samedi 9 octobre 2021

Prêtre Roman Vityuk: NOTRE RIZ DE CE JOUR Conversation sur la mission chinoise depuis l'arrière-pays russe (5)

Nos chinois



- On connaît les saints martyrs chinois en Mandchourie...


- Oui, ce sont les enfants de l'Église orthodoxe russe, torturés à mort lors du fameux "soulèvement des boxers", au cours duquel tout ce qui, de l'avis de ses dirigeants, était étranger et nuisible à la Chine, a été détruit. Puis il y eut d'autres persécutions. Pendant les années de la "révolution culturelle" tout et tout le monde a été détruit, il y a eu plusieurs prêtres et évêques qui sont maintenant morts. Il y a encore quelques paroissiens, il y a plus de néophytes.

En Mandchourie, il y a une zone appelée Trois Rivières, le long de la frontière orientale du territoire Trans-Baïkal, de nombreux Cosaques sont partis après la révolution, il y a donc même un district russe autonome maintenant, et donc les Russes de la RPC [République Populaire Chionoise] sont officiellement enregistrés minorité nationale.

- Alors les Russes y habitent ?

- Oui, bien qu'ils ressemblent plus aux Chinois. Ils ont construit une église en l'honneur de Saint Innocent d'Irkoutsk dans la ville de Labdarin (en face de notre Priargunsk) en 1999, puis ils n'ont pas pu la consacrer pendant dix ans, ils n'y ont pas été autorisés. En 2009, Vladyka Hilarion est arrivé et l'a bénie, et a officiellement servi avec un prêtre chinois décrépit, qui était soutenu sous les bras. Maintenant, ils se rassemblent juste pour les prières du dimanche, il n'y a personne pour servir. Leurs noms sont russes, mais écrits en sinogrammes, vous voyez, par exemple, nadasha (Natasha) ou damala (Tamara).

- Par conséquent, dans vos propos et dans vos observations, une mission orthodoxe active y est-elle catégoriquement nécessaire ?

- Oui. En RPC, selon les estimations les plus audacieuses, il y aurait déjà environ 200 millions de chrétiens, principalement de confessions protestantes, plus deux mouvements catholiques (l'un légal, pro-gouvernemental, l'autre illégal, en communion avec le Vatican). Et l'Occident chrétien perd son héritage. Il est tout simplement inacceptable de fermer les yeux sur cette faim spirituelle. Nous avons besoin d'un projet de mission la plus large. 

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN 

vendredi 8 octobre 2021

Saint Père Païssios: « Que votre discours soit toujours gracieux, assaisonné de sel »


aîné de

C'était en février 1988. Assez froid à Karyes [Capitale de la Sainte Montagne]. C'est à assez haute altitude et c'est humide, ce qui rend les choses plus difficiles. Mais le temps était sec ce jour-là. Il y avait un peu de brise et si vous étiez habillé chaudement, c'était assez agréable. C'était en fin d'après-midi et le soleil venait de tomber derrière la colline. Je marchais le long d'un chemin avec le père Païssios, et en route, nous avons rencontré Père Callinique de la  Skite de Koutloumousiou.

Nous sommes arrivés au petit pont en bois. Il y avait des noisetiers tout autour, avec juste des branches nues.

« Qui est parti apporter des mandarines ? », demanda le père Païssios avec surprise.

Beaucoup plus loin, à une soixantaine de mètres, il y avait la porte de sa cour et quelque chose en bas, qui aurait pu être orange. De cette distance, il n'était pas possible d'en dire plus.

Nous sommes bientôt arrivés et, en effet, nous avons vu un grand sac en plastique, de couleur orange, plein de mandarines. Comment diantre les avait-il vues ? Comment savait-il qu'il s'agissait de mandarines et non d'oranges ? Étant donné que le sac était orange, il aurait pu contenir n'importe quoi, des pommes, par exemple.

« J'aime vraiment les mandarines », déclara-t-il, faisant semblant d'être gourmand. « J'en garderai trois pour moi... Non, mieux vaut en prendre cinq... Non, maintenant j'ai la chance d'en prendre sept », déclara-t-il avec un grand sourire et il s'arrêta au chiffre de sept.

« Fais passer le reste à frère Joseph, Père Callinique ».

