samedi 18 juillet 2009

La garde de la Jérusalem intérieure/ La prière selon saint Séraphim de Sarov (4)


La prière se manifeste aussi quelquefois de manière tangible par les cierges ou les veilleuses que nous allumons dans nos « beaux coins » d’icônes ou bien à l’église. Le Staretz avait l’habitude, lorsqu’il intercédait devant le trône de Dieu pour ceux et celles qui le lui avaient demandé, d’en faire monter la lumière vers Dieu en abondance.
Saint Séraphim commémorait en effet des listes innombrables de nom lorsqu’il intercédait devant le Trône de Dieu. « Durant la prière, le saint accordait une importance extrême aux cierges de pure cire qui, dans sa cellule, brûlaient devant les icônes. De cet usage, il s’expliqua à Nicolas Motovilov, durant l’entretien qu’au mois de novembre 1831 il eut avec lui : « Voyant chez le staretz, raconte Motovilov, une multitude de veilleuses et un nombre encore plus grand peut-être de bougies, grandes et petites qui, à force de couler sur les divers plateaux où elles brûlaient en cercle y laissaient des monticules entiers de cire, je pensai en moi-même : Qu’a donc le [Batiouchka] à allumer une telle infinité de veilleuses et de chandelles dont la pièce se trouve chauffée jusqu’à l’étouffement ? » Et lui, comme s’il lisait dans mes pensées, me dit, pour leur imposer silence : « Vous, ami de Dieu, vous aimeriez savoir la raison qui me fait allumer devant les icônes tant de veilleuses et tant de cierges. La voici : comme vous n’êtes pas sans le savoir j’ai pour m’aimer des gens qui se montrent aussi généreux envers mes petites orphelines du moulin ( les moniales de Diviyévo). Ils viennent me porter de l’huile et des bougies et me supplient de prier pour eux : Lorsque je lis mon office, je les mentionne une fois en commençant. Mais comme leurs noms sont une multitude et que je ne puis les redire en chaque endroit de l’office où il me faudrait les mentionner, parce que le temps ne saurait y suffire, j’allume à leur intention tous les cierges, comme autant de sacrifices agréables à Dieu, un pour chacun d’entre eux. Pour certains un grand cierge, pour d’autres une veilleuse : Et lorsque durant l’office, il me faut en faire mention, je dis : « Seigneur souviens-Toi de tous Tes serviteurs, pour les âmes desquels moi, le pauvre Séraphim j’ai allumé devant Toi ces bougies et ces veilleuses. » Que ceci n’est pas le fruit d’une fantaisie due à moi seul, ni la suite de quelque zèle particulier, et qui ne puiserait pas sa source dans un quelconque commandement divin, je t’en donnerai pour preuve les paroles de la Divine Ecriture. Là, il est dit que Moïse entendit la voix du Seigneur lui enjoignant « de faire brûler une lampe perpétuelle dans la tente du témoignage [et] que [devraient l’y faire] brûler Aaron et ses fils, du soir jusqu’au matin devant le Seigneur ( Ex 27, 20-21). Voici, ami de Dieu, d’où la Sainte Eglise a tiré cette coutume qui, dans les temples saints et les maisons des chrétiens, fait s’allumer des veilleuses devant les saintes icônes du Seigneur, de la Mère de Dieu, des Anges et des hommes saints qui ont su plaire au Seigneur. » (in Archimandrite Justin Popovitch, Saint Séraphim de Sarov, Monastère Orthodoxe Saint Michel, 1987, pp. 68-69)

Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)

Prier (215)



Dieu ineffablement
Par la présence d'un saint
Répond à ta prière
Et t'enseigne la théologie véritable

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 17 juillet 2009

La garde de la Jérusalem intérieure/ La prière selon saint Séraphim de Sarov (3)


