samedi 27 juin 2020

Moniale Ekaterina : UNE MONIALE DU MÊME ÂGE QUE LE STARETZ PAÏSSIOS PARLE DU BONHEUR

Nun Ekaterina
Moniale Ekaterina
   
"Connaissez-vous le staretz Païssios l'Athonite ? Nous avons le même âge ! Je suis même un peu plus âgée : il est né en été [le 25 juillet 1924], alors que je suis née au début de l'année, en février." 

En effet, la moniale Ekaterina (Catherine) et saint Païssios sont nés la même année, en 1924. Elle a maintenant quatre-vingt-seize ans, mais si l'on compte son âge à partir de sa tonsure monastique (elle a été tonsurée  en 2019), elle n'a qu'un an. La religieuse est pleine de vivacité spirituelle, de joie et de gratitude envers Dieu, et elle est prête à dire à tout le monde ce qu'est le bonheur.

Tous les gens veulent être heureux. Tout dans le monde se passe dans ce but. Même les guerres et les révolutions ont lieu parce que les gens luttent pour le bonheur. Mais une révolution a-t-elle jamais rendu quelqu'un heureux ? Non ! Et alors ? Peut-être que le bonheur n'existe pas ? Non, il existe !

"Qu'est-ce que le bonheur ? Je sais ce que c'est. J'ai eu beaucoup de bonheur tout au long de ma vie. Vous savez, je suis née il y a très longtemps, en 1924, exactement deux semaines après la mort de Lénine." raconte la moniale Ekaterina.

L'histoire de sa vie est à la fois simple et étonnante, tout comme l'histoire de toute âme qui a trouvé Dieu après de nombreuses années sans Lui.

Tout arrive non sans raison

Malgré son âge, la moniale Ekaterina a des souvenirs très clairs et détaillés des lointaines années 1920, de sa famille et de son enfance. Son père était issu d'une famille de tailleurs et sa mère s'occupait du ménage. En 1923, ses parents ont déménagé à Ekaterinbourg.

"C'est là que je suis née : à Ekaterinbourg et non pas à Sverdlovsk", la moniale Ekaterina montre son acte de naissance décoloré par le temps avec le mot "Ekaterinbourg" à peine lisible, bien que discernable.

With a sister in her childhood.
Avec une sœur dans son enfance.

Mais la nouvelle Galina (nom dans le siècle de la moniale Ekaterina) n'était pas destinée à vivre longtemps à Ekaterinbourg. Lorsqu'elle eut plusieurs mois, les autorités décidèrent de rebaptiser la ville. Des noms très différents furent proposés, parmi lesquels Krasnouralsk, Krasny Oural et même Revancheburg (une allusion à l'exécution de la famille royale dans cette ville). Finalement, en novembre 1924, Ekaterinbourg fut officiellement rebaptisée Sverdlovsk. Ainsi, la ville perdit non seulement son nom d'origine mais aussi presque toutes ses églises. Dans les années 1920, le couvent de Novo-Tikhvin, l'église de l'Ascension et l'église "Maly Zlatoust" ("Petit Chrysostome") furent fermées. Rien qu'en 1930, les cathédrales de la Théophanie et de Sainte-Catherine, ainsi que l'église "Bolchoï Zlatoust" ("Grand Chrysostome") furent démolies, et les églises de la Sainte-Trinité et de la Dormition furent fermées. Les nouvelles autorités firent de leur mieux pour effacer la mémoire de Dieu de la conscience du peuple soviétique.

"A cette époque, les gens ne parlaient pas du tout de la foi", se souvient Mère Ekaterina. Mais un jour, alors que ma mère et moi marchions (je me souviens même de cet endroit !), elle a soudain dit : "Ô Génitrice de Dieu et Vierge, réjouis-toi!"; puis "Notre Père Qui es aux cieux..." ; et elle s'est tue sans rien dire d'autre... Tant d'années ont passé, mais je m'en souviens encore ! Maintenant je comprends que cela n'a pas été dit par hasard, et que le Seigneur a alors allumé une étincelle dans mon cœur."

Un long voyage vers le bonheur

Ensuite, elle a eu la vie d'une jeune femme soviétique typique. Galina a terminé ses études, puis a suivi des cours d'anglais et a obtenu un emploi de professeur à l'école du bâtiment. C'est là qu'elle a rencontré son futur époux Igor Dudine qui  était son élève. Bien qu'ils aient été séparés de six ans, il est immédiatement tombé amoureux de son professeur. Mais il a longtemps hésité à la demander en mariage ou à révéler ses sentiments. Il décida d'abord de recevoir une solide éducation et, après une école technique, il se rendit à Leningrad pour étudier à l'école d'artillerie. Auparavant, c'était l'académie militaire "du Corps des Pages" et dans les années 1940, certains professeurs qui avaient enseigné sous le tsar y travaillaient encore.

Igor Dudine sortit du collège en véritable officier russe : noble et aux manières raffinées. Il rêva de retourner à Sverdlovsk et d'épouser Galina à l'église. Un jour, il vit un couple lors du sacrement de mariage dans une église de Leningrad et fut perdu d’admiration pour eux... Igor fréquentait l'Eglise depuis son enfance ; sa grand-mère lui avait appris qu'en entrant à l'église, il devait faire le signe de Croix et vénérer les icônes.

A son retour à Sverdlovsk, Igor demanda finalement Galina en mariage, et elle accepta. Ensemble ils eurent deux filles

"Tout allait bien dans ma vie. Il est vrai qu'il y eut des hauts et des bas dans notre vie, mais il y eut beaucoup de choses très bonnes et très heureuses. Le Seigneur m'a guidé toute ma vie", raconte la moniale Ekaterina. "Bien sûr, alors je n'ai pas compris qu'Il me guidait. Je nageais juste avec la marée. J'aimais tout et je me sentais bien partout... Et nous avons survécu à la Grande Guerre Patriotique [1939-1945]; et bien que ce fut une période difficile et terrible, mes souvenirs sont lumineux ; nous avons beaucoup travaillé, mais cela nous a apporté de la joie".

La famille et les amis de Galina ne se souviennent pas qu'elle se soit jamais disputée avec quelqu'un, pas même une fois. Elle a toujours aimé tout le monde et a vécu en paix et en harmonie avec tous les gens autour d'elle. Elle avait tout : un mari aimant, de gentils enfants et un travail qu'elle aimait. De quoi d'autre pouvait-elle avoir besoin ? Mais il s'est avéré que son bonheur suprême était encore à venir.

 
   
"J'ai toujours beaucoup lu ; je connaissais tous les classiques de la littérature et d'autres genres aussi. Comme beaucoup d'autres Soviétiques, j'aimais la fantaisie", raconte la moniale Ekaterina avec un sourire.

On dit que Dieu cherche le chemin qui mène au cœur de chaque être humain. Parfois, cela se produit à travers les livres et la musique ; c'est précisément ce qui est également arrivé à Galina. Elle a toujours admiré l'harmonie des mots dans les livres et l'harmonie des sons dans ses mélodies préférées. Parfois, lorsqu'elle entendait une belle mélodie à la radio, elle appelait ses filles :

"Ecoutez, comme c'est beau ! C'est la Sonate au clair de lune de Beethoven !"

Les Dudine avaient une riche bibliothèque. Les temps changèrent aussi : les années 1940 et 1950, marquées par la faim, furent suivies des années 1960 et 1970, plus stables, qui furent suivies de la perestroïka et de la démocratie...

