samedi 7 février 2009

Sainte Elisabeth de Russie: Ses deux dernières lettres...





Lettre I

Seigneur bénis !

Que la Résurrection du Christ vous réconforte et vous donne à toutes de la force!

A 6 heures nous avons dépassé Rostov et le soir la Trinité Saint Serge. Que Saint Serge, Saint Dimitri et Sainte Euphrosyne de Polotsk nous gardent tous, mes très chères.

Voyager est aisé. Il y a de la neige partout. Je ne puis oublier [dans la journée d’]hier tous vos chers et doux visages. Ô Seigneur, quelle souffrance il y avait en eux, oh comme mon cœur en souffrit! A chaque minute [qui passait] vous m’êtes devenues plus chères, comment puis-je vous quitter, comment puis-je vous consoler, comment puis-je vous donner de la force ? Souvenez-vous de tout ce que je vous ai dit, mes très chères. Soyez toujours non seulement mes enfants, mais des disciples obéissantes. Restez unies et soyez comme une seule âme – tout pour Dieu – et dites comme Saint Chrysostome : « Gloire à Dieu en toute chose!" Je vivrai avec l'espoir d'être avec vous bientôt et je veux vous retrouver toutes ensemble. En plus de l’Evangile, lisez les épitres des Apôtres ensemble.

Sœurs plus âgées, unissez vos sœurs. Demandez à l’évêque Tikhon de prendre les « poussins » sous son aile. Préparez mes pièces pour lui dans la salle du milieu. Ma cellule servira pour la Confession et la grande salle sera une salle de réception. S'il n’y a pas de retard, cela prendra cinq jours pour aller là-bas. Catherine reviendra vers vous aussitôt qu’elle le pourra et vous dira commet cela s’est passé pour nous.

De très doux anges gardiens nous ont été donnés. Nous dormons mal à cause de nos pensées. Merci pour la nourriture, nous en aurons plus en route. J’essaie de prier Saint Serge. J’ai une Bible avec moi: nous lirons, nous prierons et nous espérerons.

Pour l’amour de Dieu, ne perdez pas courage. La Mère de Dieu sait pourquoi Son Fils Céleste nous a envoyé cette épreuve le jour de Sa fête.

« O Seigneur, je crois, viens en aide à mon peu de foi ! »
La providence de Dieu est insondable.



Lettre II

Mes chers petits enfants. 
Vous avez toutes communié gloire à Dieu ! Vous vous êtes tenues devant le Sauveur comme une seule âme. Je crois que le Sauveur a été avec vous toutes sur cette terre, et qu’au Jugement Dernier, cette prière va s’élever à nouveau devant la face de Dieu, en miséricorde pour chacune de vous et pour moi !

Je ne puis vous exprimer combien j’ai été touchée et comblée de joie jusques au fond de mon âme par vos lettres. Vous m’avez toutes, sans exception écrit que vous vous efforcerez de vivre comme je vous l’ai souvent dit. Oh, comme vous allez maintenant vous perfectionner pour le salut, je vois déjà là un bon début, mais ne soyez pas abattues et ne faiblissez pas dans vos bonnes intentions, et le Seigneur, qui pour un temps nous a séparées, vous fortifiera spirituellement.

Priez pour moi pécheresse, que je sois digne de revenir vers mes petits enfants, et rendue parfaite pour vous et pour que nous puissions toutes penser à la manière de vous préparer pour la Vie Eternelle. Vous vous souvenez que j’ai souvent eu crainte que vous ne trouviez trop de force dans la vie dans le soutien [que je vous apportais] et j’avais l’habitude de vous dire : « Vous devez vous appuyer plus sur Dieu » Le Seigneur dit : « Mon fils donne-moi ton cœur et tes yeux afin qu’ils considèrent Mes voies » Alors vous pouvez êtres sûres que si vous donnez à Dieu votre cœur, c’est-à-dire vous-mêmes, vous Lui donnez tout.

A présent vous souffrez involontairement, mais avec Lui seulement nous trouvons consolation pour supporter la Croix de séparation qui nous est commune.

Le Seigneur a trouvé qu’il était temps pour nous de porter Sa Croix, efforçons-nous d’être dignes de cette joie. Je pensais qu'étant si faibles, nous n’avions pas encore assez grandi pour porter une lourde croix.

« Le Seigneur a donné et le Seigneur a repris, qu’il soit ainsi! » Quel exemple nous donne Saint Job, avec son humble soumission et sa patience dans les épreuves. C’est la raison pour laquelle Dieu lui donne ensuite la joie.

Combien d’exemples de telles épreuves, ne trouvons-nous pas chez les Saints Pères et dans les Saints Monastères? Préparez vous à la joie d’être à nouveau ensemble, nous serons patientes, humbles. Ne maugréons pas, soyons reconnaissantes pour tout.

En ce moment, je lis le merveilleux livre de Saint Jean de Tobolsk. Voici qu’il écrit "Le Dieu Miséricordieux préserve et donne la sagesse à tous ceux qui remettent leur cœur à Sa Sainte Volonté et avec les mêmes paroles, Il soutient et fortifie le cœur, afin que nous ne transgressions pas la volonté de Dieu, en nous inspirant secrètement : « Vous êtes toujours avec Moi, vous êtes toujours en Mon esprit et Ma mémoire, vous obéirez à Ma volonté sans hésitation. Je suis toujours avec vous je veille sur vous avec amour et Je vous garde afin que vous ne perdiez pas Ma Grâce, Ma Miséricorde et les dons de Ma Grâce. Tout ce qui est Mien, est vôtre : Mon paradis, les Anges et même plus : Mon Fils Unique engendré ! »

Je suis Tien, Moi-même je suis Tien,  et je serai Tien, comme Je l’ai promis au fidèle Abraham : Je suis ton bouclier, Ma récompense est éternellement grande dans les siècles des siècles (Genèse 1, 15)
« Mon Seigneur, Tu es mien, véritablement mien… Je t’entends et j’obéirai à Tes Paroles de tout mon cœur. » Dites ces paroles chaque jour et nous vous sentirez légères, légères dans vos cœurs.

"Mais ceux qui espèrent en le Seigneur, renouvelleront leur force ; ils s’élèveront avec des ailes comme les aigles ; ils courront et ne seront pas las ; et ils chemineront et ne seront pas faibles " (Prophète Isaïe….)

"O Seigneur, je crois, viens en aide à mon peu de foi ! »

Mes petits enfants, aimons-nous pas en paroles ni en langues, mais en actes et en vérité ( Epitres)

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec vous, et que soit avec vous mon amour en Jésus-Christ. Amen !

Votre intercesseur aînée en Dieu et votre mère aimante en Christ,

Mère Elisabeth

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après la version 
d'Orthodox England


Prier (55)



La Croix
Tracée sur toi
T'enlève au monde
Et t'ajoute au Ciel

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 6 février 2009

Prier (54)



Les saints sont des pierres sûres
Dans le cours du torrent 
Ils aident à la traversée de la vie 
Mains fraternelles
Tendues dans la prière

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 5 février 2009

Saint Séraphim: Le chemin de la Foi (5)



L’enseignement le plus accompli de Saint Séraphim est dans sa vie faite de podvigs : il est comme tous les saints, un modèle pour les chrétiens, mais lorsque nous le connaissons, nous gardons pour lui une tendresse particulière et quand nous lui demandons son intercession, nous avons l’impression de le mieux connaître, d’être plus proches de lui, d’avoir avec lui la possibilité de nous montrer plus familiers malgré la distance que notre médiocrité spirituelle devrait établir entre lui et nous. 




Il est un saint de prédilection pour nos cœurs et nos âmes. Ce n’est jamais sans émotion lorsque nous avons la bénédiction de recevoir dans nos paroisses d'Europe l’icône de Koursk, que nous la vénérons. Nous savons qu’elle a guéri le petit enfant Prokhore qui allait devenir le grand saint Séraphim et nous mêlons alors avec tendresse et dignité la douceur précieuse que nous donne la Mère des Croyants à la bonté souriante que nous ressentons à l’approche du saint de Sarov. Car nous avons avec lui une véritable amitié spirituelle. Il fait partie de notre famille. Souvent, il a été à la source miraculeuse de notre conversion. Plus souvent encore, il nous a lié spirituellement à des frères et des sœurs orthodoxes, comme le père aimant qu'il reste dans l'éternité de l'Eglise.

Nous connaissons sa tendre compassion pour les fidèles, sa grande miséricorde et l'attention qu'il porte à nos prières, lui qui eut le souci de ses orphelines et de ses moniales, et leur promit d'intercéder pour elles au-delà des frontières de la mort. 




Deux pèlerins furent bénis il y a quelques années par un prêtre qui portait un épitrachelion de Saint Séraphim: jamais il n'y eut bénédiction plus fragrante, car le saint était là, comme présent invisiblement dans cette bénédiction, et il le manifesta par un parfum ineffable d'une douceur infinie. La présence de saint Séraphim est tangible dans la prière. Elle est certitude, paix et joie à la fois. (à suivre)


Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Prier (53)




Nostalgie bienheureuse
Des jours à venir
Dans le Royaume
Entrevus subrepticement
Au sortir d'une prière sans mots

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 4 février 2009

Saint Séraphim: Le chemin de la Foi (4)




Ses podvigs paraissent obsolètes à nos contemporains, qui, se voulant résolument modernes et délivrés de toute forme de « crédulité », ne cherchent dans le merveilleux qu’ils acceptent, qu’une évasion du réel inutile et fugace, au lieu de se mettre en quête de la réalité ultime bien plus réelle du monde spirituel. Ils semblent n’assigner au christianisme qu’un rôle de reliquat culturel tolérable s’il reste dans les bornes bien établies qui ne troublent pas outre mesure leur existence douillette et facile.

À l’heure où la pudeur disparaît, où tout devient public de ce qui est le plus intime de la vie des hommes, le fait qu’un moine puisse, comme Saint Séraphim, être resté mille jours et mille nuits sur une pierre à prier Dieu dans le secret, est au mieux un mystère insondable, au pire une pure folie. 

Hélas trop souvent pour nos contemporains, Dieu est relégué dans un exil terrible loin de nos vies, et nous ne l’autorisons plus qu’à se laisser adorer dans des rites pratiques et rapides qui n’empiètent pas sur notre vie par ailleurs si riche…en banalités passagères et inutiles. Les croyants participent parfois à cet esprit en privilégiant l’activisme forcené et le seul engagement dans la cité, en oubliant la Cité de Dieu et en négligeant totalement l’ascèse comme improductive. Fait-on mine de croire que les héros spirituels du passé ne savaient que prier et donc n’étaient pas efficaces, ou que leur imitation serait dépassée de nos jours ? Jésus-Christ n’est-il donc pas, selon les Ecritures, le même hier, aujourd’hui et à jamais ? L’avons-nous oublié ?

Saint Séraphim a certainement accompli bien d’autres podvigs que l’histoire sainte n’a pas retenus, mais la conscience de sa haute stature perdure. Dans les années trente du siècle vingtième, une femme se trouvait prisonnière au goulag dans la région de Sarov. Elle recueillit parmi les prisonniers de la région d’autres informations sur la vie du saint dont la présence était encore bien réelle plus d’un siècle après sa mort dans la mémoire de ceux qui, dans l’antichambre des enfers soviétiques, attendaient de le rejoindre au Ciel. Le saint était encore présent parmi ses enfants en ces temps de souffrances extrêmes qu’il avait prévues dans sa clairvoyance.

Nous avons compris que c’étaient ses podvigs qui avaient conduit le saint ermite à devenir le grand thaumaturge et le prompt intercesseur devant le trône de Dieu, c’est pourquoi il doit nous encourager à nous engager plus sérieusement et d’une manière plus féconde dans la vie spirituelle. La raison unique et ultime de son ascèse selon lui-même était l’acquisition du Saint Esprit, but véritable du Chrétien et étape ultime de sa foi. Il a cherché le Consolateur et il L’a acquis avec la grâce de Dieu et ses podvigs. Il a véritablement rencontré le Consolateur. 

Mais n’est-ce pas un labeur de moine que cette ascèse ? Il avait prévu cette question. Il y a répondu clairement dans son entretien avec Motovilov : "Le fait que je sois moine et que vous soyez laïc n’entre pas en ligne de compte. Ce que Dieu demande, c’est la foi véritable en Lui-même et Son Fils Unique. En retour, Il accorde d’En Haut la grâce du Saint Esprit. Le Seigneur recherche en nous un cœur rempli à ras bord d’Amour pour Dieu et notre prochain. C’est là le trône sur lequel Son Amour aime siéger et sur lequel Il apparaît dans la plénitude de Sa gloire céleste. Mon Fils, donne-moi, donne-moi ton cœur." ( Proverbes 23, 26)


Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Prier (52)



La source intérieure
Qui jaillit 
Jusques en la Vie Eternelle
C'est la prière du cœur

