samedi 12 novembre 2022

Jean-Claude LARCHET: Vient de paraître: Saint Georges, le confesseur du Christ, protecteur des pauvres et des souffrants

Écrit par Mère Porphyria, higoumène du monastère de l’Ascension du Sauveur à Taxiarchai-Drama (Grèce) et traduit en français par Sœur Julienne, une moniale française qui vit dans ce monastère depuis près de quarante ans, ce livre présente la Vie du père Georges Karslidis, né en 1901 et décédé en 1959, canonisé en 2008 par le patriarcat de Constantinople et par l’Église orthodoxe russe. Le père Georges est l’un des grands spirituels du xxe siècle, très connu depuis plusieurs décennies en Grèce, où plusieurs livres lui ont été consacrés, et où ses reliques miraculeuses attirent de nombreux pèlerins au monastère de l’Ascension où il a vécu.

Saint Georges eut à affronter, depuis sa toute petite enfance et jusqu’à sa naissance au ciel, des épreuves incessantes de nature variée. Sa patience à les supporter en restant, par sa piété constante, dans la proximité de Dieu, et la grande compassion que lui suscitèrent ses propres souffrances à l’égard de tous les éprouvés, furent des raisons majeures de sa sanctification.

Issu d’une famille originaire du Pont qui avait dû s’exiler au XIXe siècle en Géorgie en raison des persécutions ottomanes, le jeune Athanase Karsidis naquit le 18 janvier 1901 à Tsalka, un village situé à 3000 mètres d’altitude où une forte communauté grecque s’était implantée malgré des conditions climatiques très rudes. Ses parents moururent tous deux le même jour du choléra alors qu’il était âgé de trois ans. Avec son frère et sa sœur, il fut pris en charge par sa grand-mère maternelle, mais deux ans après la mort de ses parents, il subit durant le reste de son enfance des mauvais traitements de la part de son frère. Pris en charge totalement par celui-ci lors de la mort de leur grand-mère, il dut s’enfuir en plein hiver à travers les montagnes, tant sa situation était devenue insupportable. Arrivé miraculeusement à Batoumi, il fut recueilli par un ottoman qui le prit en pitié et lui confia la garde de ses bêtes. Déplacé miraculeusement jusqu’à Tbilisi, il y fut recueilli par une dame pieuse qui le confia à son père spirituel, qui le prit pour l’aider à l’église, puis le conduisit au monastère de Dranda (près de Soukhoumi en Abkhazie), qui abritait, à cette époque, près de 300 moines russes. Il était alors âgé de neuf ans, mais toutes les années qui avaient précédé avaient été émaillées par des visions et des interventions de saints (en particulier de saint Georges et saint Ménas), répondant à son engagement aussi profond que précoce dans la vie spirituelle. Pendant quinze ans il mena dans ce monastère, malgré son jeune âge, la même vie austère que tous les autres moines, et y fut tonsuré le 20 juillet 1919 sous le nom de Syméon. En 1924, lors de la grande persécution qui toucha l’Église, le monastère fut fermé, et le jeune moine, avec ceux de ses frères qui n’avaient pas encore été tués par les communistes, fut enfermé dans un égout sordide de Tbilisi qui servait de prison. Après plusieurs semaines passées dans des conditions de vie atroces, le père Syméon fut conduit avec d’autres détenus au bord d’une fosse pour être fusillé. Les balles le laissèrent en vie, mais touchèrent ses pieds, ce qui l’empêcha jusqu’à la fin de sa vie de marcher normalement. Laissé pour compte par ses bourreaux, il erra alors comme un vagabond, affamé et sans logis. Au cours de cette errance, la Providence lui permit de rencontrer un évêque des environs, qui l’ordonna prêtre clandestinement le 8 septembre 1925, lui donnant le nom de Georges. Il célébra alors en secret la Liturgie et les sacrements dans des familles chrétiennes. Dénoncé, il fut arrêté et torturé, et son corps ensanglanté fut exposé à travers toute la ville. Depuis cette époque, sa santé fut gravement altérée ; il perdit toutes ses dents et ses blessures aux pieds ne cessèrent d’empirer. Il continua à mener une vie d’errant, étant parfois hébergé pour un temps par des familles pieuses. En 1926, alors que se préparait une nouvelle vague de persécutions, le Père Gorges rejoignit une communauté de Grecs à Soukhoumi (Abkhazie), à laquelle il apporta un grand soutien spirituel. La situation devenant de plus en plus insupportable il se joignit à un groupe de familles qui avaient décidé de se réfugier en Grèce. Après six mois passées dans la région de Kilkis, il se rendit près de Drama, au village de Sipsa, où résidait un membre de sa famille. Il continua cependant à vivre de la charité de plusieurs familles qui l’hébergèrent successivement, mais qui avaient des difficultés à assurer l’accueil des nombreuses personnes qui venaient dès lors de toute la grande région pour recevoir ses conseils spirituels. Ce n’est qu’en 1938 qu’il put recevoir un petit lopin de terre que l’État grec concédait aux réfugiés, et qu’avec l’aide des fidèles qu’il servait et qui le soutenaient, il put construire une petite église, avec deux cellules et une petite cuisine, et quelques années plus tard une hôtellerie, l’ensemble constituant un petit monastère, dédié à l’Ascension du Seigneur, dont le Père Georges fut cependant le seul moine jusqu’à son décès en 1959. Tombé dès lors en ruines, le monastère fut restauré et progressivement agrandi après 1970, lorsqu’un petit groupe de filles spirituelles du Père Georges se constitua en communauté monastique. C’est aujourd’hui un grand monastère où l’on vient de tous les pays orthodoxes pour vénérer les reliques de saint Georges, qui fut canonisé en 2008.

Ce livre ne se borne pas à décrire la vie remplie d’épreuves de ce grand ascète du Christ, qui l’on peut considérer comme un martyr car il témoigna de sa foi au sein de souffrances et de persécutions innombrables et fut fusillé à cause d’elle.

