dimanche 15 mars 2020

DE ST. DAVID DU PAYS DE GALLES À ST. JEAN DE CHANGHAI : "FAIRE LES PETITES CHOSES DE LA VIE

Dewi sant/ Saint David du pays de Galles

Aujourd'hui [14 mars], selon le calendrier julien, c'est la fête de saint David, le saint patron du Pays de Galles (circa 500 A.D.) Le 1er mars au Pays de Galles est rempli de célébrations, et du port de jonquilles et de poireaux - la flore nationale galloise. Les poireaux sont portés pour commémorer l'époque où, au VIe siècle en Grande-Bretagne, le peuple combattait les envahisseurs anglo-saxons. Un jours, lorsque les armées saxonnes marchaient contre les Britanniques, saint David a dit à des soldats de sa famille de porter des poireaux dans leurs chapeaux afin qu'ils puissent s'identifier sur le champ de bataille. Avec la bénédiction de saint David, les Britanniques gagnèrent la bataille.

Selon la tradition, la vie de saint David fut ornée de nombreux miracles. L'eau de ses fonts baptismaux guérit de la cécité le moine aveugle qui l'avait baptisé ; des esclaves furent envoyés pour le tuer, lui et ses moines, mais ils perdirent l'usage de leurs armes, retournant chez leurs maîtres pour constater que tout leur bétail était mort (mais il revint à la vie après que les meurtriers en puissance se soient repentis) ; le saint mangea des aliments empoisonnés mais resta indemne ; et lors d'un rassemblement religieux, le sol se souleva sous ses pieds pour former un piédestal lui permettant de parler à la foule, tandis qu'une colombe vint se percher  sur son épaule (c'est pourquoi il est souvent représenté avec une colombe sur l'épaule).

Mais malgré tous les événements étonnants de sa longue et fructueuse vie, saint David a surtout apprécié "les petites choses". Lorsqu'il quitta cette vie à plus de 100 ans, le monastère dans lequel il gisait se remplit d'anges. Ses derniers mots furent : "Gwnewch y pethau bychain mewn bywyd", ce qui signifie "Faites les petites choses de la vie". Aujourd'hui encore, ces paroles sont un dicton courant au Pays de Galles.

La signification profonde de ces simples mots nous a été expliquée bien des siècles plus tard par un grand saint de notre temps, le saint Hiérarque Jean (Maximovitch) de Changhai et San Francisco. En l'honneur de saint David, nous reproduisons ici ce que Saint Jean a dit sur "les petites choses de la vie", imprimé pour la première fois dans le volume 12, numéro 05-06 d'Orthodox Heritage.

Sur les petites choses de la vie

Beaucoup de gens croient qu'il est très difficile de vivre selon la foi et d'accomplir la volonté de Dieu. En fait, c'est très facile. Il suffit de s'occuper des détails, des bagatelles, et d'essayer d'éviter le mal dans les choses les plus petites et les plus insignifiantes. C'est la façon la plus simple et la plus sûre d'entrer dans le monde de l'esprit et de s'approcher de Dieu.

L'homme pense souvent que le Créateur exige de lui de grandes choses, que l'Évangile insiste sur le sacrifice total de soi, l'abolition de sa personnalité, etc. comme condition de la foi. Un homme est tellement effrayé par cela qu'il commence à avoir peur de faire connaissance avec Dieu, de s'approcher de Dieu, et se cache de Dieu, ne voulant même pas regarder la Parole de Dieu. "Si je ne peux rien faire d'important pour Dieu, alors je ferais mieux de me tenir à l'écart des choses spirituelles, d'arrêter de penser à l'éternité et de vivre "normalement"".

Saint Jean (Maximovitch) de Changhai et de San Francisco

Il existe à l'entrée du monde spirituel une "hypnose des grandes actions" : il faut soit faire quelque chose de grand, soit ne rien faire. Et donc les gens ne font rien du tout pour Dieu ou pour leur âme ! C'est très étrange : plus un homme est dévoué aux petites choses de la vie, moins il souhaite être honnête ou pur ou fidèle à Dieu dans ces mêmes petites choses. Et, de plus, chacun doit adopter une attitude correcte envers les petites choses si l'on veut s'approcher du Royaume des cieux.