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Epitre de Saint Jacques Chapitre 3


Иаков брат Господень, апостол

3.1
Mes frères, qu'il n'y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement.
3.2
Nous bronchons tous de plusieurs manières. Si quelqu'un ne bronche point en paroles, c'est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride.
3.3
Si nous mettons le mors dans la bouche des chevaux pour qu'ils nous obéissent, nous dirigeons aussi leur corps tout entier.
3.4
Voici, même les navires, qui sont si grands et que poussent des vents impétueux, sont dirigés par un très petit gouvernail, au gré du pilote.
3.5
De même, la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses. Voici, comme un petit feu peut embraser une grande forêt.
3.6
La langue aussi est un feu; c'est le monde de l'iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne.
3.7
Toutes les espèces de bêtes et d'oiseaux, de reptiles et d'animaux marins, sont domptés et ont été domptés par la nature humaine;
3.8
mais la langue, aucun homme ne peut la dompter; c'est un mal qu'on ne peut réprimer; elle est pleine d'un venin mortel.
3.9
Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l'image de Dieu.
3.10
De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi.
3.11
La source fait-elle jaillir par la même ouverture l'eau douce et l'eau amère?
3.12
Un figuier, mes frères, peut-il produire des olives, ou une vigne des figues? De l'eau salée ne peut pas non plus produire de l'eau douce.
3.13
Lequel d'entre vous est sage et intelligent? Qu'il montre ses oeuvres par une bonne conduite avec la douceur de la sagesse.
3.14
Mais si vous avez dans votre coeur un zèle amer et un esprit de dispute, ne vous glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité.
3.15
Cette sagesse n'est point celle qui vient d'en haut; mais elle est terrestre, charnelle, diabolique.
3.16
Car là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes sortes de mauvaises actions.
3.17
La sagesse d'en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d'hypocrisie.
3.18
Le fruit de la justice est semé dans la paix par ceux qui recherchent la paix.

Traduction Louis Segond 1910

mardi 3 février 2009

Saint Séraphim: Le chemin de la Foi (3)




Sur le plan spirituel, nous sommes souvent le jeune homme riche de l’Evangile. Nous voulons suivre le Christ comme saint Séraphim et tous les saints, mais ne rien abandonner de nos biens et de nos vies, oubliant que celui qui ne donne pas sa vie (son âme) la perdra irrémédiablement. 

La parole de Vie du Christ, à cette ombre frêle et velléitaire du jeune homme riche, est forte. Ce dernier en sent le caractère très précieux, mais il préfère ses possessions en grand nombre qu’il n’emportera pas avec lui dans la tombe, plutôt que l’immédiateté de la Vie en Christ qui lui ouvrirait dès à présent et à jamais la richesse éternelle du Royaume des Cieux. Il a l’intuition terrible et fantastique des Biens éternels et de la Vérité qui s’incarne en Christ, il en ressent le caractère authentique, mais il ne peut se résoudre à abandonner ce qu’il a actuellement pour le bref instant de sa vie terrestre qui ne lui appartient pas véritablement et sur lequel il n’a nulle prise. Il ne veut pas troquer la jouissance éphémère et illusoire des biens putrescibles pour entrer vivant dans l’Eternité avec le Maître saint Qui en est le garant et la porte vive. Il repart triste, dit l’Evangile, et même son nom est oublié aujourd’hui du monde qu’il aima tant, c’est dire l’échec de son existence qui n’a pas accédé à la mémoire de Dieu. Il a rencontré la Vie et L’a refusée, refusant aussi la Vérité et la Voie Qui étaient devant lui en la personne du Christ Dieu.

Le Christ nous tend un miroir dans lequel nous nous voyons encore et nous sentons que c’est Lui que nous devons y voir, mais nous nous agrippons à notre image terrestre et nous ne retrouverons pas la ressemblance qui nous réintègrerait dans le Royaume à jamais. Nous n’avons pas le sens véritable de l’Eternité que nous recevrons en héritage.

