samedi 7 juin 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière et la vie

On Prayer V: Prayer and Life


La prière implique non seulement la joie, mais aussi des réalisations, qui ont lieu grâce à elle, mais aussi à un travail quotidien laborieux. Parfois la prière apporte beaucoup de joie, rafraîchissant l'homme et lui donnant une force et des possibilités nouvelles. Mais il arrive très souvent que l'on n'est pas disposé à la prière, que l'on ne veut pas de prier. Ainsi, la prière ne devrait pas dépendre de notre humeur. La prière est un labeur spirituel. Saint Silouane du Mont Athos a déclaré: "Prier , c’est répandre [son] sang." Comme dans tous les  labeurs, ceci nécessite beaucoup d'efforts, parfois un énorme effort, afin de se forcer à prier, même si l'on ne veut pas le faire Et un tel effort ascétique [podvig] sera remboursé au centuple.
Mais pourquoi parfois ne voulons-nous pas prier? Je pense que la raison principale ici consiste dans le fait que notre vie ne correspond pas à la prière, n'est pas configurée pour cela. 
Dans l'enfance, quand j'étais à l'école de musique, j'avais un excellent professeur de violon: ses leçons étaient très intéressantes, mais parfois très difficiles - mais cela ne dépendait pas de son humeur, mais plutôt de ce que je m’étais préparé bien ou mal pour la leçon. Si j'avais pratiqué beaucoup, appris un morceau donné, et que j’étais venu en classe bien préparé, la leçon se passait bien tout de suite, et le professeur et moi étions heureux. Mais si je remettais ma préparation toute la semaine et que j’arrivais sans être préparé, alors l'enseignant se fâchait et c’était écœurant pour moi que la leçon n’aille pas comme je l'avais espéré.
Il en va exactement de même avec la prière. Si notre vie n'est pas une préparation à la prière, alors il peut être très difficile pour nous de prier. La prière est la jauge de notre vie spirituelle, une sorte de mise à l'épreuve. Nous devons construire notre vie de manière à ce qu'elle soit conforme à la prière. 
Quand on récite la prière du "Notre Père", nous disons: "Seigneur, que Ta volonté soit faite", ce qui signifie que nous devons toujours être prêts à accomplir la volonté de Dieu, même si cela contredit notre volonté humaine. 
Quand nous disons à Dieu: "Remet-nous nos debtes, comme nous le remettons à nos débiteurs", nous nous engageons ainsi à pardonner les gens et à remettre leurs dettes, parce que si nous ne pardonnons pas à nos débiteurs alors, par la logique de cette prière, Dieu ne nous pardonne pas non plus nos dettes.
Ainsi, l'un doit correspondre à l'autre: la vie à la prière, et la prière à la vie. Sans cette correspondance, nous ne réussirons pas dans la vie ou dans la prière.
N'hésitons pas si nous avons du mal à prier. Cela signifie que Dieu nous présente de nouveaux défis, que nous devons résoudre tant dans la prière que dans la vie. Si nous apprenons à vivre en accord avec l'Evangile, nous allons apprendre à prier en conformité avec l'Evangile. Alors notre vie sera complète, spirituelle et véritablement chrétienne.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
PRAVMIR

Jean-Claude LARCHET/ Recension: Messager de l’Église orthodoxe russe, n° 24, janvier-mars 2014, 67 p.

Messager 24

Après plusieurs années d’interruption, le Messager de l’Église orthodoxe russe paraît de nouveau, avec le projet de devenir une publication trimestrielle.
Malgré une présentation qui ressemble un peu trop à celle d’une revue de luxe avec ses pages ultra-glacées au fond entièrement marbré, cette nouvelle version du Messager affiche des ambitions prometteuses puisque ce numéro 24, qui vient de paraître, propose, après une première partie relative à la vie du diocèse, un dossier assez fourni sur une question très actuelle de bioéthique : celle des « mères porteuses ».

Ce dossier est inauguré par un exposé du métropolite Hilarion Alfeyev sur « la pastorale orthodoxe face à la gestation pour autrui », qui rappelle les réflexions sur ce thème du document officiel intitulé Fondements de la doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe (un document important en matière d’éthique, qui a été publié en traduction française par les éditions du Cerf en 2007) et les conclusions d’une réunion récente de la Société orthodoxe des médecins [russes].

Il reproduit ensuite la Déclaration du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe datée du 25 décembre 2013, intitulée « Du baptême des enfants nés de mères porteuses » (dont orthodoxie.com avait donné, lors de sa parution, une traduction française en la munissant de sous-titres qui en éclairaient le sens).Puis vient un article de l’archiprêtre Maxime Kozlov (vice-président du Comité pédagogique du Patriarcat de Moscou) intitulé « Le marché de la GPA ne doit pas se répandre dans notre pays » (la loi en effet, autorise en Russie le recours aux mères-porteuses, et la Russie comme l’Ukraine est devenue le lieu d’un marché lucratif pour de nombreuses officines occidentales qui proposent leurs services aux couples européens ou américains (notamment homosexuels) en quête de cette forme de procréation, qui reste interdite dans de nombreux pays ou moins abordable financièrement.

La réflexion se poursuit par un court article de Vladimir Legoïa, président du Département synodal d’information de l’Église orthodoxe russe, qui commente l’attitude de l’Église russe et rappelle que d’autres Églises locales (de Roumanie, de Serbie, de Bulgarie et de Géorgie en particulier, sont en accord avec elle sur ce point).

