou à  se forcer à faire quoi que ce soit, à assumer des obligations, d'abord et avant tout pour la prière. Pour une raison quelconque nous courons obstinément et constamment après le péché, mais pas après les bonnes actions, hélas! Un des anciens Pères de l'Eglise a dit que la prière est plus difficile que de tailler des pierres. Une personne est aujourd'hui portée à vouloir tout tout de suite, en l'abondance et à bon marché. Nous avons une société de consommation, tout est souhaité rapidement et facilement. Mais ce n'est pas le cas, puisque tout ce qui est rapide et facile à obtenir n'est généralement pas apprécié. C’est seulement en obtenant quelque chose par un grand effort et une grande persévérance qu’une personne lui confère une grande valeur. C'est pourquoi la persistance dans la prière ne demande qu’une telle approche, et, je pense que c'est l'un des principaux obstacles rencontrés par l'homme moderne, qui n'est pas habitué à parvenir à quoi que ce soit par la patience et par des efforts laborieux.
La prière de Jésus est nécessaire à l'homme moderne! Aucun chrétien ne peut se passer de cette prière.
- La prière de Jésus est-elle accessible à l'homme contemporain?
- Bien sûr. En outre, c’est absolument crucial! Non seulement les chrétiens en général, mais en particulier les moines en ont besoin. Mais il doit y avoir de la volonté et de la persévérance, de la patience et de l'amour pour le Christ.
- Les fresques de séminaire Sretensky représentent non seulement tous les saints russes, mais même des ascètes qui n'ont pas encore été canonisés, et il y a un portrait de Feodor Dostoïevski avec Nicolas Gogol. Vous parlez souvent de l'influence que Fédor Mikhaïlovitch eut sur ​​vous, notant qu'il était l'un des auteurs les plus chrétiens dans la littérature russe. Quelle est votre opinion sur le rôle de la littérature et de l'art sur ​​le développement spirituel personnel?
- Le Seigneur emploie divers moyens pour nous amener à connaître la vérité. La bonne littérature est l'un de ceux-ci, qui amène l'humanité vers Lui, c’est l'un des principaux moyens qui dirigent l'esprit et le cœur vers Dieu. Un chrétien doit connaître et lire des auteurs comme Dostoïevski – une telle lecture l'enrichit spirituellement. Mais quand une personne a déjà grandi dans l'Église, elle n’a pas besoin de distraction par la littérature profane. Il est préférable de lire les Pères de l'Église.
- Les moines peuvent-ils lire la littérature profane? Cela est-il bénéfique?
- Dabs une mesure très limitée, car si une personne n'a pas lu la littérature avant de rejoindre le monastère, cela signifie qu'elle est venue sans être préparée. En général, il me semble qu’un novice peut lire de telles choses, mais il est préférable pour un moine de l'éviter. Un moine doit être occupé par d'autres choses.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

jeudi 7 août 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière à la Mère de Dieu