Le désir de s'en approcher : En cela se résument toutes les difficultés de la vie religieuse. Souvent, on souhaite entrer dans le Royaume des cieux de manière inattendue, par un miracle ou une magie quelconque, ou encore, de plein droit, par une sorte de grand exploit. Mais ni l'un ni l'autre n'est la bonne façon de trouver le monde supérieur. On n'entre pas dans la présence de Dieu d'une manière merveilleuse tout en restant indifférent sur terre aux besoins du Royaume de Dieu et de sa lumineuse éternité, et on ne peut pas non plus acheter les trésors du Royaume de Dieu par une sorte d'acte éternel, aussi grand soit-il. Pourtant, les bonnes actions, les actions saintes sont nécessaires pour que l'on puisse grandir dans une vie supérieure, une volonté lumineuse, un bon désir, une psychologie céleste, un cœur à la fois pur et juste.

Un verre d'eau : En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense.. Cette parole du Seigneur est la plus haute expression de la petitesse du bien. "Un verre d'eau" - ce n'est pas beaucoup.

Communiquer dans un bon esprit : Dans toute communication entre personnes, il doit y avoir sans faute un bon esprit. Cet esprit, c'est le Christ, ouvertement manifesté ou caché. "Au nom d'un disciple" - c'est la première étape de la communication avec une autre personne au nom de Jésus-Christ lui-même. Beaucoup de personnes, qui ne connaissent pas encore le Seigneur et la merveilleuse communion en Son Nom, ont encore entre elles une communion désintéressée, pure et humaine, qui les rapproche toujours plus de l'Esprit du Christ.

Le moindre bien est nécessaire : En fait, le moindre bien est plus nécessaire à l'humanité que le plus grand. L'homme peut vivre sans le plus grand bien ; sans le moindre bien, il ne peut exister. L'humanité ne périt pas par manque du bien supérieur, mais par insuffisance de ce bien inférieur. Le plus grand bien n'est rien d'autre qu'un toit, érigé sur les murs de briques du moins grand bien.

Le moindre bien, le plus facile, a été laissé sur cette terre pour l'homme par le Créateur lui-même, qui a pris sur Lui tout le plus grand bien. Quiconque fait le moindre bien, celui-là crée - et à travers lui le Créateur lui-même crée - le plus grand bien. De notre petit bien, le Créateur fait son propre grand bien. Car de même que notre Seigneur est le Créateur qui a formé toutes choses à partir du néant, de même Il est plus à même de créer le plus grand bien à partir du plus petit.

Grâce à ce petit travail facile, accompli avec la plus grande simplicité, l'homme s'habitue au bien et commence à le servir de tout son coeur, sincèrement, et de cette façon, il entre dans une atmosphère de bien, il laisse les racines de sa vie dans un nouveau sol, le sol du bien. Les racines de la vie humaine s'adaptent rapidement à cette bonne terre, et ne peuvent bientôt plus s'en passer... Ainsi est sauvé un homme : du petit vient le grand. "Fidèle dans les petites choses" s'avère être "fidèle dans les grandes".

Notre sens moral : Mettez de côté toute considération théorique selon laquelle il est interdit de massacrer des millions de personnes, femmes, enfants et personnes âgées ; contentez-vous de manifester votre sens moral en ne tuant en aucune façon la dignité humaine de votre prochain, ni par la parole, ni par des insinuations, ni par des gestes. Ne te fâche pas pour des bagatelles contre ton frère en vain (cf. Mt 5, 22) ou dans les contacts quotidiens de la vie, ne dis pas de mensonges à ton prochain. Ce sont des bagatelles, de petits changements, sans importance ; mais essayez simplement de le faire et vous verrez ce qu'il en résulte.

La prière : Il est difficile de prier la nuit. Mais essayez de le faire le matin. Si vous n'arrivez pas à prier à la maison, essayez au moins de vous rendre sur votre lieu de travail en gardant l'esprit clair : le "Notre Père", et laissez les mots de cette courte prière résonner dans votre cœur. Et le soir, remettez-vous avec une totale sincérité entre les mains du Père céleste. C'est en effet très facile.

Saint Jean (Maximovitch) de Changhai et de San Francisco

Et donnez, donnez un verre d'eau froide à tous ceux qui en ont besoin ; donnez un verre rempli à ras bord de simple compagnonnage humain à tous ceux qui en manquent, le compagnonnage le plus simple...

Ô chemin merveilleux des petites choses, je te chante un hymne ! Entourez-vous, ô peuple, ceignez-vous de petites œuvres de bien - d'une chaîne de petits sentiments simples, faciles et bons qui ne nous coûtent rien, d'une chaîne de pensées, de paroles et d'actes lumineux. Abandonnons le grand et le difficile. C'est pour ceux qui l'aiment et non pour nous, pour qui le Seigneur, dans sa miséricorde pour nous qui n'avons pas encore appris à aimer le plus grand, a répandu partout le petit amour, libre comme l'eau et l'air.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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