"Oh, si seulement tu pouvais savoir, dit le starets [Séraphim] au moine, quelle joie, quelle douceur attend les âmes des justes au Ciel, alors tu serais déterminé à supporter dès cette vie passagère, toute épreuve, persécution et calomnie avec gratitude " (in Chroniques du Couvent de Diviyévo, publiées à Saint Péterbourg en 1903, année de la glorification parmi les saints du Starets Séraphim de Sarov)

Tous les podvigs du saint moine visaient à vivre sans discontinuer dans l’amour ineffable de Dieu et ainsi il retrouva à sa mesure l’image et la ressemblance qu’avaient nos premiers ancêtres au Jardin d’Eden avant leur douloureux exil terrestre. L’ours qu’il nourrissait au désert de Sarov n’avait pas peur de l’ermite béni car le père Séraphim avait retrouvé la bonne odeur d’innocence d’Adam au paradis avant la Chute. Puissions-nous par l’ascèse en retrouver une partie pour ne plus sans raison traiter comme des bêtes nos propres frères !

Parce qu’il était entré vivant dans le Royaume par ses podvigs, qu’il rencontra souventes fois la Mère de Dieu Toute Pure et de nombreux saints, il ne demeurait plus seulement dans notre temps matériel linéaire et apparemment fini par la mort : il était dans l’éternité et la Vie véritable qui n’a ni commencement ni fin. Il voyait le passé et l’avenir dans cette même dimension de l’Amour pour Qui ni le temps ni la distance n’existent. Il était devenu Amour et sa recommandation que nous acquerrions le Saint Esprit afin que des milliers autour de nous soient sauvés, il l’a manifestée dans sa vie. Et à l’instar de son maître, il continue à greffer à l’Amour tous ceux qui le suivent sur le chemin du Christ.

Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
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Prier (80)



La langue ultime
Que Dieu comprend
Est la seule prière du cœur
Ineffable et muette

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Prier (51)



Vois l'humilité des fleurs
Qui naissent et meurent si jeunes
Après avoir donné leur fragrance
Toi qui disposes de plus de temps
Exhale ta prière vers Dieu
Comme un parfum de louange avant l'Eternité

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 2 février 2009

Saint Séraphim: Le chemin de la Foi (2)




Nous avons ensuite découvert promptement que le fondement même de toutes les grâces dont il était l’intermédiaire, que la base de sa spiritualité tout entière était dans ses podvigs, c’est-à-dire dans ses exploits spirituels, dans son ascèse. Elle était immense et déroutante pour des esprits faibles habitués à la paresseuse facilité du siècle. Nous pouvions alors nous détourner de la voie qu’il nous montrait pour retourner comme le chien dont parle l’Evangile à nos vomissures, mais malgré la perversité de notre nature que la grâce n’avait pas encore ouvert à tous ses mystères et nonobstant la pression du monde qui nous poussait à rester dans le doux confort du troupeau, nous avons cheminé dans la foi avec bonheur quelquefois, avec douleur plus souvent, mais toujours avec certitude. Nous avons constaté notre faiblesse incommensurable et vinrent des temps où nous étions proches du découragement… L’ermite saint revint alors dans notre prière pour la guider et il versa doucement sur les plaies de notre vie spirituelle le vin et l’huile du Bon Samaritain. 

Nous avons relu la vie et admiré à nouveau les podvigs de Saint Séraphim, nous avons récité en claudiquant ses prières (Les brigands du Malin nous avaient laissés pour morts sur le chemin de la foi après avoir voulu nous priver de cette pauvre prière qui était notre seul bien céleste).

Nous avons su que seuls les démons ne se relevaient pas et que nous chuterions encore et encore. Mais nous nous relèverions malgré tout et nous serions pardonnés jusques à septante fois sept fois, parce que nous serions remis sur la voie au détour de notre errance, encouragés par le beau vieillard avec sa silhouette courbée et ses yeux de ciel. Il serait toujours là pour nous réintégrer en mémoire de Dieu. Nous étions alors Nicolas Alexandrovitch Motovilov, physiquement et spirituellement fourbus, et nous sentions sur nos épaules lasses les mains de Saint Séraphim, nous voyions son visage lumineux et il nous parlait de l’acquisition du Saint Esprit !

Notre nature rétive résistait encore. Nous aurions aimé nous contenter des offices, des prières et oublier l’ascèse. L’imitation aurait été plus facile. L’ignorance et sa compagne perverse l’imagination nous dépeignaient l’ascèse comme une sorte de torture physique et psychique, mais elle est autre chose, nous le savons à présent. Rapportée à son but, elle est la clé subtile qui ouvre la porte du Royaume, la violence faite à notre nature trop humaine pour accéder à l’intelligence de la Vérité, cette contrainte librement et joyeusement acceptée pour quitter les oripeaux du passé et nous engager dans l’éternité. 

