samedi 23 mars 2013

L'Orthodoxe au Pakistan (IV)

Fr. Adrian chrismating Orthodox Pakistanis. Photo from the church's facebook cite.
Fr. Adrian.

Père Adrien
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"Ni grec, ni juif…"

La fois suivante, un homme de 22 ans originaire d'Odessa m'accompagnera pour mon prochain voyage. J'invite tout le monde, pas seulement les Australiens, mais les Russes aussi, à me rejoindre dans mon travail au Pakistan. Nous avons un hôtel avec une sécurité armée, où vous serez en sécurité. Il est très important pour les Pakistanais, que quelqu'un vienne de Russie, car alors ils auront le sentiment que toute l'Église les prend en charge, prend soin d'eux. Si vous leur rendez visite, essayez d'être aussi grégaires que vous le pouvez, et les pauvres donneront leur dernier sou pour vous faire sentir à l'aise.

Mon rêve est de diffuser l'Orthodoxie, je n'ai pas peur de la mort, parce que je fais tout pour l'amour de l'Eglise, l'Eglise, c'est ma famille, ma vie, la foi orthodoxe me comble, et je tiens à la partager avec les autres.

Père Adrien, est-ce votre première visite en Russie?

-Oui, c'est ma première fois ici. La Russie a toujours été un pays que je voulais visiter. Bien sûr, à cause de l'Eglise Orthodoxe, je serais heureux de rester ici pour toujours. L'un des saints préférés de la communauté pakistanaise est saint Serge de Radonège. Être en mesure de vénérer ses reliques était très spécial pour moi.

-Avez-vous l'intention de travailler avec l'Académie théologique de Moscou?

-Oui. Trois de nos candidats va bientôt se diriger vers la Thaïlande pour voir Père Oleg pour la pratique liturgique. Et j'ai l'intention d'envoyer de futurs candidats, ici aussi. Nous avons également six jeunes femmes qui souhaitent devenir moniales, elles ont une vingtaine d'années. Quand j'ai demandé pourquoi, elles m'ont dit qu'elles veulent devenir épouses du Christ. Il faut savoir que, au Pakistan, en tant que nation musulmane, une femme n'a pas de droits. Deux d'entre elles étaient novices dans un couvent catholique pendant six ans. Les religieuses dans l'Eglise catholique sont différentes des religieuses orthodoxes. Nous avons des règles complètement différentes. Père Georgy Maksimov et moi essayons d'organiser leur voyage dans des couvents en Russie pendant quelques semaines, afin qu'elles puissent découvrir cette vie [monastique] pour elles-mêmes.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




Haïjin Pravoslave (XXXIII)



Sans l'Eternité
Dans les barrières du temps
L'âme est prisonnière

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)




vendredi 22 mars 2013

L'Orthodoxie au Pakistan (III)

Fr. Adrian chrismating Orthodox Pakistanis. Photo from the church's facebook cite.

Vladyka [Hilarion] était heureux de me voir revenir vivant...

Mon prochain défi fut de préserver la communauté d'une centaine de Pakistanais convertis. Quand je suis retourné en Australie, j'ai tout de suite dit à Vladyka que nous devons nous hâter d'organiser une mission au Pakistan. Vladyka Hilarion m'a donné sa bénédiction pour établir la Mission de l'Archange Michael. J'ai demandé aux gens au Pakistan pourquoi ils m'ont invité au lieu d'autres prêtres orthodoxes qui servent déjà au Pakistan. Ils ont répondu que ces prêtres appartiennent au Patriarcat œcuménique, alors que j'appartiens à l'Eglise orthodoxe russe et que l'Eglise russe est la plus grande de toutes les Eglises nationales, qui se compose de nombreux peuples différents, ils espéraient recevoir plus d'attention de l'Eglise russe. Compte tenu de tous les saints qui ont glorifié la terre russe, voyant que j'appartiens à cette même Église russe, les Pakistanais croyaient que, moi aussi, je pourrais les aimer et prendre soin d'eux. J'ai aussi demandé à Vladyka Hilarion de nommer plus de prêtres afin que la Divine Liturgie soit bientôt célébrée là-bas.

Mon deuxième voyage au Pakistan a duré 10 jours. Cette fois, ma mission principale était la pastorale. J'ai rencontré des gens, en essayant de comprendre leurs besoins, en essayant de les "déployer mes ailes" sur eux. J'étais alors en mesure, pour la première fois, de célébrer la Liturgie dans le style russe, mais en langue ourdoue. J'ai également été en mesure de convertir un ancien prêtre catholique et son épouse à l'Orthodoxie. Un jour, alors qu'il traduisait en ourdou un texte liturgique, les paroles que le prêtre doit prononcer ont touché son cœur, et il voulait retourner à ces temps où ces prières avaient été composées. Ce fut la raison pour laquelle il voulut se convertir à l'Orthodoxie. Cette dernière fois, plus de 50 nouvelles personnes sont venues au Christ.

Je tiens aussi à dire que j'ai maintenant la possibilité de me rendre au Pakistan sans invitation. Une fois j'ai pu rencontrer l'ambassadeur du Pakistan et expliquer qui je suis et ce que l'Eglise Orthodoxe est, et d'expliquer que je ne suis pas un espion, etc... Il m'a félicité pour mes efforts pour le bien des Pakistanais, mais m'a dit que faire du travail missionnaire avec un visa touristique est illégal, et puis il a dit une chose remarquable. Il m'a dit qu'il croit en mon travail au Pakistan, et que je peux obtenir un visa de missionnaire.

