samedi 30 novembre 2013

Vie de sainte Rachel moniale du grand schème du monastère du Saint-Sauveur à Borodino [1835-1928] (5)


Un jour que mère Rachel était malade, elle reçut la visite d'un certain Gabriel Fomitch, un originaire de Kourakine, un homme grand et fort de constitution, et pensant que mère Rachel allait bientôt mourir, il se mit à lui faire ses adieux. Mère Rachel, avec un sourire, lui raconta la fable du chêne et du roseau. "Le chêne était fort et se vantait de sa robustesse au roseau, mais vint la tempête et elle cassa le chêne, tandis que le roseau, petit et fin, se courba sur la terre. Mais une fois la tempête passée, le chêne gisait par terre, tandis que le roseau s'était redressé. Alors vous voyez, Gabriel Fomitch, toutes sortes de choses sont possibles." Dix jours plus tard, la femme de Gabriel Fomitch vint au monastère faire part du décès de son mari.

Un jour une certaine Anastasie, qui regardait la cellule de Matouchka, remarqua sa literie et pensa: "0n dit que les ascètes dorment à même des planches, mais ici on a des édredons! On dort sur des lits moelleux". Sur ces entrefaites, Matouchka arriva, donna un coup de poing dans l'oreiller et dit: "Voilà mon duvet, tout fait!" Et la paille en sortit.

Une certaine Anne demanda à Matouchka la bénédiction de se faire construire une isba à Gjatsk; elle avait une charpente prête à la campagne, il ne restait plus qu'à la transporter à la ville. Mère Rachel le lui permit, mais lui ordonna d'attendre un peu. Anna n'écouta pas. Peu après il y eut un incendie à Gjatsk et la charpente brûla.

Matouchka prévit aussi le moment où elle allait quitter cette vie. Le 26 août 1928, elle annonça à ses nombreux visiteurs qu'elle les voyait pour la dernière fois, elle était déjà très faible. Aussitôt la maladie progressa fortement, et Matouchka en souffrait cruellement, mais elle ne cessait pas de recevoir les visiteurs. A la fête de la Nativité de la Mère de Dieu, elle communia et pour la première fois depuis le début de sa maladie, elle permit qu'on la dépose sur le divan [avant cela elle se reposait dans un fauteuil]. Elle refusa le secours de la médecine, disant qu'elle n'avait désormais plus besoin de médecins du corps. Les souffrances augmentaient de jour en jour, mais (couchée) elle n'en continuait pas moins de recevoir les visiteurs. Son visage devenait souvent resplendissant, comme illuminé par l'éclair. Peu de temps après, elle demanda qu'on la remette dans le fauteuil, reprit des forces et se mit à chanter de sa vieille voix:

— Le Seigneur m'a ressuscité et les gens se sont réjouis! Hé bien Macha, j'ai de nouveau reçu de la mort un sursis de trois semaines.

— Alors, Matouchka, cela veut dire que vous nous quitterez à la Protection de la Mère de Dieu? s'enhardit à lui demander sa servante de cellule.

— Oui, ma chère Macha.

Dès lors, elle se remit à recevoir des visiteurs comme d'habitude, et même à les servir à table. Le 28 septembre, mère Rachel demanda à sa servante de cellule de la laver. Le lendemain l'aumônier, l'hiéromoine Barthélémy, vint la visiter. En cas de nécessité, mère Rachel l'appelait toujours, uniquement par la prière. De même cette fois-ci. Il lui donna la communion et le 22 septembre, l'onction des malades. Le 23 septembre, il revint pour communier mère Rachel qui était alors tout à fait paisible, dans un état bienheureux, "comme un petit ange d'une beauté et d'une humilité non terrestres". Ce jour-là, elle dit à sa servante de cellule:

— Quand bien même tu vivrais deux cents ans, tu te retournerais et tu verrais que cela ne fait pas même un seul jour. Tu sais, Macha, on m'enterrera au-delà du monastère, cela ne fait rien, beaucoup de grands noms reposent là. On dira toute sorte de mal, et on m'enterrera au-delà de la clôture. L'huile, Macha, donne-la à l'église. Tu n'auras pas la charge de la brûler toute ta vie. Tu dors encore, Macha, mais quand tu t'éveilleras, alors tu verras beaucoup de choses.

