jeudi 26 janvier 2023

METROPOLITE ANTOINE DE SOUROGE: Si nous étions une véritable communauté chrétienne...



Dans une prière secrète lue par le prêtre au début de la Liturgie au cours de l'une des courtes ecténies, il est dit, en utilisant les paroles de saint Jean Chrysostome, que si deux ou trois s'accordent en toutes choses, la grâce, la puissance et la présence de Dieu seront au milieu d'eux.

Qu'est-ce que c'est alors, quels sont les mots qui sont si décisifs dans cette prière ? Je pense que ce n'est pas que deux ou trois puissent être d'accord de temps en temps, lorsqu'ils ont un intérêt commun, les mêmes sentiments, mais qu'ils sont prêts à être d'accord, c'est-à-dire en harmonie dans toutes choses, faisant des préoccupations de l'un les préoccupations de tous ; considérant les péchés de chacun comme étant les leurs. C'est donc l'accord, l'harmonie en toutes choses qui est la condition préalable de la Présence de Dieu avec puissance et grâce, avec joie et amour exultants.

Déjà en son temps, saint Paul a dit : « Hélas, il y a des divisions entre vous. » Et ces divisions détruisent l'unité qui pourrait être le lieu où Dieu peut agir. 

Nous devons réfléchir à cela très attentivement parce que nous ne pouvons pas aimer naturellement, spontanément tout le monde ; nous trouvons très difficile de nous comprendre les uns les autres ; nous trouvons très difficile de supporter les fardeaux des uns des autres, de nous supporter les uns les autres ; nous trouvons presque impossible de considérer les péchés d'une personne ou d'une autre comme les nôtres. Et pourtant, si nous répondons aux défauts, aux péchés, en effet au mal qu'il peut y avoir chez quelqu'un en rejetant cette personne, nous nous retrouvons séparés de Dieu, parce que Dieu ne rejette aucun d'entre nous. 

Dieu est devenu l'un d'entre nous au prix de Son incarnation, au prix qu'Il a payé pour l'amour de nous ; pas pour les justes - n'a-t-il pas dit "Ce ne sont que les malades qui ont besoin d'un médecin, pas ceux qui sont bien portants" ? Il est venu partager avec ce pécheur, avec cette personne insupportable que nous rejetons, avec les gens mêmes avec lesquels nous sommes en désaccord ; Il est venu partager non seulement notre humanité commune, mais aussi leur destin, leur agonie, leurs luttes. Ce n'est pas en vain qu'Isaïe parlant prophétiquement du Christ dit que le poids du péché du monde entier était sur Lui.

Réfléchissons à cela, car si nous voulons devenir ce que nous ne sommes pas - une communauté chrétienne, une communauté de personnes qui s'aiment sincèrement, si nécessaire en sacrifice, dont l'amour est prêt à aller jusqu'à la crucifixion, alors nous devons en apprendre beaucoup sur nos attitudes les uns envers les autres. 

Comment pouvons-nous envisager la vision de la Croix si nous ne sommes pas prêts à porter les fardeaux les uns des autres, à nous identifier dans la sympathie et la compassion les uns envers les autres ? 

Comment pouvons-nous faire face au fait que Dieu dans Son amour a donné Sa vie pour les égarés, alors que nous rejetons ceux pour qui Il est mort, nous les ignorons, nous voudrions les exclure de notre vie parce qu'il serait si facile de ne vivre qu'avec ces personnes qui ne nous posent aucun problème? En faisant cela, nous devenons étrangers à Dieu, non pas par toute action de quiconque nous entoure, mais par notre propre libre choix parce que nous ne pouvons pas accepter ceux pour qui le Christ a vécu et est mort.

Réfléchissons à cela, conquérons tout en nous qui nous empêche de ne faire qu'un avec Dieu, et par cette unité avec Dieu, acceptons-nous les uns les autres, même si c'est au prix de nos vies. Amen.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

PRAVMIR

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