Le dossier se clôt par un article de synthèse du Dr Marc Andronikof, chef du service des urgences à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart, qui rappelle notamment les contributions de plusieurs théologiens orthodoxes français à la réflexion sur diverses questions actuelles de bioéthique, réflexion à laquelle il a lui-même apporté de nombreuses contributions.

La revue publie ensuite un entretien avec l’évêque Panteleïmon d’Orekhovo-Zouïevo intitulé « Y a-t-il une place pour Dieu dans le monde de la souffrance ? » Sa perspective est intéressante, car au lieu d’aborder la question de la souffrance du point de vue de ceux qui souffrent, comme c’est presque toujours le cas, il évoque ici les devoirs de ceux qui sont épargnés par la souffrance, notamment ceux de mettre l’énergie et les moyens sociaux ou financiers dont ils disposent au service des plus défavorisés. Il rappelle que dans la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare, le riche a été condamné non pour ses richesses, mais pour son refus d’aider Lazare et de lui laisser les miettes qui tombaient de sa table. La question du sens de la souffrance dans le monde trouve une réponse aussi dans l’appel, qu’elle constitue, à la compassion et à l’aide – matérielle, psychologique et spirituelle – du prochain.

Le numéro se clôt avec une belle homélie du saint évêque Hilarion (Troitsky) de Véréia, un nouveau martyr du XXe siècle, qui fut un grand évêque et un grand théologien (connu notamment pour ses travaux d’ecclésiologie). Cette homélie rejoint l’actualité parce qu’elle a été prononcée, en 1913, à l’occasion du 1600e anniversaire de l’édit de Milan dont nous avons célébré l’an dernier le 1700e anniversaire, et que préserver son existence et sa liberté reste pour l’Église une tâche essentielle dans un monde qui devient de plus en plus tolérant à l’égard de toutes les déviations et de plus en plus intolérant vis-à-vis du christianisme.

Pour recevoir ce numéro, on peut s’adresser aux Éditions Sainte-Geneviève, 4, rue Sainte-Geneviève, 91860 Épinay-sur-Sénard (email : editions@seminaria.fr). 

Jean-Claude Larchet

vendredi 6 juin 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: Les prières courtes.

On Prayer IV: Short Prayers

Les gens demandent souvent: comment devons-nous prier, avec quels mots, et dans quelle langue? Certains disent même: "Je ne prie pas parce que je ne sais pas comment; Je ne connais pas de prières." On n'a pas besoin de quelque compétence spécialisée pour la prière. On peut simplement parler avec Dieu. Aux services divins de l'Église orthodoxe [russe], nous utilisons un langage spécial: le slavon d'Eglise. Mais dans la prière privée, quand nous sommes seuls avec Dieu, il n'est pas nécessaire d'utiliser des langues spéciales. Nous pouvons prier Dieu dans le langage que nous utilisons en parlant avec les gens, en ou lorsque nous pensons.
La prière doit être très simple. Saint Isaac le Syrien dit: "Toute votre prière doit être succincte. Un mot a sauvé le Publicain, et un mot a fait du voleur sur la Croix l'héritier au royaume céleste."
Rappelons-nous la parabole du Publicain et du Pharisien: Deux hommes montèrent au temple pour prier; l'un était pharisien, et l'autre publicain. Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même, Dieu, je te rends grâces, de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain. Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. Et le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: O Dieu, sois miséricordieux envers moi, pécheur (Luc 18:10-13). Et cette courte prière l'a sauvé. Rappelons-nous aussi le larron qui fut crucifié avec Jésus et qui Lui dit: Seigneur, souviens-Toi de moi quand tu viendras dans Ton royaume (Luc 23:42). Ceci seulement fut suffisant pour qu'il entre au Paradis.
La prière peut être extrêmement brève. Si vous êtes débutant sur votre chemin de prière, commencez avec des prières très courtes, qui peuvent vous permettre de vous concentrer. Dieu n'a pas besoin de mots; Il a besoin du cœur des hommes. Les mots sont secondaires; d'une importance primordiale sont le sentiment et la disposition avec laquelle nous nous approchons de Dieu. S'approcher de Dieu sans un sentiment de révérence ou avec distraction - lorsque, pendant la prière notre esprit vagabonde ailleurs - est beaucoup plus dangereux que de dire de mauvaises paroles dans la prière. La prière distraite n'a ni sens ni valeur. Une simple loi est à l'œuvre: si les mots de la prière ne parviennent pas à notre cœur, ils n'atteindront pas Dieu. Comme il est parfois dit, cette prière ne parvient pas au-dessus du plafond de la pièce dans laquelle nous prions, et elle devrait atteindre les cieux. Par conséquent, il est très important que chaque mot de la prière soit profondément ressenti par nous. Si nous sommes incapables de nous concentrer sur les longues prières contenues dans les livres de prière de l'Eglise orthodoxe, essayons de dire de courtes prières: "Seigneur, aie pitié," "Seigneur, sauve," "Seigneur, aide-moi," "Dieu, aie pitié de moi, pécheur."
Un ascète dit que si nous pouvions, avec toute la force de nos sentiments -de tout notre cœur et de toute notre âme- tout simplement dire la prière: "Seigneur, aie pitié", alors cela serait suffisant pour le salut. Mais le problème est que, en règle générale, nous ne pouvons pas le dire avec tout notre cœur; nous ne pouvons pas le dire avec toute notre vie entière. Par conséquent, afin d'être entendu par Dieu, nous avons tendance à utiliser beaucoup de mots.
Rappelons-nous que Dieu désire ardemment nos cœurs, pas pour nos paroles. Si nous nous tournons vers Lui avec tout notre cœur, alors nous obtiendrons certainement une réponse.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 5 juin 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: Quand doit-on prier?