"Au cours d’une de ses apparitions au saint, la Mère de Dieu lui ordonna d’entourer d’un fossé le territoire de son nouveau monastère [de Diviyévo où il était père spirituel d’une communauté de moniales], fossé depuis lors appelé kanavka et qui est un des hauts lieux saints de [Diviyévo]. Voici ce qu’en dit la Chronique : « Batiouchka ( littéralement le Petit Père) m’a parlé de la kanavka, raconte sœur Xenia Vassilievna-moniale Capitolina- et il raconte à tous pourquoi elle est ainsi creusée : c’est qu’il s’agit du sentier sur lequel la Mère de Dieu Elle-même a marché lorsqu’Elle a fait de ce monastère son apanage. Là, Elle a posé ses pas ! Les pas de la Souveraine du Ciel, matouchka ( Petite Mère) !… La Mère de Dieu a fait tout le tour, matouchka. Et je te le dis matouchka, celui qui suit cette kanavka et qui récite cent cinquante fois [Bogoroditsé Diévo], ( Vierge Marie, Mère de Dieu, réjouis-toi pleine de grâce, le Seigneur est avec Toi! Tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le fruit de Ton Sein, car Tu as mis au monde le Sauveur de nos âmes) a tout, et le Mont Athos, et Jérusalem et Kiev ! » ( Alexis Arsyboucheff, Mémoire du Cœur, Saint Séraphim de Sarov, Ed. François-Xavier de Guibert, 2000, p.21)
De nos jours, la kanavka est parcourue à nouveau par les pèlerins et sa terre est rapportée de Diviyévo en guise de bénédiction, pour que ceux qui ne peuvent se rendre en ce lieu béni, puissent d’une manière tangible participer à cette prière. La piété populaire veut que l’on pérégrine autour de la kanavka en récitant la prière à la Mère de Dieu et qu’arrivé au bout des cent cinquante prières, on fasse un vœu pieux qui est toujours exaucé par la Toute Sainte. Au début du siècle dernier, un pieux pèlerin accomplit cette dévotion et ne demanda rien à la Très Pure, si ce n’est de toujours garder la prière et l’espérance. Il connut après ce pèlerinage l’exil et les épreuves de la vie, mais jamais il ne perdit la prière et l’espérance malgré toutes les vicissitudes dont son existence fut parsemée.

Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)

Prier (214)



La vraie mystique
C'est de vivre consciemment
La vie de tous les jours
Sous le regard aimant de Dieu

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 16 juillet 2009

La garde de la Jérusalem intérieure/ La prière selon saint Séraphim de Sarov (2)


La tradition rapporte que saint Séraphim de Sarov avait donné aux laïcs qui le lui demandaient une règle de prière spécifique. Les prières initiales n’y sont pas mentionnées, certainement parce qu’il paraît impensable en pays orthodoxe de commencer un temps de prière, quel qu’il soit sans les réciter.
[Gloire à Toi notre Dieu, Gloire à Toi !
Roi du Ciel, Consolateur, Esprit de Vérité, Toi Qui es partout présent et Qui emplis tout, Trésors des biens et Donateur de vie, viens et demeure en nous, purifie-nous de toute souillure et sauve nos âmes, Toi Qui es Bon !

Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, aie pitié de nous! ( Ter )

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit,
maintenant et toujours et aux siècles des siècles.
Amen!

Très Sainte Trinité , aie pitié de nous,
Seigneur, purifie-nous de nos péchés,
Maître, pardonne nos iniquités,
Saint, visite-nous et guéris nos infirmités pour l’amour de Ton Nom!

Kyrie eleison ( Ter )

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit,
maintenant et toujours et aux siècles des siècles.
Amen!

Notre Père qui es aux cieux, que Ton Nom soit sanctifié, que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain substantiel, Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du Malin. ]

"Au lever, que tout chrétien, debout devant les icônes, récite trois fois la prière du Seigneur, en l’honneur de la Sainte Trinité: “ Notre Père qui es aux cieux, que Ton Nom soit sanctifié, que Ton règne vienne, que Ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain substantiel, Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du Malin..”

Qu’il dise ensuite trois fois aussi l’hymne à la Mère de Dieu Très Pure: “ Vierge Marie, Mère de Dieu, réjouis-toi pleine de grâce, le Seigneur est avec Toi! Tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le fruit de Ton Sein, car Tu as mis au monde le Sauveur de nos âmes.”