Le lendemain, 24 septembre, mère Rachel reçut des visiteurs pour la dernière fois, elle était vaillante et joyeuse, elle but même du thé et à certaines personnes de Moscou elle dit qu'elle mourrait dans deux jours. Le soir, après avoir congédié toutes les personnes présentes, elle pria:

— Mère de Dieu, pardonne tout à Macha: pour ce qu'elle savait et pour ce qu'elle ne savait pas!

Après la prière, mère Rachel bénit sa servante de cellule avec une icône du Sauveur et dit:

— Et toi, marche sur les traces du Sauveur.

Macha lui demanda de lui indiquer la façon de vivre.

— Vis dans la vérité, Macha, voilà la voie de la vérité.

Le 25 septembre, mère Rachel fit appeler le père spirituel du monastère, le père André, pour qu'il lui porte la communion, et elle communia pour la dernière fois. A partir de ce moment, elle n'absorba plus aucune nourriture. Elle faiblissait de plus en plus, mais elle ne cessait pas de se soucier de ses enfants spirituels, elle donnait à sa servante de cellule ses dernières instructions et ses derniers conseils spirituels. Elle lui dit de nourrir tout le monde, comme de son vivant.


Version française

Françoise Lhoest

que nous remercions  chaleureusement




Haïjin Pravoslave (CCXVIII)



La première joie
Dit le staretz Sophrony
Connaître la Voie

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 29 novembre 2013

Appel


Monastère de la Sainte-Trinité - Suisse (Dompierre)
Supérieur: archimandrite Martin (de Caflisch) 

Chers amis! 

Le terrain attenant au monastère de la Sainte Trinité a été mis en vente. Or, l'unique accès au monastère se trouve sur ce terrain qui sert également de parking aux paroissiens qui viennent en voiture. Le monastère a jusqu'au 15 décembre pour procéder à cette acquisition. L'acquéreur éventuel a l'intention d'installer des logements ainsi qu'un théâtre sur ce terrain. 

Nous ne recevons pas de financement venant de la Confédération ou du Patriarcat de Moscou. Nous avons réuni 154.000 CHF et il nous manque 51. 000 CHF. 

Monastère de la Sainte-Trinité - Suisse (Dompierre)
Nous vous serons très reconnaissants de nous soutenir. Que Dieu vous garde. 

Adresse bancaire: IBAN : CH02 0026 0260 6702 32M2 N 
BIC : UBSWCHZH80A 
Versement pour : UBS SA 
En faveur de : Fondation du Monastère Orthodoxe de la Très Sainte et Divine Trinité, route de Lucens 15, 1682 Dompierre VD 
Mention : don achat terrain grange 

tel. père Martin (de Caflisch) +41 26 652 17 08 

Contact : Monastère de la Sainte Trinité 
Archimandrite Martin 
Route de Lucens 15 
CH-1682 Dompierre VD 
monasteretrinite@vtx.ch 

Monastère de la Sainte-Trinité - Suisse (Dompierre)
Свято-Троицкий Монастырь (Monastère de la Sainte Trinité, Dompierre, VD) просит Вашей помощи! 

Свято-Троицкий Монастырь был проинформирован, что прилегающий к нему участок земли выставлен на продажу. Так случилось, что на этом участке находится единственный въезд в монастырь. Там же в настоящее время паркуются машины прихожан. Если монастырь не выкупит землю до 15 декабря 2013 года, она будет продана другому заинтересованному лицу. Потенциальный покупатель намерен переоборудовать ферму (амбар), находящуюся на участке, под квартиры, а также, под помещения театра, поэтому монастырь поставлен перед необходимостью покупки прилегающего участка земли. Монастырь не имеет никакой финансовой поддержки со стороны Швейцарской Конфедерации или Русской Православной Церкви. Монастырем изысканы средства в сумме СHF 154 000 франков. Не хватает еще CHF 51 000 франков Единственный православный монастырь Швейцарии нуждается в Вашей помощи Для нас важно каждое пожертвование! Если у Вас есть какие-то вопросы, свяжитесь с нами, мы с радостью на них ответим (в монастыре говорят по-французски и по-немецки, службы проходят на французском, частично русском, немецком языках). 

