Il y a quelques jours, des foules se sont rassemblées dans la tristesse autour des portes d'entrée du palais de Buckingham à Londres. Elles ont attendu, et elles ont veillé.
Enfin, le drapeau du palais a été abaissé, et elles savaient que Sa Majesté la Reine était morte.
Spontanément, la foule s'est mise à chanter.
Elle a chanté : « Que Dieu sauve notre gracieuse Reine, vive notre noble Reine, que Dieu sauve la Reine ! »
La plupart des gens reconnaissent cela comme l'hymne national de Grande-Bretagne.
Il s'agit bien sûr aussi du deuxième hymne national du Canada, bien que beaucoup l'aient oublié.
Mais l'expression "Dieu sauve la Reine" - ou maintenant "Dieu sauve le roi", ne vient pas d'une chanson.
À six endroits des Saintes Écritures, nous trouvons les paroles « Que Dieu sauve le Roi ». Deux sont les plus célèbres.
Le premier se produit dans 1 Samuel (1 Sam 10:24), où nous lisons, Samuel dit à tout le peuple : Voyez-vous celui que le Seigneur a choisi (en se référant au roi Saül), et qui n'a pas son pareil parmi tout le peuple ? Et tout le peuple poussa des cris et dit : Que Dieu sauve le roi!
Le second se produit dans 1 Rois (1 Rois 1:39), où nous lisons, le prêtre Zadok [de l'hébreu צדוק, Tsadoq signifiant le Juste] sortit une coupe d'huile du tabernacle et en oignit Salomon. Et on sonna de la trompette, et tout le peuple dit: que Dieu sauve le roi Salomon!
George Frideric Haendel a écrit son célèbre hymne pour les couronnements, basé sur ce verset. Nous l'entendrons à nouveau jouer dans quelques semaines, pour la première fois en soixante-dix ans.
L'Église orthodoxe - dès l'époque de l'Ancien Testament, en passant par les jours de l'Église primitive jusqu'au XXe siècle - est jalonnée de rois et de reines qui sont saints et même martyrs du Christ.
Ce sont des exemples de sainteté et de sacrifice de soi.
Nous avons des exemples célèbres, comme saint Constantin le Grand, qui non seulement a christianisé l'Empire romain et légalisé le christianisme, mais a convoqué le premier concile œcuménique qui défendait l'orthodoxie contre l'hérésie de l'arianisme.
Ou l'impératrice Théodora, qui, après près de deux siècles de destruction d'icônes saintes dans tout l'Empire byzantin, les a courageusement restaurées aux églises sous son règne, malgré une opposition féroce.
Ou le tsar passionné Nicolas II, qui a fait face aux agressions des bolcheviks athéistes, et avec sa famille a été conduit au massacre, faisant confiance au Christ et priant pour ses bourreaux.
Les chrétiens orthodoxes qui comprennent profondément leur foi comprennent également pourquoi la monarchie a été, au fil du temps, un instrument de Dieu pour sanctifier le monde déchu.
Les monarques ne sont pas choisis par les hommes - ils ne sont responsables que devant Dieu.
S'ils remplissent leur vocation, leur récompense est très grande, et s'ils échouent dans leur mission, leur punition est très sévère.
Les rois et les reines chrétiens n'obtiennent généralement pas leurs positions - ou ne les gardent pas - en achatant l'opinion publique. Ils ne sont pas ni élus ou ni destitués. Les passions de l'humanité les affectent en tant qu'individus, mais c'est la main de Dieu - et non l'ambition politique ou une campagne électorale - qui les place à leur poste de pouvoir.
Un livre merveilleux, Pious Kings and Right-Believing Queens [Pieux rois et reines à la foi droite, compile la vie de centaines de ces saints - tous rois et reines. Beaucoup de ces saints sont martyrs pour le Christ.
On peut difficilement imaginer un livre sur les saints intitulé Pious Presidents and Right-Believing Prime Ministers [Pieux présidents et premiers ministres à la foi droite]- bien sûr, il n'y a pas de tels livres !
Nous n'avons pas besoin de regarder très loin pour trouver des exemples de leadership basés sur l'ambition et le genre de résultats que l'ambition apporte au monde.
Le Saint Évangile nous présente un contraste frappant avec ces rois et reines justes, en la personne du roi Hérode.
Bien sûr, cet Hérode n'était pas un vrai roi - il était nommé politiquement, par les Romains. C'était un faux roi.
Saint Jean Chrysostome le contraste avec la pureté morale, l'excellence morale de saint Jean-Baptiste. C'est la raison pour laquelle Jean-Baptiste l'a tant dérangé - parce qu'il a dit la vérité sur la vie pécheresse d'Hérode et son immoralité conjugale.
Le Vénérable Bede nous dit que Jean le Baptiste était juste à cause de sa vérité : Hérode ne l'était pas. Il vivait de mensonges. Il a épousé la femme de son frère décédé, puis, tout en essayant d'impressionner ses amis le jour de son anniversaire, il a fait une promesse très stupide à la fille de sa nouvelle femme.
C'est cette promesse qui l'a finalement conduit à assassiner saint Jean-Baptiste.
Frères et sœurs : les personnes justes ne sont pas manipulées par les opinions de leurs amis.
Les justes disent la vérité.
Saint Jean Chrysostome nous dit que nous - en tant que chrétiens - devons en fait cela -la vérité- aux personnes qui vivent dans le péché. Nous devons aux gens de leur dire la vérité.
On se rappelle chaque année les messages de Noël télévisés de notre défunte reine, dans lesquels elle parlait toujours de la naissance du Christ.
Qui d'autre ferait ça ? Un dirigeant politique élu ferait-il cela ?
Même en tant que chef d'une église hétérodoxe, elle a dit la vérité et a vécu justement - et elle était à genoux en prière -littéralement, je pourrais ajouter- pour ses nations et sa famille tous les soirs.
Vous pouvez être sûr qu'Hérode ne faisait pas cela.
Les rois et les reines justes - les saints - nous sont donnés comme des icônes, ici sur terre, comme chefs de nations, pour nous montrer la grâce, et la sainteté, et la justice, incarnés dans nos gouvernements.
Pour les chrétiens orthodoxes, il ne s'agit pas d'un concept philosophique, car nous reconnaissons que le Christ a sanctifié toute création - y compris les gouvernements - par son incarnation dans la chair.
Tout chrétien orthodoxe qui comprend vraiment la foi orthodoxe et les enseignements des Pères de l'Église l'aura également appris - ou du moins, ne le rejettera pas lorsqu'il l'entendra.
Chers frères et sœurs, alors que nous rendons grâce pour les bénédictions de sept décennies de règne d'une reine juste de notre propre pays, rappelons-nous les centaines de rois et de reines que Dieu a élevés en tant que saints de l'Église orthodoxe : de véritables icônes de la sainteté qui prient pour nous devant le trône de Dieu, dans le Royaume Éternel.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Un lecteur, un peu distrait, et bien sûr courageusement anonyme, ne semble pas avoir remarqué que l'article ci-dessus exprime l'opinion de "l'ARCHPRÊtTRE GEOFFREY KORZ! Je ne souscris pas -loin s'en faut- à tout ce que dit le Père Korz, et il m'arrive souvent de publier des articles avec lesquels je ne suis pas complètement d'accord.
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