Est-ce à dire que c’est par notre seul effort et notre volonté propre que nous pouvons accéder à l’Ineffable ? Certes non ! Mais nous ne pouvons cheminer vers le Ciel en regardant sans cesse la terre. Nous ne saurions nous attacher de toutes nos forces, nos passions, nos limitations à la glèbe avec ce corps mortel, en ayant la prétention abusive de nous élever en notre âme vers les Cieux. 

Comment pourrions-nous acquérir la perle de grand prix sans vendre ce que nous avons de plus précieux, sans effort personnel ? Comme il serait agréable de penser que notre salut pourrait être garanti automatiquement et en être assuré simplement, sans surprise, en échange de quelques menues actions sans envergure aucune ! Comme il serait absurde de croire que notre perdition pourrait venir de nos seuls manquements à une règle que nous nous serions imposée dans une sorte de marchandage subtil sous forme de contrat avec un Dieu de notre invention, à la mesure de notre laxisme et de notre pusillanimité. 

Il y aurait grand danger à penser que tout dépend de nous ou bien au contraire que notre participation à l’œuvre de salut soit sans importance réelle. L’élément essentiel de tout effort spirituel est mis en exergue par tous les pères et par saint Séraphim aussi : sans l’Amour, toute ascèse se révèle perversion et n’est plus reliée qu’à elle-même. 

Si nous voulons nous rapprocher de Dieu, c’est en nous dépouillant de ce qui nous rend trop humain et en augmentant en nous la ressemblance avec Celui qui nous a fait à Son Image que nous y parviendrons. Comment le ferions-nous sans nous débarrasser du vieil homme ? Comment supporterions-nous ce podvig, cette lutte spirituelle et ascétique terrible si nous n’étions conscients pleinement que la mesure d’amour limitée dans cet élan qui nous pousse vers le Créateur va nous faire rencontrer l’Amour Ineffable dans Son immensité et nous incorporer à Lui ? 

Lorsque nous aurons quitté la philautie (amour de soi) comme un maquillage superflu de notre âme, ayant abandonné notre petit moi, notre amour pour les autres (garant de la véracité de notre amour pour Dieu, selon Saint Jean le Théologien) sera enchâssé dans celui que Dieu a pour eux et pour nous et nous vivrons alors en parfaite communion. Nous serons une étincelle du grand Feu jeté sur la Terre des Vivants pour embraser le monde dans l’Amour de Dieu. Nous dépouiller pour accéder à cela, ce n’est pas mourir, mais devenir plus vivants de la Vie même en Christ. Et nous ne devons pas en tant que chrétiens rechercher d’autre but que celui de véritablement vivre en Christ. Si Dieu a donné Son Fils unique pour nous sauver, si Christ nous a demandé de jeûner, de prier, de veiller, s’Il a accepté par Amour pour nous de souffrir l’ascèse ultime de la Croix pour rétablir notre image et notre ressemblance, alors nous nous devons, comme Il nous L’a demandé de prendre notre croix et de Le suivre, c’est-à-dire de L’imiter dans Son amour suprême qui a tout donné pour le monde. (à suivre)


Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
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Prier (50)



Ce n'est pas le seul bâtiment
Qui fait l'Eglise
Ce sont aussi les pierres vivantes
Des prières des hommes
Avec l'Amour de Dieu 
Qui les maintient dans Sa Paix

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 1 février 2009

Saint Séraphim: Le chemin de la Foi (1)




La Chronique de Saint Séraphim

"Si nous étions déterminés à le faire, nous vivrions comme les Pères qui au temps jadis, resplendissaient par leurs exploits spirituels et leur piété ; car Dieu accorde aujourd’hui Sa grâce et Son aide aux fidèles et à ceux qui cherchent le Seigneur de tout leur cœur, comme Il le faisait autrefois. Car selon la Parole de Dieu, " Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et à jamais " (Hébreux 13, 8) 
(Archimandrite Lazarus More, Saint Seraphim of Sarov, A Spiritual Biography, New Sarov Press, 1994, p. 427)

Saint Séraphim de Sarov est universellement connu et vénéré dans l’Eglise. Ceux qui ont rejoint l’Arche du Salut par la conversion ont souvent eu pour passeport vers la spiritualité orthodoxe la biographie du saint ermite écrite en français par Irina Goraïnov dans cette édition si précieuse de la collection Spiritualité Orientale, ou celle anglaise de Valentine Zander dans son petit livret bleu. 

