samedi 18 juillet 2009

La garde de la Jérusalem intérieure/ La prière selon saint Séraphim de Sarov (4)


La prière se manifeste aussi quelquefois de manière tangible par les cierges ou les veilleuses que nous allumons dans nos « beaux coins » d’icônes ou bien à l’église. Le Staretz avait l’habitude, lorsqu’il intercédait devant le trône de Dieu pour ceux et celles qui le lui avaient demandé, d’en faire monter la lumière vers Dieu en abondance.
Saint Séraphim commémorait en effet des listes innombrables de nom lorsqu’il intercédait devant le Trône de Dieu. « Durant la prière, le saint accordait une importance extrême aux cierges de pure cire qui, dans sa cellule, brûlaient devant les icônes. De cet usage, il s’expliqua à Nicolas Motovilov, durant l’entretien qu’au mois de novembre 1831 il eut avec lui : « Voyant chez le staretz, raconte Motovilov, une multitude de veilleuses et un nombre encore plus grand peut-être de bougies, grandes et petites qui, à force de couler sur les divers plateaux où elles brûlaient en cercle y laissaient des monticules entiers de cire, je pensai en moi-même : Qu’a donc le [Batiouchka] à allumer une telle infinité de veilleuses et de chandelles dont la pièce se trouve chauffée jusqu’à l’étouffement ? » Et lui, comme s’il lisait dans mes pensées, me dit, pour leur imposer silence : « Vous, ami de Dieu, vous aimeriez savoir la raison qui me fait allumer devant les icônes tant de veilleuses et tant de cierges. La voici : comme vous n’êtes pas sans le savoir j’ai pour m’aimer des gens qui se montrent aussi généreux envers mes petites orphelines du moulin ( les moniales de Diviyévo). Ils viennent me porter de l’huile et des bougies et me supplient de prier pour eux : Lorsque je lis mon office, je les mentionne une fois en commençant. Mais comme leurs noms sont une multitude et que je ne puis les redire en chaque endroit de l’office où il me faudrait les mentionner, parce que le temps ne saurait y suffire, j’allume à leur intention tous les cierges, comme autant de sacrifices agréables à Dieu, un pour chacun d’entre eux. Pour certains un grand cierge, pour d’autres une veilleuse : Et lorsque durant l’office, il me faut en faire mention, je dis : « Seigneur souviens-Toi de tous Tes serviteurs, pour les âmes desquels moi, le pauvre Séraphim j’ai allumé devant Toi ces bougies et ces veilleuses. » Que ceci n’est pas le fruit d’une fantaisie due à moi seul, ni la suite de quelque zèle particulier, et qui ne puiserait pas sa source dans un quelconque commandement divin, je t’en donnerai pour preuve les paroles de la Divine Ecriture. Là, il est dit que Moïse entendit la voix du Seigneur lui enjoignant « de faire brûler une lampe perpétuelle dans la tente du témoignage [et] que [devraient l’y faire] brûler Aaron et ses fils, du soir jusqu’au matin devant le Seigneur ( Ex 27, 20-21). Voici, ami de Dieu, d’où la Sainte Eglise a tiré cette coutume qui, dans les temples saints et les maisons des chrétiens, fait s’allumer des veilleuses devant les saintes icônes du Seigneur, de la Mère de Dieu, des Anges et des hommes saints qui ont su plaire au Seigneur. » (in Archimandrite Justin Popovitch, Saint Séraphim de Sarov, Monastère Orthodoxe Saint Michel, 1987, pp. 68-69)

Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)

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