samedi 14 avril 2012

Saint Jean Cassien: Extrait des Conférences/ De la fin de la Prière


St. John Cassian

Suivons donc l'exemple de Notre-Seigneur et terminons toutes nos prières en disant : « Cependant, qu'il soit fait, non pas selon ma volonté, mais selon Ta Volonté.» C'est ce que rappellent les trois inclinations que font les religieux, en achevant ensemble leurs prières. Celui qui n'y pense pas ne saurait en comprendre le sens.

Saint Jean Cassien
Conférences
d'après l'édition française de 1868
traduction 
E. Cartier
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(Il faut seulement adapter les citations de l'Ecriture qui utilisent le vouvoiement en usage dans les antiques traductions françaises)

Haïjin Pravoslave (105)


Grande humilité
Le Corps et le Sang de Dieu
Nourrissent les âmes


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 13 avril 2012

Saint Jean Cassien: Extrait des Conférences/ Les miracles de Dieu



Qui n'admirerait les miracles de Dieu en lui-même, lorsque, après avoir éprouvé cette avidité insatiable des sens, ces recherches de la gourmandise et ces convoitises de la chair, il s'en trouve délivré, et qu'il ne prend plus qu'à regret une nourriture insuffisante et grossière? Qui ne serait pas surpris des oeuvres de Dieu , lorsqu'il voit le feu de la passion qu'il rie croyait jamais pouvoir éteindre , tellement refroidi qu'il n'en ressent plus la moindre impression dans son corps. Qui ne tremblerait pas devant la puissance divine, en voyant des hommes si colères et si farouches, que la soumission même et les louanges de leurs semblables excitaient leur fureur, devenir cependant si doux, que non-seulement ils restent insensibles à toutes les injures, mais qu'ils s'en réjouissent même? Qui n'admirerait les oeuvres de Dieu, et ne s'écrierait de tout son coeur : « Oui, je reconnais que le Seigneur est grand » (Psaumes, 134:5), lorsqu'il voit en lui ou dans les autres l'avare devenir généreux, le débauché chaste, l'orgueilleux humble, et celui qui était délicat et recherché, accepter ce qui est pénible et grossier, et préférer à tout les besoins de la pauvreté. Ce sont là ces merveilles de Dieu que l'âme du Prophète considère, avec tous ceux qui se sont élevés comme lui à une haute contemplation, lorsqu'il réclame l'admiration de tous les peuples : « Venez et voyez les oeuvres du Seigneur, les prodiges qu'il a fait sur la terre. Il a fait cesser les combats jusques aux extrémités de la terre; il rompra l'arc, il brisera les armes et brûlera les boucliers. » (Psaumes, 45:9)
Quel plus grand prodige que de voir en un instant des publicains avides devenir des apôtres, et des persécuteurs cruels se changer en prédicateurs, patients de l'Évangile, et propager au prix de leur vie la foi qu'ils persécutaient ! Ces oeuvres de Dieu, Notre-Seigneur nous assure qu'il les fait tous les jours avec son Père: « Mon Père fait encore ces oeuvres, et je les fais avec Lui. » (Saint Jean, 5:17) Ce sont ces oeuvres que David célébrait à l'avance, lorsqu'il disait : « Béni est le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui fait seul de semblables prodiges. » (Psaumes, 71:18) Le prophète Amos disait aussi : « C'est Lui Qui fait tout, Qui change tout, et Qui rend l'ombre de la mort brillante comme la lumière du matin. » (Amos, 5:8) « Ce sont là les changements de la dextre du Très-Haut. » (Psaumes, 74:11) Et le Prophète parle à Dieu, dans sa prière, de ces œuvres ineffables, lorsqu'il dit : a Mon Dieu, confirme ce que tu as opéré en nous.» (Psaumes, 67:29)
Et sans parler ici de ces merveilles secrètes de la grâce divine, qui éclairent à chaque instant l'âme des saints, qui n'admirerait cette joie céleste qui remplit l'âme au moment où elle s'y attend le moins, et les élans subits du coeur qui passe tout à coup de l'engourdissement de la tiédeur, et comme du sommeil le plus profond à la prière la plus fervente et à des ravissements inconnus; à cette allégresse dont l'Apôtre a dit : « L'oeil ne l'a pas vu, l'oreille ne l'a pas entendu et le coeur de l'homme ne l'a pas éprouvé? » (I Corinthiens, 2:9.) Oui, le coeur de l'homme qui est encore avili par les vices de la terre, et qui est enchaîné par les passions de la chair, ne peut rien apercevoir de ces faveurs divines, tandis que l'Apôtre et tous ceux qui sont comme lui, affranchis des liens du monde, peuvent dire : Pour nous, Dieu nous les a révélées par son Esprit.

Saint Jean Cassien
Conférences
d'après l'édition française de 1868
traduction 
E. Cartier
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Haïjin Pravoslave (104)