Il décrit abondamment ses multiples vertus, évoque les nombreux charismes dont il fut pourvu par l’Esprit Saint, le soutien spirituel puissant qu’il apporta à de nombreux fidèles, et les nombreux miracles qu’il accomplit par la grâce de Dieu de son vivant et après qu’il eût quitté cette terre.

Bien que cela soit anecdotique sur le plan spirituel, on peut noter que saint Georges fut vu plusieurs fois en lévitation, et que c’est l’un des rares saints orthodoxes dont la relique du crâne porte sur le front l’empreinte de la croix.

Reposant sur les témoignages de nombreuses personnes qui ont connu et fréquenté le saint, ce livre est certainement le meilleur de ceux qui lui ont été consacrés jusqu’à présent, et on se réjouit qu’il ait pu paraître en langue française dans une bonne traduction.

Saint Georges, le Confesseur Christ, protecteur des pauvres et des souffrants, Éditions du Saint Monastère de l’Ascension du Sauveur Taxiarchai-Drama, Grèce. Diffusé par la librairie du monastère de Solan.

Jean-Claude Larchet

Lire tous les articles par Jean-Claude Larchet

jeudi 10 novembre 2022

ENSEIGNEMENTS DE ST. IGNACE [BRIANCHANINOV]



St. Ignace [Briantchaninov] (15 février 1807 - 30 avril [13 mai], 1867) se distingue comme l'un des plus grands écrivains patristiques du XIXe siècle. Ce grand saint russe a laissé aux chrétiens orthodoxes une boussole par laquelle nous pouvons vérifier notre direction alors que nous traversons le chemin complexe de la vie spirituelle, pour éviter les forêts sombres et les pièges de l'illusion spirituelle et de l'orgueil.


Quelques citations de ses écrits ascétiques.

Le salut

Le salut consiste en la restauration de notre communion avec Dieu.

Malheureux est celui qui est satisfait de sa propre justice humaine, car il n'a pas besoin du Christ, qui dit de Lui-même : Je ne suis pas venu pour appeler les justes, mais les pécheurs à la repentance (Mt. 9:13).

Foi et espoir dans la Providence de Dieu

Il n'y a pas de hasard aveugle ! Dieu gouverne le monde, et tout ce qui se passe dans les cieux et sous les cieux se passe selon le Dieu sage et omnipotent, insondable dans Sa sagesse et Sa toute-puissance, et insondable dans Sa gouvernance.

S'il n'y a pas un seul événement de Dieu qui soit secret, alors nous devons glorifier Dieu pour tout ce qui arrive.

Il est nécessaire de nous assurer que Dieu gouverne le destin du monde et de chaque personne. Les expériences de vie ne sont pas longues à prouver et confirmer cet enseignement de l'Évangile.

Toutes choses passent - à la fois le mal et le bien - et ni les hommes, ni les démons ne peuvent rien faire si Dieu ne le permet pas.

Pourquoi notre âme se rebelle-t-elle contre la volonté et les dispositions de Dieu ? Parce que nous ne vénérons pas Dieu comme Dieu...

De la foi vivante en Dieu naît la soumission complète à Dieu, et de la soumission à Dieu naît la paix dans nos pensées et le calme dans nos cœurs.

De la vision de la Providence de Dieu, dans l'âme se développe une profonde douceur et un amour indéfectible pour le prochain, qu'aucun vent ne peut déranger ou agiter.

Dieu veille sur les temps, les événements de la société et les destins personnels.

La vision de la Providence de Dieu préserve et renforce notre foi en Dieu.

Le chrétien qui garde son regard fixé sur la Providence de Dieu conserve un courage constant et une fermeté inébranlable, même au milieu de terribles malheurs.

Devant la vision de la Providence de Dieu, non seulement les peines passagères ne peuvent pas résister, mais aussi ceux qui attendent une personne lorsqu'elle franchit le seuil dans l'éternité au-delà de la tombe.

Un chrétien ne devrait jamais et sans raison s'inquiéter, car la Providence de Dieu le porte dans ses bras. Notre seul souci devrait être de rester toujours fidèles au Seigneur.

Le fait qu'un soldat soit tombé ne signifie pas que toute l'armée est vaincue.

La vie selon les Évangiles

Ne vous contentez pas d'une simple lecture infructueuse de l'Évangile ; efforcez-vous d'accomplir ses commandements et lisez-le avec vos actes. C'est le livre de la vie, et il doit être lu par la vie.

Nous serons jugés selon les commandements de l'Évangile au jugement établi par Dieu pour nous, chrétiens orthodoxes... nous serons jugés selon l'Évangile, selon lequel l'insouciance dans l'accomplissement des commandements de l'Évangile est un rejet actif du Seigneur Lui-même.

L'Évangile est l'image des qualités du nouvel homme, qui est le Seigneur du ciel (cf. 1 Cor. 15:48). Ce nouvel homme est Dieu par nature. Il fait de sa sainte tribu d'hommes, qui croient en Lui et sont transformés en accord avec Lui, des dieux par Grâce.

Humilité, amour, douceur, et ainsi de suite, tous les saints commandements du Christ sont un trône et un lieu de repos, pour ainsi dire, pour le Saint-Esprit.

Prenez conseil avec les Évangiles concernant vos propres pensées ainsi que les pensées et les conseils de votre prochain.

Les Béatitudes de l'Évangile sont un état spirituel qui se révèle chez le chrétien à partir de son accomplissement des commandements de l'Évangile ; les Béatitudes sont révélées l'une après l'autre, l'une donnant naissance à une autre...

Le Saint-Esprit opère la purification chez une personne qui exprime par sa vie la volonté de purification.

Confesser Dieu avec les lèvres sans le confesser par des actes et la vie cachée du cœur, à travers seulement quelques rites et institutions externes de l'Église, est reconnu comme une hypocrisie vide et détruisant l'âme.

