dimanche 30 mars 2014

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


17/30 mars
4ème dimanche de Carême – de St Jean Climaque

Saint Alexis, l’homme de Dieu (411). Saint martyr Marin (260). Saint Patrick d’Irlande (V). Saint Macaire, higoumène de Kaliazine, thaumaturge (1483). Saints hiéromartyrs Alexandre Polivanov (1919) et Victor Kiranov (1942), prêtres.

Liturgie de saint Basile le Grand

Lectures: Hébr.VI, 13-20; Éph. V, 9-19 / Мc. IX, 17-31; Matth. IV, 25 – V, 12

Textes de Saint Jean Climaque 

ST JEAN CLIMAQUE
L
a Sainte Église dédie l’office du quatrième dimanche de Carême à l’exemple élevé de vie ascétique que représente Saint Jean Climaque, auteur du livre « L’échelle » (des vertus), dont l’auteur tire son nom (en grec « climax » signifie « échelle). Selon la Tradition, Saint Jean naquit vers l’an 570, dans la famille des saints Xénophonte et Marie, dont la mémoire est fêtée le 26 janvier. A l’âge de seize ans, il entra au monastère du Sinaï, où, quatre ans après, il fut tonsuré moine. Durant dix-neuf ans, il se trouva sous la direction d’un ancien nommé Martyrius. Une fois, ils se rendirent chez l’ancien Jean le Sabbaïte, qui se leva, lava les pieds de Jean et baisa sa main. Après leur départ, le disciple de Saint Jean le Sabbaïte demanda à celui-ci pourquoi il avait agi ainsi. L’ancien lui répondit : « Crois-moi, mon enfant, je ne sais pas qui est ce jeune homme, mais j’ai reçu l’higoumène du Sinaï et j’ai lavé les pieds de l’higoumène ». Un autre ancien, du nom de Stratégius prédit que Jean serait un jour un grand luminaire spirituel. Les paroles des anciens se réalisèrent. A trente-cinq ans, Saint Jean partit comme ermite dans le désert, au pied du Mont Sinaï. Il y passa quarante ans, œuvrant avec humilité et douceur dans la prière. A l’âge de septante-cinq ans, il fut élu higoumène du monastère du Sinaï. A la demande de Jean, higoumène du monastère de Raïthou, il écrivit la célèbre « Échelle des vertus », où il décrit les trente degrés de l’ascension vers la perfection spirituelle. Le but de cette œuvre est de montrer que le salut exige de l’homme renonciation à soi-même et labeurs ascétiques renforcés. Les degrés de « L’échelle » constituent la voie de l’homme vers la perfection, qui, graduellement, et non subitement, peut être atteinte, et par laquelle il se rapproche du Royaume céleste. Saint Jean fut higoumène durant quatre années, puis s’isola ensuite à nouveau dans le silence. Il s’endormit dans le Seigneur en 649.

Tropaire du dimanche, 7ème ton
Pазрyши́лъ ecи́ Кресто́мъ Tвои́мъ сме́рть, отве́рзлъ ecи́ разбо́йнику pа́й, мироно́сицамъ пла́чь преложи́лъ ecи́ и aпо́столомъ проповѣ́дати повелѣ́лъ ecи́, я́ко воскре́слъ ecи́, Xpистé Бо́же, да́руяй мípoви вéлiю ми́лость.
Tu as détruit la mort par Ta Croix, Tu as ouvert le paradis au larron,  Tu as transformé le pleur des myrophores, et ordonné à Tes Apôtres de prêcher que Tu es ressuscité,  Christ Dieu, accordant au monde la grande miséricorde.

Tropaire de St Jean Climaque, ton 1
Пусты́нный жи́тель и въ тѣлecи́ а́нгелъ, и чудотво́рeцъ яви́лся ecи́ богоно́се О́тче на́шъ Iоа́ннe; посто́мъ, бдѣ́ніемъ, моли́твою небе́сная дapoва́нія прiи́мъ, исцѣля́еши неду́жныя, и ду́ши вѣ́рою притека́ющиxъ ти́. Cла́ва да́вшему тeбѣ́ крѣ́пость; cла́ва вѣнча́вшему тя́; cла́ва дѣ́йствующему тобо́ю всѣ́мъ исцѣле́нія.
Habitant du désert et ange dans le corps, tu fus thaumaturge, ô Jean, notre père théophore ; par le jeûne, les veilles et la prière, tu as reçu des dons célestes ; tu guéris les malades et les âmes de ceux qui accourent vers toi avec foi. Gloire à Celui qui t’a donné la force, gloire à Celui qui t’a couronné, gloire à Celui qui par toi accomplit pour tous des guérisons.
Kondakion de St Jean Climaque, ton 4
Нa выcoтѣ́ Го́сподь воздержа́нія и́стинна тя́ положи́, я́коже звѣзду́ нелécтную, cвѣтовoдя́вшую концы́, наста́вниче Iоа́ннe О́тче на́шъ.
En vérité, le Seigneur t’a placé au sommet de la tempérance, comme un astre fixe qui éclaire les confins de l’univers, ô Jean notre guide et notre père.
Kondakion du dimanche, 7ème ton
Не ктому́ держа́ва смéртная воз-мо́жетъ держа́ти человѣ́ки; Христо́съ бо сни́де, сокруша́я и разоря́я си́лы ея́. Cвязу́емъ быва́етъ а́дъ, пpоpо́цы согла́сно ра́дуются: предста́, глаго́-люще, Спа́съ су́щымъ въ вѣ́рѣ, изыди́те, вѣ́рніи, въ воскресéніе.
Désormais l’empire de la mort ne peut retenir les mortels, car le Christ y est descendu pour briser et défaire sa puissance. L’enfer est enchaîné, les prophètes jubilent, disant d’une seule voix : « Il est venu, le Sauveur, pour ceux qui ont la foi ; fidèles, allez à la rencontre de la Résurrection ! »
Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. Ô Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu petit enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. Ô Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