Le Père Callinique prit sa bénédiction et partit. Père Païssios et moi sommes entrés dans sa petite maison. Nous nous sommes assis dans une cellule et il m'a demandé de lire quelques un de ses textes manuscrits.

Une vingtaine de minutes s'étaient écoulées lorsque quelqu'un a frappé à la porte, voulant le voir.

« Devrais-je répondre à la porte, Géronda? », ai-je demandé.

« Mieux vaut ne pas le faire. S'ils sont curieux, ils partiront. S'ils ont vraiment besoin de me voir, ils ne le feront pas.

Nous avons continué à lire, et après quelques minutes, on a frappé de nouveau.

« Maintenant, que faisons-nous, Géronda ? »

Au lieu de rideaux, il y avait un morceau de drap au-dessus de sa fenêtre.

« Jette un coup d'œil, sans qu'ils ne te voient et dis-moi combien ils sont».

« Je ne peux pas le dire, parce que je ne peux pas les voir »

« Ne peux-tu même pas les compter ? Qu'as-tu fait toutes ces années en Amérique ? Nous attendrons et ils frapperont à nouveau.

Bien sûr, après un certain temps, ils ont de nouveau frappé.

« Maintenant, je vais voir si je peux les compter. Je n'ai peut-être pas terminé l'école primaire, mais je verrai ce que je peux faire ».

Il s'est levé et a ouvert la porte.

« Qu'est-ce qui se passe, les gars ? Regardez l'heure. Pourquoi êtes-vous venus ? »

« Père, nous voulons te voir un peu. Est-ce possible ? »

« Certes, vous pouvez me voir, mais que trouverons-nous à vous offrir ? Combien êtes-vous ? Laisse-moi compter. Sept. Voyons ce qu'il y a dans la boutique à cette heure de la journée ».

Il entra et est revint avec les sept mandarines.

J'ai été absolument étonné par cet homme. Comment savait-il combien de mandarines garder ? Le savait-il à l'avance ? Dieu le lui avait-il montré, sans qu'il s'en rende compte ?

« D'où venez-vous ? », demanda-t-il avec intérêt.

« Nous sommes d'Athènes. Et Bruce et John viennent d'Amérique ».

D'Amérique? Si je leur donne  simplement une mandarine à chacun, ils se moqueront de nous. Voyons s'il y a quelque chose d'américain au supermarché ».

Il retourna à l'intérieur et revint avec un paquet de biscuits américains et une boîte de noix Planters. Ils furent étonnés et impressionnés.

« Père », demanda l'un d'eux, « que symbolise le talanto [Planche servant à appeler les frères dans un monastère. On la frappe avec un maillet voir photo ci-après] sur lequel on frappe dans les monastères ? »

talanto dans

Je ne sais pas ce que cela symbolise et ce n'est pas important. Ce qui compte, ce n'est pas de frapper le talanto dans un monastère, mais de multiplier le talent que Dieu vous a donné*. Écoutez. À cause du temps, vous devez partir. Je n'ai qu'une seule chose à vous dire. Le problème avec les Américains est qu'en anglais, "I" [Je] est toujours écrit avec une majuscule, alors qu'ici en Grèce, nous écrivons parfois "εγώ" avec un petit "ε".

Ils ont ri de sa plaisanterie et les Américains ont demandé : "Qu'est-ce que cela signifie ? Que devrions-nous faire ? »

« Débarrassez-vous de « I » de votre vocabulaire. L'égoïsme est notre grand ennemi. Nous devons tous, sans exception, lutter contre cela ».

Il y a une courtoisie à propos de la sainteté, une délicatesse, une grâce. Il n'a rien dit de sage ou de théologique, ni fait de révélations impressionnantes. Mais il leur a rempli le cœur. 

Il savait qu'ils viendraient, mais il leur a caché ça. Il a fait plaisir à chacun de ses visiteurs, il ne ressemblait à personne d'autre dans son comportement, édifiant dans son discours et relaxant par sa présence. 