Les Commandements devraient être l'âme de chaque chrétien et de la société chrétienne.

Le discernement spirituel s'acquiert en lisant les Saintes Écritures, d'abord et avant tout le Nouveau Testament, et en lisant les saints Pères dont les écrits correspondent au type de vie du chrétien.

Il est nécessaire que la lecture soit assistée par un mode de vie : soyez les praticiens de la parole, et pas seulement les auditeurs, en vous trompant vous-mêmes (Jacques 1:22).

Notre demeure dans la filiation avec Dieu reçue par le saint Baptême est maintenue et poursuivie par une vie selon les commandements de l'Évangile. Ce maintien dans la filiation est perdu en s'écartant d'une vie selon les commandements de l'Évangile.

Il est nécessaire pour le salut que celui qui a été baptisé en Christ vive selon les lois du Christ.

Les dommages à l'humanité consistent dans le mélange du bien avec le mal ; la guérison consiste en l'élimination progressive du mal, lorsqu'il commence à agir en nous plus que le bien.


[Signature de St. Ignace]


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Pravoslavie.ru



 

mercredi 9 novembre 2022

Qui chantait aux anciens offices liturgiques et comment ? Histoire des huit tons ecclésiastiques

L'histoire du chant liturgique commence dans le monde céleste, où les rangs angéliques chantent la louange de Dieu. Leur chant provient d'avant la création du monde et se poursuit dans l'éternité. L'histoire « terrestre » du chant liturgique peut être divisée sous certaines conditions en plusieurs périodes.

Examinons l'époque au cours de laquelle le principal système de chant liturgique connu sous le nom de huit tons d'Eglise a été formé.

Périodes de formation du chant liturgique

L'historien de la musique Vladimir Martynov, dans son ouvrage de recherche intitulé History of Liturgical Singing [Histoire du Chant Liturgique], identifie trois principales périodes de formation du chant d'église.

La première commence avec la chute de l'homme et continue jusqu'au prophète Moïse. Pendant cette période, le chant liturgique existait sous sa forme première. Les sacrifices de l'Ancien Testament ont peut-être inclus certains éléments musicaux, bien que les Écritures n'en fassent aucune mention. Dans le même temps, la musique était activement utilisée dans les cultes païens, suivis par les peuples voisins des Juifs. Les manifestations religieuses du peuple élu de Dieu ont commencé à recevoir un accompagnement musical. Moïse et les fils d'Israël chantaient des chants au Seigneur (Ex. 14:32), (Ex. 15:20, 21).

La deuxième étape - de Moïse à la Nativité du Christ - est une période de développement progressif du culte et du chant de l'Ancien Testament à l'aide d'instruments de musique, servant auparavant à louer les dieux païens.

Le Roi David était un grand musicien et chanteur. Il a systématisé le chant liturgique et créé un système strict. Il a également organisé une série de services de chorale dans le Tabernacle, désignant des chantres formés à y chanter et limitant le culte au chant des psaumes composés par ses soins. « David a également ordonné aux chefs des Lévites de nommer les membres de leurs famille comme chantres pour faire monter des sons forts de joie sur les instruments de musique, sur les harpes, les lyres et les cymbales. » (1 Chroniques 15:16).

Cette tradition s'est poursuivie sous le roi Salomon. Selon les recherches de Martynov, les chantres et les musiciens du Temple de Jérusalem, constituaient une caste distincte au sein de la tribu Lévite. Le don musical était transmis par la lignée familiale, c'est-à-dire que l'on ne pouvait devenir chantre que par naissance.

L'incarnation du Seigneur Jésus-Christ inaugura une troisième période, celle du Nouveau Testament, au cours de laquelle le chant d'adoration fut séparé de la musique instrumentale, trouva son propre système et fut comparé au chant angélique. Saint Jean Chrysostome dans son Homélie 23 sur Éphésiens dit : "... Jésus, le Fils du Père de miséricorde, le Fils du Dieu Même, a apporté toute vertu, a fait descendre du Ciel tous les fruits qui y sont d'où, Il a apporté les chants du Ciel . Carles paroles que disent les Cherubim en Haut, il nous a chargés de les dire aussi, Saint, Saint, Saint ...»

Le chant d'Eglise du Nouveau Testament fut développé et raffiné au cours de plusieurs siècles, jusqu'à ce qu'il soit finalement incarné dans les huit tons d'Eglise. L'histoire des huit tons se compose de deux périodes : la première - des saints apôtres à saint Constantin le Grand - et la seconde - du règne de saint Constantine à saint Jean de Damas.

La période des saints apôtres et de la persécution

Les premiers offices chrétiens étaient également prioches de l'office de l'Ancien Testament. En dehors de leur participation aux offices du Temple, ils célébraient leurs propres réunions chrétiennes dans leurs maisons. Ces réunions étaient accompagnées de chant. Certains écrivains du 1er siècle av. J.-C. nous ont laissé des descriptions de tels services.

Philon d'Alexandrie a décrit dans son livre Sur la vie contemplative les chants et les hymnes chantés par les premiers chrétiens lors de leurs rassemblements. Composer ces chants et les exécuter était de nature libre et ils étaient même improvisés. Selon l'Apologeticum de Tertullien (Ch. 39), après s'être lavé les mains et avoir allumé les lampes, tout le monde était invité à chanter des chants de louange à Dieu, soit tirés de l'Écriture, soit composés par quelqu'un.