À cette époque, des livres et des magazines sur la foi apparurent. Galina continua à beaucoup lire et c'est par ce passe-temps que Dieu se révéla à elle un jour.

"Un  jour, j'ai lu quelque chose sur la foi, bien que je ne me souvienne pas exactement de quoi il s'agissait", a déclaré la moniale Ekaterina. "Et soudain, je me suis rendu compte que Dieu existe ! [elle pleure]. Et j'ai dit à ma famille, "Les filles, courez rapidement vous faire baptiser!"

À partir de ce moment, leur famille a commencé à fréquenter l'église Saint-Alexandre Nevski qui venait d'être rendue aux fidèles (et qui est devenue bientôt l'église principale du couvent Novo-Tikhvin qui a été ressuscité). Une vie absolument nouvelle commença pour Galina.

"J'étais alors encore très jeune. Je n'avais que soixante-dix ans !"

" ô Seigneur, comme il est facile de vivre avec Toi,!"

Les années passèrent vite. Les deux filles de Galina devinrent moniales. Son mari Igor fut très malade dans les dernières années de sa vie et en 2008, il reposa paisiblement dans les bras de son père spirituel. Et Galina resta... Non, pas seule - avec Dieu !

Elle n'a jamais manqué un service religieux. Les dimanches et jours de fête, on peut toujours la trouver à l'église Saint-Alexandre Nevski du couvent Novo-Tikhvin, au même endroit, près de la chapelle latérale sud. Sa conversation avec Dieu dure depuis une trentaine d'années maintenant...

"Cela fait maintenant cinq ans que je me rends à l'église en taxi. Tous les chauffeurs me connaissent. Quand ils viennent me chercher, ils me demandent quelle fête est célébrée ce jour-là. Et pendant que nous roulons, je leur parle de la fête et je les éduque", dit Mère Ekaterina.

Enfin, le moment de sa tonsure est arrivé. Dès qu'elle a commencé à envisager cette possibilité, une de ses filles l'a appelée du couvent et lui a demandé si elle souhaitait devenir moniale.

"D'abord, elles m'ont suggéré le nom d'Olga. Mais j'ai répondu : "Puis-je prendre le nom d'Ekaterina ? Je suis née à Ekaterinbourg et j'ai reçu la médaille de Sainte Catherine".


Un film de cet événement, dans lequel le métropolite Cyrille d'Ekaterinbourg et de Verkhoturye remet la médaille de Sainte-Catherine à Galina Leonidovna, 94 ans, est toujours d'actualité. La femme vénérait sainte Catherine avant même cet événement, mais elle reçut la médaille comme un signe que cette sainte était sa patronne céleste. C'est pourquoi elle demanda à être nommée Ekaterina dans le monachisme. Aujourd'hui, elle est la plus ancienne moniale du couvent de Novo-Tikhvin.

Lorsqu'on lui demande si elle se sent triste ou seule, elle répond :

"De quoi parlez-vous? J'ai tellement de choses à faire : prier, lire l'Evangile et chanter l'hymne akathiste. Et comment puis-je me sentir seule si je suis avec Dieu ? Et Dieu est joie !"

La moniale Ekaterina dit des choses que son âme connaît par expérience. Avant même sa tonsure, elle a appelé sa fille (qui vit dans un couvent) et lui a demandé de faire une belle inscription pour elle : "Il est si facile de vivre avec Toi, ô Seigneur". Ces mots sont devenus l'expression de son état intérieur. N'est-ce pas étonnant ? Une femme de quatre-vingt-seize ans, bien qu'âgée, seule et faible, est remplie de la joie que les jeunes ne peuvent pas trouver dans leur âme.

With her daughter, a nun
Avec sa fille moniale

La moniale Ekaterina chemina toute sa vie vers le bonheur. Bien qu'elle n'ait rien connu de Dieu pendant de nombreuses années, elle accepta avec gratitude tout ce qu'Il lui envoyait. Elle se réjouissait de tout - de la nature, de la beauté, de sa famille et de ses amis, et de tout type de travail. Dans les moments difficiles, elle ne désespérait pas et ne blâmait personne, au contraire, elle donnait de l'amour à tout le monde. Son âme s'est préparée pour le moment où elle allait connaître Dieu de cette façon.

"Le Seigneur m'a beaucoup donné. J'ai eu beaucoup de joie dans ma vie. J'ai même vécu pour voir un tel bonheur quand j'ai trouvé le Seigneur, et Il m'a même conféré la tonsure monastique. Le bonheur est en Dieu et dans la vie pour Lui".

« Tu es grand, Seigneur, et infiniment louable; grande est ta puissance, et il n’est point de mesure à ta sagesse. » Et c’est Toi que veut louer l’homme, chétive partie de Ta création, être de boue, promenant sa mortalité, et par elle le témoignage de son péché, et la preuve éloquente que tu résistes, Dieu que tu es, aux superbes ! 

Et pourtant il veut Te louer, cet homme, chétive partie de Ta création ! Tu l’excites à se complaire dans Tes louanges ; car Tu nous as faits pour Toi, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi. (Bienheureux Augustin d'Hippone, Livre Premier)

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
ORTHOCHRISTIAN

vendredi 26 juin 2020

La Voix des Pères Théophores

Tous les Saints de Radonège

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Une foi juste ne sert à rien quand la vie est corrompue.

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L'affliction est permise pour rendre ceux qui sont affligés plus prudents et plus pieux.

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Ce que la pluie est pour les graines, les larmes le sont pour ceux qui sont affligés...

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Saint Jean Chrysostome


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Sans la contrition du cœur, il est tout à fait impossible de se débarrasser du mal. Le cœur connaît la contrition par un triple contrôle de soi: le contrôle du sommeil, de la nourriture et du repos du corps. L'excès en ces trois choses conduit à la recherche de sa propre satisfaction, et fait ensuite accepter les pensées malignes et il s'oppose à la prière et au travail [spirituel] qui convient.


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La prière sans distraction est un signe de l'amour de Dieu; mais la prière inattentive et distraite est un signe d'amour des plaisirs.


Saint Côme d'Etolie


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Avant tout, puissions nous tous grandir en compréhension SPIRITUELLE, et non rationnelle, ce qui je le crains est la plaie de nous tous pauvres convertis!


Père Seraphim (Rose) de Bienheureuse Mémoire


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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 25 juin 2020

Saint Nicolas de Jitcha: L'action et la parole



Une bonne action faite en silence

vaut plus qu'une bonne action 
faite et commentée en paroles, 
et elle a incomparablement plus de valeur 
que la plus spirituelle des explications 
sans bonne action.

De saint Nicolas de Myre en Lycie, 
aucune parole n'a été conservée, 
mais ses actions sont restées. 

A trois reprises, 
sans explication, 
il vint de nuit à la maison d'un pauvre homme
et il jeta secrètement 
un sac d'or par la fenêtre.

***
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 24 juin 2020

Saint Ephrem le Syrien: La préparation du cœur




Ô mes frères,
Efforçons-nous de faire
Que nos cœurs soient prêts devant Dieu:


Prêts à écouter la Parole de Dieu,
Prêts à suivre la volonté de Dieu,
Prêts à glorifier le Dieu Vivant.


