vendredi 28 novembre 2014

Saint Païssy [Vélitchkovsky] ( Fêté le 15/28 novembre)

Saint Païssy Vélitchkovsky est né à Poltava en Ukraine le 21 Décembre 1722, et il était le onzième de douze enfants. Son père Jean était prêtre, il le nomma Pierre à son baptême, en l'honneur de saint Pierre métropolite de Moscou, parce qu'il était né le jour de sa fête.

Après que le père des enfants soit décédé, leur mère Irene les éleva dans la piété. Pierre fut envoyé étudier à l'Académie Moghila à Kiev en 1735. Après quatre ans, Pierre décida de quitter le monde et de devenir moine. À l'âge de dix-sept ans, il alla à la recherche d'un monastère et d'un bon père spirituel. Pendant sept ans, Pierre visita plusieurs monastères, dont la Laure des Grottes de Kiev, mais il ne se sentit pas attiré par aucun des monastères d'Ukraine.

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Après avoir été fait moine rassophore (moine ayant la bénédiction de porter le Rasson, mais pas encore la tonsure "dans la mantia") au monastère Saint Nicholas de Medvedevsky sous le nom de Platon, il trouva qu'il n'y avait pas là de staretz expérimenté qui pourrait lui enseigner l'obéissance ou le prendre sous sa direction spirituelle. Ne voulant pas commencer sa vie monastique sans une telle guidance, il quitta le monastère une semaine après sa tonsure avec la bénédiction de son staretz.

Dans un premier temps, il alla à Kiev, où il lui arriva à rencontrer sa belle-sœur, la veuve de son frère aîné l'archiprêtre Jean. Elle l'informa de la peine de sa mère quand il quitta Kiev, et son esprit semblait être affecté par sa douleur. Puis, un jour, un ange lui apparut et lui dit que, au lieu d'aimer le Créateur de tout son cœur et de toute son âme, elle aimait plus sa création (son fils). En raison de cet amour excessif, poursuivit l'ange, elle songeait à se laisser mourir de faim, ce qui entraînerait sa condamnation éternelle. L'ange dit que par la grâce de Dieu, son fils deviendrait moine, et qu'elle devrait également renoncer au monde et devenir moniale. Après cela, elle devint calme et accepta la volonté de Dieu. Elle entra dans un couvent et fut tonsurée sous le nom de Juliana. Après une dizaine d'années, elle partit vers le Seigneur.

Pendant son séjour à Kiev, Platon rencontra deux moines de Roumanie qui étaient sur le point de retourner dans leur pays. Après avoir traversé la frontière vers la Moldavie, vers 1745 ils vinrent en Valachie et à la skite de Saint-Nicolas, qui est appelé Treisteny.  Le staretz de la skite, le hiéromoine mégaloschème Michel, était en voyage d'affaires en Ukraine, alors Platon et ses compagnons furent accueillis par le supérieur, le Père Démètre. Platon fut placé sous une obédience générale et on lui donna une cellule près de la skite, depuis laquelle l'église était visible.

Comme il dormait une nuit, la simandre fut frappée, appelant les moines aux Matines du dimanche, mais Platon ne l'entendit pas. Il se réveilla et courut à l'église, pour constater que l'Évangile avait déjà été lu, et que le Canon avait été chanté. Dans sa douleur et de honte, il ne put entrer dans l'église, mais il revint dans sa cellule et pleura des larmes amères. 

Après la Liturgie, quand vint le temps du repas, le supérieur et le staretz furent surpris que Platon n'ait pas été aperçu pendant les offices. Le staretz ordonna que le repas soit retardé alors qu'il envoyait Père Athanase pour savoir ce qui était arrivé à Platon. Père Athanase le trouva et lui demanda pourquoi il pleurait. Avec difficulté, Platon put lui dire la cause de son chagrin. Père Athanase essaya de le consoler et l'invita à venir à la skite, où les autres l'attendaient. Enfin, il fut persuadé d'y aller.

Voyant les frères à la table, mais qui ne pas mangeaient pas, Platon se jeta à terre devant eux en pleurant et leur demanda pardon. Le staretz et le Supérieur le relevèrent et entendirent du Père Athanase la raison de sa tristesse. Le starez dit à Platon ne pas s'attrister autant à propos de quelque chose qui était arrivé involontairement, et fit de son mieux pour le consoler. Depuis ce temps, toutefois, le saint ne voulut pas dormir couché dans son lit, mais assis sur un banc.