Monastère de la Sainte-Trinité - Suisse (Dompierre)
Adresse bancaire: IBAN : CH02 0026 0260 6702 32M2 N 
BIC : UBSWCHZH80A 
Versement pour : UBS SA 
En faveur de : Fondation du Monastère Orthodoxe de la Très Sainte et Divine Trinité, route de Lucens 15, 1682 Dompierre VD 
Mention : don achat terrain grange

Vie de sainte Rachel moniale du grand schème du monastère du Saint-Sauveur à Borodino [1835-1928] (4)



Mère Rachel était toujours occupée avec les gens: quand elle prenait congé des laïcs, il venait des moniales qu'elle consolait et, prévoyant l'approche de la fermeture du monastère, elle préparait les sœurs à porter patiemment la croix de confesseur du Christ. Elle prédit que le monastère serait fermé après sa mort et que les sœurs se disperseraient, tandis que des impies viendraient s'y installer. Elle prédit aussi la grande guerre patriotique [la seconde guerre mondiale], la réouverture du monastère et sa propre canonisation.

Mère Rachel dirigeait ses enfants spirituels avec sagesse et humilité. Tous ses mandements étalent empreints d'amour maternel et d'une sagesse emplie de grâce.

"Dieu est tellement miséricordieux, disait-elle, que si quelqu’un a foi en Lui, même peu, il ne périra pas. Aucune Mère ne peut aimer autant ses enfants que Dieu nous aime. Comme nos péchés sont insignifiants devant la miséricorde divine! Ce n'est qu'une poignée de sable jetée dans un océan. De même qu'avec cette poignée on ne peut assécher l'océan, ainsi ne peut s'assécher la miséricorde de Dieu envers le genre humain, si pécheur qu'il soit. Et combien Dieu est proche de chacun d'entre nous, mes très chers! Il nous suffit de reprendre conscience, de soupirer du fond de l’âme, de tourner notre cœur vers Le Seigneur, et voilà que nous posons le prisme pour recevoir le soleil. Et aussitôt, Il sera avec nous, Il se reflétera en nous, car Il se tient à la porte de notre cœur et Il frappe. Ouvrons nos cœurs au Seigneur!"

Extérieurement, Mère Rachel, "la vieille" comme elle se nommait, était très petite, maigre et avait un œil qui louchait. Elle avait coutume de cacher sa personnalité spirituelle et selon les souvenirs des sœurs, Matouchka était comme une folle-en-Christ, une bienheureuse, tout d'un coup elle se mettait à gronder tout le monde ou à faire quelque chose d'inutile. Et à ses visiteurs elle répétait souvent qu'elle était "vieille et bête, et qu'elle ne savait rien du tout".

Mère Rachel, comme une grande sainte, était souvent attaquée par l'ennemi du genre humain. Les démons se lançaient à sa poursuite, lançant des bombes de feu, ou bien ils lui barraient l'accès de l'église, en barricadant le chemin d'une multitude d'obstacles (planches, filets, cordes, tas de pierres]; ils entraient dans sa cellule la nuit et ils la battaient cruellement. Mais Mère Rachel surmontait toutes ces tentations par la force du signe de la croix et en appelant à l'aide la Mère de Dieu.

En I925, pendant le Grand carême, Mère Rachel tomba gravement malade et se préparait déjà à passer dans l'éternité. Mais pendant qu'on lisait la prière des mourants, elle vit une grande cloche descendre vers son lit, elle entendit le son puissant de l’Angélus et les voix des anges qui lui annonçaient: "Tu ne mourras pas aujourd'hui! Tu dois encore annoncer la miséricorde de Dieu aux hommes!" Et effectivement, Mère Rachel se releva de son lit de mort et continua comme par le passé à recevoir les affligés et ceux qui portaient leur fardeau. Alors saint Théodose lui apparut encore une fois et en la fortifiant, lui dit: "Il y a beaucoup d'affligés dans le monde, console-les mais ne les invite pas de ta propre initiative".

