samedi 3 août 2019

Sur Parlons d'Orthodoxie: Le 3 août 2008 Alexandre Soljenitsyne était rappelé à Dieu

Вечная память! Mémoire éternelle!

La mort d’un z/k Никита Кривошеин «На смерть одного з/к» 

 C’était à Moscou, Izmaïlovo, une soirée entière à m’immerger dans le cahier de « Novy Mir » avec « Ivan Denissovitch », puis des nuits blanches à déchiffrer de médiocres copies du « Pavillon des cancéreux » et du « Premier cercle ». De retour à Paris, le choc de « L’archipel ». 

 Pour moi ce sont là des évènements d’ordre existentiel. Les communistes, eux, avaient perçu dans les textes d’Alexandre Issaevitch que le glas s’était mis à sonner pour eux. 

 Tous ceux qui, comme moi, avaient séjourné derrière les barbelés, pour les Russes, pour le monde, ont senti que la délivrance était là. 

 En tandem avec le défunt prince Constantin Andronikof il m’a été donné d’interpréter en simultanée la première émission de Bernard Pivot « Apostrophes » avec Alexandre Soljenitsyne. La portée de sa voix prophétique, le rayonnement qui émanait de sa personnalité, tout ceci, a apporté des résultats tangibles : les communistes et les socialistes perdirent avec fracas les élections nationales qui suivaient de peu l’émission. L’agonie des ces formations avait commencé. 

 On peut gloser autant que l’on veut sur « le rôle de la personnalité dans l’histoire », il n’en reste pas moins que sans Alexandre Issaevitch « la doctrine d’avant-garde » aurait continué à prospérer en Occident et que la Russie n’aurait pas connu son 21 août 1991. La statue de Félix Dzerjinsky se dresserait toujours dans le centre de Moscou. 

 L’écrivain a vu sa prédiction de retour en Russie se réaliser, seulement en 1994, malheureusement. 

 Peu avant son retour en Russie Soljenitsyne était à nouveau présent sur le plateau d’Apostrophes, à nouveau interprété par Constantin Andronikof et moi-même. Pas une ombre d’amertume chez l’interviewé, au contraire, une liesse à peine contenue. 

 Ne pas croire en la sélectivité de la grâce qui touche les peuples, les personnes c’est ne croire en rien et c’est ce qui est si bien montré dans le recueil « Sous les décombres » : il est évident que le défunt Alexandre Issaevitch avait été choisi par la Providence. 
 Peu avant de regagner sa géhenne le camarade Staline disait à ses complices : « Sans moi, vous serez comme des chatons aveugles ! ». Pardonnez moi la périphrase : saurons nous, sans Soljenitsyne, « Comment réaménager notre Russie » ? 

 Le destin a fait que notre famille a connu une présence d’Alexandre Issaevitch : mon père était parmi les détenus de « la charachka » à Marfino (« Le premier cercle »), il s’y est lié d’amitié avec Nerjine, Roubine et Sologdine. Alors que la tchéka cherchait fébrilement à mettre la main sur le manuscrit de « L’archipel » le défunt Alexandre Ougrimov (l’un des personnages des « Invisibles ») se présenta dans le deux pièces de mes parents avec deux épais dossiers : « ça restera sous votre sommier une dizaine de jours… ». Accepter ces textes en consigne était un risque de vie. 

 En février 1974 mon père fut convoqué au service des passeports le lendemain de l’arrestation de Soljenitsyne pour y obtenir les papiers permettant d’émigrer. Une fois à Paris ma mère entendit l’appel lancé par Soljenitsyne aux Russes exilés d’écrire des mémoires et de les lui envoyer. Agée de 77 ans, elle se mit à l’écriture pour éditer « Les quatre tiers d’une vie » dans la série « Bibliothèque de mémoires russes ». Alexandre Issaevitch lui envoyait des lettres pour l’encourager à persévérer. 

 L’une des derniers cadeaux que Soljenitsyne nous a laissé, la monographie « Deux siècles ensemble » avait été rédigée avec l’aide de l’un de mes meilleurs amis de camp, Vladimir Telnikov. 

 Il est difficile d’évoquer la mémoire de l’écrivain sans s’exposer d’une manière personnelle : mais chaque Russe conscient de l’être, chaque chrétien est concerné par Soljenitsyne au plus profond de son être. En tant qu’ancien z/k comment ne remercierai-je pas le couple Soljenitsyne d’avoir institué un Fonds d’aide aux anciens déportés ? Ils sont encore fort nombreux en Russie à connaître de vieux jours plus que difficiles. 
 Nikita Krivocheine,2008, Paris 



 Le 3 août 2008 Alexandre Soljenitsyne était rappelé à Dieu 



 Comme il m'est aisé de vivre avec Toi, Seigneur ! 
 Comme il m'est aisé de croire en Toi !
 Quand mon intelligence s'écarte stupéfiée 
 ou se décourage, 
 quand les plus intelligents 
 ne voient pas plus loin que ce soir 
 et ignorent ce qu'il faut faire demain 
 Tu m'envoies la claire certitude 
 que Tu es 
 et que tu prendras soin  
que toutes les voies du bien ne restent pas bouchées. 

 Parvenu à la crête de la gloire humaine,
 je me retourne avec étonnement sur le chemin parcouru
 à travers la désespérance à ce point 
 d'où j'ai pu renvoyer à l'humanité
 un reflet de Tes rayons. 

 Et tant qu'il sera nécessaire 
 que je les reflète encore 
 Tu me donneras de le faire. 
 Quant à ce que je n'aurais pas le temps d'accomplir – 
 C'est que tu l'auras imparti à d'autres. 

 A. Soljénitsyne "PRIERE"
 traduite par Daniel Struve, forum ACER-MJO

Archimandrite André (Konanos) : Les passions qui s'attardent dans notre âme ne disparaissent pas facilement

Archimandrite André
Savez-vous combien de temps il a fallu à Saint Ammon pour se débarrasser de sa colère ? Il le demandait à Dieu tous les jours et savez-vous depuis combien de temps il attendait ? Depuis huit ans.

Toutes ces années, il était en colère, mais il s'y opposait en faisant appel à la prière et à la patience. Ce n'est qu'en la huitième année que le Seigneur le libéra de cette passion. Pensez à ce qui se serait passé s'il avait perdu son espérance en Dieu la huitième année et s'il avait dit : "Je ne peux plus faire cela. Un, deux, quatre, quatre, cinq, sept ans de patience. Cela ne fonctionne pas. La huitième année commença, et le Seigneur libéra Amman du péché. Après cela, son cœur devint si calme et tranquille qu'il ne se livre plus jamais Ma shoppingQu'est-ce qui teà la colère dans sa vie.

Tu es en colère ? Sois en colère. Je me mets un peu en colère aussi, pas beaucoup, mais ça arrive. Je pense que tu veux vivre ce miracle aussi ? Alors commence à prier maintenant et à faire preuve de patience. Demande à Dieu de ne pas te fâcher. Demande-le à chaque service divin. Et ne me dis pas : "Pourquoi devrais-je aller à l'église et que dois-je y faire ?" Au lieu de cela, fais ceci : si tu es en colère, assiste à l'office dominical et demande à Dieu de te libérer de cette passion destructrice. 

