samedi 21 mai 2011

Nathan Lee Lewis: Comment avoir assez?



Икона Божией Матери ''Спорительница хлебов''
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Il y a deux façons d'avoir assez. Une solution est de continuer à accumuler de plus en plus. L'autre est de désirer moins.
G.K. Chesterton

Vous savez que vous avez assez lorsque vous
êtes capables de vivre et de donner.

Nathan Lee Lewis

(D'accord, donc je ne suis pas G.K., mais sa citation m'a inspiré.)

Ma femme et moi avons réduit nos affaires au cours des dernières années. A chaque déménagement, nous nous sommes débarrassés de plus de meubles, et de plus de possessions. Nous réduirons une fois de plus les choses très prochainement, et nous donnerons beaucoup de nos articles à l'église ou à des œuvres de charité. Faire ainsi, n'est pas un reflet de notre générosité ou de notre nature généreuse, c'est plutôt parce que nous avons assez de choses. Avoir assez, signifie que vous êtes en mesure de vivre et de donner. Nos logements au cours des années sont devenus de plus en plus petits. Maintenant, étant des occupants de nids vides, une fois de plus, nous pouvons réduire les choses et donner. Nous allons très bientôt entrer dans le plus petit logement dans lequel nous ayons jamais vécu, et nous aurons moins de biens que nous n'en avons jamais eus, et nous n'avons jamais été plus satisfaits.

L'un de nos paroissiens a été surpris récemment de découvrir que nous ne possédions pas une maison. J'imagine que le paroissien a fait la même hypothèse au sujet de nous que beaucoup d'autres. Ils voient notre satisfaction. Ils voient la voiture fiable que nous conduisons. Ils voient que nous sommes en mesure de donner à l'église et d'assurer la dîme sur une base régulière. Sur la base de cette norme, ils supposent que nous sommes riches ou du moins à l'aise. Nous ne sommes ni l'un ni l'autre. Nous sommes simplement bénis, régulièrement, par notre Dieu aimant Qui sait ce dont nous avons besoin, avant même que nous le Lui demandions et Qui est capable de nous donner plus que nous ne pourrions jamais demander ou espérer. Il donne de bonnes choses à Ses enfants et nous permet de faire de même.

Un de mes bons amis a l'habitude de chanter le vieux negro spiritual qui décrit de manière adéquate la vie que nous menons:

Vous ne pouvez pas battre Dieu quand Il donne.
Et aussi sûr que vous vivez, et que le Seigneur est en haut dans les cieux.
Plus vous donnez, plus Il vous donne.
Donc, continuez à donner.
Pourquoi? Parce que c'est vraiment vrai.
Il est vrai que vous ne pouvez pas battre Dieu quand Il donne
Même en essayant de toutes vos forces.

"Donnez et il vous sera donné. On versera dans votre sein une bonne mesure, pressée, secouée, et débordante car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous êtes servis"( Luc 6:38)

Nous vivons et nous donnons. Nous avons assez. Et vous?

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ermitage du cœur (149)


Reste secrètement
Lové dans la prière
Et va dans le monde
Sans inquiétude

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 20 mai 2011

Saint Père Païssios l'Athonite: Η κοσμική άσκηση/ L'ascèse dans le monde




Le Père Païssios a dit:


Si quelqu'un veut se sanctifier, et pour une raison quelconque ne peut pas aller dans un monastère, qu'il transforme sa chambre en cellule. Là, caché des hommes, qu'il fasse l'ensemble des tâches spirituelles, à savoir les acolouthies, les lectures, les prosternations, les prières avec le chapelet, etc...
Quelqu'un, par exemple, peut aller à l'église pour communier et puis après, il retourne chez lui et se comporte comme les ermites dans leurs cellules.

Dieu merci, il y a beaucoup de gens de cette sorte dans le monde, devant lesquels nous avons honte, nous qui nous appelons moines.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ermitage du cœur (148)


Que ta parole soit pure et nette
Reflet fidèle de ta foi
Et tu chemineras joyeusement
Dans la paix du Christ

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 19 mai 2011

Higoumène Luke: Concernant la Tradition des cheveux longs et des barbes




La question de la pertinence du port des cheveux longs et des barbes est fréquemment posée au clergé orthodoxe traditionnel. Un article détaillé a paru dans Orthodox Life concernant les habits du clergé dans le numéro de Janvier / Février 1991. À présent, nous aimerions aborder le sujet de l'apparence du clergé, c'est-à-dire des cheveux et de la barbe.

Quiconque regarde des photographies prises au début du XXe siècle et des portraits de membres du clergé en Grèce, en Russie, en Roumanie, et dans d'autres pays orthodoxes à cette époque, remarquera que presque sans exception, à la fois les moines et le clergé marié, les prêtres et les diacres, portaient la barbe non taillée, et les cheveux longs. Ce n'est qu'après la Première Guerre Mondiale que nous observons un nouveau look moderne, avec des cheveux taillés et un clergé imberbe. Cette mode a été poursuivie par certains membres du clergé jusques à nos jours. Si l'on devait étudier ce phénomène en partant d'un pasteur unique dont la vie s'étendrait sur la plus grande partie de notre siècle, on remarquerait sans doute que son apparence se modernise, depuis les premières photographies jusques aux dernières.

