lundi 21 septembre 2020

Archiprêtre Alexander Zelenenko : SAINT JEAN DE CRONSTADT ET L'ÉDUCATION DES ENFANTS

Saint Jean de Cronstadt amène les enfants sans abri au refuge.

   

L'âme d'un enfant est une beauté divine

 

Saint Jean de Cronstadt considérait l'amour des enfants comme le fondement du travail d'un enseignant - un fondement qui est très souvent nié par les soi-disant techniciens modernes des sciences et activités éducatives laïques. Il disait aux élèves du gymnase où il enseignait : "Vous êtes mes enfants, car je vous ai mis au monde et je continue à mettre au monde en vous la bonne nouvelle de Jésus-Christ. Mon sang spirituel - mes instructions - coule dans vos veines. Vous êtes mes enfants, car je vous ai toujours dans mon cœur et je prie pour vous. Vous êtes mes enfants, parce que vous êtes ma progéniture spirituelle. Vous êtes mes enfants, parce qu'en vérité, en tant que prêtre, je suis un père, et vous m'appelez "batioushka". [1]

 

En Père Jean vivait une sorte d'amour surnaturel et angélique pour les enfants, qui l'inspirait et motivait tout le processus éducatif. C'était un don spécial de la Grâce de Dieu, qui brûlait en lui si fortement que, plus tard, lorsqu'il n'enseignait plus, il guérissait souvent les enfants malades par la puissance de l'amour et de la prière, les bénissant et les instruisant continuellement dans la foi.

 

Combien de fois n'a-t-il pas pleuré sur des enfants malades, surtout s'ils étaient spirituellement malades ! Un jour, il caressa la tête d'un garçon malade émotionnellement, et une autre fois, il embrassa une jeune fille gravement malade à l'hôpital, agenouillé devant son lit. "Ma chère, as-tu mal ? Ma petite souffrante !" Le Père Jean se lamenta. " [2]



La sévérité du Père Jean

 

Néanmoins, le Père Jean pouvait être brusque. Un jour, un garçon de seize ans, extrêmement paresseux et moralement gâté, exprima devant toute la classe son incrédulité dans la divinité du Saint-Esprit. Le Père Jean le traita d'impie et de mécréant, mais il répondit à sa question. Plus tard, il le convoqua pour une conversation séparée, après quoi le garçon se sentit renouvelé et renforcé en esprit.

 

Certains se souviennent qu'une femme noble s'était plainte auprès du Père Jean de la dégradation de l'éducation religieuse et morale de ses enfants. "Leurs professeurs", dit-elle, "leur ont appris tout ce dont ils ont besoin pour réussir les examens et être intelligents". "Vous devriez dire qu'ils les battaient et ne leur apprenaient rien", lui répondit le père Jean. "Lorsqu'on les assomme avec des connaissances spirituelles, ils ont le même sentiment que lorsqu'ils apprennent l'arithmétique, etc. Mais qu'en est-il pour vous ? Prenez-vous soin de leur âme ? Les avez-vous dirigés de façon à ce qu'en plus de l'approbation humaine, ils aspirent à l'approbation de Dieu ?" "Je le leur suggère en fonction de mes forces", lui répondit la dame. "Après tout, on ne peut pas trouver la porte du cœur de son propre enfant." "Vous n'avez pas trouvé la porte du cœur, alors vous aurez des bêtes à la place des humains", répondit Père Jean. "Vous avez oublié que le Seigneur a montré l'exemple à l'humanité avec les oiseaux. Un oiseau donne d'abord naissance à un œuf, et tant que cet œuf n'a pas été conservé pendant le temps nécessaire dans la chaleur maternelle, il reste un objet inanimé. Il en va de même pour les hommes.

 

L'enfant qui naît est cet œuf - avec les débuts de la vie terrestre, mais inanimé par rapport à son épanouissement en Christ. L'enfant qui n'a pas été réchauffé par ses parents et sa famille à la racine de son âme, à la racine de tous ses sentiments, restera mort en esprit pour Dieu et les bonnes œuvres. Et c'est précisément de ces enfants qui n'ont pas été réchauffés par l'amour et le soin spirituel que viennent au monde ces générations, à partir desquelles le prince de ce monde recrutera ses armées contre Dieu et sa sainte Église".[3]

 

La grandeur de la confiance et de la responsabilité dans l'éducation des enfants de Dieu

 

Le père Jean a averti que Dieu et les parents ont confié leurs enfants à l'enseignant, ce qui exige une responsabilité et une relation prudente avec eux. Il a souvent fait remarquer que tout ce qui est beau, individuel et unique a déjà été placé dans le cœur de l'enfant comme une graine.