Les premières congrégations chrétiennes étaient peu nombreuses et se composaient principalement de personnes et sans instruction. Pour cette raison, les hymnes chantés par la congrégation lors des offices étaient simples et de forme dépouillée. « Après le repas, ils font la veillée sacrée qui est menée de la manière suivante. Ils se lèvent tous ensemble et se tenant au milieu du réfectoire se forment d'abord en deux chorales, l'une d'hommes et l'autre de femmes, le chef et le chantre choisis pour chacun étant le plus honoré parmi eux et aussi le plus musicien. Ensuite, ils chantent des hymnes à Dieu composés de nombreuses mesures et fixés à de nombreuses mélodies, chantant parfois ensemble, reprenant parfois l'harmonie antiphonale, les mains et les pieds gardant le tempo en accompagnement, et chantant avec enthousiasme reproduisent parfois les paroles de la cérémonie, parfois les mouvements d'une danse chorale (Sur la vie contemplative).

Les premiers offices chrétiens n'avaient ni chantres formés ni règles strictes, à l'exception de la tradition émergente pour les débutants d'apprendre des plus expérimentés. Dans le même temps, les trois formes suivantes de chant d'église, qui se distinguent dans les premiers siècles, se trouvent encore aujourd'hui dans les cultes :

  1. Chant hypophonique. La chorale chante avec un chanteur plus expérimenté, répétant après lui soit toute la strophe mélodique, soit sa fin, soit une certaine énonciation, par exemple, le refrain « Sa miséricorde est éternelle, Alléluia ! » D'autres exemples de la pratique liturgique moderne sont les refrains "Car Dieu est avec nous" aux Grandes Complies de Noël et de la Théophanie, ou le Tropaire de Pâques "Christ est ressuscité".
  2. Chant antiphonique (alterné). Les lignes du chant sont chantées alternativement par deux chorales ou par un soliste (canonarque) et une chorale. Pline le Jeune (106) dans une lettre à l'empereur Trajan a écrit : « certains jours, les chrétiens se rassemblent avant le lever du soleil et chantent à tour de rôle des hymnes de louange à Dieu. » Cette forme a été fermement établie dans le culte grâce à Saint Ignace le théologien, évêque d'Antioche, qui eut une vision d'anges louant la Sainte Trinité dans le chant antiphonal.
  3. Chant symphonique (consonnal). Tous les participants chantent l'hymne dans une mélodie commune, "d'une seule bouche et d'un seul cœur". Les exemples d'aujourd'hui de chant symphonique (selon la tradition locale) comprennent les chants "Fortifie-nous, ô Seigneur..." chantés aux grandes vêpres, "Ayant contemplé la résurrection du Christ" le dimanche matin, ainsi que "Le Credo" et "Notre Père" à la Divine Liturgie.

Les genres distingués dans la pratique liturgique comprenaient des psaumes, des chants de louange et d'actions de grâce, et des hymnes. Saint Grégoire de Nyssa dans son traité sur les textes des Psaumes explique ces concepts comme suit : « Un psaume est une mélodie nécessitant un instrument de musique ; une chant est une mélodie de voix humaine avec des mots articulés. Un hymne est une louange donnée à Dieu pour les bénédictions qui nous ont été conférées. »

Parmi les premiers théologiens chrétiens travaillant sur le concept et la structure du chant religieux d'Orient figuraient saint Clément d'Alexandrie, saint Athanase le Grand, saint Ephraim le Syrien, saint Basile le Grand, saint Grégoire de Nysse, saint Jean Chrysostome, et d'autres.

Bien qu'il n'y ait pas eu d'interdictions pures contre l'utilisation d'instruments de musique dans le culte, ils sont pratiquement obsolètes dans l'Église du Nouveau Testament. Les saints Pères considéraient l'homme lui-même comme un instrument du Saint-Esprit et ils  soulignèrent que le chant approprié est la résultante d'une vie juste. « Devenons la flûte, devenons la cithare du Saint-Esprit... Préparons-nous pour Lui, comme nous accordons les instruments de musique », dit saint Jean Chrysostome.

Ainsi, le christianisme fit un grand pas dans la formation et la structuration du culte et du chant religieux dès les premiers siècles. Pourtant, la persécution entrava le développement de tout son potentiel.

La période de saint Constantin le Grand à St. Jean de Damas

L'édit de Milan (313) de l'empereur Constantin le Grand a fait du christianisme la religion d'État remplaçant les catacombes par des églises majestueuses. En plus des améliorations extérieures de l'Église, il y eut aussi un raffinement interne. L'office du culte devint de plus en plus solennel. Cela affecta le chant de l'Eglise, qui prenait des formes de plus en plus complexes, nécessitant une préparation sérieuse de la part des choristes.

La deuxième période de formation du chant liturgique fut caractérisée par l'apparition de nouveaux types de chants (par exemple, tropaires et stichères) et l'institution de chantres professionnels formés. Le canon (15) du Synode de Laodicée (367) déclare : « Personne d'autre ne chantera dans l'Église, sauf seulement les chantres canoniques, qui montent à l'ambon et chantent à partir d'un livre. » Dans le même temps, selon le hiéroconféreur Nicodème (Milash), les laïcs furent autorisés à reprendre les chantress canoniques après que ceux-ci aient commencé un cantique d'église.

Ainsi, le niveau de chant liturgique augmenta considérablement. À partir de ce moment-là, comme V. Martynov l'écrit, les chantres ont commencé à être installés dans leur ministère par une petite bénédiction et une prière spéciale. Les chantres étaient vêtus de surplis blancs et occupaient deux kliros. Les choristes constituaient une entité distincte avec sa propre hiérarchie. Avec les principaux chanteurs des chœurs droit et gauche, il y avait aussi des choristes chantant des stichères uniques, des mentors instruits enseignant l'alphabétisation musicale aux chantres et des compositeurs d'église écrivant de nouveaux chants.

C'était un grand honneur de s'engager dans le chant liturgique. De nombreux dirigeants byzantins, imitant le roi David, ont montré leurs compétences en hymnographie et en composition. L'empereur Justinien a composé l'hymne "Fils Unique", les empereurs Léon le Sage et Constantin Porphyrogénète ont écrit plusieurs stichères et exapostilaires. De nombreux archipasteurs de l'Église œuvrèrent dans ce domaine, par exemple, les patriarches Sophrone de Jérusalem, Germain de Constantinople et Méthode Ier de Constantinople. Les saints Basile le Grand et Jean Chrysostome devinrent les auteurs de la Liturgie.