On Prayer III: When Should We Pray?

Quand et combien de temps faut-il prier? L'apôtre Paul écrit: "Priez sans cesse" (1 Thessaloniciens 5:17). Saint Grégoire le Théologien écrit: "Il faut se souvenir de Dieu plus souvent que l'on respire." Idéalement, toute la vie du chrétien doit être imprégnée de prière.
Beaucoup de problèmes, les chagrins, et les tribulations viennent parce que les gens oublient Dieu. Il y a des criminels qui sont croyants, mais au moment de commettre leurs crimes, ils n'ont pas pensé à Dieu. Il est difficile d'imaginer quelqu'un commettre un assassinat ou un vol tout en pensant à Dieu Qui voit tout, à Qui aucun mal n’est caché. Et l'homme commet tout péché précisément dans ces moments où il ne se souvient pas Dieu.
La majorité des gens ne sont pas capables de prier au cours de la journée, raison pour laquelle on a besoin de trouver un moment, même très court, où l'on peut se souvenir de Dieu.
Dans la matinée, vous vous réveillez avec des pensées sur ce qui doit être fait ce jour-là. Avant de commencer les travaux et de vous plonger dans l'agitation inévitable, consacrez au moins quelques minutes à Dieu. Tenez-vous debout devant Dieu et dites: "Seigneur, Tu m'as donné ce jour; aidez-moi à le passer sans péché, sans souillure; garde-moi de tout mal et de tout malheur." Et invoquez la bénédiction de Dieu sur la journée qui commence.
Tout au long de la journée, efforcez-vous de vous souvenir plus souvent de Dieu. Si vous ne vous sentez pas bien, tournez-vous vers Lui par la prière: "Seigneur, je ne suis pas bien; aide-moi." Si vous vous sentez bien, dites à Dieu: "Seigneur, gloire à Toi; Je Te remercie pour cette joie" Si vous êtes inquiet au sujet de quelqu'un, dites à Dieu: "Seigneur, je suis inquiet pour lui; Je suis préoccupé par lui; aide-moi!
Et ainsi de suite tout au long de la journée… Quoi qu'il vous arrive, mettez-le dans votre prière.
Quand le jour est parvenu à sa fin et que vous êtes prêt pour aller au lit, rappelez-vous la dernière journée, rendez grâces à Dieu pour toutes les bonnes choses qui ont eu lieu, et offrez la repentance pour tous les actes et les péchés indignes que vous avez commis au cours de la journée. Demandez de l'aide et la bénédiction de Dieu pour la nuit à venir. Si vous apprenez à prier comme ceci au cours de tous les jours, vous remarquerez très vite combien plus profonde deviendra votre vie.
Les gens justifient souvent leur réticence à prier par le fait qu'ils sont trop occupés et sont surchargés de choses à faire. Oui, beaucoup vivent dans un rythme différent de celui des peuples de l'antiquité. Parfois, nous devons faire un grand nombre de choses au cours de la journée. Mais dans la vie il y a toujours certaines pauses. Par exemple, nous pourrions être à l'arrêt de bus pendant trois à cinq minutes; si nous prenons le train, pendant vingt ou trente minutes. Nous composons un numéro et obtenons un signal occupé - encore quelques minutes. Utilisons au moins ces pauses pour la prière; Que cela ne soit pas du temps perdu.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Solidarité Kosovo: Un pas de plus vers l'autonomie alimentaire des chrétiens du Kosovo.



SOLIDARITE KOSOVO

Le dernier maillon d'une boucle d'autosuffisance: 
La Fromagerie diocésaine au Kosovo a été inaugurée

La Soupe populaire du diocèse du Kosovo-Métochie dispose désormais d’un site de transformation laitière inauguré samedi en présence de Solidarité Kosovo dans le village au nom prometteur d’ « Izvor », signifiant « source » en serbe.

A Izvor près de Gracanica, la fromagerie a été inaugurée samedi dernier

Solidarité Kosovo était aux côtés des représentants de l’Église du Kosovo pour procéder à l’ouverture officielle de la fromagerie diocésaine. Les produits laitiers issus de son exploitation seront dédiés aux besoins de 3.000 familles chrétiennes vivant en grande précarité dans les enclaves du Kosovo-Métochie.


Autosuffisance alimentaire : le dernier maillon d’une boucle locale 



Après avoir procédé à la bénédiction des lieux, Monseigneur Théodose, évêque du Kosovo-Métochie a évoqué dans son allocution le sens de cette nouvelle construction. 
« En septembre dernier, une première étape vers l’autonomie alimentaire des Serbes du Kosovo était franchie par la création d'une ferme alpine, dont la mise en œuvre avait été rendue possible grâce au soutien de l’association Solidarité Kosovo. Aujourd’hui, à l’occasion de l’inauguration de la fromagerie, la Soupe populaire diocésaine franchit une nouvelle étape. Aux repas qu’elle sert quotidiennement aux plus démunis, elle pourra désormais ajouter son propre fromage ainsi que ses produits laitiers. Ainsi, de l’élevage du bétail à la production de fromage et de crème, les chrétiens de la région disposent désormais d’un circuit de production complet et indépendant. C’est en cela que la fromagerie diocésaine représente le dernier maillon d’une boucle locale d’autosuffisance alimentaire.»

Monseigneur Théodose, évêque du Kosovo-Méthochie lors de la bénédiction des lieux

Des outils de fabrication performants  au service de l’autonomie des Chrétiens

Sortie de terre en moins de deux mois, la fromagerie flambant neuve abrite des installations performantes, intégralement financées par les donateurs de Solidarité Kosovo.  Le bâtiment est bel et bien paré de tout l’équipement nécessaire : du tank de stockage à la chèvrerie, à la cuve de transport en passant par celles de transformation, les outils comme les tranches à caillé, les blocs de moules à crottin ou les différentes faisselles, sans oublier l’embouteillage du petit-lait qui est consommé par les Serbes dans le cadre de régimes pour les malades.
Lors de la visite inaugurale, Svetlana, responsable de la Soupe diocésaine, a insisté sur l’enjeu de la qualité des achines de productions laitières et fromagères. « Ces machines ont été fabriquées en Serbie. Elles nous ont été livrées par Solidarité Kosovo au moment on nous terminions les travaux de construction de la fromagerie! Il s’agit d’outils performants qui nous permettront de transformer le lait, de produire du fromage et augmenteront ainsi les forces  productives et l’autonomie de la Soupe Populaire. C’est pourquoi l’aide de Solidarité Kosovo a été cette fois-ci encore déterminante.»

Sur le parvis du bâtiment inauguré, Arnaud Gouillon, Directeur de Solidarité-Kosovo,
titre de remerciement à la mai, est aux côtés de Monseigneur Théodose, 
évêque du Kosovo-Métochie 

Regroupement des ressources et mutualisation des installations productives 


Selon Svetlana, les installations de la fromagerie ont une capacité de traitement de vingt mille litres par an, assez pour produire cinq tonnes de fromage dont un cinquième sera livré à la Soupe Populaire. Le reste sera commercialisé par le réseau des monastères - le seul auquel aient accès les Serbes - afin de financer les emplois générés par la ferme alpine et la fromagerie. 
Par ailleurs, la fromagerie regroupe la production laitière d’une dizaine de producteurs familiaux en leur garantissant ainsi un revenu régulier. 
En concrétisant le projet de fromagerie, Solidarité Kosovo a permis à la Soupe diocésaine de monter d’un cran le niveau de la sécurité alimentaire des familles serbes du Kosovo-Métochie. Considérant que la fromagerie est génératrice de nombreux emplois en site propre et à terme de ressources financières,  Solidarité Kosovo confirme par sa contribution l’une de ses priorités d’action en faveur du développement économique locale, le seul à même d’émanciper les populations chrétiennes de l’aide humanitaire.

Après avoir coupé le ruban inaugural, les représentants de Solidarité Kosovo ont présenté leurs meilleurs vœux de réussite aux responsables de la fromagerie avant d’adresser leurs chaleureux remerciements aux nombreux donateurs de l’association française dont la générosité a concrétisé ce nouveau bâtiment agricole.

Contact presse: Ivana GAJIC –
00 381 6 65 51 10 31 / 00 33 9 70 40 56 45- contact@solidarite-kosovo.org
Solidarité Kosovo BP 1777,
38220 VIZILLE, FRANCE


mercredi 4 juin 2014

Sur le blog de Maxime: L'Uniatisme et ses dégâts : de l'Unia de Brest aux années 2000

Hiéromartyr Gabriel de Galice (1886-1948) : Un martyr carpatho-russe pour l'unité des chrétiens en Russie occidentale

En 1596, à Brest maintenant dans le sud-ouest de la Biélorussie, des centaines de milliers d’Orthodoxes vivant dans les régions frontalières de la Russie occidentale ont quitté l'Église. Opprimés par la tyrannie polonaise catholique romaine, ils avaient été forcés à entrer dans le schisme de l'Église orthodoxe par la fraude de l'uniatisme. Cet événement de division, connue ironiquement sous le nom d’ «Union de Brest », projeta une ombre obscure sur toute l'histoire de la région qui s’en est suivie. Les intrigues politiques schismatiques du Vatican et la violence de ses fonctionnaires polonais arrachèrent de l'unité avec l'Église orthodoxe universelle des provinces entières de l'ouest de la Russie. Les tragédies qui ont suivi et les actes de meurtriers de masse catholiques comme l'archevêque Josaphat Kuntsevich ( 1623) ou le prêtre André Bobola ( 1657 ), tous deux canonisés par le Vatican, comme le criminel de guerre du XXe siècle Mgr Stepinac de Zagreb, ont laissé les Orthodoxes sans illusions sur la vraie nature de Rome.


Pape François vénérant l'icône gréco-catholique de
Josaphat Kuntsevitch*

Heureusement, dans des conditions politiques plus favorables, de nombreux uniates sont revenus plus tard du schisme à la foi orthodoxe. Ainsi, près de deux cents cinquante ans plus tard, en 1839, au Concile de Polotsk , des centaines de milliers d’uniates en Biélorussie, Volhynie et Podolie, autrefois séparés de l'Orthodoxie par la violence, sont retournés à l'Orthodoxie par l’amour. A la fin de ce siècle, quelques 90.000 immigrés uniates de Galicie et carpatho-Russie aux Etats-Unis, désormais libérés de la tyrannie de l’Autriche-Hongrie, sont également retournés à l'Orthodoxie. À partir de 1900, leur exemple a été suivi par les Lemkos carpatho-russes en Autriche-Hongrie, comme le Hiéromartyr Maxime de Gorlice. Et à partir de 1900, des dizaines de milliers d'autres Carpatho-Russes au sud, conduits par St Alexis de Carpatho-Russie, ont également commencé leur retour à l'Église orthodoxe. Après 1918, se trouvant en Tchécoslovaquie, leur mouvement d'embrasser l'Église a continué.