Il est presque impossible pour un prêtre chrétien de recevoir un visa de missionnaire dans un pays islamique. Lors de mon voyage suivant là-bas, j'ai rencontré les services de renseignement pakistanais, je leur ai montré ma croix et mon visa de missionnaire, déclarant que le gouvernement m'avait permis de travailler ici. 
Vous pouvez me croire ou non, dis-je. Ils ont demandé ce que mes plans étaient, et j'ai dit que je voulais construire une église. Il y a trois chrétiens dans la communauté pakistanaise qui veulent devenir prêtres, et ils font face à leurs propres défis. 
Les chrétiens orthodoxes se rassemblent maintenant dans les maisons pour les services divins que les laïcs sont autorisés à célébrer, je leur a demandé de lire les heures et l'obednitsa [office du lecteur], l'Evangile, après quoi ils continuent leur socialisation en prenant le thé. 
Il est très important qu'un prêtre ordinaire soit fourni pour le Pakistan dès que possible. Si un chrétien meurt, qui effectuera les services funèbres? Mon prochain voyage au Pakistan est prévu pour Janvier-Février, pendant 5-6 jours.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (XXXII)


 C'est avec le Verbe
Que tu reçois la Lumière
Et tes mots créent l'ombre


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 21 mars 2013

L'Orthodoxie au Pakistan (II)

Orthodoxy in Pakistan

Une voix en provenance du Pakistan.

Il y avait deux personnes au Pakistan qui ont quitté le séminaire catholique et, comme je l'avais fait quelque temps auparavant, ont envoyé par courrier électronique des lettres avec des questions sur la foi, cherchant à trouver l'Orthodoxie. 
Vladyka Hilarion m'a transmis ces lettres, car je connais la mentalité de ces gens et je pouvais déterminer s'il s'agissait de véritables croyants, ou si elles étaient envoyées par des gens qui n'avaient aucune envie de trouver le Christ. La population du Pakistan est très pauvre, ceci pouvait simplement avoir été une escroquerie. Quand j'ai lu ces courriels, cependant, mon cœur a été ému. Je ne pense pas que deux fois, et en demandant la bénédiction de Valdyka, je me suis dirigé vers le Pakistan.

Quand je suis arrivé, j'ai été très surpris: au lieu des deux personnes qui ont écrit les courriels, j'ai été accueilli par une cinquantaine de personnes. Lorsque je me suis installé dans ma chambre d'hôtel, je n'ai pas eu le droit de sortir. Le problème était le suivant: Il est toujours dangereux pour moi de venir au Pakistan, parce que j'ai la peau plus claire, étant Indien. Il y a eu quatre guerres entre le Pakistan et l'Inde, et quand je suis arrivé, j'ai été considéré comme un espion. 
Mais un membre local du Parlement m'a donné la permission de quitter l'hôtel pendant douze heures, estimant que j'étas un missionnaire et pas un espion. La presse a rapporté qu'un prêtre était arrivé, et encore plus de gens sont venus me voir, et, en priant le Saint-Esprit, j'ai commencé à prêcher. 
Au début, j'ai essayé de parler du temps avant la naissance du Christ. Alors je leur ai parlé de la Nativité elle-même, de la création de l'Église, de la période des sept Conciles œcuméniques, ainsi que des rôles que jouent les prêtres et les diacres. 
J'ai essayé d'expliquer qu'accepter l'Orthodoxie n'est pas si simple, que la personne doit être transformée d'abord. La seule raison normale de venir à l'Orthodoxie c'est de devenir un saint dans l'Église, parce que l'âme humaine s'unit à Dieu après la mort. Et le rôle du prêtre est de donner à une personne un coup de pouce pour commencer cet effort. 
Il n'existe aucun moyen facile de le faire, la prière est nécessaire, et le jeûne et l'accomplissement de toutes les autres méthodes orthodoxes. Après un sermon de deux heures, de nombreuses questions ont été posées par ceux qui cherchaient la vraie foi, il y avait des représentants d'organismes qui  essayaient de trouver quelque chose de suspect dans mon sermon. 
Cette nuit-là, environ 110 catholiques ont rejoint la foi orthodoxe. Le lendemain, j'ai également pu baptiser environ 74 personnes de 10 familles pakistanaises. 
J'ai demandé aux gens pourquoi ils étaient si intéressés par mon sermon, et ils ont dit qu'ils étaient touchés que moi, comme Indien, je sois venu à eux pour prêcher le christianisme orthodoxe pour eux, et que je ne les ai pas considérées comme de mauvaises personnes , que je n'ai pas jugé leur apparence: ces Pakistanais sont pauvres, ce sont de simples paysans. 
Dans l'église, et au cours de nos discussions, je ne prends pas une chaise quand ils sont assis sur le plancher, je suis assis à côté d'eux. Ces personnes ont besoin d'une pastorale spécifique, car ils ont personne qui les écoute: ni à la mosquée ni à l'église catholique. 
Nous devons garder à l'esprit que, au Pakistan et en Inde, l'Eglise catholique est une très grande et puissante organisation. Les séminaristes catholiques sont souvent envoyés pour travailler comme directeurs d'écoles locales dès l'obtention du diplôme, des écoles où chaque enfant aspire à être accepté. 
En tant que directeurs d'école, les pasteurs catholiques oublient qu'ils sont des pasteurs d'abord et avant tout, et non pas des administrateurs scolaires. J'explique aux gens qui viennent me voir que ma tâche en tant que prêtre est de servir les gens pour leur salut, pour les aimer et prendre soin d'eux.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Haïjin Pravoslave (XXXI)


Récit de miracle
La frontière avec le Ciel
Se fait plus ténue

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 20 mars 2013

L'Orthodoxie au Pakistan (I)


Fr. Adrian.


Le 18 Septembre 2012, le Département Missionnaire de l'Académie théologique de Moscou a organisé une réunion avec le prêtre Adrian Augustus de l'Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières, qui est le prêtre chrétien orthodoxe de la paroisse qu'il a fondée au Pakistan.

Chemin vers le Christ. Sacerdoce.

Ma conversion à l'orthodoxie n'a pas été facile. Jusques à ma conversion en 2007, j'étais diacre anglican en Inde. Quand j'ai commencé à chercher l'Orthodoxie, j'ai envoyé de nombreuses lettres avec des questions sur la foi à la seule personne qui fournirait des réponses détaillées, Vladyka Hilarion, qui était alors archevêque de Sydney. 
Je viens d'une famille très pauvre, ma mère était institutrice, et la vie se déroulait dans un strict esprit catholique. Lorsque Vladyka a suggéré que je m'inscrive au séminaire de Jordanville, dans l'état de New York, ma mère est tombée très malade, et je me suis retrouvé dans une situation difficile,  aller aux Etats-Unis était pratiquement impossible pour moi. 
Trois mois plus tard, Vladyka Hilarion a écrit qu'il ne pouvait me recevoir en Australie. Vladyka, et moi sommes alors devenus comme père et fils. Tout ce que je sais sur le christianisme orthodoxe, je l'ai appris de lui. Je voulais beaucoup devenir prêtre, mais je n'ai pas demandé à Vladyka de m'ordonner, attendant que le Seigneur Lui-même ferait que cela arrive. 
Lorsque j'ai finalement été ordonné, je n'ai pas voulu limiter mon ministère à une paroisse: je voulais que notre vraie foi soit accessible à tout le monde. Beaucoup de gens au Pakistan et en Inde aimerait en apprendre davantage sur l'Orthodoxie et de devenir des chrétiens zélés, mais ils ont peu d'occasions de le faire.

