samedi 7 mars 2020

Père Touma Bitar: Martyr Abdallah de Lattaquié



La version originale en arabe, par le Père Touma Bitar, peut être trouvée ICI

Le martyr Abdallah ( en arabe le serviteur de Dieu) de Lattaquié.A Lattaquié, en Syrie certaines personnes, en particulier les personnes âgées, récitent encore ces vers, tirés d'un poème dans le dialecte local:

الله أكبر. حَيَّ على الصلاة. حَيَّ على الفَلاح
(Allahu akbar, Hayya 'ala al-Salat, Hayya' ala al-Falah

Dieu est grand. Venez à la prière. Venez à la délivrance!)

J'ai été prêtre, célébrant la Liturgie du matin

Je portais le corps de mon Seigneur et je mettais en garde le peuple

Lorsque l'armée du Tentateur est entrée dans ma tête, j'ai transgressé Tes paroles, mon Seigneur

Allahu akbar, Hayya 'ala al-Salat, Hayya' ala al-Falah

Ô mon âme, sois triste, et pleure pour tes manquements

Et regrette, mon âme, mes excuses, jusques à ma mort

Ô mon âme, sois triste, et lamente-toi comme quelqu'un d'abattu 

Allahu akbar, Hayya 'ala al-Salat, Hayya' ala al-Falah

Ô mon âme, tu es mauvaise, la pire parmi le peuple

Ensevelis-toi parmi les impurs

Ta demeure est là, après avoir échangé le joyau de la foi pour l'enfer des flammes

Le passage du temps a effacé les détails concernant celui qui a écrit ce poème [...] Cependant, l'Archimandrite Arsenios Hanouk a enquêté sur ce qui reste dans la mémoire d'un grand nombre, et a constaté que l'information nous donne une image du prêtre mentionné dans le poème ci-dessus et il m'a donné cette information à moi, l'Archimandrite Bitar Touma en Juillet 1990 et nous la publions ici à l'intention des fidèles.

Les noms de ceux qui savaient quelque chose de l'histoire du prêtre Abdallah sont nombreux, tous venant de la communauté orthodoxe de Lattaquié et en plus de ce qui reste dans la mémoire de quelques fidèles, nous avons ce qui est raconté dans le livre " Athar al-Hiqab Ladhiqiyya fi al-arab" par Elias Salih, sur la base du manuscrit 438 du Patriarcat d'Antioche, avec un manuscrit du poème entier que le martyr Abdallah récitait. Ceci a été pris d'un manuscrit trouvé dans le monastère patriarcal de Seidnayya (Notre Dame). Le poème donné ci-dessus comme il était chanté à Lattaquié, est pris directement à partir du manuscrit de Seidnayya. Cela a été composé d'après les lettres de l'alphabet (acrostiche) et il comporte 58 vers.

Après avoir recueilli les informations à notre disposition et mis les morceaux ensemble, il se dégage une image approximative du martyr Abdallah, comme suit:

Il arriva, quand Artemios était évêque de Lattaquié, en 1844, que le prêtre, Abdallah l'un des prêtres orthodoxes Roum de Lattaquié, annonce qu'il s'était converti à l'islam. La raison pour cela était que, dans Lattaquié il y avait un agent du consul grec nommé Dimitri. Il s'était marié dans son pays natal, et il vint à Lattaquié et affirma que sa femme était morte et il chercha à épouser une des filles de la région nommée Katrine, fille du prêtre Mikhail al-Nahhal. Le Métropolite Artemios ne donna pas son autorisation pour cela. Il lui dit de produire un papier du Métropolite de sa ville attestant du fait que sa femme était morte. Il arriva que le Métropolite soit absent de la ville pendant un certain temps, et ainsi Dimitri put convaincre le prêtre Abdallah de célébrer la cérémonie du mariage avec Katrine. Nous ne savons pas comment le prêtre fut convaincu de prendre cette mesure sans la permission de son Métropolite. 


Quoi qu'il en soit, le couronnement eut lieu et Dimitri prit Katrine à son domicile. Seulement quelques jours plus tard, le fils de Dimitri de sa première épouse est venu et a été surpris de constater que son père s'était marié, parce que sa mère vivait encore. Lorsque le Métropolite revint de son voyage et apprit cela, il excommunia Dimitri, Katrine, le prêtre Abdallah, et tous ceux parmi les fidèles qui leur étaient associés, leur parlaient, ou les recevaient dans leur maison. Le prêtre alla vers tout le monde, grands et petits, en leur demandant d'intercéder pour lui auprès du Métropolite. Il ne se trouva que déception, car tout le monde tournait son visage loin de lui et refusait de lui parler. Il est resté comme ça pendant des jours, jusques au moment au cela devint trop pour lui et qu'il ne put plus le supporter. Il alla aux autorités musulmanes et leur annonça qu'il s'était converti à l'islam. Ils le reçurent à bras ouverts et firent une fête pour lui. Puis, quelques jours après sa conversion à l'islam, ils défilèrent avec lui autour de la ville un dimanche en raison de sa circoncision dans une grande foule, avec des instruments de musique, des battements de tambours, et des tirs de fusils.

Là s'arrêtent les informations sur le prêtre Abdallah dans le livre "Athar al-Hiqab ...." Ce qui reste dans les mémoires de certains, après cela, est que le prêtre, après avoir été musulman, se repentit et regretta, et il tenta de revenir à sa foi précédente, mais il ne trouva pas moyen de le faire. Chaque jour il se tenait en face de la cathédrale Saint-Georges et disait: "Ô Eglise du Seigneur, ton amour est dans mon coeur." En raison de l'intensité de ses sentiments, il composa un poème et commença à chanter, car il avait une belle voix. 

Les musulmans l'entendirent le réciter pendant que l'appel à la prière du soir était fait dans la mosquée centrale, et ils le jetèrent du haut de la mosquée et il mourut. Les chrétiens le prirent et l'enterrèrent dans l'église de Saint-Sabbas. Là, certains rapportent que de la lumière a été vue sur sa tombe. La guérison de nombreux malades lui est attribuée, comme la fin de la fièvre et des convulsions. Il est à noter que l'église de Saint-Sabbas n'existe plus à Lattaquié, car une école secondaire orthodoxe a été construite sur le site, et les tombes ont été déplacées vers le cimetière d'al-Faros.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 6 mars 2020

Saint Grégoire de Nysse / Cinquième Homélie sur le Notre Père: Et ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du Malin.


"Et ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du Malin"


Avec ces paroles, que veut ajouter le Christ à tout ce qu'il a dit? Je considère comme essentiel que nous ne pas laissions pas cette question sans examen car, sachant vers Qui nous prions, nous devons présenter nos prières avec notre âme et non avec nos lèvres [seulement]. "Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du Malin (Grec poniros, génitif Ponirou)."



Mes frères, quelle est la force de ces paroles? Il me semble que le Seigneur nomme le Malin de diverses manières, nombreuses et différentes selon ses opérations malignes [Énergies]. 


Ainsi, il l'appelle le «Diable» (diabolos= le faux accusateur), "Belzébuth", "Mammon", "Le prince de ce monde", "le tueur de l'homme","Le Malin", "Le père du mensonge", et d'autres noms similaires. 

Peut-être, alors, qu'un autre nom pour lui, c'est aussi "la tentation" (en Grec pirasmos). Et notre compréhension de celui-ci est confirmée par la composition des mots, car, en disant: "Ne nous induis pas en tentation," Il ajoute, "mais délivre-nous du Malin." Car, par les deux noms, ["la tentation" et " le Malin"], c'est lui, le même [le Diable], qui est indiqué. Donc, si un homme n'est pas entré en [n'a pas cédé à la] tentation, il est extérieur au [loin du] Malin. Et celui qui est entré en [qui a cédé à la] tentation s'est nécessairement mis entre les mains du [dans la volonté] Malin. Par conséquent, "la tentation" et "le Malin" désignent une seule et même chose.

Et qu'est-ce que cet enseignement dans la prière demande que nous fassions? 

De nous soustraire à des choses qui sont considérées comme importantes par ce monde. Car, comme Il le dit ailleurs à ses disciples: "Le monde entier est sous la puissance du Malin." Par conséquent, celui qui veut être loin du Malin, doit nécessairement se distancer du monde. Car la tentation n'a aucun moyen de toucher l'âme, sinon en y jetant son hameçon appâté pour les gourmands, avec des préoccupations mondaines. 

Nous pouvons rendre cela plus clair avec d'autres exemples de cette signification: Souvent, la mer présente des dangers en raison des tempêtes, mais pas à ceux qui habitent loin d'elle. 

Le feu est destructeur, mais seulement pour ce qui tombe dedans. 

La guerre est terrible, mais seulement pour ceux qui prennent part au combat. Celui qui hait les tribulations de la guerre, prie pour ne pas être pris au piège. 

Celui qui craint le feu prie pour ne pas y tomber. 

Celui qui tremble à la vue de la mer, prie pour n'avoir jamais besoin de voyager par mer. 

De la même manière, celui qui craint l'attaque du Malin, prie pour ne pas se trouver pris par lui. 

Mais parce que nous avons dit précédemment que le Seigneur dit que le monde est dans la puissance du Malin, et que les possibilités de tentation sont cachées dans les soucis du monde, celui qui prie pour être délivré [avec le sens de conservé, sauvegardé ou protégé] du Malin supplie également d'être tenu loin des tentations. Car personne n'avale l'hameçon à moins qu'il n'avale goulûment l'appât. 

Levons-nous, aussi, et disons à Dieu: "Ne nous induis pas en tentation", c'est-à-dire, dans les tribulations de la vie, "mais délivre-nous du Malin" qui détient le pouvoir de ce monde. 

Puissions-nous être délivrés de lui par la Grâce du Christ, car c'est à lui qu'appartiennent [le règne,] la puissance et la gloire, avec le Père et le Saint Esprit, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen!


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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Mosaïque/"Source:
used with permission."

jeudi 5 mars 2020

LES SAINTS PÈRES SUR LE CARÊME ET SA COMPRÉHENSION CORRECTE

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Les écrits patristiques sont une source inépuisable de sagesse spirituelle. Les saints de Dieu n'ont pas ignoré une œuvre aussi importante que le Carême. Nous offrons à nos lecteurs - à des fins d'édification et de renforcement - certaines des déclarations des saints sur ce qu'est le Grand Carême et comment le passer correctement.
À propos de la signification du Carême

Saint Hiéromartyr Ignace le Théophore

«Ne négligez pas les quatre décennies [40 jours du Carême de Pâques], c'est une imitation de la demeure du Christ» 

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" Tout au long des quatre décennies les fidèles doivent jeûner, car elles contiennent les statuts et la charte de la société du Seigneur" 



Saint Cyrille de Jérusalem

«Si tu as une âme vêtue de convoitise et de cupidité, rejette ta vermine, mets de côté l'adultère et habille-toi de vêtements légers de chasteté. Je t'assure qu'avant que Jésus, l'Époux de nos âmes, vienne voir vos vêtements, tu as assez de temps, car quarante jours t'ont été accordés pour te repentir » 

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«Méprise à tous égards les biens de ce monde. Ce que tu laisses est négligeable, tu recevras beaucoup plus du Seigneur; quittez le présent, croyez au futur. Tu as passé tellement de temps en œuvre futile pour le monde, ne t'abstiendrais-tu pas vraiment pas durant la Sainte Quarantaine [le jeûne avant Pâques] pour sauver ton âme? 