Maxime de Gorlice

Entre 1918 et 1939, les uniates en Galice ont aussi progressivement commencé à revenir à l'Orthodoxie, malgré la féroce répression polonaise. En 1928, il y avait là 40 paroisses orthodoxes et finalement quelques 5000 fidèles sont retournés à l'Orthodoxie. Cependant, la répression a continué jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, suivant les directives du Vatican, à partir de 1939 l'épiscopat uniate latinisé a montré une enthousiaste fidélité au nouveau régime nazi. En effet, le chef des uniates en Galice, le 'Métropolite' Andrei Sheptitsky, a littéralement « béni » la 14e division de SS, recrutée en Galice, et leurs massacres génocidaires. Des membres du haut clergé uniate en Galice ont également soutenu des organisations ukrainiennes nationalistes. Ces derniers sont connus pour leurs meurtres de communistes, de Juifs, de Polonais et de membres du clergé orthodoxe et ils ont continué leurs activités terroristes dans les années 1950. En conséquence, après la Seconde Guerre mondiale, le successeur de Sheptitsky, Joseph Slipy, et quatre autres évêques uniates ont été arrêtés par le nouveau régime soviétique pour collaboration avec les nazis, en tant que collabos partout en Europe libérée . 


Toutefois, pour une note plus joyeuse, à la suite de la libération de l'oppression polonaise d'avant-guerre suivie de l'oppression nazie pendant la guerre, d'autres uniates en Galice ont décidé de saisir l'occasion tant attendue pour réintégrer l’ Église orthodoxe Mère. Ainsi, le 28 mai 1945, à Lvov, un archiprêtre uniate, le Père Gabriel Kotelniki, et d’autres membres du clergé uniate ont formé un groupe dans le but exprès de se revenir à la communion avec l'Église orthodoxe. Il ne peut y avoir aucun doute sur la sincérité des motivations de ces membres du clergé, en particulier du P. Gabriel, qui avait longtemps montré son attachement à l'Orthodoxie. 



Né en 1886, le P. Gabriel était d’origine carpatho-russe. Il avait étudié à Zagreb, puis à l'Académie de théologie de Lvov et l'Université de Fribourg, où il avait obtenu un doctorat en philosophie. Excellent théologien universitaire et historien de l' Église, il était aussi poète et philosophe. Ordonné prêtre en 1913 à Lvov, il avait servi à la cathédrale de la Transfiguration, et avait travaillé comme professeur à l'Académie théologique de Lvov. Son étude des Pères de l'Église l'avait convaincu de la vérité de l’Orthodoxie. En 1930, il avait exprimé son point de vue dans la presse, ce qui lui avait valu d’être privé de son poste à l’Académie. Il a continué à écrire sa critique du catholicisme dans les années 1930 et est devenu convaincu de la fausseté théologique de l'uniatisme et de sa nature anti-ecclésiale pernicieuse. 


En 1945, le groupe de P. Gabriel, appelant à un retour à l’Église Mère, ne fut pas une voix criant dans le désert. À Moscou, le patriarche Alexis I nouvellement élu accueillit le désir des membres du clergé et des fidèles uniates de rentrer dans le sein de l’Église Mère, et de laisser les hérésies du Vatican. Le 23 Février 1946, le métropolite Jean de Kiev a reçu le P. Gabriel et douze autres prêtres uniates dans l’Orthodoxie. À la fin du mois deux de ces prêtres ont été consacrés évêques. Les 8 et 9 Mars 1946, un synode a eu lieu dans la cathédrale de St George à Lvov, présidé par le P. Gabriel. Les deux nouveaux évêques et les autres membres du clergé ex-uniates étaient également présents. D'autres évêques orthodoxes y ont également pris part, ainsi que 204 prêtres uniates et quelques laïcs.

Патриа́рх Алекси́й I 

L'orateur principal au synode de Lvov fut le père Gabriel. Il affirma ce que savent tous les Orthodoxes, que «l'Union» de Brest a été la plus grande catastrophe jamais produite dans la vie spirituelle et nationale de la Russie occidentale. P. Gabriel a appelé tous les uniates au retour à la foi de Kiev, la « Jérusalem slave », l’Église Mère orthodoxe et à la libération de la tyrannie et de l'hérésie papiste. Le lendemain matin, les 204 membres du clergé uniate ont renoncé aux erreurs latines. Ils se sont unis à l'Église orthodoxe à travers le sacrement de la confession par le clergé ex-uniate nouvellement reçu. Cet événement a été suivi de la concélébration de la Divine Liturgie. Un message a été envoyé au patriarche Alexis, qui a fait bon accueil à la journée de la libération spirituelle qui était arrivé, annonçant la réunion des uniates avec l'Église orthodoxe et la foi universelle du premier millénaire. Toutefois, le clergé nouvellement reçu a reconnu qu'il ne serait pas facile de réunir tous les fidèles de Galice à l'Église. Leur acte n'était qu'un début et il serait difficile de surmonter les préjugés aveugles et un lavage de cerveau de 350 ans depuis l'Union de Brest. 


