mercredi 29 juillet 2009

La garde de la Jérusalem intérieure/ La prière selon saint Séraphim de Sarov (15)


La prière est conversation avec Dieu, mais souvent nous oublions les recommandations de silence que nous donne saint Séraphim. Prier c’est aussi attendre que ce dialogue soit véritablement dialogue, et sans discernement, il peut nous arriver de pratiquer un monologue intérieur et de ne pas entendre alors que nous ne recherchons véritablement que ce divin contact. Le but ultime de la prière est donc la cessation de la prière lorsque l’on accède à la Présence de Dieu et que tout n’est plus qu’adoration, béatitude, évidence de toutes choses dans un silence majestueux et ineffable. Saint Séraphim a beaucoup insisté sur la valeur intrinsèque du silence dans la prière, à présent, il donne à ce même silence, un sens plus haut. Il nous enseigne que le but ultime de la prière est atteint lorsque celle-ci est absente, parce qu’elle n’est plus nécessaire lorsque nous pouvons véritablement demeurer muet en présence de Dieu lorsqu’Il S’est manifesté et que par Son Saint Esprit, il ne nous fait plus désirer que cet instant éternel où tout devient vrai, évident, ineffable parce que nous avons enfin, fruit d’une longue litanie de prières et de supplications, atteint le but. Nous avons intégré le Royaume, ou plutôt, le Royaume a fait, par l’Esprit Saint de Dieu, Sa demeure en nous. L’Ecriture nous dit que le Royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les esprits car en fait, il est en nous (Luc. 17. 21. Nous voyons réalisée cette parole et saint Séraphim nous enseigne le plus beau silence : celui de Dieu Saint Esprit, venu en nous.
« En vérité, dans la prière il nous est accordé de converser avec Lui, notre Dieu plein de Grâce et vivifiant, notre Sauveur. Mais même à ce moment, nous devons prier Dieu jusques au moment où le Saint Esprit descend sur nous dans la plénitude de la Grâce céleste de Lui seul connue. Et quand il daigne nous visiter, nous devons cesser de prier. Pourquoi devrions-nous Le prier alors et Lui dire « viens et demeure en nous, et purifie-nous de toute souillure et sauve nos âmes, Toi Qui es Bon », quand il est déjà venu à nous qui croyons en Lui et qui avons en vérité invoqué Son Saint Nom, ayant faim et soif de Sa venue afin de Le recevoir, Lui le Consolateur, dans les demeures de notre âme ?
Ami de Dieu, je vais vous expliquer ceci avec un exemple,. Imaginez… vous m’avez invité à vous rendre visite et à votre invitation je suis venu pour avoir une conversation avec vous. [ Je suis là, devant vous] Mais vous continuez à m’inviter en disant : « Entrez s’il vous plaît ! Entrez donc ! » Alors je serai forcé de penser. « Que lui arrive-t-il ? A-t-il perdu l’esprit ? » Il en est ainsi avec avec le Saint Esprit, notre Seigneur et Dieu. C’est pour cela qu’il est dit : « Tenez vous cois et sachez que Je suis Dieu » ( Psaume 45, 10), c’est-à-dire, J’apparaîtrai et Je continuerai à apparaître à quiconque croit en Moi et M’invoque ; et Je parlerai avec Lui comme autrefois Je conversais avec Adam en Paradis, avec Abraham et Jacob et les autres serviteurs qui furent Miens, avec Moïse et Job et ceux qui étaient pareils à eux.
Beaucoup expliquent que ce silence se rapporte seulement aux affaires du monde, autrement dit, pendant cette conversation de prière, on doit être « silencieux » au sujet des problèmes matériels. Mais au Nom de Dieu, je vous dis que non seulement il faut en effet être mort à ces problèmes pendant la prière, mais quand le pouvoir omnipotent du Saint Esprit condescend à nous visiter dans la plénitude de Ses ineffables bontés, nous devons aussi être morts à la prière.
L’âme parle et converse durant la prière, mais à la descente du Saint Esprit, nous devons rester dans un silence complet afin d’entendre clairement et intelligiblement toutes les paroles concernant la Vie éternelle qu’Il daignera alors nous communiquer. » ( Entretien avec Motovilov Chapitre 3 : Le But de la Vie Chrétienne)

Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)

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