samedi 4 mai 2019

Saint Nectaire d'Optina: Vaincre le découragement




Il y a des gens qui ne se tournent jamais vers Dieu, qui ne prient pas, mais soudain, il arrive qu'ils deviennent mélancoliques et tourmentés; le cœur est alors lourd et l'homme sent que nul autre être humain ne peut l'aider à sortir de cet état misérable.



Quelqu'un peut l'écouter, mais il ne comprendra pas sa détresse. Alors cet homme se tourne vers Dieu avec un soupir qui vient du fond du cœur, disant " Seigneur, prends pitié!" 

Il semble qu'il suffise de prononcer la prière une fois, "Seigneur Prends pitié!", mais à l'Eglise nous la disons trois fois, douze fois, quarante fois. C'est pour les âmes qui ne peuvent même pas prononcer une fois "Seigneur prends pitié!" et ainsi, l'Eglise le dit pour eux.
Et le Seigneur entend, et vient d'abord une petite mesure de grâce, comme la flamme d'un cierge, et puis l'âme ressent de plus en plus de réconfort.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après Saint Staretz Nectaire d'Optina
in Orthodox Word N°129
St Herman Brotherhood
Platina, California, USA

"LE PATRIARCHE BARTHOLOMÉE NE RESPECTE PAS LES CANONS SACRÉS" : 12 STARTSY ATHONITES S'ADRESSENT À LA SAINTE COMMUNAUTÉ POUR DÉFENDRE L'ÉGLISE CANONIQUE UKRAINIENNE


Mont Athos, le 24 avril 2019

Les conséquences de la création par le Patriarcat de Constantinople d'une nouvelle église schismatique en Ukraine et de l'octroi de l'autocéphalie à cette église continuent de se faire sentir dans tout le monde orthodoxe et l'enclave monastique du Mont Athos ne fait pas exception. La question a divisé les monastères, dont certains ont accepté et concélébré avec les représentants en visite de la nouvelle "église", et dont certains les rejettent catégoriquement comme schismatiques.

OrthoChristian a récemment publié une traduction de l'opinion des représentants de quatre monastères grecs qui ont vivement critiqué l'Eglise orthodoxe russe et le monastère russe Saint Panteleimon du Mont Athos.

Aujourd'hui, une lettre de 12 startsy athonites de diverses skites et cellules a été publiée en grec par Romfea et en russe par le Département des relations extérieures de l'Eglise orthodoxe russe. La lettre est datée du 17 mars, un mois après que la première délégation schismatique eut visité le mont Athos et célébré la Liturgie dans plusieurs monastères.

"C'est avec beaucoup de tristesse et d'inquiétude que nous apprenons ce qui se passe dans l'Église orthodoxe dans son ensemble à cause de l'octroi non canonique de l'autocéphalie aux schismatiques d'Ukraine sans le consentement de l'Église autonome canonique dirigée par le métropolite Onuphre, qui considère toujours les nouveaux "autocéphalites" comme schismatiques, sans communion avec eux et avec tous ceux qui ont communion avec les schismatiques, sur la base des saints canons, " dit  cette lettre pour commencer.

Le Patriarcat de Constantinople a accordé l'autocéphalie à un groupe relevant de la juridiction d'une autre Église, en violation flagrante des saints canons, écrivent les pères athonites, et l'Église russe a ainsi rompu la communion avec le Patriarcat de Constantinople. Selon les auteurs, les actions de Constantinople menacent un schisme de l'ampleur de la scission de 1054 entre Rome et Constantinople.

L'Eglise saigne encore des blessures du concile œcuménique de Crète en 2016, et une nouvelle blessure a été infligée, "dont le Patriarcat œcuménique est le seul responsable", peut-on lire dans la lettre. De plus, cette justification du schisme met les âmes en danger de damnation parce que le Saint-Esprit n'est pas actif dans le schisme, écrivent les pères, en référence aux enseignements des saints Basile le Grand et Jean Chrysostome.