Sans essayer de persuader personne de quoi que ce soit, il a convaincu tout le monde des choses les plus importantes. Avec lui, on était illuminés, on trouvait la joie et le repos. On se sentait comme Marie aux pieds du Christ. Comme les apôtres du Mont Thabor à la Transfiguration, on ne voulait  jamais partir.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

PEMPTOUSIA


NOTE: 

*Un autre des célèbres jeux de mots de saint Païssios. En grec, le mot Talento [« longeron en bois »] et le mot « talent » dans Matthieu, 25, 14-30) sont les mêmes. 

Prêtre Roman Vityuk: NOTRE RIZ DE CE JOUR Conversation sur la mission chinoise depuis l'arrière-pays russe (4)


GRANDE MURAILLE DE CHINE


- Avez-vous le sentiment que puisque nous sommes à la frontière des cultures, nous sommes complètement différents culturellement, civilisationnellement et historiquement ? Nous comprenons l'histoire de manières complètement différentes, et la géopolitique ne nous unit pas vraiment, me semble-t-il. N'avez-vous pas l'impression que cette frontière qui existe entre nous est quasiment infranchissable, comme le mur de Berlin en son temps ? 

Autrement dit, nous sommes généralement des étrangers? Et il est impossible de parler de christianisme en Chine ? Bien que votre exemple avec des femmes baptisées brise ma question en mille morceaux, ellesne sont que deux. Oui, et il y avait aussi des martyrs chinois [morts pendant la Rébellion des Boyers en 1900}. Alors, comment pouvez-vous commencer une conversation avec vos voisins ? N'est-elle pas vouée à l'échec d'avance, puisque nous sommes non seulement différents, mais aussi étrangers ?


- Une bonne communication humaine est toujours importante, et si le contenu de notre personnalité, notre vie est imprégnée de christianisme, cette lumière ne restera pas cachée, la lumière sera visible. Et peut-être que, si au début nous nous comportons simplement comme chrétiens, alors, vu notre attitude bienveillante, nos bonnes actions, ils pourront sans aucun doute s'ouvrir... Les Chinois apprécient encore beaucoup quand un Européen peut communiquer avec eux dans leur langue maternelle, ils se décongelent tout simplement...

- C'est-à-dire qu'on peut aussi percer le mur de Chine ? Si, bien sûr, nous sommes orthodoxes ...


- Oui, ce sont des gens très sensibles, ils apprécient le bien. Bien que très fermés, ils ne diront rien dans l'immédiat. Ils peuvent supporter la négativité pendant longtemps et ne rien dire, mais, sans aucun doute, ils sont très sensibles au bien, et la semence chrétienne doit être semée, elle donnera certainement du fruit.

- Le temps de germination des graines est-il important ? Peut-être que j'ai besoin d'écrire un rapport sur la marche victorieuse de la mission à travers les étendues chinoises. Ou, dans l'œuvre de la prédication de l'Évangile, vous pouvez endurer, travailler, et cela pendant cent, deux cents ans ? 


- Et mille ans même. Oui, c'est sûr. Il est impératif de semer, et il reste à Dieu la question du moment de la germination. En général, la Chine a une longue histoire, ils ne sont pas pressés dans la vie, c'est une caractéristique nationale. Vous avez juste besoin de travailler, c'est tout.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN 


jeudi 7 octobre 2021

Prêtre Roman Vityuk: NOTRE RIZ DE CE JOUR Conversation sur la mission chinoise depuis l'arrière-pays russe (3)

 Et en Israël je n'ai pas trouvé une telle foi




- Avez-vous rencontré des exemples d'une telle adoption consciente du christianisme parmi les Chinois ? Qu'est-ce que l'Orthodoxie pour les chinois en général ?


- En décembre 1994, j'ai servi à Rostov le Grand, et une équipe de tournage chinoise est venue nous rendre visite. C'était un film sur le thème militaire dédié à l'anniversaire de la Victoire, "Red Cherry" [Cerise rouge]. Le producteur, dont le nom était Wang Bo, si je me souviens bien, est entré dans le réfectoire, où nous avions beaucoup d'icônes - à la fois en papier et sur bois. Et il s'est réjoui, affirmant qu'il avait également "invité" plusieurs icônes. Les Chinois n'utilisent pas le mot "acheter" en relation avec des objets sacrés, et "inviter" - ce sera donc juste ...