Il ya deux raisons qui expliquent ce changement. On dit: "On doit se conformer à la mode, nous ne pouvons pas avoir l'air de paysans!" Ou encore plus absurde, "Ma femme ne le permet pas!". Un tel raisonnement est la ligne "dogmatique" des modernistes qui, soit désirent imiter la mode contemporaine (si les barbes sont "à la mode", ils portent la barbe, si les barbes ne sont pas "à la mode", ils se rasent), ou ont un esprit œcuménique, ne voulant pas offenser le clergé des dénominations en dehors de l'Eglise orthodoxe. L'autre raison est fondée sur un passage de l'Ecriture Sainte, où saint Paul déclare, La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter de longs cheveux? (I Cor. 11:14) En réponse à la première justification, la tradition orthodoxe condamne directement le modernisme et l'œcuménisme. Il est toutefois nécessaire de traiter plus en détail l'argument qui fonde son hypothèse sur l'Écriture Sainte.

La piété chrétienne orthodoxe commence dans la Sainte Tradition de l'Ancien Testament. Notre relation avec le Seigneur Dieu, la sainteté, le culte et la morale furent formés dans les temps anciens de la Bible. Au moment de la fondation de la prêtrise, le Seigneur a donné les commandements suivants pour les prêtres pendant les périodes de deuil, Et vous ne vous raserez pas la tête pour les morts [pratique païenne] avec une place chauve sur le dessus, et ils ne doivent pas se raser leur barbe... (Lév. 21: 5), et à tous les hommes en général, Vous ne couperez point en rond les coins de votre chevelure, et vous ne raserez point les coins de votre barbe. (Lév. 19:27). L'importance de ces commandements est d'illustrer que le clergé doit se consacrer totalement au service du Seigneur. Les laïcs sont ainsi appelés à un service semblable, mais sans les fonctions sacerdotales. Cet aspect extérieur comme commandement a été répété dans la loi donnée au Nazaréen,  Pendant tout le temps de son naziréat, le rasoir ne passera point sur sa tête; jusqu'à l'accomplissement des jours pour lesquels il s'est consacré à l'Éternel, il sera saint, il laissera croître librement ses cheveux... (Nombres 6:5-6).

La signification du vœu du Nazaréen était un signe de la puissance de Dieu reposant sur la personne qui avait  fait ce vœu. Se couper les cheveux signifiait couper la puissance de Dieu comme dans l'exemple de Samson (Juges 16:17-19). La force de ces observances pieuses, transmises à l'Église du Nouveau Testament, furent observées sans question jusques à notre époque actuelle d'arbitraire et d'apostasie qui en découlent. Pourquoi, on peut se le demander, ces membres du clergé orthodoxe, tout en rejetant les ordonnances pieuses ci-dessus concernant les cheveux, continuent-ils à observer la coutume de l'octroi de divers couvre-chefs aux membres du clergé, pratique qui a aussi ses racines dans les anciennes ordonnances de l'Ancien Testament (cf. . Ex. 24:4-6) et la tradition de l'Église primitive (voir Fusebius et Epiphane de Chypre concernant les mitres portées par les apôtres Jean et James)?

L'apôtre Paul lui-même portait les cheveux longs, nous pouvons conclure que le passage suivant où il est mentionné que des "bandeaux" en slavon, et des "mouchoirs" touchés à son corps furent placés sur les malades pour les guérir. Les "bandeaux" indiquent la longueur de ses cheveux (conformément à cette pieuse coutume) qui devaient être attachés en arrière afin de les maintenir en place (cf. Ac 19:12). L'historien Egezit écrit que l'apôtre Jacques, chef de l'Eglise de Jérusalem, ne coupa jamais ses cheveux (Lectures Chrétiennes, février 1898, p.142, [en russe]).

Si la pratique pieuse au sein du clergé et des laïcs de la communauté chrétienne a été de suivre l'exemple de l'Ancien Testament, comment doit-on comprendre les paroles de saint Paul aux Corinthiens citées plus haut (I Cor. 11:14)? Saint Paul, dans le passage cité, se penche sur les hommes et les femmes qui sont en prière (cf. I Cor. 11:3-4). Ses paroles dans les passages ci-dessus, ainsi que dans d'autres passages concernant les couvre-chefs (cf. I Cor 11:. 4-7), sont dirigées vers les laïcs, et non pas vers le clergé. Dans d'autres passages saint Paul fait une distinction évidente entre les clercs et les laïcs (cf. I Cor. 4:1, I Tim. 4:6, Col 1:7, et autres). Il ne s'oppose pas à l'ordonnance de l'Ancien Testament en ce qui concerne les cheveux et la barbe, car, comme nous l'avons indiqué ci-dessus, il l'a lui-même observée, comme l'a fait Lui-même Notre Seigneur, Qui est représenté en toutes occasions avec de longs cheveux et avec la barbe comme Grand Prêtre de la nouvelle prêtrise chrétienne.