EXTRAITS DE « L’ÉCHELLE SAINTE » DE ST JEAN CLIMAQUE[1]

·      La pénitence est une restauration du baptême. La pénitence est un pacte avec Dieu pour une seconde vie. Le pénitent est un homme qui va acheter l’humilité. La pénitence est une continuelle défiance des aises du corps. La pénitence est une pensée de condamnation que l’on porte contre soi-même, et un insouciant souci pour soi-même. La pénitence est la fille de l’espérance, et le renoncement au désespoir. Le pénitent est un coupable qui n’a plus à rougir. La pénitence est la réconciliation avec le Seigneur par la pratique des bonnes œuvres contraires aux péchés commis. La pénitence est la purification de la conscience. La pénitence est le support volontaire de toutes les tribulations. Le pénitent est l’artisan de son propre châtiment. La pénitence est une vigoureuse mortification du ventre et une blessure de l’âme fortement ressentie.

·      Quand tu supplies dans ta prière, tiens-toi tout tremblant, comme un criminel qui comparaît devant son juge, afin que ton attitude extérieure aussi bien que tes dispositions intimes puissent éteindre la colère du juste Juge, car Il ne méprisera pas l’âme qui, telle la veuve (cf. Lc XVIII, 5), se tient devant Lui accablée de tristesse, et importune Celui que rien ne peut importuner.

·      Sois recueilli, ennemi de l’ostentation, tout absorbé en ton cœur. Car les démons craignent le recueillement autant que les voleurs redoutent les chiens.

·      La fausse componction engendre l’orgueil, et la vraie, la consolation.

·      Si tu veux soigner quelqu’un qui a une écharde, ou plutôt si tu prétends le faire, n’emploie pas pour l’extraire un bâton au lieu d’un bistouri ; tu ne réussirais qu’à l’enfoncer davantage. Le bistouri, c’est un enseignement paisible et une correction patiente. « Reprends, corrige, exhorte » (2 Tim. IV,2), dit l’apôtre, mais il n’a pas dit : « Frappe ! » Et si cela même est nécessaire, n’en use que rarement, et non de ta propre main.






Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne

COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME

« C'est ainsi que Dieu a aimé le monde [Jean, III, 16]. Voyez quels prodiges renferme ce mot : C'est ainsi ! L’évangéliste Jean, faisant comprendre la grandeur de ce qui va suivre, dit C’est ainsi et c'est pourquoi l'Écriture commence de cette façon. Donne-nous donc, ô saint Jean, l'explication de ce mot, c'est ainsi dis-nous l'étendue, la grandeur, l'excellence d'un pareil bienfait. C'est ainsi que Dieu a aimé le monde, au point de nous donner son Fils unique. Chaque mot a une grande signification… Et C’est ainsi qu’a aimé, Dieu le monde, ces mots montrent l’excès de l’amour divin. En effet, elle était grande la distance entre Dieu et le monde, ou plutôt, elle était immense. Dieu, l'Immortel, Celui qui est sans commencement, qui a une grandeur infinie, a aimé des hommes formés de terre et de poussière, chargés d'une multitude de péchés, qui ne cessaient de contrevenir à Sa Divine volonté, des ingrats » (St Jean Chrysostome). Le sacrifice du Christ est la manifestation de l’amour divin : L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé Son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par Lui. Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’Il nous a aimés et a envoyé Son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés (I Jean IV, 9-10).

Le sacrifice du Christ est accompli
Lors de la Cène mystique, le Christ célèbre de façon sacramentelle Son Sacrifice sur la Croix. Il offre Son saint Sang et, en L’appelant le sang de la Nouvelle Alliance [ou nouveau Testament], « Il montre encore qu’Il s’en va mourir, et c’est pour cela qu’Il parle de «Testament ». Il nous remet en mémoire le précédent Testament  [l’Ancien] qui avait été aussi scellé et consacré avec le sang [cf. Hébr. IX, 18-21] » (St. Jean Chrysostome). Lors de la dernière Cène, nous voyons le passé (l’Ancien Testament), le présent (le Nouveau Testament) et le futur (Sa mort imminente), coexistant dans la personne du Christ. Dans la divine Liturgie de St Jacques, avant la consécration des saints Dons, le peuple chante avec componction : « Nous annonçons Ta mort, Seigneur, et nous confessons Ta Résurrection ». La divine Eucharistie est l’expérience sacramentelle du Sacrifice du Christ. Pendant la célébration, « le Maître Christ est présent, Sa mort est accomplie, ce redoutable Sacrifice ». Saint Jean Chrysostome dit : « Respectez cette Table, la Victime qui est dessus, c’est-à-dire le Christ-immolé pour nous» (St Jean Chrysostome).

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Jn. XX, 11-18
Liturgie : Hébr. IX, 11-14 / Мc. X, 32-45 



[1] « L’Echelle Sainte » de Saint Jean Climaque, traduction du R.P. Placide Deseille, Bellefontaine 1978

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