C'est très difficile aujourd'hui au Pakistan, à cause du gouvernement musulman, et il est dangereux pour les personnes blanches de vivre dans le pays, de sorte que les missionnaires ne veulent pas y aller. Certes, le Pakistan n'est pas du tout un pays sûr. Il faut noter que ce pays est dangereux non seulement pour les blancs et les étrangers, mais aussi pour ses propres citoyens: à l'intérieur du pays, des musulmans luttent contre des musulmans, les musulmans tuent d'autres musulmans. Le Pakistan est divisé en trois grands groupes. Dans le nord, il y a  des Pachtounes d'Afghanistan, les Punjabis vivent au milieu, les Sindhis vivent dans le sud, et parmi les Sindhis il y a un petit groupe d'Indiens, et ces populations sont en conflit. Un Pakistanais ne sait tout simplement pas quand il quitte sa maison le matin s'il sera de retour ce soir-là.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (XXX)



Tout matin nouveau
Est la promesse certaine
De changer de vie


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 19 mars 2013

Sur Orthodoxie.com




L’agence ukrainienne Glavcom publie deux articles, l’un sur l’éventualité d’une visite du nouveau pape François en Russie, l’autre abordant les relations de celui-ci avec l’Église gréco-catholique (uniate) ukrainienne

Dans le premier article, le secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Russie, le prêtre Igor Kovalevsky déclare que « la condition pour cette rencontre est que la société russe soit prête à accueillir le pape de Rome – il s’agit de la condition première et absolue. Si la société n’est pas prête à cela, il ne faut pas précipiter les événements, il faut attendre et prier. Lorsque cela sera agréable à Dieu, cette rencontre pourra avoir lieu. Le plus probable est que cette rencontre se déroule sur un territoire tiers, mais pas en Russie ». De son côté, le président du département des affaires ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, considère qu’il faut au préalable surmonter les contradictions entre les deux Églises. « Je pense qu’une telle rencontre est possible, mais le moment et le lieu dépendront avant tout de la rapidité avec laquelle nous pourrons surmonter les conflits qui se sont produits au tournant des années 80-90 », a déclaré le métropolite. La cause des complications dans les relations entre l’Église russe et le Vatican, entre autres, était la mainmise des uniates sur des églises orthodoxes en Ukraine.
Le métropolite Hilarion s’est félicité du fait que le pape François avait manifesté précédemment sa volonté de collaborer étroitement avec les orthodoxes. « Le pape François a plus d’une fois témoigné sa sympathie spirituelle envers l’Église orthodoxe, son souhait de liens étroits avec elle », a-t-il souligné. Le métropolite Hilarion a en outre exprimé le souhait que, sous le nouveau pontificat, « les relations d’alliance (entre orthodoxes et catholiques) se développeront, que nos liens se renforceront ».
Dans un autre article, intitulé « Le nouveau pape, un ami de l’Ukraine », l’agence Glavom, mentionne qu’il convient de « se souvenir des liens étroits du nouveau pape avec l’Église gréco-catholique ukrainienne, ce qui selon les analystes, peut contribuer à l’obtention du statut de patriarcat par ladite Église, ce qu’elle attend depuis longtemps. C’est ce dont parle aussi depuis longtemps le chef des grecs-catholiques, Mgr Sviatoslav Chevtchouk. L’Église orthodoxe russe et le patriarche Cyrille s’y étaient nettement opposés, Or, la partie ukrainienne dispose maintenant d’un atout dans ce conflit. En effet, le nouveau pape, selon Mgr Sviatoslav Chevtchouk, fut un élève du prêtre ukrainien Stefan Czmil, qui est maintenant inhumé en la basilique Sainte-Sophie à Rome. Le nouveau pape, alors étudiant à l’école salésienne, servait quotidiennement la liturgie avec le père Czmil. Il connaît bien le rite ukrainien [uniate] et se souvient de la liturgie. En outre, Mgr Sviatoslav Chevtchouk, qui a vécu lui-même longtemps en Argentine, entretient de bonnes relations personnelles avec le nouveau souverain pontife. Comme le dit le prélat ukrainien, il demanda lui-même à Jorge Mario Bergoglio de coopérer à la canonisation du père Czmil, et le futur pape donna ses meilleures recommandations. En tant qu’archevêque de Buenos Aires, le futur pape était chargé l’Église gréco-catholique en Argentine, et Mgr Sviatoslav fit ses premiers pas dans ce pays sous sa direction. Dans sa déclaration à la presse, Mgr Sviatoslav a mentionné que « de très bons événements » attendaient l’Église gréco-catholique ukrainienne avec le nouveau pape, faisant clairement allusion au statut patriarcal de son Église. Considérant que l’Eglise orthodoxe russe fera tout son possible pour ne pas permettre cela et, par voie de conséquence, l’expansion de l’Église gréco-catholique dans l’Est de l’Ukraine, les relations entre les Églises ne seront pas faciles ».