Ô Dieu, notre immortel Créateur,
Aide-nous à préparer nos cœurs,
Afin qu'ils soient des vases de Ta Grâce vivifiante.


A Toi soit la gloire et la louange à jamais.
Amen!


Combien merveilleuse est cette abondance
Qui fait que le Seigneur
Puisse résider en nous continuellement,
Car Il a quitté les Cieux
et
Il est descendu [parmi nous]:


Sanctifions pour Lui
La chambre nuptiale de nos cœurs.


Saint Ephrem le Syrien
Homélies Arméniennes 47,
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Sebastien Brock
The Luminous Eye

mardi 23 juin 2020

Archiprêtre John Whiteford: LA COMMUNION, LES CUILLERS DE COMMUNION ET LES PEURS IRRATIONNELLES

Photo : A.Goryainov / pravoslavie.ru
    
Je suis récemment tombé sur une remarque très perspicace d'un écrivain conservateur (Denise McAllister) qui était engagée dans un débat en ligne avec quelqu'un sur ce que le gouvernement devrait ou ne devrait pas être en mesure d'exiger. Elle a écrit : "Ma liberté ne s'arrête pas là où commence votre peur irrationnelle." Mais bien sûr, la question de savoir si les craintes d'une personne sont rationnelles ou irrationnelles est la question que nous devons examiner.

Il n'existe malheureusement pas de moyen de vivre sans risque dans ce monde. Si nous devions éviter tous les risques, aucun d'entre nous ne monterait jamais dans une voiture, mais la plupart d'entre nous le font, car nous considérons que c'est un risque gérable. Si vous conduisez en écoutant la radio ou en buvant une tasse de café, vous augmentez vos risques... mais ces risques supplémentaires sont généralement considérés comme assez minimes.

Il est curieux que, alors que de nombreuses collectivités locales ont fermé des églises, ou ont sévèrement limité la fréquentation, elles ont autorisé les magasins de marijuana et les débits de boissons à rester ouverts. Comme l'a récemment souligné un juge de l'Illinois, il y a seulement 5 mois, les magasins de marijuana n'étaient même pas légaux, mais ils sont maintenant considérés comme essentiels, alors que les églises, qui sont protégées par le 1er amendement de la Constitution américaine ne le sont pas (du moins dans de nombreux États). Mais, apparemment, certains risques valent la peine d'être pris - il s'agit juste de savoir ce que vous pensez être important. Même le Dr Anthony Fauci, qui a déclaré qu'il n'est pas encore sûr pour les églises de donner la communion à leur peuple, a dit, lorsqu'on lui a demandé si les gens devraient s'abstenir de coucher avec des étrangers pour le sexe :

"Si vous êtes prêt à prendre un risque - et vous savez, chacun a sa propre tolérance pour les risques - vous pourriez vous demander si vous voulez rencontrer quelqu'un. Et cela dépend du niveau d'interaction que vous voulez avoir... Si vous cherchez un ami, asseyez-vous dans une pièce et mettez un masque, et vous savez, discutez un peu. Si vous voulez être un peu plus intime, eh bien, c'est votre choix concernant un risque" (Newsweek : Le Dr Fauci dit que vous pouvez rencontrer un amant "si vous êtes prêt à prendre un risque"" 4/16/20).

Il s'agit donc de savoir quelles sont vos priorités.

La question de savoir comment les différents niveaux de gouvernement aux États-Unis ont géré le Coronavirus est un sujet dont nous débattrons probablement pendant des années, mais au sein de l'Église orthodoxe, il y a aussi un débat en cours sur la manière dont les différents évêques ont géré cette crise. Les évêques ont réagi à cette crise de différentes manières. Certains ont seulement imposé des restrictions sur les offices dans les endroits où cela était mandaté par les autorités locales, tandis que d'autres ont soit restreint la participation, soit l'ont complètement annulée, indépendamment des mandats gouvernementaux imposés ou non. 

J'ai vu de nombreuses personnes affirmer que les évêques qui ont imposé de telles restrictions sont carrément des hérétiques et des apostats. Mais je n'ai jamais entendu de tels arguments lorsqu'une paroisse a annulé des services en raison de conditions météorologiques défavorables. Il se peut qu'en réfléchissant à cette crise, de nombreux évêques regrettent d'avoir réagi de manière excessive. 

Il se pourrait aussi que si ce virus s'était avéré aussi mortel que beaucoup le disent, certains évêques auraient regretté d'avoir sous-réagi. Ce n'est donc pas une question d'hérésie, mais une question de sagesse - c'est-à-dire, quelle était la chose raisonnable à faire dans ces circonstances. On peut être en désaccord avec les décisions d'un évêque, mais même s'il a mal jugé, on doit supposer que ses motivations étaient bonnes, et que le désir de subvertir la foi ne faisait pas partie de ces motivations. Mais ce qui me préoccupe le plus actuellement, c'est la direction que prennent certains évêques avec leurs réponses sur la manière dont nous devrions avancer liturgiquement, dans le sillage de ce virus.

Nous avons actuellement des évêques qui imposent l'utilisation d'une cuiller différente pour chaque communion, et certains qui ont institué la pratique de donner la communion aux gens dans la main (avec une portion de l'Eucharistie intime), tous animés par la crainte que donner la communion aux gens avec une cuiller à communion, comme le fait l'Église depuis près de mille ans maintenant, ne provoque l'infection de quelqu'un par le virus. La question que nous devons nous poser, cependant, est de savoir si cette crainte est rationnelle ou non.

Il a été souligné que la pratique de l'Église au cours du premier millénaire consistait à ce que les gens reçoivent la Communion à peu près de la même manière que le clergé orthodoxe le fait encore : d'abord avec le Corps du Christ dans la main, puis en recevant le Sang directement du calice. Pourquoi l'Église a-t-elle mis fin à cette pratique et commencé à communier les gens avec une cuiller ? Parce que les gens laissaient tomber des portions de l'Eucharistie avec insouciance, et parce que certaines personnes rapportaient l'Eucharistie à la maison à des fins superstitieuses. Il y a peu de raisons de croire que les gens de notre temps seront plus pieux et plus prudents que ceux du premier millénaire, et il y a de nombreuses preuves qui laissent supposer le contraire.

Si beaucoup font appel à l'ancienne pratique pour justifier ce qu'ils proposent comme solution aux inquiétudes suscitées par ce virus, aucun ne suggère en fait de revenir à cette pratique, car il est évident que si les laïcs partageaient tous un calice commun, ce ne serait pas une amélioration par rapport à l'utilisation d'une seule cuiller. En fait, si la cuillère est plongée dans le calice et lavée dans le sang du Christ après la Communion de chaque personne, cela n'arrive pas à l'extérieur du calice.