Dans notre passage a été mentionné précédemment, La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter de longs cheveux? (I Cor. 11:14) Saint Paul utilise un mot grec pour "cheveux". Ce mot particulier pour les cheveux, désigne les cheveux comme ornement (la notion de longueur n'étant que secondaire et suggérée), qui diffère du terme cheveux pour la longueur anatomique ou physique.(1) Le choix de mots  de saint Paul, met l'accent sur sa critique de laïcs qui portent leurs cheveux selon "la mode", ce qui était contraire aux pieux amour de la modestie juive et chrétienne. Nous constatons la même approche pour les cheveux que celle de saint Paul, dans le 96ème canon du Sixième Concile Œcuménique, où il est dit: "Ceux donc qui ornent et arrangent leurs cheveux au détriment de ceux qui les voient, c'est-à-dire par entrelacs habilement conçus, et par ce moyen mettent un appât sur le chemin des âmes instables... (3)

Dans une autre source, le Eerdmans Bible Dictionary, nous lisons ce qui suit concernant la pratique de l'Ancien Testament: "Dans une certaine mesure, la coiffure était une question de mode, du moins parmi les classes supérieures, qui étaient particulièrement ouvertes à l'influence étrangère [aux païens] . Néanmoins, les cheveux longs semblent avoir été la règle chez les Hébreux (cf. Ez 8:3.), les hommes et les femmes "(2) (cf. Cant 4:01; 7:5). Ainsi, nous observons que les cheveux coupés ou apprêtés étaient à la mode parmi les païens et n'étaient pas acceptables, surtout parmi le clergé chrétien des temps les plus reculés jusques à notre rupture contemporaine avec la sainte Tradition. Il est intéressant de noter que la mode des cheveux coupés ou "coiffés à la mode du temps",  la barbe rasée, firent leur chemin dans le  monde de l'église catholique romaine et de l'église protestante. Cette coutume païenne était donc devenue si importante pour le clergé romain vers le 11ème siècle, qu'elle a été classée parmi les raisons de l'anathème prononcé par le cardinal Humbert le 15 Juillet, 1054 contre le patriarche Michel à Constantinople, ce qui a précipité la chute finale de l'Église d'Occident par rapport à l'Eglise orthodoxe: "En portant la barbe et les cheveux longs, vous [orthodoxes] rejetez le lien de fraternité avec le clergé romain, car ils se rasent et se coupent les cheveux." [!] ~


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Higoumène Luke
Orthodox Life
Vol. 46, No. 5 -
 October 1996
Holy Trinity Monastery Jordanville,
N.Y. 
USA
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Notes:


1) Joseph Thayer D. D., A Greek-English Lexicon of the New Testament, p. 354.
2) A. C. Myers ed., The Eerdmans Bible Dictionary, p.455
3) The Rudder, trans. D. Cummings, p.403.
4) N. N. Voekov, The Church, Russia, and Rome, (en russe), p. 98.



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Icône de saint Seraphim (Rose):
Dominique Aymonier-Lopez

L'Ermitage du cœur (147)


Garde précieusement le Nom 
Dans l'écrin de prière de ton cœur
Pour demeurer ineffablement
Dans la mémoire de Dieu

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Conférence de Jean-Claude LARCHET



Icones
Dans le cadre de l’exposition « Icônes. L'invisible sérénité » (icônes russes des XVIIe au XVIIIe et XIXe siècles de lacollection Norbert Vogel) qui est présentée jusqu’au 29 mai au château de Courcelles à Montigny-les-Metz, Jean-Claude Larchet, auteur de L’iconographe et l’artiste(éditions du Cerf), donnera, à l’invitation du service culturel de la ville, une conférence sur le thème « Icône et art ». À travers la projection commentée de près de 200 reproductions d’icônes anciennes et contemporaines et d’œuvres picturales occidentales, il proposera une introduction au monde des icônes, et montrera en particulier ce qui distingue une icône d’une œuvre d’art à motif religieux.
Le samedi 21 mai à 17 heures, au château de Courcelles, 73 rue de Pont-à-Mousson. 57950 Montigny-les-Metz. Entrée libre-

mercredi 18 mai 2011

Archimandrite Cherubim: La prière selon le staretz Sophrony



En dehors de tous ceux que j'ai mentionnés jusques à présent, cela vaut la peine de mentionner en particulier deux pères choisis, le sage hiéromoine de Russie, Père Sophrony Sacharoff, et le "violent" ermite, Père Gabriel.

Le premier (Père Sophrony) vivait à l'époque un peu en contrebas de notre Kalyve. J'ai eu la bénédiction et l'honneur spécial de faire de lui mon confesseur avec la permission de mon staretz, lorsque le confesseur de notre groupe, le père Christophe, déménagea de Karoulia à la skite de Vatopédi.

Près de Père Sophrony j'ai découvert combien la vie de solitude et de prière enrichit l'âme. J'ai apprécié sa connaissance, son expérience et sa sainteté. La grandeur de cette âme m'avait captivé, et je ne voulais jamais quitter Karoulia, même s'il y avait là beaucoup de difficultés pour moi, parce que j'étais jeune et novice.

Père Sophrony avait une éducation prodigieuse. Il connaissait plusieurs langues, dont le grec et en particulier l'ancien grec. Mais ce n'était pas son éducation qui me fascinait. Sa vertu, son rayonnement spirituel et sa pratique de la prière m'attiraient plus encore.

Il m'a décrit les nombreuses façons de pratiquer la prière des ermites à Karoulia. Un moyen que lui-même utilisait - puisse-t-il me pardonner de révéler un pan strictement personnel de sa vie spirituelle - est la répétition de la prière du Seigneur, le "Notre Père", avec l'élévation des mains vers le ciel. 
Cette répétition se faisait lentement, syllabe par syllabe, de sorte que l'esprit et de cœur saisissaient et faisaient leurs, le contenu de chaque mot de la prière enseignée par Dieu, pénétrant son sens le plus profond. Il  commençait la prière pendant la nuit et terminait au lever du soleil. 
Bien entendu, le Père Sophrony  pratiquait également la prière du cœur. Mais il m'a fait aussi connaître la façon ancienne pour dire le "Notre Père", comme préparation, et peut-être comme formation, pour la prière parfaite, la prière spirituelle du cœur.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Cherubim Karambelas,
Recollections of Mount Athos
(Souvenirs du Mont Athos)
pp.191-192,
Holy Cross Orthodox Press 1987, 
Brookline, MA 02146
USA
ISBN 0-917651-44-8 
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(S'il vous plaît veuillez noter que l'archimandrite Cherubim a écrit ces lignes avant le repos du Staretz Sophrony en 1993)

L'Ermitage du cœur (146)



Toi qui prétend mépriser le monde
Et sa vaine et stérile agitation 
Agis avec zèle et Amour
Pour qu'advienne le Royaume de Dieu


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 17 mai 2011

Père Antonios Alevisopoulos: Expériences spirituelles



L'homme peut avoir le sentiment de la présence de la grâce divine dans sa vie, c'est-à-dire qu'il peut avoir des expériences spirituelles. L'Ecriture Sainte, toutefois, recommande aux fidèles: "Bien-aimés, ne croyez pas dans tous les esprits, mais éprouvez les esprits pour voir s'ils sont de Dieu". Elle souligne en outre que plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde et elle montre de plus, des moyens pour pouvoir juger et discerner les esprits de vérité de l'esprit d'erreur, c'est-à-dire l'authentique expérience de l'expérience de contrefaçon (I Jean 4, 1-6).

Il faut souligner d'emblée, que la Sainte Écriture ne place pas l'expérience au centre de nos intérêts, pas plus qu'elle ne l'élève à quelque chose d'absolu. La foi en Jésus Christ, et non pas l'expérience personnelle, est placée au centre de la confession chrétienne. Cette confession différencie l'Eglise chrétienne de la synagogue hébraïque; on pensait que quiconque confessait le Christ, reniait la synagogue juive, et était déclaré exclu par elle (Jn 2, 22 12.42.). L'expérience chrétienne est modifiée par cette confession [de Jésus-Christ] et n'est pas indépendante de celle-ci (Rom. 10,9). La confession de foi n'est pas le résultat de l'expérience, mais exactement le contraire: l'expérience est acquise dans l'unité avec la confession et la vie de l'Église; ces deux facteurs modifient et déterminent également l'authenticité de l'expérience spirituelle. De cette manière le chrétien orthodoxe n'est pas en danger de tomber dans la subjectivité et l'erreur, par l'expérience personnelle.

L'apôtre Paul ne fonde pas l'Evangile qu'il prêche sur son expérience individuelle, mais sur l'expérience des autres: Pierre, les douze, les cinq cents, Jacques et le reste des Apôtres. Il se présente comme le dernier de tous, il dit, "le dernier de tous, comme un avorton, Il [Le Christ] est même apparu à moi", afin d'ajouter plus loin, qu'il est ce qu'il est par la grâce de Dieu. "Ainsi donc, que ce soit moi, que ce soient eux, voilà ce que nous prêchons, et c'est ce que vous avez cru.," conclut-il, "(I Cor. 15, 1-11). Il ne se coupe pas de l'Eglise, et il ne se base pas non plus sur son expérience personnelle, sur laquelle il n'insiste même pas.

Le contenu de la foi, alors, n'est ni conditionné, ni formé par l'expérience personnelle de chacun, mais est transmis et est reçu dans l'Eglise (I Tim. 6,20. II Tim. 1,14. 2,2. Jude 3 ). "Comme les prophètes ont vu, que les apôtres ont enseigné, comme l'Eglise a reçu, comme les enseignants ont dogmatisé ... comme la vérité a été prouvée... Ainsi, croyons-nous, ainsi parlons-nous, ainsi déclarons-nous" (Septième Concile Œcuménique).

Que le contenu de la foi constitue la norme et la mesure par laquelle le sérieux de l'expérience est mesuré, on peut le voir dans l'exemple de saint Thomas pour qui, comme les Judéens, "le signe", l'expérience du miracle, avait une signification primordiale. Ceci, cependant, est vaincu par les paroles du Christ: "Heureux ceux qui ne voient pas et pourtant croient", c'est-à-dire heureux ceux qui ne se fondent pas sur leur expérience personnelle (Jn 20, 28-29).

Une autre "mesure et norme" pour déterminer l'authenticité de l'expérience est l'obéissance aux enseignements du Christ; l'apôtre souligne que celui qui viole et ne respecte pas les enseignements du Christ "n'a pas Dieu" (Jn II, 9.). Toute la vie spirituelle du croyant est entendue, bien sûr, comme la vie dans l'Esprit Saint, comme un don de l'Esprit Saint Qui est le fruit de l'Amour de Dieu. Comme nous l'avons déjà mentionné, les dons de Dieu qui sont une offrande d'amour, présupposent l'acceptation complète de cet amour de la part de l'homme. L'homme prouve son profond désir d'accepter l'amour de Dieu en Lui offrant son amour complet, il doit humilier son esprit, sa chair, avec ses passions et ses désirs et offrir tout son être à Dieu (Matth. 22,37 Rm 5,.. 1-2. Gal. 5,24). Dieu accepte cette offre et avec sa grâce, Il sanctifie et transforme les œuvres de l'homme humble en dons de l'Esprit Saint qui sont joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi et surtout, amour (Gal. 5, 22-23), le plus grand don de l'Esprit Saint. Sans cette humilité totale de la part de l'homme, des expériences spirituelles ne sont pas accordées, et, si elles existent, elles ne viennent pas de l'esprit de Dieu (Jacques 4, 6 I Pierre 5,5.).

Les expériences des saints en Jésus-Christ, ont toutes les caractéristiques dont nous avons parlé. Elles ont été les expériences de l'Église et non des individus. Par conséquent, tous ceux qui ont mis en avant des expériences spirituelles et des "signes" sans les caractéristiques que nous avons évoquées qui les accompagnent, ont été trompés par l'esprit d'erreur. Ces fausses expériences sont déjà connues dans l'Ancien Testament, et même, de l'extérieur, elles apparaissent comme étant semblables à des expériences [spirituelles] véritables (Exode 7, 10-11, 20-22. 8, 18). Le Christ Lui-même nous a informés que les faux messies, les faux docteurs et les faux prophètes feraient des "signes", afin de susciter la confusion et de tromper, si possible, même les élus, (Matth. 24, 24-25 Cf. Apoc 13, 12.. - 18).

L'apôtre Paul informe les chrétiens de Corinthe que la référence est ici pour de faux apôtres et des "ouvriers trompeurs" qui se déguisent en apôtres du Christ, tout comme Satan "se transforme en un ange de lumière". Il n'est donc pas surprenant, l'apôtre conclut, que les serviteurs du Diable aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera à la mesure de leurs actes! (Cor II. 11, 13-15).

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
The Mysteries or Sacraments of the Church
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L'Ermitage du cœur (145)


Goûte à la douceur
Du silence orant
Et repars assuré
Dans le tumulte du monde

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Jean-Claude LARCHET/Recension: Philippe Henne, « Tertullien l'Africain »

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Philippe Henne, « Tertullien l'Africain », Éditions du Cerf, Paris, 2011, 336 p. (collection « Petits Cerf Histoire »).
Dominicain belge, professeur de patristique à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lille, Philippe Henne, qui a déjà publié aux éditions du Cerf une étude sur la Bible et les Pères et plusieurs livres de vulgarisation sur des Pères latins (Hilaire, Grégoire le Grand, Léon le Grand, Jérôme...), présente dans cet ouvrage une synthèse complète et claire sur la vie et l’œuvre de Tertullien (IIe-IIIe s.).
Celui-ci développa à Carthage une activité considérable, produisant des apologies du christianisme face aux païens, des traités dogmatiques contre les hérétiques (Hermogène, Marcion, les valentiniens, les modalistes), multipliant les traités sur la morale (en particulier relatifs à la vie conjugale, aux spectacles, à la façon de se vêtir..) et sur divers aspects de la vie spirituelle (la patience, la prière...) et sacramentelle (il est le premier à avoir composé de véritables traités sur le baptême et sur la pénitence)
Dans son « Contre Praxéas », il se révèle comme l’un des fondateurs de la dogmatique latine: c'est lui qui fixa le concept de personne pour désigner le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Cependant, sa façon parfois maladroite d’insister, face aux modalistes, sur l’unité substantielle du Père et du Fils, et une distinction insuffisante entre le plan de la théologie et le plan de l’économie, offrirent par la suite aux filioquistes latins la possibilité de voir en lui l’un des premiers inspirateurs de leur doctrine.
L’extrême et excessif rigorisme de sa morale (en particulier en matière conjugale), qui l’amena à rejoindre la secte montaniste et à se séparer de l’Église pendant une dizaine d’années et jusqu’à la fin de sa vie, a souvent jeté le soupçon sur l’ensemble de sa pensée et grevé l’autorité à laquelle ce brillant penseur, ancien rhéteur devenu prêtre, pouvait prétendre parmi les premiers Pères latins. 

lundi 16 mai 2011

La Sainte Eucharistie



La Sainte Eucharistie est l'événement central dans la vie de l'Église. Par elle, les fidèles deviennent participants au Corps et au Sang du Christ (Matth. 26, 26-28; Mark 14,22-24 et Luc 22, 15-20; Jn 6, 51-56;. I Cor 11, 24 - 26).
Comment le Christ peut-il nous offrir Son corps à manger et Son sang à boire? Ce fut aussi une question que soulevèrent les Judéens, et même quelques uns de ceux qui suivirent le Christ et furent Ses disciples. Le Christ, cependant, insista sur le fait qu'ils devaient faire ainsi, et Il expliqua qu'Il ne parlait pas de la chair morte, mais de Son corps, qui était uni à l'Esprit Saint Qui vivifie (Jean 6, 52; 60 à 63). Dans la Sainte Eucharistie, le pain et le vin sont offerts et  Dieu accepte cette offrande de l'homme. Il change ces éléments et à Son tour les offre à l'homme comme Son Corps et Son Sang, comme participation dans le sacrifice que le Christ a offert sur le Golgotha ​​"une fois pour toutes". (Hébreux 7,27; 9,12,28). Avant son sacrifice sur la Croix, le Christ a célébré cette "Cène" et a commandé à Ses disciples de faire de même jusques à Sa Parousie, déclarant que la "nourriture" de Son corps et la "coupe" de Son sang étaient nécessaires pour le salut (Jn 6, 31-50; I Cor 11,23-29).
Cette "Cène", comme "nourriture" et "boisson" du Corps et du Sang du Christ n'est pas comprise en dehors de, et indépendemment, du sacrifice du Golgotha, elle constitue une "participation" dans ce sacrifice unique. Le fait que la Sainte Eucharistie ait été célébrée avant le sacrifice du Christ, montre que son identité avec le sacrifice célébré "une fois pour toutes" ne peut être comprise par la logique humaine, elle ne peut être comprise que "dans le mystère". Il en va de même avec la Sainte Eucharistie célébrée aujourd'hui dans l'Église.
Bien sûr, la Sainte Eucharistie constitue également un souvenir de la passion du Christ (Lc 22,19; I Cor 11,24-25.), Mais ce n'est pas seulement un souvenir. Déjà dans l'Ancien Testament il a été prophétisé concernant l'âge messianique, c'est-à-dire l'Eglise, qu'un sacrifice pur serait célébré (Malachie 1,11). On entend ici le sacrifice qui, selon le Nouveau Testament est offert sur l'autel chrétien et que ceux qui font le service au Tabernacle ne peuvent pas manger (Héb. 13,10).
Saint Paul procède à une comparaison de l'autel chrétien (la "table du Seigneur"), avec celui d'Israël de la chair, et celui des idolâtres. Il souligne que la participation à l'autel chrétien fait des chrétiens des participants au Corps et au Sang du Seigneur. Au contraire, la participation à l'autel des idoles fait des idolâtres des "participants des démons". La "table du Seigneur" est donc selon saint Paul, le seul autel véritable du Dieu Vivant.
La Sainte Eucharistie est l'expression du grand amour de Dieu pour l'homme.En la personne du Christ, Lui-même a recherché l'homme apostat. Maintenant, Il nous nourrit de Son propre Corps et  Sang, tout comme une mère pleine de tendresse et de compassion, nourrit son enfant, et non pas avec d'autres aliments, mais avec son propre lait, qui est son sang même. Il condescend à notre faiblesse et emploie des éléments de base de notre quotidien, le pain et le vin, qu'Il transforme en Son Corps et Son Sang.
Par l'Eucharistie, le but de la dispensation divine est réalisée dans la personne du Christ, car Il est la synaxe ou rassemblement "en un" des enfants de Dieu dispersés (Jn 11,52), en un seul Corps (I Cor. 10,17 ), et la constitution de Son Église. C'est pour cette raison que la synaxe/le rassemblement  pour la célébration de l'Eucharistie est appelé rassemblement "dans l'Église" [h Εκκλησία] I Cor. 11, 18) et "Royaume de Dieu". C'est pourquoi la Liturgie commence par les mots: "Béni est le Royaume du Père, du Fils et du Saint Esprit". Une belle prière de l'une des Liturgies chrétiennes exprime précisément ceci: "De même que cette parcelle à partir du pain était aussi gerbes de blé dispersés sur la montagne et est devenue un seul pain, ainsi que Ton Église soit rassemblée des extrémités de la terre en Ton Royaume".
La Sainte Eucharistie est présidée par l'évêque ou par un prêtre. Ce n'est pas lui, cependant, qui procède à l'Eucharistie: le Christ est "Celui qui offre et est offert", les prêtres sont ministres du Christ, les intendants de Ses mystères (I Cor 4,1.). Les laïcs participent aussi activement à ce qui se passe, ils ne sont pas des témoins passifs. La Liturgie: le travail ou la tâche du peuple" [en grec, λαου έργων], celui ou celle de peuple de Dieu tout entier, et non seulement du clergé, car celui-ci est inclus dans le peuple de Dieu et n'est pas au-dessus de lui.
Chaque membre a son ministère, en conformité avec le don qu'il a reçu. Les laïcs n'ont pas le propre sacerdoce spécial du clergé, mais le clergé ne comprend pas non plus l'élément laïc comme bénéficiaires passifs de "ce qui est en cours d'exécution." Une telle distinction entre  "acteurs" et "témoins" dans la Liturgie orthodoxe est inacceptable.
La participation active des fidèles dans la Sainte Eucharistie, la communication du Corps et du Sang du Christ est essentielle pour le salut; par elle, les fidèles sont maintenus en vie spirituellement. C'est pourquoi l'Église orthodoxe offre également la Sainte Communion aux nourrissons, dans l'obéissance au Commandement du Christ (Matth. 18,2-5. 19, 13-15). Le chrétien orthodoxe ne considère pas la Sainte Communion comme nourriture commune. Il s'est donc bien préparé pour sa réception par la prière et le jeûne. Il suit l'injonction de saint Paul qui nous assure que la Sainte Communion est en effet une véritable communion au Corps et Sang du Christ, et déclare: "Que chacun s'éprouve lui-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe» (I Cor . 10, 16-21. 11, 26-28).
Mais comment un croyant peut-il se rendre compte qu'une réunion eucharistique spécifique appartient en vérité à l'Eglise orthodoxe? Comment peut-il discerner si oui ou non une Divine Liturgie est dans tous ses aspects orthodoxe? En cela, il ne suffit pas qu'il y ait certaines similitudes externes, ou même que le texte orthodoxe de la Divine Liturgie soit suivi.
Saint Ignace d'Antioche nous donne la réponse à cette question: est orthodoxe la Liturgie qui est célébrée par l'évêque, ou par un presbytre en communion avec l'évêque et qui a l'autorisation nécessaire pour le faire. L'évêque est le garant de la présence du Christ, parce qu'il tient son sacerdoce du Christ Lui-même, à travers la succession apostolique, qui est une chaîne continue et ininterrompue de l'unité qui remonte jusques aux Apôtres.
Il est donc nécessaire que le prêtre qui célèbre la Sainte Eucharistie possède une ordination valide et soit en union avec l'évêque de l'Eglise locale. La présence de l'évêque à chaque Liturgie orthodoxe se manifeste en ce que la Divine Liturgie est célébrée sur un antlmension qui porte la signature de l'évêque, et que, pendant la Liturgie le nom de l'évêque est commémoré. Indicatif est le fait que le prêtre qui célèbre la Liturgie ne commémore pas le nom de l'évêque qui l'a ordonné, mais celui de l'évêque dans le diocèse duquel la Liturgie est en cours de célébration.
Pour qu'une Divine Liturgie soit orthodoxe, l'évêque dont le nom est commémoré lors de cette dernière, doit être en union avec l'Eglise orthodoxe de ce pays. Mais même cela ne suffit pas. Le Synode des évêques de ce pays doit être reconnu par, et en communion avec les autres Eglises orthodoxes à travers le monde. Si ces présupposés existent, alors la Divine Liturgie est orthodoxe et tous les fidèles orthodoxes peuvent librement participer à la Sainte Eucharistie.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Rev. Antonios Alevisopoulos.cité par


L'Ermitage du cœur (144)


Pose lentement
Au cœur du silence
La graine féconde
De la prière du cœur

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 15 mai 2011

Visite de Père Placide en Suisse


Père Placide du Métochion athonite de Simonos Petra est venu, en compagnie de Père Cassien, rencontrer ce samedi un groupe d'orthodoxes de Suisse de tous horizons, pour parler de son itinéraire et de son monastère Saint Antoine le Grand dans le Vercors. Père Cassien illustrait les propos de Père Placide par les photographies d'un diaporama. 
Nous avons vu les bâtiments du monastère de Saint Antoine Le Grand évoluer, passer de l'état de ruines perdues dans la végétation depuis le début du XXème siècle, à ce qu'ils sont à présent: un fragment de l'Athos que la miséricorde de Dieu nous permet de voir, au fond de Combe Laval, dans le Vercors dont les sommets dominent les bâtiments. 
Un géologue renommé ayant dit à Père Placide qu'un jour les falaises allaient s'effondrer et tout ensevelir y compris le monastère, le Père lui a demandé quand cela arriverait. Le spécialiste lui prédit que cela arriverait dans quarante mille ans. Cela rassura notre bon Père Placide qui raconte l'anecdote avec beaucoup de malice. 
Ce fut une journée bénie qui, par l'évocation chaleureuse de Père Placide, nous a permis de rencontrer des grands startsy qu'il a trouvé lors de son cheminement vers l'Orthodoxie et après son entrée dans l'Eglise. 
Il a évoqué les grandes et nobles figures de saint Justin de Tchélié, du Père Cléopas de bienheureuse mémoire, de l'higoumène Aimilianos de Simonos Petra, et d'autres encore. Puis des questions de l'assemblée ont reçu des réponses nettes et claires, émaillées d'anecdotes et de récits tirés de ce long cheminement de Père Placide sur la voie des théophores. L'âme buvait aux sources vives et le cœur exultait dans cette communion spirituelle où toute ascèse devient obvie pour qui veut suivre la Voie Droite. 
L'après midi s'est poursuivie par un office de Vêpres dans la chapelle de Crêt-Bérard (Canton de Vaud) avec un chœur improvisé qui a alterné les chants de traditions slaves en français avec les chants byzantins assurés par Père Cassien.
Il suffit d'écouter Père Placide, et les doutes, les pusillanimités, s'estompent, s'évanouissent, et font place à une grande certitude, celle de la foi orthodoxe. Son enthousiasme est communicatif. Son optimisme ancré dans une foi sans faille ni compromis, est contagieux.
Et puis, l'humour n'est jamais absent longtemps des propos toujours spirituels de Père Placide. Un jour où quelqu'un au monastère se plaignait des lenteurs de certaines choses dans l'orthodoxie francophone, Père Placide assura d'un ton enjoué que dans l'Orthodoxie, c'était le premier siècle qui était le plus difficile!