Haïjin Pravoslave (XXIX)


L'écho des Paroles
Se reflète pleinement
Dans la Vie des Saints

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Jean-Claude LARCHET: Recension/Recension: Stéphane Bigham, « L’art roman et l’icône »

Bigham

Stéphane Bigham, « L’art roman et l’icône », Médiaspaul, Paris, 2012, 287 p.
Le Père Stéphane Bigham est un de nos meilleurs iconologues, et chacun de ses livres apporte son lot de réflexions vivantes et intéressantes.
Ce livre est un recueil de quatre études de l’auteur: 1) L’art roman et l’icône; 2) La théologie de l’icône comme outil herméneutique pour l’interprétation des textes bibliques; 3) L’icône : signe d’unité ou de division ?; 4) L’histoire d’un œcuméniste fatigué. À celles-ci s’ajoutent un excursus au chapitre 1, sur l’inscription ὁ ὤν dans le nimbe du Christ, et la traduction d’un article du P. Georges Florovsky: « La vénération de la Sophia, la Sagesse divine, à Byzance et en Russie ».
1a. La première et principale étude (suivie d’abondantes illustrations) donne son titre au recueil.
L’auteur considère qu'il a existé pendant premier millénaire, et même jusqu'à l'an 1200, une forme d'art chrétien partagée par toutes les Églises locales, exprimant une foi commune quoique variant dans ses formes secondaires selon les pays et les siècles. Il qualifie cet art d’« œcuménique ». Cette œcuménicité s’est exprimée surtout, selon l’auteur, dans la représentation du Christ. Une dérive s’est ensuite produite dans l’ensemble de l’art occidental, à partir d’un écart de plus en plus marqué par rapport à la représentation christomorphique de Dieu qui avait dominé au cours du premier millénaire : dans les périodes post-romanes, l’Occident chrétien a accepté de représenter Dieu dans des images autres que christomorphes, un modèle qui a fini par s’imposer totalement et définitivement au cours des XVIe et XVIIe siècles.
La fin de l’art roman marque la fin de l’art œcuménique au profit d’un art déconnecté du dogme et laissant à l’artiste une pleine liberté d’expression. La conception de la chrétienté occidentale est bien exprimée par ce texte du concile Vatican II cité par l’auteur : « L’Église n'a jamais considéré aucun style artistique comme lui appartenant en propre […]. Que l’art de notre époque et celui de tous les peuples et de toutes les nations aient lui aussi, dans l’Église, liberté de s’exercer, pourvu qu’ils servent [ ... ] avec le respect et l'honneur qui leur sont dus ». La conception catholique-romaine repose sur ce principe : l’art chrétien et la théologie ont très peu à faire l’un avec l’autre. L’iconographie orthodoxe et l’art religieux occidental sont devenus ainsi, au cours du deuxième millénaire, hétérogènes et étrangers l’un à l’autre.
1b. L’auteur propose en annexe une explication intéressante de l’inscription ὁ ὤν  (Celui qui est) dans le nimbe du Christ. Il note qu’au cours du premier millénaire cette inscription n’était pas présente. Selon ses recherches, elle serait apparue dans les pays slaves, les Balkans et peut-être aussi la Russie au cours des XIIe et XIIIe siècles, dans le but de contribuer au combat contre l’hérésie des Bogomiles qui rejetait l’Ancien Testament. L’inscription associée au Christ veut affirmer que le Christ, le Verbe incarné, est bien la même personne que celle qui s’est révélée sur le Sinaï en disant à Moïse : « Je suis celui qui suis. »
2. La deuxième étude se fonde sur la distinction entre le prototypos (la personne ou l’événement réels qui servent de référence ou de modèle à l’icône) et le typos (la représentation iconographique de cette personne et de cet événement). L’auteur souligne qu’il existe un décalage entre les deux : la représentation iconographique n’est pas littéralement fidèle – ou, si l’on veut, n’est pas une reproduction pure et simple – du prototypos,  mais plutôt l’expression de la façon dont il est reçu, perçu, compris, interprété théologiquement par l’Église. L’auteur note que le Christ Pantokrator représenté sur les icônes de ce type est sans doute bien différent du Christ tel que le côtoyaient les apôtres ; mais le décalage le plus important est perceptible dans l’icône de la Pentecôte : a) qui représente les apôtres sagement assis dans des positions hiératiques alors que le récit des Actes nous dit qu’ils donnaient à ceux qui les observaient l’apparence d’hommes ivres (cf. Ac 2, 13); b) qui représente saint Paul en face de saint Pierre alors qu’il ne participait pas à l’événement et n’était même pas encore converti; c) qui présente enfin un personnage désigné comme « le monde » qui n’est pas une personne réelle mais une allégorie. Selon l’auteur, le même principe est applicable aux narrations bibliques: elles ne sont pas des descriptions de personnes ou d’événements, mais des interprétations de ceux-ci à la lumière d’une « vision de foi ». « En effet, « la vérité que Dieu veut nous apprendre ne se situe pas dans les détails de l’histoire, mais plutôt dans la vision de foi à la lumière de laquelle l’auteur biblique a composé sa narration ».
3. L’étude intitulée « L’icône : signe d’unité ou de division ? » note que l’Occident depuis le début du deuxième millénaire a suivi une autre voie que l’Orient, puisqu’il laisse libre court à la liberté de l’artiste dans les représentations religieuses intégrées par les églises. Il constate que néanmoins, de nos jours, il y a un engouement pour l’icône dans les communautés catholiques et protestantes. On ne peut cependant pas encore répondre à la question de savoir si l’icône, qui a été pendant de nombreux siècles un signe de division, est redevenue un signe d’unité.
4. Dans le dernier chapitre, l’auteur raconte son itinéraire personnel vers l’Église orthodoxe. Étant passé à travers plusieurs confessions chrétiennes et ayant activement milité dans le mouvement œcuménique, il se dit aujourd’hui un œcuméniste à la fois déçu et fatigué, passant le relai à ceux qui veulent bien encore y croire.
Tout en reconnaissant l’intérêt des analyses de l’auteur, nous pensons que quelques mises au point sont nécessaires.
Ia. Sa thèse concernant la situation de l’art occidental à l’époque de l’art roman est globalement exacte, mais appelle quelques nuances.