Ceux qui préconisent l'utilisation de plusieurs cuillers, voire de cuillers jetables, font appel aux précédents du passé pour savoir comment les personnes connues pour être malades de maladies infectieuses ont communié. Mais le facteur clé est que c'est ainsi que les personnes dont on savait qu'elles étaient atteintes d'une maladie infectieuse ont reçu la Communion -- de telles méthodes n'ont jamais été utilisées comme mesure préventive. De plus, lorsqu'un prêtre communie les malades, il le fait normalement avec le sacrement réservé, et donc le vin qui se trouve dans le calice est du vin non consacré.*

La question que j'ai posée à de nombreuses personnes qui ont plaidé pour que de tels changements soient nécessaires est très simple : Y a-t-il des preuves que quelqu'un ait déjà été malade en recevant la Communion avec une cuiller ? La réponse à cette question est "non". Mais certaines personnes rétorquent ensuite que c'est simplement parce que personne n'a jamais fait d'étude scientifique de la question, mais ce n'est pas vrai. Il est vrai que, à ma connaissance du moins, aucune étude n'a été faite sur l'utilisation des cuillers de Communion, mais il y a eu en fait plusieurs études sur des personnes utilisant un calice commun - qui serait plus susceptible d'être un moyen de transmission de maladie qu'une cuiller de Communion, pour la raison susmentionnée - et ces études sont donc un bon moyen de répondre à la question de savoir si nous avons affaire à des craintes rationnelles ou irrationnelles.

John Sanidopoulos, dans son article "Études scientifiques sur la transmission des maladies infectieuses par la Sainte-Communion", a cité six études pertinentes réalisées entre 1943 et 1998. Une étude a révélé que même dans des circonstances idéales (c'est-à-dire idéales pour permettre la transmission), l'utilisation d'un calice commun montrait que 0,001% des organismes étaient transférés, mais que lors de l'étude de conditions qui suivaient réellement la pratique du monde réel, aucune transmission ne pouvait être détectée. Dans une autre étude, trois groupes de personnes ont été étudiés : ceux qui vont à l'Eglise et reçoivent la communion, ceux qui vont à l'Eglise mais ne reçoivent pas la communion, et ceux qui ne vont pas du tout à l'Eglise. Ils ont constaté que même parmi ceux qui recevaient la Communion aussi souvent que quotidiennement, il n'y avait pas d'augmentation du risque d'infection. Ainsi, même si vous ne croyez pas en Dieu, la crainte de tomber malade à cause d'un virus provenant d'une cuiller à Communion est irrationnelle - et si vous croyez en Dieu, et croyez réellement ce que nous confessons avant de recevoir l'Eucharistie (à savoir que l'Eucharistie est vraiment le Corps et le Sang du Christ), alors vous ne devriez pas avoir à vous inquiéter.

Le père Alkiviadis C. Calivas, dans son article "Une note sur la cuiller commune de Communion", dit qu'il n'a pas lui-même de telles craintes, mais exprime sa préoccupation pour ceux qui en ont :

"Au cours de mes soixante-quatre ans de sacerdoce, j'ai consommé le calice des milliers de fois après d'innombrables Divines Liturgies, sans crainte ni hésitation, comme le fait tout prêtre. Je ne suis pas certain, cependant, que tous les paroissiens fidèles feraient de même, si on leur demandait. Voici ce que je veux dire. La Sainte Communion devrait être une source de joie, d'espoir et de force pour tous et non un test ou une mesure de la foi de chacun dans la Providence de Dieu (Matthieu 4:5-7). Saint Paul nous rappelle que l'amour du Christ exige que nous prenions soin de toutes les personnes, quelle que soit leur situation, et que nous soyons sensibles et réceptifs à leurs justes besoins et préoccupations pour l'amour de l'Évangile (1 Corinthiens 9, 19-23)."

Je ne suis pas prêtre depuis la moitié de cette durée, mais mon expérience soutient la conclusion du père Alkiviadis selon laquelle il n'y a rien à craindre. Lorsque je communie avec les fidèles, la dernière bouche dans laquelle je place la cuiller avant de la remettre au diacre est la mienne (pour m'assurer qu'il ne reste rien de l'Eucharistie sur la cuiller), et je n'ai pas eu de fièvre depuis plusieurs années après avoir été ordonné prêtre. Si un virus pouvait être transmis par une cuiller de communion, il devrait y avoir de nombreux cas de prêtres souffrant d'herpès buccal (qui peut être transmis par l'utilisation d'ustensiles de cuisine ayant servi à une personne atteinte de ce virus), mais en fait, rien ne prouve que quelqu'un ait contracté un tel virus de cette manière.

Je peux comprendre la préoccupation du père Alkiviadis pour les personnes qui ont des craintes irrationnelles, mais pourquoi devrions-nous encourager ces craintes irrationnelles à persister en agissant d'une manière qui communique à ceux qui en souffrent que nous croyons que ces craintes sont fondées ?

Je crains qu'en tant que société, nous n'élevions une génération de germaphobes qui passeront leur vie paralysée par des craintes si irrationnelles, et si préoccupée de mourir des nombreux germes et virus qui abondent dans notre monde, qu'elle sera incapable de vivre réellement. Mais il est bien plus préoccupant de contempler le message que l'Église enverrait aux fidèles, si nous agissons comme si recevoir la Communion était un acte physiquement dangereux. Il est en effet spirituellement dangereux de recevoir la Communion d'une manière indigne (1 Corinthiens 11:27-29), mais lequel des saints a jamais enseigné ou suggéré que l'Eucharistie pouvait être un moyen de transmettre une maladie ? Aucun ne l'a fait. En fait, il existe un épisode bien connu de la vie de Saint Jean de Changhaï :

"L'attention constante de Vladyka à l'auto-mortification avait sa racine dans la crainte de Dieu, qu'il possédait dans la tradition de l'ancienne Église et de la Sainte Russie. L'incident suivant, raconté par O. Skopitchenko et confirmé par de nombreux habitants de Changhaï, illustre bien sa foi audacieuse et inébranlable en Christ. "Mme Menchikova a été mordue par un chien enragé. Les piqûres contre la rage, elle refusait de le faire ou elle ne les faisait pas sérieusement... Et puis elle est tombée de cette terrible maladie. L'évêque Jean l'a découvert et est venu voir la femme mourante. Il lui a donné la Sainte Communion, mais juste à ce moment-là, elle a commencé à avoir une des crises de cette maladie ; elle s'est mise à avoir de l'écume à la bouche, et en même temps elle a craché les Saints Dons qu'elle venait de recevoir. Le Saint-Sacrement ne peut pas être jeté. Alors, Vladyka a ramassé et mis dans sa bouche les Saints Dons vomis par la femme malade. Ceux qui étaient avec lui s'exclamèrent : "Vladyka, qu'est-ce que tu fais ! La rage est terriblement contagieuse ! Mais Vladyka répondit paisiblement : "Il ne se passera rien, ce sont les Saints Dons". Et en effet, il ne s'est rien passé".

Si quelqu'un ne croit pas vraiment que l'Eucharistie est ce que nous disons qu'elle est, alors il ne devrait pas recevoir la Communion, parce que "... celui qui mange et boit indûment, mange et boit sa propre condamnation, ne discernant pas le Corps du Seigneur" (1 Corinthiens 11:29).

Au-delà de tout ce qui a été dit, lorsque nous parlons de "risque" ou de "danger" en tant que chrétiens, nous devons comprendre que ce sont simplement des moyens de faire référence aux nombreux facteurs variables que nous ne connaissons pas. Mais nous ne croyons pas en un Dieu observateur impuissant, qui espère affectueusement que les choses vont bien se passer pour nous. Nous croyons que si nous faisons ce que Dieu veut que nous fassions, nous n'avons pas besoin de nous inquiéter au-delà de cela. 