Par conséquent, le Synode a également envoyé un message à tous les galiciens uniates. Ce message leur rappelait comment l’Unia leur avait été imposée par le Vatican et les autorités polonaises et la façon comment elle avait détruit l'unité spirituelle de l’Ukraine et de toute la Russie. Ils appelaient à la libération de l'oppression latine et de la polonisation et rappelaient que l'Église orthodoxe était la première église de l'Est comme de l'Ouest. Tous les autres soi-disant « Églises » en étant issues et ayant été formées par le schisme et l'hérésie. En revenant à l’Orthodoxie, ils reviendraient à la foi de leurs ancêtres et tous les autres Ukrainiens. Un mois plus tard, le 5 Avril 1946, le père Gabriel a conduit une délégation du synode au patriarche Alexis de Moscou. P. Gabriel a été fait Protopresbytre, la plus haute distinction possible pour un prêtre marié . 


La majorité de Uniates de Galice a commencé à suivre le mouvement orthodoxe et ont été reçus dans l'Église orthodoxe. Ils sont venus dans les églises orthodoxes, se sont confessés, ont reçu la communion et ont procédé au baptême de leurs enfants. Pour la plupart, ils étaient sincères, beaucoup s’étaient toujours pensés eux-mêmes comme orthodoxes en tout cas. En moins d'un an du lancement du mouvement orthodoxe, 997 prêtres uniates en tout, c’est à dire 78 % du total en Galice, avaient rejoint le groupe de Père Gabriel et étaient de retour à l’Orthodoxie. Cependant, même s’il ne peut y avoir aucun doute que le clergé uniate au Synode de Lvov n’ait sincèrement voulu s'unir à l'Église orthodoxe, le problème est que certains de ceux qui étaient venus en dernier ne l’étaient pas. En effet, plusieurs d'entre eux étaient en réalité des opportunistes, profitant du fait que la Galice faisait maintenant partie de l'Union soviétique anti-Vatican. 

Ils avaient donc rejoint le troupeau uniquement pour sauver leur peau sous couvert d’Orthodoxie. Pour l'Église orthodoxe, c'était une situation difficile. D'une part, cela ne pourrait clairement pas détourner ceux qui s’étaient repentis avec sincérité, comme ceux du Synode de Lvov qui aimaient l'Orthodoxie. D'autre part, on savait aussi que, sous le pouvoir soviétique athée, le sort des uniates qui avaient collaboré avec Hitler était une mort presque certaine. En fin de compte, les évêques orthodoxes firent montre de miséricorde et de générosité, protégeant les sincères comme les opportunistes de l'oppression soviétique. Ainsi, on reçut dans l'Église tous ceux qui le demandaient, indépendamment du fait qu'ils étaient sincères, ou tout simplement qu’ils avaient peur du NKVD. La responsabilité de la tragédie spirituelle de ces uniates qui hypocritement s'unirent à l'Église n’incombe pas à l’Orthodoxie, mais à deux autres groupes. Tout d’abord, il y avait les dirigeants uniates anti-russe et anti-orthodoxe qui, par leur alliance parrainée par le Vatican aux nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, avait clairement pris une position antisoviétique. Deuxièmement, il y avait les communistes soviétiques, qui réprimaient impitoyablement leurs ennemis politiques. Pour eux, étaient inclus non seulement les dirigeants, mais également le clergé et les laïcs uniates, ordinaires et sincères, si latinisés et induits en erreur qui s’étaient compromis avec le fascisme 

Il est également vrai que tous ces uniates étaient vénaux. Une poignée de membres du clergé et de laïcs uniates égarés restèrent fidèles au Vatican et sacrifièrent leur liberté pour le faire. Plusieurs membres du clergé uniate, bien que certains d'entre eux en fait fussent innocents de la collaboration avec le fascisme, ont été « liquidés » par la police secrète soviétique, le NKVD. Leur répression de toute évidence n'avait rien à voir avec l'Église orthodoxe, qui n'avait pas le pouvoir politique, ayant elle-même subi une persécution atroce depuis 1917. La répression de l'uniatisme fut l'affaire du Parti communiste soviétique et du NKVD, qui ont cherché à se venger de la collaboration uniate avec Hitler. 

La situation signifiait que, dès 1959, de 3431 paroisses uniates enregistrées en 1946, 3222 étaient devenues orthodoxes. En 1961, de 1 643 anciens prêtres uniates, 1243 étaient devenus orthodoxes et 347 sont restés uniates. Comme nous l'avons déjà dit, il ne fait aucun doute que beaucoup d'entre eux n’étaient pas sincères. Cela est devenu évident lorsque, après la chute de la tyrannie soviétique dans les années 1990, de nombreux Galiciens sont retournés à l’uniatisme, essentiellement pour des motifs nationalistes. D'autre part, il faut dire que beaucoup de ceux qui revinrent à l'Orthodoxie après Lvov furent très courageux. Beaucoup de membres du clergé et des laïcs nouvellement orthodoxes devaient être assassinés par des fanatiques des mouvements nationalistes ukrainiens. 


Un exemple remarquable fut celui du P. Gabriel lui-même. Immédiatement après la Divine Liturgie, le 28 Septembre 1948, sur les marches de la cathédrale de la Transfiguration à Lvov, le Protopresbytre Gabriel Kostelnik fut victime d' un terroriste ukrainien. Son assassin, Vasily Pankiv, s'est suicidé immédiatement après, symbolisant ainsi les réalités de ceux qui résistent à la vérité de l'Orthodoxie – un suicide spirituel. Ainsi, le père Gabriel a payé de son sang sa fidélité à l'Orthodoxie universelle . Que sa mémoire soit sacrée pour nous tous qui, au-delà de l’ouest de la Russie , cherchent une véritable unité des chrétiens dans l'Église orthodoxe du Christ. Que sa mémoire aussi guide l' Ukraine occidentale à travers ces années difficiles actuelles. Et que la vérité du Christ triomphe de l'hérésie, du schisme, de la fraude spirituelle et de tout fanatisme politique, nationaliste et religieux. 

Saint Hiéromartyr Gabriel , prie Dieu pour nous!

(version en français par Maxime le minime d'après la source)

*Grand tueur d'orthodoxes qui faisait manger leurs cadavres par ses chiens!

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière comme dialogue.

On Prayer II: Prayer as Dialogue

La prière est un dialogue. Elle comprend non seulement le fait que nous nous tournions vers Dieu, mais aussi la réponse de Dieu Lui-même. Comme dans tout dialogue, dans la prière il est important non seulement de parler et de s'exprimer, mais aussi d’écouter la réponse. 
La réponse de Dieu ne vient pas toujours directement dans le temps de la prière; elle arrive parfois un peu plus tard. Il peut arriver, par exemple, que nous demandions à Dieu une aide immédiate, mais elle arrive seulement après plusieurs heures ou plusieurs jours. Mais nous comprenons qu'elle a eu lieu parce que nous avons demandé de l'aide de Dieu dans la prière.
Par la prière, nous pouvons apprendre beaucoup de choses sur Dieu. En priant, il est très important d'être prêt pour ce que Dieu nous révèle; mais Il peut se révéler autre que nous L'avions imaginé. 
Souvent, nous faisons l'erreur de nous approcher de Dieu avec nos propres idées sur Lui, et ces idées peuvent occulter pour nous l'image réelle du Dieu vivant, que Dieu Lui-même peut nous révéler. 
Souvent, les gens créent dans leur esprit une sorte d'idole et prient cette idole. Cette idole morte, créée artificiellement, devient un obstacle ou une barrière entre le Dieu Vivant et nous. 
"Faites-vous une fausse image de Dieu et essayez de le prier. Faites-vous une image d'un juge impitoyable et cruel, et essayez de le prier avec confiance et amour," a fait remarquer le Métropolite Antoine de Souroge. 
Ainsi, nous devrions être prêts pour que  Dieu Se révèle comme différent de celui que nous avions imaginé qu’Il serait. Par conséquent, dans l'approche la prière, il faut abandonner toutes les images que notre imagination et notre fantaisie humaines produisent.
La réponse de Dieu peut avoir lieu de différentes manières, mais la prière n'est jamais à sens unique. Si nous ne recevons pas de réponse, cela signifie que quelque chose n'est pas juste en nous-mêmes; cela signifie que nous ne sommes pas encore suffisamment "accordés" au droit chemin pour rencontrer Dieu.
Il est un instrument appelé diapason, utilisé pour accorder les pianos; cet appareil donne le son clair d'un "La." Les cordes du piano doivent être tendues de façon à ce que le son qu'elles produisent soit en stricte conformité avec le son de diapason. Tant que la corde du "La" n'est pas assez tendue, peu importe combien de fois vous frappez les touches, le diapason reste silencieux. Mais au moment où la corde atteint le degré nécessaire de tension, le diapason - une pièce  de métal sans vie - va soudainement commencer à sonner. 
Après avoir ajusté la corde du "La", le maître peut alors configurer ce "La" dans les autres octaves (dans un piano chacune touche frappe plusieurs cordes, créant un son surround spécial). Ensuite, il peut définir le "Ré", le "Do", et ainsi de suite, une octave après l'autre, jusqu'à ce que finalement l'ensemble de l'instrument soit configuré en conformité avec le diapason.
Il doit en être ainsi pour nous dans la prière. 
Nous devrions nous mettre au diapason de Dieu, en accordant à Lui notre vie entière - toutes les cordes de notre âme -. Lorsque nous accordons notre vie à Dieu; lorsque nous apprenons à accomplir Ses commandements; quand l'Evangile devient notre loi morale et spirituelle; et lorsque nous apprenons à vivre en accord avec les Commandements de Dieu, alors nous commençons à sentir comment l'âme répond à la présence de Dieu dans la prière, comme un diapason répond à une corde parfaitement tendue.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 3 juin 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière comme rencontre.

On Prayer I: Prayer as Encounter

La prière est une rencontre avec le Dieu vivant. Le christianisme donne à l'homme un accès direct à Dieu, Qui écoute l'homme, l'aide, et l'aime. C'est la différence fondamentale entre le christianisme et, par exemple, le bouddhisme, dans lequel, pendant la méditation, celui qui prie,  traite avec un certain être super-impersonnel, dans lequel il est plongé et dans lequel il est dissous, mais il ne se ressent pas Dieu comme une personne vivante. Dans la prière chrétienne, l'homme ressent la présence du Dieu vivant.

L'homme devenu Dieu nous est révélé dans le christianisme. Lorsque nous nous trouvons devant une icône de Jésus-Christ, nous contemplons le Dieu incarné. Nous savons qu'il est impossible de représenter, de dessiner ou de dépeindre Dieu sur une icône ou une image. Mais il est possible de représenter Dieu fait homme, comme Il S'est révélé aux gens. Par Jésus-Christ comme homme nous découvrons Dieu pour nous-mêmes. Cette découverte a lieu dans la prière, dans la conversion au Christ.

Par la prière, nous savons que Dieu participe à tout ce qui se fait dans nos vies. Par conséquent, la conversation avec Dieu ne devrait pas avoir lieu dans le contexte de nos vies, mais devrait être son contenu principal. Il y a beaucoup de barrières entre l'homme et Dieu qui ne peuvent être surmontées qu'avec l'aide de la prière.