On doit se garder d’idéaliser la période romane (qui, selon les historiens, commence aux environs de l’an mille et se termine à la fin du XIIe) et de considérer que l’art roman serait en tout point conforme au canon iconographique orthodoxe.
Depuis le VIIIe siècle surtout, des divergences ont commencé à se développer entre l’Occident et l’Orient sur le plan dogmatique, liturgique et sacramentel.  En 809, par le concile d’Aix-la-Chapelle, Charlemagne commença à imposer à l’Occident – qui l’introduisit progressivement dans son Credo et sa théologie – une conception fausse des relations trinitaires. Sous Charlemagne également, se tint en 794 à Francfort un concile iconoclaste qui, pour l’Occident, remit en cause la doctrine formulée peu de temps auparavant par le concile œcuménique de Nicée II, et la conception catholique-romaine qui s’exprime dans le passage précédemment cité du concile Vatican II, avait déjà été formulée dans les Livres carolins (écrits à la demande de Charlemagne pour contrer Nicée II): « les images [religieuses chrétiennes] sont le produit [légitime] de la fantaisie [c’est-à-dire de l’imagination] des artistes », d’où la grande liberté de représentation que l’on trouve déjà dans l’art roman par rapport au canon byzantin. Comme l’a montré F. Boespflug dans plusieurs études récemment rassemblées dans un volume intitulé Les théophanies bibliques dans l’art médiéval d’Occident et d’Orient (Droz, 2012), des différences importantes se manifestent déjà pendant la période romane et même préromane entre l’art religieux occidental et l’iconographie byzantine. Ces différences apparaissent nettement par exemple dans la représentation de la Transfiguration et de la Théophanie (baptême du Christ). À propos de la première, F. Boespflug écrit : « À l'inverse de la place qu'elle occupe dans l’art de l'Orient chrétien, la Transfiguration n’a qu'une place mineure dans l’art d’Occident: elle ne joue pas un grand rôle dans l'iconographie romane, et c'est “un thème assez rare, dont il n’existe que peu d'exemples dans la peinture et la sculpture monumentales”. Il n’apparaît guère que dans les cycles de la vie du Christ, comme un épisode narratif parmi d'autres. […] Cette moindre importance du thème s’explique moins par le handicap que lui aurait infligé l’absence de fête correspondante que par le moindre intérêt que la mystique de la lumière divine a rencontré chez les Latins. Loin d’avoir été toujours l’occasion d’une réflexion approfondie sur la gloire du Christ, comme chez les Orientaux, sa Transfiguration a souvent été lue comme une simple parabole. » Quant à la Théophanie, F. Boesplug montre, en analysant plusieurs exemples typiques, qu’elle a fait l’objet dans l’art roman d’une représentations différente, sur bien des points, de la représentation canonique byzantine : « 1) un Christ rigoureusement frontal (l’élément de la marche vers le Baptiste, ou du déhanchement pudique, l’un et l’autre habituels dans l’art oriental, a été gommé); 2) le geste de bénédiction du Christ ne semble plus concerner les eaux du Jourdain ou les eaux du baptême, mais le spectateur; 3) la représentation du Jourdain lui-même est autonomisée; elle est libérée, en particulier, de ses rives rocheuses et escarpées; 4) le Baptiste de l’art occidental ne se tient pas sur une rive, il est dans l’eau à côté du Christ ; la thématique du tombeau liquide s’en trouve quelque peu fragilisée – peut-être faut-il dire, en sens inverse, que l’ignorance de cette thématique a entraîné la disparition des rives; 5) l’élément théophanique est rendu de manière beaucoup moins stable et régulière que dans les images orientales: il peut être très développé, en une « Trinité verticale» (L. Réau), avec buste du Père bénissant et Colombe de dimensions imposantes (la Colombe des icônes orientales a été le plus souvent réduite à une sorte de sigle assez discret voire très abstrait, pour éviter tout naturalisme; celle de l’art occidental est d’une taille d’aigle et se charge de valeurs signifiantes: la Colombe pique vers le Christ, fond sur lui, l’obombre; 6) les éléments mythologiques (l’allégorie du fleuve Jourdain) sortent de l’eau et s’autonomisent avant de disparaître ; et les objets témoignant des croyances liées au pèlerinage (la croix dans l’eau) ont tendance à se raréfier et à disparaître; 7) le Baptême du Christ est souvent associé à d’autres scènes, soit de l’Ancien Testament, soit du Nouveau Testament (Noces de Cana, Adoration des Mages, Tentations au désert) ». Boespflug conclut: « Il peut être tentant de faire de l’art roman, au lendemain immédiat de la rupture de 1054, le moment idéal d’un contact persistant et d’une communication forte entre l’art chrétien d’Occident et l’art chrétien d’Orient, comme si l’art chrétien était alors resté spirituellement unifié en ce temps béni (celui de l’époque romane, opposée à l’époque gothique et à toutes celles qui suivront). Ce propos n’a pas tout à fait tort et comporte certainement une part louable. Cependant […] il risque de faire un véritable mythe de l'art roman, qui fut très audacieux, très divers et fort inventif. »
Dans ce même chapitre, le Père Stéphane affirme que, étant donné le rapport étroit qu’il y a dans l’iconographie orientale entre la représentation et la foi, puisque les images du Christ des Églises non chalcédoniennes ne se distinguent pas essentiellement des images des Églises chalcédoniennes, on peut conclure que les deux christologies ne sont pas essentiellement différentes, conclusion à laquelle seraient arrivés les représentants des deux familles d’Églises après avoir étudié à fond cette question (p. 43-44). Cette double affirmation appelle plusieurs remarques:
1) Il n’est pas possible à l’iconographie d’exprimer le dogme dans toutes sa subtilité. Par exemple s’il est possible de représenter le Christ jusqu’à un certain point dans sa nature humaine divinisée, il est impossible de représenter sa nature divine, laquelle ne peut qu’être suggérée par des moyens symboliques (en particulier la lumière et l’absence de caractères charnels [au sens négatif du terme]); de même est-il impossible de représenter le Père et le Saint-Esprit autrement que par des moyens symboliques, et aucune icône de la Trinité autre que symbolique (représentation des trois Personnes divines par des anges) n’est possible ; il est de même impossible de montrer dans une icône orthodoxe de la Trinité que l’Esprit Saint procède du Père seul. Autrement pas plus que l’Écriture Sainte, l’icône n’est auto-suffisante pour exprimer pleinement la vérité de la foi. C’est la vérité de la foi vécue dans l’Église orthodoxe qui au contraire donne à l’icône la plénitude de sa signification.