La création d'un grand nombre de nouveaux chants et l'émergence de nouvelles formes mélodiques au cours de cette période ont conduit à la nécessité de les organiser en un seul système cohérent. Au IVe siècle, le premier système de modes d'église est apparu. Selon V. Martynov, saint Ambroise de Milan emprunta cette démarche à l'Orient, introduisant le système des quatre voix avec des noms grecs : Protus, Deuterus, Trims et Tétanus. Au sixième siècle, saint Romain le Melode composa des kontakions et des ikos de huit tons.

Au VIIIe siècle, saint Jean de Damas élabora le principe des huit tons [modes] ecclésiaux, en le transformant en un système parfait. Cette collection de chants réglés sur huit tons modifiables fut compilée dans un livre appelé l'Octoèque, qui est encore utilisé pour les services divins aujourd'hui. Au début du Xe siècle, ce système devint courant dans l'Église orientale.

Dans l'histoire de l'écriture de chants ecclésiastiques, les huit tons d'Eglise sont devenus la source vivante de tous les chants grecs, slaves du sud (bulgares, serbes) et russes. Les tonss ecclésiaux de la Grèce d'Orient utilisés aujourd'hui par l'Église orthodoxe ne transmettent pas les formes musicales et les subtilités exactes de l'ancien prototype byzantin. Cependant, ils contiennent des fondations musicales solides, les propriétés mélodiques et rythmiques du prototype byzantin. Plus important encore, ils transmettent le même esprit, caractérisé par un sentiment religieux vivant et lumineux, rempli de joie et d'espoir spirituels.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

The catalogue of Good Deeds


mardi 8 novembre 2022

Les saints de l’Eglise

 

Les saints de notre Eglise, ont vécu sur terre, ont connu la vie que nous vivons souvent et quelquefois, les épreuves et les vicissitudes les ont éprouvés sans qu’ils perdent la foi. Et parce qu’ils ont mené jusqu’au bout, le bon combat dont parle l’apôtre Paul, ils ont été dignes d’être glorifiés, et de poursuivre inlassablement depuis le Ciel, la mission qu’ils avaient assumée sur la terre des vivants. 


Beaucoup d’entre nous ont un saint de prédilection, un compagnon de joie, de prière ou d’épreuves qui les accompagne dans beaucoup de circonstances de leur vie. La relation qui s’établit entre nous et notre mentor du Ciel a quelque chose de particulièrement miraculeux. L’intercession qui intervient entre nous est comme un pont entre le monde d’ici-bas et le Royaume. 


Les saints à qui nous demandons leur aide spirituelle ne nous jugent pas, car suivant les circonstances de notre vie, souvent nous sommes loin de leur foi et de leur acceptation de la volonté de Dieu : nous sommes englués dans le péché, dans l’orgueil spirituel, dans la médiocrité, et rien en nous ne devrait normalement attirer vers nous la miséricorde de Dieu dont ils sont les intendants fidèles et désintéressés. 


Les saints sont dans l’Amour ineffable de Dieu, et ils nous en font l’offrande gratuitement. S’ils demeurent dans cet Amour,  c’est parce qu’ils ne nous jugent pas. S’ils le faisaient, quelquefois notre vie est si ténébreuse et impie, qu’ils devraient se détourner de nous avec dégoût et ignorer l’appel que leur adresse notre détresse. Mais ils ne se détournent pas de nous, ils ne nous jugent pas.


Personne n’est obligé de vénérer un saint. On peut même ne pas vénérer certains saints pour des raisons qui nous sont personnelles, mais rien ne nous autorise à juger de leur sainteté, d’abord parce que le jugement ne nous appartient pas, et ensuite parce que rien ne nous permet -de par notre niveau spirituel- d’enseigner aux autres ce qui relève du mystère divin de l’élection.


Il y a quelques décennies, il y avait dans une église en Grèce une représentation de saint Nectaire d’Egine. Une campagne particulièrement inepte, réussit à convaincre le prêtre de la paroisse que saint Nectaire n’était pas saint ! Comme son icône figurait sur l’iconostase, il fut décidé d’effacer sa tête et d'y peindre le chef d’un autre évêque considéré lui, comme un vrai saint. Quelques temps après, le prêtre de cette église mourut dans un accident de voiture : il fut décapité !

 

Ignotus Pravoslave

 

lundi 7 novembre 2022

Le saint staretz Amphilochios (Makris)

 Our Geronda: Life And Miracles Of Elder Amphilochios Of Patmos

Extraits de sa biographie:

Le staretz (géronda) Amphilochios (Makris) naquit à Patmos, l'île de l'Apocalypse en 1889. Il fut un grand défenseur de l'Orthodoxie qui souffrit beaucoup de l'occupation de l'île par les fascistes italiens durant la deuxième guerre mondiale. 
Pendant ces années d'occupation, il organisa des écoles secrètes comme au temps de la turcocratie pour veiller à ce que les enfants grecs continuent à apprendre leur langue, malgré les tentatives des fascistes et de l'église romaine de les couper de leurs racines. 
Il fut longtemps higoumène du monastère de Saint Jean le Théologien à Patmos. Il fonda aussi le monastère de femmes de l'Annonciation de la Mère de Dieu en 1937. Il fut un père spirituel aimant, humble et dévoué à ses enfants. Il croyait beaucoup à la force du monachisme et à sa mission pour le Christ. Il voyagea longtemps comme prédicateur pendant les années de guerre et après la paix. Il fonda aussi d'autres monastères dans d'autres îles et fut responsable d'orphelinats et de nombreuses institutions caritatives. Il mourut en 1970.

° Quand tu cultives la prière, les rodomontades du Tentateur ne te troubleront pas. La prière diminue sa force, il ne peut rien nous faire.