 Saint Ambroise de Milan


«Le Seigneur nous a sanctifiés par son jeûne de quarante jours: Il l'a fait pour notre salut, afin que non seulement par la parole mais aussi par l'exemple Il nous enseigne le jeûne».
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«Le prophète Élie, ayant achevé le jeûne de quarante jours, devint digne d'abreuver la terre  avec la rosée de pluie et d'étancher la soif brûlante de la terre avec une abondance d'eaux célestes. Nous devons savoir que cela fut fait pour notre édification, de sorte que pendant que nous sommes à jeun, pendant les quarante jours de jeûne, nous serons bénis par les eaux baptismales de la pluie spirituelle, afin que cette pluie descende d'en haut sur notre terre, qui a longtemps été flétrie, et irrigue longuement la terre de rosée non baptisée avec un bain salutaire pour l'âme. Car celui qui n'est pas irrigué par la Grâce du baptême est sec et souffre de la chaleur et de la brûlure de l'âme » 


Bienheureux Augustin

«Les jours de la Quarantaine signifient la vie du siècle actuel, tandis que les jours de Pâques représentent  la félicité éternelle. Pendant le jeûne, nous avons du chagrin, et à Pâques, nous sommes remplis de joie, car dans la vie actuelle, nous devons nous repentir afin d'obtenir des bénédictions éternelles dans la vie à venir  » 
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«Tout le monde dans la vie terrestre devrait faire l'aumône, se lamenter sur ses péchés et verser des larmes. Mais si les charmes du monde interfèrent souvent avec cela, alors au moins pendant les jours de jeûne, nous remplirons nos cœurs des douceurs de la loi de Dieu »
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«Le négligent, qui n'a rien préparé, souffre à un moment donné de la faim pendant une année entière; ainsi, quiconque jeûne, lit les Saintes Écritures et néglige la prière à l'heure actuelle, ne pourra pas recueillir le blé spirituel et la boisson céleste pour l'âme et souffrira d'une soif éternelle et d'une extrême pauvreté» 
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«Plus il y a de jours de jeûne, meilleur est le traitement; plus le champ de l'abstinence est long, plus l'acquisition du salut est abondante » 



Saint Pierre Chrysologue


«Le jeûne de quarante jours n'est pas une invention de l'homme, mais la volonté de Dieu, et c'est quelque chose de mystérieux et d’inaccessible à la compréhension» 


Abba Dorothée

«La loi dit que Dieu a ordonné aux fils d'Israël de payer la dîme chaque année qu'ils ont reçu et, ce faisant, ils avaient une bénédiction pour toutes leurs affaires. Sachant cela, les saints apôtres ont établi que nous séparions la dîme des jours mêmes de notre vie et la dédions à Dieu, afin que nous recevions ainsi une bénédiction sur toutes nos affaires et que nous nous purifions chaque année des péchés que nous avons commis au cours de l'année. Raisonnant ainsi, ils ont sanctifié les sept semaines de la dîme.»


Saint Théophane le Reclus

«La nécessité du jeûne nous est indiquée par l'Évangile comme exemple du Sauveur, Qui a jeûné pendant quarante jours dans le désert (voir: Matthieu 4: 1-3). À la question des disciples sur la guérison des jeunes possédés, Jésus a répondu: «Ce genre de démon ne peut être enlevé par rien, si ce n’est par la prière et le jeûne» (Cf. Matthieu 17:21). Dans l'Évangile, il y a aussi une indication de jeûne les mercredi et vendredi: «Les jours viendront, l'époux leur sera toujours enlevé, alors ils jeûneront ces jours-là» (Matthieu 9:15) » 

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«L'apôtre Paul a montré la couronne incorruptible, et à tous ceux qui veulent la ravir, il a ordonné de tuer et d'asservir le corps. Il n'a indiqué aucun autre moyen. Ici, la mise à mort du corps, et là - la couronne impérissable. Si tu veux la dernière, prends la première » 

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Sur la bonne compréhension du Carême


 Pasteur d’Hermas

«Jeûnez selon Dieu comme suit: ne vous trompez pas dans votre vie, mais servez Dieu avec un cœur pur, gardez Ses commandements, marchez dans ses commandements et ne laissez aucun désir mauvais dans votre cœur. Croyez en Dieu, ayez la crainte de Dieu et gardez-vous de toute œuvre mauvaise. En faisant cela, vous ferez un grand jeûne agréable à Dieu et vous vivrez avec Dieu ».
Abba Léonce 

«Une nourriture excessive rend le corps surchargé comme un navire qui, avec peu de mouvement des vagues, coule.»