L'hérésie et le schisme sont l'œuvre de Satan, écrivent catégoriquement les Athonites. "Quand [le Diable] ne parvient pas à contrecarrer le salut par des hérésies, alors il travaille à provoquer des schismes ", affirment-ils. L'occasion de l'écriture de cette lettre, écrivent les auteurs, est qu'ils ne veulent pas tomber dans ce travail destructeur de l'âme du Diable.

Les startsy athonites continuent à reconnaître les schismatiques précisément en tant que tels, et ils rejettent le révisionnisme historique de Constantinople qui prétend que l'Ukraine a toujours été son territoire :

Nous avons quitté le monde et les plaisirs du monde et nous utilisons nos âmes et nos corps pour des podvigs [exploits ascétiques], pour obtenir la miséricorde de Dieu. Ne serait-ce pas une inexcusable négligence et folie de rendre nos travaux et nos aspirations sans valeur en communiant avec les schismatiques ukrainiens qui sont éloignés de la communion eucharistique et défroqués par l'Église russe à laquelle ils ont appartenu pendant plus de trois siècles, selon la reconnaissance constante, continue et générale de toute l'Orthodoxie, y compris du Patriarcat oecuménique ?

Les Pères invoquent ensuite les canons des conciles œcuméniques de Laodicée et d'Antioche pour démontrer que la prière commune avec les schismatiques est interdite, et que ceux qui entrent en communion avec les excommuniés doivent eux-mêmes être excommuniés. De plus, seule l'Église qui excommunie quelqu'un peut le recevoir en retour - une règle clairement enfreinte par le patriarche Bartholomée, écrivent les Pères, ce qui, selon le Concile d'Antioche, le soumet à l'excommunication.

"En 1686, par un acte du Patriarche Dionysius IV, [l'Ukraine] entra dans la juridiction du Patriarcat de Moscou, qui, selon le consentement panorthodoxe, est resté en vigueur pendant 333 ans jusqu'à ce jour", peut-on lire dans la lettre. Plus tard, après la chute du communisme, Philarète Denisenko est entré dans le schisme après avoir perdu l'élection du Patriarche de Moscou et a ensuite été défroqué et anathématisé. Ainsi, les ascètes athonites rejettent le révisionnisme historique qui dit que Philarète a été puni simplement pour avoir désiré l'autocéphalie. De plus, l'"Église orthodoxe autocéphale ukrainienne" de Macaire Maletitch remonte non seulement aux schismatiques, mais aussi à ceux qui sont totalement dépourvus de toute succession apostolique, affirme la lettre, et ils sont donc reconnus comme schismatiques par tous, sauf Constantinople. Cependant, l'Église canonique reste celle dirigée par le Métropolite Onuphre, selon les startsy Athonites.

Et le problème n'a pas commencé avec la situation ukrainienne : "On sait depuis longtemps que le patriarche Bartholomée n'a aucun respect particulier pour les canons sacrés, qu'il a violés et viole encore, surtout en ce qui concerne les relations avec les hérétiques, et maintenant avec les schismatiques."

L'ensemble de la construction sur laquelle l'invasion par le patriarche Bartholomée du territoire de l'Église ukrainienne est construite est comme une maison construite sur le sable par des conseillers incompétents :

Dans un premier temps, s'appuyant sur des conseillers théologiques insuffisamment éduqués ou égoïstes, il essaya de justifier son invasion en se référant au concept d'ekkliton (ἔκκλητον), c'est-à-dire que lui seul, en tant que second pape, peut accepter les appels et les pétitions des autres Églises autocéphales, tel qu'il est, semble-t-il, selon l'opinion prédominante récemment apparue des pseudo-théologiens de l'ère post-patristique, non pas le premier parmi ses pairs (primus inter pares), mais le premier sans égal (primus sine paribus).

Et plus loin :

Mais cet argument s'est immédiatement effondré parce qu'il contredit le système conciliaire de gouvernance de l'Église, dans lequel tous les patriarches et les primats sont considérés comme égaux les uns aux autres, Constantinople n'ayant qu'une primauté d'honneur et non du pouvoir, comme le prétend le Pape. Le droit d'entendre les appels ne s'étend qu'à ceux qui relèvent de sa propre juridiction, et non de celle d'autres patriarches.