°Le Christ vient souvent frapper à ta porte et tu L'invites à s'asseoir dans le salon de ton âme- Puis, absorbé par tes propres affaires, tu oublies le Grand Visiteur. Il attend que tu viennes et quand tu mets trop longtemps à revenir, Il Se lève et S'en va. D'autres fois, tu es si occupé que tu Lui réponds depuis la fenêtre. Tu n'as pas même le temps d'ouvrir la porte.

° Tu es d'essence royale, destinée à entrer dans la chambre nuptiale des Cieux.

° Quand tu vois une personne qui est spirituellement fatiguée, n'augmente pas son fardeau, car elle ne pourra le supporter.

° Aime-Le et même les bêtes sauvages t'aimeront.

° La richesse véritable pour moi, c'est de te voir dans le Royaume des Cieux.

° Quand la flamme de l'Amour existe, elle consume tout mal qui approche.

° Le Christ est le même hier et aujourd'hui, mais nous avons fermé nos yeux et nous regardons les ténèbres. C'est parce que nous continuons ainsi que quelques uns bombent dans la boue et que d'autres meurent.

° Nous devons être prêts pour notre défense et notre martyre.

° Je supplie le Seigneur de te sanctifier afin que je puisse te voir en Paradis. Voici la dot que je cherche auprès du Seigneur pour toi.

° Pour que le Grâce de Dieu vienne pendant la Liturgie, tu dois être concentré et ne pas être troublé.

° Quand ton coeur n'a pas le Christ en lui, il contient de l'argent, des propriétés ou des gens.

° Mets en pratique ce commandement s'il te plaît: cultive l'amour pour la personne du Christ à un point tel que quand tu prononces Son Nom, des larmes coulent de tes yeux. Ton coeur doit véritablement brûler. Alors Il deviendra ton Guide, ton frère, ton Père et ton staretz.

° Aime ton époux le Christ de tout ton coeur et tout le monde t'aimera et prendra soin de toi.

° Je désire la renaissance du monachisme car le monachisme est le bataillon d'evzones de l'Eglise.

° La protection de Dieu diminue la tentation.

° A cause de la corruption généralisée, les gens ne peuvent pas comprendre que l'Amour spirituel existe.

° Les gens du monde te fatiguent parce que tout ce qui est en eux vient à toi comme des ondes électriques. Nous devons être dans la Grâce afin que ceux qui viennent vers nous puissent trouver le repos.

° Tu dois avoir de l'amour en toi, même s'ils nous font le plus grand mal, nous devons les aimer. Nous entrerons en Paradis seulement avec l'amour.

° Cultive le prière de Jésus et le temps viendra où ton cœur sautera de joie, comme il le fait à présent quand tu es sur le point de rencontrer une personne que tu aimes beaucoup. 

° Ne néglige pas la prière du soir. Prie avec ferveur, comme ceux qui vont à une fête. Ils sont éveillés et ne ressentent que de la joie. Ainsi puisque tu vas parler avec l'Epoux, n'écoute pas le Tentateur qui te dit toutes sortes de choses afin de te gêner, parce tu sais qu'il y a Quelqu'un qui se soucie de toi.

° Une personne peut s'élever au-dessus de la terre avec deux ailes: l'une est la simplicité et l'autre la pureté de cœur. Tu dois être simple dans tes actions et pur dans tes pensées et tes sentiments. Avec un cœur pur tu chercheras Dieu et avec simplicité tu Le trouveras et tu seras heureux. Un cœur pur franchit aisément les portes du Paradis.

° Le mépris de soi doit être cultivé avec discernement, sinon on atteint le point du suicide.

° Nous sommes dans la haute mer de la vie quelquefois; parfois il y a des tempêtes et quelquefois le calme. La Grâce de Dieu ne nous quitte pas. Sinon, s'Il ne nous avait pas maintenu hors de l'eau, nous aurions coulé.

° Les saints regardent toujours vers l'autre vie. C'est la grâce conférée par le souvenir de la mort.

° Dieu nous garde des tentations. il ne permet pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces. Il permet toutes choses pour notre bien.

° Quand la spiritualité augmente, même le sommeil est vaincu.

° La prière est Grâce. Dieu la donne lorsqu'existent le zèle et l'humilité.

° Combats le Contempteur du Bien qui t'envie. Souffre ce qui t'advient avec fermeté, patience et foi.

° Ne permets pas à l'Ennemi de faire la guerre avec toi. Il apparaît déguisé en brebis, avec le prétexte de vouloir le bien de ton âme.

° Aie toujours confiance dans le Seigneur et Il te nourrira au temps de la faim.

° Avec une bonne parole pour ton prochain, le soutenant, tu acquiers le Paradis.

° La repentance doit venir, non pas par peur de la punition, mais parce que nous avons péché devant Dieu. Adoucis tes pensées par des paroles de consolation et d'espoir. Réchauffe tes paroles par la chaleur de l'Amour de l'Epoux et souviens-toi de Sa Passion, qu'Il a subie pour toi, afin que tu restes ferme, dévoué et humble. Confie tout ton être au voile protecteur de la Toute Sainte Mère de Dieu.

° Aime donner l'hospitalité, mon enfant, car elle ouvre les portes du Ciel. Tu offres ainsi l'hospitalité aux anges. "Reçois les étrangers afin de ne pas être étranger à Dieu!"

° Les saints se soumettaient à ce que Dieu leur envoyait avec une simplicité enfantine: " C'est ainsi que Tu le veux, que Ta volonté soit faite!"

°L'hospitalité est la plus grande des vertus. Elle attire la grâce du Saint Esprit vers nous. Dans le visage de tout étranger, mon enfant, je vois le Christ Lui-même.

° Il est nécessaire et bénéfique de faire de temps en temps un examen de conscience complet, nous souvenant de tous nos péchés passés.

