Saint Gabriel [Ourgebadze] brûlant une affiche de Lénine
Samedi Saint, le 1er mai 1965, Père Gabriel servit la Divine Liturgie à l'heure habituelle du matin, puis se dirigea vers l'église Kachveti du saint Grand Martyr George.
Les gens célébreraient l'une des principales fêtes communistes le 1er mai : la Journée de la solidarité des travailleurs. Sur la façade du bâtiment du ministère soviétique était suspendu un énorme portrait de Lénine, éclairé par des lumières. Au-dessus était écrite la célèbre phrase : « Gloire au Grand Lénine! » On pouvait entendre le son de la musique, des applaudissements et des cris des gens. Les responsables du parti se tenaient sur la tribune du gouvernement.
Ce spectacle imposant scandalisa le père Gabriel au plus profond de son âme, et lui, ému par l'amour du Christ, envisagea un plan incroyable. Il prit de l'huile dans un petit récipient et quelques allumettes du comptoir des cierges de l'église Kashveti et se dirigea vers le bâtiment du gouvernement. Étonnamment, un homme, vêtu de vêtements monastiques complets, passa devant la ligne de gardes de sécurité, à l'arrière de la plate-forme gouvernementale, et se retrouva juste devant le portrait de Lénine.
Il sortit le récipient avec l'huile cachée dans ses vêtements, arrosa le portrait de Lénine et mit le feu à l'image du « Grand Chef ». En quelques secondes, le feu avait couvert tout le portrait, avec l'aide, en plus de l'huile, de la peinture à l'huile avec laquelle le portrait du chef avait été peint. Les lampes commencèrent à se briser et à émettre un son comme une explosion. Cela effraya sérieusement les travailleurs debout sur l'estrade, et les participants pensèrent qu'il s'agissait d'un acte de sabotage. Effrayés au début, ils se dispersèrent dans diverses directions et firent appel rapidement au célèbre huitième régiment, mais lorsqu'ils virent de la plate-forme un seul clerc vêtu de noir, Père Gabriel qui se tenait devant le portrait brûlant de Lénine et qui criait fort : « Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; » (Ex. 20:4-5).
Lorsque les gens réalisèrent qu'il ne s'agissait pas d'un acte de sabotage, mais que ce clerc était coupable de tout, ils se mirent en colère. À ce moment-là, il ne restait plus rien du portrait que des fils. Les gens, en colère contre l'incendie du portrait du chef, se précipitèrent violemment pour battre le père Gabriel. Père Gabriel cria de nouveau haut et fort : « La gloire n'appartient pas à ce cadavre, mais à Jésus-Christ, qui a piétiné la mort et nous a donné la vie éternelle. » Puis la voix de Père Gabriel se tut.
En parlant de cela avec nous, le père Gabriel a dit un jour : « Les égarés pensent qu'ils font bien. À l'inverse, l'arrivée des soldats du huitième régiment m'a aidé, parce qu'ils ont dispersé les gens, et quand ils m'ont vu, tout couvert de sang, ils m'ont jeté dans une voiture et m'ont emmené en prison. Lorsque j'ai décidé de brûler cette bête, je savais qu'ils ne feraient pas de quartier et que je me ferais tirer dessus, mais j'ai considéré que c'était un honneur de mourir pour le Christ. Je me suis signé et j'ai confié ma vie au Seigneur. »
Un statut d'alarme de première classe fut déclaré dans la ville. Les soldats du huitième régiment transportèrent le père Gabriel, avec dix-sept fractures maxillaires et corporelles, à Ortachala, au centre de détention du service de sécurité et, et, au plein du terme, le jetèrent à moitié mort directement sur le sol en béton. Au début, ils n'essuyèrent même pas le sang, mais comme un interrogatoire était inévitable (entrepris par les plus hauts représentants de la structure de pouvoir), ils nettoyèrent le sang, mais ils jugèrent qu'une aide médicale était inutile, en disant : « Les ordres du Kremlin seront de l'abattre de toute façon. »
Ainsi, l'interrogatoire de Père Gabriel fut mené dans de telles conditions de tourment physique. Père Gabriel lui-même n'a jamais commencé à en parler aux visiteurs, mais en de rares occasions, après des demandes ferventes, il racontait quelque chose de l'histoire, en deux mots, très brièvement, d'une manière légère et simple, même en plaisantant un peu. Ce faisant, il cachait toujours cette terrible histoire, afin de ne pas susciter le respect des personnes abasourdies par cet exploit.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Whispers of an Immortalist
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Acathiste
à Saint Gabriel de Géorgie
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A propos du terme "brûlement"
Le séide de la Révolution, l'ignoble Morel, qui organisa le sac de la cathédrale où étaient les reliques de saint Claude, ironisa après que le corps du saint ait été brûlé en disant que le grand saint Claude, malgré tous ses miracles n'avait pas réussi à éviter le brûlement de son corps. Plus tard, la ville fut détruite par un incendie, une seule maison échappa au feu, celle du pieux Calais dont l'épouse avait reçu le chapelet de saint Claude, que les impies lui avaient donné à l'instant où ils brûlaient la relique.
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