mercredi 18 juin 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (VII)










7. Au réfectoire 

Et voici la cloche qui sonne invitant les frères au déjeuner. Il est déjà midi. Bien, nous devons observer la routine du monastère. Nous entrons dans le réfectoire. Aussitôt les fresques du réfectoire peintes par l'archimandrite Cyprien et ses assistants, attirent nos yeux et les émerveillent. Sur ces fresques, nous voyons les pèlerins d'Emmaüs qui parlent au Sauveur Qui rompt le pain, le Seigneur Jésus-Christ qui a préparé du poisson et du miel pour Ses disciples; le vénérable Antoine le Grand et saint Paul de la Thébaïde partagent un repas frugal dans une humble cave; et d'autres images...

Il y a de gros bols fumants avec une riche soupe aromatiques, de la kasha ( sarrasin) et des pommes de terre sur la table.Il y a de la salade. Il y a des pains blancs et bis du monastère- du vrai pain coupé en tranches épaisses. Ces jours-ci les repas au monastère sont copieux, mais autrefois quand Père Procope était cuisinier, les repas étaient vraiment ascétiques ( soupe claire de betteraves, borchtch et pommes de terre) et de plus les mêmes choses étaient servies tous les jours. On pouvait difficilement trouver plusieurs tranches de betteraves et de pommes de terre dans le borchtch préparé par Père Procope. Un des frères dit un jour avec indignation à Père Procope: " C'est dégoûtant!" "Je le sais!" répondit le cuisinier calmement, "Moi non plus je ne peux pas le manger." Père Procope fut cuisinier pendant de nombreuses années, mais à présent, à cause de sa maladie et de son grand âge, il n'acomplit plus cette obédience. En fait, c'est Père Procope qui sera le lecteur au réfectoire aujourd'hui. Son éminence Vladika Laur sonne sa cloche ; le repas commence...Le lecteur commence à lire la vie des saints.
Tandis que Père Procope lit, je me souviens d'un incident qui arriva quand il était lecteur au réfectoire et qu'il lisait l'émouvante vie de la vénérable Macrine. Quand Père Procope en arriva à la partie où le saint hiérarque Grégoire de Nysse, parlant avec son ascète de sœur sur son lit de mort, est incapable de retenir ses larmes, notre lecteur était si ému, qu'il ne pouvait pas non plus retenir ses larmes et que sa voix commença à trembler. 

Des témoins disent que quelques pèlerins firent un jour une petite donation à Père Procope. Et que pensez-vous qu'il a fait de cet argent? Il jeta immédiatement cet argent au feu! Exemple de non-possession monastique qui est rare de nos jours...

Pourtant, bien que le repas du monastère change selon le cuisinier, le pain du monastère fut toujours renommé parmi les pèlerins et les russes locaux. Il se souviennent encore des deux derniers boulangers: le hiéromoine Nicodème, et le moine Jonas.

Le Seigneur accorda à Père Nicodème de mourir dans l'accomplissement de son obédience sacrée- "Je jugerai par ce que je trouverai." On l'a trouvé dans la boulangerie après qu'il ait déjà rendu son âme à Dieu. C'est ainsi qu'on l'enterra, avec de la pâte encore collée aux mains. La bienheureuse mort de Père Nicodème eut lieu en 1965.

Le Seigneur fit grande miséricorde à l'autre boulanger, Père Jonas. Il mourut pour la Pâques de 1989. Il se tint debout pendant tout l'office des matines, la Divine Liturgie, accueillit la Sainte Pâques, communia et, retournant à sa cellule, il partit tranquillement et paisiblement au royaume de l'éternelle Pâques sans fin. De toute l'histoire du monastère, il fut le seul à mourir le jour-même de Pâques, ce qui, selon la Tradition, est un signe particulier de la miséricorde de Dieu...

La cloche de l'higoumène interrompt mes pensées. Le repas monastique est fini. Le lecteur va vers Vladika pour recevoir une bénédiction. Après les prières d'action de grâce, les frères, les pèlerins et les séminaristes s'en vont pour prendre quelque repos afin d'être capables de retourner à leur obédience avec une force renouvelée.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ (На главную)

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