vendredi 8 janvier 2021

"Pourquoi j'ai quitté l'Église grecque pour l'Église russe" - explique un prêtre orthodoxe


Dans la vidéo suivante, le Père Ioannis Fortomas explique les raisons pour lesquelles il a quitté l'Église orthodoxe grecque et rejoint l'Église orthodoxe russe. Une transcription [ en langue française]est disponible ci-dessous.



TRANSCRIPTION:

Bonsoir à tous. Cela fait environ 24 heures que je vous ai annoncé sur les réseaux sociaux que j'ai rejoint l'Église orthodoxe russe. C'est donc une bénédiction pour moi et pour mon sacerdoce que son Eminence, l'archevêque Gabriel de Montréal au Canada, m'ait reçu plus tôt ce mois-ci dans son diocèse. 

Beaucoup d'entre vous m'ont posé des questions depuis que j'ai annoncé ce changement très important dans ma vie, beaucoup d'entre vous m'ont posé des questions différentes, qui si vous les rassemblez, se résument toutes àla question suivante: pourquoi un prêtre orthodoxe grec se joindrait-il l'Eglise orthodoxe russe?

Donc, cette vidéo est une tentative de ma part de répondre à cette question très importante et fondamentale, et le début de la réponse à cette question commence vraiment dans un pays qui n'est ni la Grèce ni le Canada. Il s'appelle l'Ukraine. Maintenant, une série d'événements très intéressante s'est produite en Ukraine qui a affecté toutes nos vies au cours des deux dernières années, en particulier à partir de 2018, et c'est ce qui suit:

En 2018, le patriarcat de Constantinople a accordé une légitimité à deux ou trois groupes de schismatiques en Ukraine et les a déclarés église autocéphale. Une "église autocéphale canonique" avec beaucoup de guillements. Beaucoup d'entre vous se pose la question demandent peut-être qu'est-ce qu'est le schisme? Qu'est-ce qu'une Eglise autocéphale. Donc vraiment, cela nécessite une très brève explication sur ce qu'est l'Eglise orthodoxe, comment est-elle dirigée?

Oui, comme nous le confessons dans le credo, l'Église orthodoxe est une. C'est l'Église une, sainte, catholique et apostolique. Donc, que ce soit l'Eglise orthodoxe serbe, ou l'Eglise orthodoxe grecque, ou l'Eglise orthodoxe roumaine, elles font toutes partie de l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique - ce sont des parties distinctes d'une seule Eglise. Vous pourriez aussi dire que l'Eglise unique n'est pas divisée, mais qu'elle est - un meilleur terme - organisée. Elle est organisé en une famille de 14 foyers différents, que nous appelons patriarcats et Eglises autocéphales.

Maintenant, sans entrer dans les détails, vous savez, qui sont ces 14 Eglises, beaucoup d'entre vous savent que cette information se trouve facilement sur Internet. Je n'entrerai pas en détails dans tout cela. Mais je dirai brièvement que le patriarcat de Constantinople, de retour en Ukraine, a décidé en 2018 d'accorder le statut d'autocéphale à un groupe de schismatiques en Ukraine. Il les éleva et les inclua dans cette famille d'Eglises sans l'assentiment des autres, et plus important encore, au-delà de cela, il le fit aux dépens de l'Eglise canonique d'Ukraine dirigée par sa Béatitude, le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l'Ukraine.

L'Église canonique d'Ukraine est une église autonome au sein du Patriarcat de Moscou. Ainsi, le patriarcat de Constantinople a non seulement légitimé les schismatiques, mais il l'a fait aux dépens de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique, à laquelle appartiennent la majorité des croyants en Ukraine, et cela a déclenché une série d'événements très malheureux. Vous connaissez des événements où, par exemple - et cela se vérifie facilement sur les réseaux sociaux ou simplement en effectuant une recherche rapide sur Google - où les schismatiques se sont emparé d'une paroisse, c'est-à-dire l'ont occupée, et ils ont battu les prêtres, battu les croyants, souvent les réduisant en bouillie, et souvent devant la police qui fermait les yeux tout comme les autorités de l'État.

Ainsi, un comportement très, très antichrétien, contraire à l'Évangile, a été adopté en Ukraine et a été effectivement approuvé par le patriarcat de Constantinople.