° Laissez tous vos soucis entre les mains de Dieu. Demandez tout ce que vous voulez, comme un enfant le fait avec son père.

° La prière est un don de Dieu. Demande toujours avec espoir.

° Nos actions, chère sœur, ne nous sauveront pas. La miséricorde infinie de Dieu nous sauvera.

° Les liens spirituels ne peuvent être brisés quand ils rencontrent un esprit enfantin, tout innocence et sainteté.

° Sans le Christ, tout semble sombre et difficile.

° Je prie chaque jour pour pouvoir te voir dans les rangs des saintes.

° Je ne veux pas être en Paradis sans vous mes enfants. 

° Quand je vois quelqu'un qui est irrité, je n'écoute pas ce qu'il dit, mais je prie Dieu pour qu'Il le pacifie. C'est la raison pour laquelle je ne suis pas affligé. Quand il se calme, quand le moment est favorable, je lui parle parce qu'il est alors capable de comprendre sa sottise.

° La grâce de Dieu et l'union spirituelle avec Lui, transforment une personne. Les peurs et les soupçons s'en vont, elle ne craint plus la mort et voit cette vie, quel que soit son agrément, comme un esclavage.

° Dieu te visite lorsque tu pleures pendant la prière.

° Quand une personne est devenue simple, elle est déifiée. Elle devient innocente, humble, douce, libre.

° Ne donne jamais d'importance aux choses terrestres et passagères. Occupe-toi plutôt de ton union spirituelle avec Dieu.

° Quand tu entends que l'on critique ton nom, fais comme si tu n'avais pas entendu. C'est là le Paradis, la perfection.

° Notre religion met à mort les passions, pas le corps.

° Quand il y a crainte de Dieu, la sagesse est donnée.

° Le chrétien est un être humain véritable: il est courtois et poli, il ne veut attrister personne.

° L'innocence est plus grande que le génie.

° Vos cœurs sont jeunes et veulent aimer. Vous ne devez avoir que le Christ dans votre cœur. Votre Epoux veut que vous L'aimiez et que vous n'aimiez que Lui.

°La vie spirituelle a de grand plaisirs. On s'envole, on quitte le monde [...]. On devient des enfants et Dieu demeure dans notre cœur.

° La Grâce du très Saint Esprit fait rayonner une personne. Cependant les autres doivent être bien réceptifs pour le constater.

° Nous devons garder les yeux fixés sur les Cieux. Alors plus rien ne nous ébranlera.

° Recevez régulièrement la Communion, priez avec ferveur, soyez patients et vous verrez une main forte qui vous soutient.

° Le Christ est près de nous, même si nous ne Le voyons pas. Quelquefois, dans Son grand amour, Il nous donne un soufflet aussi.

° Tu devrais te réjouir. Jésus tient un ciseau d'artiste dans Ses mains. Il veut te préparer une statue dans les Cieux.

° La personne qui crie n'a pas de force.

° Question: Comment fais-tu pour avoir autant de patience et de persévérance en toutes choses? Réponse: La Grâce de Dieu m'aide. Je crois toujours au pouvoir de Dieu mon enfant. Il change et ajuste tout pour le bienfait de nos âmes. 

Version française Claude Lopez-Ginisty

Père Philip LeMasters: La façon dont nous traitons notre prochain souffrant révèle le véritable état de nos âmes

Luc 16:19-31

Un thème commun de  l'Evangile de saint Luc est que le Royaume de Dieu inverse les attentes habituelles de ce monde. 

Certains qui sont les derniers maintenant seront les premiers dans Son Royaume, tandis que certains qui sont les premiers seront les derniers. (Luc 13:30) Luc enregistre le Magnificat dans lequel la Génitrice de Dieu enceinte proclame que Dieu « a déployé la force de Son bras; Il a dispersé ceux qui avaient dans le coeur des pensées orgueilleuses. Il a abattu les puissants de leurs trônes et exalté les humbles. Il a rassasié les affamés de biens, et il a renvoyé les riches les mains vides. » (Cf. Luc 1:51-53)

Son évangile comprend également le « Sermon sur la montagne » de notre Seigneur dans lequel il enseigne que les pauvres, les affamés et ceux qui pleurent et sont exclus seront bienheureux. Le Sauveur met alors en garde : « Mais malheur à vous qui êtes riches, car vous avez reçu votre consolation. Malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim. Malheur à vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez. Malheur à vous quand tous les hommes parleront bien de vous, car c'est ainsi que leurs pères aussi ont traité les faux prophètes. » (Lk. 6 : 20-26)

Ce thème du grand renversement est évident dans la lecture évangélique de Luc d'aujourd'hui. L'homme riche fournit un exemple vivant de quelqu'un qui avait toutes les ressources du monde et qui ne vécut que pour se satisfaire. Il a utilisé sa grande richesse pour s'habiller comme un roi et profiter de la meilleure nourriture tous les jours. Il était tellement absorbé à satisfaire ses désirs égocentriques qu'il a complètement ignoré le pauvre Lazare, un misérable mendiant qui ne voulait que des miettes et dont le seul réconfort était lorsque des chiens errants léchaient ses plaies ouvertes. L'homme riche a sûrement enjambé ou contourné régulièrement Lazare à l'entrée de sa maison comme autant d'ordures et il n'a jamais rien fait pour soulager sa souffrance.

