jeudi 13 avril 2023

Archimandrite Ilya (Reyzmir) NE SOYONS PAS COMME LA FIGUIER STÉRILE

La malédiction du figuier. Artiste : James Tissot

La malédiction du figuier. Artiste : James Tissot

     

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !

Chers frères et sœurs ! La dernière semaine avant Pâques est consacrée à la mémoire des derniers jours de la vie terrestre du Sauveur, de Ses souffrances, de Sa mort et de Son enterrement, et est appelée Sainte et Grande Semaine. « Nous appelons cette semaine grande », dit St. Jean Chrysostome, « non pas parce que ses jours sont plus longs ou qu'il y en a plus, mais parce que notre Seigneur a fait de grandes et ineffables bienfaits tout au long de cette semaine. En cette semaine, la longue bataille est terminée, la mort est détruite, la malédiction est détruite, la puissance du Diable est détruite, ses armes sont anéanties, Dieu est réconcilié avec l'homme, et le Ciel lui devient accessible ; les hommes sont unis aux anges... la barrière est enlevée, et le Dieu de la paix réconcilie le Ciel et la terre".

De plus, chaque jour de la Semaine Sainte est depuis les temps anciens consacré par l'Église à des commémorations spéciales. Contemplant l'humiliation et la gloire du Fils de Dieu dans les préfigurations de l'Ancien Testament, le lundi saint, l'Église commémore le chaste Joseph. « Joseph, dit le Synaxarion, « est une image du Christ, parce que le Christ devient un objet d'envie pour ses compagnons juifs, est vendu par un disciple pour trente pièces d'argent, est confiné dans la fosse sombre et lugubre du tombeau, et après en être sorti par son propre pouvoir, règne sur l'Égypte, règne sur l'Égypte, c'est-à-dire qu'il est victorieux de tout péché, régnant sur le monde entier ; dans Son amour pour l'humanité, il nous rachète par le don du grain mystique et nous nourrit du pain céleste - Sa chair qui donne la vie".

Contemplant les souffrances innocentes de Jésus-Christ dans les types de l'Ancien Testament, la sainte Église rappelle le récit évangélique sur le figuier stérile, qui s'est desséché à la demande du Seigneur. Lorsque le Christ Sauveur et ses disciples revenaient de Béthanie à Jérusalem, il eut faim. Voyant le figuier, le Seigneur y alla, et ne trougna que des feuilles, Il dit : Qu'aucun fruit ne pousse sur toi désormais et à jamais. Et aussitôt, le figuier se déchessa(Mt. 21:19).

Voici, frères et sœurs, telle est la puissance de la parole divine ! Tout au long de son ministère terrestre, le Sauveur n'a fait qu'enseigner, pardonner, guérir et ressusciter, et maintenant, à la fin de son ministère, Il prononce une malédiction. Mais pourquoi et dans quel but le Seigneur soumet-Ol une création sans âme, qui est incapable de ressentir ni punition ni miséricorde, à un tel destin ? Le Seigneur n'aurait pas pu maudire le figuier simplement parce qu'il avait faim et qu'il n'y trouvait aucun fruit. Nous savons par l'Évangile qu'avant Son ministère public, le Seigneur Jésus-Christ passa quarante jours et quarante nuits à jeûner et à prier, et malgré la faim, il rejeta avec indignation la suggestion du Tentateur de transformer les pierres en pain.

Le figuier fut maudit par le Seigneur, frères et sœurs, non pas pour se venger de sa stérilité, mais pour montrer le but élevé, la mission du Fils de Dieu - le salut de l'humanité. C'était l'une de ces actions symboliques par lesquelles le Sauveur exprimait parfois, au lieu de mots, les nobles vérités de Son enseignement. La malédiction du figuier nous montre que tout comme il y a un temps pour la miséricorde et la patience, il y a aussi un temps pour le jugement et le châtiment.

St. Jean Chrysostome dit que, "puisque le Seigneur a toujours été bienveillant et n'a puni personne, Il devait leur donner la preuve de Sa justice et de Sa punition, afin que les Disciples et les Juifs sachent que, bien qu'il puisse flétrir ses crucificateurs, comme le figuier, il se livre volontairement à la crucifixion ; qu'il n'a pas voulu montrer cela aux hommes, mais qu'Il a fourni la preuve de Sa justice sur l'arbre".

Ce figuier était une image du peuple juif, et sa malédiction est une image du rejet des Juifs. Il avait des feuilles et il semblait qu'il y avait des fruits dessus (et le peuple juif observait la religiosité extérieure, adhérant aux rituels et aux traditions), mais il n'y avait pas de fruit sur le figuier, et il n'y avait pas de fruit de foi et de religiosité dans le peuple juif ; et les deux ont été rejetés par Dieu, En décrivant le sort du peuple juif par la malédiction du figuier, le Seigneur a voulu montrer Son jugement futur sur les pécheurs impénitents par une action capitale pour nous amener à la raison. Chaque âme qui n'apporte pas de fruit spirituel est comparée au figuier desséché, car celui qui n'a pas de bonnes actions sanctifiées par la foi et la prière ne sera pas protégé de la condamnation par des manifestations extérieures, car il ne suffit pas pour être sauvé, d'être baptisé et appelé chrétien, mais il faut l'être en actes, dans sa vie.

St. Jean le Baptiste a appelé à se repentir et à produire des fruits, conformes à la repentance  (Mt. 3:8). Le Seigneur nous demandera les fruits de la repentance au Redoutable Jugement. Quels sont ces fruits ? Ce sont des œuvres de miséricorde et de compassion, des œuvres d'amour chrétien, à savoir : rendre visite aux malades et aux emprisonnés, nourrir les affamés et à boire aux assoiffés, vêtir ceux qui sont nus, donner un abri à l'étranger, guider un homme sur le chemin de la vérité et du salut, avoir la paix entre nous, et porter humblement  et porter humblement et patiemment notre croix dans la vie.

En plus de l'histoire du figuier stérile, la sainte Église nous édife également dans l'Évangile des Matines avec la parabole des méchants vignerons, prononcée par le Sauveur ce jour. Dans cette parabole, qui dépeint de la manière la plus directe, les Juifs qui avaient l'habitude de battre les prophètes, et qui ont crucifié le Fils de Dieu par Sa venue sur terre, on ne peut s'empêcher de voir la terrible censure pour les chrétiens qui violent les commandements de Dieu et continuent ainsi à crucifier le Sauveur Lui-même par leurs péchés

Dans la lecture de l'Évangile à la Liturgie, la sainte Église nous rappelle le sort du peuple juif et de la fin du monde, comme tout cela a été prédit par Jésus-Christ. Avec l'image des grandes calamités et de la fin des temps, les fidèles sont appelés à la prière et à la vigilance spirituelle, pour être également prêts à rencontrer le Christ à venir avec une âme pure ; ils sont appelés à la générosité et à la patience et sont réconfortés par la promesse du Sauveur de la diffusion de l'Évangile dans le monde entier, et que les catastrophes seront arrêtées pour l'amour des élus.

Chers frères et sœurs ! Afin que nous ne devenions pas comme le figuier stérile et que nous ne mettions pas notre vie en danger éternel, afin que nous puissions être délivrés des souffrances éternelles et que nous puissions être justifiés au juste Jugement  de Dieu, nous devons embellir nos vies de bonnes choses. Soyez les enfants fidèles de la sainte Église orthodoxe, gardez saintes ses alliances et ses statuts, allez toujours à l'Eglise du Seigneur et éduquez votre âme pour la vie éternelle, priez avec ferveur le Seigneur, lisez constamment la Parole de Dieu et incarnez-la dans votre vie, ne condamnez personne, priez les uns pour les autres, portez patiemment les infirmités les uns des autres, pardonnez-vous les uns aux autres, et le Dieu de la paix, notre Seigneur Jésus-Christ qui a souffert pour nous, sera toujours avec nous, et à sa seconde et glorieuse Parousie [Second Avènement], Ol ne nous abandonnera pas, mais Il nous jugera dignes de Son appel : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde (Mt. 25, 34).


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

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