jeudi 27 avril 2023

Métropolite Antoine de SourogeComment nous comporterions-nous les uns avec les autres si le moment présent était le seul moment que nous aurions à notre disposition ?


Pensez à ce que ce serait si nous nous rendions compte que n'importe quel moment de notre vie pourrait être le dernier et que ce moment nous serait donné pour atteindre une certaine perfection et que les paroles que nous dirions pourraient être les dernières et elles devraient exprimer toute la beauté, la sagesse, la connaissance et surtout l'amour que nous avons acquis au cours de notre vie, peu importe combien cette vie aurait été  longue ou courte.

Comment nous comporterions-nous les uns avec les autres si le moment présent était le seul moment que nous avons à notre disposition et si ce moment devait exprimer tout l'amour et le souci que nous avons pour l'autre. Nous vivrions avec une intensité et une profondeur, sinon nous ne pourrions jamais l'atteindre. Mais nous ne sommes pas conscients de l'importance du moment présent. Nous allons du passé au futur sans vivre avec intensité le moment présent.

Dostoïevski dans son journal nous raconte ce qui lui est arrivé lorsqu'il a été condamné à mort. En attendant le moment de l'exécution par pendaison, il s'est levé et a regardé les gens autour de lui. À quel point la lumière était brillante et à quel point l'air qu'il respirait était beau, à quel point le monde autour de lui était beau, à quel point chaque moment de la vie était précieux alors qu'il était encore en vie, mais au bord de la mort.

« Oh, a-t-il dit, si on me donnait la vie, je ne la gaspillerais pas en vain. On lui avait donné la vie et il en avait tellement gaspillé. Si nous étions au courant de cela, comment nous traiterions l'autre et même nous-mêmes. Si nous savions que la personne à qui nous parlons pourrait mourir bientôt et le son de notre voix, le contenu de nos mots, le geste que nous faisons, la façon dont nous nous adressons à elle, nos intentions pourraient être les dernières choses que cette personne percevrait et les emmènerait avec elle dans l'éternité, à quel point nous serions vraiment prudents et aimants.

L'expérience prouve qu'avant la mort, tous les ressentiments, l'amertume, les antipathies réciproques disparaissent.

La mort est de loin beaucoup plus importante que ce qu'elle semblerait insignifiante à l'échelle de la vie éphémère. En voyant la mort sous cet angle, la pensée et le souvenir à son sujet pourraient être le seul pouvoir qui rendrait la vie intense.

Vivre pour être au plus fort de la mort, vivre de telle sorte que chaque fois que nous rencontrerions la mort, elle nous trouverait au sommet, sur la crête de la vague, pas dans la tombe afin que nos dernières paroles ne soient pas inutiles et que notre dernier geste ne soit pas vain !

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE ATHONITE TESTIMONY

Extrait de Vie, maladie, mort - Métropolite Anthony de Suroj, Saint Silouan Publishing.

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