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Abba Sérapion

«Celui qui n'espère jamais atteindre la pureté parfaite est celui qui espère l'acquérir avec un jeûne corporel, s'il ne sait pas que l'abstinence est nécessaire pour qu'après la pacification de la chair par le jeûne, il puisse plus facilement entrer en bataille avec d'autres passions.»


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Saint Marc l'Ascète

«La prière est impuissante si elle n'est pas basée sur le jeûne, et le jeûne est stérile si la prière n'est pas étayée par le jeûne».


Saint Éphraïm le Syrien.

«Le jeûne ne permet pas la rancune. Et ceux qui recueillent en mémoire le chagrin et le mal qui leur sont faits, bien qu'ils semblent prier et jeûner, sont comme des gens qui puisent de l'eau et la versent dans un tonneau percé. »



Saint Athanase le Grand

"Que fait le jeûne? Il est médecin des maladies, draine les expectorations, chasse les démons, détruit les mauvaises pensées, rend le cœur pur. Si quelqu'un est très perturbé (en difficulté) avec un esprit impur, alors faites-lui connaître la médecine qui est dans les paroles du Seigneur: «Ce genre  ne peut sortir que par la prière et le jeûne.


Saint Basile le Grand

"Attention à ne pas mesurer le jeûne en s'abstenant simplement de manger." Celui qui s'abstient de manger et se comporte de manière inappropriée est comparé au Diable qui, bien qu'il ne mange rien, ne cesse de pécher ».

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«L'abstinence de nourriture en soi ne suffit pas pour rendre le jeûne louable, mais il est nécessaire que le comportement soit également cohérent, c'est-à-dire la parole, l'attrait et le rapprochement avec ceux qui peuvent en bénéficier, afin que l'abstinence de la nourriture soit le complément de l'ascèse. »



Saint Ambroise de Milan

« Si le jeûne est recommandé, ne le méprisez pas. Et même si la faim vous incite quotidiennement à fuir le jeûne, à vaincre l'intempérance, vous feriez mieux de vous préparer au délices célestes. »


 Saint Epiphane de Chypre 

« Nous jeûnons non pas pour donner une quelconque bonne action au Seigneur Qui a souffert pour nous, mais pour apprendre à confesser les souffrances salvatrices de notre Seigneur, qu'Il a daigné es endurer pour nous. Ainsi, notre jeûne sera agréable à Dieu.»
Saint Jean Chrysostome

«  Celui qui jeûne doit surtout maîtriser sa colère, apprendre à être doux et condescendant, à avoir le cœur brisé, à chasser les  désirs impurs par la présentation de ce feu sans faille et son jugement impartial, à être au-dessus des calculs d'argent, à faire preuve d'une grande générosité dans la charité, à expulser toute colère envers le prochain de son âme.» 

« Celui qui jeûne doit être calme, tranquille, doux, humble, fort, méprisant la gloire de la vie réelle. Celui qui jeûne avec un grand zèle doit prier et se confesser devant Dieu. Vous voyez en quoi consiste le véritable jeûne. » 
"Tu jeûnes ?" Nourris les affamés, abreuve ceux qui ont soif, visite les malades, n'oublie pas les prisonniers. Réconforte ceux qui sont en deuil et qui pleurent; sois miséricordieux, doux, aimable, calme, compatissant, respectueux, vrai, pieux, pour que Dieu accepte ton jeûne et accorde en abondance les fruits du repentir » 

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après




Les conciles sont convoqués pour résoudre les désaccords



28 février 2020  
Les conciles sont convoqués pour résoudre les désaccords? Pas si vous êtes le patriarche œcuménique, non !  Comme il l'a récemment indiqué à Antioche :  "Le patriarcat œcuménique a de bonnes raisons de s'abstenir d'une telle réunion au niveau panorthodoxe, ce qui serait inutile dans la mesure où elle ne ferait que conduire à un accord sur le fait que les participants sont en désaccord les uns avec les autres".  

C'est peut-être pour cette raison qu'il s'est rendu en Crète avec un résultat prédéterminé, déguisé en programme : pour qu'il n'y ait pas de désaccord.

Allons au cœur du problème : Le patriarche Bartholomée est sérieusement en colère contre Jérusalem pour avoir convoqué un Concile pour résoudre le schisme naissant au sein de l'Orthodoxie. Ses arguments sont cependant spécieux. L'idée même que Jérusalem ne puisse pas convoquer un Concile est démentie par les archives historiques. Et le fait qu'il soit fâché qu'elle s'appelle elle-même "l'Église mère de la chrétienté" est absurde. Le fait de dire cela à haute voix à nos frères d'autres confessions religieuses nous ferait immédiatement passer pour des imbéciles. Après tout, tout le monde a lu le livre des Actes des Apôtres. Même les athées.

Nous pourrions continuer à parler des erreurs que le Phanar et ses flagorneurs commettent dans l'Anglosphère, mais ce serait une perte de temps. Nous devrions plutôt regarder le monde de leur point de vue, en réalisant qu'ils commencent à peine à comprendre qu'ils ont perdu leur supériorité morale. Tout ce qu'ils ont fait depuis le début, n'a été qu'une série d'erreurs imprévues.

Dans le monde politique, les erreurs imprévues font perdre aux candidats leur confiance et ils ne peuvent plus justifier leur candidature sur le plan intellectuel. Les bras commencent à s'agiter dans un débat, les lieutenants commencent à divulguer des informations préjudiciables au  fonctionnement interne de la campagne et les partisans ordinaires commencent à penser sérieusement à rester chez eux le jour de l'élection. 