Après leur mort, la situation des deux hommes a été inversée. Le riche avait passé sa vie à rejeter les enseignements de Moïse et des prophètes sur la nécessité de montrer de la miséricorde à son pauvres prochain. Par l'esclavage à ses passions, il s'était diminué au point qu'il était incapable de reconnaître l'humanité fondamentale de Lazare comme celui qui portait l'image de Dieu. Par conséquent, après sa mort, il était aveugle à l'amour de Dieu et ne percevait la gloire divine que comme une flamme brûlante de tourment. Lorsque le riche a demandé au père Abraham d'envoyer Lazare à ses frères pour les avertir des conséquences de vivre une vie aussi dépravée, le grand patriarche a répondu : « S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seront pas non plus convaincus si quelqu'un se lève d'entre les morts. »

Cette déclaration de sobriété s'applique non seulement à ceux qui avaient déformé la foi d'Israël au point qu'ils ont rejeté leur Messie et nié Sa résurrection. Cela s'applique encore plus à nous qui avons pleinement le bénéfice de la vie de l'Église. Parce que nous avons reçu la plénitude du mystère du salut de Dieu, notre responsabilité est bien supérieure à celle des Juifs d'autrefois. En tant que membres du Corps du Christ, de l'Église, par la puissance du Saint-Esprit, il ne nous manque rien pour nous renforcer en voyant et en servant notre Seigneur dans d'autres personnes. Puisque chaque prochain est une icône de Dieu, la façon dont nous le traitons révèle notre relation avec Lui. Le Christ a enseigné que ce que nous faisons « au moindre de ceux-ci », aux gens les plus misérables et les plus gênantes, c'est ce que nous Lui faisons. (Matt. 25) Si nous devenons tellement obsédés par notre propre satisfaction que nous refusons de transmettre Sa miséricorde à notre prochain, alors nous montrerons par nos actions que nous avons rejeté notre Messie et nié Sa résurrection, car nous ne vivrons alors pas comme témoins de Sa victoire sur le pouvoir corrupteur du péché et de la mort. Peu importe ce que nous disons que nous croyons, de telles actions ne refléteront que notre aveuglement à la miséricorde du Seigneur. Ensuite, comme l'homme riche, nous nous séparerons de la joie du Royaume et ferons l'expérience de la gloire divine comme feu torturant.

Il n'y a tout simplement aucun moyen de contourner la vérité que la façon dont nous interagissons avec les autres révèle si nous participons à la vie de notre Seigneur alors que nous conformons notre caractère au Sien. Ce que nous faisons et refusons de faire pour le prochain qui a besoin de notre temps, de notre attention et de notre générosité sous quelque forme que ce soit, nous le faisons ou refusons de le faire pour Lui. 

Notre salut consiste à devenir plus comme le Christ alors que nous trouvons la guérison de nos âmes par la transformation par Sa grâce. Nous ne pouvons pas nous sauver, pas plus que nous pouvons nous lever de la tombe par notre propre pouvoir, mais nous devons obéir à Ses commandements afin d'ouvrir nos âmes pour recevoir Sa miséricorde de guérison et partager Son accomplissement de la personne humaine à la ressemblance de Dieu.

Si nous ne le faisons pas, nous errons dans la cécité spirituelle de l'homme riche, peu importe combien ou la faiblesse de trésors du monde nous avons. Nous prions souvent pour la miséricorde devant le redoutable Tribunal du Christ, mais nous ne devons pas considérer la miséricorde comme une sorte de décret légal. Car demander Sa miséricorde, c'est demander Ses desseins gracieux pour nous soient accomplis. C'est demander que nous expérimentions Ses gracieuses énergies divines pour la guérison de chaque aspect de notre rupture au plus profond de nos âmes. Le Sauveur nous donne l'occasion d'ouvrir nos cœurs pour Le recevoir tous les jours alors que nous servons notre prochain, en particulier ceux que nous sommes enclins à négliger, à ignorer, à craindre et à condamner comme nos ennemis pour quelque raison que ce soit. Nous participons plus pleinement à la vie du Sauveur en partageant Sa miséricorde avec les autres et en devenant plus comme Lui en sainteté.

L'homme riche de la parabole s'est façonné de manière impie par son comportement, ce qui reflétait un profond rejet des enseignements de Moïse et des prophètes. Si nous sommes vraiment en communion avec le Christ, alors nous devons nous façonner de manière décisive par nos actions alors que nous nous unissons à Lui. Nous ne pouvons jamais gagner la miséricorde de Dieu, mais la parabole d'aujourd'hnous rappelle que, finalement nous Le servons, soit nous servons nos propres désirs égocentriques. Comme le Christ l'a dit, "Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : "Seigneur, Seigneur", qui entreront dans le Royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père dans les cieux." (Matt. 7:21) Le jugement éternel du Seigneur n'est pas un décret arbitraire, mais une confirmation de la question de savoir si nous avons coopéré avec Ses gracieux desseins pour la guérison de nos âmes.

Contrairement aux distorsions populaires de la foi chrétienne, le partage personnel dans la vie de notre Seigneur reste radicalement différent de la poursuite de la richesse, du pouvoir, de la vertu ou de la religiosité selon n'importe quelle norme terrestre. 

Le chemin vers le Royaume ne passe pas par l'exaltation de nous-mêmes au-dessus des adversaires et de nos rivaux, mais en prenant humblement nos croix en obéissance à un Royaume qui n'est pas de ce monde, en particulier au service de notre prochain le plus humble. Nous ne devons pas devenir comme ceux qui ont refusé d'entendre Moïse et les prophètes au point qu'ils se sont rendus aveugles au salut de notre Seigneur ressuscité. 

Notre espoir d'entrer dans le Royaume qui subvertit les attentes de ce monde n'est que dans la miséricorde du Seigneur qui est présent à nous dans tous ceux qui sont notre prochain, en particulier ceux que nous trouvons le plus difficile d'aimer. 

La façon dont nous les traitons révèle le véritable état de nos âmes et si nous acquérons la clarté spirituelle pour contempler la gloire du Seigneur avec joie au lieu de ne faire l'expérience que du feu tourmentant du regret amer. 

Devenons rayonnants de Sa miséricorde alors que nous agissons avec pitié envers les pauvres Lazares de nos vies. C'est la seule façon d'entrer dans la béatitude du Royaume de notre Seigneur, qui se dresse en contraction de toutes les normes et divisions vaines de notre monde de corruption.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Ancient Faith