Qu’il récite ensuite une fois le Symbole de la foi:
“ Je crois en un seul Dieu le Père Tout Puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles; et en un seul Seigneur Jésus-Christ Fils Unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles; Lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par Qui tout a été fait; Qui pour nous hommes et pour notre salut, s’est incarné de Saint Esprit et de la Vierge Marie et s’est fait homme; Il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli et Il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures; Il est monté aux cieux et siège à la droite du Père; et reviendra avec gloire pour juger les vivants et les morts, dont le règne n’aura pas de fin; Et au Saint Esprit, Seigneur, Donateur de vie, Qui procède du Père, Qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, Qui a parlé par les prophètes; Et en l’Eglise, Une, Sainte, Catholique et Apostolique.
Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés. J’attends la résurrection des morts, et la vie du siècle à venir. Amen!

Après ces prières, que le chrétien vaque à ses tâches. En travaillant chez lui, à l’extérieur, en cheminant, qu’il répète à voix basse la Prière de Jésus: “ Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur!” et s’il n’est pas seul, qu’il dise mentalement: “ Kyrie éleison!” et ce, jusques à midi.

Avant de manger, qu’il répète la règle du matin.

L’après-midi, que tout chrétien en vaquant à ses tâches habituelles dise doucement: “ Très Sainte Mère de Dieu, sauve-moi, pécheur!” ou bien “ Seigneur Jésus-Christ, par l’intercession de Ta Très Sainte Mère, aie pitié de moi, pécheur!” Et qu’il poursuive ainsi sa prière jusques au soir.

Au moment d’aller dormir, que tout chrétien récite à nouveau la même règle de prière que celle du matin, puis qu’il s’endorme après avoir fait sur lui le signe de la Croix."

On remarque que dans cette règle pour les laïcs, il recommande la prière du cœur et d’autres prières brèves qu’il est possible de dire en toutes circonstances afin que la prière devienne comme une avec le flux et le reflux du souffle et qu’elle soit véritablement respiration en Dieu.
Saint Séraphim nous a également transmis la règle de prière de la kanavka. (petit fossé en russe)


Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)

Prier (213)



La Mère de Dieu
Te regarde dans son icône
Et tu ressens une immense tendresse
Qui s'empare de ton cœur
Et qui réjouit ton âme

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 15 juillet 2009

La garde de la Jérusalem intérieure/ La prière selon saint Séraphim de Sarov (1)