2) L’iconographie des Églises non chalcédoniennes n’est pas identique à celle des Églises orthodoxes. Léonide Ouspensky, devant une icône copte de la Pentecôte qu’on lui avait offerte, m’avait brillamment démontré en quoi cette icône était typiquement monophysite.
3) L’affirmation que la foi christologique des Églises non chalcédoniennes n’est pas fondamentalement différente de la foi orthodoxe et leur désaccord séculaire ne tient qu’à un malentendu linguistique (une idée que l’on retrouve aussi dans le dernier chapitre du livre), ne résiste pas à une analyse sérieuse du dossier (je renvoie à celle que j’ai développée dans les chapitres 2 et 3 de mon livre Personne et nature). Ce sont les pseudo-accords de Chambésy qui reposent sur un malentendu linguistique, le langage ambigu de la théologie cyrillienne ayant servi à établir un texte d’union que les deux parties peuvent comprendre dans des sens différents. Il suffit de lire ces deux traités du patriarche copte Shenouda III, The Nature of Christ et The Divinity of Christ pour voir que l’Église copte, par exemple, reste profondément monophysite et antichalcédonnienne.
II. L’affirmation  de l’auteur, dans sa deuxième étude, que le typos correspond à la façon dont l’Église comprend le prototypos à travers sa foi est en partie exacte. Et cela est vrai aussi, incontestablement pour la Sainte Écriture: on sait que toutes les confessions chrétiennes et beaucoup d’hérésies et de sectes se réclamant du christianisme ont celle-ci comme base, mais en ont une interprétation différente. Comme l’a montré le P. Georges Florovsky, pour l’Église orthodoxe la Sainte Écriture n’est pas auto-suffisante, mais doit être comprise au sein de  la Tradition de l’Église dont les deux autres piliers sont les conciles et les Pères. Il faut cependant se garder du nominalisme (ou du néo-kantisme théologique) auquel a abouti dans les années soixante du siècle dernier, au sein du protestanisme et du catholicisme, le mouvement de la « démythologisation », qui aboutissait à nier des données fondamentales de récits évangéliques jugées trop naïves pour la mentalité de notre époque, en affirmant : ce qui est important ce ne sont pas ces fait eux-mêmes, mais ce qu’ils signifient pour notre foi (donc, par exemple, peu importe que le Christ soir réellement ressuscité, du moment que cela nous donne de l’espérance ou nous aide à voir le Chrsit comme un vivant…). Le Père Stéphane tombe un peu dans cette mouvance sceptique et relativiste quand il rejette l’épisode de l’Entrée au temple de la Mère de Dieu (célébrée par une fête majeure de l’Église), dont les sources sont certes formellement les Apocryphes, mais dont la réalité est cependant confirmée par la Tradition de l’Église informée par l’Esprit Saint. Il est important de souligner que l’icône orthodoxe garde une relation essentielle avec les personnes et les événements qu’elle représente, et qu’elle se veut toujours véridique. La quasi-totalité des icônes des fêtes collent aux récits des Évangiles. La représentation du Christ Pantokrator correspond à la réalité spirituelle du Christ, que certes ne pouvait pas percevoir le regard séculier, mais que percevaient les yeux des apôtres et des saints éclairés par l’Esprit (beaucoup de saints ont d’ailleurs eu dans leur vie la vision du Christ sous cette forme). L’icône de la Pentecôte exprime de même une double vérité: celle de l’illumination des apôtres au moment même où il sont reçu le Saint-Esprit (Ac 2, 2-3), et non après, et – en vertu d’une contraction temporelle que l’on trouve souvent dans les icônes (comme je l’ai expliqué dans le chapitre 4 de mon livre L’iconographe et l’artiste) – le fait que l’apôtre Paul a bénéficié, quoiqu’à un autre moment, de la même grâce du Saint-Esprit que les autres apôtres, étant ainsi à tous égards l’un des leurs ; quant au "monde" qui présente douze phylactères, il symbolise les Nations que doivent évangéliser les apôtres qui, à ce mement, en reçoivent la capacité charistmatique.
III. La présence d’icônes dans les églises catholiques et protestantes est certes réjouissante, et correspond sans aucun doute à une redécouverte de l’icône. Mais le protestantisme reste fondamentalement défavorable aux icônes comme à toute forme de représentation religieuse dans ses lieux de culte, et la notion de sainteté et de vénération des saints (inhérente à l’icône) est totalement étrangère à sa foi. Quant au catholicisme, il adhère officiellement à la doctrine formulée par les Livres carolins et le concile de Francfort, réitérée par le concile Vatican II : toute forme de représentation religieuse est légitime, tous les styles sont recevables. L’icône, dans le catholicisme, n’apparaît que comme une forme de représentation possible parmi beaucoup d’autres de valeur équivalente, et l’iconographie se prête à la créativité de l’artiste comme toutes les autres formes d’art, comme en témoignent les icônes aberrantes, nées ces dernières décennies au sein du catholicime, que j’ai dénoncées dans le chapitre 6 de mon livreL’iconographe et l’artiste (comme par exemple l’icône de la Sainte Famille, ou les icônes du franciscain américain Robert Lenz). Il n’y a dans le catholicisme ni une véritable théologie de l’icône, ni une vénération de l’icône intégrée à la vie ecclésiale et liturgique comparables à celle de l’Église orthodoxe.
La dépendance de l’icône envers le dogme, ne peut permettre à la seule iconographie d’être un signe d’unité ni même un pont vers l’unité. L’unité des différentes Églises à travers leur iconographie ne pourrait apparaître qu’à partir d’un rétablissement de l’unité de leur foi. Or cela est loin d’être accompli, comme l’auteur l’a très bien compris dans son dernier chapitre.

