dimanche 25 février 2024

DIMANCHE DU PUBLICAIN ET DU PHARISIEN

 Extrait des anciens feuillets Liturgiques de la Cathédrale orthodoxe de Genève:

Commencement du Triode de Carême

Icône de la Mère de Dieu d'Iviron
dite "Portasïtissa"

Apparition de l'icône d'Iveron de la Très Sainte Mère de Dieu (Mt. Athos) (9e s.). St. Mélèce, archevêque d'Antioche (381). St. Alexis, métropolite de Moscou (1378). Mélèce, archevêque de Kharkov (1840).

Ste Marie, moniale (appelée Marinus), et son père, saint Eugène, moine, d'Alexandrie (VIe s.). Saint Antoine II, patriarche de Constantinople (895). Mélèce de Lardos, fondateur du monastère d'Ypseni (fin du XIXe siècle). Saint Bassian, fondateur du monastère de Ryabovsk (Uglich) (1509). Hiéro-martyr Urbain, pape de Rome (223-230).

Nouveau hiéroconfesseur Basile (Bogdashevsky), archevêque de Kanev (1933). St. Ethilwald de Lindisfarne (740). St. Prochore de Géorgie, bâtisseur du monastère de la Sainte-Croix près de Jérusalem (1066). Nouveaux moines-martyrs Luc (Mukhaidze) (1277) et Nicolas (Dvali) (1314), de Jérusalem, et les saints pères des monastères géorgiens de Jérusalem. Nouveau martyr Christos le Jardinier, d'Albanie, à Constantinople (1748). Repos en Christ de la troglodyte Anastasia (Logacheva) d'Ardatov (1875).

OUVRE-NOUS LES PORTES DE LA PÉNITENCE, DONATEUR DE VIE !



Le premier dimanche du Triode, à savoir celui du Pharisien et du Publicain, a été appelé « annonciateur » des combats spirituels, car il est comme une trompette qui nous annonce la préparation du combat contre les démons lors du carême qui vient.

Le premier signal de cette préparation au combat est constitué par les trois stichères qui sont chantés immédiatement après l’Évangile des Matines : « Ouvre- moi les portes de la pénitence, Donateur de vie... », « Conduis-moi sur les chemins du salut... » et « Me souvenant de la multitude de mes mauvaises actions... ». Ces stichères nous emplissent de componction et bouleversent nos cœurs. À leur lumière, nous voyons notre âme et notre corps souillés par les nombreuses actions mauvaises que nous avons accomplies. Nous voyons encore notre vie passée, gaspillée dans l’oisiveté, alors que le Jugement redoutable approchera soudain. Que ferons-nous ? Une profonde affliction et la crainte nous saisissent et jettent de l’ombre sur notre âme. Mais à ce moment, se manifeste un rayon d’espoir : la miséricorde infinie du Seigneur, la prière pleine de force de la Mère de Dieu et l’œuvre de notre purification et de notre renouveau par la pénitence, dont s’ouvre maintenant la porte. L’espoir nous renforce et nous donne la hardiesse de crier, le cœur brisé, avec le prophète David : « Aie pitié de moi, ô Dieu, selon Ta grande miséricorde... » Ces trois stichères que nous avons mentionnés, nous parlent de la pénitence et nous enseignent toujours à l’accomplir en faisant un retour sur nous-

mêmes et en réfléchissant à notre vie dans le péché ; en gardant à l’esprit la crainte du Jugement redoutable ; dans l’espoir et la confiance en la miséricorde Divine. Les sentiments de crainte et d’espoir qu’éveillent en nous ces stichères, doivent nous accompagner constamment durant le Grand Carême. C’est pourquoi nous les entendrons aux matines dès maintenant, chaque dimanche de Carême, jusqu’au cinquième.

Le deuxième signal de préparation au Carême nous est donné dans l’exemple évangélique du Pharisien et du Publicain (Lc XVIII, 10-14) qui, avec les lectures et les chants des Vêpres et des Matines nous invite à cette réflexion : « Frères, ne prions pas à la manière du Pharisien, car celui qui s’élève sera humilié. Humilions-nous devant Dieu à la manière du Publicain, au moyen du jeûne, en criant : ô Dieu, aie pitié de nous pécheurs » (Stichère du Lucernaire). « Le Pharisien vaincu par la vanité... fut privé de Tes biens et l’autre, n’osant parler, fut rendu digne de Tes dons » (idem).