C’est dans le seul Ciel
Que je prendrai mes racines
Pèlerin du Nom


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 12 avril 2012

Saint Jean de Cronstadt: Préparation à la confession



Moi, âme pécheresse, je confesse à notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ, tous les actes mauvais que j'ai faits, dits ou pensés, depuis mon baptême jusques au jour présent. 
Je n'ai pas gardé les promesses de mon baptême, mais je me suis rendu indésirable devant la face de Dieu. J'ai péché devant le Seigneur par manque de foi et par doutes concernant la foi orthodoxe et l'Église; par ingratitude pour tous les grands et incessants dons de Dieu; pour Sa longanimité et Sa providence pour moi, pécheur; par manque d'amour et de  crainte du Seigneur, ainsi que, en n'accomplissant pas les commandements de Dieu et en ne respectant pas les canons et règles de l'Église. 
Je n'ai pas gardé l'amour de Dieu et de mon prochain, et je n'ai pas fait assez d'efforts, en raison de ma paresse et de mon manque de soins, pour apprendre les commandements de Dieu et les préceptes des Pères. 
J'ai péché: en ne priant  pas le matin et le soir et au cours de la journée; en n'assistant pas à des offices, ou en venant à l'église seulement à contrecœur, paresseusement et avec négligence; en conversant au cours des offices, en n'étant pas attentif, en laissant mon esprit vagabonder et en partant de l'église avant le congé et la bénédiction finale. 
J'ai péché en jugeant des membres du clergé. J'ai péché en ne respectant pas les fêtes, en brisant les jeûnes, et par ma démesure dans les aliments et les boissons. 
J'ai péché par suffisance, désobéissance, obstination, auto-justification, et par la recherche de l'approbation et de la louange. J'ai péché par incrédulité, manque de foi, doute, désespoir, découragement, pensées abusives, blasphème et en jurant. 
J'ai péché par orgueil, par une haute opinion de moi-même, par narcissisme, vanité, orgueil, envie, amour de la louange, amour des honneurs, et par affectation. 
J'ai péché en jugeant, par la médisance, la colère, en me souvenant des infractions faites à mon encontre, par haine et en rendant le mal pour le mal; par la calomnie, les reproches, les mensonges, la ruse, la tromperie et l'hypocrisie; par les préjugés, les argumentations, l'obstination, et une réticence à céder à mon prochain; par jubilation pécheresse, méchanceté, railleries, insultes et  moqueries; par  commérages, en parlant trop et en parlant pour ne rien dire. 
J'ai péché par rire inutile et excessif, en jurant, et en demeurant dans mes péchés antérieurs, par un comportement arrogant, insolence et par manque de respect. 
J'ai péché en ne tenant pas mes passions physiques et spirituelles en échec, par mon plaisir des pensées impures, de la licence et des impuretés dans les pensées, les paroles et les actes. 
J'ai péché par manque d'endurance envers mes maladies et mes douleurs, par dévotion aux commodités de la vie, et en étant trop attaché à mes parents, enfants, parents et amis. 
J'ai péché par le durcissement de mon cœur, en ayant une faible volonté et en ne me forçant à faire le bien. J'ai péché par avarice, amour de l'argent, acquisition de choses inutiles et attachement immodéré aux choses. 
J'ai péché par auto-justification, mépris pour les avertissements de ma conscience et en ne confessant pas mes péchés par négligence ou par orgueil mal placé.
 J'ai péché à plusieurs reprises par ma confession: en rabaissant, en justifiant et en gardant le silence sur des péchés. J'ai péché contre les Mystères très Purs et Vivifiants du Corps et du Sang de notre Seigneur en approchant de la Communion sans humilité ou crainte de Dieu. 
J'ai péché en acte, en parole et en pensée, consciemment et inconsciemment, volontairement et involontairement, de manière réfléchie et sans réfléchir, et il est impossible d'énumérer tous mes péchés à cause de leur multitude. Mais je me repens sincèrement de ceux-ci et tous ceux qui ne sont pas mentionnés par moi à cause de mon oubli, et je demande qu'ils soient pardonnés par l'abondance de la miséricorde de Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après la version anglaise
donnée aux paroissiens 
de la Cathédrale Russe
Saint Jean-Baptiste
Wahington D.C.
USA

Haïjin Pravoslave (103)