Les chrétiens orthodoxes prient non seulement Dieu, mais aussi la Mère de Dieu et les saints. Cette pratique de la prière dans l'Église orthodoxe diffère, par exemple, de la pratique des communautés protestantes. Les protestants ne reconnaissent pas la prière à la Mère de Dieu et aux saints. Ils disent: nous n'avons pas besoin d'intermédiaires pour nous approcher de Dieu. C'est une remarque juste - nous n'avons pas besoin des "intermédiaires" - mais la conclusion tirée de ceci est erronée. Après tout, nous ne prions pas la Mère de Dieu à une sorte de niveau intermédiaire entre nous et Dieu; nous prions vers elle, parce qu'elle est la Mère de Dieu, car il est impossible de la séparer de son divin Fils.
Lorsque j'étais étudiant en Angleterre, mon professeur - un évêque orthodoxe âgé - m'invitait souvent pour des études dans sa maison. J’allais chez lui, et sa mère âgée m’ouvrait la porte. Imaginez si je ne l'avais pas saluée, si je ne l'avais pas remarquée, mais que j'étais passé devant elle dans la maison en disant: "Je n'ai pas besoin de tous les intermédiaires; Je ne m'occupe que de l'évêque." Il me semblait parfaitement naturel que, ayant affaire au fils, j'avais aussi affaire avec la mère. Bien sûr, cet argument est d'un caractère purement profane.
Il y a aussi des arguments plus sérieux. Le plus important d'entre eux est l'expérience de millions de personnes qui montrent que la Mère de Dieu est à l'écoute de leurs prières et leur répond; qu'elle aide les gens; et, d'ailleurs, qu'elle est en effet un intercesseur pour les personnes devant son Fils et Dieu.
La Mère de Dieu est inséparable du Sauveur; son exploit spirituel [podvig] est inséparable de celui de son Fils. Considérez que quand l'Ange du Seigneur descendit du ciel pour lui dire: tu concevras dans ton sein, et tu enfanteras un fils (Luc 01:31), l'Incarnation dépendait de son accord ou de son désaccord. Elle aurait pu dire "non", mais elle a dit "oui". 
Elle a élevé l'enfant, L'a amené au Temple en sacrifice à Dieu; elle a traversé toute sa vie terrestre à côté de Lui. Quand le Christ a été crucifié, elle se tenait à la Croix, parce qu'elle ne pouvait pas être séparée de Lui. Elle était avec Lui même dans Sa souffrance la plus terrible, car elle est devenue participante à son exploit.
Quand le Seigneur était sur ​​la croix, Son disciple bien-aimé était à côté de Lui, et Il lui dit: Femme, voilà ton fils! Et à son disciple Il dit: Voilà ta mère (Jean 19: 26-27). Il a ainsi, en quelque sorte, donné non seulement à Son disciple bien-aimé, mais à tous Ses disciples, sa protection et sa garde. A partir de ce moment, elle, comme Mère de son Fils, est devenue aussi Mère de Ses disciples, c'est-à-dire la Mère de l'Eglise. Et nous nous tournons vers elle comme vers notre Mère et la Mère de l'Eglise.
Nous disons dans la prière à la Mère de Dieu: "Très Sainte Génitrice de Dieu sauve-nous!" Cela ne signifie pas que nous la considérons comme notre sauveur. Le Sauveur est le Christ. Mais nous confessons son implication dans le mystère du salut, sa participation à ce mystère. Et nous comprenons que le salut est possible pour nous parce que la Mère de Dieu a exprimé son accord avec la parole de Dieu adressée à elle. Et, grâce à son consentement, nous avons accès à son Fils et à son Dieu, notre Père céleste.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 6 août 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière du Seigneur/ Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Malin



Adam Eve Temptation
Qu'est-ce que la tentation et qui est le Malin?
La tentation est une épreuve qui nous est soit envoyée par Dieu, ou qui vient du Diable, mais elle est permise par Dieu. Chaque tentation pour nous est une sorte de test d'endurance. Et parfois, nous passons ce test, et parfois nous ne le faisons pas. 
Lorsque nous demandons à Dieu: "Et ne nous soumets pas à la tentation," c’est comme si nous disions à Dieu: "Ne nous envoie pas une épreuve au-delà de nos forces; envoie-nous le genre d’épreuve que nous pouvons traiter, de sorte que les épreuves et les tribulations que Tu envoies ne nous écrasent pas ou ne tuent pas notre foi."

Le Malin est le Diable, l'ennemi de la race humaine. En ce qui concerne le Diable, il faut éviter deux extrêmes. Certains ont tendance à nier l'existence du Diable et des démons. Ces personnes - croyantes ou incroyantes - ne reconnaissent pas l'existence réelle dans ce monde de pouvoirs maléfiques, et non pas de plus en tant que puissances abstraites, mais comme des êtres vivants, parce que le Diable et les démons, comme les anges, sont des êtres vivants réels.

Il est un autre extrême, surtout répandu chez les croyants et les gens qui fréquentent l’Eglise, par lequel les gens exagèrent l'importance du Diable, quand on a tellement peur des actions du Diable et des puissances du mal, qu'on vit dans un état ​​de semi paralysie. D'où la crainte commune parmi les croyants du mauvais œil, de la magie noire, etc. De là vient une approche timide de la vie, où l’on a peur de tout, où l’on voit des menaces partout, et où l’on ne peut pas vivre de façon créative, librement et pleinement.
Nous devons nous rappeler que le Malin, bien sûr, a du pouvoir et peut avoir un impact négatif, même dévastateur sur nos vies, mais seulement lorsque nous nous lui permettons d'accéder à nous. Le Diable est impuissant là où il n'est pas invité, où sa présence n'est pas souhaitée.
Si une personne va à l'église, prie, porte une croix, et fait le signe de croix; si elle accomplit les commandements de Dieu et s’abstient de commettre des péchés, alors le Diable est impuissant et n'a pas sa place dans une telle personne. 
Quand le Diable gagne-t-il de la force? Quand on ouvre les vannes et les portes de sa maison; lorsque, par exemple, on tombe dans une passion donnée: par exemple, quand on devient dépendant de la drogue ou de l'alcool. Le danger de l'alcoolisme n'est pas que les gens boivent plus de vin qu'ils ne devraient; c'est qu'il les affaiblit et ouvre la voie au Diable pour pénétrer à l’intérieur de leur âme.
Par conséquent, lorsque nous prions Dieu en disant: "Délivre-nous du Malin," nous demandons qu'Il nous accorde toujours le pouvoir de nous abstenir de ce qui donne au Malin un pouvoir sur nos vies. Et si nous comprenons cela, alors ni le Diable, ni aucune autre puissance des ténèbres, ni la magie noire, ni rien de semblable ne peut avoir un effet quelconque sur nous.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

« Dégagez de Mossoul, chrétiens ! » : Le fabuleux retour au désert d’Ahmad Sarraf...