Comme nous l’explique le Synaxaire du dimanche1, la parabole nous présente deux états de l’âme : celui du Publicain, auquel nous devons aspirer, et celui du Pharisien, dont nous devons nous tenir éloigner et fuir. Car l’humilité et la pénitence du Publicain se sont avérées décisives dans le combat contre les démons, tandis que l’orgueil et la jactance du Pharisien ont constitué le commencement et la source de tout péché. En effet, c’est l’orgueil qui a causé la chute du diable et c’est le même péché qui a fait expulser Adam du paradis, tandis que la guérison du monde est venue avec l’humilité, celle du Fils de Dieu, qui a pris la forme du serviteur et a subi la mort honteuse sur la Croix. C’est un exemple vivant que nous donne la parabole. Le Pharisien était un homme juste, tandis que le Publicain était un pécheur. Celui-ci, cependant, revint chez lui justifié. En reconnaissant son état de pécheur, il acquit la justice rapidement et sans peine. Non seulement cela, mais tous ceux qui se sont humiliés ont été justifiés, comme le dit le doxasticon des Vêpres du dimanche : « Seigneur Tout-Puissant, je sais ce que peuvent les larmes : elles relevèrent Ezéchias des portes de la mort ; elles délivrèrent la pécheresse de ses fautes accomplies durant de nombreuses années ; et elles justifièrent le Publicain bien plus que le Pharisien ». Ainsi, l’humilité purifie rapidement et soulage du fardeau du péché, comme le dit le Christ Lui-même : « Quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc XVIII, 14). Lorsqu’il s’humilie, l’homme se purifie du péché et commence à acquérir la Grâce Divine, qui le recouvre et empêche le péché de l’assiéger. Pour cette raison, l’Apôtre Pierre dit que « Dieu donne la grâce aux humbles » (I Pierre V, 5). L’humilité devient le liturge de la grâce dans l’homme, tandis que l’œuvre de la grâce mène à l’acquisition de toutes les vertus. De même que l’orgueil est la source de tout mal, l’humilité est la source de toutes les vertus.

Père Petronios (+2011) du Mont Athos

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Tropaire du dimanche, ton 1

Кáмени запеча́тану отъ Iyде́й и во́иномъ стрегу́щымъ пречи́стое Tѣ"ло Tвое́, воскре́слъ ecи́ тридне́вный, Cпа́ce, да́руяй мípoви жи́знь. Ceго́ ра́ди си́лы небе́сныя вопiя́xy Tи, Жизнода́вче: сла́ва Bocкреcéнію Tвоемý Xpисте́; сла́ва Ца́рствiю Tвоему́; сла́ва cмотре́нiю Tвоему́, еди́не Человѣколю́бче.

La pierre étant scellée par les Juifs et les soldats gardant Ton Corps immaculé, Tu es ressuscité le troisième jour, ô Sauveur, donnant la Vie au monde ; aussi, les Puissances des cieux Te crièrent : Source de Vie, ô Christ, gloire à Ta Résurrection, gloire à Ton règne, gloire à Ton dessein bienveillant, unique Ami des hommes!

Kondakion du dimanche du pharisien et du publicain,ton4

Фариcé́eва убѣжи́мъ высоко- глаго́ланія, и мытарéвѣ научи́мся высотѣ' глаго́лъ смирéнныxъ,покая́нieмъ взыва́юще: Cпа́ce мípa, oчи́сти рабы́ Tвоя́.

Fuyons la jactance du pharisien et apprenons du publicain la sublimité d’un langage humble, criant dans le repentir : «Sauveur du monde, purifie Tes serviteurs ».


Le texte qui suit vient de la source suivante:

Les offices à partir de maintenant jusqu'à Pâques se trouvent dans le Triode de Carême et sont en trois périodes. La première période de trois semaines commence par un dimanche et se termine par un dimanche. Ces quatre dimanches embrassent la période pré-Carême; ce sont ce Dimanche, puis le Dimanche du Fils Prodigue, le Dimanche du Jugement Dernier et le Dimanche du Pardon. Viennent ensuite les Quarante Jours du Grand Carême puis la Semaine Sainte. Cette période de préparation  évolua au cours des premiers siècles. Au 3ème siècle, le jeûne durait une semaine; essentiellement la Semaine Sainte. Au moment du 1er Concile œcuménique en l'an 325, il est fait référence au jeûne de 40 jours. L'histoire de ce développement n'est pas soigneusement documentée, mais il semble que le jeûne de 40 jours ait été établi et universellement observé avant la fin du 4ème siècle. Nous sommes donc aujourd'hui les héritiers d'une tradition ancienne et pieuse.

[...]

+

La lecture de l'Évangile de ce dimanche est la Parabole du Publicain et du Pharisien (Luc 18: 10-14) dans laquelle le Seigneur nous avertit tous du péché d'orgueil.