Pensez à Michael Dukakis qui tenta de sauver sa campagne chancelante en faisant un tour dans un char d'assaut. Une fois vu, il ne put pas rester invisible. Il se fit tellement remarquer qu'il n'a jamais pu faire valoir qu'il était digne du commandement  en chef, d'où sa déroute électorale par le yankee au sang bleu George H. W. Bush.

Il en va de même pour le patriarche œcuménique. Ses erreurs ecclésiologiques sont devenues si flagrantes qu'il est clair, aux yeux de tous, qu'il veut emmener l'Église orthodoxe dans des endroits où nous n'avons pas l'intention d'aller. Et malheureusement, sa praxis suit sa théorie (comme nous l'avons vu en Ukraine). Contrairement à Dukakis dans ce char - qui a pour le moins tiré ses propres ficelles - les chrétiens orthodoxes, partout, savent que Bartholomée danse sur la musique d'un autre homme. Notre question, à ce stade, est de savoir qui est le marionnettiste : Soros, l'UE, les Clinton ou le Département d'État ?

Peut-être ne saurons-nous jamais qui est derrière la gigue mondialiste de Bartholomée. (Bien que je continue à espérer que Wikileaks finira par publier les documents nécessaires). Ce que nous savons, c'est que des dommages sont causés à l'Orthodoxie. Nous pouvons également discerner à quoi doivent ressembler les choses pour Bartholomée et son entourage.  Rien ne s'est passé comme prévu. Énumérons les faux pas seriatim [les uns après les autres]:

1. L'incursion en Ukraine, qui a surpris tout le monde dans le monde orthodoxe, en particulier les primats de toutes les Églises locales. Ce n'était pas censé se passer comme ça. Ils étaient censés simplement l'accepter. Pire, personne ne le croyait quand il a dit que l'éparchie de Kiev avait toujours fait partie de Constantinople.

2. Les assurances données par le Département d'État et le groupe d'experts Fordhamite que les autres Églises finiraient par accepter la décision se sont avérées être spectaculairement fausses. Contrairement aux laïcs du Département d'État, nous, les orthodoxes, savons à quoi ressemble le papisme. Et nous n'y croyons pas. (Vous ne me croyez pas ? Allez voir sur Google 1054, Lyon et Ferrare-Florence).

3. Les schismes s'approfondissent ; pas seulement entre Istanbul et Moscou mais au sein des Églises dominées par les Grecs (Albanie, Grèce, Chypre, Jérusalem et Alexandrie). Sur les quatre, la Grèce et Alexandrie ont accepté (d'une certaine manière) de reconnaître la nouvelle secte schismatique en Ukraine, mais en contradiction avec les protocoles établis. Ce n'était pas élégant. Ce qui nous amène à :

4. L'exhortation de saint Paul à l'Eglise de faire toutes choses "en bon ordre".  Le sens du bon ordre (ou tout autre ordre d'ailleurs) s'est perdu dans les événements récents. Déjà en train d'établir un monastère "stavropégique" sur le territoire de l'Eglise tchèque et slovaque, il a ensuite tiré une autre "Ukraine" au Monténégro et en Macédoine, ce qui a encore plus irrité l'Eglise serbe.  Il se peut qu'il fasse une "Ukraine" ici  [aux USA], en encourageant le nouvel archevêque de l'Archidiocèse grec orthodoxe [AGO] à convaincre l'Eglise orthodoxe d’Amérique [OCA] de renoncer à son statut d'autocéphale afin que Sa Sainteté, avec Elpi [id est Eplpidophoros, sa marionnette aux Amériques ! N.d.T.] à la barre, les reconnaisse eux aussi comme autocéphales.

5. Faire un "voyage apostolique" en Amérique et détourner l'attention des méfaits susmentionnés, en donnant le discours principal [de remise des diplômes] à l’université Notre Dame. Il sera sans doute présenté par le maire de South Bend, Pete Buttigieg, dont le père Joseph, marxiste et athée notoire, a enseigné dans cette université prétendument "catholique."

6. Enseigner à son primat en Amérique à dire toutes les "bonnes" choses à tous les laïcs bien-pensants, plus particulièrement dans le domaine de la communion ouverte. Ceci afin d'adoucir l'anglosphère, en soulignant le fait que son patriarcat est plus "tolérant" et plus "inclusif" que celui de Moscou.

La liste est encore longue. Mais ce n'est pas le but de cette rubrique. Après tout, dans un monde déchu, les tempêtes font régulièrement bouger l'Arche du Salut. Mais elle ne peut pas chavirer. C'est pourquoi nous avons validement ordonné des évêques. Et le moment est venu pour eux d'intervenir et de redresser le navire.  Nous l'avons vu actuellement à Amman, en Jordanie, où plusieurs évêques se sont réunis sous la présidence du Patriarche de Jérusalem, Théophile III.  Bien que leur déclaration commune exprimant leur mécontentement ait pu être quelque peu anodine, c'est un début. Il y a un dicton qui dit que Dieu permet aux mauvaises choses d'arriver pour que des hommes bons se lèvent.  Je crois que c'est vrai.