Tu peux aller à l'église que pour cela, c'est une bonne raison d'aller à la maison de Dieu. Dis : "Seigneur, Seigneur, accorde-moi la douceur, le calme, ne me laisse pas m'irriter pour que mes enfants ne tremblent pas quand ils me voient, pour que je ne dérange pas mon épouse en créant une atmosphère insupportable à la maison. Seigneur, éloigne de moi la colère." 

Je sais que tu l'as demandé. Combien de fois ? "Mais combien de fois dois-je demander..." Beaucoup. Saint Ammon le demandait depuis huit ans. Depuis combien de temps demandes-vtu, combien de fois as-tu dit au Seigneur : "Dieu, libère-moi de cette passion" ? De colère, de rage, d'alcool, de tabagisme, de vol, de mensonge ou de curiosité. Quelles sont tes passions, demande à Dieu de t'en débarrasser et puis supporte avec patience. 

Tu sais pourquoi tu souffres, comme saint Ammon et d'autres saints. Après tout, Celui en Qui tu mets tes espoirs, c'est le Dieu Saint, Qui est fidèle à Ses promesses et à Son amour. Et à un moment donné, Il viendra sûrement à ton secours, et vtu deviendras aussi doux qu'un agneau et tu ne te fâcheras jamais, tu ne boiras jamais, tu ne fumeras jamais, tu te libéreras de ta passion, et tu deviendras une nouvelle personne. 

Tu as besoin de patience et de prière. Attends que ton prochain change aussi pour le mieux. Ne te presse pas. Ne souhaite pas que tout change du jour au lendemain. Les erreurs de ton épouse ne se sont pas produites en un mois. Ce sont les erreurs d'une vie vécue. C'est une personnalité (χαρακτήρ - signe, trait distinctif, marque), c'est comme un style de police, une mise en page (χαράχτηκε), c'est pourquoi on l'appelle personnalité. La personnalité s'inscrit en nous depuis l'enfance. Nous ne pouvons pas changer tout cela à l'improviste. "Si nous ne trouvons pas de dénominateur commun dans un an, séparons-nous". Attendez, mes chéris. Comment ça, se séparer ? Attendez, soyez patients. "Père, quelle patience ?" La raison réside dans la personnalité. Est-il facile de la changer ? Attendez, attendez.

Je me souviens d'une personne qui suivait un régime. Un médecin lui a dit qu'il était beaucoup plus difficile de se débarrasser des couches de graisse les plus profondes. Si vous suivez un régime, il est plus difficile de perdre les derniers kilos que les premiers. Savez-vous pourquoi ? C'est parce que ces couches de graisse sont présentes dans notre corps depuis de nombreuses années. Lorsque nous sommes au régime, nous faisons ce qui suit : nous retournons brûler de vieilles couches de graisse. Disons que quelqu'un qui pèse 90 kilos veut peser 80 kilos. Il pesait 80 kilos il y a longtemps. Il a pris du poids au fil des ans. Pour retourner dans le passé, il doit perdre le poids qu'il a pris au fil des ans.

La même chose arrive à notre âme. Les passions qui s'attardent dans notre âme ne disparaissent pas facilement.

Tu dois être patient avec ton prochain. Dégage l'espace au cœur de l'autre, laisse-le réfléchir, prendre ses propres décisions, même s'il veut partir pour un moment. Laisse-le partir. Qu'il restent un peu avec sa mère, son père ou qu'il s'en aille, qu'il aille quelque part. Réfléchis, calme-toi. Tu ne peux pas demander de l'amour à quelqu'un d'autre et lui dire : "Sois bon envers moi, respecte-moi". Cela ne se produit pas sous la pression d'un autre. Seulement par libre arbitre. Par conséquent, donne du temps et de l'espace à ton prochain, et la patience est importante ici.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 2 août 2019

Un sermon tonique!

Peut-être qu'il est un peu angoissant d'entendre un prêtre traiter ses paroissiens de "criminels", mais son zèle n'est-il pas au moins un peu rafraîchissant?

Père Andrej Tkachev est célèbre pour son - comment l'appeler? - manque de rectitude politique.

Pour contextualiser son explosion d'énergie, nous devons mentionner que les Russes sont beaucoup plus patients que nous lorsqu'ils sont activement punis - même lorsqu'ils se font hurler contre - pour leur bien spirituel.

Bien sûr, c'est un peu angoissant d’entendre un prêtre traiter ses paroissiens de "criminels", mais son zèle ferme n’est-il pas au moins un peu rafraîchissant?
*

Il est nécessaire de lire la Bible sans cesse, non seulement de la lire continuellement, mais aussi de la mémoriser, d'y penser, de penser aux paroles de Dieu avec son cœur, auxquelles il faut se consacrer sans cesse. 

Vous voulez être heureux ? Voulez-vous la Grâce de Dieu ? Voulez-vous être protégés ? Voulez-vous être entendu dans vos prières ? Voulez-vous que vos demandes se réalisent ?

Vous le voulez, n'est-ce pas ? Mais pensez-vous pouvoir acheter la Grâce de Dieu avec des cierges ? [Ô Dieu,] Je te donne un cierge et Tu me fais Grâce ? Mais pas même en rêve ! Vous pouvez allumer tous les cierges du monde, ça ne vaut rien. Les cierges ne signifient rien, absolument rien pour obtenir la Grâce. Ils ne font que créer de la lumière et une atmosphère chaleureuse dans l'église. 

Voulez-vous avoir la Grâce de Dieu ? Lisez les Saintes Ecritures, confessez vos péchés devant Dieu, et priez Dieu à chaque heure dans votre esprit. Priez Dieu toujours, en tout temps et à toute heure, et aimez les Saintes Écritures. 

Jetez vos journaux, débarrassez-vous de vos gadgets, de vos écrans addictifs, de vos médias sociaux, d'Internet, éteignez vos téléviseurs, lisez les Saintes Écritures ! 

Voulez-vous avoir le Saint-Esprit ? Lisez les Saintes Écritures, et venez à l'église de Dieu aussi souvent que possible. Et le dimanche, vous devriez tous être dans l'église de Dieu. Je dois dire, c'est évident, et c'est dommage de vous le répéter : le dimanche, soyez là pour sûr ! Aujourd'hui, c'est samedi, et certains paresseux se diront : "Hier j'étais à l'église, dimanche je dormirai. Il y a beaucoup de gens de ce genre ici." 

Aujourd'hui, 90 sont venus à la Communion, et demain, dimanche, 50 seulement viendront à l'église, mais laissez-moi vous dire : les dimanche sont des fêtes encore plus angéliques ! 500 personnes viennent à Saint-Nicolas, et le dimanche il y en a 25. Criminels ! Sans Dieu ! Racailles ! Délinquants ! 

Ils méprisent la grâce de Dieu ! Ils aiment saint Nicolas et ils n'aiment pas le Christ ressuscité ! Ils aiment saint Michel et ils n'aiment pas le Christ ressuscité ! Demain, il devrait y avoir cinq fois plus de gens qu'aujourd'hui. Et arrêtez de penser à des choses comme "hier j'étais à l'église, demain je n'y vais pas, je vais quand je veux, je n'y vais pas quand je ne veux pas." 