 

Dieu fournit également tout ce qui est nécessaire à leur croissance et à leur développement ; mais pour notre travail modeste, mais extraordinairement difficile et laborieux - l'éducation - nous devons avoir de l'amour et prendre soin des enfants. Mais aussi grande est la responsabilité, aussi grande est la récompense pour le travail consciencieux confié par Dieu ; car les enfants sont Son héritage. En eux se trouve non seulement notre avenir, mais aussi notre présent, et surtout l'avenir éternel.

 

"Soyez fortement vigilants", rappelle Père Jean aux enseignants, "afin de ne jamais dédaigner dans votre cœur aucun de ces petits (cf. Matt. 18:10) que vous pourriez détester pour une raison quelconque. Vous méprisez l'ange de Dieu, qui a été chargé de veiller sur lui. Vous méprisez l'enfant de Dieu ; vous méprisez le Seigneur lui-même, le Père de tous les enfants, avant tout".[4 ]Ainsi, quiconque viole le moindre de ces commandements par négligence, le considérant comme insignifiant, et enseigne aux autres à faire de même, sera appelé le moindre dans le Royaume des Cieux (selon St. Jean Chrysostome, "le transgresseur de la loi sera le plus petit, c'est-à-dire le dernier, chassé et indigne du Royaume des Cieux "[5), et quiconque observe et enseigne [les commandements] sera appelé grand dans le Royaume des Cieux (cf. Matt. 5:19).


 

Le commandement de saint Jean aux enseignants

 

Qu'est-ce que le Père Jean commande aux éducateurs d'enfants pour le discernement et la mise en garde contre le péché ? Qu'ordonne-t-il aux enfants eux-mêmes pour qu'ils connaissent le danger et les conséquences du péché ?

 

Il a dit : "Avertissez les enfants du péché et de ses conséquences !" Et il a donné l'instruction suivante : "Ne laissez pas les enfants sans attention en ce qui concerne le déracinement de leur cœur de la fange du péché, des pensées mauvaises, malfaisantes et blasphématoires, des passions, des inclinaisons et des habitudes pécheresses, dont notre vie est également faite. L'ennemi du salut et de la chair pécheresse n'épargne pas non plus les enfants, et les graines de tous les péchés sont également en eux. Présentez aux enfants une image de l'ensemble du danger et des conséquences douloureuses de leurs péchés, afin qu'ils ne soient pas, par ignorance et par déraison, formés par leurs aînés sur le chemin de la vie dans des passions et des habitudes pécheresses, qui se multiplient et grandissent avec l'âge".[6]

 

L'éducation chrétienne est la première ligne de défense dans la lutte pour le salut de l'âme d'un enfant. Le père Jean, qui a lui-même eu des difficultés d'apprentissage dans son enfance, était, selon les souvenirs de ses contemporains, un pédagogue remarquable. Il n'eut jamais recours aux méthodes d'enseignement que l'on trouve souvent dans les écoles : ni à une rigueur excessive, ni à l'humiliation morale des élèves lents. Il était connu pour sa relation chaleureuse et pleine d'âme avec les élèves ainsi qu'avec le travail d'enseignement lui-même. Il n'avait pas de "élèves lents". Tous les participants à ses cours, sans exception, étaient avidement imprégnés de ses paroles. Ils étaient impatients que ses leçons commencent. Ses leçons étaient plus un plaisir pour les élèves qu'un lourd fardeau et une obligation. C'était une conversation vivante, un discours engageant, et des histoires intéressantes, attirant l'attention.

 

Il y avait souvent des cas où le Père Jean défendait un élève paresseux qui avait été "condamné" à l'expulsion, et il prenait sur lui la correction de l'enfant. Quelques années passaient, et l'enfant qui semblait être un cas désespéré était élevé comme un individu digne de ce nom.

 

Les chrétiens devaient tout d'abord veiller à ce que les enfants grandissent dans la foi chrétienne, en véritables enfants de Dieu, en membres vivants de l'Église, afin que le Christ soit formé dans leur cœur (cf. Gal. 4, 19), pour que, plus que tout autre chose dans la vie terrestre, ils aiment et préfèrent Dieu, puis leur prochain comme eux-mêmes (Mt. 22, 37-40). Pour que le but de leur vie, selon les paroles de Saint Séraphim de Sarov, soit "l'acquisition du Saint-Esprit" pour le salut de leur âme.

 

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

 

1/2/2017

 

1 "Petit père", terme affectueux pour un prêtre.

 

2 Citation de l'évêque Alexandre (Semenov-Tian-Shansky), P. Jean de Kronstadt (Paris, 1990), 55.

 

3 Citation de N. I. Bolshakov, Source d'eau vive. The Life of Holy Righteous Jeanof Kronstadt (St. Petersburg, 1995), 109-110.

 

4 Saint Jean de Cronstadt, Œuvres. Journal (Moscou, 2012) 4:439-440.

 

5 Sainte Écriture dans l'exégèse de saint Jean Chrysostome, v. 4, livre 1, conv. 16.

 

6 Saint Jean, le Juste de Cronstadt, in Ma vie en Christ.

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