Ces années-là, les visiteurs furent particulièrement nombreux. Son humilité et son amour sincère lui valurent de la part du Seigneur de grands dons de la grâce, comme on le voit à partir des multiples témoignages des contemporains sur son don de voyance et sur ses miracles. Ainsi elle prédit au diacre Jean Pétropavlovsky, du village de Véchki, canton de Mojaïsk, gouvernement de Moscou, qu'il deviendrait prêtre, ce qui arriva effectivement. L'archiprêtre Alexandre Voskresensky, de la ville de Rouza, gouvernement de Moscou, fut guéri d'un ulcère du duodénum par mère Rachel qui avait tracé de loin le signe de la croix sur l'organe malade, et le paysan du village de Riabouchkino, Vakou Efimou fut guéri par elle d'une malformation du cœur et d'une maladie des jambes. Anna Efimovna, une paysanne du même village qui souffrait d'accès de démonisme, s'entendit dire par mère Rachel: "Ton mode de vie impur t'a mené au bord du gouffre de perdition. Il faut chasser de toi le démon. Voici de l’eau bénite et une prosphore, manges-en pendant quarante jours et ta pelisse tombera." Anna fut bientôt guérie. Le fils d'un cheminot, H.N. Bodrou, de la gare de Borodino, souffrait de la danse de Saint-Guy. Par les prières de mère Rachel, la maladie le quitta.

Dans la ville de Gjatsk vivait un cocher qui par moments s'enivrait tant qu'il avait ruiné sa famille. Sa femme demanda à des connaissances qui allaient consulter mère Rachel, de lui parler de son malheur. Mère Rachel dit que le mari boive pendant trois jours du sirop de baies et de l'eau fruitée, et qu'il ne touche pas à la vodka. Après cela, il redevint définitivement sobre.



Version française
Françoise Lhoest
que nous remercions  chaleureusement

Haïjin Pravoslave (CCXVII)


Comme un cierge pur
Donne la Lumière au monde
Sois flamme de foi

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 28 novembre 2013

Saint Porphyrios et saint Mélétios!

Glorification de Père Porphyrios et de Père Mélétios par le Patriarcat œcuménique de Constantinople
voir le blog Saint Materne



Vie de sainte Rachel moniale du grand schème du monastère du Saint-Sauveur à Borodino [1835-1928] (3)


Le 17 novembre 1915, la moniale Mitrodore reçut la tonsure du grand schème et le nom de Rachel. Quand après cela, elle se tenait dans le jeûne et la prière, dans l'église, la Mère de Dieu lui apparut de nouveau. Voir la Reine des Cieux remplit la moniale du grand schème d'une extase spirituelle qui fit resplendir son visage d'un éclat non terrestre.

Elle reçut alors l'obédience d'aînée dans l'hospice. Elle s'y distingua par son ardeur au travail et par sa sagesse: elle consolait, encourageait, préparait à la mort qu'elle voyait par un don. Elle se distinguait par son amour envers tous, spécialement les pauvres, les malades, les affligés.

Un simple d'esprit, Paul, un muet venait la voir et elle le lavait, elle le faisait aller à l'église, se préparer et communier. Il aimait beaucoup Mère Rachel et l'appelait maman, c'était un des rares mots qu'il était capable de prononcer.

C'est à cette époque que les sœurs et les pèlerins du monastère commencèrent à s'adresser à Mère Rachel pour lui demander conseil, et même un jour, quelqu'un lui demanda sa bénédiction. Toute confuse, elle pria toute la nuit avec ardeur, et le matin, sommeillant un peu dans un fauteuil, elle vit dans un rêve très délicat la Mère de Dieu qui la bénissait en disant: "Tout ce que tu demanderas pour les gens te sera accordé. Je bénirai Moi-même ceux que tu auras bénis." La moniale Rachel s'ouvrit aussitôt de sa vision à la Mère higoumène Angeline qui lui permit de recevoir les gens. C'était la bénédiction pour le travail de staritsa, auquel le Seigneur avait préparé Sa servante durant toute sa vie.