À travers les siècles, la parole d'un poète peut conduire au Christ


Quant aux chinois orthodoxes consciencieux, je me souviens qu'un jour j'ai baptisé deux femmes de la région chinoise adjacente à la Transbaïkalie. L'une est professeur, membre de l'Assemblée populaire nationale et sa nièce, traductrice. Elles ont demandé à être baptisées avec les noms Tatiana et Valentina. Tatiana est, je suppose, liée à Eugène Onéguine de Pouchkine. Merci à Alexandre Sergueevich pour son intérêt pour l'Orthodoxie en Chine - à travers les siècles, la parole du poète peut conduire au Christ. Mais je ne les ai plus rencontrées. En Chine, la politique officielle envers la religion est prohibitive.

- Alors, la première chose qui vous a inspiré en Chine, ce sont les paroles d'un producteur chinois ?


- Oui, il restera à jamais dans ma mémoire.

J'ai aussi servi en urgence à la frontière, dans la zone où il y avait des affrontements armés. Et maintenant, en "perestroïka", "réchauffement des relations", les tenues ont reçu l'ordre de saluer lors de la réunion. Il y a eu un incident curieux à l'avant-poste. Le député russe a exagéré, et a pris position avec le titre "Notre grand voisin la Chine". Le chef du département politique est venu et a ordonné de réécrire - "État adjacent de la Chine".

- Et qu'est-ce qui est sacré pour eux en général ?

- Nous avons déjà parlé de la vénération des ancêtres. Ils ont le festival Qingming [清明节Qīng míng jiē] début avril, littéralement le festival de la lumière pure. Presque comme nos Pâques et Radonitsa combinées. Ce jour-là, une visite familiale et publique des cimetières est obligatoire : ils apportent avec eux des saules, des branches vertes et des fleurs, décorent les tombes. Ils apportent de la nourriture, des cadeaux rituels aux morts. Je pense qu'en partant de cette tradition, éveiller davantage d'intérêt pour le spirituel à travers l'au-delà des ancêtres est une voie très correcte dans le sens de la mission de l'Orthodoxie.

Briser la muraille de Chine ? - C'est tout à fait possible si nous sommes chrétiens


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

mercredi 6 octobre 2021

Prêtre Roman Vityuk: NOTRE RIZ DE CE JOUR Conversation sur la mission chinoise depuis l'arrière-pays russe (2)

 

Athéisme fatigué, âmes épuisées


Affiche soviétique


- Mais si vous étudiez sérieusement une langue, alors c'est inévitable, et il est probablement nécessaire de vous familiariser avec la culture du peuple. Comment connaître la culture chinoise ? Autant que je sache, vous respectez beaucoup la culture de ce peuple. Comment est née cette connaissance ?

 

- Pour la première fois, j'ai vu beaucoup de chinois en 1998 au marché Izmailovsky à Moscou. Et à Chita auparavant, tous les chantiers de construction avaient de forces des travailleurs chinois. Chita est une région contiguë, la frontière est à 400 km de la ville. De nombreux Russes y allaient faire des emplettes pour le week-end. Un de nos enfants a étudié dans une école chinoise et nous avions l’habitude d’aller acheter des vêtements avec lui [en Chine]. De l'autre côté de la frontière se trouve la ville de Mandchoulie, la moitié de la taille de Chita, le plus grand port terrestre de Chine. Elle s’est développée avec l’argent russe, il n’y avait autrefois qu’une gare et quelques maisons dans la steppe.

En tant que chrétien orthodoxe, en tant que prêtre, je me suis demandé plus d'une fois : comment puis-je parler avec nos voisins, que leur dire. Face à ces personnes, que puis-je leur donner en tant que berger ?

- Que pouvez-vous dire de la religiosité des chinois ?


- Les Chinois ne sont pas des gens très religieux. C'est comme notre peuple soviétique en période de stagnation : l'athéisme, mais quel athéisme... Tellement fatigué, déçu de tout, cynique, mais l'âme cherche quelque chose. C'était probablement comme ça à la fin des années 1980.

Mais comment les « accrocher », qu'est-ce qui est vraiment important pour eux ? 

Il existe en fait une tradition mystique chinoise - le taoïsme. Mais dans la pratique, cela se résume à un certain ensemble de notions et de rituels superstitieux avec des « astuces de vie » physiologiques pour « maintenir la jeunesse éternelle ». 