Arrêtez avec cette infamie ! Soyez tous à l'église le dimanche et ne passez pas une seule journée sans prière. Quand vous vous levez le matin, avant de fumer une cigarette, de vous brosser les dents, de faire frire vos œufs ou de regarder la télévision, priez d'abord Dieu ! 

Avant d'aller vous coucher, priez Dieu ! Priez Dieu quand vous quittez la maison et avec gratitude quand vous revenez. Quand vous commencez à conduire et quand vous sortez de la voiture, priez Dieu. 

Et venez à l'église aussi souvent que possible, et le dimanche sans exception... sans exception ! Ne vous avisez pas de ne pas venir à l'église le dimanche ! Sinon, Saint Michel, qui vous a tous comptés aujourd'hui et vous a inscrits sur sa liste, vous retirera un jour de sa liste. Pourquoi honorer saint Michel et ne pas honorer le Christ ressuscité ? Amen. 

Je me félicite avec vous pour la sainte communion. J'espère que vous ne m'avez pas seulement entendu, mais que vous m'avez écouté ; que vous ne m'avez pas seulement écouté, mais que vous m'avez compris ; et que vous ne m'avez pas seulement compris, mais que vous agirez en conséquence. 

Et si vous agissez en conséquence, tout ira bien pour vous, et tout ira bien pour moi. Si vous ne vous comportez pas en conséquence, cela me conviendra, mais cela ne vous conviendra pas. 

Gloire à toi, ô Dieu ; gloire à toi, ô Dieu ; gloire à toi, ô Dieu !

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

et la version italienne transcrite par l'excellent blog

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Video avec sous-titres en anglais

Sur Orthodoxie.com: Interview du métropolite du Monténégro Amphiloque à l’agence Tass



Dans une interview à l’agence Tass, le métropolite du Monténégro Amphiloque a déclaré : « Je ne crois pas que le modèle du schisme orthodoxe en Ukraine puisse être répété dans les Balkans ou au Monténégro. Dedeić (le leader de « l’Église orthodoxe monténégrine » schismatique, ndt), a été réduit à l’état laïc par le patriarcat de Constantinople, donc il ne peut en être question. Pour ce qui est de la Macédoine, je ne voudrais pas croire qu’après tous les événements [en Ukraine], le patriarcat de Constantinople déclare la guerre aussi à l’Église orthodoxe serbe. Après l’Ukraine, on peut s’attendre à tout, mais j’espère néanmoins, qu’on n’en arrivera pas là », a-t-il déclaré. Le métropolite a exprimé ses regrets que « ce ne sont pas les plus dignes qui influencent le patriarche de Constantinople, mais un certain groupe de jeunes métropolites, des gens ambitieux, qui par leurs ambitions incitent le patriarche à certains agissements ». « J’ai discuté avec des gens sérieux en Grèce et d’autres encore, je ne veux pas les nommer maintenant, qui sont mécontents d’une telle influence sur le patriarche de Constantinople. C’est un homme âgé et qui s’emploie à renforcer sa primauté. Or, en réalité il la met en danger, il n’y a aucun doute à ce sujet. Il y eut de grands hiérarques sur le trône patriarcal de Constantinople, reconnus universellement, comme S. Jean Chrysostome et S. Grégoire le Théologien, mais il y eut aussi des patriarches qui ont été condamnés pour hérésie, il n’y a pas de hiérarques infaillibles dans l’Église », a souligné le métropolite. Celui-ci a rappelé que le rôle historique particulier du patriarche de Constantinople était au rôle de la ville de Constantinople comme capitale impériale : « Depuis 1453, Constantinople a cessé d’être capitale impériale, c’est aujourd’hui la capitale d’un sultan. Cette qualité de capitale impériale a été héritée par l’Empire russe, qui a joué un grand rôle pour toute l’Orthodoxie jusqu’à la mort du Tsar en 1918. Après la chute de Constantinople et le meurtre du Tsar en Russie, ces deux centres ne jouent plus leur rôle d’antan, aussi l’Église doit revenir à cette structure qui existait avant l’empereur Constantin. L’époque constantinienne de l’histoire ecclésiale est terminée. La seule autorité qui peut résoudre toutes les questions orthodoxes, c’est le Concile œcuménique ». Selon le métropolite, le Concile doit être convoqué par le patriarche de Constantinople. « Cependant, s’il continue à se conduire de la sorte, il perdra ce droit aussi. La seule Église qui est véritablement la mère de toutes les Églises orthodoxes est celle de Jérusalem, parce que ce ne sont ni Rome, ni Constantinople, mais Jérusalem qui a enfanté toutes les Églises » a conclu le métropolite Amphiloque. 

jeudi 1 août 2019

Le Maïdan du Kosovo - Peinture serbe emblématique d'une femme à la recherche de son amour parmi les morts et les blessés après la bataille du Kosovo. 
Photo : Wikipédia

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Un général américain considère l'influence de l'Église orthodoxe serbe en Serbie comme un problème pour les États-Unis et l'Occident.

L'ancien commandant de l'armée américaine en Europe, le général Ben Hodges, a affirmé dans un article que "Moscou" fait "pression par l'intermédiaire du clergé [orthodoxe]" en Serbie. Cela était lié à la situation tendue entre la Serbie et le Kosovo, ce dernier étant le cœur traditionnel de la Serbie orthodoxe, que l'Occident, après l'invasion de l'OTAN, a poussé la Serbie à reconnaître comme un État.

Cela corrobore essentiellement le discours occidental non fondé selon lequel la Russie déstabilise d'une manière ou d'une autre d'autres nations. En particulier, il y a une partie de ce récit selon laquelle l'Église orthodoxe, en particulier l'Église orthodoxe russe, est un outil du Kremlin et une menace pour les États-Unis.

Ironiquement, ce récit spécifique est apparu pour la première fois au cours de la relation louche entre le patriarcat œcuménique et le gouvernement des États-Unis sous le patriarche Athénagoras et le Président Truman. Le Président Truman considérait le patriarcat œcuménique à la fois comme un partenaire influent "dans la promotion des intérêts internationaux des Etats-Unis" et comme "un moyen de contrecarrer les efforts politiques de Moscou pour projeter l'Eglise de Russie comme un rival mondial de Constantinople".

En ce qui concerne la Serbie et le Kosovo, la situation est très compliquée, mais une chose est très claire. Si l'on examine objectivement l'effet de l'invasion et des bombardements de l'OTAN et du soutien occidental au Kosovo, il devient évident que la position occidentale a directement attaqué et affaibli le bien-être de l'Orthodoxie dans les Balkans, au profit des musulmans. L'histoire ne fait qu'illustrer davantage pourquoi les chrétiens serbes sont si défensifs face au Kosovo.

Le Kosovo est pour la Serbie ce que Kiev est pour la Russie, ou Constantinople pour la Grèce ; c'est le cœur spirituel et la patrie de l'Orthodoxie serbe, qui abrite certains de ses plus grands sanctuaires et les saints les événements les plus importants. Il ne serait pas exagéré de dire, pour paraphraser les paroles du Patriarche serbe, qu'il n'y a pas de Serbie sans Kosovo.