La tradition du startchestvo ou guidance spirituelle au monastère du Saint-Sauveur de Borodino était née avec la première higoumène, Marie (Toutchkou +1851]. Cette fille spirituelle du saint métropolite Philarète, au dire des contemporains, "possédait le don rare de consoler et de soigner les âmes malades." Après sa fin bienheureuse, la direction spirituelle du monastère fut confiée à la moniale du grand schème Sarah (Potiomkine 1908], fille spirituelle du fameux starets Zossime [Verhouskoy 1833]. C'est elle qui prédit à la moniale Mitrodore qu'elle la dépasserait. Et effectivement, le startchestvo au monastère de Borodino connut son plus grand épanouissement entre 1923 et I928, du temps de la moniale du grand schème Rachel, au moment où s'effondrait la Sainte Russie, où les églises étaient profanées, les âmes et les destins des hommes brisés. Dans la Russie en proie à l'athéisme et à la cruauté, le service sacrificiel de Mère Rachel était une prédication vivante de l'amour de Dieu et de Sa miséricorde qui pardonne tout.

Dans les premières années de son startchestvo, peu nombreuses étaient les personnes désireuses de recevoir ses conseils spirituels, ce qui lui laissait la possibilité de s'isoler pour prier: elle allait alors dans la forêt, loin des gens. Mais au début des années vingt, l'afflux de visiteurs qui voulaient être consolés se fit considérable, ce qui lui compliqua la vie. Elle pensait à la réclusion et pria la Reine des Cieux de lui indiquer la voie à suivre. Un soir d'été de 1923, saint Théodose apparut de nouveau à Mère Rachel et la réprimanda: "Pourquoi ne veux-tu pas recevoir les gens? Où veux-tu aller? Ceux qui veulent te voir te sont envoyés par la Mère de Dieu Elle-même. Si tu ne veux pas les recevoir, cela ira mal! Tu ne pourras pas franchir le seuil que la Mère de Dieu te frappera, car c'est elle-même qui t'a ordonné de recevoir le peuple qui souffre."

Dès lors, disait elle-même Mère Rachel, je n'ai plus refusé à personne, je suis restée toute la journée a la disposition des pèlerins pour les consoler et leur offrir le thé.

Et effectivement, dès Le matin on se pressait à la porte de sa petite cellule. Les gens de toutes conditions venaient confier à Matouchka leurs chagrins, leurs nécessités, leurs doutes, leurs questions, ils venaient se repentir de leurs fautes. Matouchka les accueillait tous volontiers, les consolait, répondait à leurs questions et parfois, sans même les entendre, donnait, en visionnaire, les conseils, parlait en paraboles dans lesquelles nombreux étaient ceux qui se reconnaissaient.

Parfois, tombant à genoux, elle se mettait a prier avec les affligés: "Mère de Dieu! Tu vois Toi-même les chaudes larmes de ces braves gens. Dirige Toi-même leur vie dans le bien! Fortifie en eux la foi dans Ton Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ. Réchauffe-les par l'amour mutuel et par l'amour du prochain. Mère de Dieu, je Te les confie, sois leur aide en toutes leurs œuvres, conduis-les sur la voie droite! Mère de Dieu, bénis-les Toi-même par Ta droite toute puissante, et non par ma main périssable comme Toi-même Tu me l'as promis!"

Malgré son âge très avancé, Mère Rachel était étonnamment vaillante et infatigable, elle avait une mémoire excellente et sans lire les journaux, elle avait une idée très exacte de la vie dans le monde, autant que de la vie spirituelle et pouvait trouver comment parler à n'importe qui.

La journée de Mère Rachel se passait comme suit: jusqu'à trois heures du matin elle priait, de temps en temps se plongeait dans la contemplation. A ce moment elle était souvent visitée par la Reine des Cieux en personne. Puis ensuite Mère Rachel s'accordait quelques instants de repos dans un fauteuil et à quatre heures du matin elle commençait à préparer le repas des pèlerins. A sept heures le thé était déjà prêt et les premiers visiteurs arrivaient.

Toute la journée, à la table de sa petite cellule, hommes et femmes et enfants, riches et pauvres étalent à sa table. Elle les écoutait patiemment et leur offrait à manger. La nourriture était extrêmement simple: soupe aux choux, bouillie de gruau, pâtes, pommes de terre. Mais tout était remarquablement nourrissant, comme le remarquaient tous ceux qui avaient le privilège de dîner chez Mère Rachel. Et nombreux étaient ceux qui après avoir été reçus par elle, guérissaient de leurs maux physiques. Pratiquant une ascèse extrême, Mère Rachel elle-même ne prenait jamais place à table, se bornant à faire le service et à donner des mandements sans jamais arrêter de prier. Le matin elle se permettait de boire une tasse de thé et à midi cinq cuillers à café d'une quelconque nourriture, sans beurre. Parfois au milieu de la journée elle était épuisée et se reposait un quart d'heure ou vingt minutes dans un fauteuil. Mais ensuite elle continuait de recevoir les gens.