Malheureusement, l'une des Églises orthodoxes véritablement martyres - celle d'Antioche - n'a pas assisté au "rassemblement fraternel" des Églises orthodoxes en Jordanie convoqué par le Patriarche de Jérusalem.  La raison, comme nous le savons tous, était liée à son différend avec Jérusalem au sujet d'une seule paroisse au Qatar. Je ne peux pas édulcorer son absence : ce fut une grande déception. (Antioche aurait dû être là ; une excuse pour la forme aurait pu être fabriquée pour "repousser" la question du Qatar à une date ultérieure). La Géorgie et la Bulgarie auraient dû être là aussi.

Mais ces chicanes passent à côté de l'essentiel. Deux points en fait : premièrement, que les Églises qui ont participé ont choisi d'y assister, et deuxièmement, que le patriarche Bartholomée pensait qu'elles ne pouvaient pas se rencontrer sans lui. Elles l'ont fait, malgré ses protestations, et elles prévoient de le faire à nouveau. 

Certains des invités qui n'y ont pas participé, comme beaucoup de membres du synode bulgare qui n'ont pas reçu de notification, seront à l'avenir à l'affût de leurs invitations. J'imagine que d'autres Églises locales seront présentes lorsqu'il leur apparaîtra plus clairement que Bartholomée n'a pas l'intention de renoncer à ses rêves papistes. Je crois (j'espère, je prie en fait) que le temps est de leur côté.

C'est un début et pour cela, nous devons être pleins d'espoir. En attendant, soyez à l'affût d'autres erreurs imprévues du Patriarche œcuménique et de ses disciples.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

Métropolite Amphiloque: Le pouvoir dans l'Eglise ne peut appartenir à une seule personne!

Métropolite Amphiloque. 
Photo : Evêque Victor (Kotsaba)

Selon le chef de la métropole littorale monténégrine du SOC, l'orthodoxie respecte la primauté du Phanar dans l'honneur mais n'accepte pas ses prétentions à usurper le pouvoir.

Le 28 février 2020, à Podgorica, le Métropolite Amphiloque du Monténégro et du Littoral a déclaré que l'Église est catholique [universelle] par nature et qu'il est inacceptable que la primauté du pouvoir appartienne à un seul patriarche ou métropolite.

"Nous respectons le premier en honneur, primus inter pares (Latin, signifiant littéralement "premier parmi ses pairs" - Ed.), mais la primauté du pouvoir est inacceptable", a déclaré le hiérarque. "Nous respectons tous la primauté de Constantinople en tant que premier dans l'honneur mais pas en pouvoir. L'autorité dans l'Église catholique [id est orthodoxe] appartient uniquement à Dieu mais pas à un patriarche local ou à un métropolite."

Le Métropolite Amphiloque pense également que Sa Béatitude Onuphre défend son Eglise "sur la base de la foi et de l'amour."

"Un grand nombre d'Ukrainiens sont restés fidèles (à l'Église canonique) de la Rus' de Kiev, au Saint Prince Vladimir. Et ils doivent persister dans cette voie. Nous apprenons de vous et vous apprenez de la résurrection de notre peuple".


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 4 mars 2020

Rappel/ Grand Canon de saint André de Crête


PROTODIACRE JAMES HUGHES: LES PERSONNAGES BIBLIQUES DU GRAND CANON DE ST. ANDRE DE CRETE



Saint André de Crête
À l'approche du Grand Carême, temps qui nous est imparti spécifiquement pour la repentance, l'Église nous donne toute une série d'images pour nous aider. C'est ce qu'enseigne saint Jean de Cronstadt :

Résultat principal de la synaxe d'Amman


Participants à la réunion des primats à Amman. 
Photo: UOJ

Analyse du communiqué de la réunion des primats en Jordanie.

Le 26 février 2020, à Amman, une synaxe des primats et des représentants des églises orthodoxes locales a été convoquée par le patriarche Théophile de Jérusalem. Dans la soirée du même jour, le communiqué final de la réunion a été publié sur le Web. Qu'y a-t-il dans ce document et qu'est-ce qui n'y est pas?

Ce qui n'est pas dans le communiqué

Condamnation franche des actions du patriarche Bartholomée.

Au départ, il était clair que le leitmotiv du rassemblement des primats était les actions illégales du patriarche Bartholomée en Ukraine. Tous les participants à la réunion ont critiqué à plusieurs reprises l'octroi du Tomos à « l'église » orthodoxe ukrainienne schismatique à la fois sur le plan personnel et officiel (à travers les Synodes de leurs Églises). Ils ont également critiqué les prétentions papales de Constantinople.

Certes, le format de la réunion d'Amman n'impliquait pas une condamnation directe du patriarche Bartholomée. Selon les canons de l'Église, cela ne peut se faire qu'au Concile, dans le respect des règles de procédure. Un tel scénario est-il possible à l'avenir ? Indubitablement.

Désaccord avec le fait que Phanar se soit approprié le droit d'accorder l'autocéphalie.

Cela dépasse également la compétence de la Synaxe d'Amman. Tout d'abord, à cause de son format.