lundi 18 mars 2013

Métropolite Hilarion ( PM): Des bandits étrangers recherche le pouvoir en Syrie



Moscou, Mars 11, 2013



Le Patriarcat de Moscou a déclaré que les forces étrangères soutenant l'opposition syrienne ont essayé de détruire le christianisme dans la région. "Malheureusement, la position de la communauté chrétienne en Syrie est extrêmement difficile. Les forces islamistes radicales, qui cherchent actuellement à prendre le pouvoir, ont pour objectif de complètement détruire le christianisme, pour forcer tous les chrétiens à quitter la région. Dans les zones où les islamistes radicaux sont arrivés au pouvoir, les chrétiens sont presque complètement détruits ", a dit le chef du Département des relations ecclésiastiques extérieures, le Métropolite Hilarion de Volokolamsk dans son programme "L'Eglise et le monde"sur la chaîne de télévision Rossiya-24.

Le Métropolite Hilarion a dit que des bandits "armés par des pays étrangers"cherchent à prendre le pouvoir en Syrie."Je pense qu'ils n'auraient jamais pu atteindre un tel succès s'ils n'étaient pas commandités de l'extérieur. Malheureusement, l'Occident a des forces politiques qui, pour quelque raison, ont décidé de soutenir financièrement ces personnes. Certaines forces politiques dans les pays de la péninsule arabique aident elles aussi, donc l'influence de l'extérieur est évidente, "a déclaré le Métropolite.Le Métropolite Hilarion a dit qu'il avait soulevé à plusieurs reprises la question du harcèlement des chrétiens au Moyen-Orient et qu'il en avait parlé à l'ONU et dans de nombreux autres instances internationales."Et j'ai remarqué qu'à chaque fois, que mes discours ont été accueillis par un rejet silencieux. Personne ne niait rien, mais personne ne voulait écouter non plus, car il semble que les pouvoirs, qui soutiennent actuellement la soi-disant opposition, n'ont pas de projet visant à préserver le christianisme dans cette région ", a-t-il dit.L'existence même de l'Eglise orthodoxe d'Antioche est menacée aujourd'hui, a dit le Métropolite. L'intronisation du Patriarche d'Antioche a eu lieu récemment d'abord à Damas, puis à Beyrouth. Et les invités des autres Églises orthodoxes locales ont réussi à venir à Beyrouth seulement "parce qu'ils ne pouvaient pas venir en Syrie déchirée par la guerre."

"Beaucoup de responsables chrétiens de cette région, de la Syrie, du Liban, m'ont dit que tous leurs espoirs étaient dans la Russie parce que la Russie fait appel à un règlement pacifique de ce conflit", a-t-il dit.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (XXVIII)


Chaque jour tu es
De l'aurore au crépuscule
Pèlerin du Nom

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 17 mars 2013

Archimandrite Tikhon (Chevkounov) saints de tous les jours et autres récits (Fin)



Le plus bel office de ma vie 

À l’époque soviétique, il n’existait pas de symbole plus terrible de la dévastation de l’Église russe que le monastère de Diveïevo. Fondé par le bienheureux Serafim de Sarov, il n’était plus que ruines. Celles-ci surplombaient un misérable chef-lieu de district qu’on avait autrefois transformé en accueillante et radieuse ville de Diveïevo. Les autorités n’avaient pas complètement détruit le monastère. Elles en avaient laissé des vestiges en signe de leur victoire, comme monument devant rappeler à l’Église sa soumission éternelle. Près du Saint portail d’entrée, une statue du guide de la révolution, bras dressé vers le ciel, accueillait tout visiteur du monastère saccagé. Tout ici voulait signifier l’impossible retour au passé. 
Toutes les prophéties du bienheureux Serafim, tant aimé de toute la Russie orthodoxe, à propos de la grande destinée du monastère de Diveïevo semblaient moquées, foulées aux pieds. Pas la moindre trace d’église en activité, ni à proximité, ni à des lieues à la ronde. Toutes avaient été dévastées. Quant au monastère de Sarov, autrefois si illustre, et à la ville alentour, ils abritaient, sous le nom de code d’Arzamas-16, un des centres les plus secrets et protégés de l’Union soviétique. On y fabriquait des armes nucléaires. 
Les prêtres qui risquaient un pèlerinage à Diveïevo le faisaient incognito, habillés en civil. Mais ils étaient malgré tout surveillés. L’année où j’eus l’occasion de découvrir ce monastère en ruines, deux hiéromoines venus se recueillir en ces saints lieux furent arrêtés, sauvagement battus au poste de la milice et incarcérés durant quinze jours dans une cellule au sol gelé. 
Cet hiver-là, l’archimandrite Vonifati, moine remarquable et d’une grande bonté de la laure de la Trinité-Saint-Serge, m’avait demandé d’aller avec lui à Diveïevo. Selon les règles en usage dans l’Église, un prêtre voyageant au loin avec le Saint Sacrement – le Corps et le Sang du Christ – doit absolument être accompagné, afin d’être en mesure, face à des circonstances imprévues, de défendre et de conserver avec lui ces objets sacrés. Le père Vonifati se rendait là-bas pour donner la communion à de vieilles moniales habitant dans les parages et dernières survivantes du monastère d’avant la révolution. 
Nous devions nous rendre en train à Nijni-Novgorod, qu’on appelait alors Gorki, et de là, gagner Diveïevo en voiture. Le père ne dormit pas de la nuit : c’est que le petit tabernacle avec le Saint Sacrement était pendu à son cou, attaché par un fil de soie. J’étais sur la couchette voisine et quand de temps à autre le martèlement des roues me réveillait, j’apercevais le père, assis à la petite table, plongé dans l’Évangile qu’il lisait à la faible lumière de la veilleuse du compartiment. 
Nous arrivâmes à Nijni-Novgorod, terre natale du père Vonifati, et nous arrêtâmes chez ses parents. Il me fit lire un livre d’avant la révolution : le premier tome des oeuvres du hiérarque Ignace (Briantchaninov). Je ne fermai pas l’oeil de la nuit tant j’étais captivé par la découverte de cet écrivain religieux. 
Le lendemain matin, nous partîmes pour Diveïevo, qui se trouvait à près de quatre-vingts kilomètres de là. Le père avait essayé de s’habiller en remonté les pans de sa soutane sous son manteau et dissimulé sa très longue barbe dans son col et sous une écharpe. 
Le jour tombait quand nous parvînmes à destination. À travers la vitre du véhicule, dans les tourbillons de la tempête de neige – nous étions en février –, je distinguai un haut clocher privé de sa coupole ainsi que des charpentes d’églises en ruines. 
Malgré ce spectacle désolant, je fus frappé par l’extraordinaire puissance et la force mystérieuse qui émanaient de ce lieu saint. Et aussi par la pensée que le monastère de Diveïevo n’avait pas succombé et vivait d’une vie secrète, inconcevable pour le monde. Et c’était bien cela ! Dans une misérable isba de la périphérie, je découvris quelque chose que je n’aurais pu imaginer dans aucun de mes rêves les plus lumineux. Je vis l’Église toujours triomphante, debout, jeune et se réjouissant de son Dieu, de son Créateur et Sauveur. C’est là que je saisis pour la première fois à quel point les paroles de l’apôtre Paul : « Je puis tout en Jésus-Christ qui me rend fort ! » étaient percutantes et audacieuses. L’office le plus beau et le plus inoubliable de ma vie eut aussi lieu làbas, non dans une superbe cathédrale, ou dans une église patinée par le temps, mais dans une petite maison, au 16 de la rue Lesnaïa du chef-lieu de district de Diveïevo. D’ailleurs, ce n’était pas exactement une maison, mais une isba pour les bains transformée en logis. 