Prends ton chapelet
Comme échelle de prière
Pour monter au Ciel


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 11 avril 2012

Saint Jean Cassien: Extrait des Conférences/ La clarté de la Sainte Ecriture



ABBA SERENUS. La clarté de la Sainte Écriture est telle dans tout ce qu'elle a voulu nous apprendre, qu'elle est évidente pour ceux-là mêmes qui n'ont pas l'esprit pénétrant. Aucune obscurité n'en voile le sens; les explications sont inutiles, et l'intelligence en comprend la lettre. 
Quelquefois, cependant, elle s'enveloppe d'un certain mystère, afin que notre âme s'applique à la méditer, et Dieu l'a permis pour plusieurs raisons. D'abord si ses divins enseignements ne cachaient d'aucun voile leurs sens spirituels, tous les hommes, fidèles ou infidèles, en auraient une science égale, et il n'existerait entre les paresseux et ceux qui étudient, aucune différence de discernement et de sagesse. Les enfants de la foi, pour lesquels s'ouvrent d'immenses horizons, devaient ainsi montrer leur ardeur et leur mérite, en confondant la négligence des lâches. La Sainte Écriture est très bien comparée à un champ gras et fertile, produisant beaucoup de choses dont l'homme peut se nourrir dans leur état naturel, mais en produisant d'autres qui ont besoin d'être préparées par le feu, pour servir d'aliments et n'être pas nuisibles. Quelques-unes, cependant, peuvent être prises des deux manières; elles ne déplaisent pas et ne nuisent pas sans être cuites; mais le feu les rend meilleures et plus salutaires. Quelques autres ne sont destinées qu'aux bêtes sans raison, et ne conviennent point à l'homme. Malgré leur dureté, elles nourrissent parfaitement les animaux, sans aucune espèce de préparation. Nous trouvons les mêmes différences dans le jardin très-fertile des Saintes Écritures; il y a des passages d'une admirable clarté qui n'ont besoin d'aucune interprétation. Les paroles en sont si lumineuses qu'elles éclairent et nourrissent tous ceux qui les entendent. Telles sont celles - ci : « Écoute Israël : Le Seigneur ton Dieu est Un» (Deutéronome, 6:4) ; et encore : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toutes tes forces. » (Deutéronome, 5.) D'autres fois, si le sens allégorique n'était pas expliqué, si le feu d'une pieuse méditation ne l'adoucissait pas, l'homme intérieur n'y trouverait pas une nourriture salutaire, et il en résulterait plus de mal que de bien. Tels sont ces passages : « Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées. » (Saint Luc, 12:35) « Que celui qui n'a pas d'épée vende sa tunique et en achète une » (Saint Luc, 22:36) « Celui qui ne prend pas sa croix pour Me suivre, n'est pas digne de moi. » (Saint Matthieu, 10:8) Quelques religieux très-austères, qui étaient zélés, mais non pas selon la science, prirent ces paroles à la lettre, et se firent des croix qu'ils portaient sans cesse sur leurs épaules, se rendant ainsi ridicules au lieu d'édifier les autres.
Quelques textes peuvent être pris à la fois dans un sens figuré ou dans un sens littéral, ou des deux manières; ils sont pour l'âme une bonne nourriture. Il est dit, par exemple: « Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi la gauche.» (S. Matthieu, 5:39) « Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre.» (S. Matth., X, 23.) « Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le Ciel. Viens, et suis-moi. » (Saint Matthieu, 1921) L'Écriture produit aussi de l'herbe pour les animaux; elle offre, comme de longs pâturages, des choses simples et faciles à comprendre pour ceux qui ne sont pas capables de recevoir des enseignements plus élevés; selon cette parole : « TU sauveras, Seigneur, les hommes et les animaux.» (Psaumes, 35:7) Ils y trouvent une nourriture proportionnée à leur état, et ils y puisent la force et la vigueur nécessaires aux travaux de leur vie active.
Ainsi, lorsque nous trouvons des textes d'un sens évident, nous pouvons les commenter et en parler en toute assurance; mais lorsque nous en trouvons d'autres, que le Saint Esprit a voulu réserver à notre méditation et à notre étude laborieuse et incertaine, nous devons avancer pas à pas, et ne rien décider trop hardiment, de manière que celui qui parle et celui qui écoute conservent toute leur liberté; car il arrive souvent qu'en donnant des sens différents, chacun peut avoir raison et ne pas blesser la foi; les deux explications étant possibles, sans être contradictoires et sans être contraires aux croyances de l'Église. Il est dit, par exemple , qu'Élie est venu dans la personne de saint Jean-Baptiste, et qu'il doit encore précéder l'avènement du Christ (Saint Matthieu, 11); ou encore: que l'abomination de la désolation règnerait dans le lieu saint, à cause de cette idole de Jupiter, qui fut mise dans le temple de Jérusalem, et qui doit être aussi dans l'Église à la venue de l'Antechrist. » ( Daniel, 9/Saint Matthieu, 24) Tout ce qui suit dans l'Évangile peut également s'appliquer à la prise de Jérusalem, et à la fin du monde; ces deux opinions ne se combattent pas, et la première ne détruit pas la seconde.

Saint Jean Cassien
Conférences
d'après l'édition française de 1868
traduction 
E. Cartier
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Haïjin Pravoslave (102)