Que s'est-il passé exactement ici ? Au Kosovo, tous les chrétiens peuvent apprendre une grande leçon, car ici les Serbes célèbrent l'un de leurs plus grands héros, l'ethno-martyr et tzar saint Lazare, ainsi que la légendaire bataille des champs du Kosovo, commémorée à Vidovdan ou le jour de la saint Guy.

La bataille du Kosovo a été une grande victoire du peuple serbe, qui a entraîné la mort de son roi et de son grand héros, l'anéantissement de ses terres, le massacre massif de son peuple et l'annihilation presque totale de la Serbie en tant qu'État indépendant. Et oui, ils appellent ça une victoire, et voilà pourquoi :

Dans les champs du Kosovo, le peuple serbe avait le choix entre gagner une bataille spirituelle ou une bataille physique.

De gagner la gloire de leur nation et de leur état, ou les couronnes du martyre, et ils ont choisi ce dernier.

Le tzar Lazare aurait pu tenter de conclure un accord avec le sultan ottoman, qui aurait pu épargner sa vie et son royaume, mais il a compris que cela signifiait devenir le sujet d'un dirigeant musulman, et cela risquait de menacer la foi serbe.

Au lieu de cela, le tzar Lazare a décidé qu'il valait mieux mourir chrétien libre que d'être esclave des musulmans. Le sultan mourut également au combat, avec le roi serbe, et les deux forces furent presque anéanties jusqu'au dernier, mais pour la horde turque massive, ces chiffres pouvaient être reconstitués, mais pour la petite nation, elle perdit presque toute son armée, et avec elle, sa capacité à résister militairement à de nouvelles invasions.

Une partie de la Serbie est peut-être morte sur ce champ, d'une certaine manière, mais cette petite nation est morte en colosse, restant fidèle au Christ. En échange de sa fidélité, le Seigneur s'est porté garant de préserver le peuple serbe, et malgré toutes les souffrances et les ruines qu'eux-mêmes et leurs compatriotes slaves ont connues, la Serbie n'a jamais disparu de la terre.

La bataille de Kosovo, et de saint Lazare, est une leçon que gagner le Royaume des Cieux vaut la peine de mourir dans toute bataille terrestre, et aucune victoire sur terre ne vaut la peine de perdre son âme, mais il est préférable pour son corps de mourir, et son âme de rester pure.

C'est pour cette raison, et non pour un nationalisme mesquin, que les Serbes aiment le Kosovo, en plus d'être un centre de leur culture.

Pendant des siècles, la Serbie a été, comme l'Ukraine, prise entre les forces musulmanes et catholiques, en particulier austro-hongroises. L'empereur russe Nicolas II se souvint toujours de la fraternité des Russes et des Serbes, et l'Empire russe entra dans la Première Guerre mondiale, sachant même à quel point il pouvait être catastrophique de sauver ses frères orthodoxes serbes.

Il ne faut jamais oublier que cette guerre des plus cataclysmiques pour la Russie a été menée, comme les Polonais diraient "Pour notre liberté et la vôtre", pour la liberté des Serbes et des Russes.

Pour la première fois depuis des siècles, la Serbie a regagné ses terres historiques au XXe siècle, mais a ensuite perdu à nouveau le Kosovo, cette fois aux mains des puissances occidentales, qui ont exigé son indépendance après avoir bombardé la Serbie.

Aujourd'hui, au Kosovo "démocratique", les attaques contre les Églises orthodoxes sont monnaie courante et font rarement l'objet d'enquêtes par les autorités musulmanes. Ces attaques ne font pas non plus la une des journaux occidentaux, c'est pourquoi la plupart des Occidentaux n'en entendent pas parler, et ne voient donc pas la Serbie comme une victime ici.

Pourtant, à ce jour, le Kosovo fait encore l'objet de nombreuses belles chansons folkloriques serbes (dont certaines sont sous-titrées en anglais), et a toujours été tenu par les saints serbes comme étant la terre serbe. Prenons par exemple cette vidéo d'une jeune Serbe qui chante sur le Kosovo avec un touriste russe, puis qui chante l'hymne spirituel russe populaire "Kon".

Personne ne devrait être choqué que les chrétiens orthodoxes russes soutiennent les chrétiens orthodoxes serbes dans la défense des droits de l'Église qui souffre au Kosovo. Pourtant, ce soutien se trouve aux racines les plus élémentaires du cœur et de l'âme des chrétiens orthodoxes et ne constitue en aucune façon un sinistre complot russe visant à déstabiliser les Balkans.

Pourtant, l'Union des journalistes orthodoxes a écrit que le général américain considère l'Eglise serbe comme une menace pour les Etats-Unis dans la région. Le général a été catégorique sur le fait que la Russie influence le président serbe à ne pas reconnaître le Kosovo par l'intermédiaire du clergé.

Ce n'est pas une surprise, mais le fait que l'Église serbe n'appuie pas l'initiative d'une alliance militaire qui les a bombardés - reconnaître leur centre comme un pays étranger et musulman - n'a rien à voir avec l'influence russe.

L'évêque serbe de Zvornik et Tuzla Photios a été cité par l'UOJ comme disant : "Nous sommes intervenus auprès de Napoléon et d'Hitler, et de nombreux autres qui marchaient contre la Russie, et un scénario similaire est en train de se dérouler à ce stade. Aujourd'hui, l'équilibre du pouvoir dans le monde est tel que l'Occident se rassemble et frappe à nouveau l'Orient, et nous sommes sur son chemin, et c'est pour cela que nous avons souffert plusieurs fois."

De plus, l'évêque Photios estime que tout rapprochement des Serbes avec l'OTAN est immoral : "Notre peuple a déjà dit que nous ne pourrons pas l'accepter, car nous avons survécu aux bombardements de l'OTAN. Beaucoup d'entre nous étaient traumatisés à l'époque, et ce n'était certainement pas moral." La hiérarchie est également sceptique à l'égard de l'Union européenne.

Compte tenu de l'histoire dont nous avons parlé, cela ne devrait pas être surprenant, mais l'Occident continue souvent d'agir déconcerté quand les nations qu'il bombarde, et dont il attaque les valeurs culturelles et religieuses, ne veulent pas s'aligner sur ses intérêts.

Une tendance s'est fait jour aux États-Unis qui défendent leurs objectifs de politique étrangère dans les pays orthodoxes - des objectifs qui contredisent souvent la vision traditionnelle orthodoxe du monde - et lorsque l'Église locale proteste contre des questions spécifiques, comme le lobbying des forces libérales pour les défilés homosexuels, les responsables américains préviennent que c'est l'influence du Kremlin.

En Géorgie, par exemple, nous avons rapporté les propos d'un représentant du département d'État américain :

Aujourd'hui, nos efforts sont principalement dirigés vers les villes de Géorgie. Mais il y a beaucoup de gens au pays qui n'utilisent pas les médias sociaux. L'Église orthodoxe est pour eux un conducteur indirect de l'influence de la Russie. Nous devons faire plus pour expliquer à ces gens : L'Occident n'est pas indifférent aux traditions et aux croyances de la société géorgienne. À long terme, il est nécessaire de gagner la Russie. Nous avons beaucoup à faire, mais il est clair que le peuple géorgien a choisi l'avenir occidental et qu'il a besoin d'aide.

Étant donné que l'Église orthodoxe serbe a adopté une position de soutien très ferme à l'égard de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique, cela renforce probablement la façon hostile dont les puissances occidentales voient l'Église, qui ont clairement indiqué quelle partie au conflit dans l'Église ukrainienne elles soutiennent.

Si les orthodoxes jettent un regard clair sur l'histoire et l'actualité, il semble toutefois que l'on voit clairement quelles forces tentent constamment de les saboter, ce qui influence naturellement leurs relations dans le monde.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

UNE ICÔNE MYRRHOBLYTE DE ST. NICHOLAS ATTIRE DES MILLIERS DE PERSONNES DANS LA MAISON D'UN VILLAGEOIS UKRAINIEN

Photo : spzh.news
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Gnatovka, Province de Rivne, Ukraine, 30 juillet 2019

Des milliers de membres du clergé et de fidèles ukrainiens ont commencé à affluer en masse dans un village de la province de Rivne pour voir par eux-mêmes et vénérer une icône de Saint Nicolas le Thaumaturge qui a récemment commencé à exsuder du myrrhon.

Bien que de tels miracles se produisent souvent dans les églises, cette icône particulière est située dans la maison d'un simple croyant du village de Gnatovka, rapporte l'Union des journalistes orthodoxes.

Cette icône est également unique en ce que le myrrhon change de couleur à chaque fois qu'il apparaît.



Maria Rokitskaya a remarqué pour la première fois les gouttes provenant des yeux du saint le matin du 24 juillet, fête de la Grande Duchesse Olga, Égale aux Apôtres, en lisant ses prières du matin. Elle a appelé ses proches pour venir voir l'icône afin de confirmer ce qu'elle avait vu.

"Elle a descendu l'icône du mur et j'ai aussi vu les traces mouillées autour des yeux," dit sa parente Svetlana Raphailovitch. "Ensemble, nous avons décidé d'appeler et de consulter un prêtre. Le Père nous a conseillé de garder un œil dessus. Le soir venu, le myrrhon coulait de l'icône ; d'abord il était claire, puis coloré."

Avant que l'icône ne commence à couler, elle était accrochée au mur, dit Maria, mais une fois que le myrrhon a commencé, elle est tombée du mur deux fois de suite. C'est pourquoi elle a posé l'icône sur la table avec une assiette en dessous pour recueillir le liquide qui s'en écoule.   

La nouvelle de l'icône miraculeuse s'est rapidement répandue dans les villages environnants et dans toute l'Ukraine. Le clergé et les laïcs ont commencé à affluer en masse chez elle, en chantant des acathistes devant l'icône et en priant pour la guérison.


Plusieurs milliers de personnes de toute l'Ukraine ont rendu visite à l'icône pendant quatre jours, rapporte Maria Rokitskaya.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 31 juillet 2019

Interview de Tudor Petcu avec l'higoumène Ambrogio de Turin sur le rôle de la Russie

Père Ambrogio


Que représente la Russie pour vous dans le panorama orthodoxe universel ? Comment définiriez-vous le rôle spirituel de la Russie dans le monde orthodoxe ?
Avant de parler de la "Russie" du point de vue d'un prêtre orthodoxe, je voudrais dire que dans ces réponses, je parle de Rus', c'est-à-dire du regroupement idéal des peuples chrétiens de la terre historique des Russes (aujourd'hui divisée en différents états) et de tous ceux dans le monde qui se reconnaissent dans son Église. Identifier le monde de la Russie à l'actuelle Fédération de Russie, ou à l'ancienne Union soviétique, ou à l'ancien Empire russe, c'est précisément identifier le monde de la Francophonie à l'actuelle République française, ou à l'ancien Empire napoléonien... C'est un concept supranational et international, qui ne s'identifie pas par hasard avec la plus grande des Églises locales du monde. Composée de nombreux peuples (souvent très différents les uns des autres), l'Église russe a la plus grande capacité dynamique à faire en sorte qu'un peuple d'une tradition différente se sente à l'aise par rapport au peuple chrétien orthodoxe, qui veut néanmoins embrasser sa foi.
En même temps, étant obstinément orthodoxe, c'est une Église qui sait respecter l'immersion des différentes cultures dans la foi chrétienne, et donc traiter avec respect même les orthodoxies locales qui ne veulent pas, pour une raison quelconque, s'y identifier. Un rôle spirituel idéal serait donc de sauvegarder l'autonomie des autres Églises locales (souvent avec des formes d'aide concrète... et en ayant les moyens), tout en offrant un large point d'entrée à l'Orthodoxie pour tous ceux qui se sentent appelés à y entrer. Le fait que l'Église russe soit composée en grande partie de fidèles qui ont récemment repris la vie ecclésiale en fait aussi une Église étonnamment humble, qui n'opprime pas les nouveaux venus depuis lahauteur (réelle ou présumée) de sa tradition historique.
Quels sont les représentants les plus importants de l'Église russe selon vous ?
Environ 150 millions d'âmes qui s'efforcent de marcher sur le chemin du salut... Je ne plaisante pas, l'immensité même de l'Eglise russe aide à réduire considérablement les exigences d'importance des individus, et même si on peut trouver des exemples extraordinaires dans toutes les catégories (pasteurs des âmes, pères spirituels, moines et moniales, confesseurs, hommes de foi et de science exemplaires), leur simple nombre signifie que nous ne devons pas nécessairement être en compétition pour évaluer notre importance et laisser que chacun trouve son maître.
J'ai souvent entendu dire que la Russie est aussi le plus grand messager de l'Orthodoxie dans le monde. Êtes-vous d'accord avec une telle affirmation ?
Certainement le plus sous-estimé, mais peut-être que c'est bien. Seuls ceux qui sont vraiment grands ne se soucient pas vraiment de se faire petits pour les individus qui les recherchent.
Pour autant que nous le sachions, la Russie a grandement contribué au développement de l'Orthodoxie en Occident, en particulier en France et en Angleterre. Que pourriez-vous me dire sur le monde dans lequel la Russie a contribué au développement de l'Orthodoxie en Italie ?
Ici trop de pages particulières devraient être ouvertes. Disons simplement, à titre de référence générale, que le "point fort" qui a attiré tant d'hétérodoxes vers la foi orthodoxe était la confiance. Cette confiance a souvent été trahie par des individus et des groupes qui n'ont pas su l'apprécier, mais on ne peut pas dire que l'Eglise russe n'a pas accueilli les convertis avec une grande ouverture et un grand respect.
Le père Andrew Phillips, représentant bien connu de l'Orthodoxie en Angleterre, dit que la Russie est le seul pays de notre époque qui défend les valeurs traditionnelles oubliées et rejetées par la société contemporaine. Cette affirmation est-elle vraie ?
La pierre angulaire de la vision "apocalyptique" du Père Andew (dans laquelle, au moins à court terme, il a fait preuve d'une clairvoyance inhabituelle) est une Russie (ou une Rus', pour dire les choses crûment) qui, après avoir subi la plus grande persécution des chrétiens de toute l'histoire, a eu l'honneur (et le fardeau) de retarder le mal que l'humanité attire sur sa tête. Les modalités d'application de ce délai peuvent varier selon les circonstances, mais l'impulsion est certainement présente et indéniablement active.
Quelles sont les œuvres théologiques russes que vous appréciez le plus ?
 Cela dépend beaucoup de notre définition de la théologie. Je dois me rappeler que l'Église orthodoxe de Rus' ne s'est pas développée, pour des raisons historiques faciles à étudier, au milieu de débats dogmatiques, mais plutôt dans le but de maintenir une orthopraxie droite dans le culte et la vie chrétienne. C'est pourquoi, en ce qui concerne les œuvres théologiques spéculatives (qui comportent toujours le risque de dégénérer en enseignements déviants, comme dans le cas de la sophiologie promu dans les milieux de l'émigration parisienne), je voudrais donner la préférence au témoignage de l'expression liturgique dans toute sa largeur.
Que représente pour vous, en tant que prêtre orthodoxe, l'œuvre "Les récits d'un pèlerin russe" ?
Curieusement, ce livre a joué un rôle plus important dans mes années d'approche de l'Orthodoxie que dans mes années de service sacerdotal. C'est un point d'entrée intéressant sur la mentalité chrétienne orthodoxe pour d'innombrables personnes, et pour cela on ne le remerciera jamais assez, mais (dans le vrai style russe), il ne prétend pas donner une base doctrinale à la prière (ce qu'il confie explicitement à la Philocalie), et surtout il ne néglige pas la dureté du chemin ascétique (le pèlerin lui-même vit dans les récits une vie de rigueur impensable pour une grande majorité des lecteurs). Il a rarement eu des points de contact avec mon expérience pastorale réelle.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


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Archiprêtre Pavel Goumerov: ILS ONT VÉCU HEUREUX ET SONT MORTS LE MÊME JOUR.

Saints Pierre et Fébronie de Murom. 
Peinture d'Alexandre Trostev.
*
Car l'amour est fort comme la mort
(Cantique des Cantiques 8:6).
    
Etre ensemble avec nos proches après la mort

Les saints Pierre et Fébronie sont tout le temps présents dans ma vie. Tout d'abord, parce qu'en tant qu'homme de famille, je ressens en permanence l'aide de ces merveilleux protecteurs de la vie conjugale ; deuxièmement, le Seigneur m'a confié, en tant que pécheur, le soin de devenir recteur de l'Église des saints Pierre et Fébronie de Murom ; et troisièmement, pour moi la Vie des saints thaumaturges de Murom est une source inépuisable de réflexions et de thèmes nouveaux.

Je pense que le fait le plus remarquable et symbolique de leur vie est leur trépas. L'"Histoire de Pierre et Fébronie de Murom", écrite par le prêtre Hermolaus Erasmus, est souvent critiquée par des chercheurs de toutes sortes, mais, pour autant que je sache, personne ne conteste le fait que les saints époux ont quitté cette vie le même jour. Toutes les sources, y compris cette histoire et les chroniques, rapportent unanimement que les saints sont morts le même jour et même à la même heure.

"Ils ont vécu longtemps et heureux et sont morts le même jour." Nous avons lu cet aphorisme populaire à maintes reprises. Cependant, il arrive (mais pas si souvent) que cet aphorisme ne soit pas seulement la fin heureuse d'un conte de fées, d'une histoire d'amour heureuse ou des vœux pour un couple nouvellement marié à leur mariage, mais un fait réel, une réalité.

Réfléchissons à cela. Je crois que toute personne mariée aimante qui jouit d'une vie de famille heureuse pense : "Il serait si bon de ne pas se séparer de l'autre moitié un seul jour après la mort" ou "Nous aimerions pouvoir quitter cette vie le même jour et la même heure pour nous y rencontrer, là où il n'y a ni peine, ni douleur, ni soupirs, mais une vie éternelle". Chaque personne qui aime son conjoint a souvent imaginé combien il sera difficile de se séparer de son bien-aimé. Pierre et Fébronie y pensèrent aussi, et ils prièrent donc pour que le Seigneur prenne leurs âmes en même temps, simultanément. Pierre a même spécialement attendu Fébronie, lui a demandé de ne pas s'attarder et de finir ses travaux d'aiguille pour qu'ils puissent reposer ensemble.

Bien sûr, notre passage de la vie terrestre est toujours un grand mystère. Nous ne choisissons pas quand naître dans ce monde ou quand le quitter.

Tout croyant comprend que cette vie terrestre est temporelle et assez courte. Nous honorons comme des héros les couples qui célèbrent leur anniversaire de noces d'or, alors que très peu d'entre eux vivent pour célébrer leur anniversaire de diamant (le soixante-quinzième) et d'autres jubilés similaires. Eh bien, ils ont célébré les anniversaires de noces d'argent et d'or (ils ont élevé un fils, construit une maison, planté un arbre)... et ensuite quoi ? Notre vie de famille sur Terre n'est qu'une préparation à l'éternité. Dans une famille chrétienne, nous nous réunissons pour le salut et l'amour.

La tâche de la famille comme "petite église" est la même que celle de l'Église universelle - entrer ensemble dans le Royaume de Dieu le Père. Ce n'est pas sans raison que l'apôtre Paul dit : La charité [l'amour] ne périt jamais (1 Cor. 13:8). L'un des attributs de l'amour véritable est qu'il dure éternellement. Et si les gens ont vécu une longue vie dans l'affection, la joie et le chagrin, si tous deux ont cru en Dieu et ont travaillé au salut de leur âme, alors, sans aucun doute, ils désirent se rencontrer dans le Royaume céleste, même s'ils quittent cette vie à différents moments.

Saints Pierre et Fébronie de Murom. 
Peinture d'Alexandre Trostev.

Un mariage, une cérémonie de mariage à l'église est toujours un événement heureux, non seulement pour le marié et la mariée, mais aussi pour toutes les personnes présentes. Un invité de mariage partage la joie des jeunes mariés et cela le rend heureux aussi. Comme le dit l'Evangile de Jean : Celui qui a l'épouse est l'époux ; mais l'ami de l'époux, qui se tient debout et l'écoute, se réjouit beaucoup à cause de la voix de l'époux (Jean 3.29). Mais le mariage le plus heureux et le plus émouvant que j'ai vu à l'église, qui m'a ému aux larmes, n'est pas le mariage d'un jeune couple mais celui d'un très vieux couple [1] Pendant ce sacrement, je suis entré en contact avec l'éternité, avec cet amour éternel qui "ne s'arrête pas". J'ai été invité à donner la communion à un vieil homme qui mourait d'un cancer. Il était dans ses derniers jours, très faible, incapable de marcher, et ne pouvait que rester étendu et s'asseoir un peu. Son épouse était si faible qu'elle ne pouvait pas quitter l'appartement. Je l'ai confessée et je lui ai aussi donné la communion. Pendant la confession, l'épouse m'a fait part de son chagrin : Elle était attristée de ne pas avoir eu le temps d'épouser son mari à l'église ; et puis, elle s'est dit qu'il était trop tard parce que son mari était mourant. "Mieux vaut tard que jamais ", j'y ai réfléchi et je me suis permis d'accomplir ce sacrement sur eux directement chez eux.

Bien que cette cérémonie soit censée se dérouler à l'église, je pense que l'homme en phase terminale n'aurait guère pu aller aussi loin que l'église. La joie du couple était illimitée. Ils pleuraient d'une tendre émotion. Et je pouvais à peine retenir des larmes de joie pour eux. Ces gens avaient conservé l'amour et la foi dans leur vie terrestre, et ce mariage était comme une bénédiction pour eux avant d'entrer dans la vie éternelle.

Je ne sais pas combien de temps cette vieille femme a vécu après la mort de son époux; je ne l'ai jamais revue. Mais il est certain qu'elle ne se souciait plus d'elle-même ni de son époux, et qu'elle attendait la rencontre avec son bien-aimé dans l'éternité.

Mais il arrive souvent (et beaucoup d'entre nous en ont été témoins) que des conjoints aimants meurent l'un après l'autre, comme les saints Pierre et Fébronie, ou meurent dans un laps de temps relativement court. Il arrive qu'un conjoint âgé décède le premier et que son autre moitié décède peu après lui. Comme on dit : "Il l'a appelée", ou "Elle l'a appelé." Parfois, cela se produit à la suite d'un profond chagrin - le cœur d'une personne se brise à cause de sa grande détresse. Mais j'ai souvent observé quelque chose de différent dans des familles profondément religieuses. Ayant perdu son autre moitié (c'est-à-dire une partie de lui-même), une personne a simplement cessé de s'accrocher autant à cette vie terrestre. Il vivait toujours avec nous sur Terre, mais en même temps il désirait ardemment l'éternité, pour être un citoyen du Royaume céleste. Il se préparait pour le voyage, pour sa rencontre avec le Créateur et sa bien-aimée. Il n'est pas mort de désespoir ou d'insuffisance cardiaque, mais de causes naturelles.

Les Aksenovs et leurs églises

Le Père Victor et Matouchka Vera Aksenov 
avec leur fils Roman.

J'ai récemment été invité aux funérailles d'un merveilleux pasteur-archevêtre Victor Aksenov [23 mars 1936 - 1er octobre 2016]. Le Père Victor a vécu moins d'un an après le repos de son épouse - sa matouchka [épouse du prêtre] Vera, qu'il aimait beaucoup. Le prêtre et son épouse étaient tous deux des gens d'une gentillesse, d'une modestie et d'une humilité étonnantes. Je pense que c'est précisément pour leur humilité que le Seigneur s'est porté garant qu'ils vivraient une longue et heureuse vie et qu'ils ne seraient pas séparés longtemps. Dieu ne leur a envoyé qu'un seul enfant, et pas immédiatement, mais après huit ans de vie commune. Mais que c'est un enfant gentil! Leur fils Roman, avec qui j'ai étudié au Séminaire théologique et à l'Académie de Moscou, est devenu prêtre, professeur de séminaire, a eu six enfants (trois garçons et trois filles) et a suivi les traces de son père. Le Père Roman a terminé la rénovation de l'église que le Père Victor avait commencé à restaurer. Il serait peut-être utile de vous donner un compte rendu plus détaillé concernant cette église.

Quand Roman Aksenov et moi étudiions encore au Séminaire théologique de Moscou, tous nos camarades de classe savaient où le futur Père Roman allait servir, car son père avait entrepris la restauration d'une église près de leur village natal. L'église Saint-Nicolas le Thaumaturge du village de Nikolo-Krutiny avait été fermée et ravagée à l'époque soviétique. Il fut un temps où le recteur de cette église fut le hiéromartyr Nikolaï Golyshev (1882-1938, fête : 4/17 février). C'est lui qui baptisa le nouveau-né Victor Aksenov. Les villages de Nikolo-Krutiny et de Berejki (lieu de naissance du Père Victor) forment pratiquement un seul grand village à la périphérie de la ville de Yegoryevsk dans la région de Moscou. Ces deux localités peuplées s'étendent le long d'une route et n'ont presque pas de frontières distinctes. Chaque fois que le Père Victor passait devant l'église fermée et profanée, son cœur était profondément attristé. Pouvait-il imaginer à ce moment-là qu'un jour il entreprendrait la restauration de cette église, associée à sa maison ?

L'église Saint-Nicolas dans le village de Nikolo-Krutiny.

Le Père Victor a servi dans de nombreuses paroisses, mais quand il est devenu doyen du district de Yegoryevsk, l'église Saint-Nicolas a été rendue au Patriarcat de Moscou. Plus tard, son fils en devint le recteur et poursuivit le ministère de son père. Le clergé dans la Russie pré-révolutionnaire était comme une classe : très souvent le recteur d'une église paroissiale était remplacé par son fils après sa mort. 

Aujourd'hui, ce phénomène est très rare. Personnellement, je ne connais qu'un seul exemple de ce genre. En fait, je n'ai jamais rencontré de famille plus patriarcale et traditionnelle que la grande famille de Père Victor et Matouchka Vera. J'ai connu beaucoup de familles de prêtres où même plusieurs fils ont suivi les traces de leur père, mais seuls les Aksenov ont donné un exemple du mode de vie familial selon la classe et la communauté. Comme le dit l'adage : "C'est l'esprit russe, le parfum de la Russie." Jugez par vous-même. Presque toute la vie du Père Victor et de sa famille est liée à la même maison et à une église rurale. Cette maison est un simple izba de campagne [maison de paysan en Russie], peinte à l'huile verte, avec ses fenêtres face à la route. Le Père Victor lui-même et son fils Roman y sont nés. Et c'est là que le Père Victor et son épouse reposèrent paisiblement en Christ. Les parents de Victor Aksenov étaient des gens ordinaires et pieux. Son père chantait dans la chorale de l'église du village de Nikolo-Krutiny. Lorsque l'église fut fermée, la famille commença à fréquenter la seule église active de la ville de Yegoryevsk, dédiée à saint Alexis, métropolite de Moscou. Et cette église devint le dernier lieu du ministère de l'archiprêtre Victor. Il occupa le poste de recteur de l'église Saint-Alexis jusqu'à sa mort.

Quand Roman, le fils du Père Victor, se maria, la famille Aksenov construisit une annexe spacieuse attachée à leur maison et commença à vivre tous ensemble comme une grande famille très unie. C'était une coutume courante dans le passé : Lorsqu'un fils se marie, le jeune couple commence généralement son ménage en faisant simplement une extension, une annexe à la maison principale.

La famille de l'archiprêtre Victor Aksenov.

    
Je suis d'avis que les Aksenov et les familles comme eux restaurent notre lien avec la Sainte Rus' des temps anciens et nous aident à conserver les anciennes traditions qui ont permis à nos ancêtres de créer des familles heureuses et unies depuis l'époque des saints Pierre et Fébronie et même auparavant. Tous les problèmes de la famille russe moderne sont le résultat de la perte des traditions et de la rupture des liens avec l'expérience des générations précédentes. Imaginons cette image : Le fils restaure l'église que son père et son grand-père fréquentaient bien avant lui. Lui et ses enfants sont nés et vivent dans la maison où son père est né. La voici, la succession des générations ! N'est-ce pas une merveille ?

La dernière fois que j'ai visité la maison des Aksenov, c'était le quarantième jour après le repos en Christ du Père Victor. Avant de quitter leur maison, je m'arrêtais instinctivement comme si j'avais oublié quelque chose. Il s'est avéré qu'à chaque fois que je disais au revoir au Père Roman, je venais aussi dans la partie de la maison du Père Victor pour lui dire au revoir ainsi qu'à Matouchka Vera... Une boule dans ma gorge. Je ne pourrai pas le refaire, mais si Dieu nous trouve dignes, nous nous reverrons dans l'au-delà.

Le Tsar martyr Nicolas II,: "Le sort de ma famille est entre les mains du Seigneur".
Les Saints Martyrs Royaux.
   
En plus des saints Pierre et Fébronie, il y a un autre couple saint dont nous mentionnons tout le temps l'expérience familiale et que nous considérons comme une icône d'une famille chrétienne heureuse. Il s'agit de l'empereur Nicolas Alexandrovitch Romanov et de son épouse, la tzarine Alexandra Feodorovna. Ces deux couples de saints ont beaucoup en commun. Les deux familles étaient heureuses dans leur amour. Toutes deux étaient des familles dirigeantes et très aimées des gens ordinaires, mais détestées par les hauts membres des boyars [2]. Ces derniers ont essayé de forcer saint Nicolas et saint Pierre à abdiquer le trône et à se retirer. Et les deux dirigeants se retirèrent, de leur plein gré.

De nombreux livres ont été écrits sur la famille portant la couronne - les derniers membres dirigeants de la dynastie Romanov ; les journaux de la tsarine ainsi que la correspondance des martyrs royaux (qui est remplie d'amour et d'affection ardente les uns pour les autres) ont également été publiés.

Le gouvernement provisoire [3] a mis sur pied une commission d'enquête qui a tenté de trouver des faits pour prouver que le tzar et le tzarine étaient coupables de haute trahison. Bien sûr, de tels faits n'ont pas été trouvés. Un membre de la commission a demandé pourquoi la correspondance du couple royal n'avait pas été publiée à ce moment-là. La réponse était : "Si nous publions leur correspondance, le peuple commencera à les vénérer comme des saints."

Je ne doute pas que les saints Nicolas et Alexandra aient lu la Vie des saints Pierre et Fébronie et qu'ils la connaissaient très bien. L'empereur et l'impératrice ont très probablement pensé et rêvé plusieurs fois que "ce serait une bénédiction de quitter cette vie comme ces saints - ensemble, sans être séparés pour un seul jour". Et le Seigneur leur a accordé cette mort. Leur mort était chrétienne, mais elle ne pouvait en aucun cas être qualifiée de pacifique. C'était la mort de martyrs. Mais pour eux, l'essentiel était qu'ils soient restés avec leur pays jusqu'à la fin, qu'ils aient partagé son sort dans la souffrance et qu'ils ne se soient pas séparés les uns des autres et de leurs enfants bien-aimés pendant un seul jour ou une seule heure.

La famille impériale a-t-elle eu l'occasion de s'échapper et de quitter le territoire de la Russie ? On sait qu'il existait un plan pour sauver la famille du dernier tzar. Les monarchistes parmi les officiers blancs préparaient une opération pour sauver la famille du tzar-martyr. Mais en raison d'une mauvaise organisation, ce plan n'a jamais pu être réalisé. Nicholas et Alexandra avaient des parents très proches parmi les maisons dirigeantes de l'Europe. Le cousin du tzar, George V, était roi d'Angleterre. Un autre cousin, Constantin Ier, était roi de Grèce ; et un autre cousin, Christian X, était roi du Danemark.

Comme on le sait, à l'époque, aucun pays ne considérait le nouveau pouvoir d'Etat révolutionnaire en Russie comme légitime. La république bolchévique était considérée comme un État autoproclamé et illégitime. Il aurait été possible de conclure un marché avec les bolcheviks et d'exiger la libération de la famille royale pour émigrer à l'étranger en échange de la reconnaissance de la légitimité de l'État nouvellement formé par certains pays.

Bien sûr, ce ne sont que des hypothèses, des spéculations très audacieuses. On pourrait conjecturer à l'infini : "Que serait-il arrivé si..." Mais ce que nous savons avec certitude, c'est que ni l'Empereur ni l'Impératrice ne voulaient quitter leur pays, et ils ne firent aucun effort pour négocier une évasion. C'est dès 1906, pendant la rébellion de Cronstadt, que Nicolas II dit : " J'ai une foi inébranlable que le sort de la Russie, mon propre destin et celui de ma famille sont entre les mains du Seigneur. Quoi qu'il arrive, je m'inclinerai devant Sa volonté." Alors qu'il était déjà assigné à résidence à Ekaterinbourg, il a déclaré : "Je ne veux pas quitter la Russie. Je l'aime trop. Je préfère aller dans les coins les plus reculés de la Sibérie." Et sa sainte épouse écrivit pendant son enfermement : "Comme j'aime mon pays, avec toutes ses fautes. Il me devient de plus en plus cher, et je remercie Dieu chaque jour de nous avoir permis de rester ici." Les martyrs impériaux ne s'imaginaient pas sans l'autre et sans le pays qu'ils aimaient tant.

Les saints martyrs impériaux

Je pense que les martyrs impériaux avaient le pressentiment que la fin était proche et qu'ils s'en iraient sous peu vers un monde meilleur - un monde sans souffrance, sans guerres, sans révolutions. Si la famille Romanov avait réussi à fuir la Russie, quel aurait été son destin ? Il est fort probable qu'ils auraient mené la vie d'émigrants russes ordinaires, passant le reste de leurs jours loin de leur patrie perdue, ayant le mal du pays. Les Grandes Princesses se seraient mariées, et le Tzarevitch Aléxis se serait probablement marié aussi. Mais Dieu vit les choses autrement. Il les a pris de cette vie terrestre ensemble, comme ils avaient marché ensemble sur leur chemin de vie. Et le sombre sous-sol de la maison Ipatiev devint leur porte vers la vie éternelle.

Leur vie terrestre fut-elle longue ? Le couple portant la couronne vécut ensemble pendant environ vingt-trois ans et il n'atteignit même pas son anniversaire de noces d'argent. Il est vrai que ce n'est pas grand-chose pour un couple moyen, c'est l'âge moyen.

Furent-ils heureux ? Ils le furent certainement ! Dans leur vie, ils eurent de l'amour, des joies, des épreuves qu'ils surmontèrent ensemble. Et l'essentiel, c'est qu'ils marchèrent ensemble vers Dieu toute leur vie et ne se séparèrent jamais sur ce chemin, jusqu'à leur mort.

Ils ont vécu heureux et sont morts le même jour.

VERSION FRAN4AISE CLAUDE LOPEZ-GINISTY
d'après


1] Il arrive souvent en Russie qu'un couple ait été marié par les autorités civiles sous le régime soviétique, et qu'après être venu à la foi, son mariage soit "couronné" lors d'un service nuptial à l'église.

2] La vieille aristocratie en Russie, la plus proche en rang d'un prince.

3] Le gouvernement composé principalement de l'aristocratie russe arrivée au pouvoir après l'abdication du tsar. Il fut renversé par les bolcheviks, et les membres s'enfuirent ou furent emprisonnés et exécutés.