Alors, vous me direz, vous me demanderez: "Eh bien, qu'est-ce que cela a à voir avec vous, et qu'est-ce que cela a à voir avec nous?" Lorsqu'un membre du Corps du Christ souffre, les autres membres souffrent aussi, et à un moment donné, quelqu'un doit se lever et dire "Arrêtez!" à cause des résultats du schisme. Et le schisme, comme je viens de le dire, n'apporte rien de bon à tous ceux qui sont impliqués. 

Les résultats du schisme se répandent aujourd'hui au sein de l'Orthodoxie grecque, et je voudrais simplement dire à ce stade, que bien sûr, il n'y a pas d'Eglise orthodoxe grecque unifiée. Vous savez, vous avez le patriarcat de Constantinople, vous avez le patriarcat d'Alexandrie, le patriarcat de Jérusalem, l'église de Grèce, l'église de Chypre, différentes unités administratives, mais une à une, elles soutiennent toutes le patriarcat de Constantinople (à l'exception du Patriarcat de Jérusalem). 

Les effets du schisme ont maintenant pleinement imprégné le monde orthodoxe grec, et il y a des questions qui existent bien sûr, comme la validité des sacrements de ceux qui sont dans le schisme. La réponse courte est que non, leurs sacrements ne sont pas valides , mais si nous devions aller plus loin, nous découvririons que ces personnes n'ont même pas de succession apostolique , qu'elles tiennent leur «sacerdoce» entre guillemets de personnes qui sont le clergé, qui sont auto-consacrés, auto-consacrés au sacerdoce. (L'archiprêtre Vasyl [Basile]Lypkivsky a été «consacré» à «l'épiscopat» par le clergé et les laïcs lors d'un concile de voleurs à Kiev le 23 octobre 1921 lorsque «l'Église ukrainienne autocéphale» a vu le jour.) 

Donc en effet, c'est la légitimation d'une imposture totale , d'une imposture totale, et à ce stade, je le pense, elle trahit, un franchissement total d'une ligne rouge très, très réelle dans l'Eglise concernant les canons de l'Eglise et le dogmes et l’ordre général de l’Église orthodoxe.

J'ai donc pris la décision de rejoindre l'Église orthodoxe russe sur cette base. Et de plus, ceci n'est pas basé sur la base d'idées abstraites sur ce qui se passe ailleurs. 

J'ai vu les résultats du schisme en Ukraine jouer sous mes yeux à l'époque où j'étais prêtre en Hongrie, prêté au Patriarcat œcuménique. J'ai vu les résultats du schisme, et j'en suis arrivé à un point où je ne pouvais pas avec une conscience propre, je ne pouvais pas servir le patriarcat de Constantinople après qu'il ait avancé et commis de tels actes contre l'Évangile, et contre la tradition canonique de l'Église orthodoxe, s'érigeant plus ou moins comme un type de papauté orientale.

Donc personnellement, j'en suis arrivé à un point où je ne me sentais plus capable de célébrer la Liturgie, en servant dans ces conditions. Et chaque Liturgie, croyez-moi, était une torture. C'était de la torture, une torture littérale, pour essayer de passer outre. Et j'en suis arrivé à un point où je ne pouvais plus servir dans ces conditions. Cependant, dans le même temps, l'attitude des évêques grecs orthodoxes à mon égard a changé, car ils ont réalisé les opinions que j'avais. C'est donc une décision très naturelle de rejoindre l'Eglise orthodoxe russe. Et ce faisant, Son Eminence Mgr Gabriel a été très généreux envers moi, en me bénissant pour continuer à servir en grec. Cela signifie bien sûr que je ne me sers pas moi-même, mais vous, le peuple fidèle de Dieu.

Ce n'est pas la première fois que des religieux orthodoxes grecs rejoignent l'Église orthodoxe russe, en particulier dans des périodes d'histoire tumultueuses et controversées, et je pense spécifiquement à deux hommes. Evienos Vulgaris en est un. Il était métropolite de Gerson dans ce qui est aujourd'hui l'Ukraine, et l'autre était Nikiforos Theotokis.

Donc, en effet, ce n'est pas la première fois que l'Eglise orthodoxe russe aide les chrétiens orthodoxes grecs. Il y a de nombreux exemples au cours de l'histoire récente où cela a été fait et où cela leur a permis de vivre librement leur foi orthodoxe grecque, sans aucune pression extérieure ou même sans aucune demande, je suis donc très reconnaissant de cette opportunité.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

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