Ton orgueil malin
Détruit le bel édifice
Né de ta prière


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 10 avril 2012

Saint Jean Cassien: Extrait des Conférences/ Du combat contre les passions



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L'apôtre saint Paul nous dit aussi que nous serons jugés d'après nos pensées : « Nos pensées nous accuseront ou nous défendront au jour où Dieu jugera les secrets des hommes selon l'Évangile.» (Romains 2:15)
La perfection d'une âme sous ce rapport est admirablement figurée par le centurion de l'Évangile Sa vertu et sa constance ne lui font pas accepter toutes les pensées qui se présentent; mais il les juge pour admettre les bonnes, et chasser les mauvaises. « Moi, dit-il, je suis un homme soumis à l'obéissance et j'ai des soldats sous mes ordres. Je dis à l'un : Va, et il va ; à l'autre: Viens, et il vient, et à mon serviteur : Fais ceci, et il le fait. » (Saint Matthieu, 8:9) Si, à son exemple, nous combattons courageusement les tentations et les vices, nous pourrons les soumettre à notre volonté, éteindre dans notre chair les passions qui nous tourmentent, et vaincre par la raison cette foule de pensées qui l'agitent. Nous chasserons de notre âme, par la vertu de la Croix du Sauveur, ces armées d'ennemis qui nous font une guerre si cruelle, et nous obtiendrons cette puissance du centurion que Moïse désigne mystérieusement dans l'Exode: «Établissez des officiers qui commandent à mille hommes, à cent, à cinquante et à dix. » (Exode, 18:21)
Lorsque nous serons parvenus à un état si élevé, nous aurons le pouvoir et la vertu de commander à nos pensées. Nous ne nous laisserons pas entraîner à celles qui nous déplaisent, et nous pourrons nous arrêter et nous fixer à celles qui réjouissent nos âmes. Nous dirons aux mauvaises : Allez, et elles s'en iront; nous dirons aux bonnes: Venez, et elles viendront. Nous commanderons à notre serviteur, c'est-à-dire à notre corps, de garder la continence et la chasteté, et il nous obéira sans résistance; il nous servira fidèlement sans exciter en nous les mouvements de la concupiscence. Écoutez l'Apôtre nous dire quels sont les armes et les combats de ce centurion : « Les armes de notre milice ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes en Dieu.» Il dit ce qu'elles sont; elles ne sont pas charnelles et faibles, mais spirituelles et puissantes par la force de Dieu ; puis il indique à quels combats on les emploie pour renverser les remparts, détruire les pensées et toutes les hauteurs qui s'élèvent contre la science de Dieu, captiver toute intelligence sous l'obéissance du Christ, en punissant toute révolte lorsque nous aurons accompli ce qu'il demande de nous. (II Corinthiens 10: 4)
Nous aurons à examiner toutes ces choses en détail, mais dans un autre moment. Je vais seulement vous expliquer le genre et les propriétés des armes que nous devons prendre , si nous voulons, comme des centurions de l'Évangile, combattre les combats du Seigneur : « Prenez, dit l'Apôtre, le bouclier de la foi pour éteindre les traits enflammés de l'ennemi. » Ainsi la foi est un bouclier qui reçoit les traits ardents de la concupiscence, et qui les repousse par la crainte du jugement et par la pensée du ciel. « Prenez, dit saint Paul, la cuirasse de la charité. » (Éphésiens, 6:16) C'est elle qui entoure et protége notre poitrine et les organes de la vie; c'est elle qui nous préserve des blessures mortelles, en ne laissant pas les traits du démon atteindre l'homme intérieur, car elle supporte tout avec patience et résignation. (I Corinthiens, 13:7) Prenez le casque de l'espérance; le casque est la défense de la tête.
Le Christ est notre tête, notre chef. C'est cette tête que nous devons toujours défendre par l'espérance des biens futurs comme avec un casque inaltérable, dans toutes les tentations et les persécutions, sans jamais laisser faiblir et altérer notre foi. Nous pouvons perdre les autres membres et conserver la vie ; mais sans la tête , il est impossible de vivre. « Recevez le glaive de l'Esprit, qui est la parole de Dieu. » (Éphésiens 6:17) « Ce glaive pénètre mieux qu'une épée à deux tranchants dans les profondeurs de l'âme et de l'esprit, dans les jointures et la moelle, et elle discerne les pensées et les mouvements du coeur » (Hébreux, 4:12), divisant et retranchant tout ce qu'elle trouve en nous de terrestre et de charnel. Quiconque est muni de ces armes peut toujours se défendre contre les traits de l'ennemi. Il ne se laissera pas vaincre et emmener captif dans la région des pensées mauvaises, et il n'entendra pas ce reproche du Prophète. a Pourquoi avez-vous vieilli sur la terre étrangère?» (Baruch, 3:11) Mais toujours vainqueur et triomphant, il choisira le pays, c'est-à-dire les pensées où il voudra s'arrêter.
Voulez-vous connaître la force principale de ce centurion, revêtu de ces armes qui ne viennent pas de la chair, mais de la puissance de Dieu? écoutez le Roi tout-puissant qui appelle les hommes de coeur à cette milice spirituelle, et qui choisit et marque les élus : « Que le faible dise : Je suis fort, et que le patient combatte. » (Joël, 3:10) Vous voyez qu'il n'y a que les faibles et les patients qui puissent combattre les combats du Seigneur.
C'était de cette faiblesse que parlait saint Paul, le centurion par excellence : « Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort; car la vertu se perfectionne dans la faiblesse. » (II Corinthiens, 12:10.) Un des prophètes parlait ainsi de cette faiblesse, lorsqu'il disait : « Celui d'entre vous qui est faible sera comme la maison de David, et c'est le patient qui soutiendra les combats » (Zacharie, 12); et il est dit de cette patience : « La patience vous est nécessaire, afin qu'en accomplissant la volonté de Dieu, vous receviez la récompense. » (Hébreux, 10:36)

Nous reconnaîtrons par notre propre expérience que nous devons et que nous pouvons nous attacher inséparablement à Dieu, si nous mortifions nos convoitises et si nous éloignons tout ce qui excite nos désirs en ce monde. Nous le savons par le témoignage des amis de Dieu qui lui disent avec confiance : « Mon âme s'attache fortement à vous, Seigneur » (Ps. LXII, 9), « et j'adhère à tous vos commandements.» (Psaume 118:31) « Il m'est bon de m'attacher à Dieu. » (Psaume 72:28) « Celui qui s'attache au Seigneur est un même esprit avec Lui. » (I Corinthiens, 6:17)

Il ne faut donc pas céder à ces distractions fatigantes de notre âme et ralentir nos efforts : car « celui qui cultive son champ aura du pain en abondance, mais celui qui cherche le repos souffrira de l'indigence. » ( Proverbes, 28:19)

Ne nous laissons jamais aller à un découragement pernicieux , c'est par le travail qu'on acquiert davantage, et celui qui aime le plaisir et qui fuit la douleur



Saint Jean Cassien
Conférences
d'après l'édition française de 1868
traduction 
E. Cartier
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Haïjin Pravoslave (101)