Je me retrouvai là en compagnie du père Vonifati et aperçus dans une petite pièce au plafond très bas dix femmes terriblement âgées. La plus jeune avait largement dépassé les quatre-vingts ans. Et la plus vieille devait avoir plus de cent ans, c’est certain. Elles portaient toutes de modestes vêtements de vieilles femmes et des fichus ordinaires. Elles n’avaient ni rason, ni klobouk, ni voile. 
En quoi étaient-elles des religieuses ? « De simples et braves femmes », aurais-je pensé si je n’avais su qu’elles étaient les personnes les plus courageuses parmi nos contemporains, de vraies ascètes qui avaient passé dans les prisons et les camps de longues années, voire des décennies. Et en dépit de toutes ces épreuves, leur foi et leur fidélité à Dieu n’avaient fait que s’affermir dans leur âme. Je fus impressionné de voir le père Vonifati, archimandrite respecté, doyen des églises des bâtiments patriarcaux à la laure de la Trinité-Saint- Serge, guide spirituel émérite, bien connu à Moscou se mettre aussitôt à genoux et se prosterner devant ces vieilles femmes ! J’avoue que je n’en croyais pas mes yeux. Puis le prêtre se releva et entreprit de bénir chacune des vieilles femmes qui clopinaient vers lui. Elles étaient, de toute évidence, sincèrement heureuses de sa venue. Pendant qu’ils échangeaient des salutations, je regardai autour de moi. 
Sur les murs de la petite pièce, on remarquait des icônes dans leurs encadrements faiblement éclairées par de petites veilleuses. L’une d’elles attira immédiatement mon attention. C’était une grande icône de belle facture du bienheureux Serafim de Sarov. Le visage du starets brillait de tant de chaleureuse bonté que l’on ne pouvait en détacher le regard. Comme je l’appris plus tard, elle avait été peinte, juste avant la révolution, pour la nouvelle église de Diveïevo qui n’eut pas le temps d’être consacrée, mais fut miraculeusement sauvée de la profanation. Entre temps, on s’était préparé pour la vigile. 
Quand les soeurs sortirent de leurs cachettes et déposèrent sur une table de bois g r o s s i è r e m e n t taillée des objets authentiques ayant appartenu à Serafim de Sarov, j’en eus le souffle coupé. Il y avait là l’étole de cellérier du bienheureux, ses chaînes – reliées à une lourde croix de fer –, une mitaine de cuir, la vieille marmite en fonte dans laquelle il préparait ses repas. 
Pendant des dizaines d’années après le saccagement du monastère, les soeurs de Diveïevo s’étaient transmis de main en main ces reliques. Ayant revêtu ses habits sacerdotaux, le père Vonifati annonça le début de la vigile. Instantanément, les moniales se redressèrent et se mirent à chanter. Quel choeur merveilleux et impressionnant c’était ! 
– « Ton six ! Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi ! » proclama d’une voix rauque la canonarche âgée de cent deux ans et qui avait passé près de vingt ans de sa vie dans les prisons et lieux de bannissement. 
– « Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi ! Entends-moi, Seigneur ! », entonnèrent avec elle toutes ces moniales. Ce fut un office qu’il est difficile de rendre par des mots. Les cierges brûlaient. De son icône, le bienheureux Serafim de Sarov nous enveloppait d’un regard plein de bonté et de sagesse. Ces femmes étonnantes chantèrent presque tout l’office par coeur. Parfois seulement, l’une d’entre elles consultait rapidement de gros livres, sans même chausser des lunettes, à l’aide d’une loupe à manche de bois. 
C’est ainsi qu’elles avaient officié dans les camps, dans les lieux d’exil, et ici, quand elles étaient revenues à Diveïevo, à leur libération, et s’étaient installées dans de pauvres chaumières à la périphérie de la ville. Tout cela leur semblait normal et moi, je ne savais plus si j’étais au ciel ou sur la terre. Ces vieilles moniales possédaient en elles une telle énergie spirituelle, une telle force de prière, un tel courage, une telle douceur, une telle bonté, un tel amour, une telle foi que c’est là, à cet office religieux, que je compris qu’elles étaient capables de surmonter n’importe quel obstacle : un tout puissant pouvoir sans Dieu, l’incroyance du monde et la mort elle-même, qu’elles ne craignaient nullement.

EDITIONS DES SYRTES
14 Place de la Fusterie
1204 GENEVE
Courriel: editions@syrtes.ch

Dimanche du Pardon


Icon of Extreme Humility

Si nous ne pardonnons pas, nous ne pouvons plus réciter le Notre Père sans être  menteurs, nous ne pouvons nous dire disciples du Christ car nous ne l'imitons pas, nous ne pouvons pas avoir la paix car ce péché reste sur notre conscience. 

Il nous faut pardonner, mais aussi accepter le pardon des autres, oublier les rancunes et ne pas nous enfermer dans le piège du contentement de soi, de l'amour de soi et de la vaine gloire qui sont en fait un jugement des autres, par lequel nous nous sentons supérieurs. 

Le Père Georges Calciu de bienheureuse mémoire, nous rappelle que comme chrétiens, nous ne pouvons pas dire "Je pardonne, mais je n'oublie pas!" 

Quel malheur serait le nôtre si après la confession, nous savions que nos péchés nous sont pardonnés, mais que Dieu ne les oubliera jamais…