Le droit d'accorder l'autocéphalie devait être envisagé à la cathédrale crétoise en 2016. Selon le chef du Département des relations extérieures de l'Église de l'Église orthodoxe russe, le Métropolite Hilarion (Alfeyev) de Volokolamsk, dans les documents préparatoires, il y avait des accords sur la procédure d'octroi de l'autocéphalie. Ainsi, en vertu de ces accords, l'Église cyriarcale (Église mère) annonce son désir d'accorder l'autocéphalie de sa part dans le Patriarcat de Constantinople, l'Église étant la première du Diptyque. Constantinople envoie une notification à toutes les Églises locales demandant leur consentement, et dans le cas de l'accord général exprimé par chacune des Églises lors de son Concile, la nouvelle Église autocéphale est acceptée dans la famille des Églises locales après avoir obtenu le Tomos correspondant,

Nous soulignons encore une fois qu'il y avait un accord préliminaire sur la procédure de délivrance du Tomos, mais il n'a pas été ratifié - le sujet a été retiré de l'ordre du jour du Concile crétois. Par conséquent, le Métropolite Hilarion dit, "quand ce Concile a pris fin, le patriarche Bartholomée a en fait déclaré que ces accords n'étaient pas en place et a commencé à accorder unilatéralement l'autocéphalie."

Aujourd'hui, parmi les Églises locales, il n'y a pas de consensus sur l'approche du droit d'accorder l'autocéphalie. Même parmi ceux qui n'ont pas reconnu «l'autocéphalie » de « l'église » orthodoxe ukrainienne schismatique, il y a des Églises qui ne contestent pas le droit de Constantinople d'accorder l'autocéphalie en général. Par exemple, les Églises roumaines ou albanaises.

Par conséquent, l'accélération de la décision pourrait provoquer de forts désaccords dans le camp des opposants aux actions non canoniques du patriarche Bartholomée en Ukraine. Quoi qu'il en soit, il ne fait aucun doute que les Églises orthodoxes reviendront certainement sur cette question.

Condamnation du Tomos pour « l'église » orthodoxe ukrainienne schismatique et les schismatiques ukrainiens.

Le fait que les schismatiques ukrainiens ne peuvent être acceptés dans l'Église que par le repentir ou que seule l'Église mère, c'est-à-dire l'Église orthodoxe russe, peut accorder l'autocéphalie à l'Église ukrainienne, a été réaffirmé à maintes reprises. L'octroi mécanique de « l’autocéphalie », signé par le patriarche Bartholomée sans tenir compte de la situation en Ukraine, n'a pas résolu le problème du schisme mais l'a exacerbé, comme l'a noté le primat de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique, le Métropolite Onuphre dans une adresse aux participants à la réunion d'Amman.

En outre, il a souligné que l'octroi de l'autocéphalie à l'Église canonique d'Ukraine [du Métropolite Onuphre] ne résoudra pas le problème de la scission dans le pays, car l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique a de facto l’autocéphalie: «Au fil du temps, les circonstances internes et externes rencontrées par la Sainte Église orthodoxe ukrainienne et le peuple ukrainien ont stimulé les processus d'amélioration de l'indépendance et de l'autonomie actuelles de la vie et du ministère de l'Église. Aujourd'hui, nous avons de facto une véritable autocéphalie. Nous avons le Saint Synode, nous avons le Concile des évêques, nous avons une cour d'église indépendante. Nous élisons et ordonnons des évêques de manière indépendante, ouvrons de nouveaux diocèses. Nous avons nos propres institutions éducatives spirituelles, diverses institutions synodales pour l'interaction avec le monde extérieur et le ministère social. »

Presque tous les participants à la réunion d'Amman sont d'avis que les schismatiques ukrainiens n'ont pas d'ordinations canoniques. L'absence de telles formulations dans le communiqué, à notre avis, est due à la réticence à rejeter de l'Église ceux qui sont entrés en communion avec l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique. Mais il ne fait aucun doute que l'Église reviendra définitivement sur la question de la canonicité des « consécrations » schismatiques.

Que contient le communiqué

1. Le rôle du Patriarche Théophile dans « tous les efforts incessants visant à ouvrir la voie au dialogue et à rapprocher les frères dans le précieux esprit d'unité » a été souligné. On dit que "Jérusalem est un témoin de cette ville sainte qui proclame continuellement sa tapisserie multiconfessionnelle et multiculturelle se réjouissant de son existence en tant que foyer chaleureux des trois confessions abrahamiques, le christianisme, le judaïsme et l'islam."

Ce paragraphe confirme que le Patriarche de Jérusalem a le plein droit de convoquer des conciles orthodoxes.

2. Il a été souligné que « ce rassemblement devait renforcer les liens fraternels entre les frères et leurs Églises, promouvoir les liens de paix en Christ entre eux, plaider pour l'unité des Églises orthodoxes et renouer le dialogue dans l'espérance de la prière pour apporter la réconciliation là où il y a eu des discordes.

C'est le renouvellement du dialogue que l'on peut appeler la thèse principale du deuxième paragraphe. Naturellement, les domaines sensibles identifiés dans le communiqué « là où il y a eu des discordes » concernent principalement la « question ukrainienne». Maintenant, il n'y a pratiquement plus de dialogue à ce sujet. Le patriarche Bartholomée démontre à tous égards sa réticence ou son incapacité à engager un tel dialogue. Sa dernière rhétorique, notamment en ce qui concerne la réunion d'Amman, ne fait que confirmer le caractère autoritaire et dictatorial de la politique de Phanar. Mépriser l’appel au dialogue des représentants des six Églises locales provoquera non seulement une perplexité mais aussi de graves problèmes à l’intérieur du camp des partisans du Phanar.

La signature du patriarche Cyrille en vertu des décisions de la Synaxe témoigne que l'Église orthodoxe russe est ouverte au dialogue. Mais le dialogue doit se dérouler dans un esprit d'amour fraternel et ne doit pas être dicté par les ambitions du patriarcat de Constantinople.