Un jour, le staretz Onuphre de Kyrkoul visita le skite et parlé de son skite à Kyrkoul. Platon se languissait de voir Kyrkoul, et il retourna donc là-bas avec Père Onuphre. Il y resta pendant un certain temps, conversant avec Père Onuphre sur la manière de vaincre les passions, la lutte avec les démons, la prière incessante, et d'autres sujets profitables pour l'âme. Cette graine tomba dans la bonne terre, portant tard au centuple du fruit spirituel.

Le temps vint où Platon fut rempli d'un désir de visiter le Mont Athos. Il demanda aux frères de la skite, et à ceux des autres skites,  leur pardon et leur bénédiction pour le voyage. Il les remercia également pour leur gentillesse et leur instruction paternelle. Ils le bénirent et le laissèrent partir en paix. A cette époque, il était seulement âgé de vingt-quatre ans.

Platon alla au mont Athos en 1746, arrivant à la Grande Laure le 4 Juillet, la veille de la fête de saint Athanase de l'Athos. Son compagnon de voyage, le hiéromoine Tryphon tomba malade et mourut après quatre jours. Platon serait mort de la même maladie, sans les soins des moines russes. Il se rétablit et vécut dans la solitude dans une cellule appelée Kaparis près du monastère de Pantokrator. Il alla ça et là, rendit visitet aux ascètes et solitaires, à la recherche d'un père spirituel, mais il fut incapable de trouver quelqu'un d'approprié.

En 1750, saint Basile de Poiana Marului (15 Avril) visita la Sainte Montagne et passa quelque temps avec Platon, qui lui demanda la tonsure monastique. Le staretz Basile fit droit à sa requête, en lui donnant le nom de Païssy. Puis le Père Basile retourna à son skite en Valachie. Environ trois mois plus tard, un jeune moine nommé Bessarion vint à la Sainte Montagne depuis la Valachie. Il fit le tour des monastères à la recherche d'un instructeur, mais n'en trouva aucun. Il vint également vers Père Païssy et lui demandé de lui dire quelque chose pour sauver son âme. Père Païssy soupira et lui dit qu'il avait lui-même été à la recherche d'un instructeur sans succès. Pourtant, ressentant de la compassion pour le Père Bessarion, il lui parla un peu des qualifications nécessaires à un véritable instructeur, et de la prière de Jésus. Après l'avoir entendu, le Père Bessarion dit, "Que chercher de plus?" Il se jeta aux pieds de Père Païssy, le suppliant d'être son staretz. Père Païssy ne voulait pas être le staretz de quiconque, souhaitant au lieu de cela être sous l'autorité d'un staretz lui-même. Père Bessarion resta à pleurer pendant trois jours jusqu'à ce que Père Païssy convienne de l'accepter comme ami, et non pas comme disciple. Pendant environ quatre ans, ils vécurent ensemble dans l'accomplissement des commandements de Dieu, coupant leur propre volonté et obéissant l'un à l'autre comme des égaux.

D'autres disciples commencèrent à se joindre à eux, et leur nombre continua à augmenter. Comme ils avaient besoin d'un prêtre et d'un confesseur, ils supplièrent Père Païssy d'accepter l'ordination. Il ne voulait pas entendre parler de cela, et à plusieurs reprises, il refusa de consentir. Ils n'abandonnèrent pas, cependant. Ils lui demandèrent comment il pouvait se attendre à enseigner l'obéissance et le  retrait de leur propre volonté aux frères, quand il désobéissait aux demandes en larmes de ceux qui voulaient qu'il accepte. Finalement, il dit: "Que la volonté de Dieu soit faite."

En 1754 Père Païssy fut ordonné à la sainte prêtrise et on lui donna la skite du prophète Elie, où il commença à accepter encore plus de disciples. Saint Païssy resta sur le Mont Athos pour un total de dix-sept années, copiant des livres patristiques grecs et les traduisant en slavon.

En 1763 Père Païssy alla en Moldavie avec soixante-quatre disciples, et on lui donna le monastère de Dragomirna près de la ville de Sotchava et à la frontière entre la Moldavie et la Bucovine. Là, il  resta
pendant douze ans, et le nombre de moines fut porté à trois cent cinquante. Son ami le hiéromoine Alexis vint lui rendre visite depuis la Valachie, et Père Païssy lui demanda de le tonsurer dans le schème. PèreAlexis le fit, mais sans changer son nom. Pendant son séjour à Dragomirna, Père Païssy corrigea les traductions de livres patristiques slaves en les comparant aux manuscrits grecs qu'il avait copiés sur le Mont Athos.

