jeudi 8 octobre 2009

Lecteur David Wright-Constantine/ Les Relations conjugales dans le mariage orthodoxe

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"Quand le mariage a-t-il commencé? Quand l'homme a péché. Avant cela, il n'y avait pas de mariage, pas au sens d'aujourd'hui. Ce n'est qu'après la chute, après Adam et Eve aient été chassés du paradis, qu'Adam "connut" Eve ( Genèse 4.1) et donc que le mariage a commencé." (in "Excellents conseils sur le mariage", Sermon prononcé dans l'église de Saint-Nicolas, Trikala, Grèce, le 17 Janvier 1971, par l'archimandrite Aimilianos de Simonopetra, au Mont Athos)

Il y a quelques idées vraiment troublantes sur le mariage et la sexualité humaine qui circulent dans l'Eglise de nos jours. Il y a celle citée ci-dessus. En outre, un autre joyau a récemment été affiché sur le site
Monachos.net: "Basile dans l'Hexaemeron dit que les anges procréent par un processus de fission simple, à savoir, le partage comme les amibes. La raison pour laquelle Dieu a créé la dualité des sexes dans l'humanité, selon Basile était qu'Il prévoyait la chute, après laquelle les humains ne seraient pas en mesure de procréer comme des anges, alors on les a laissé procréer comme des animaux. " Ou, comme un certain message sur la liste orthodoxe-Forum Yahoogroups l'a écrit: "Les Pères orthodoxes ont tendance à enseigner qu'Adam et Eve étaient asexués. À la lumière de ces idées, nous, en tant que chrétiens engagés dans le processus de retour vers le Ciel, nous devrions faire un travail de purification des énergies sexuelles qui sont venues avec la chute du Paradis. "

Tout d'abord, un point important doit être mentionné: si la Tradition (y compris les avis de tout Père ou saint particulier) peut se baser sur l'Ecriture, elle ne peut jamais être contraire à l'Écriture. Le Père John Behr, doyen du Séminaire Saint-Vladimir, dans son article "The Ontology of Gender" ( L'Ontologie du Genre), écrit: «La position selon laquelle la sexualité est en quelque sorte secondaire par rapport à notre existence humaine, prévue à cause de la chute et actualisée dans les vêtements de peau ajoutés après la chute, n'est clairement pas envisagée dans l'Écriture. Dans la Genèse, la différenciation sexuelle n'est associée avec la chute dans aucune version de la création. Le seul aspect qui pourrait le faire penser est l'affirmation selon laquelle Adam connut Eve après le péché (4:1). Mais est-ce destiné à être lu comme une déclaration étiologique, ce qui suggère que parce qu'ils sont maintenant tombés, Adam "connut" Eve et engendra un fils? Ou bien serait-ce seulement lu de cette manière si l'on pense déjà dans ce sens? La première littérature rabbinique n'avait aucun problème à la pensée qu'Adam et Eve étaient sexuellement actifs avant la chute. "

La doctrine étrange selon laquelle la sexualité humaine est un (pré-)conséquence de la chute est problématique à plusieurs niveaux, et nous pouvons ouvrir cette discussion ici en détaillant certains de ces problèmes:

1) Elle rend la nature humaine déchue depuis le début, plutôt que créée (comme l'Église l'enseigne) incorruptible et bonne. Nous savons qu'en tant qu'êtres humains, nous ne pouvons pas ne pas pécher, car nous avons une nature qui est soumise à la corruption psychosomatique, à la maladie et à la mort. Adam et Eve ont été créés comme des êtres sexués à part entière, comme la Genèse nous le dit. Si leur sexualité avait été une conséquence de la chute, ils auraient déjà été créés avec une nature soumise à la corruption psychosomatique et à la mort ... c'est-à-dire avec une nature humaine déchue. Adam et Eve ne pouvaient pas ne pas avoir péché, et la chute aurait été prédestinée. Mais l'Eglise orthodoxe ne nous enseigne pas cela.

2) Plus fondamentalement, nous savons que la sexualité est une partie de la nature de l'homme incorruptible comme cela était initialement prévu, parce que nous connaissons le Christ. Comme la définition de Chalcédoine l'enseigne, Il est Dieu parfait et Homme parfait. Sa nature humaine est la nature de l'homme incorruptible d'Adam, exempte de tout effet de la chute. Et c'est un homme pleinement humain, possédant pleinement des attributs sexuels masculins, bien qu'Il ait toujours été célibataire et n'en ait pas fait usage à cette fin (fait qui montre qui Il est comme Dieu-Homme et l'un de la Sainte Trinité, plutôt que fait indiquant n'importe quelle autre déchéance supposée de la sexualité), c'est-à-dire que comme Dieu, Il est et a toujours été dans une relation intime avec les autres personnes de la Trinité, une relation qui Lui interdit le mariage humain. Mais, dans Son humanité incorruptible, Il a des attributs sexuels mâles, montrant qu'ils sont saints (comme Il est saint) et, d'ailleurs, les organes sexuels féminins sont saints également ... car nous savons que tous les embryons humains commencent par être féminins, et seuls les hormones produites et rejetées par le chromosome Y font se développer l'embryon comme un homme.

Il y a une grande différence entre la sexualité sainte (sainte comme une partie de la personne humaine qui est l'image de Dieu, sainte comme tout dans notre vie est appelé à être saint) et la perversion sexuelle et l'addiction sexuelle .... chose qui est trop souvent et trop fâcheusement ignorée par les chrétiens orthodoxes.

Puisque la sexualité humaine est une partie intégrante de l'organisme physique et spirituel qui est l'être humain créé à l'image (icône) de Dieu, en tant que telle, elle peut (et doit) être une partie intégrante de la voie que chaque personne humaine. homme ou femme prend lorsqu'elle grandit à la ressemblance de Dieu dans le processus de theosis (divinisation).

Dieu créa les humains en tant que personnes sexuées. Il est impossible d'éviter ce point crucial: "N'avez-vous pas lu que Celui qui les a faits depuis le commencement, les fit homme et femme, et dit:« C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair? Ainsi ils ne sont plus deux mais une seule chair. Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas ». (Mt 19.3-7) Dieu a créé la sexualité humaine, et l'a créée pour être bonne et agréable, comme une sainte institution dans laquelle chaque partenaire ne prend pas égoïstement du plaisir, mais donne plutôt un grand plaisir en retour, et dans ce don grandit une communion intime avec l'autre conjoint et avec Dieu dont l'autre conjoint est l'icône.

Notre foi orthodoxe est une foi incarnée. Nous savons que les réalités physiques incarnent et expriment des vérités divines. Compte tenu de cela, nous pouvons voir que Dieu Lui-même nous a donné un signe très puissant quant à la nature sacramentelle de la sexualité humaine dans le parallèle qu'elle entretient avec le Sacrement de l'Eucharistie qu'Il nous a donné. Réfléchissons: dans l'acte intime de la Sainte Communion, l'Epouse reçoit le corps de l'Epoux en elle-même pour poursuivre une croissance plus profonde dans la vie commune de la petite église et de l'Eglise au sens large. (Que ce parallèle existe n'est pas un hasard - notre Dieu n'est pas un Dieu des hasards.)

Dans le même article, Père Jean montre comment ces idées erronées peuvent se développer: "La procédure habituelle est de prendre les déclarations de divers ouvrages d'un certain Père, ou de nombreux Pères différents, et de construire un volume de "
Théologie des Pères sur la Sexualité "(ou l'absence de sexualité) à partir de ces déclarations. Mais ces déclarations ont été écrites dans le cadre de travaux particuliers, et nous ne sommes pas libres de les retirer de leur contexte, au moins jusqu'à ce que nous soyons sûrs que nous savons ce qu'elles signifient dans ce contexte. "

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Lampert, E. (1944).
The divine realm; towards a theology of the sacraments.(Le royaume divin; Vers une théologie des sacrements) London: Faber and Faber Ltd.

Zion, W. B. (1992).
Eros and transformation sexuality and marriage: an Eastern Orthodox perspective. (Eros et transformation de la sexualité et du mariage, perspective orthodoxe orientale) Lanham, Md: University Press of America.

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