Le saint thaumaturge de Sarov est devenu sur la Voie, le guide d’innombrables croyants assoiffés de beauté spirituelle et de prière. Sa spécificité russe est restée, mais très vite l’universalité de son enseignement a prévalu sur cette seule dimension. Comment aurait-il pu en être autrement quand il apportait aux âmes ardentes la bonne nouvelle incorrompue du message christique dans un contexte de joie extraordinaire, dans une lumineuse atmosphère de Pâques perpétuelle ?

Le beau vieillard courbé vers le sol par les épreuves de la vie, mais dont le regard était un reflet du Ciel et l’enthousiasme un rayon de l’Autre Soleil, est venu s’installer dans le désert spirituel de notre vie. Il y a apporté la lumière joyeuse du Christ et en a renommé les paysages intérieurs comme il rebaptisa jadis les lieux de son ascèse autour de la cabane de rondins de sa solitude orante. Il nous a parlé comme il le fit autrefois en s’adressant à Nicolas Alexandrovitch Motovilov qu’il avait guéri… Lui ayant révélé le but de la vie chrétienne et lui ayant communiqué la grâce insigne de vivre l’expérience de l’Amour de Dieu et de Sa Présence, il mentionne que la miséricorde du Sauveur ainsi manifestée, " Il n’est pas donné à [lui Nicolas Alexandrovitch] seulement de la comprendre, mais par [lui] ceci est [destiné] au monde entier afin que [….] cela soit utile aux autres." (Entretien avec Motovilov, Chapitre 7 : La Paix et la Chaleur de la Grâce). 

Mais que pouvait donc apporter un père spirituel russe du XIXe siècle à nos vies engoncées dans la gangue de la modernité avec son matérialisme forcené? Le relativisme religieux qui l’accompagnait portait le masque rassurant et peu compromettant de la pseudo unité transcendantale des croyances qui permettait les renvoyant toutes dos à dos de n’en pratiquer aucune, ou de toutes les pratiquer à tour de rôle avec autant de ridicule et d’inutilité. Nous étions, pour certains, las de l’illusion néfaste de l’impassibilité vis-à-vis de Dieu, de cette culture et de cette aspiration au vide, de cette fausse absence de passion qui n’était qu’indifférence aux autres et mépris de nos racines véritables dans l’Etre. 

Croyant au bonheur placide des pierres, nous le sûmes plus tard, nous cherchions l’impassibilité et l’indifférence et découvrant le vide qu’impliquait le faux dieu qu’elles incarnaient, nous étions déçus et amers : il promettait la sérénité et ne donnait qu’une inquiétude plus grande face à la réalité du monde. Nous avons donc goûté souvent aux illusoires paix et aux tentations ineptes de la vacuité. Elles nous laissèrent sur notre faim d’absolu parce qu’elles nous conduisaient en un espace de vide et de silence glacé, au lieu de nous mener vers la Présence que nous cherchions en vérité. Elles étaient également une pose et nous ne les supportâmes plus lorsque nous avons découvert qu’elles masquaient en fait un athéisme grossier et hypocrite voué aux commerces et à l’hédonisme délétère des comportements obligatoires imposés au troupeau. 

Nous avons eu entre les mains ce livre de la vie de saint Séraphim. Nous l’avons lu. Nous avons vu se dissiper nos fausses illuminations et nos simulacres de spiritualité. Nous avions là une petite fenêtre ouverte sur la vie spirituelle véritable, sur la Vie en Dieu, sur le Royaume enfin !

Nous avions besoin d’air, de souffle, d’Esprit… et comme les petits enfants qui couraient vers son ermitage dans la forêt, nous l’avons trouvé ce vieillard lumineux resplendissant d’une grâce évidente. Il nous a béni par sa salutation habituelle avec laquelle de Pâques à Pentecôte les Chrétiens d’Orient se saluent, mais qu’il utilisait lui en tout temps… " Christ est ressuscité ma joie ! "
Et nous avons cheminé avec lui parce que nous avons su d’une manière obvie qu’il était un guide spirituel véritable. (à suivre)

Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
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Prier (49)



Si tu penses que l'encens
Les icônes et les beaux chants
Sont superflus pour louer Dieu
Ote aussi les fleurs et les herbes folles
Les ruisseaux et les oiseaux
De tous les paysages du Créateur

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)