La guerre russo-turque éclata  en 1768, et la Moldavie et la Valachie virent beaucoup de batailles. Dragomirna et les forêts aux alentours se remplirent de réfugiés des villages proches des champs de bataille. Une autre catastrophe apparut en 1771 avec l'épidémie de peste. Lorsque Dragomirna et la Bucovine vinrent sous contrôle des catholiques autrichiens, saint Païssy et son troupeau fuirent vers la Moldavie. En Octobre 1775, il alla, avec plusieurs de ses moines, au monastère (« de la décapitation») de Sécou, qui était dédié à saint Jean-Baptiste,.

Secou était trop petit pour le nombre de frères, qui étaient entassés avec trois à cinq moines dans une cellule. Au printemps, plus de frères devaient arriver de Dragomirna, donc de nouvelles cellules durent être construites. Après trois ans de travail, une centaine de cellules furent achevées, et chacun eut sa place. Pourtant, le nombre augmenta encore et ils durent chercher un monastère plus grand.

Le prince Constantin Mourouz écrivit au staretz, disant qu'il n'y avait pas plus grand monastère que Néamts, à environ deux heures de Sécou. Le 14 Août 1779, saint Païssy déménagea au monastère de Néamts où il passa les quinze dernières années de sa vie à traduire les écrits des Pères de l'Église. Il organisa la communauté selon le Typikon (la règle de vie) du Mont Athos. Il rassembla un millier de moines dans le monastère, les instruisant dans la prière incessante du cœur.

L'archevêque Ambroise rendit visite à saint Païssy à Néamts en 1790, y restant deux jours pour converser avec le staretz. Au cours de la Liturgie du dimanche, il éleva saint Païssy au rang d'archimandrite. Il resta deux jours de plus, et partit ensuite après avoir béni tout le monde.

St Paisius s'endormit dans le Seigneur le 15 Novembre 1794 à l'âge de soixante-douze ans. Il est possible que Dieu lui ait, par avance, révélé la date de sa mort, car il cessa de traduire des livres. Il ne revit et ne corrigea que ce qui avait déjà été traduit.

Il fut malade pendant quatre jours, mais il se sentit assez bien pour assister à la Liturgie le dimanche. Après l'office, il demanda à tout le monde de venir recevoir sa bénédiction. Il dit adieu à tous, ensuite retourna à sa cellule et ne reçut personne. Quelques jours plus tard, le 15 Novembre, il  reçut encore les Saints Mystères et rendit son âme à Dieu. Ses funérailles furent présidées par l'évêque Benjamin de Touma, et furent suivies par une multitude de prêtres, moines, laïcs, nobles et gens ordinaires.

Les reliques sacrées de saint Païssy furent inventées en 1846, 1853, 1861 et 1872, et se révélèrent être incorrompues.

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Saint Païssy eut une énorme influence, non seulement en Roumanie, mais partout dans le monde orthodoxe. Ses disciples se rendirent en Russie, déclenchant la renaissance spirituelle du XIXe siècle avec les traductions slaves de la Philocalie et la tradition du startchestvo qu'ils avaient appris de saint Païssy. 

Cette influence fut même ressentie en Amérique par l'intermédiaire de saint Germain d'Alaska (13 Décembre). Saint Germain avait reçu l'enseignement des startsy  dont la formation spirituelle avait été guidée par saint Païssy. Il rencontra d'abord le Père Nazaire, qui devint son staretz à Valaam, à Sarov, puis le suivit à Sanaxar quand saint Théodore (19 Février) fut leur higoumène.

Un des livres que saint Herman avait apporté avec lui en Amérique était la Philocalie slave, imprimée en 1794. Il absorba la sagesse spirituelle qu'elle contenait, et la communiqua aux autres.

Tropaire - Tone 2:

Devenu un étranger sur terre, / tu as atteint la patrie céleste, vénérable Père Païssy. / Tu as enseigné aux fidèles à élever leur esprit vers Dieu, / clamant vers Lui de tout leur cœur: / "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur!"

Kondakion - Tone 8:

Comme une abeille très laborieuse, Tu fus un zélote choisi de la vie monastique, / fournissant à nos âmes les écrits des Pères par lesquels tu nous guides sur le chemin du salut. / C'est pourquoi, nous clamons vers toi: "Réjouis-toi, Païssy sage véritable, / car par toi la tradition des startsy spirituels fut restaurée pour nous!"

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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