Le pire qui puisse arriver, c'est que nous mourrons et que nous irons vivre avec le Christ pour l'éternité. Nous croyons que pas un moineau ne tombe à terre sans la volonté du Père (Cf. Matthieu 10:29), et comme l'a dit Saint Antoine d'Optina lors d'une épidémie de choléra (qui a tué bien plus de gens que le coronavirus ne le fera probablement) :

"Vous ne devez pas avoir peur du choléra, mais des péchés graves, car la faux de la mort fauche une personne comme l'herbe, même sans choléra. Placez donc toute votre espérance dans le Seigneur Dieu, sans qui même les oiseaux ne meurent pas, et encore moins une personne".

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

lundi 22 juin 2020

Kirill Aleksandrov: "L'unité orthodoxe de l'Ukraine" : provocation, battage médiatique ou absurdité ?

L'idée de l'Eglise orthodoxe d’Ukraine comme "union" des schismatiques avec l'église orthodoxe d’Ukraine a mal tourné, alors ils cherchent maintenant une nouvelle forme.
Photo : UOJ

L'organisation "Unité orthodoxe d'Ukraine" a été créée en Ukraine, qui vise à unir l'église schismatique avec l'Eglise canonique. Nous découvrirons qui y appartient et pourquoi elle a été créée.

En Ukraine, il y a une volonté d’unir l’Eglise orthodoxe ukrainienne canonique et l’église orthodoxe d’Ukraine schismatique. Le 11 juin 2020, les médias ont rapporté que le mouvement social « Unité orthodoxe d’Ukraine » a été créé à Kiev, qui vise à « développer des formes d’association acceptables pour les deux Eglises » – l’UOC et l’OCU. Le mouvement est une émanation de l’organisation publique « Perspectives spirituelles et religieuses de l’Ukraine ». Voyons de plus près quel type d’initiative il s’agit, ce à quoi il peut aboutir et en quoi consiste son émergence.

Tout d’abord, nous allons découvrir quel est le type d’organisation publique « Perspective spirituelle de l’Ukraine » et qui est derrière elle. La plateforme ouverte de données publiques « Opendatabot » donne une réponse.
Capture d’écran du site web opendatabot.ua

Cette organisation a été créée en novembre 2017. Rappelez-vous ce qu'était cette époque. Le gouvernement encourageait activement les projets de loi anti-églises et se préparait à lancer un projet d'"autocéphalie ukrainienne". Le projet fut calibré en fonction de l'élection présidentielle de 2019. Pour sa mise en œuvre, des négociations actives furent menées avec le Phanar, et le président de l'époque, P. Porochenko, prépara la "vox populi" pour unir toutes les confessions orthodoxes et recevoir le Tomos. C'est alors que, dans son message annuel à la Verkhovna Rada [ Parlement], il annonça la ferme intention des autorités de créer une "église locale unique" et de recevoir le Tomos : "Que les dirigeants du patriarcat œcuménique nous entendent aussi. Je veux une fois de plus attirer l'attention de Sa Sainteté sur notre ferme engagement à cet égard, sur la forte volonté politique des dirigeants ukrainiens de résoudre ce problème qui, malheureusement, est à l'ordre du jour depuis 1991."

Il apparaît donc clairement que la "Perspective spirituelle et religieuse de l'Ukraine" a été créée spécifiquement pour le projet "d’autocéphale unifié" (le nom de l'église orthodoxe d’Ukraine ou de la "sainte église d'Ukraine" n'est pas encore apparu). Cette version est également soutenue par la composition des fondateurs, dont la plupart sont des érudits religieux libéraux, et le directeur, Viktor Bondarenko, ancien employé de l'Institut d'athéisme scientifique [!!!] de l'Académie des sciences sociales sous le Comité central du Parti communiste, ainsi qu'ancien président du Comité d'État pour les affaires religieuses de l'Ukraine.

Il apparaît donc clairement que la "Perspective spirituelle et religieuse de l'Ukraine" a été créée spécifiquement pour le projet "d’autocéphale unifié" (le nom de "la sainte église de l'Ukraine" n'est pas encore apparu).

Cependant, au cours des trois dernières années, l'organisation publique "Perspective spirituelle et religieuse de l'Ukraine" ne s'est pas montrée du tout. Cela s'explique par le fait que les autorités ont utilisé des ressources beaucoup plus sérieuses et efficaces : le Service de sécurité de l'Ukraine, le Bureau du Procureur et des groupes de radicaux nationaux pour créer une "église locale unique". Comme nous le savons, l'utilisation de ces moyens n'a pas produit le résultat escompté. De plus, le projet électoral "Tomos", qui était censé amener P. Porochenko à un second mandat présidentiel, l'a en fait conduit à l'écrasante défaite aux élections. Une nouvelle équipe est arrivée au pouvoir, qui jusqu'à présent n'a pas employé activement les services spéciaux et les forces de l'ordre dans le domaine religieux. Par conséquent, le moment est venu de lancer la "Perspective spirituelle de l'Ukraine."

C'est ainsi qu'elle a fait une grande déclaration le 11 juin 2020, en créant le mouvement "Unité orthodoxe de l'Ukraine", dont le conseil de coordination comprenait des hommes politiques, des personnalités religieuses, des scientifiques et des journalistes. Il n'existe pas de liste de personnalités spécifiques jusqu'à présent, mais il ne fait aucun doute qu'il s'agira de divers érudits religieux et de personnalités publiques qui ne sont pas en faveur de l'Eglise orthodoxe canonique [du Métropolite Onuphre], pour le dire gentiment. Le mouvement a déjà adopté le "Mémorandum sur la restauration de l'unité orthodoxe en Ukraine", dont la connaissance nous permet immédiatement de rejeter l'hypothèse selon laquelle toute cette idée a été réellement générée pour essayer d'unir les confessions orthodoxes ukrainiennes. Voyons pourquoi.

Tout d'abord, nous pouvons constater une évaluation totalement erronée de la situation. Le Mémorandum dit : "Le véritable sentiment dans l'environnement ecclésiastique orthodoxe de l'Ukraine indique que parmi les croyants, le sacerdoce et l'épiscopat des deux Églises, le désir d'unification domine..." En fait, cela n'est même pas mentionné. Au lieu de cela, nous avons ce qui suit :

Les intérêts spirituels règnent en maître au sein de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique, parmi sa hiérarchie, son sacerdoce et ses fidèles. L'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique se reconnaît comme l'Église du Christ, l'Arche du salut, dans laquelle ne sont possibles que le salut des dangers de la mer de la vie et l'accomplissement du Royaume des Cieux. Rester en dehors de cette Arche signifie le danger de perdition éternelle. Ne souhaitant une telle perspective à personne, y compris aux partisans de l' l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique, aux hiérarques de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique et, surtout, à Son Primat  Sa Béatitude le Métropolite Onuphre, elle appelle constamment à la repentance et au retour dans l'Église du Christ de tous ceux qui sont tombés hors d'Elle.

Là encore, la réunification avec l'Église a une signification avant tout spirituelle, et seulement ensuite sociopolitique. C'est pourquoi, avec l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique, le désir d'unification n'est pas primordial, mais le désir de ramener les égarés sur le chemin du salut. En outre, alors qu'à l'époque le projet "SLC" était encore en cours de développement, les érudits religieux ont déclaré qu'environ un tiers de l'épiscopat de l'UOC voyait d'un bon œil les perspectives d'unification avec l'église schismatique et le « patriarcat » de Kiev. Aujourd'hui, après une série brutale de saisies de temples, d'incendies criminels, de violences et de pressions sans précédent de la part des organes du pouvoir étatique, après que l'église schismatique se soit discréditée par des conflits internes et une ignorance canonique flagrante, il n'y a pas un seul évêque de l'Eglise orthodoxe canonique qui pourrait souhaiter cette unification.

