jeudi 23 juin 2022

ARCHIMANDRITE IGNATII (PAKULOV): Qu'est-il arrivé à tous les startsy ?

Archimandrite Ignatii (Pakulov)

 Archimandrite Ignatii [Pakulov]


L'institution des starts existe-t-elle de nos jours ?

– La vie spirituelle est devenue froide. Il n'y a plus de starts. Il y a bien sûr des gens qui mènent une vie spirituelle, mais ils la cachent soigneusement. Comme St. Ignace Briantchaninov l'a dit : « Ceux qui suivront le chemin de l'effort spirituel se cacheront sagement du monde ». Nous sommes confrontés à la prétention et à l'affectation ; l'orgueil et la vanité sont soulignés ; tout le monde veut être perçu comme spirituel et comme un vase de l'Esprit. Il y a très peu d'humilité. Cependant, plus les gens sont humbles, moins ils ont tendance à se faire connaître, moins ils essaient d'attirer d'attention. Ils vivent simplement leur vie et prient.

– Où l'amour a-t-il disparu ?

L'apôtre Paul écrit que l'amour de la plupart se refroidira. À l'âge d'or du monachisme, aux IVe-VIe siècles, il y avait un grand nombre de moines en Égypte. Et parmi ce grand nombre, il y avait jusqu'à cinq cents Pères théophores qui possédaient des dons extraordinaires : les dons de guérison, de clairvoyance, de prophétie, même de ressusciter les morts. Pourtant, ils cachaient tout. Ils demandaient même au Seigneur de les soulager de ces dons. Car il a été dit que peu de gens peuvent porter le fardeau de la gloire ou de la richesse. Quand les gens venaient les voir, ils partaient pour d'autres endroits. Ils avaient compris que la gloire ne peut profiter à personne.

Pensez à des starts comme le Juste Jean de Cronstadt, les saints Ambroise  et Lev d'Optina. Il y en avait toute une pléiade.

De nos jours, il existe de nombreux monastères, mais la qualité de la vie monastique est parfois faible. Le problème est qu'il n'y a pas de pères spirituels. De nombreux monastères se transforment en syndicats de travailleurs coopératifs ou en fermes collectives. Pourtant, la vie spirituelle y fait défaut. C'est particulièrement vrai pour les monastères de femmes - la plupart d'entre elles n'ont pas connu d'higoumènes. Et tout homme âgé n'est pas un staretz.

Pourtant, tant que que l'Église vivra, il y aura des justes. Des Pères apparaîtront qui lutteronnt avant tout pour la vie spirituelle. L'Église doit être purifiée de toute l'écume et de la cendre qui la remplissent en ce moment.

– D'où viennent-ils ?

– St. Jean Chrysostome dit que l'Église ne vit qu'en période de persécution. Dans un autre endroit, il dit que le pire type de persécution que l'Église puisse supporter est le manque de persécution. C'est ce dont nous avons été témoins au cours des vingt dernières années. L'église est dorlotée, chaleureuse et confortable. Personne ne la dérange.

Si l'Église subit un peu d'agitation, ce sera bon pour elle. Toute la paille tombera. Quand les gens allaient à l'église à l'époque soviétique, c'était au mépris des circonstances - ils auraient pu être exclus de partout : ils auraient pu être licenciés, jetés hors de l'école ou de l'université, ou du Komsomol[1] . Et c'était le vrai comportement d'un confesseur - une personne qui, ayant une fois choisi de suivre le Christ, Le suivait sans regarder en arrière.

  Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après 

PRAVMIR   

citant  le                                                                                              Magazine « Napravo » numéro 2, 2014

Note:

[1] Komsomol – anciennement l'association de jeunesse de l'Union soviétique pour les jeunes de 14 à 26 ans

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