lundi 20 décembre 2010

Trafic d'organes au Kossovo: Le rapport de Dick Marty

une conférence de presse à Paris, le 16 décembre 2010

Le parlementaire suisse Dick Marty, qui dénonce dans un rapport un trafic d'organes humains qui aurait été organisé par l'Armée de libération du Kosovo (UCK), a déclaré jeudi vouloir initier une "dynamique de vérité", en dépit des obstacles à une enquête indépendante.

"Je pense que le fait de dire tout haut aujourd'hui ce que tout le monde savait pourrait déclencher une dynamique de vérité", a déclaré le rapporteur au cours d'une conférence de presse à Paris.

Le rapport de Dick Marty a été adopté jeudi à Paris en commission de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Selon lui, des responsables de l'UCK, le mouvement indépendantiste kosovar albanais à la fin des années 90, se sont livrés à un trafic d'organes prélevés sur des prisonniers serbes, qui auraient été détenus au Kosovo puis conduits en Albanie en 1999 et 2000.

Selon le rapport, le trafic était contrôlé par un groupe de responsables de l'UCK baptisé "Groupe de la Drenica", dont le chef était l'actuel Premier ministre kosovar Hashim Thaçi, qui a jugé jeudi ce rapport "scandaleux".

Interrogé sur le nombre de victimes présumées de ce trafic, Dick Marty a dit n'être pas en mesure d'avancer un chiffre, mais a souligné qu'il s'agissait de Serbes mais "aussi de civils kosovars".


Depuis Belgrade, le procureur serbe pour les crimes de guerre, qui mène depuis trois ans sa propre enquête sur ce trafic d'organes, a déclaré jeudi au cours d'une conférence de presse que cette affaire pourrait concerner 500 victimes, dont 400 étaient des Serbes et 100 autres des non-Albanais du Kosovo.

Le procureur, Vladimir Vukcevic, a assuré être "beaucoup plus avancé" dans son enquête sur ce trafic d'organes que Dick Marty.

De son côté, le parlementaire suisse a affirmé que "les faits décrits dans ce rapport étaient connus par de très nombreuses personnes" depuis des années, mais que par opportunisme politique, notamment pour ne pas déstabiliser le Kosovo, personne ne poussait au lancement d'investigations.

"Il faut mettre un terme à cette hypocrisie et faire le travail. Nous avons livré suffisamment d'informations pour qu'il y ait une enquête sérieuse", a-t-il dit, ajoutant que l'"omerta" générale lui rappelait celle qui avait entouré ses révélations sur les prisons secrètes de la CIA en Europe. ( PARIS AFP)


[...]s’est alors développé un climat et une dynamique qui à conduit à considérer tous les événements et les faits dans une optique rigoureusement manichéenne : d’un côté les serbes, nécessairement méchants, de l’autre les kosovars albanais, inévitablement innocents. Dans l’horreur et la commission de crimes le principe de compensation ne peut exister. Le sentiment élémentaire de justice exige que tous soient traités de la même façon. Ce devoir de vérité et de justice est, par ailleurs, une prémisse indispensable pour qu’une véritable paix soit rétablie et que les différentes communautés puissent se réconcilier et recommencer à vivre et travailler ensemble.


[...]il convient de souligner que de nombreuses familles kosovares albanaises ayant perdu un parent après le 12 juin 1999 auraient déclaré une date de disparition avant cette date par crainte que leurs proches pourraient passer pour des « traîtres » punis par l'UÇK. Il est révélateur que la loi kosovare sur l’indemnisation des familles des « martyrs » exclue expressément les personnes mortes après l’arrivée de la KFOR. Pour ce qui est de la loi, encore en discussion, sur l’indemnisation des familles de personnes disparues, la position des autorités kosovares est de couvrir uniquement les disparitions après le 1 janvier 1999 et avant le 12 juin 1999. En fait, cela indique à quel point ce problème des disparus kosovars albanais est encore sensible. Selon plusieurs de nos interlocuteurs, le sujet reste un véritable tabou et continue à être un sérieux obstacle à la recherche de la vérité, car la chasse aux « traîtres » a souvent dissimulé la lutte sanglante entre factions de l’UÇK et servi à cacher les crimes commis par des membres de l’UÇK.



[...]D'autre part, d'après les comptes rendus parfaitement documentés des services de renseignement que nous avons examinés en profondeur et qui ont été corroborés par les entretiens que nous avons eus au cours de notre enquête, le « Groupe de Drenica » dirigé par Thaçi a renforcé dans des proportions phénoménales son assise dans les activités criminelles organisées, à l'époque florissantes au Kosovo et en Albanie.

 Thaçi aurait, dans ce domaine, agi avec le soutien et la complicité non seulement des structures de gouvernance officielles de l'Albanie, et notamment du gouvernement socialiste au pouvoir à ce moment-là, mais également des services secrets albanais et de la redoutable mafia albanaise.

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