Version française

Françoise Lhoest

que nous remercions  chaleureusement





Haïjin Pravoslave (CCXVI)



Mystère ineffable
Dans l'Evangile soudain
Le Seigneur me parle

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 27 novembre 2013

Vie de sainte Rachel moniale du grand schème du monastère du Saint-Sauveur à Borodino [1835-1928] (2)



Le monastère du Saint-Sauveur de Borodino était de fondation assez récente, contrairement à ceux où elle avait été moniale auparavant, puisqu'il comptait à peine quarante années d'existence. Mais il était établi en un lieu sanctifié du sang des martyrs: les soldats orthodoxes qui avaient donné leur vie pour la foi, le tsar et la patrie en 1812. Dès sa fondation, il s'était caractérisé par une grande élévation spirituelle, venant d'une mystérieuse unité dans la prière des soldats martyrs et des moniales.


Au monastère du Saint-Sauveur de Borodino, la moniale Paula reçut une obédience d'abord à la cuisine de l'higoumène, ensuite à celle du monastère et occupa différentes fonctions. Elle accomplissait le travail facilement, parce que [comme elle le disait elle-même], elle "commençait toujours par prier avec ferveur la Mère de Dieu, implorant sa bénédiction, son enseignement et son aide à chaque étape et à chaque pas." La Reine des Cieux n'abandonnait pas sa servante. Elle lui apparaissait souvent pour l’aider à porter sa croix.

C'est lors de son obédience à la cuisine que les dons de la future staritsa se manifestèrent. Les sœurs remarquèrent que sa présence suffisait à leur donner des forces et de l'énergie pour le travail. Abstinente, elle ne goûtait pas les plats qu'elle préparait, mais ils étaient pourtant si excellents qu'on ne pouvait manquer de le remarquer. Les hôtes de marque du monastère lui donnaient souvent des gratifications, mais elle distribuait tout l’argent aux sœurs qui avaient travaillé avec elle à la cuisine.

Vu son obédience à la cuisine, elle était souvent privée de la possibilité de se rendre aux offices, mais en pensées, elle se tenait souvent devant le Seigneur et durant son temps libre elle se retirait dans la cave toute seule et y priait longuement. Elle était particulièrement assidue à faire mémoire des morts de 1812, ce qui était la tâche des moniales de Borodino. Par la suite elle incita souvent les sœurs à s'acquitter scrupuleusement de cette mission, disant que grâce à leurs prières, tous les soldats seraient dignes d'être sauvés et qu'ils intercèderaient eux-mêmes auprès du Seigneur pour les moniales du monastère. Elle voyait souvent ces soldats sur les nuages, vêtus de blanc et couronnés, comme s'ils gardaient le monastère. Chaque année, leur nombre augmentait.

La moniale Paula se distinguait surtout par l'esprit de pauvreté. Comme dans sa jeunesse, elle donnait ses vêtements et ses chaussures aux pauvres, et mettait elle-même des vêtements reprisés et des chaussures rejetées par les sœurs.

La deuxième semaine du Grand Carême, le 15 mars 1853, la novice rassophore Paula reçut le mandyas et le nom de Mitrodore, et presque aussitôt l'obédience de servante d'autel. Peu avant cela, saint Théodose lui apparut, et lui donna sa bénédiction pour prendre de ses mains l'encensoir fumant.

La moniale Mitrodore s'acquitta de sa nouvelle obédience avec une grande piété et crainte de Dieu, se réjouissant de pouvoir être dans l'église de Dieu. Elle fut bien des fois jugée digne de voir les anges se tenant devant le trône de Dieu, la colombe blanche au-dessus des Saints Dons, et il lui fut donné également de voir l'état spirituel des prêtres célébrants, ce qui ensuite se traduisit dans ses mandements aux prêtres et aux laïcs. Par un miraculeux effet de sa sainte et pure vie, elle pouvait mettre des charbons ardents avec ses mains nues dans l'encensoir sans le moins du monde se brûler.

Par son obéissance et son assiduité à la prière, elle acquérait de plus en plus de forces spirituelles. La moniale Mitrodore avait plus de soixante-dix ans quand, dans une vision, le Seigneur lui montra un cercueil fort grand [du plancher au plafond] avec dedans une moniale du grand schème. Elle comprit alors que le Seigneur lui demandait de prononcer ses derniers vœux. Pour s'y préparer, elle s'imposa l'épreuve de faire par jour trois mille prosternations, sans délaisser pour autant, ni la règle principale, ni les obédiences, et elle accentua son jeûne.


Version française
Françoise Lhoest
que nous remercions  chaleureusement





Haïjin Pravoslave (CCXV)


Calme d'oraison
La vie est simple et paisible
En priant le Nom

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 26 novembre 2013

Vie de sainte Rachel moniale du grand schème du monastère du Saint-Sauveur à Borodino [1835-1928] (1)


Sainte Rachel [dans le monde Marie], Staritsa * du monastère du Saint-Sauveur à Borodino naquit en 1853 à Dorogobouge, chef-lieu de canton du gouvernement de Smolensk. Ses parents, Michel et Mélanie Korotkoff, étaient de riches négociants en thé. Dans son enfance, elle fréquenta l'école privée de Dorogobouge et aidait ses parents à trier le thé. La jeune Marie aimait particulièrement l'Eglise de Dieu et la prière. Douée d'un cœur compatissant, elle ne pouvait pas laisser passer les pauvres sans leur donner l'aumône, les nourrir, les vêtir. Elle aimait lire les vies des saints et écouter les récits des errants sur les saints lieux. A l'imitation des ascètes, elle essayait même de dormir sur des planches en bois sans couverture, mais ses parents le lui interdirent formellement.

A l’âge de 14 ans, Marie se rendit à pied, avec des amies, en pèlerinage à la Laure des Grottes de Kiev, où elle pria avec ferveur auprès des reliques de saint Théodose en lui confiant son désir de devenir moniale. Et là, dans une vision miraculeuse, le fondateur du monachisme russe, saint Théodose en personne lui apparut, la bénit et lui dit que sa prière avait été entendue par Dieu et que sa demande serait exaucée avec le temps.

Marie rentra chez elle confortée dans sa décision d'entrer au monastère. Or son père se préparait à la marier, c'est pourquoi il lui faisait donner des leçons de danse, de maintien, et lui achetait de belles robes. Mais cela l'intéressait peu, et les bonnes manières rentraient mal. A seize ans on la fit faire son entrée dans le monde et on lui chercha des prétendants. Mais elle refusait les partis, car en secret elle désirait consacrer sa vie à Dieu seul. En I851, Marie allait avoir 18 ans, on voulut la fiancer à un très riche marchand. Redoutant un mariage forcé, Marie, sous prétexte d'aller en pèlerinage à l'icône miraculeuse de la Mère de Dieu de Smolensk, quitta pour toujours la maison familiale.

En août-septembre de la même année, Maria Mikhaïlovna Korotkoff entra au couvent féminin de l'Ascension à Smolensk. Peu après, son père tout ému, qui recherchait sa fille, dont il était sans nouvelles, vint la voir. Sous l'influence de la Mère higoumène et de quelques sœurs qu'il connaissait, et qui le persuadèrent de laisser Marie au monastère, par crainte de s'attirer la colère de Dieu, il donna à sa fille sa bénédiction pour être moniale **.

Dès les premiers jours de la vie monastique, Marie s'acquitta avec zèle de toutes les obédiences, sans avoir peur du travail le plus sale. Tous les cadeaux et l'argent apportés par ses riches parents, elle les distribuait aux pauvres et aux sœurs. Pour mortifier son corps habitué au confort, Marie se couchait dans les orties et les épines sans vêtement de dessus.

A la fin de la septième année de son séjour au monastère de l'Ascension, Marie fut envoyée à la ferme du monastère pour y faire la cuisine. Certaines moniales l’enviaient et décidèrent de la compromettre. Un jour elles s'abstinrent de la prévenir que le lendemain il faudrait nourrir une grande équipe d'ouvriers venus faucher les prés et elles lui donnèrent une quantité nettement insuffisante de provisions. Voyant que ce qu'elle avait préparé ne suffirait pas pour les nourrir tous, Marie en larmes tomba à genoux et, levant les mains au ciel, s'écria: "Très Sainte Mère de Dieu, viens à mon secours, nourris toi-même les ouvriers!"; et miraculeusement, il y eut assez de nourriture pour tout le monde, et il resta plus que ce qui avait été préparé. On rapporta même plus de pain qu'on n'en avait apporté du monastère.

La nouvelle du miracle se répandit au couvent et en-dehors. Mais l'attention des gens centrée sur elle était lourde à supporter. En outre son père ne cessait de la pourvoir matériellement et comme fille d‘un riche marchand et donateur, elle était auprès de l'higoumène et n'avait pas à accomplir d'obédiences pénibles. Elle pensa donc qu'avec une vie pareille, elle ne pourrait faire son salut. Les paroles du Sauveur: " Celui qui veut aller à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. " [Matthieu 16:24) la confortèrent dans cette certitude. Son âme, qui avait soif d'exploits spirituels authentiques, y entendit l'appel à être errante et mendiante pour l'amour du Christ.

Après être restée sept ans au monastère de Smolensk, Marie le quitta en secret et se mit à errer, sans argent, sans bagage, sans papiers. Pour ne pas se montrer aux gens, Marle restait loin des villes bruyantes et des villages, empruntant les chemins les plus reculés et les plus déserts, passant la nuit en
prière dans les forêts, les ravins, les granges abandonnées. Ses vêtements s'usèrent tant que sa chemise cachait à peine son corps tout sombre et tout rude. Ses jambes étaient couvertes de plaies et d'égratignures, du fait qu'elle allait toujours pieds nus. Elle en garda de profondes cicatrices sur les plantes des pieds jusqu'à sa fin bienheureuse. Parfois de bonnes âmes l'accueillaient chez elles, la lavaient, l'abritaient quelque temps, lui donnaient de vieux vêtements, souvent d'homme, mais Marie ne restait pas longtemps chez elles et s'en allait bien vite.

Dès le début de son errance, Marie avait imploré la Mère de Dieu avec des larmes, pour garder sa virginité. La Reine des Cieux lui apparut et lui dit: "Marie, j'ai toujours béni tes entreprises, je t'aiderai aussi à garder ta virginité." Et gardée par la Toute Pure, l'errante parcourut près de six mille kilomètres, séjourna dans divers monastères, rencontra de grands ascètes de ce temps et en 1861, s'arrêta au monastère de la Dormition à Sviatogorsk, canton d'Izioum, gouvernement de Kharkov, où vivait un grand ascète et starets, le reclus Jean +1867). Il eut de longs entretiens avec Marie et voyant, comme un clairvoyant qu'il était, toute sa vie, il lui raconta bien des choses qui se réalisèrent ensuite. "Un jour viendra, lui dit-il, où tu n'auras même plus le temps de te signer, alors console le peuple, car il souffrira beaucoup."

On peut supposer que ce starets donna sa bénédiction à Marie pour qu'elle retourne dans un monastère, parce qu'en 1865, les registres indiquent sa présence au monastère de la Dormition à Voznesensk et deux ans plus tard au monastère Vladytchny [du Maitre] à Serpoukhov ou le métropolite Philarète de Moscou [canonisé en 1994] la tonsura et lui imposa le rasson et le nom de Paula. De là, elle se rendit à Moscou pour se perfectionner dans l'art culinaire qu'elle acquit à la perfection, avec la grâce de Dieu.

La moniale Paula demeura jusqu'en 1872 au monastère du Maître, puis elle fut transférée au Monastère du Sauveur de Borodino, canton de Mojaïsk, gouvernement de Moscou, à la demande de l'higoumène du grand schème Alexia, ancienne économe du monastère de Serpoukhov, qui accomplissait en secret des exploits ascétiques.



Version française

Françoise Lhoest

que nous remercions  chaleureusement




NOTES:

Toutes les dates sont données selon l'ancien calendrier.

* Féminin de starets. Femme douée d'un don de vision intérieure, à qui le peuple des croyants vient demander conseil ou consolation.


** La coutume russe voulait qu'une fille n'entre pas au monastère sans la bénédiction parentale.