mercredi 31 juillet 2024

Recension : « La Prière de Jésus » de Jean-Claude Larchet (éd. Salvator)

 


Jean-Claude Larchet, La Prière de Jésus. Selon les moines du Mont Athos, Salvator, 2024, 238 pages. Ce livre est le premier d’une nouvelle collection lancée par cet éditeur : « Voix de l’orthodoxie ».

La prière de Jésus est un sujet qui a fait l’objet de nombreux livres. Elle est au cœur de la tradition orthodoxe depuis les premiers siècles du christianisme. Elle est une illustration, parmi d’autres, de la vénération du Nom héritée de la tradition biblique (voir sur ce sujet de Mgr Hilarion Alfeyev Le Nom grand et glorieuxLa vénération du Nom de Dieu et la prière de Jésus dans la tradition orthodoxe, Cerf, 2007) et du thème spirituel du « souvenir de Dieu ». À l’époque contemporaine, le saint évêque russe Ignace Briantchaninov (1807-1867) lui a consacré un écrit (Approches de la prière de Jésus, Bellefontaine, 1983), tandis qu’un célèbre écrit, les Récits d’un pèlerin russe, la popularisait. Au XXe siècle, le père Lev Gillet, sous son nom d’auteur « Un moine de l’Église d’Orient », a rédigé une synthèse qui est aujourd’hui un classique : La prière de Jésus, qui fut d’abord un article publié en 1947 dans la revue Irénikon, puis qui fut revu et publié à partir de 1959, il y a eu plusieurs éditions, par Chevetogne.

L’originalité du livre de Jean-Claude Larchet est qu’il propose des textes contemporains de grands spirituels athonites du XXe siècle sur la prière de Jésus (certains sont nés au XIXe et d’autres décédés au XXIe) comme saint Silouane l’Athonite, saint Joseph l’Hésychaste, saint Éphrem de Katounakia, saint Païssios l’Athonite et d’autres. La première partie de l’ouvrage est une introduction très utile sur la prière de Jésus, sa nature, sa pratique, ses fruits. Il évoque aussi les différences avec des pratiques analogues dans d’autres traditions comme le japa yoga, (japa est un mot sanskrit qui désigne la répétition du nom d’une divinité), ou le dhikr ou zikr (à la fois « souvenir », « rappel » et « invocation ») dans l’islam et notamment le soufisme. Il précise à ce propos que (p.37) « Le but de la Prière de Jésus est d’unir l’âme à Dieu, plus précisément au Christ, et par lui, à l’Esprit Saint et au Père, ce qui n’est le cas d’aucune méthode analogue. » Il rappelle aussi à ce propos que la prière de Jésus n’est pas une technique que l’on pourrait détacher de la foi chrétienne orthodoxe. En effet, d’une part, elle résulte de la double action de l’être humain et de la grâce divine. D’autre part, il n’y a pas d’effet mécanique ou magique que l’on pourrait en attendre, mais une synergie de l’humain et du divin. Celle-ci, bien sûr, n’invalide pas différentes démarches possibles et ne diminue en rien les conseils bien nécessaires prodigués par les Pères, dont ceux qui se trouvent dans cet ouvrage, pour avancer sûrement sur ce chemin. Jean-Claude Larchet rappelle aussi que ce que l’on appelle la « prière du cœur » est un troisième niveau de la prière de Jésus où se manifeste une présence active du Saint-Esprit. Cette « prière du cœur » souligne-t-il également (p.30) n’est pas le fruit de l’effort humain, mais un don de Dieu.

Cet ouvrage s’adresse aussi bien à ceux qui connaissent déjà ce sujet et des écrits plus anciens sur celui-ci, ils y découvriront les enseignements ici rassemblés de grands spirituels athonites contemporains sur cette prière, mais aussi à ceux qui désirent connaître cette prière et cette démarche spirituelle, grâce à son excellente et très profitable introduction, qui pose les bases essentielles, et les précieux conseils de pères athonites de notre temps qui sont de plain-pied dans la longue (plurimillénaire) tradition orthodoxe.

Christophe Levalois


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