dimanche 9 février 2020

Marier le physique et le spirituel


Trop de religion, c'est beaucoup trop cérébral.  Pour beaucoup de gens, tout dépend de ce que vous pouvez croire, du nombre de faits que vous pouvez apprendre pour prouver votre point de vue par rapport à celui de quelqu'un d'autre, de la diligence avec laquelle vous plaidez votre cause.  L'entreprise vient essentiellement de l'hémisphère gauche du cerveau: ordonnée, systématique, rationnelle et logique.

Le revers de la médaille est l'anti-intellectualisme américain, qui est également "gaucher", mais d'une manière un peu tordue.   Je soupçonne qu'il y a un lien entre le manque de curiosité intellectuelle et l'insécurité qui vient du fait de ne pas vraiment affirmer, au fond, ce que vous dites croire.  Si vous devez le prouver encore et encore, sans aucune avancé au-delà de votre point de départ, peut-être que quelque chose ne va pas dans votre approche.

Je veux aller au-delà de ces deux points sur la boussole religieuse.  Je cherche un équilibre.  J'ai longtemps été convaincu que l'ancien concept romain "un esprit sain dans un corps sain" est encore aujourd'hui porteur de sagesse pour nous.  Il y a, ou il peut y avoir, une spiritualité musculaire, une physicalité intellectuelle qui vous attend si vous êtes prêt à la poursuivre.  L'esprit et le corps sont liés, et la jointure pour eux pourrait bien être le cœur.

Considérez ceci : depuis des années, les chercheurs en physiologie et en psychologie travaillent avec un concept qui a été étiqueté "flux".  C'est un mot simple qui décrit un processus complexe, à savoir la sensation spirituelle que nous éprouvons lorsque l'ensemble de notre système psychophysique fonctionne au maximum de ses capacités.  Super!  Cela semble prétentieux.  Mais la plupart d'entre nous ont connu cette expérience si nous avons participé à pratiquement n'importe quel exercice physique avec un véritable engagement.  Parfois, nous appelons cela "être dans la zone."

Je fais du vélo sans effort depuis quelques jours et je dis à mon compagnon : "Tu sais, c'est un de ces jours où, si je n'avais pas quelques responsabilités, je dirais simplement, rattrape-moi sur la route à environ mille kilomètres".  Le temps, la route et le rythme : ils travaillent ensemble avec mon corps pour créer une expérience parfaite.  Vous savez qu'à l'intérieur, "il n'y a rien de mieux que ça".

Mon ami bien-aimé, le diacre Michael Sawarynski, de retour à la paroisse de Pennsylvanie, disait, après une Liturgie particulièrement émouvante et spéciale : "Ils étaient tous ici aujourd'hui : les anges, les archanges, toute l'armée céleste - et nous."  Et vous saviez ce qu'il voulait dire ; il y avait un sentiment d'harmonie parfaite dans l'air, comme si le ciel et la terre se touchaient pendant un bref instant.  C'est le flux dans un cadre religieux.

Voici la mise en garde : Je ne suggère pas que nous passions simplement d'une position du cerveau gauche à une position du cerveau droit.   Rappelez-vous que le cerveau droit régit les aspects synthétiques, créatifs, chaotiques et intuitifs de notre pensée.  Nous n'allons pas laisser tomber le côté intellectuel et rationnel de la vie.  Ce n'est pas le flux.

Le flux ne s'obtient pas en passant d'un côté du cerveau à l'autre.  Lorsque vous êtes "dans la zone", lorsque le flux est le nom de l'expérience, les deux côtés du cerveau fonctionnent au mieux.  Vous devenez une personne à part entière parce que droite et gauche, physique et psychique, corps et âme sont réunis dans une expérience harmonieuse.  Vous le savez quand vous l'avez, et je soupçonne que la plupart de mes lecteurs connaissent cette expérience.  C'est un petit bout de paradis sur terre.

Le flux vous apprend que vous pouvez rester vous-même quand vous libérez l'égocentrisme pervers qui nous ronge.  La plénitude est atteinte, curieusement, en s'oubliant soi-même lorsque nous laissons l'expérience du moment nous submerger.  Pour moi, c'est une expérience spirituelle qui prouve l'enseignement de la foi.

Version française  Claude Lopez-Ginisty
d'après

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