samedi 9 août 2014

Sur le monachisme contemporain : entrevue de Kristina Poliakova avec l’Archevêque Marc (Arndt) (2)

On Contemporary Monasticism: Interview with Archbishop Mark (Arndt)

- Si un monastère manque de guide spirituellement expérimenté, s’il n'est pas possible de révéler ses pensées à un père spirituel sur une base quotidienne, que faut-il faire? En particulier, il s'agit de la situation dans certains couvents féminins.
- A mon avis, un père spirituel doit être secondaire dans un couvent, l'higoumène doit être celle avec laquelle une moniale devrait partager ses pensées. Ou une higoumène peut nommer une moniale âgée pour conseiller les jeunes sœurs. En tout cas, je pense, qu’il vaut mieux qu’une religieuse puisse parler à quelqu'un du même sexe, qu’à un homme. Un prêtre, un père spirituel est prévu pour entendre la confession, ce qui est un peu différent que de révéler ses pensées les plus intimes. Bien sûr, une higoumène peut sommer toute personne spirituellement expérimentée pour que les moniales puissent lui parler. Mais une telle personne doit montrer beaucoup de tact et approcher les moniales avec prudence afin de ne pas interférer dans les affaires internes de la communauté monastique. En Terre Sainte, deux grands couvents sont sous ma garde. Bien sûr, je ne fournis certains conseils aux moniales, j’ai des des discussions avec elles, mais je souligne toujours que, à la fin de la journée, l'higoumène doit diriger. Malheureusement, dans de nombreux monastères, on sousestime l'importance de l’higoumène ou d’une moniale âgée.
- Vous avez dit que la voie monastique doit être choisie avec beaucoup de prudence. Qu'entendez-vous exactement?
- Il est nécessaire d'exclure au maximum sa propre volonté et d’accepter de Dieu à la place. En d'autres termes, à compter non pas sur ses propres connaissances et sur son esprit limité, mais sur le fait que le cœur va accepter la volonté de Dieu, le cœur va s'ouvrir à la "rosée" de l'Esprit Saint qui permettra à la personne de discerner le bien du mal, ce qui est bénéfique et ce qui ne l'est pas.
- Et les plus grands aides pour cela, ce sont les mystères de la confession et de la communion?
- Oui, principalement. Je dirais que c'est tout un système dans lequel une personne doit vivre et se développer: la prière, les mystères, la révélation de la pensée, la confession, etc… Nous devons nous libérer de l'état de cette fragmentation qui a envahi la vie humaine en raison des faux enseignements occidentaux catholiques romains. Père Justin (Popovic) a dit un jour que le principal péché du catholicisme est le papisme, et que le péché principal du protestantisme est que chacun a son propre pape, et c’est encore pire. Cette rupture et l'accent sur l'élément humain sont complètement inutiles pour le salut. Cela entrave le développement spirituel, puisque l'homme est sur le devant de la scène, et en fin de compte, il n'y a pas de place pour Dieu. Même s’il pense qu'il se donne plus à la volonté de Dieu, en réalité, ce n'est pas du tout le cas –c’est une auto-illusion qui sera toujours un obstacle à la communion avec Dieu.
- Comment peut-on dire ce qu’est la volonté de Dieu? Un des pères de l'Eglise dit: "Pour accomplir la Volonté de Dieu, il faut savoir ce que c'est, ce qui est une tâche grande et difficile."
Tant qu'une personne est guidée par sa propre volonté et par son esprit, elle ne peut pas entendre l'appel de Dieu.
Vous comprenez, la chose la plus importante dans la vie monastique et dans la vie d'un chrétien en général, c'est l'obéissance. Une personne ne peut atteindre la véritable et authentique obéissance que par l'humilité et la douceur. C’est seulement dans ce cas qu’elle pourra à écouter la voix du Seigneur, pour entendre la Volonté de Dieu. Une vie hermétique fermée exige une grande expérience dans l'obéissance, ce qui est possible en particulier au sein d'une communauté monastique. Dans la vie monastique, il est rare d'aller dans la solitude très rapidement, cela se fait seulement après de nombreuses années de vie sociale, au cours de laquelle une personne supprime son propre ego et obtient l'habitude de l'obéissance.
- Comment peut-on choisir un monastère?
- Si une personne s’efforce d’aller vers le monachisme, elle doit tenir compte de cet appel et faire un choix conscient d'un monastère à rejoindre. Il existe différents types de monastères. Dans le monde orthodoxe, chaque communauté monastique a sa propre identité et ses propres caractéristiques. Il faut choisir selon son cœur. Certaines aiment le travail physique, d'autres sont attirés par la contemplation. Donc, le choix d'un monastère, doit être orientée par les préférences individuelles. Par exemple, [sourire] il m'a fallu huit ans pour choisir.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après



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