Les pères se réfèrent ensuite aux commentaires sur le 9e canon du IVe Concile œcuménique de saint Nicodème l'Hagiorite, "l'un de nos plus grands théologiens et canonistes", pour étayer leur argument sur qui a le droit d'entendre quel appel.

Les startsy athonites soulignent ensuite le changement de tactique de Constantinople par rapport à la situation ukrainienne :

Lorsque le patriarche Bartholomée s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas compter sur l'ekkliton dans son intervention transfrontalière dans les limites de la juridiction d'autrui, alors avec l'aide de ses propres conseillers, prêts à le servir, il a découvert 333 ans plus tard que l'Ukraine est dans la juridiction non de la Russie, mais de l'Eglise Constantinopolitaine ! Ses théologiens inattentifs ou militants ont caché et mal interprété de nombreux documents et opinions pour en arriver à la conclusion ridicule sur le caractère temporaire du transfert de l'Ukraine à l'Église russe (un caractère temporaire de plus de trois siècles !), et que maintenant cette concession est annulée.

Malgré ces jeux de Constantinople, toutes les Eglises locales reconnaissent l'Eglise d'Ukraine comme celle dirigée par le "sage et modeste" Onuphre qui n'a pas demandé l'autocéphalie, comme l'écrivent les startsy. Comme l'autocéphalie a été donnée à un groupe minoritaire de schismatiques, contre l'opinion pan-orthodoxe, l'autocéphalie est très problématique.

Les auteurs de la lettre considèrent également qu'il est injuste et dénué de logique fondamentale de "placer une loupe" sur les tendances nationalistes ou œcuméniques de certains dans l'Église russe (passée et présente), mais pas sur l'Église ukrainienne canonique dont ils font état, afin de justifier l'invasion anticanonique de Constantinople.

Les anciens témoignent ensuite que la majorité des Pères de la Sainte Montagne se réjouissent de la décision de la Communauté Sacrée de ne pas envoyer de délégation à l'intronisation du schismatique "métropolite" Epiphane Doumenko, ni même de lui envoyer une lettre de félicitations. Mais ils étaient très contrariés par la minorité des monastères et des pères qui participèrent néanmoins à l'intronisation.

Les mêmes sentiments de déchirement ont été causés par la visite de la délégation de l'église schismatique à la Sainte Montagne : " Les mêmes sentiments de joie ont rempli nos cœurs parce que beaucoup de monastères ont empêché la visite des 'évêques' et des 'clercs' de la nouvelle fausse Église, mais [nous avons ressenti]amertume et colère sans passion envers ceux qui, heureusement, peu  nombreux, les ont acceptés poliment et/ou ont servi avec eux !!!!".

En raison de la gravité de la question et de la haute autorité dont jouit le Mont Athos dans le monde orthodoxe, et pour assurer l'unité interathonite, les auteurs de la lettre demandent que les schismatiques se voient refuser l'accès à la Sainte Montagne, ou du moins que leurs "clercs" ne soient pas autorisés à servir, tant qu'une résolution pan-orthodoxe n'est pas trouvée, car, malgré la pression extrême, aucune Église, depuis ces trois mois, ne reconnaît ces schismatiques. Cette décision devrait être prise le plus tôt possible étant donné les nouvelles concernant les schismatiques qui prévoient d'autres visites au Mont Athos, écrivent les Pères.

En outre, les fondateurs du mouvement schismatique ukrainien ne sont pas seulement condamnés par l'Eglise, mais ont aussi la condamnation des tribunaux civils pour des crimes moraux graves, impensables même pour les non-chrétiens, lit-on dans la lettre. Ils sont également accablés par l'implication dans le récent schisme bulgare, les liens avec les uniates ukrainiens et les persécutions contre l'Église canonique, surtout après que Constantinople les ait reconnus. Ils déplorent également les récentes déclarations d'Epiphane Doumenko au sujet de l'adoucissement [de la position de l'église ukrainienne  vis à vis]du péché d'homosexualité.