Le Père Séraphim de Sarov est certainement le saint le plus universellement connu bien au delà des frontières de l’église orthodoxe russe. Sa popularité tient à ce que sa personnalité lumineuse et sa spiritualité authentique s’expriment en un langage simple et accessible à nos contemporains. Ses enseignements témoignent de la Voie Royale de l’Orthodoxie universelle : tout y est mesuré et conforme à l’ascèse et l’enseignement traditionnels, avec toujours cette grande sagesse qui fait que la lettre et l’esprit ne sont jamais confondus, que la règle de conduite spirituelle reste garde-fou et non carcan rigide, de même que les dogmes sont limites nécessaires au salut de l’homme, mais non prison.
La haute exigence qu’il eut pour lui-même, l’acribie ( justesse, respect strict d’une règle) qu’il s’appliqua, ne l’empêchèrent pas de pratiquer pour les autres l’économie divine. Saint Séraphim parle directement aux cœur des fidèles. La longue ascèse qui fut la sienne, sa descente en lui-même pour y éradiquer ce qui n’était pas de Dieu, son ascension aux plus hauts sommets de la prière, lui ont permis après de longues années de silence prégnant face à l’Absolu, de connaître le fonctionnement subtil de l’être humain dans toutes ses composantes, âme, corps et esprit.
Le merveilleux témoignage de celui qui fut guéri par lui, démontre avec éloquence que l’enseignement du saint Staretz de Sarov n’était pas seulement un bel édifice théologique, mais une prière vivante. En effet le texte sur l’Acquisition du Saint Esprit restitué par Nicolas Alexandrovitch Motovilov nous montre en saint Séraphim un homme très simple, familier, accessible, aux paroles doucement persuasives, qui, avec un respect infini et une humilité insigne « dévoile » à l’un de ses frères en humanité le plus grand des mystères chrétiens, celui de la présence quasi tangible de Dieu. Et à Nicolas Alexandrovitch, émerveillé par cette révélation extraordinaire, qui s’inquiète de savoir s’il pourra se remémorer d’une manière aussi claire et vivante qu’au moment même où il l’éprouve encore, la miséricorde de Dieu ainsi manifestée par la prière du staretz, le saint répond : « Je pense que le Seigneur vous aidera à la retenir à jamais dans votre mémoire sinon Sa Bonté n’aurait jamais condescendu à répondre à mon humble prière et Il n’aurait pas ainsi anticipé la requête du pauvre Séraphim ; ceci [est] d’autant plus[vrai]qu’il n’est pas donné à vous seulement de la comprendre, mais par vous ceci est [destiné] au monde entier afin que vous ayez confirmation de l’œuvre de Dieu et que cela soit utile aux autres. » ( Entretien avec Motovilov : Chapitre 7, La Paix et la Chaleur de la Grâce –sauf indication contraire, tous les textes cités dans cet ouvrage ont été traduits par l’auteur)
Apprendre à prier avec l’aide de saint Séraphim, fait de nous soudain des émules de Nicolas Alexandrovith Motovilov. Le saint Staretz lui-même a voulu que cette merveilleuse révélation nous parvienne et nous vivifie. Cela requiert donc que l’on s’engage dans cette Voie de la prière en demandant au saint sa bienveillante intercession pour qu’il nous aide à retrouver une foi profonde et un état d’esprit favorable à cette noble entreprise. Que sa sainte prière pallie donc notre tiédeur et notre peu de foi !
Saint Séraphim avait une expérience particulière de la prière et il avait indubitablement atteint la perfection dans ce domaine spirituel. Nous ne saurions donc avoir de maître plus approprié. Il connaissait toutes les facettes de la prière, celle d’Eglise et ses offices, celle de la Règle monastique, et surtout celle de la prière hésychaste de Jésus qu’il pratiqua en nouveau stylite mille jours et mille nuits sur un rocher au Désert de Sarov. Sa prière fit, à plusieurs reprises, se rejoindre le Ciel et la terre et les hôtes célestes le gratifièrent de nombreuses apparitions. Sa familiarité avec la Mère de Dieu et les saints était telle qu’il semblait frapper à l’huis du Paradis et y être introduit dès qu’il se mettait en prière. On le vit resplendissant de Lumière. On l’aperçut, élevé au-dessus du sol comme si le Ciel plutôt que notre terre exerçait son irrésistible attraction sur lui. Il voyait le passé comme présent, vivant à cette lisière du temps mystique où le monde sensible et l’au-delà se rejoignent dans la mémoire éternelle du Créateur. Pour qui vit, comme il le faisait, dans l’Aujourd’hui de Dieu, seule mesure divine du temps dans l’éternité, ce temps n’existe plus que comme tension vers l’avant, vers cet avenir de l’âme en Dieu dans le Jour sans déclin du Royaume. Le passé n’existe plus et le futur est l’éternel présent du Créateur. La clef de ce Royaume est la prière.
Il a durant sa belle vie longuement parlé de cette conversation intime avec Dieu qu’était sa prière. Ses Instructions Spirituelles, même si elles ne recouvrent pas le seul sujet de la prière, donnent une idée relativement complète de ce que recommandait saint Séraphim à ceux, laïcs ou religieux, qui lui demandaient comment prier. Ces enseignements, écrits en 1839, six ans après son bienheureux natalice (naissance au Ciel) par le hiéromoine Serge et révisés par le Métropolite Philarète pour des raisons de correction grammaticale et de clarté, furent publiées en 1841. Même si leur agencement n’est pas le fait de l’humble Séraphim, les thèmes abordés constituent clairement avec l’Entretien, l’essentiel de l’enseignement du Staretz de Sarov, une véritable anthologie sur la prière. Cependant d’autres sources, ses Vies en particulier, et diverses paroles de Père Séraphim conservées par la Tradition, confirment les enseignements des Instructions, les complètent, et mentionnent également certaines règles de prière donnée par le saint.
Comment saint Séraphim pria-t-il dans sa préparation au Désert de Sarov, avant véritablement de se mettre à enseigner les autres? Une vie anonyme précise : « qu’adhérant strictement à la règle de prière de saint Pacôme, prescrite par les Pères du Désert, saint Séraphim se levait vers minuit pour réciter le Mésonyktikon (Office de Minuit) et l’Orthros (Matines) et pour lire Prime. Avant dix heures du matin, il commençait à lire les offices de Tierce, Sexte et None et les Psaumes Typiques. A la fin de l’après-midi, il récitait les Vêpres et après son repas du soir, l’Apodypnon (Complies). Avant de se retirer pour dormir, il lisait les prières du coucher. En plus de cela, il récitait les Psaumes, d’abord selon la règle de saint Pacôme, puis plus tard selon une séquence qu’il avait établi lui-même et qu’il appelait « la règle personnelle de Séraphim ». Il lisait aussi l’Ecriture et plus particulièrement les Evangiles. Le reste du temps, il répétait continuellement la prière hésychaste du cœur dans le silence. ( Prepadobny Seraphim Sarovsky, p. 18, cité in : Constantine Cavarnos & Mary-Barbara Zeldin, Saint Seraphim of Sarov, Institute for Byzantine & Modern Greek Studies, USA,1980)

Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)

Prier (212)



L'espoir
A toujours le visage lumineux
Du Christ ressuscité
Au matin de Pâques

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 14 juillet 2009

Père Barnabas Powell: Qu'y a-t-il dans un nom? Quelquefois un encouragement



Maman ne m'a pas donné pour nom Barnabé. En fait, personne dans ma famille, n'avait jamais entendu ce nom jusqu'à ce que que je l'ai choisi moi-même.

La coutume orthodoxe des temps anciens consiste à donner à nos enfants des noms de saints. Ce saint devient le saint patron des enfants, qui prie pour leur âme.

Quand un adulte se joint à l'église, il choisit son propre saint. S'il a déjà le nom d'un saint, il est
encouragé à prendre ce saint comme son saint patron.

Dans mon cas, il n'y avait pas de saint Brad. Je n'ai jamais compris comment j'ai eu ce nom. Il n'y avait pas de précédent dans la famille.

J'ai cherché, en vain, "Les Grande Brads de l'Histoire." "Brad" n'a jamais vraiment été ressenti par moi comme me convenant, il n'était pas non plus très inspirant. Lorsque mon prêtre m'a conseillé quelques mois avant ma conversion, de choisir un saint patron, j'ai demandé une liste complète de tous les saint avec une brève description.

Il a suggéré que je relise ma Bible et que je cherche quelqu'un à partir de ses pages, qui m'apparaîtrait comme un modèle.

J'ai finalement réduit le choix à trois: Philippe (avec sa réponse évangélique à l'eunuque éthiopien), Stéphane (premier martyr), et Barnabé (qui présente l'ancien persécuteur Paul aux autres apôtres). Cet acte de rétablissement de la paix, accompagné de son élan missionnaire, a dirigé mon choix en fin de compte .

Dans le choix d'un saint patron, j'ai aussi choisi une compréhension particulière de l'ecclésiologie (la branche de la théologie traitant de la nature de l'Eglise).

L'église est beaucoup plus qu'une organisation dont les membres sont des chrétiens actuellement en vie. Il s'agit d'une communion à la fois des vivants et des défunts.

Comme nous prions les uns pour les autres, ici sur terre, cette relation continue après la mort. Les chrétiens orthodoxes prient pour les défunts, non seulement à leurs funérailles, mais à de nombreuses reprises tout au long de l'année.

De même, les défunts peuvent prier pour nous, et nous reconnaissons que certains d'entre eux sont particulièrement dignes qu'on leur demande de prier pour nous.

Leur désignation en tant que saints n'est pas une question de fiat ecclésiastique, mais une reconnaissance de la vénération déjà existante. Un saint est quelqu'un de si sacré que nous continuons à lui demander de prier pour nous, même après son départ de cette vie.

Les visiteurs d'un temple orthodoxe verront les murs couverts d'icônes: des images du Christ, de Marie [Mère de Dieu] et des saints. Les icônes nous rappellent que chaque fois que nous nous réunissons en Eglise, les fidèles de tous les temps et de tous les lieux se rassemblent avec nous.

La mort biologique est une condition sans signification pour la détermination de l'adhésion à l'Eglise. L'apôtre Barnabé est aussi "vivant" que je le suis, et probablement plus que jamais je ne le serai.

Je lui demande de prier pour moi avec autant d'espoir que je demande à quelqu'un d'autre de le faire.

Saint-Barnabé ne prie pas seulement pour moi, il est mon modèle. Les jeux de rôle comme Dongeons and Dragons vous font assumer un personnage de fiction comme un moyen de vous retirer de la réalité pendant quelques heures un vendredi soir. Au mieux, cela est sans danger...