Une tradition religieuse plus spirituelle est le bouddhisme. Comme dans le christianisme, il existe plusieurs courants, le bouddhisme chinois diffère donc du bouddhisme thaïlandais, vietnamien, tibétain, bouriate - [il y a] des écoles, des directions et des pratiques complètement différentes. 

Quant au mysticisme et à la spiritualité, à la fois bouddhiste et taoïste, ils ne sont absolument pas courants chez les gens. C'est comme si on essayait de se promener dans un cimetière rempli le jour de Pâques, "selon la tradition orthodoxe", par un peuple ivre, pour parler de la prière de Jésus et de l’hésychasme. Cela n’aura aucun effet !

Mais il y a aussi une tradition profonde, spécifiquement chinoise, qui est plus laïque que religieuse : le confucianisme. Un ensemble de commandements moraux en relation avec la hiérarchie et l'obligation dans l'État, dans la famille. La tradition confucéenne entre en contact avec le mysticisme en termes de vénération des ancêtres décédés. Pour les Chinois laïcs, le culte des ancêtres est sacré.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

mardi 5 octobre 2021

Prêtre Roman Vityuk: NOTRE RIZ DE CE JOUR Conversation sur la mission chinoise depuis l'arrière-pays russe (1)


Pourquoi dans les provinces russes prient-ils  pour les Chinois,cela  vaut-il la peine d'avoir peur de la Chine, ou bien est-il logique de montrer un bon intérêt chrétien pour elle, pourquoi dans le Notre Père ils ne demandent pas de pain en chinois, mais du riz, ce que nous, les Russes, devrions être pour que la mission de l'Orthodoxie en Chine soit efficace, dit le prêtre Roman Vitiuk.

Prêtre Roman Vityuk

Le père Roman vit et sert dans l'arrière-pays de Yaroslavl, dans le village de Sutka, district de Breitovsky, région de Yaroslavl. Il adore le ski - il parcourt une douzaine de kilomètres par jour en hiver, s'il en a le temps (en été - à vélo). Il aime aussi les bains publics. Mais surtout, il semble aimer les langues. Anglais, allemand, français, grec ancien ou latin - oui, tout cela est bien sûr intéressant et même nécessaire. Mais il y a aussi la langue chinoise, et la culture de la Chine intéresse particulièrement le prêtre. En général, un large éventail d'intérêts, et qui ne ressemble à aucun "lien" du tout. C'est un peu étrange, cependant : où est le district de Breitovsky de la région de Yaroslavl avec ses forêts et les eaux de la mer de Rybinsk sur la ville inondée de Mologa, et où est le pays de la Chine... Cependant, à un Russe parler de distances, c'est le surprendre beaucoup.

Pentecôte contre Babylone

- Père Roman, tout d'abord, expliquez s'il vous plaît : un phénomène assez étrange pour l'arrière-pays russe - un prêtre d'un village de Yaroslavl qui aime la langue chinoise. D'où vous est venu l'intérêt pour la langue et la culture chinoises, comment vous êtes-vous impliqué ?

- Pendant 10 ans, depuis 2003, j'ai vécu avec ma famille en Transbaïkalie. Notre cadet est entré dans un gymnase de langues, où le chinois est enseigné à partir de la 2e année. Ce sujet est donc devenu une affaire de famille – car qui voudrait avoir une mauvaise note en chinois ? Mon épouse et moi aimons toutes les deux les langues étrangères, elle a généralement un diplôme avec mention en langues étrangères. Les langues sont donc une tradition familiale. Et mon fils a obtenu son diplôme d'études secondaires il y a longtemps, avec une médaille d'or. Nous sommes heureux, c'est compréhensible.

- Vous ne parlez pas que le chinois, vous parlez aussi l’anglais...

- L'anglais est la première langue que je parle professionnellement et gagne de l'argent supplémentaire en donnant des cours particuliers, l'allemand est la deuxième langue à l'institut, le français, au séminaire, la troisième, plus le grec et le latin dans le programme. C'est très intéressant d'apprendre des langues. Je suis convaincu que pour la pastorale, pour comprendre le monde, pour une communication à part entière avec les gens, il faut simplement connaître les langues, les enseigner. De plus, la langue maternelle, la culture autochtone deviennent plus claires lorsqu'elles sont comparées de l'extérieur.