Aujourd'hui, rares sont ceux qui, au sein de l'Eglise canonique, souhaitent s'unir à ceux qui coupent les serrures des églises et expulsent les prêtres de leurs maisons avec leurs jeunes enfants. En tout cas, ceux qui voulaient vraiment s'unir sont venus le 15 décembre 2018 au soi-disant "Conseil d'Unification" et se sont unis. Il n'y avait que deux de ces hiérarques : l'ancien métropolite Alexandre (Drabinko), impliqué dans divers scandales, et l'ami de P. Porochenko, l'ancien métropolite Siméon (Chostatsky), qui avait tenu à diriger la nouvelle structure de l'église.

Quant à l'église schismatique, ses "hiérarques" ne veulent pas non plus d'unification, car dans ce cas, les hiérarques de l'Eglise canonique prévaudront à la fois quantitativement et qualitativement étant donné le niveau théologique et moral correspondant de "l'épiscopat" de l'église orthodoxe d'Ukraine schismatique. Par conséquent, Epiphane Doumenko et ses collègues ne peuvent que souhaiter pouvoir subordonner l'Eglise canonique à leur église schismatique, plutôt que d'avoir une union complète.

Deuxièmement, la "Perspective spirituelle et religieuse de l'Ukraine" a une vision totalement erronée de ce qu'est l'Église. Pour les créateurs de cette organisation, il s'agit d'une institution sociopolitique, qui sert à réaliser des intérêts étatiques, publics et autres, mais pas religieux. Voici quelques citations tirées du Mémorandum... :

"L'Église orthodoxe dans les terres ukrainiennes, tout au long de son histoire plus que millénaire, a servi son peuple ..."
"Les réveils politiques des Ukrainiens ont toujours été accompagnés d'un élan dans la recherche de l'indépendance des Ukrainiens orthodoxes, tandis que l'État ukrainien a soutenu son Église durant ces périodes."
"Les différends et les malentendus entre les deux Églises ukrainiennes ne contribuent pas au renforcement de l'Orthodoxie sur nos terres et à la consolidation de l'Ukraine en tant qu'État."
Troisièmement, nous pouvons constater un positionnement complètement erroné de l'église schismatique [d’Epiphane] telle qu'elle est reconnue dans le monde orthodoxe et donc égale à l'Eglise canonique [du Métropolite Onuphre] au sens canonique. Citations :

"... par la volonté de Dieu, l'église orthodoxe d'Ukraine est apparue comme la quinzième Église faisant partie d'une seule Église orthodoxe œcuménique. À côté d'elle, en Ukraine, continue de fonctionner l'Église orthodoxe ukrainienne ... "
"... l'église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Kiev et l'église orthodoxe autocéphale ukrainienne [toutes deux schismatiques], ont renouvelé leur communion eucharistique avec l'Orthodoxie mondiale".
"... dans le cadre d'un État et d'une nation orthodoxe, deux Églises orthodoxes canoniquement légitimes sont apparues - l'église orthodoxe d’Ukraine [schismatique] et l' l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique]."
Tout cela est très loin de la réalité. Le retour du schisme n'a lieu que par le repentir et jamais par un document publié par des hiérarchies phanariotes. Du point de vue canonique, une telle "réunification" est négligeable. Seules trois Églises locales sont entrées en communion avec l'église orthodoxe d’Ukraine [schismatique]. Mais en faisant cela, elles n'ont pas élevé l'église orthodoxe d’Ukraine [schismatique] à son niveau canonique - elles sont elles-mêmes tombées au niveau de l'église orthodoxe d’Ukraine schismatique. En ce qui concerne l'église orthodoxe d’Ukraine [schismatique -créée par Istanbul], -agrégée avec le pseudo « patriarcat de Kiev de Philarète] toutes deux n'ont pas pu "restaurer" l'unité avec l'Orthodoxie Mondiale, puisqu'elles, en tant qu'organisations, n'avaient jamais été dans une telle unité. On ne peut parler que d'individus qui étaient en fait dans l'Église canonique [avant de la quitter ou d’en être exclus. Ndt].

Quatrièmement, étant donné que le mouvement "Unité orthodoxe d'Ukraine" se compose exclusivement de sympathisants de l'église orthodoxe d’Ukraine schismatique (une conclusion sans équivoque peut être tirée du texte du mémorandum lui-même), il n’œuvrera pas pour une véritable association mais, au mieux, pour du vent. Il ne développera pas non plus "... les formes d'unification acceptables pour les deux Églises et cherchera des options pour une réelle coopération ...", mais des propositions qui sont évidemment intenables pour l'Eglise orthodoxe ukrainienne [canonique]."

Pourquoi donc ce mouvement "Unité orthodoxe d'Ukraine" a-t-il été créé ? Nous faisons des suppositions exclusivement subjectives :

Afin de créer pour l'église orthodoxe d’Ukraine schismatique l'image d'une organisation qui cherche à s'unir, qui ouvre ses bras pour embrasser toute personne enthousiaste et qui agit donc dans une optique de maintien de la paix ;

Afin de compenser l'effet négatif des récents incendies criminels de monastères orthodoxes et la cruauté sans précédent de la prise de force de l'église de Zadubrivka par les partisans de l'église orthodoxe d’Ukraine schismatique;

Comme les organisations publiques existent, en règle générale, grâce aux subventions de quelqu'un, ce mouvement peut être une bonne raison pour attirer des fonds. Souvent, les employés de ces organisations agissent selon la logique "que devrions-nous trouver pour obtenir un financement ? Et peu importe à quel point le projet proposé sera irréalisable.
L'émergence du mouvement "Unité orthodoxe d'Ukraine" indique que l'église orthodoxe d’Ukraine schismatique s'est trouvée dans une situation peu enviable : le soutien politique est loin d'être aussi puissant qu'il l'était sous Petro Porochenko, la question de la reconnaissance internationale est au point mort, le patriarche Bartholomée ne félicite même pas Epiphane à l'occasion de sa fête onomastique, la "rivalité" avec Philarète Denisenko se poursuit, et les gréco-catholiques [id est les uniates] se profilent à l'horizon.

En effet, il est temps de chercher des "formes d'association acceptables" avec l'Eglise orthodoxe d’Ukraine [canonique], même dans une formulation aussi maladroite.

Mais pour une raison quelconque, la véritable option n'y est pas envisagée : le repentir et le retour dans le giron de l'Église.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

dimanche 21 juin 2020

Entretien avec le staretz Gabriel du mont Athos: SANS REPENTIR, NOUS NE POUVONS PAS ÊTRE SAUVÉS

Staretz Gabriel du Mont Athos

Ceci est la traduction anglaise d'une conversation avec le staretz Gabriel de la cellule de Saint Christodoulos du Monastère de Koutloumousiou, Mont Athos, du vendredi 24 avril 2020. Le staretz parle de la fermeture des églises, de la reconnaissance de la pseudo-autocéphalie des schismatiques de l'"église" ukrainienne dirigée par Ephiphane Doumenko, de la prière commune avec les hérétiques, de la guerre avec la Turquie et du mariage avec les hétérodoxes.

***
    
Staretz Gabriel : 
De tout mon cœur, je souhaite que la bénédiction de Dieu soit avec tout le peuple grec orthodoxe. Que le Seigneur nous protège, qu'iI nous conduise hors de ces situations apparemment sans espoir. Et que Sa disgrâce s'abatte sur tous ceux qui luttent contre notre foi.

Dieu attend de nous, chrétiens, que nous nous repentions. Sans repentance, nous ne pouvons pas être sauvés. Lorsque les Perses sont venus prendre Athènes, les Athéniens se sont adressés à l'oracle de Delphes en demandant : "Comment pouvons-nous être sauvés ?" [Au début, la réponse était qu'ils allaient mourir, mais après de nombreuses prières pleines de larmes], la Pythie répondit : "Les murs de bois sauveront la ville", [et ils ont échappé à la destruction].

Les saints Pères ont dit : "Seule la repentance sauvera notre Grèce bien-aimée. Sans repentance, nous ne pouvons pas être sauvés. “

Dans notre pays, tant de lois ont été adoptées qui sont contraires à la loi de Dieu ! Il y a dix Сommandments de Dieu, dont l'un dit : "Tu ne tueras point". Mais les législateurs grecs disent : "À bas la loi de Dieu !" Ils ont légalisé l'avortement. Dieu nous dit : "Tu ne commettras pas d'adultère." Cependant, les législateurs grecs ont adopté une décision qui viole le Commandement de Dieu. Ils ont légalisé l'adultère, la fornication, la libre cohabitation, le mariage civil. Ils préconisent d'abolir l'étude de la loi de Dieu dans les écoles et de supprimer l'image de la Croix du drapeau de la Grèce.

Ils mettent en œuvre des lois autorisant les "mariages" entre personnes du même sexe et permettant aux partenaires de même sexe d'adopter des enfants. Comment le Seigneur peut-il avoir pitié de nous dans ce cas ? Nous devons nous repentir. Sans repentance, nous ne pouvons pas être sauvés. Maintenant que les églises sont fermées, en attendant qu'elles soient rouvertes, nous devrions transformer nos appartements en "chapelles familiales".

Saint Jean Chrysostome dit : "Priez, où que vous soyez, parce que vous êtes les temples de Dieu, car Dieu ne vit pas dans des temples construits par l'homme, mais dans vos cœurs".

Et il cite les exemples suivants : "Lorsque l'apôtre Paul et l'apôtre Silas étaient en prison, ils ne pouvaient pas aller à l'église, alors ils ont prié en prison - et leur prière les a libérés de leurs liens. Daniel le prophète ne pouvait pas aller à l'église, alors il a prié dans une fosse aux lions. Ainsi, cette prière ferma la gueule des lions, afin qu'ils ne le touchent pas. Les trois jeunes ne pouvaient pas aller à l'église, ils prièrent dans la fournaise ardente et la flamme ne les toucha pas, elle se transforma en rosée.

Le Bon Larron ne pouvait pas prier dans l'église, il priait sur la croix, et ainsi il est entré au ciel. Le prophète Jonas n'avait pas non plus d'église ; il priait dans le ventre d'une baleine, et il obligea donc la baleine à le relâcher sur la terre ferme, sur la côte de la Palestine. Saint Job le Juste ne pouvait pas non plus prier dans un temple, il priait sur le tas de fumier. Prions où que nous soyons. L'âme de chaque personne est un autel sacré, et chaque chrétien peut faire son sacrifice à Dieu et le servir par la prière.

Il y a une parabole qui dit : lorsque Dieu distribuait des terres entre les peuples, les Grecs vinrent à Lui en dernier. Il leur a dit :

"Je n'ai rien à vous donner ; tout a déjà été distribué !"

"Seigneur, alors où allons-nous vivre ?"

"Que puis-je faire ? Vous arrivez trop tard."

"Seigneur, nous sommes en retard à cause de Toi, parce que nous avons parlé du Dieu inconnu !"

Alors le Seigneur leur a dit :

"D'accord, j'ai encore une terre que je me suis réservée. Prenez-la et j'y vivrai avec vous.

Alors Dieu nous a donné la Grèce. Et c'est ainsi que le Seigneur a béni le peuple grec parmi tous les peuples de la terre : De toutes les langues de la planète, Dieu a choisi le grec pour écrire l'Évangile. Une telle bénédiction ne suffit-elle pas ? Les plus grands Pères de notre Église sont des Grecs. N'est-ce pas une grande bénédiction ? Lorsque nous lisons les Vies des Saints, nous voyons que dans chaque coin de la terre il y eut des saints et des martyrs. Rien que dans la ville de Thessalonique, il y eut quarante-deux saints. Est-ce une moindre bénédiction ? Les saints ont apporté de grands bienfaits à l'humanité, tant pendant leur vie terrestre qu'après leur trépas.

Donc, après que Dieu nous ait donné tant de bénédictions, nous lui disons : "Seigneur, nous ne voulons pas t'adorer comme Dieu et comme notre Seigneur." Comment pouvons-nous déclarer cela ? Nous abolissons la loi de Dieu et votons pour nos propres lois.

Une fois, au cours d'une bataille, Alexandre le Grand remarqua un soldat qui se cachait. Alexandre demanda au soldat : "Quel est ton nom ?" Il lui répondit : "Alexandre". En entendant qu'ils étaient homonymes, Alexandre le Grand dit : "Soit tu changes de comportement, soit tu changes de nom. M'as-tu déjà vu me cacher dans une bataille ?" De même, le parlement grec n'a pas le droit de porter son nom. Il devrait le changer, après les terribles lois qu'il a votées. Les noms suivants lui conviendraient : le conseil des méchants, des fous ou des sans scrupules. Il a rejeté la loi de Dieu et a voté les lois anti-chrétiennes. Après cela, qui sont les parlementaires grecs : les pères du peuple ou ses destructeurs ? Les sauveurs de la nation grecque ou ses fossoyeurs ? A en juger par les lois qu'ils ont votées, ce ne sont pas les "sauveurs", mais de véritables fossoyeurs. Le peuple doit se réveiller, protester, changer ou abroger ces lois, et rétablir la loi de Dieu. Alors, Dieu aura pitié de nous. Sinon, nous ne verrons pas la Grâce de Dieu. Nous, les moines, prions pour le monde entier, afin que le Seigneur ait pitié de nous.

Question : Que pouvez-vous dire sur les catastrophes naturelles qui ont frappé le Mont Athos il y a environ une semaine ?

Réponse : À mon humble avis, tout cela a eu lieu parce que certains monastères du Mont Athos ont accueilli les schismatiques, les non-ordonnés et les auto-ordonnés, et ont prié conjointement avec eux. En outre, ils sont allés en Ukraine et ont prié et officié avec eux là-bas. C'est la punition de Dieu pour nos actes.

Question : Que diriez-vous aux monastères (c'est-à-dire Xénophontos, Pantocrator) qui ont servi avec les schismatiques d'Épiphane ?

Réponse : Ces schismatiques ukrainiens ne seront pas sauvés. Les monastères qui les ont accueillis, ont prié avec eux, ont servi et ont communié avec eux ne seront pas non plus sauvés. Comment pouvons-nous le savoir ? C'est ce que nous dit la loi de Dieu. Que dit la 45e règle apostolique ? "Un évêque, ou un presbytre, ou un diacre, qui n'a prié qu'avec les schismatiques, peut être excommunié. S'il leur permet d'agir en tant que ministres de l'Eglise, il peut être suspendu." Selon cette règle, tous ceux qui ont servi et prié avec les schismatiques sont en fait excommuniés et suspendus de leur rang. Et selon la 2ème règle du Concile d'Antioche, il ne peut y avoir de communication avec eux dans les sacrements et les prières.

