mercredi 4 février 2009

Saint Séraphim: Le chemin de la Foi (4)




Ses podvigs paraissent obsolètes à nos contemporains, qui, se voulant résolument modernes et délivrés de toute forme de « crédulité », ne cherchent dans le merveilleux qu’ils acceptent, qu’une évasion du réel inutile et fugace, au lieu de se mettre en quête de la réalité ultime bien plus réelle du monde spirituel. Ils semblent n’assigner au christianisme qu’un rôle de reliquat culturel tolérable s’il reste dans les bornes bien établies qui ne troublent pas outre mesure leur existence douillette et facile.

À l’heure où la pudeur disparaît, où tout devient public de ce qui est le plus intime de la vie des hommes, le fait qu’un moine puisse, comme Saint Séraphim, être resté mille jours et mille nuits sur une pierre à prier Dieu dans le secret, est au mieux un mystère insondable, au pire une pure folie. 

Hélas trop souvent pour nos contemporains, Dieu est relégué dans un exil terrible loin de nos vies, et nous ne l’autorisons plus qu’à se laisser adorer dans des rites pratiques et rapides qui n’empiètent pas sur notre vie par ailleurs si riche…en banalités passagères et inutiles. Les croyants participent parfois à cet esprit en privilégiant l’activisme forcené et le seul engagement dans la cité, en oubliant la Cité de Dieu et en négligeant totalement l’ascèse comme improductive. Fait-on mine de croire que les héros spirituels du passé ne savaient que prier et donc n’étaient pas efficaces, ou que leur imitation serait dépassée de nos jours ? Jésus-Christ n’est-il donc pas, selon les Ecritures, le même hier, aujourd’hui et à jamais ? L’avons-nous oublié ?

Saint Séraphim a certainement accompli bien d’autres podvigs que l’histoire sainte n’a pas retenus, mais la conscience de sa haute stature perdure. Dans les années trente du siècle vingtième, une femme se trouvait prisonnière au goulag dans la région de Sarov. Elle recueillit parmi les prisonniers de la région d’autres informations sur la vie du saint dont la présence était encore bien réelle plus d’un siècle après sa mort dans la mémoire de ceux qui, dans l’antichambre des enfers soviétiques, attendaient de le rejoindre au Ciel. Le saint était encore présent parmi ses enfants en ces temps de souffrances extrêmes qu’il avait prévues dans sa clairvoyance.

Nous avons compris que c’étaient ses podvigs qui avaient conduit le saint ermite à devenir le grand thaumaturge et le prompt intercesseur devant le trône de Dieu, c’est pourquoi il doit nous encourager à nous engager plus sérieusement et d’une manière plus féconde dans la vie spirituelle. La raison unique et ultime de son ascèse selon lui-même était l’acquisition du Saint Esprit, but véritable du Chrétien et étape ultime de sa foi. Il a cherché le Consolateur et il L’a acquis avec la grâce de Dieu et ses podvigs. Il a véritablement rencontré le Consolateur. 

Mais n’est-ce pas un labeur de moine que cette ascèse ? Il avait prévu cette question. Il y a répondu clairement dans son entretien avec Motovilov : "Le fait que je sois moine et que vous soyez laïc n’entre pas en ligne de compte. Ce que Dieu demande, c’est la foi véritable en Lui-même et Son Fils Unique. En retour, Il accorde d’En Haut la grâce du Saint Esprit. Le Seigneur recherche en nous un cœur rempli à ras bord d’Amour pour Dieu et notre prochain. C’est là le trône sur lequel Son Amour aime siéger et sur lequel Il apparaît dans la plénitude de Sa gloire céleste. Mon Fils, donne-moi, donne-moi ton cœur." ( Proverbes 23, 26)


Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

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