Icône de saint Jean Damascène

*

« Dégagez ! Dégagez de Mossoul, chrétiens ! Dégagez de Damas, de Yabroud, de Maaloula, de Ninive, de Bagdad ! Dégagez, chrétiens du Liban, de nos montagnes et de nos vallées ! Dégagez, chrétiens de Palestine et de la péninsule, dégagez de nos rivages et de nos terres ! Dégagez de sous nos peaux, nous vous abhorrons, nous ne voulons pas de vous ! Dégagez, parce que nous en avons marre de la civilisation et du progrès et de l'ouverture à l'autre et de la miséricorde et de la fraternité et de la coexistence et du pardon ! Dégagez, pour que nous puissions en toute quiétude nous entre-tuer ! Dégagez, vous ne faites pas partie de nous ni nous de vous ! Dégagez pour que nous n'ayons pas honte lorsque nous vous regarderons dans les yeux ! Dégagez et laissez-nous avec nos catastrophes, nos fanatismes, nos haines loin de vos prétentions, loin de vos talents, loin de vos compétences, loin de votre savoir, loin de votre expérience ! Dégagez pour que nous puissions en finir avec tout ce que vos ancêtres ont réalisé et tout dynamiter ! Dégagez, parce que ni l'Irak, ni l'Égypte, ni la Syrie, ni le Koweït, ni la Palestine, ni la Jordanie, ni l'Afrique du Nord n'ont besoin de vous ! Dégagez, chrétiens, pour laisser le sang couler, la violence se généraliser, les cœurs se faire poignarder, les langues se faire couper et les foies se faire bouffer ! Dégagez et prenez avec vous Gibran Khalil Gibran, Anastase le carmélite, les fils Takla et Bustros et Yazigi et Boustany, le Petit Prince et Mikhaïl Neaïmé, dégagez et prenez avec vous vos universités et vos hôpitaux! Oui ! Dégagez, parce que nous voulons retourner à nos déserts, nos épées nous manquent follement, et parce que votre culture, nous l'avons remplacée par l'art de creuser nos tombes. »
*




Il n'y a rien à dire. L'auteur de ces lignes, somptueuses, s'appelle Ahmad Sarraf, et cet éditorial détonant, c'est le Qabas koweïtien qui l'a publié il y a deux jours [le 27 juillet 2014]. Des mots inédits pour des maux que l'on croyait révolus ; une ironie, un cynisme, une force inouïs, à l'heure où l'étoile jaune des nazis a été remplacée par ce « noun » de l'infamie [lettre N de l'alphabet arabe pour désigner les Nazaréens, id est les chrétiens!], grimacé comme un emoticon d'enfant sur les murs des maisons chrétiennes de Mossoul, à l'heure, surtout, où l'immense majorité des musulmans, partagée entre la honte et la rage, ne sait plus comment faire comprendre aux chrétiens de cette région maudite qu'elle a férocement besoin d'eux.

Source: 

L'Orient-Le Jour

“L’acquisition du Saint-Esprit et l’espérance de la résurrection dans les Homélies spirituelles de saint Macaire”



Sur le site de la paroisse des Trois-saints-hiérarques à Metz: cette catéchèse sur "L'acquisition du Saint-Esprit et l'espérance de la résurrection dans les Homélies spirituelles de saint Macaire" (format pdf), donnée par le père André Jacquemot.
Illustration: saint Macaire le Grand (source)

mardi 5 août 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière du Seigneur/ Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien



On Prayer XXVII: “Give Us This Day Our Daily Bread”
Nous pouvons nous tourner vers Dieu avec une grande variété de demandes. Nous pouvons lui demander non seulement ce qui est sublime et spirituel, mais aussi ce qui est essentiel pour nous sur le plan matériel. Le "pain quotidien" est ce avec quoi nous vivons; c'est notre nourriture quotidienne. 
En outre, dans la prière, nous disons: "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien." En d'autres termes, nous ne demandons pas à Dieu de nous fournir tout le nécessaire pour tous les jours suivants de nos vies. Nous lui demandons de la nourriture pour ce jour, sachant que s’Il nous nourrit aujourd'hui, alors Il nous nourrira aussi demain. En prononçant ces mots, nous exprimons notre confiance en Dieu: nous lui faisons confiance dans notre vie d'aujourd'hui, tout comme nous lui faisons confiance pour demain.
Les mots "pain quotidien" indiquent ce qui est nécessaire à la vie, et rien d’excessif. On pourrait se mettre sur la voie de la thésaurisation et, ayant tout ce qu'il faut - un toit au-dessus de sa tête, un morceau de pain, et un minimum de biens matériels - commencer à s'engager dans la thésaurisation et le luxe. Ce chemin mène à une impasse, car plus on accumule et plus on a d'argent, plus on sent le vide de la vie, estimant qu'il y a d'autres besoins qui ne peuvent être satisfaits avec les biens matériels. Ainsi, le "pain quotidien" est ce qui est essentiel. Ce n'est pas une limousine, ni un palais, ni des millions de dollars - c'est ce sans quoi, ni nous, ni nos enfants, ni nos parents ne pouvons vivre.
Certains comprennent les mots "pain quotidien" dans un sens plus élevé: comme "super essentiel." Les Pères de l'Église grecque en particulier, ont écrit que "le pain super essentiel" est le pain qui descend du ciel - en d'autres mots, le Christ Lui-même, que les chrétiens reçoivent dans le mystère de la Sainte Communion. Une telle compréhension est également justifiable, car en plus du pain matériel, il faut aussi du pain spirituel.
Tout le monde peut investir son propre contenu dans le concept de "pain quotidien". Pendant la guerre, un garçon priait: "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien", parce que sa nourriture principale était du pain sec. La principale chose nécessaire pour que ce garçon et sa famille se maintiennent en vie était du pain sec. Cela peut paraître drôle ou triste, mais cela montre que tout le monde - jeunes et vieux - demande à Dieu ce dont il a le plus besoin par-dessus tout, ce sans quoi il ne peut pas vivre un seul jour.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

lundi 4 août 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière du Seigneur/ Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel



On Prayer XXVI: “Thy Will Be Done, on Earth as it is in Heaven”
Comme nous prononçons ces paroles à la légère! Et combien très rarement nous ne reconnaissons pas que notre volonté peut ne pas coïncider avec la volonté de Dieu. Après tout, parfois Dieu nous envoie la souffrance, mais nous nous révélons incapables de l'accepter comme envoyée de Dieu, et nous maugréons avec indignation. 
Combien de fois les gens, vont vers un prêtre, et disent: «Je ne peux pas être d'accord avec ceci ou cela; Je comprends que c'est la volonté de Dieu, mais je ne peux pas l’accepter. "Que peut-on dire à une telle personne? On ne peut pas de dire que, apparemment, en disant la prière du Seigneur, il a besoin de remplacer les mots "Que Ta volonté soit faite" par "que ma volonté soit faite"!
Chacun de nous doit se battre pour que notre volonté corresponde avec la bonne volonté de Dieu. Nous disons: "Ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel", c'est la volonté de Dieu, ce qui est déjà accompli dans le Ciel, dans le monde spirituel, doit également être accompli ici-bas, sur terre - et surtout dans notre propre vie. Et nous devrions être prêts à suivre en tout la voix de Dieu. Il faut trouver la force en soi de renoncer à sa propre volonté pour le bien de l'accomplissement de la volonté de Dieu. Souvent, pendant la prière, nous demandons une chose à Dieu, mais nous ne la recevons pas. Et puis, il nous semble que notre prière n'a pas été entendue. Nous devons trouver la force en nous d'accepter ce "refus" de la part de Dieu comme Sa volonté.
Rappelons-nous le Christ, Qui, à la veille de Sa mort, a prié Son Père en disant: Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. Et il vint vers les disciples, qu'il trouva endormis, et il dit à Pierre: Vous n'avez donc pu veiller une heure avec moi! Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible. Il s'éloigna une seconde fois, et pria ainsi: Mon Père, s'il n'est pas possible que cette coupe s'éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite! (Matthieu 26:39-42)
Telle devrait aussi être notre relation à la volonté de Dieu. Si nous pensons que quelque affliction vient sur notre chemin et que nous aurons à boire une coupe pour laquelle nous ne pourrions pas avoir de force, nous pouvons dire: "Seigneur, si c'est possible, épargne-moi cette coupe de douleur, qu'elle s’éloigne de moi" mais, comme le Christ, nous devrions conclure notre prière avec les mots: "mais non pas ma volonté, mais que la Tienne soit faite."
Nous devons nous comporter avec Dieu avec confiance. Les enfants demandent souvent à leurs parents une chose que ces derniers ne leur donnent pas parce qu'ils la considèrent comme dangereuse. Les années passent, et on comprend à quel point les parents avaient raison. Il en va de même avec nous. Le temps passe, et nous comprenons tout à coup à quel point ce que le Seigneur nous a envoyé était beaucoup plus bénéfique était par rapport à ce que nous avions voulu obtenir selon notre propre volonté.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après