- Et le slavon d’Église?

- Et comment! De nombreuses nuances se précisent. Une autre chose est que le slavon d'église n'est pas du tout une langue « étrangère » pour nous. Mais, malheureusement, le niveau de maîtrise de celui-ci par de nombreux Russes orthodoxes laisse beaucoup à désirer. Il en va de même pour les langues étrangères. Nous pouvons probablement dire que si nous essayons de maîtriser les langues, si nous nous intéressons à la culture et à l'histoire des autres nations, alors, grâce à notre diligence et à l'aide de Dieu, nous surmontons la malédiction de la tour de Babel, la division des langues. C'est ce qu'on appelle la "communication interculturelle": comprendre une autre culture, des significations - et pour la mission chrétienne cela a une signification pratique. Au commencement était la Parole  (Jean 1 : 1), n'est-ce pas ? Le « logos » grec est un concept large, un véritable diamant aux multiples facettes. Je pense que l'étude des langues étrangères, la philosophie, l'amour des logos, apporte beaucoup au sens spirituel.

 

- C'est-à-dire qu'à travers l'amour du langage, nous commençons à nous approcher au moins d'une certaine compréhension de ces premières paroles de l'Évangile de Jean ?

- Oui. Chaque langue est comme un encodage spécial pour comprendre le monde. Un exemple élémentaire : dans notre pays « beurre » est à la fois du beurre de vache et de l'huile végétale, alors que les anglais ont deux mots différents. Mais ils ont du « pétrole » (huile végétale liquide) - c'est aussi du pétrole et du kérosène... Que dire de la langue chinoise, où tant de mystères et de découvertes vous attendent ! Et en termes spirituels et philosophiques, il est intéressant de comprendre comment les comprendre et les transmettre correctement.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

 

Le sermon silencieux des moines

« Beaucoup prêchent, mais peu inspirent confiance aux gens parce que leur vie n'est pas à la hauteur de leurs paroles. Mais le moine ne prêche pas de sermons bruyants calculés pour être entendus par d'autres. Il prêche silencieusement le Christ par sa vie et aide son prochain par sa prière. Il vit l'Evangile par expérience, et la Grâce de Dieu le révèle. » 

Saint Païssios l'Athonite 

Такова бесшумная проповедь монаха. 

 «Проповедуют многие, но немногие вызывают у людей доверие к себе, поскольку их жизнь не соответствует их словам. Но монах не произносит громких проповедей, рассчитанных на то, чтобы его услышали другие. Он молча проповедует Христа своей жизнью и помогает ближнему своей молитвой. Он опытом живет Евангелие, и Благодать Божия его выдает.»

Прп Паисий Святогорец

Source:

Le Blog du Moinillon

Агни Парфене (Vierge Pure)- Хор братии Валаамского монастыря


Hymne à la Mère de Dieu composé par St Nectaire d'Egine. Version slavonne.
Eglise des Sts Serge et Germain de Valaam.
( Russie. 1998)

Paroles en slavon
Марие, Дево Чистая, Пресвятая Богородице,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Царице, Мати Дево, Руно, всех покрывающее,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Превысшая Небесных Сил, нетварное сияние,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Ликов девичьих Радосте и Ангелов Превысшая,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Небес Честная Сило и Свете, паче всех светов,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Честнейшая Владычице всех Небесных Воинств,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Всех Праотцев Надеждо, пророков Исполнение,
Радуйся, Невесто Неневестная.
В подвизех Ты помоще, Кивоте Бога Слова,
Радуйся, Невесто Неневестная.
И девам Ликование, и матерем Отрадо,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Целомудрия Наставнице, душ наших Очищение,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Покрове, ширший облака, и страждущих Пристанище,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Немощных Покров и Заступнице, Надеждо ненадежных,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Марие, Мати Христа, Истиннаго Бога,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Ааронов Жезле прозябший, Сосуде тихой радости,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Всех сирых и вдов Утешение, в бедах и скорбех помоще,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Священная и Непорочная Владычице Всепетая,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Приклони ко мне милосердие Божественнаго Сына,
Радуйся, Невесто Неневестная.
Ходатаице спасения, припадая, взываю Ти:
Радуйся, Невесто Неневестная.

Source: