dimanche 20 juillet 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


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Sortie de la Cathédrale.On reconnaît saint Jean à la croix blanche de son klobouk

Portrait spirituel de Jordanville (11)
Ecoutons ce que dit le moine Benjamin, qui est directement lié à la vie et à l'œuvre de Père Cyprien au monastère de la Sainte Trinité...Père Benjamin se souvient...
C'était durant l'hiver froid et neigeux de 1977-78. A cause des lourds paquets de neige sur la route de Jordanville, on avait l'impression de rouler à travers un tunnel de neige sans issue. Après la Californie du Sud ensoleillée, le monastère couvert de neige ressemblait à quelque chose qui sortait d'un livre d'histoire. Je suis arrivé au monastère avant le grand carême. Tout y était nouveau et inhabituel. Au début, cela paraissait un  peu isolé.
Rencontrer l'archimandrite Cyprien m'a aidé. J'avais été prévenu qu'il était strict, grognon et qu'il fallait avec lui être sur ses gardes. En ce jour particulier, Père Cyprien peignait le réfectoire des frères. J'allai à lui pour une bénédiction. Nous nous sommes présentés. Sans y réfléchir, j'ai mentionné que j'étais artiste. Immédiatement il m'a donné un pinceau, et tandis que nous travaillions, Père Cyprien faisait des remarques sarcastiques à propos de mes capacités. Plus tard, il me reprocha souvent d'être un "artiste". Il agissait comme si j'avais été au milieu de son chemin toute la journée. Pourtant sous cette apparente sévérité, on pouvait sentir ses yeux bons et sympathiques qui vous observaient, vous interdisant de prendre ses commentaires trop à cœur.
Peu de temps après, Père Cyprien s'arrêta dans ma cellule, s'assit et nous commençâmes à parler sans réserve, presque comme des égaux. Avant de partir, il medit:" Tu devrais venir vivre dans le studio d'iconographie." Et j'ose dire que nous sommes devenus amis. ma vie au monastère a commencé sous sa houlette paternelle. Je suis devenu très attaché à lui, ce qu'il repoussait quelquefois en disant: " Sais-tu ce que disait le Roi Salomon? Si tu veux garder un ami, évite d'ouvrir la porte de sa maison trop souvent!" Et ainsi je dus tenir compte de cela, alors que j'avais tant de questions et qu'il semblait avoir réponse à tout.
La première leçon spirituelle qu'il m'enseigna, était une leçon de charité. Un jour je m'arrêtai dans sa cellule alors qu'il ouvrait une lettre contenant une demande d'assistance pour un fonds d'aide aux aveugles. Il me dit: "Regarde, je leur enverrai cinq dollars et demain l'argent reviendra multiplié par trois!" Je pensais qu'il plaisantait, mais le jour suivant un philanthrope lui envoya quinze dollars. C'est alors que je fus intéressé et que j'éprouvai sa théorie moi-même. Ce n'était pas facile, parce que je n'avais économisé que trois dollars. Ce même jour, un séminariste vint me demander de lui prêter trois dollars. Ce n'était pas facile de me séparer de mes dernières économies, mais me souvenant de la leçon de Père Cyprien, je décidai d'essayer et je donnai l'argent. Exactement une heure plus tard, je m'arrêtai  dans ma cellule, et quelqu'un avait laissé trente dollars sur le lutrin. Jusques à ce jour je ne sais qui c'était. Le même jour, je reçus dix dollars pour avoir nettoyé la cellule de Père Cyprien, et encore dix dollars quand je passai l'aspirateur dans la cellule de Père Michel Pomazansky alors que d'habitude je ne recevais rien pour cela car cela faisait partie de mon obédience. C'est alors que je décidai que trop c'était trop! C'était devenu effrayant, Je décidai de ne plus jamais tester à nouveau la miséricorde de Dieu ainsi. Cela ne veut pas dire que la leçon devrait toujours se répéter avec cette même progression mathématique, pourtant l'essence de cette leçon, était que le Seigneur était avec nous dans nos moindres besoins et en tant que novice fraîchement arrivé au monastère, il était important pour moi d'être familiarisé avec ce fait.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

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