Question : Si une personne telle que le hiéromoine Chrysostome de la cellule du monastère de Koutloumousiou [qui a servi avec Epiphane et d'autres schismatiques ukrainiens] a servi aujourd'hui, le mardi gras, le jour de la fête du monastère de Koutloumousiou, et que nous avons assisté au service, que devions-nous faire ?

Réponse : Si des prêtres présents dans l'église ont déjà servi avec les schismatiques, nous n'avons pas la même responsabilité que ces personnes [car nous n'avons pas personnellement prié avec les schismatiques]. Cependant, une certaine partie de la responsabilité nous incombera en effet, pour la prière commune avec eux.

Question : Que devrions-nous donc faire ?

Réponse : que devrions-nous faire ? Nous ne devrions pas fréquenter de tels monastères.

Question : Et si nous n'étions pas au courant à l'avance, mais que le hiéromoine Chrysostome du monastère de Koutloumousiou vient ensuite à un service auquel nous avons assisté, qu'aurions-nous dû faire alors ?

Réponse : Je suppose que dans ce cas, nous devons partir, nous ne pouvons pas rester.

Question : C'est exactement ce que nous avons fait... Que pensez-vous des événements cruciaux qui provoqueront la colère de Dieu dans un avenir proche ?

Réponse : Je n'ai pas compris la question, répétez s'il vous plaît.

Question : À votre avis, devons-nous nous attendre à un châtiment divin pour les tentatives qui ont eu lieu et pour avoir quitté le bon chemin spirituel dans notre pays ?

Réponse : Certainement, Dieu attend notre repentir, et Il se détourne de ce que nous faisons.

Question : Il y a des rumeurs sur une guerre avec la Turquie...

Réponse : il y a des rumeurs de guerre avec la Turquie.. : Cela pourrait arriver. Que puis-je vous dire... si nous n'accomplissons pas la volonté de Dieu, comment le Seigneur pourrait-il nous bénir ? Le patriarche de Constantinople, Germain II, écrit dans sa lettre aux Chypriotes "Je vous en prie : fuyez dès que possible ces prêtres qui sont tombés dans l'hérésie de l'esprit latin, et n'allez pas dans les églises où ils officient, ne prenez pas l'antidoron de leurs mains, et ne partagez pas l'Eucharistie avec eux [au même calice], mais restez chez vous et priez ; sinon, vous irez en enfer avec eux. "Si un patriarche, un archevêque ou un évêque n'honore pas les règles apostoliques, n'observe pas les règles des conciles œcuméniques et locaux, n'honore pas les enseignements de nos saints Pères qui interdisent les services et les prières communes avec les hérétiques, alors un tel patriarche, archevêque ou évêque n'est pas un berger. Qui est-il alors ? C'est ce que nous dit le grand Père de l'Église du premier siècle : "Quiconque vous dit quelque chose de contraire à ce que Dieu a ordonné, même s'il semble digne de confiance, même s'il jeûne, même s'il prophétise, même s'il est vierge, même s'il accomplit des signes, qu'il soit à vos yeux comme un loup déguisé en brebis, dépouillant les brebis" (Saint Ignace le Théophore).

Question : Lorsque celui qui dirige la liturgie dans la congrégation d'autres prêtres, un évêque ou un supérieur, a des attitudes hérétiques, vous nous avez dit que nous devons immédiatement quitter une telle congrégation. Cependant, s'il arrive, comme c'est le cas aujourd'hui, qu'un des dix hiéromoines présents soit en communion avec les schismatiques, comme Chrysostome du monastère de Koutloumousiou, et que nous le sachions, devrions-nous fuir ? Celui-ci peut-il "souiller" tous les autres, ou peut-il, par dérogation, rester au service et communier ?

Réponse : Je ne peux pas dire avec certitude... Vous devez les fuir. Écoutez ce que dit saint Jean Chrysostome. Il y a des hiérarques qui disent aux prêtres de marier les orthodoxes aux non-orthodoxes, et un prêtre s'y oppose : "Votre Éminence, je ne peux pas faire cela, car les Saints Canons de notre Église l'interdisent."

Son Éminence répond par des paroles apostoliques : "Obéissez à vos mentors et soyez humbles." Il exige l'obéissance et dit qu'il est un père spirituel.

Comment saint Jean Chrysostome interprète-t-il ces paroles : "Obéissez à vos mentors et soyez humbles" ?

Le saint demande: "Eh bien, dites-moi, si le maître est fourbe, devrions-nous lui désobéir ?" Et il répond lui-même à cette question par l'appel suivant : "Dans quel sens dites-vous "trompeur" ? S'il s'agit de la foi, laissez-le et fuyez - non seulement l'homme, mais même un ange descendant du ciel".

Que dit l'apôtre Paul aux Galates ? "Mais si nous, ou un ange du ciel, vous annonçons un autre évangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit maudit" (Galates 1, 8). Un ange pourrait-il venir vers les Galates et leur prêcher quelque chose de contraire à ce que l'apôtre Paul leur a enseigné ? Bien sûr que non ! Alors pourquoi l'Apôtre écrit-il cela ? S'agit-il d'une phrase sans signification ou superflue ? C'est pour nous éviter d'être pris au piège. Après tout, nous aurions pu dire : "Notre supérieur est un saint, sa prière ressuscite les morts, ouvre les yeux des aveugles, relève les paralytiques de leur lit de malade !" Néanmoins, même s'il fait tout cela et qu'en même temps il dit quelque chose qui n'est pas en accord avec les enseignements de l'Église, alors nous ne devons pas lui obéir - pas même à un ange du ciel !

Permettez-moi d'ajouter ce qui suit : Nous avons des responsabilités envers nos pères spirituels et envers Dieu également. Les responsabilités envers Dieu prévalent sur celles envers nos pères spirituels.

Si nos responsabilités envers nos pères spirituels entrent en conflit avec celles envers Dieu, alors les premières deviennent nulles et nous ne devons pas les remplir.

Nous trouvons un exemple pertinent dans l'Écriture. Que lisons-nous dans les Actes des Apôtres ? Les Scribes et les Pharisiens, les grands prêtres juifs étaient les chefs spirituels à l'époque de la vie terrestre de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils se sont emparés des Apôtres, les ont jetés en prison et leur ont interdit de prêcher. Néanmoins, l'Ange du Seigneur est apparu et les a fait sortir de la prison en leur disant de prêcher. Et lorsque les Apôtres ont été saisis et ramenés aux grands prêtres, on leur a dit "Ne vous avons-nous pas interdit d'enseigner ce nom ?" Alors l'apôtre Pierre leur répondit : "Nous devons obéir à Dieu plus qu'aux hommes" (Actes 5, 29). Comment puis-je obéir à un patriarche, un archevêque ou un politicien qui dit quelque chose de contraire à la Loi de Dieu ?

-Merci beaucoup, mon Père ! Le Christ est ressuscité !

-En vérité, le Christ est ressuscité ! Que Dieu vous bénisse en cette époque et dans celle à venir !

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après