La Sainte Eucharistie est l'événement central dans la vie de l'Église. Par elle, les fidèles deviennent participants au Corps et au Sang du Christ (Matth. 26, 26-28; Mark 14,22-24 et Luc 22, 15-20; Jn 6, 51-56;. I Cor 11, 24 - 26).
Comment le Christ peut-il nous offrir Son corps à manger et Son sang à boire? Ce fut aussi une question que soulevèrent les Judéens, et même quelques uns de ceux qui suivirent le Christ et furent Ses disciples. Le Christ, cependant, insista sur le fait qu'ils devaient faire ainsi, et Il expliqua qu'Il ne parlait pas de la chair morte, mais de Son corps, qui était uni à l'Esprit Saint Qui vivifie (Jean 6, 52; 60 à 63). Dans la Sainte Eucharistie, le pain et le vin sont offerts et Dieu accepte cette offrande de l'homme. Il change ces éléments et à Son tour les offre à l'homme comme Son Corps et Son Sang, comme participation dans le sacrifice que le Christ a offert sur le Golgotha "une fois pour toutes". (Hébreux 7,27; 9,12,28). Avant son sacrifice sur la Croix, le Christ a célébré cette "Cène" et a commandé à Ses disciples de faire de même jusques à Sa Parousie, déclarant que la "nourriture" de Son corps et la "coupe" de Son sang étaient nécessaires pour le salut (Jn 6, 31-50; I Cor 11,23-29).
Cette "Cène", comme "nourriture" et "boisson" du Corps et du Sang du Christ n'est pas comprise en dehors de, et indépendemment, du sacrifice du Golgotha, elle constitue une "participation" dans ce sacrifice unique. Le fait que la Sainte Eucharistie ait été célébrée avant le sacrifice du Christ, montre que son identité avec le sacrifice célébré "une fois pour toutes" ne peut être comprise par la logique humaine, elle ne peut être comprise que "dans le mystère". Il en va de même avec la Sainte Eucharistie célébrée aujourd'hui dans l'Église.
Bien sûr, la Sainte Eucharistie constitue également un souvenir de la passion du Christ (Lc 22,19; I Cor 11,24-25.), Mais ce n'est pas seulement un souvenir. Déjà dans l'Ancien Testament il a été prophétisé concernant l'âge messianique, c'est-à-dire l'Eglise, qu'un sacrifice pur serait célébré (Malachie 1,11). On entend ici le sacrifice qui, selon le Nouveau Testament est offert sur l'autel chrétien et que ceux qui font le service au Tabernacle ne peuvent pas manger (Héb. 13,10).
Saint Paul procède à une comparaison de l'autel chrétien (la "table du Seigneur"), avec celui d'Israël de la chair, et celui des idolâtres. Il souligne que la participation à l'autel chrétien fait des chrétiens des participants au Corps et au Sang du Seigneur. Au contraire, la participation à l'autel des idoles fait des idolâtres des "participants des démons". La "table du Seigneur" est donc selon saint Paul, le seul autel véritable du Dieu Vivant.
La Sainte Eucharistie est l'expression du grand amour de Dieu pour l'homme.En la personne du Christ, Lui-même a recherché l'homme apostat. Maintenant, Il nous nourrit de Son propre Corps et Sang, tout comme une mère pleine de tendresse et de compassion, nourrit son enfant, et non pas avec d'autres aliments, mais avec son propre lait, qui est son sang même. Il condescend à notre faiblesse et emploie des éléments de base de notre quotidien, le pain et le vin, qu'Il transforme en Son Corps et Son Sang.
Par l'Eucharistie, le but de la dispensation divine est réalisée dans la personne du Christ, car Il est la synaxe ou rassemblement "en un" des enfants de Dieu dispersés (Jn 11,52), en un seul Corps (I Cor. 10,17 ), et la constitution de Son Église. C'est pour cette raison que la synaxe/le rassemblement pour la célébration de l'Eucharistie est appelé rassemblement "dans l'Église" [h Εκκλησία] I Cor. 11, 18) et "Royaume de Dieu". C'est pourquoi la Liturgie commence par les mots: "Béni est le Royaume du Père, du Fils et du Saint Esprit". Une belle prière de l'une des Liturgies chrétiennes exprime précisément ceci: "De même que cette parcelle à partir du pain était aussi gerbes de blé dispersés sur la montagne et est devenue un seul pain, ainsi que Ton Église soit rassemblée des extrémités de la terre en Ton Royaume".
La Sainte Eucharistie est présidée par l'évêque ou par un prêtre. Ce n'est pas lui, cependant, qui procède à l'Eucharistie: le Christ est "Celui qui offre et est offert", les prêtres sont ministres du Christ, les intendants de Ses mystères (I Cor 4,1.). Les laïcs participent aussi activement à ce qui se passe, ils ne sont pas des témoins passifs. La Liturgie: le travail ou la tâche du peuple" [en grec, λαου έργων], celui ou celle de peuple de Dieu tout entier, et non seulement du clergé, car celui-ci est inclus dans le peuple de Dieu et n'est pas au-dessus de lui.
Chaque membre a son ministère, en conformité avec le don qu'il a reçu. Les laïcs n'ont pas le propre sacerdoce spécial du clergé, mais le clergé ne comprend pas non plus l'élément laïc comme bénéficiaires passifs de "ce qui est en cours d'exécution." Une telle distinction entre "acteurs" et "témoins" dans la Liturgie orthodoxe est inacceptable.
La participation active des fidèles dans la Sainte Eucharistie, la communication du Corps et du Sang du Christ est essentielle pour le salut; par elle, les fidèles sont maintenus en vie spirituellement. C'est pourquoi l'Église orthodoxe offre également la Sainte Communion aux nourrissons, dans l'obéissance au Commandement du Christ (Matth. 18,2-5. 19, 13-15). Le chrétien orthodoxe ne considère pas la Sainte Communion comme nourriture commune. Il s'est donc bien préparé pour sa réception par la prière et le jeûne. Il suit l'injonction de saint Paul qui nous assure que la Sainte Communion est en effet une véritable communion au Corps et Sang du Christ, et déclare: "Que chacun s'éprouve lui-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe» (I Cor . 10, 16-21. 11, 26-28).
Mais comment un croyant peut-il se rendre compte qu'une réunion eucharistique spécifique appartient en vérité à l'Eglise orthodoxe? Comment peut-il discerner si oui ou non une Divine Liturgie est dans tous ses aspects orthodoxe? En cela, il ne suffit pas qu'il y ait certaines similitudes externes, ou même que le texte orthodoxe de la Divine Liturgie soit suivi.
Saint Ignace d'Antioche nous donne la réponse à cette question: est orthodoxe la Liturgie qui est célébrée par l'évêque, ou par un presbytre en communion avec l'évêque et qui a l'autorisation nécessaire pour le faire. L'évêque est le garant de la présence du Christ, parce qu'il tient son sacerdoce du Christ Lui-même, à travers la succession apostolique, qui est une chaîne continue et ininterrompue de l'unité qui remonte jusques aux Apôtres.
Il est donc nécessaire que le prêtre qui célèbre la Sainte Eucharistie possède une ordination valide et soit en union avec l'évêque de l'Eglise locale. La présence de l'évêque à chaque Liturgie orthodoxe se manifeste en ce que la Divine Liturgie est célébrée sur un antlmension qui porte la signature de l'évêque, et que, pendant la Liturgie le nom de l'évêque est commémoré. Indicatif est le fait que le prêtre qui célèbre la Liturgie ne commémore pas le nom de l'évêque qui l'a ordonné, mais celui de l'évêque dans le diocèse duquel la Liturgie est en cours de célébration.
Pour qu'une Divine Liturgie soit orthodoxe, l'évêque dont le nom est commémoré lors de cette dernière, doit être en union avec l'Eglise orthodoxe de ce pays. Mais même cela ne suffit pas. Le Synode des évêques de ce pays doit être reconnu par, et en communion avec les autres Eglises orthodoxes à travers le monde. Si ces présupposés existent, alors la Divine Liturgie est orthodoxe et tous les fidèles orthodoxes peuvent librement participer à la Sainte Eucharistie.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Rev. Antonios Alevisopoulos.cité par
Χριστός Ανέστη!
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