lundi 2 juin 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière devant les icônes


On Prayer X: Prayer Before Icons


Dans la prière, l'extérieur ne devrait pas remplacer l'intérieur. L’extérieur devrait contribuer à l'intérieur, mais il peut aussi l'entraver. La disposition traditionnelle du corps pour la prière contribue sans aucun doute à un état de prière, mais elle ne peut en aucun cas servir de substitut pour le contenu principal de la prière.

Il ne faut pas oublier que certaines dispositions du corps ne sont pas accessibles à tout le monde. Par exemple, de nombreuses personnes âgées sont tout simplement incapables de faire des prosternations complètes. 
Il y a beaucoup de gens qui ne supportent pas d’être debout longtemps. J'ai entendu des personnes âgées [dire]: "Je ne vais pas aux offices à l'église parce que je ne peux pas rester debout, " ou "Je ne prie pas Dieu, parce que mes jambes me font mal." 
Dieu n'a pas besoin de nos jambes, mais de nos cœurs. Si vous ne pouvez pas prier debout, alors priez assis; si vous ne pouvez pas prier assis, alors priez étendus. Comme un lutteur ascétique l’a dit: " Mieux vaut être assis et penser à Dieu, que de se tenir debout et penser à vos pieds."

Les moyens auxiliaires sont importants, mais ils ne devraient pas prendre la place du contenu. Un des moyens auxiliaires les plus importants pour la prière est l'icône. 
Les chrétiens orthodoxes, en règle générale, prient devant les  icônes du Sauveur, de la Mère de Dieu, des saints, et devant des représentations de la Sainte Croix. Mais les protestants prient sans icônes. On peut voir ici la différence entre la prière protestante et orthodoxe. 
Dans la tradition orthodoxe, la prière est plus concrète. Contemplant l'icône du Christ, nous regardons comme à travers une fenêtre, l'ouverture d'un autre monde pour nous; derrière cette icône se trouve Celui que nous prions.

Mais il est très important que l'icône ne remplace pas l'objet de la prière, de sorte que nous adressions pas dans la prière à l'icône ou que nous essayions d'imaginer la personne représentée sur l'icône. 
L'icône est seulement un rappel, seulement une sorte de symbole de la réalité qui est derrière tout cela. Comme les Pères de l'Église le disent, "l'honneur rendu à l'image retourne au prototype." Lorsque nous nous approchons d'une icône du Sauveur ou de la Mère de Dieu et que la vénérons- c'est-à-dire que nous la baisons - nous exprimons ainsi notre amour pour le Sauveur ou la Mère de Dieu.

Les icônes ne doivent pas être transformés en idoles. Il ne devrait pas y avoir l'illusion que Dieu est comme il est représenté sur les icônes. 
Il existe, par exemple, une icône de la Sainte Trinité appelée la "Trinité du Nouveau Testament:" elle est non canonique – ce qui veut dire qu’elle ne correspond pas aux règles de l'Église - mais on peut la voir dans certaines églises. 
Sur cette icône Dieu le Père est représenté comme un vieil homme aux cheveux gris, Jésus-Christ comme un jeune homme, et le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe. En aucun cas, nous ne devrions être tentés d'imaginer que la Sainte Trinité se présente ainsi. 
La Sainte Trinité est Dieu, Qui ne peut pas être représenté par l'imagination humaine. Et, se tournant vers Dieu, Sainte Trinité dans la prière, nous devons renoncer à toute sorte de fantaisie. Notre imagination doit être libre d'images; l'esprit doit être clair; et le cœur doit être prêt à accueillir le Dieu vivant.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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