mardi 17 janvier 2023

Archiprêtre Serge Baranov: De l'imitation des saints


 

Pourquoi ne parvenons-nous pas à imiter les saints ? Parce que nous sortons de leur contexte leurs actes les plus élevés et les plus extraordinaires, et que ces actes peuvent être bien au-delà de notre mesure - compte tenu de notre force, nos capacités, nos circonstances et en ayant à l'esprit nos tâches quotidiennes. 

Mais nous pouvons encore tous accomplir nos propres pratiques ascétiques quotidiennes. Cela peut ne pas être nécessairement aussi extraordinaire ou attrayant, et cela peut ne pas nécessairement être salué et loué par les hommes. Les saints, avant d'entrer dans ce genre de vie et de pratiques spirituelles, ont d'abord mené de grandes luttes intérieures. C'est la chose la plus difficile - une vie spirituelle quotidienne, stable et digne, le tout jusqu'à la mort elle-même.

Rappelez-vous comment je vous ai parlé une fois de saint Acace qui croyait au premier abord qu'il pouvait être martyr, mais une fois qu'il est arrivé au martyre réel, il a soudainement perdu cette foi rêveuse en lui-même et a été submergé de peur. 

Si vous voulez jeûner en ne mangeant que du pain et en buvant de l'eau, si vous souhaitez ne pas dormir toute la nuit ou être un styliste - eh bien, veuillez d'abord essayer quelque chose de [plus] modeste. 

Ne commencez pas par devenir styliste, mais dites plutôt "Que ce soit béni" et faites le travail qui vous est demandé de faire, du début à la fin, lorsque vous êtes tellement épuisé que vous vous écroulez. Si nous ne pouvons même pas accomplir cela, alors pourquoi rêvons-nous de grandes choses ? Il y a de la place pour la lutte spirituelle et le travail acharné pour chaque chrétien chaque jour - ce n'est peut-être pas aussi extraordinaire que ceux dont nous lisons dans la vie des saints. Ou peut-être que le fait que cela ne soit pas aussi attrayant ou majestueux est ce qui  rend cela extraordinaire.

On m'a dit un jour un proverbe sur le Mont Athos ; il dit ceci: « La vanité rajeunit le vieillard.» Lorsque vous vous admirez, vous pourriez vraiment déplacer des montagnes. Mais quand il n'y a pas d'admiration extérieure en jeu, mais qu'au lieu de cela, il y a un travail acharné banal, stable, quotidien, peu attrayant, peu inspirant, travail acharné qui peut très bien être dépourvu de prière, d'attention, de chaleur, quand il y a des choses grossières qui sortent de votre cœur, mais que vous continuez, à invoquer Jésus. C'est le chemin sûr et moyen - à partir de ce moment jusqu'à la mort, nous sommes là, nous persévérons, avançons, soupirant, parfois même en gémissant, mais nous nous relevons quand même et avançons encore et encore - c'est cela même le martyre. Ce n'est pas un hasard si les vénérables sont appelés martyrs qui ne versent pas de sang. C'est cela être vénérable.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

PRAVMIR

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire