samedi 25 janvier 2020

MOINE ANDRE l'HAGIORITE: PARTHENE, ZOSSIME ET STAMATOS LE VOLEUR, LES STARTSY DE KAROULIA


Karoulia.
Karoulia.

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Extrait du livre ( en roumain), Monk Andrew the Hagiorite. Patericon de la montagne sacrée (Monahul Andrei Aghioritul. Patericul Sfântului Munte. Editura Sophia, 2013. Р. 205–218).
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Le staretz Parthène était issu d'une noble lignée de tsars russes et, à l'âge de dix-huit ans, il devint moine dans la kellia de Saint-Nicolas "Bourazeri". Il œuvre dans l'obéissance, l'humilité et la contrition de la pensée comme l'enseigne la vie cénobitique, mais néanmoins sa soif d'hésychie parfaite lui fit quitter sa kellia pour Karoulia, où il fit preuve de déni de soi et d'amour pour tous les pères hésychastes qui s'y trouvaient, qu'il considérait comme de saints anges de Dieu dans la chair. En général, il aidait tout le monde, mais il ne laissait jamais personne entrer dans sa propre cellule, afin de cacher le fait qu'il dormait sur le sol de la grotte et jamais sur un lit.

Son apparence extérieure était biblique, et il suffisait de regarder son visage pour deviner ses nobles origines. Ses mains ne se séparaient jamais du chgapelet de prière, ni ses lèvres de la prière. Quand les gens le voyaient, ils éprouvaient une peur mêlée d'admiration. Il inspirait le respect de tous, et tout le monde l'aimait. Néanmoins, en raison de ses nombreux podvigs [exploits spirituels], il ne vécut pas très longtemps. Dieu l'appela dans les demeures célestes pour qu'il puisse toujours s'y réjouir avec le Dieu éternel, Père, Fils et Saint-Esprit.

Staretz Zossime, le vannier

Un autre moine digne du souvenir et débordant de vertus fut le staretz Zossime, ancien officier de haut rang de l'armée russe, qui après la chute du régime tsariste visita le monastère de Saint Pantéléimon puis la skite de Saint André, appelée aussi "Serai", et la skite du Prophète Elie (skites qui furent construites et habitées par des moines russes), mais il ne resta dans aucune d'entre elles ; son âme trouva le repos sur les falaises et les pentes escarpées de Karoulia.

Pour ne pas être un fardeau pour personne, il apprit à tisser des paniers. C'était son travail manuel qui lui apportait son pain quotidien. La prière était toujours sur ses lèvres, comme pour tous les moines, et le souvenir de la mort était toujours sous ses yeux, surtout après tout ce qu'il avait vu et vécu pendant les années de révolution et de guerre dans son pays natal. Il était aimé de tous, et le Dieu Très-Bon l'emmena  au Royaume des Cieux dans sa profonde vieillesse.

Stamatos le voleur

Ce voleur commit d'innombrables vols dans la région autour de la péninsule de Chalcidique, jusqu'à ce que, comme le raconte la légende, il en vienne même à voler des moines sur le Mont Athos lui-même.

Un jour, il décida avec deux jeunes gens de voler une des kellias situées à une grande distance de Karyes et qui était sise à l'écart des autres kellias. Cette très vieille kellia appartenait au monastère du Pantocrator, et elle possèdait une église dédiée à Saint Georges Phaneromenos. Comme me l'a dit le Père Joachim, mon staretz - et cela a été confirmé par les Pères de la confrérie des Danielites qui en ont également entendu parler par leurs startsy, et eux, par leur arrière-grand-père, le staretz Daniel le Premier - ce voleur entreprit de cambrioler cette kellia, qui était considérée comme l'une des plus riches de Karyes.

Comme on le sait, pendant les années d'asservissement des Turcs, toutes les montagnes de notre pays grouillaient de voleurs et de bandes de brigands. Ces voleurs, qui surveillaient en embuscade, découvrirent que dans cette kellia vivaient deux vieillards sans défense, avec beaucoup d'argent. Les voleurs ne réfléchirent pas longtemps. À minuit, ils se mirent en route pour la kellia et frappèrent aux portes. Ils entendirent une voix leur demandant qui c'était et ce qu'ils voulaient à pareille heure. Les voleurs n'e répondirent pas  et continuèrent à frapper aux portes. À un moment donné, leur chef, Stamatos, cria d'un ton impérieux :

"Ouvrez les portes ! Nous sommes des pèlerins, nous cherchons un endroit pour passer la nuit !"

Un jeune homme ouvrit les portes et demanda ce qui les avait amenés à la kellia. Ne cachant pas leurs armes, ils lui dirent qu'ils devaient parler à l'higoumène. Ils furent tout de même surpris de voir un jeune homme dans la kellia, car ils savaient que seuls deux vieillards y vivaient. Il les conduisit à la maison d'hôtes, l'archondariki, et leur dit : "Attendez ici pendant que j'appelle l'higoumène.

Saint Georges fait un miracle

Les voleurs s'assirent et attendirent l'higoumène. Une heure s'écoula, puis deux, mais ni l'higoumène ni personne d'autre n'apparut ; une quiétude et un silence total régnaient dans toute la maison. Les voleurs perdirent patience et voulurent se lever et commencer à piller comme ils avaient décidé de le faire depuis le début, c'est-à-dire prendre tout ce qui avait de la valeur, de l'argent aux lampes à huile en argent, tout ce qu'ils pouvaient trouver. Ils essayèrent donc de se lever, mais ils ne pouvaient pas se déplacer à droite ou à gauche, et ils ne pouvaient pas bouger leurs bras ou leurs jambes. Ils ne pouvaient pas bouger de l'endroit, comme s'ils y étaient enchaînés avec des menottes.

Alors les voleurs armés commencèrent à crier et à demander de l'aide aux vieillards faibles et infirmes. En entendant les cris, les vieux moines se levèrent effrayés de leur sommeil et coururent vers l'endroit d'où venait le bruit, et que virent-ils ? Les voleurs, qui bien que n'étant liés par rien, ne pouvaient pas faire le moindre mouvement. Les startsy leur demandèrent :

"Qui êtes-vous ? Que cherchez-vous ici ? Pourquoi êtes-vous venus et comment êtes-vous entrés chez nous ? Qui vous a ouvert les portes et vous a laissé entrer ?"

Les voleurs maudirent d'abord et menacèrent :

"Nous vous trancherons la gorge comme à des chèvres ! Vous nous avez ensorcelés et pétrifiés ici ! Laissez-nous partir si vous voulez rester en vie ! Pourquoi nous avez-vous ligotés ? Nous sommes des gens bien, nous ne sommes pas venus pour vous faire du mal."

Comprenant enfin qu'ils avaient moins de force que ces vieillards et ne pouvaient rien faire, les voleurs se mirent à pleurer et à supplier les moines de les délier. Les moines leur demandèrent d'une voix douce et calme :

"Frères, comment êtes-vous entrés dans notre maison ? Qui vous a laissé entrer, et que voulez-vous de nous ?

Les voleurs en larmes leur racontèrent les maux qu'ils avaient en tête...

Comprenant qu'un miracle s'était produit, les startsy coururent à l'église, prirent l'icône du saint mégalomartyr Georges et la montrèrent aux voleurs. Lorsque ces derniers virent l'icône, ils eurent peur et crièrent d'une seule voix :

"Oui, c'est l'homme qui nous a laissé entrer !"

Et à ce moment précis, après s'être repentis, ils se levèrent de leur place, se mirent à terre et s'inclinèrent devant l'icône de Saint Georges, s'exclamant joyeusement :

"Il nous est apparu, et maintenant il nous a libérés de ces liens invisibles !"

Ils se repentirent de leurs mauvaises actions et offrirent de nombreux cadeaux à cette kellia, dont une icône de Saint Georges, qui a depuis été appelée "St. George Phaneromenos", ce qui signifie "de l'apparition".

Après ce grand miracle, le voleur, comme nous l'a assuré la confrérie Danielite, se repentit, cessa tous ses vols et partit pour Karoulia. Là, il construisit une petite kalivve avec une petite église dédiée à saint Georges, et devint moine sous le nom de Stamatos.

On dit qu'il fut le premier à s'installer à Karoulia. Dans ce désert, il trouva la paix et le repos pour son âme, passant le reste de sa vie dans un repentir sincère et une contrition du cœur, confessant ses péchés chaque jour. Il fit de tels progrès dans la vie spirituelle qu'un moine de la Laure, plus tard Métropolite de Karitsa et professeur de l'université d'Athènes Euloge (Kourilas), comme l'écrit l'ancien Daniel de Katounakia, trouva dans les documents du monastère de la Grande Laure que "l'ancien Stamatos, l'ancien brigand, était un saint moine et qu'il fut voué à une fin vénérable."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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