3. Les participants à la réunion "sont convenus que les décisions concernant les questions d'importance orthodoxe, y compris l'octroi de l'autocéphalie à des Églises particulières, devraient être finalisées dans un esprit de dialogue et d'unité panorthodoxes, et avec un consensus panorthodoxe."

Nous avons déjà parlé des accords concernant le droit d'accorder l'autocéphalie avant la convocation du Concile crétois. Ce paragraphe exprime le désir de reprendre la discussion du problème. Il y a également une implication de l'inadéquation des seules décisions ayant une signification panorthodoxe, l'Église étant intrinsèquement catholique (conciliaire).

Apparemment, le Phanar ne veut pas le voir et le comprendre ou fait semblant de ne pas s'en souvenir. Par conséquent, les participants d'Amman ont été simplement contraints de rappeler aux Phanariotes les vérités ecclésiologiques communes.

4. Un soutien a été exprimé à l’église orthodoxe serbe concernant la Macédoine du Nord et le Monténégro.

Les schismatiques macédoniens ont déjà clairement indiqué à plusieurs reprises qu'ils négociaient avec le Phanar pour qu’il leur accorde ce statut autocéphale. En ce sens, la déclaration des participants à la réunion selon laquelle « cette question doit être résolue par le dialogue au sein de l'Église orthodoxe serbe et avec le soutien panorthodoxe » ne fait que parler des moyens possibles et acceptables de résoudre ces problèmes.

En d'autres termes, le patriarcat de Constantinople a souligné l'inadmissibilité d'une ingérence dans les affaires intérieures d'une autre Église. En ce sens, la remarque sur la Macédoine du Nord, nous semble-t-il, concerne non seulement l'Église serbe mais aussi l'Église russe. La "question macédonienne", tout comme la "question ukrainienne", ne peut être résolue que par le biais des Églises cyriarcales et du soutien panorthodoxe.

5. À Amman, il a été décidé que les Églises locales « devraient se réunir en frères, de préférence avant la fin de cette année, pour renforcer les liens de communion par la prière et le dialogue ».

Ce paragraphe, sans aucun doute, est le principal résultat de l'ensemble de l'événement. L'idée de la Synaxe d'Amman a été contestée non seulement par les Phanariotes mais aussi par les représentants des forces de politique étrangère. Parce que cette idée viole l'hégémonie artificiellement créée du Phanar dans le monde orthodoxe .

Amman a montré que l'Église peut se passer du patriarche Bartholomée, que non seulement elle peut convoquer des conciles et qu’elle peut prendre des décisions importantes dans l'Église.

En ce sens, la réunion d'Amman est, selon les termes de Mgr Victor (Kotsaba) de Baryshevka, une « sortie de l'impasse » et un «moment décisif» . À travers Amman, l'Église a réaffirmé une fois de plus son caractère conciliaire et a proposé une alternative à la politique de diktat du Phanar.

En outre, il est déjà devenu clair que la réunion d'Amman est devenue la répétition pour un Concile panorthodoxe. La nécessité de sa convocation a déjà été déclarée par le Patriarche Irinée de Serbie et des représentants de l'Église roumaine.

6. "Les participants espèrent que Sa Sainteté le patriarche œcuménique Bartholomée avec son ancienneté d'honneur connue (πρεσβεια τιμήs) se joindra à ce dialogue avec son frère Primat."

En plus d'appeler à participer aux réunions ultérieures, ce paragraphe a rappelé au patriarche Bartholomée qu'il est le premier « en honneur » mais pas «en pouvoir», et tous les autres primats des Églises locales sont pour lui des frères égaux. Il ne peut y avoir d'équivalent du pape dans l'Orthodoxie, car dans ce cas, l'Église remettrait en cause son essence.

Points clés à retenir

Bien que beaucoup parlent avec dédain de la réunion de seulement 6 Églises locales sur 14 (ou 15 avec l'Église américaine [OCA], dont l'autocéphalie n'est pas reconnue par tous), ils oublient que ces 6 Églises représentent environ 80% de tous les croyants de l'Orthodoxie mondiale.

On peut affirmer avec certitude qu'après Amman, les réalités dans lesquelles l'Église orthodoxe existe aujourd'hui ont subi des changements importants.

L'essentiel est la reconnaissance de la nécessité d'autres événements similaires jusqu'à la tenue d'un Concile panorthodoxe.

En effet, récemment, l'Église a été pratiquement privée de toute possibilité de dialogue. La doctrine créée et promue par le Phanar selon laquelle le patriarcat de Constantinople peut diriger d'autres Églises, s'est avérée n'avoir rien de bon pour l'Orthodoxie.

De plus, depuis au moins 100 ans, le Phanar n'a pas été en mesure de résoudre un seul problème (sauf pour aider à surmonter la scission au sein de l'Église bulgare). Au contraire, l'histoire montre que très souvent le patriarcat de Constantinople a adopté une position destructrice à l'égard de l'Église - à la fois en termes de soutien à «l'Église vivante» créée par les bolcheviks et en ce qui concerne la réforme du calendrier, et aujourd'hui en ce qui concerne « l'église » orthodoxe ukrainienne schismatique. Après Amman, de telles décisions, du point de vue du bon sens, sont tout simplement impossibles.

La Synaxe d'Amman ramène l'Église sur le chemin de la conciliarité, car ce n'est que sur ce chemin qu'il est possible non seulement de surmonter les problèmes mais aussi de réaliser l'unité dans le Christ.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après