Il est souvent demandé: pourquoi avons-nous besoin de prier, de demander quelque chose à Dieu, si Dieu sait déjà ce dont nous avons besoin? C'est ainsi que je répondrais… Nous ne prions pas pour mendier quelque chose de Dieu. Oui, dans certains cas, nous Lui demandons effectivement une aide spécifique dans diverses circonstances de tous les jours. Mais cela ne devrait pas être le contenu principal de la prière.

Dieu peut seulement être un "agent intermédiaire" dans nos affaires terrestres. Le contenu principal de la prière doit toujours consister à être debout devant Dieu, dans la rencontre avec Lui. Nous devons prier pour être avec Dieu, entrer en contact avec Dieu, pour ressentir la présence de Dieu.

Cependant, une rencontre avec Dieu ne se fait pas toujours dans la prière. Après tout, même lors d'une rencontre avec une personne, nous ne sommes pas toujours en mesure de surmonter les barrières qui nous divisent et à descendre dans les profondeurs; souvent notre communication avec les gens est limitée au niveau de la surface. Il en est ainsi également dans la prière. 

Parfois, nous pensons qu’entre Dieu et nous, il y a une sorte de mur blanc, que Dieu ne nous écoute pas. Mais nous devons comprendre que Dieu n'a pas placé cette barrière là: nous-mêmes l’avons érigée par nos péchés. 

Selon les paroles d'un théologien médiéval occidental, Dieu est toujours à côté de nous, mais nous sommes souvent loin de Lui; Dieu nous écoute toujours, mais nous ne L’entendons pas; Dieu est toujours en nous, mais nous sommes à l'extérieur; Dieu est à la maison en nous, mais nous sommes étrangers à Lui.

Rappelons-nous ceci, quand nous nous préparons pour la prière. Rappelons-nous que chaque fois que nous sommes dans la prière, nous entrons en contact avec le Dieu Vivant.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

lundi 2 juin 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière devant les icônes


On Prayer X: Prayer Before Icons


Dans la prière, l'extérieur ne devrait pas remplacer l'intérieur. L’extérieur devrait contribuer à l'intérieur, mais il peut aussi l'entraver. La disposition traditionnelle du corps pour la prière contribue sans aucun doute à un état de prière, mais elle ne peut en aucun cas servir de substitut pour le contenu principal de la prière.

Il ne faut pas oublier que certaines dispositions du corps ne sont pas accessibles à tout le monde. Par exemple, de nombreuses personnes âgées sont tout simplement incapables de faire des prosternations complètes. 
Il y a beaucoup de gens qui ne supportent pas d’être debout longtemps. J'ai entendu des personnes âgées [dire]: "Je ne vais pas aux offices à l'église parce que je ne peux pas rester debout, " ou "Je ne prie pas Dieu, parce que mes jambes me font mal." 
Dieu n'a pas besoin de nos jambes, mais de nos cœurs. Si vous ne pouvez pas prier debout, alors priez assis; si vous ne pouvez pas prier assis, alors priez étendus. Comme un lutteur ascétique l’a dit: " Mieux vaut être assis et penser à Dieu, que de se tenir debout et penser à vos pieds."

Les moyens auxiliaires sont importants, mais ils ne devraient pas prendre la place du contenu. Un des moyens auxiliaires les plus importants pour la prière est l'icône. 
Les chrétiens orthodoxes, en règle générale, prient devant les  icônes du Sauveur, de la Mère de Dieu, des saints, et devant des représentations de la Sainte Croix. Mais les protestants prient sans icônes. On peut voir ici la différence entre la prière protestante et orthodoxe. 
Dans la tradition orthodoxe, la prière est plus concrète. Contemplant l'icône du Christ, nous regardons comme à travers une fenêtre, l'ouverture d'un autre monde pour nous; derrière cette icône se trouve Celui que nous prions.

Mais il est très important que l'icône ne remplace pas l'objet de la prière, de sorte que nous adressions pas dans la prière à l'icône ou que nous essayions d'imaginer la personne représentée sur l'icône. 
L'icône est seulement un rappel, seulement une sorte de symbole de la réalité qui est derrière tout cela. Comme les Pères de l'Église le disent, "l'honneur rendu à l'image retourne au prototype." Lorsque nous nous approchons d'une icône du Sauveur ou de la Mère de Dieu et que la vénérons- c'est-à-dire que nous la baisons - nous exprimons ainsi notre amour pour le Sauveur ou la Mère de Dieu.

Les icônes ne doivent pas être transformés en idoles. Il ne devrait pas y avoir l'illusion que Dieu est comme il est représenté sur les icônes. 
Il existe, par exemple, une icône de la Sainte Trinité appelée la "Trinité du Nouveau Testament:" elle est non canonique – ce qui veut dire qu’elle ne correspond pas aux règles de l'Église - mais on peut la voir dans certaines églises. 
Sur cette icône Dieu le Père est représenté comme un vieil homme aux cheveux gris, Jésus-Christ comme un jeune homme, et le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe. En aucun cas, nous ne devrions être tentés d'imaginer que la Sainte Trinité se présente ainsi. 
La Sainte Trinité est Dieu, Qui ne peut pas être représenté par l'imagination humaine. Et, se tournant vers Dieu, Sainte Trinité dans la prière, nous devons renoncer à toute sorte de fantaisie. Notre imagination doit être libre d'images; l'esprit doit être clair; et le cœur doit être prêt à accueillir le Dieu vivant.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après