mercredi 27 novembre 2013

Vie de sainte Rachel moniale du grand schème du monastère du Saint-Sauveur à Borodino [1835-1928] (2)



Le monastère du Saint-Sauveur de Borodino était de fondation assez récente, contrairement à ceux où elle avait été moniale auparavant, puisqu'il comptait à peine quarante années d'existence. Mais il était établi en un lieu sanctifié du sang des martyrs: les soldats orthodoxes qui avaient donné leur vie pour la foi, le tsar et la patrie en 1812. Dès sa fondation, il s'était caractérisé par une grande élévation spirituelle, venant d'une mystérieuse unité dans la prière des soldats martyrs et des moniales.


Au monastère du Saint-Sauveur de Borodino, la moniale Paula reçut une obédience d'abord à la cuisine de l'higoumène, ensuite à celle du monastère et occupa différentes fonctions. Elle accomplissait le travail facilement, parce que [comme elle le disait elle-même], elle "commençait toujours par prier avec ferveur la Mère de Dieu, implorant sa bénédiction, son enseignement et son aide à chaque étape et à chaque pas." La Reine des Cieux n'abandonnait pas sa servante. Elle lui apparaissait souvent pour l’aider à porter sa croix.

C'est lors de son obédience à la cuisine que les dons de la future staritsa se manifestèrent. Les sœurs remarquèrent que sa présence suffisait à leur donner des forces et de l'énergie pour le travail. Abstinente, elle ne goûtait pas les plats qu'elle préparait, mais ils étaient pourtant si excellents qu'on ne pouvait manquer de le remarquer. Les hôtes de marque du monastère lui donnaient souvent des gratifications, mais elle distribuait tout l’argent aux sœurs qui avaient travaillé avec elle à la cuisine.

Vu son obédience à la cuisine, elle était souvent privée de la possibilité de se rendre aux offices, mais en pensées, elle se tenait souvent devant le Seigneur et durant son temps libre elle se retirait dans la cave toute seule et y priait longuement. Elle était particulièrement assidue à faire mémoire des morts de 1812, ce qui était la tâche des moniales de Borodino. Par la suite elle incita souvent les sœurs à s'acquitter scrupuleusement de cette mission, disant que grâce à leurs prières, tous les soldats seraient dignes d'être sauvés et qu'ils intercèderaient eux-mêmes auprès du Seigneur pour les moniales du monastère. Elle voyait souvent ces soldats sur les nuages, vêtus de blanc et couronnés, comme s'ils gardaient le monastère. Chaque année, leur nombre augmentait.

La moniale Paula se distinguait surtout par l'esprit de pauvreté. Comme dans sa jeunesse, elle donnait ses vêtements et ses chaussures aux pauvres, et mettait elle-même des vêtements reprisés et des chaussures rejetées par les sœurs.

La deuxième semaine du Grand Carême, le 15 mars 1853, la novice rassophore Paula reçut le mandyas et le nom de Mitrodore, et presque aussitôt l'obédience de servante d'autel. Peu avant cela, saint Théodose lui apparut, et lui donna sa bénédiction pour prendre de ses mains l'encensoir fumant.

La moniale Mitrodore s'acquitta de sa nouvelle obédience avec une grande piété et crainte de Dieu, se réjouissant de pouvoir être dans l'église de Dieu. Elle fut bien des fois jugée digne de voir les anges se tenant devant le trône de Dieu, la colombe blanche au-dessus des Saints Dons, et il lui fut donné également de voir l'état spirituel des prêtres célébrants, ce qui ensuite se traduisit dans ses mandements aux prêtres et aux laïcs. Par un miraculeux effet de sa sainte et pure vie, elle pouvait mettre des charbons ardents avec ses mains nues dans l'encensoir sans le moins du monde se brûler.

Par son obéissance et son assiduité à la prière, elle acquérait de plus en plus de forces spirituelles. La moniale Mitrodore avait plus de soixante-dix ans quand, dans une vision, le Seigneur lui montra un cercueil fort grand [du plancher au plafond] avec dedans une moniale du grand schème. Elle comprit alors que le Seigneur lui demandait de prononcer ses derniers vœux. Pour s'y préparer, elle s'imposa l'épreuve de faire par jour trois mille prosternations, sans délaisser pour autant, ni la règle principale, ni les obédiences, et elle accentua son jeûne.


Version française
Françoise Lhoest
que nous remercions  chaleureusement





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