Claude Lopez-Ginisty

A lire:

L'Archimandrite Placide (Deseille)

Sainte Bathilde moniale de Chelles et Reine de France


Fêtée le 30 Janvier


Anglo-Saxonne de naissance, Bathilde fut capturée par les armées d'invasion du Danemark en 641 et vendue à Erchinoald, Maire du palais de Clovis II, roi de France. Elle gagna rapidement la faveur de tous, car elle avait du charme, de la beauté et une nature gracieuse et douce. Elle 
gagna aussi l'affection de ses compagnes servantes, car elle leur montra de nombreuses attentions telles que le nettoyage de leurs chaussures et de leurs vêtements, les travaux de réparation, et  son caractère lumineux et attrayant qui la rendirent chère à tous.

Erchinoald, impressionné par ses qualités, voulut en faire sa femme, mais Bathilde, alarmée par cette perspective, se déguisa avec de vieux vêtements et des haillons, et se cacha parmi les servantes du palais. Erchinoald, pensant qu'elle s'était enfuie, épousa une autre femme.
Son prétendant suivant, cependant, fut le roi Clovis. Lorsque Bathilde jeta ses vêtements anciens et apparut de nouveau, le roi remarqua sa grâce et sa beauté, et déclara son amour pour elle. En 649, Bathilde la jeune fille esclave de19 ans devint reine de France. Elle donna à Clovis trois fils: Clotaire III, Childéric II et Thierry III, tous devenus rois. A la mort de son époux, elle fut nommée régente pour son fils aîné, Clotaire, qui n'avait que cinq ans, et elle  gouverna avec compétence pendant huit ans avec Saint-Éloi comme
conseiller.

Elle fut une bonne reine et régna en sage. Elle n'
oublia jamais qu'elle avait été esclave, et fit tout en son pouvoir pour soulager ceux qui étaient en captivité. Il fut écrit que la Reine Bathilde fut la plus sainte et la plus pieuse des femmes. Se souvenant de son propre esclavage, elle mit de côté des sommes immenses pour le rachat des captifs. Bathilde aida à promouvoir le christianisme en suivant les enseignements de Saint Ouen, Saint Léodegard, et de plusieurs autres évêques.

Pendant cette période, les habitants les plus pauvres de France étaient souvent obligés de vendre leurs enfants comme esclaves pour répondre aux taxes écrasantes qui leur étaient imposées. Bathilde réduisit leurs impôts, interdit l'achat d'esclaves chrétiens et la vente de sujets français, et déclara que tout esclave qui mettait le pied en France serait 
libre, dès cet instant. Ainsi, cette femme éclairée gagna l'amour de son peuple et fut une pionnière pour l'abolition de l'esclavage.

Elle 
fonda également plusieurs abbayes, telles que Corbie, Saint-Denis, et Chelles, qui devinrent colonies de peuplement dans ces régions sauvages et reculées de France. Sous sa direction, les forêts furent récupérées et l'agriculture devint florissante. Elle construisit des hôpitaux et vendit ses bijoux pour aider les nécessiteux.

Quand son fils, Clotaire, fut en âge, et qu'il monta sur le trône comme roi de France, [écartée du pouvoir], Bathilde se retira dans sa propre abbaye royale de Chelles, près de Paris, où elle fut une moniale ordinaire avec humilité et obéissance.
Elle mourut à Chelles avant d'avoir atteint son cinquantième anniversaire. La mort la toucha d'une main douce; Tandis qu'elle mourait, elle dit qu'elle voyait une échelle allant de l'autel vers le ciel, et que sur celle-ci, elle grimpait en compagnie des anges.
Sainte Bathilde est généralement dépeinte comme une reine couronnée ou une moniale devant l'autel de la Mère de Dieu, deux anges soutenant un enfant sur une échelle, ceci reflète la vision qu'elle eut, dit-on à sa mort.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Ton 6

Tropaire à sainte Bathilde, reine et moniale,
(Natalice en 680 A.D.)

Petite fille tu fus vendue comme esclave,*
Plus tard, tu fus l'épouse du roi Clovis II.*
Régente après la mort de ton époux terrestre,*
Tu fus écartée du pouvoir et enfermée*
Au couvent de Chelles où tu finis en moniale.*
Sainte Bathilde, prie Dieu pour notre salut!

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L'Ermitage du cœur (143)


Rencontre dans la prière
Les saints que Dieu
Te donne sur le chemin
Qui mène à la Vie

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)