La Parole est vive
Ruisseau limpide qui roule
L’or pur de l’Amour


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 9 avril 2012

Saint Jean Cassien: Extrait des Conférences/ De la contemplation


Lorsqu'un homme se procure les instruments de son art, il ne s'imagine pas que leur simple possession suffira pour le faire réussir, et il sait bien que ce sont seulement des moyens pour aider son adresse et pour exceller dans son art. De même dans notre état, les jeûnes, les veilles, la méditation des Écritures, la pauvreté, la privation de toutes choses, ne sont pas la perfection, mais les instruments de la perfection; la fin de notre profession, mais les moyens d'y parvenir. 
Celui qui verrait dans ses exercices le souverain bien, et y bornerait ses efforts, serait dans l'erreur; il posséderait les instruments de sa profession ; mais il n'en connaîtrait pas la fin véritable, qui seule mérite la récompense. Ainsi tout ce qui peut troubler la paix et la pureté de notre âme doit être évité, quelque utile et nécessaire que cela nous paraisse. C'est la règle sûre pour éviter toute erreur et ne pas nous écarter de la ligne droite que nous devons suivre pour arriver au terme de nos vœux.
Notre principal effort, la pensée fixe de notre coeur est de nous occuper sans cesse de Dieu et des choses divines. Tout ce qui peut nous en distraire, quelque grand que cela puisse être, doit nous paraître secondaire et nuisible même. Cette obligation de notre esprit est parfaitement représentée dans l'Évangile par l'histoire de Marthe et de Marie.
Marthe travaillait saintement, puisqu'elle servait Notre-Seigneur et Ses disciples, tandis que Marie, tout entière à la doctrine de Jésus, se tenait à Ses pieds, qu'elle baisait et qu'elle embaumait des parfums d'une humble confession ; c'est à elle que le Seigneur donne la préférence, déclarant qu'elle a choisi la meilleure part et qu'elle ne lui sera point enlevée. (Luc 10:42.) Marthe se fatiguait dans ses pieuses occupations, et comme elle voyait qu'elle ne pouvait pas y suffire, elle demandait au divin Maître l'aide de sa soeur. « Ne vois-Tu pas, Lui disait-elle, que ma soeur me laisse servir seule; dis-lui de m'aider.» 
Elle l'appelait ainsi à une oeuvre qui n'était pas méprisable, mais sainte ; et, cependant, quelle fut la réponse du Sauveur? «Marthe, Marthe, tu t'agites et tu te troubles de bien des choses. Mais il en faut peu, et une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, et elle ne lui sera pas enlevée. » Vous voyez que Notre-Seigneur met le bien principal dans la théorie, c'est-à-dire dans la contemplation divine. Ainsi toutes les autres vertus, quelque utiles et nécessaires qu'elles nous paraissent, ne doivent être estimées qu'au second rang, parce qu'elles servent seulement à acquérir la principale.
Quand Notre-Seigneur dit : « Tu t'agites et tu te troubles de beaucoup de choses, quoiqu'il y en ait peu et qu'une seule même soit nécessaire,» Il place le souverain bien , non pas dans l'action , quelque louable et profitable qu'elle soit, mais uniquement dans la simple contemplation de Lui-même. Il déclare que peu de choses sont utiles pour arriver à cette parfaite béatitude, à cette théorie que nous enseigne l'exemple de quelques saints. Le progrès consiste à les imiter, en s'appliquant à contempler Dieu en eux, jusqu'à ce que, avec l'aide de la Grâce, nous nous élevions au-dessus de leurs grandes actions pour jouir de la vue et de la beauté de Dieu même. 
Marie a donc choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas enlevée. Il faut remarquer qu'en disant : « Marie a choisi la meilleure part, » Notre-Seigneur ne parle pas de Marthe et ne paraît pas la blâmer, Il loue seulement sa sœur, et il lui donne le second rang. Quand il ajoute : « Cette part ne lui sera pas enlevée, » il montre que la part de Marthe ne lui sera pas conservée, car les actions extérieures cesseront avec la vie de l'homme, tandis que la contemplation de Marie ne finira jamais.

Saint Jean Cassien
Conférences
d'après l'édition française de 1868
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Haïjin Pravoslave (100)



Recherche la paix
Que façonne l’oraison
Au sein de ton âme


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Jean-Claude LARCHET/ Recension: Métropolite Antoine Bloom, « La vie, la maladie, la mort » précédé de « Récit autobiographique »



Antoine
Métropolite Antoine Bloom, « La vie, la maladie, la mort », traduit du russe et introduit par le P. Michel Evdokimov,  précédé de « Récit autobiographique », traduite du russe par Françoise Lhoest, Édtions du Cerf, Paris, 2012, 160 p., collection « Épiphanie ».
La plus grande partie de ce livre n’est pas une nouveauté, mais la réédition d’un livre paru sous le même titre (« La vie, la maladie, la mort ») aux éditions Laurens en 1998. Les réflexions de Mgr Antoine, comme toujours très personnelles, sont précieuses sur ces thèmes en raison de sa double expérience de pasteur et de médecin.
Le court récit autobiographique qui est publié en seconde partie était jusqu’à présent inédit en français. Il s’agit d’une interview enregistrée à Moscou en 1973 qui a été publiées pour la première fois dans la revue Novy Mir en 1991.Mgr Antoine de Souroge (1914-2003) y évoque son enfance en Perse, la personnalité de son père (qui était diplomate) et de sa mère (qui était la sœur du compositeur Scriabine), son exil en France avec sa famille, son éducation et sa formation scolaire et universitaire, sa conversion à une foi profondément vécue, sa rencontre avec son père spirituel  – le père Athanase Nétchaïev, un saint hiéromoine qui fut le premier recteur de la paroisse des Trois Saint Hiérarques, rue Pétel et fut aussi le père spirituel du starets Serge Chévitch – et ce qu’il a appris de lui, ses vœux monastiques, son activité pendant la seconde guerre mondiale comme chirurgien dans l’armée française, son engagement danas la Résistance, son retour à la vie civile. Le récit s’arrête en 1949, année où il a été ordonné prêtre.
Ce récit ne permet pas seulement de comprendre mieux l’histoire personnelle et la personnalité du célèbre métropolite, père spirituel et prédicateur. Il comporte beaucoup de passages instructifs spirituellement. En voici quelques-uns.