Dans cette parabole, nous voyons deux prototypes. Le pharisien était le gardien de la loi, combinant les caractéristiques d'un avocat, d'un policier et d'un magistrat en un seul être. En tant que tel, il cultivait l'image publique de droiture et de vertu. Le publicain (percepteur d'impôts) était un objet de méfiance, voire de haine, dont on ne disait jamais rien de bon. On nous montre que l'amour de soi est la cause profonde du problème. Il se manifeste sous de nombreuses formes, présomption, arrogance et vaine gloire mais, et, pire que tout, orgueil. La parabole est une leçon pour tous ceux qui ont confiance en eux-mêmes et n'attribuent pas tout à Dieu.

Regardez les premières paroles du Pharisien, Dieu, je Te remercie. Cela ressemble à l'attitude d'un homme reconnaissant qui remercie Dieu de l'avoir sauvé de l'erreur. Il ne fait pas cela, mais au lieu de cela, il s'attribue ses vertus imaginaires et informe Dieu en conséquence. S'il croyait avoir reçu un don de Dieu, il n'aurait pas jugé les autres mais aurait fait preuve de pitié. Au contraire, confiant en sa propre justice, il méprisait les autres hommes qui les jugeaient et les méprisaient. Notez que le pharisien et le publicain se tenaient tous les deux dans le temple, mais il y avait une différence. Le premier se tenait droit avec une attitude qui voulait dire [ à Dieu] "regarde-moi" tandis que le second s'inclinait humblement, les yeux baissés, conscient de son indignité.

Le pharisien était tellement obsédé par lui-même qu'il énumérait ses vertus imaginaires en ajoutant qu'il respectait exactement la lettre de la loi, jeûnant deux fois par semaine (le lundi et le jeudi, ce qui était la coutume à l'époque), et en donnant la dîme. L'Église nous enseigne à jeûner deux fois par semaine, mais le mercredi (le jour où Christ a été vendu pour trente pièces d'argent) et le vendredi (le jour où Christ a été crucifié). La semaine prochaine, pour nous rappeler de ne pas être orgueilleux comme le pharisien, nous sommes libérés du jeûne le mercredi et le vendredi.

Le publicain fut beaucoup moins bavard. Il marmonna juste une phrase, que Dieu soit miséricordieux envers moi, un pécheur. Si cela vous semble familier, ça l'est. C'est le sentiment de la prière de Jésus, Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. Cette expression d'humilité de la part du publicain lui valut la bénédiction de Dieu parce que Dieu résiste aux orgueilleux et donne la grâce aux humbles (Première Épître générale de Pierre 5:5).

La Prière de Jésus a une place très spéciale dans la spiritualité orthodoxe. Dans le classique russe, Les récits d'un pèlerin russe, nous rencontrons un homme dont le cœur a été touché par une phrase qu'il a entendue à l'église, Priez sans cesse (1 Thessaloniciens 5: 17). Par la suite, il s'est mis à découvrir comment une telle chose pouvait être possible. Dans sa quête, il rencontra un staretz (père spirituel) qui l'initia à la Prière de Jésus et à la Philocalie. 

Chapelet orthodoxe ( Tchotki)
voir

Le Tchotki (chapelet de laine orthodoxe) peut être considéré comme un appareil de comptage. Au cours des siècles passés, de nombreux chrétiens pieux étaient analphabètes et ne pouvaient donc pas utiliser les livres de prières. Une règle de prière conçue pour eux était de réciter la Prière de Jésus un nombre spécifié de fois; par exemple 600 prières à la place des Vêpres et 400 pour les Petites Complies. Alternativement, le tchotki peut être une aide à la concentration, mais il n'est pas indispensable à cet effet. Le staretz expliqua qu'il s'agissait d'une prière intérieure et qu'il n'était pas nécessaire de la dire à haute voix. Il cite le conseil de saint Siméon le Nouveau théologien d'être silencieux et de laisser vos pensées passer de votre tête à votre cœur en disant la prière, dans votre esprit, pendant que vous expirez. Cela peut être fait juste quelques fois ou en continu. Tout en étant avertis d'éviter l'orgueil du pharisien par l'exemption du jeûne, nous sommes encouragés à cultiver une âme humble en utilisant la Prière de Jésus, surtout lorsque la tentation nous assaille.

Dans l'introduction du Triode, nous lisons: La faute du pharisien est qu'il n'a aucun désir de changer son point de vue; il est complaisant, satisfait de lui-même, et donc il ne laisse aucune place à Dieu pour agir en lui. Le Publicain, au contraire, aspire vraiment à un "changement d'esprit" : il est insatisfait de lui-même “ "pauvre en esprit", et là où il y a cette insatisfaction salvatrice de soi, il y a de la place pour que Dieu agisse.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND 


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