lundi 3 février 2020

Père Gabriel Rochelle: La prière pour les défunts

Père Gabriel Rochelle

Père Gabriel Rochelle est le pasteur de la mission orthodoxe de Saint-Antoine du désert, Las Cruces. Le site web de l'église est http://stanthonylc.org. Vous êtes cordialement invités à visiter l'église.

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Peu avant notre départ de Pennsylvanie, j'ai demandé à mes proches de venir dîner et de faire un pèlerinage sur la tombe de mes parents, de ma tante et de mon oncle. Quand nous sommes arrivés, j'ai servi une pannikhide, qui est un service de prière pour les défunts. 

Au milieu de ce service, lorsque nous avons nommé ceux que nous commémorons, j'ai demandé aux personnes rassemblées de dire les noms de leurs parents décédés pour les inclure dans la prière. C'était surtout pour les beaux-parents de la famille, et j'ai été surpris par la réponse. Les gens ont dit les noms de leurs parents, frères et sœurs et d'autres membres de la famille, certains en pleurant. Il m'est apparu évident dans les conversations qui ont suivi que, pour certains d'entre eux, c'était la première fois qu'ils mentionnaient ouvertement les personnes qu'ils avaient perdues.

Dans la tradition orthodoxe, ce service de prière est une pratique courante. Les gens demandent à ce qu'il soit célébré le dimanche le plus proche de la date annuelle de décès d'un membre de la famille ou d'un ami. Chaque année, le dimanche de la Saint-Thomas, le dimanche suivant Pâques, les gens affluent vers notre cimetière national du New Jersey pour ce qu'on appelle Radonitsa, le jour de la luminosité, où nous célébrons que la Lumière de Pâques s'étend au-delà de la tombe. Beaucoup se rassembleront encore cette année pour servir la pannikhide sur les tombes de leurs familles.

Aparté important, une note claire dans toute la psychologie du deuil dit que vous devez vous souvenir publiquement des noms des personnes perdues. Il arrive souvent que les gens traitent le deuil de manière tout à fait erronée, comme s'ils devaient cacher le nom de la personne disparue, alors qu'en fait c'est tout le contraire ; vous devriez demander aux gens de se souvenir, utiliser souvent le nom, leur rappeler que vous n'avez pas oublié leur parent, leur enfant ou leur ami. Nos anciennes formes de prière étaient fondées sur la bonne psychologie bien avant que quelqu'un n'invente le concept.

Il y a peut-être des lecteurs qui se trouvent dans des églises où toute notion de prière pour les morts est fustigée. S'il est vrai que la mort physique marque la fin de la possibilité de croissance spirituelle dans cette vie, ceux d'entre nous qui appartiennent à l'Église orthodoxe croient - et savent - que ce n'est pas la fin. 

La main de Dieu, pour ainsi dire, s'étend dans la tombe et au-delà. Nous n'acceptons pas l'enseignement du purgatoire, selon lequel les morts doivent d'une certaine manière réparer les péchés de cette vie. Mais de la même façon, nous ne croyons pas que Dieu nous abandonne simplement parce que nous avons quitté cette vie physique. 

Pourquoi la croissance spirituelle devrait-elle être limitée à cette seule vie ? Si notre capacité à grandir spirituellement dans la foi, l'amour et le service est au cœur de ce que signifie être pleinement humain, alors nous acceptons que le processus se poursuive indéfiniment. Nous prions pour ce mouvement, cette croissance, au nom des autres. Le point est en fait assez simple : L'amour de Dieu s'étend au-delà de cette vie pour agir sur la vie des gens.

Saint Grégoire de Nysse, qui a longuement et profondément réfléchi à ces questions, a écrit que si Dieu est vérité, beauté et bonté, ce sont des réalités qui se déploient ; ce ne sont pas des catégories finies ou difficiles. Ma capacité à voir la beauté se déploie au cours de ma vie, et elle n'est jamais terminée car il y a toujours plus de beauté à comprendre. 

Tout comme le raisonnait Saint Grégoire, notre croissance dans et vers la Présence de Dieu est similaire à notre compréhension de la beauté comme un processus sans fin. Ainsi, nous pouvons toujours grandir plus profondément en Dieu, même au-delà de cette vie, ce qui signifie en même temps que nous pouvons toujours aller plus profondément dans ce que signifie être pleinement humain. C'est la fin, même quand elle n'est pas en vue.

Père Gabriel Rochelle est le pasteur de la mission orthodoxe de Saint-Antoine du désert, Las Cruces. Le site web de l'église est http://stanthonylc.org. Vous êtes cordialement invités à visiter l'église.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


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