1. Sur sa (re)découverte de la foi :
« Je demandai un Évangile à maman, elle en avait justement un, je me retirai dans mon coin. En ouvrant le livre, je constatai que sur les quatre Évangiles, il devait bien y en avoir un plus court. Comme je n'attendais rien de bon d'aucun des quatre, je décidai de lire le plus court. Et je fus captivé. J'ai trouvé, encore bien souvent depuis lors, que Dieu est terriblement rusé quand Il dispose Ses filets pour pêcher le poisson, parce qu'en lisant un autre Évangile, je me serais heurté au substrat de culture de base ; or Marc écrivait justement pour des jeunes sauvageons de mon espèce, pour les jeunes Romains. Cela, je ne le savais pas, mais Dieu le savait. Et Marc savait peut-être, lorsqu'il avait écrit un texte plus court que les autres.
Je me mis donc à lire, et ici, vous me croirez peut-être sur parole, parce que cela ne se démontre pas. Il m'est arrivé ce qui arrive parfois dans la rue : vous savez, on marche, puis on se retourne parce qu'on sent quelqu'un derrière soi. J'étais assis à lire et entre le début du premier et le début du troisième chapitre de l'Évangile de Marc, que je lisais lentement, à cause de la langue insolite, j'ai senti tout d'un coup que de l'autre côté de la table, le Christ se tenait debout… J'en fus tellement saisi que j'ai dû m'arrêter de lire et regarder. J'ai regardé longtemps, sans rien voir, sans rien entendre, sans rien percevoir par les sens. Mais même quand je regardais juste devant moi à cet endroit où il n'y avait personne, la conscience claire que le Christ était là, indubitablement présent ne me quittait pas. Je me rappelle que j'ai pensé alors, dans un sursaut : “Si le Christ vivant est ici, alors c'est le Christ ressuscité.” Donc je sais, de manière entièrement fiable et personnelle, grâce à ma propre expérience personnelle, que le Christ est ressuscité, et que donc tout ce qu'on dit de Lui dans les Évangiles est vrai. Les premiers chrétiens suivaient la même logique: ils trouvaient le Christ et acquéraient la foi non pas parce qu'on leur avait raconté ce qui s'était passé depuis le début, mais par la rencontre avec le Christ vivant, d'où il découlait que le Christ ressuscité était Celui-là même dont on parlait, et par conséquent, tout le récit qui avait précédé avait aussi son sens.
Je continuai à lire, mais tout avait changé. Mes premières découvertes dans ce domaine, je me les rappelle très nettement. J'aurais sans doute exprimé cela autrement à quinze ans, mais la première expression était  : si cela est la vérité, cela veut dire que tout l'Évangile est vrai, cela veut dire que la vie a un sens, donc on peut vivre uniquement pour faire partager aux autres ce miracle que j'avais découvert ; il y a certainement des milliers de gens qui n'en savent rien et il faut le leur dire au plus vite. »
 2. Les bienfaits de l’obéissance à l’école  du père Athanase Nétchaïev :
« J'ai terminé mes études de médecine juste avant la mobilisation, en 1939. Le jour de la fête de la Décollation de saint Jean-Baptiste, j'ai demandé à mon père spirituel de recevoir mes vœux monastiques. Il n'y avait pas le temps de me tonsurer, parce qu'il ne restait que cinq jours avant mon départ à l'armée. […] J'ai demandé au père Athanase comment accomplir mes vœux monastiques à l'armée, en particulier l'obéissance. “C'est très simple, m'a-t-il répondu, considère que chacun de ceux qui te donne un ordre parle au nom de Dieu, et exécute l'ordre non pas seulement extérieurement, mais du plus profond de toi; considère que chaque malade qui demande de l'aide et qui t'appelle est ton maître ; sers-le comme un esclave acheté.”
Ensuite, tu fais comme dans la vie des saints Pères. Le caporal demande des volontaires pour creuser une tranchée, tu te portes volontaire… Première chose, ta volonté est entièrement déconnectée et totalement absorbée par la sainte et sage volonté du caporal. Puis il te donne une pelle, te conduit dans la cour de l'hôpital militaire et te dit de creuser une tranchée nord-sud… Tu sais bien que l'officier avait dit de creuser est-ouest. Mais ce n'est pas ton problème; ton travail à toi, c'est de creuser et tu ressens une telle liberté que tu creuses avec délectation: d'abord tu te sens vertueux, puis surtout, par une journée froide et claire, c'est bien plus agréable de creuser une tranchée en plein air que de faire la vaisselle à la cuisine. Au bout de trois heures, tu as une belle tranchée. Le caporal arrive et dit: “Abruti, âne bâté, il fallait creuser est-ouest…” Je pourrais lui dire que c'est lui qui s'est trompé, mais qu'est-ce que cela peut me faire, qu'il se soit trompé? Il m'a ordonné de remblayer la tranchée et après cela, j'en creuserai sans doute une seconde, mais entretemps il a chargé un autre “volontaire” d'exécuter sa tâche.