Avoir un saint patron est tout à fait le contraire de cette évasion. Nous ne jouons pas à la sainteté. Nous recherchons cela comme la seule quête digne d'être poursuivie dans la vie.

Le salut n'est pas un événement, mais un processus. Je suis sauvé, je suis entrain d'être sauvé. Les saints nous poussent à suivre le Christ, car ils ont réussi à le faire malgré les difficultés.

Plus tôt ce mois-ci, j'ai célébré le jour de la fête annuelle de Saint Barnabé. Tandis que j'écoutais les hymnes prévues et les lectures de l'Écriture, j'ai été frappé - et même embarrassé - par le peu de ressemblance que j'ai avec cet homme que les Actes décrivent comme "un homme bon, plein de l'Esprit Saint et de foi".

Son nom original était Joseph. "Barnabé" (fils d'encouragement) a été ajouté en reconnaissance de sa vertu principale qui était de réconforter les âmes.

Il serait ridicule pour moi de me comparer à un tel homme, mais cette comparaison n'est pour moi qu'un encouragement à être une meilleure personne.

Si Joseph a pu devenir Barnabé, espérons que Brad pourra aussi le faire.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Prier (211)



Ce n'est pas ce que tu sais
Mais combien tu aimes
Qui importe au Maître

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 13 juillet 2009

La Prière, mesure de toute chose. Père Paul Jannakos




Dans l'Église orthodoxe, on nous enseigne que la vie dans la foi est tributaire du progrès dans la prière. Ceux qui grandissent dans la grâce de Dieu, le font donc parce que leur prière est authentique, tandis que ceux qui "perdent leur âme" le font pour une seule raison: parce qu'ils ont refusé de se donner à Dieu dans une vie de prière. Saint Théophane le Reclus dit que "la prière est donc l'épreuve de tout, la source de tout, et ce qui dirige tout, car si notre prière est correcte, tout le reste sera correct aussi."

Alors, que devons-nous faire pour que notre prière soit "correcte" comme le dit Saint Théophane?

Premièrement, nous devons prendre du temps pour la prière sur une base régulière, chaque jour - le matin et le soir. Les saints appellent cela la "règle de la prière." Nul ne progresse dans la vie spirituelle sans être obéissant à cette règle simple. Pourquoi est-ce important? Parce que la prière a besoin de son propre temps, de sorte que nous pouvons consacrer le corps, l'esprit et l'âme à Dieu complètement. C'est ce que veut dire le Christ dans les Evangiles, quand Il dit: "Mais quand tu pries, entre dans ta chambre et ferme la porte et prie ton Père qui est dans le secret." (Mat.6.6).

Deuxièmement, nous devons chercher Dieu tout au long de la journée (et de la nuit) à travers la pratique de la prière incessante. Nous devons tenir compte de Dieu dans tout ce que nous faisons. "Je bénirai le Seigneur en tout temps, Sa louange sera toujours dans ma bouche." (Psaume 33) "Cherchez Dieu et votre âme vivra." (Ps 69) "Heureux ceux qui ont faim et soif, de justice, car ils seront rassasiés." (Matthieu 5:6). Donc, si nous sommes au travail, ou à la maison avec les enfants, ou occupés à conduire la voiture, nous prions en étant continuellement conscients du Seigneur . Les Pères de l'Eglise, font référence à cette pratique en l'appelant la "prière incessante du coeur." Ceux qui se sont perfectionné dans l'amour de Dieu se souviennent constamment de Lui.

Troisièmement, nous devons nous engager dans la vie liturgique et sacramentelle de l'Eglise. L'Église orthodoxe enseigne que notre prière personnelle ne sera jamais vraie que si nous nous réunissons en tant que Corps du Christ. Notre prière, la prière du corps du Christ, et notre prière personnelle, vont de pair. Ces deux types de prières sont "en symbiose", car elles ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre.

Quatrièmement, nous devons purifier nos coeurs de la mauvaise volonté envers les autres. Nous devons éliminer de notre âme, la présence de la colère, la méchanceté, et l'esprit de jugement à l'égard de notre frère ou de notre sœur. Car, comme nous le disons dans la prière de saint Ephrem le Grand, "O Seigneur, accorde-moi de voir mes propres péchés et de ne pas juger mon frère ... " Ici, nous apprenons que Dieu accepte notre prière aussi longtemps que nous pardonnons aux autres les torts qu'ils ont envers nous.

Cinquièmement, nous devons être fidèles aux jours de jeûne et aux saisons de carême de l'Église. Pourquoi le jeûne est si important? Parce que l'Eglise sait qu'en tant qu'êtres humains nous sommes psychosomatiques par nature - la manière dont nous traitons notre corps a une grande influence sur la vie de l'âme. Le sens profond du jeûne est tout simplement de nous apprendre la nécessité de la modération: nous mangeons pour vivre et non l'inverse. Inversement, ceux qui sont devenus esclaves de leur estomac et qui mangent tout au long de la journée, comme le dit saint Jean Chrysostome, ne seront jamais capables de la prière. La sensualité et la contemplation sont diamétralement opposées.

Enfin, nous devons renoncer à notre vie dans une humble obéissance à un père spirituel. Car nous ne pourrons jamais progresser dans la prière, sans avoir quelqu'un pour nous aider sur le chemin. En Amérique, la plupart des chrétiens d'aujourd'hui tendent à être "des chrétiens solitaires". Ils veulent agir de leur propre initiative. "Moi et Jésus, c'est tout ce dont j'aurai jamais besoin." Mais c'est une dangereuse erreur de perception. Les saints Pères se plaisent à dire que la personne qui s'est choisie elle-même pour propre guide spirituel a choisi un imbécile.

N'oublions jamais une chose: que le plus grand trésor de l'orthodoxie chrétienne est sa compréhension de la prière. Que Dieu nous aide à voir la valeur véritable de ce grand trésor ! Plus important encore, que Dieu nous aide à prier toujours plus sincèrement, fidèlement et sans cesse. "Seigneur, apprends-nous à prier!"

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Prier (210)



Marque chaque instant de ta vie
Du signe de la Croix vénérable
Et il y aura toujours au-delà du Golgotha
Le lumineux jardin de la résurrection
À chaque détour de ton chemin

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 12 juillet 2009

Staretz Germain de Stavrovouni (1906-1982): Des Pensées


Elder Germanos of Stavrovouni

Chasse les pensées du péché, de façon à ce qu'elles ne prennent pas racine. Si ta pensée donne une mauvaise image à ton imagination, chasse-la le plus rapidement possible. 
+
Ne pollue pas ton corps avec tes mauvaises actions et ton âme avec des pensées mauvaises, et alors la paix de Dieu viendra à toi. Ensuite, tu réaliseras que Dieu Lui-même demeure en ton âme. 
+
Les pensées sont de trois sortes:  spirituelles, lorsque par exemple tu penses à la mort, à l'heure du Jugement, à la vie future et ainsi de suite. Naturelles, par exemple lorsque tu penses à ton travail, à tes champs, ou s'il va pleuvoir, etc... Les mauvaises, lorsque tu penses avec affection au plaisir, à la chair, aux choses matiérielles, dans la vaine gloire et, en général, d'une manière qui s'oppose à la volonté de Dieu. Les pensées spirituelles sont comme des pierres précieuses, tandis que les mauvaises, au contraire, sont quelque chose de dégoûtant. Si les pensées sont mauvaises, nous ne devons pas les accepter, nous devons les mépriser, nous ne devons pas consentir à leur prêter attention. Nous ne sommes pas responsables des pensées mauvaises. Notre responsabilité se définit à partir du moment où, soit on les accepte, dans ce cas, nous faisons un péché, soit nous les rejetons, dans ce cas, nous faisons la volonté de Dieu. Dieu permet que nous soyons tentés, pour que notre foi soit éprouvée, et pour révéler si nous L'aimons véritablement. "Ceux qui ont confiance dans le Seigneur, ressemblent à la montagne sacrée, qui n'est pas du tout ébranlée par les attaques de Bélial." (Anavathmos du dimanche, Ton 2) À l'instar de la montagne, nous devons rester inébranlables devant les attaques des  pensées mauvaises.

+
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Prier (209)



Tout n'est pas déterminé
Et l'immense miséricorde de Dieu
Te permet d'espérer le salut

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)