Je fus frappé alors par le sentiment de liberté intérieure que donne l'obéissance absurde, parce que si mon activité devait s'appliquer concrètement, s'il s'agissait d'obéir à un ordre sensé, je commencerais par me démener pour démontrer au caporal qu'il faut creuser dans l'autre direction, et cela se terminerait aux arrêts de rigueur… Or ici, du simple fait d'être absolument libéré du sentiment de responsabilité, toute la vie consistait à pouvoir tout à fait librement réagir à tout de manière positive et garder en tout sa liberté intérieure; quant au reste, c'était la volonté de Dieu manifestée à travers l'erreur de quelqu'un. »
3. Une pratique de la chirurgie inspirée par l’amour du prochain:
« Je pratiquais la chirurgie et je me souviens d'une évidence qui m'est apparue: faire une opération compliquée était une question de technique, mais s'occuper du malade était une question humaine et que cela, c'était le plus important et porteur de sens, parce que n'importe quel bon technicien peut fournir un bon travail techniquement, mais l'aspect humain dépend de l'homme et non de la technique. Par exemple, il y avait des mourants: un hôpital de 850 lits, près de la ligne de front, soigne beaucoup de blessés graves, et j'avais pris l'habitude de passer les dernières nuits avec les mourants dans toutes les salles. Les autres chirurgiens, sachant que j'avais cette idée si étrange, me prévenaient systématiquement. À ce moment-là, plus besoin de technique ; on est là auprès d'un homme jeune, il a tout juste vingt ans, il sait qu'il va mourir et il n'a personne avec qui parler. Pas de la vie, pas de la mort, rien de tout cela, mais de sa ferme, de sa moisson, de sa vache, de ces choses-là. Et ce moment-là prend tant d'importance: devant l'ampleur des destructions, c'est cela l'important. On est donc là, à son chevet, puis l'homme s'endort et on reste auprès de lui, et de loin en loin, il cherche à tâtons notre présence. Si on est là, il peut continuer à dormir, il peut aussi mourir en paix.
Je me souviens d'un soldat allemand prisonnier, blessé à la main; le chirurgien-chef dit : ampute le doigt (tout purulent). Et je me souviens que l'homme a dit alors : “Je suis horloger.” Vous comprenez, un horloger qui perd l'index, il est fini professionnellement. Alors je l'ai pris en charge, je me suis occupé de son doigt pendant trois semaines, et mon chef se moquait de moi, en disant : “Imbécile, tu aurais pu régler l'affaire en dix minutes, or voilà trois semaines que tu es dessus, à quoi bon? C'est la guerre, et toi, tu t'occupes d'un doigt!” Je lui répondais qu'effectivement, c'était la guerre, c'est bien pour cela que je m'occupais de son doigt, que c'était tellement important, la guerre, que son doigt jouait un rôle capital, parce que dès la guerre terminée, l'homme rentrerait chez lui avec ou sans son doigt. »
4. L’humilité à l’école du Père Athanase Nétchaiev :
« À un moment, j'étais passionné par l'idée d'une carrière médicale et j'ai décidé de présenter l'examen d'un certificat de spécialité. Quand j’ai raconté [cela à mon père spirituel], il m'a dit : “Tu sais, c'est de la vanité pure.” Je lui dis : “Eh bien, si vous voulez, je ne vais pas…” “Non, dit-il, présente-toi et échoue, pour que tout le monde voie que tu es un incapable.” Un tel conseil, c'est une absurdité au sens purement professionnel, cela n'a aucun sens. Mais je lui suis infiniment reconnaissant. Je me suis effectivement présenté à l'examen, j'ai reçu une note invraisemblable parce que j'avais écrit n'importe quoi même sur ce que je savais ; j'ai échoué, je me suis retrouvé tout en bas de la liste qui avait un mètre de long ; tout le monde a dit: “Franchement, on n'aurait jamais pensé que tu étais un pareil crétin…” — et j'ai appris quelque chose, même si cela a bouché tout mon avenir professionnel. Ce qu'il m'a appris, il ne l'aurait pas fait par des discours sur l'humilité ; parce que réussir l'examen avec brio et puis ensuite dire avec humilité : “Avec l'aide de Dieu…”, c'est trop facile.
5. La naissance dun grand prédicateur :
« Après sa mort, je suis devenu prêtre, en 1949, sur la parole d'un homme auquel je faisais toute confiance. […] Il a encore aggravé les choses en me disant après ma première conférence en anglais : “Père Antoine, de toute ma vie, je n'ai jamais rien entendu d'aussi ennuyeux!” Je lui dis : “Que faire? Je ne sais pas l'anglais, j'ai dû écrire ma conférence et la lire tant bien que mal…” —  ”Eh bien dorénavant, je vous défends d'écrire ou de parler d'après vos notes.” — “Mais, lui dis-je, ce sera comique!” Il m'a répondu : “Eh oui, en tout cas cela ne sera pas ennuyeux, vous nous donnerez l'occasion de rire à vos dépens.” Et depuis lors, je fais des conférences, je parle et je prêche sans notes, et c'est lui le responsable. »
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dimanche 8 avril 2012

Saint Jean Cassien: Extrait des Conférences/ Des larmes


[…]
ABBA ISAAC. Il n'est pas moins difficile d'expliquer de quelle manière différente les sentiments intérieurs de l'âme se manifestent. C'est souvent par une joie ineffable et par des transports spirituels qui ne peuvent se contenir, et qui font arriver, jusqu'aux cellules voisines de nos frères, les signes de notre ravissement. Quelquefois, au contraire, l'âme se renferme dans un profond silence; l'étonnement où la jette cette illumination subite lui ôte la parole; tous ses sens sont suspendus, et elle n'a plus , pour élever ses désirs vers Dieu, que des gémissements inénarrables. D'autres fois , le coeur éprouve une componction et une douleur si vives, qu'il n'a, pour se soulager, que l'abondance de ses larmes.

ABBA GERMAIN. J'en ai fait moi-même en partie l'expérience; car souvent le souvenir de mes fautes fait couler mes larmes, et la visite de Dieu m'inonde alors tellement de cette joie ineffable dont vous nous parlez , que je ne crains pas d'espérer mon pardon. Il me semble que rien ne serait plus heureux que cet état, si nous pouvions nous y mettre volontairement. Mais j'ai beau faire tous mes efforts pour renouveler cette contrition et ces larmes ; j'ai beau me rappeler toutes mes erreurs et toutes mes fautes pour m'exciter à les pleurer , mes yeux restent secs comme la pierre, et je ne puis en tirer une larme. Autant je suis heureux quand je puis pleurer abondamment, autant je souffre quand je ne puis le faire comme je le désire.
ABBA ISAAC. Toutes les larmes ne viennent pas du même sentiment et de la même vertu. On pleure quelquefois, lorsque l'épine du péché déchire notre âme et nous fait dire : « J'ai souffert dans mes gémissements; je laverai toutes les nuits mon lit de mes larmes, je l'arroserai de mes pleurs » (Psaume 6:7); et encore : « Versez jour et nuit des torrents de larmes; ne prenez aucun repos, et que la prunelle de vos yeux ne se tarisse pas. » (Thren., 2:18) On pleure aussi en contemplant les biens éternels , et en désirant la gloire qui nous est réservée. Dans l'attente de cette joie, de ce bonheur ineffable, nos yeux deviennent comme deux fontaines de larmes, et notre âme, altérée de Dieu, qui est l'eau vive , s'écrie : « Quand arriverai-je , quand paraîtrai-je en la présence de Dieu. Je me suis nourri de larmes , la nuit et le jour. » (Psaume 41:4) Elle gémit sans cesse en disant : « Hélas! que mon pèlerinage se prolonge, et depuis combien de temps je suis exilée. » (Psaume 119:5) Quelquefois ce n'est pas le remords de la conscience qui fait pleurer , mais la crainte de l'enfer et la pensée du terrible jugement. Le Prophète s'écrie alors épouvanté : « Seigneur, n'entrez pas en jugement avec votre serviteur, car aucun vivant ne sera justifié en votre présence. » (Psaume 142:2) On pleure encore quelquefois non sur ses propres fautes, mais sur l'endurcissement et les péchés des autres. Samuel pleurait sur Saül ; Notre-Seigneur répandait des larmes sur Jérusalem, comme Jérémie qui avait dit : « Qui donnera de l'eau à ma tête et une fontaine à mes yeux? et je pleurerai, nuit et jour, les morts de la fille de mon peuple. » (Jérémie 9:1.) Ce sont ces larmes dont parle le Psalmiste : « Je mangeais la cendre comme le pain, et je mêlais mes larmes à mon breuvage. » (Psaume 101:10)
Ces larmes sont différentes des larmes du Psalmiste, dans le vie psaume; au lieu d'être celles d'une personne pénitente , ce sont celles du juste au milieu des misères de cette vie et des tristesses de ce monde. Non-seulement le texte, mais le titre du psaume, le prouve : Prière du pauvre affligé qui répand sa prière devant Dieu ; et cette prière est celle du pauvre dont parle l'Évangile : « Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient. » (Saint Matthieu, 5:3.) Combien peu ressemblent à ces larmes, celles qu'on tire avec peine d'un coeur desséché. Il ne faut pas cependant les croire inutiles; car elles montrent une bonne disposition , dans ceux surtout qui ne possèdent pas la science parfaite et qui ne sont pas encore purifiés de leurs fautes passées ou présentes.
Cependant ceux qui se sont déjà attachés à la vertu ne doivent pas rechercher ces larmes qui coulent avec tant de peine et qui viennent seulement de l'homme extérieur; car, lors même qu'ils réussiraient à les répandre, elles n'ont aucun rapport avec cette abondance de larmes que Dieu donne tout à coup. Ces efforts ne font que distraire et abattre l'âme qui prie ; elle ne peut s'élever à cette contemplation de Dieu, qui la fixerait en sa présence, et elle retombe sur elle-même, pour n'obtenir que quelques pauvres larmes stériles.
Pour vous faire comprendre la véritable prière, je ne vous parlerai pas moi-même; je laisserai parler le bienheureux Antoine, que nous avons vu souvent si absorbé dans la prière, que le soleil le surprenait dans son extase, et nous l'avons entendu s'écrier : «0 soleil, pourquoi m'arrêter? Tu ne te lèves que pour m'ôter la clarté de la lumière véritable. »
Ce saint homme disait de la prière cette parole surhumaine et céleste : « Il n'y a pas de prière parfaite si le religieux s'aperçoit lui-même qu'il prie. » Nous oserons, malgré notre faiblesse, ajouter quelque chose à cette parole admirable, et nous indiquerons, d'après notre expérience, les moyens de reconnaître que Dieu nous a exaucés.
Si, quand nous prions , nous ne ressentons aucune hésitation, aucun doute, si nous croyons sentir que nous sommes exaucés, soyons persuadés que nos prières ont réussi auprès de Dieu. Plus nous croirons que Dieu nous regarde et nous écoute , plus nous mériterons d'obtenir ce que nous demandons; car Notre-Seigneur est fidèle dans ses promesses, et il a dit : « Tout ce que vous demanderez dans votre prière, croyez que vous le recevrez, et vous l'obtiendrez. » (Saint Marc, 11:24)
Saint Jean Cassien
Conférences
d'après l'édition française de 1868
traduction 
E. Cartier
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dont le site de 
qui a beaucoup d'autres ressources orthodoxes intéressantes
(Il faut seulement adapter les citations de l'Ecriture qui utilisent le vouvoiement en usage dans les antiques traductions françaises)