De plus, les schismatiques qui visitent la Sainte Montagne ne sont pas spirituellement, mais plutôt politiquement motivés - ils ne cherchent qu'à faire accepter leur groupe illégitime afin qu'ils puissent ensuite l'annoncer au monde orthodoxe, "et réaliser leurs plans mauvais", écrivent les startsy athonites.

En conclusion, les Pères soulignent qu'ils ne mettront pas en péril leur salut en entrant en communion avec les schismatiques excommuniés et qu'ils ne feront pas la promotion du schisme actuel au niveau local ou global orthodoxe.

"Nous craignons un schisme interathonite si nous ne prenons pas des décisions correctes et courageuses ", concluent les Pères.

La lettre est signée par :

Staretz Hiéromoine Arsenios avec la confrérie de la cellule Panagouda du monastère de Koutloumousiou ;

Staretz Hiéromoine Abraham avec la confrérie de la kallyve de Saint Gerasimos de la skite de Koutloumousiou ;

Staretz Hiérodiacre Theophilos avec la confrérie de la cellule des saints Anargyres du monastère de Grigoriou ;

Staretz Nicolas de la cellule de Saint Démétrios du monastère de Hilandar ;

Staretz Joseph avec la confrérie de la cellule de Saint Théodore du monastère Saint Paul ;

Staretz Savva avec la confrérie de la cellule des Saints Archanges du Monastère de Hilandar ;

Staretz Nikodemos, de la cellule de Saint Nectaire du monastère de Stavronikita ;

Staretz Gabriel, de la cellule de Saint Christodoulos du monastère de Koutloumousiou ;

Staretz Euphrosynos avec la confrérie de la cellule de Saint Jean le Précurseur du Monastère de Koutloumousiou ;

Staretz Païssios avec la confrérie de la cellule des Saints Archanges du Monastère de Hilandar ;

Staretz Nikodemos, de la cellule de Saint Jean le Théologien de la Grande Laure ;
Staretz Arsenios de la kallyve du Saint Moine-Martyr Gerasimos de lka skite de Koutloumousiou.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Publication


L’Église orthodoxe en Belgique

Courrier hebdomadaire n° 2399-2400,
par S. Model, 60 p., 2019
12,40 Euros
Référence : CH2399-2400
ISBN : 978-2-87075-205-0

EN SAVOIR PLUS

L’orthodoxie est l’un des six cultes reconnus officiellement par l’État belge (avec le catholicisme, le protestantisme, l’anglicanisme, le judaïsme et l’islam) à côté de la laïcité organisée. Par ce statut légal, qui date de 1985, trois droits sont accordés aux orthodoxes de Belgique : la reconnaissance (initialement par l’État belge, aujourd’hui par les trois Régions et la Communauté germanophone) de paroisses déterminées, avec traitement pour leurs desservants et possibilités de subsides ; la possibilité d’intervention dans les médias (radio et télévision) ainsi que dans les hôpitaux et les prisons ; l’organisation de cours de religion chrétienne orthodoxe dans les établissements d’enseignement public.
Aujourd’hui, le nombre de chrétiens orthodoxes vivant en Belgique est d’environ 100 000 personnes, toutes provenances confondues (Grecs, Russes, Roumains, etc.). Le territoire belge compte plus d’une soixantaine de lieux de culte orthodoxe : paroisses, chapelles, missions, petits monastères. Ceux-ci sont desservis par trois évêques résidant dans le pays, une cinquantaine de prêtres et une quinzaine de diacres. Ces personnes appartiennent à diverses communautés (relevant soit du patriarcat œcuménique de Constantinople, soit du patriarcat de Moscou, de Roumanie, de Bulgarie, de Serbie ou de Géorgie). En effet, si l’Église orthodoxe en Belgique est unie par une foi et une identité communes, elle se caractérise également par une diversité organisationnelle relativement complexe.
Ce Courrier hebdomadaire retrace le parcours historique de la présence orthodoxe en Belgique depuis ses débuts au XIXe siècle, présente la situation actuelle de cette Église sur le territoire belge (notamment son organisation interne et ses relations extérieures), traite de la reconnaissance du culte orthodoxe par l’État belge et de ses conséquences, et analyse le rapport entre les Églises orthodoxes et les institutions européennes. Il évoque également quelques questions ouvertes, discutées tant au sein de la communauté orthodoxe qu’en dehors de celle-ci.

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vendredi 3 mai 2019

12 citations sur l'Orthodoxie, l'œcuménisme et le catholicisme romain (R)


Moines du Mont Athos 
martyrisés par les Catholiques romains


1. Œcuménisme: Inventé par les protestants. Adapté par les catholiques. Imposé aux orthodoxes. N'êtes-vous pas d'accord que c'est louche?


2. Beaucoup de protestants voient les catholiques avec générosité, les considèrent comme fondamentalement équivalents aux protestants. Les catholiques étendent le même esprit de générosité en considérant les orthodoxes comme essentiellement catholiques. Mais les différences sont fondamentalement plus profondes.


3. Ce que les orthodoxes, les catholiques, et les protestants ont en commun, est véritablement significatif. Il y a vraiment beaucoup de choses en commun. Mais il y a, remarquablement, aussi beaucoup de choses en commun entre chrétiens, hindous, et taoïstes classiques, même s'il y a moins de choses en commun que ce que les chrétiens ont en commun.

Les points communs sont importants, mais au-delà les différences étant aussi importantes, la communion orthodoxe manifeste une différence profonde. Regarder les similitudes théologiques et ignorer le point de communion est une façon de filtrer sa boisson pour éviter un moucheron et avaler un chameau (Matthieu 23: 24)


4. L'Eglise doit respirer avec ses deux poumons. (Et plus tôt elle commencera à respirer avec le poumon occidental, mieux cela sera [id est, elle ne le fait pas actuellement).

5. J'ai vu des T-shirts qui disent, "Chrétien orthodoxe en communion avec Rome" et j'ai souhaité faire, entre autres choses, un T-shirt qui dise "catholique chrétien en communion avec l'Archidruide de Canterbury." Essayer d'être orthodoxe sans être en communion avec l'Eglise Orthodoxe est comme essayer de se marier sans conjoint.


6. L'Eglise orthodoxe a des points de convergence dans une certaine dimension avec les catholiques et les protestants, et elle a des points de convergence dans une autre dimension avec les hindous et les bouddhistes, et vous vous fourvoyez si vous dites: "Oui, mais d'autres chrétiens partagent les véritables points de convergences."

En fait, l'Eglise Orthodoxe est capable de partager ces points de convergence et de reconnaître les différences qui existent. Et il existe un moyen pour les catholiques et les protestants, et les hindous et les bouddhistes aussi, de recevoir la pleine communion avec l'Orthodoxie: ils peuvent devenir orthodoxes!


7. En matière d'œcuménisme et surtout d'intercommunion, Rome est orthodoxe dans ses relations avec les protestants, et protestante dans ses relations avec les orthodoxes. Si vous voulez savoir pourquoi l'Orthodoxie refuse l'intercommunion avec Rome, vous trouverez peut-être un soupçon de réponse dans la raison pour laquelle Rome refuse l'intercommunion avec les protestants. Et si votre réaction immédiate est: "Mais notre théologie est équivalente," réfléchissez à ceci: c'est aussi ce que les protestants œcuménistes vous disent. (Et ils disent cela en toute bonne foi.)


8. Il serait étrange pour chaque pape à partir de maintenant d'être comme le pape Benoît XVI et non comme le pape Jean XXIII. Et sous le pape Jean XXIII, à la question, "Est-ce que le pape est catholique?" on aurait pu répondre: "Eh bien, d'un certain point de vue..."


9. Dans l'histoire qui est commune aux catholiques et aux orthodoxes, chaque fois que quelqu'un a proposé une solution comme l'œcuménisme, l'Eglise l'a profondément rejetée. Si nous avons atteint un état où nous pouvons rejeter l'ancienne sagesse dans ces décisions, c'est une autre raison pour laquelle nous avons quitté l'Orthodoxie et une autre raison pour l'Orthodoxie de repousser "nos progrès".


10. Le Christ a prié pour que nous soyons un. Mais entendre le terme "œcuménisme" dans cette prière est un peu comme entendre une requête pour qu'une pièce soit nettoyée et pousser tout le désordre sous un lit.

La prière du Christ pour que ses disciples soient un, transcende le simple badigeon que l'œcuménisme peut offrir. (La prière du Christ que nous puissions tous être un, est en or massif. L'œcuménisme est une veine riche, mais c'est seulement de l'or des fous.*)


11. Dans les avancées œcuméniques catholiques, je n'ai jamais entendu personne parler d'aucune des préoccupations au sujet de choses que Rome a faites et qui peuvent constituer des obstacles à la restauration de la Communion. Quel genre d'avancée renverse tout et ignore les réserves de l'autre?


12. Les bonnes clôtures font les bons voisins**. L'œcuménisme piétine les clôtures et s'invite dans les maisons des autres.

Les orthodoxes peuvent être de bons voisins, mais quand ils rejettent les avancées œcuméniques, cela fait partie de la conservation de bonnes clôtures pour avoir de bons voisins.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


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NOTES
* Fool's Gold= l'or des fous, nom de la pyrite de fer et expression idiomatique pour parler d'un projet insensé!
** Neighbor en anglais a le sens de voisin et de prochain.

Monastère de la Transfiguration

Les journées du Monastère de la Transfiguration
Mon Père, madame, monsieur
Le Monastère de la Transfiguration, dépendance du Monastère de Simonos Pétra au Mont-Athos, propose un programme de conférences et d'échanges avec le Père Élie, fondateur, aumônier et père spirituel de la communauté.
Ces journées font suite à celles qui avaient eu lieu en 2016, 2017 et 2018. Elles se dérouleront le samedi 1° et dimanche 2 juin 2019.
Le thème central de ces journées sera la prière avec deux conférences de l'archimandrite Elie :
Le samedi 1° juin, la prière personnelle
Le dimanche 2 juin, la prière liturgique

Monastère de la Transfiguration.
24120 Terrasson- Lavilledieu

HUMOUR PHANARODOXE et ḥutspâ (חֻצְפָּה) [Insolence stambouliote]


Il est difficile de ne pas éclater de rire à la lecture de l'entretien suivant accordé par le métropolite Ambroise de Corée publié dans Orthodoxiecomhttps://orthodoxie.com/comment-le-patriarcat-de-moscou-pietine-les-canons-de-leglise-et-sape-lunite-orthodoxe-en-coree/
Ce satrape phanariote ne manque pas d'un certain toupet et illustre parfaitement la formule "Faites ce que je dis, mais ne dites pas ce que je fais!". Ses propos sont tout à fait dans la ligne du patriarcat d'Istanbul qui oublie que la Mère des Eglises est Jérusalem, que le Chef de l'Eglise n'est ni le pape de Rome, ni celui qui a la prétention de l'être à Istanbul, mais le Christ. 

Il parle de préséance, de droit, mais jamais de ratage magnifique de l'action délétère sensée amener l'unité en Ukraine mais qui n'a apporté que la persécution pour l'Eglise canonique, qui n'a été approuvée par aucun Patriarche orthodoxe. Il mentionne le non respect des canons en omettant d'expliquer ce qui autorise Bartholomée à ordonner des défroqués et des laïcs? Enfin à part ce discours papal insane, cette revendication imbécile de pouvoir sur les fidèles où qu'ils soient, on n'entend rien qui semble en rapport avec l'Evangile du Christ.

Pour les amateurs d'athéologie punk et d'humour dadaïste, voici le lien vers cette insanité:

Comment le Patriarcat de Moscou piétine les canons de l’Église et sape l’unité orthodoxe en Corée

jeudi 2 mai 2019

Sur le blog de Maxime



Rappelez-vous la pub célèbre
« Canada Dry est doré comme l'alcool, son nom sonne comme un nom d'alcool… mais ce n'est pas de l'alcool. »

Remplacez « Canada Dry » par « l’Église catholique » (et les sectes protestantes qui en découlent) et l’alcool par l’Orthodoxie et vous comprendrez la supercherie : quelques bulles (papales bien sûr) et juste une illusion produites par une boisson industrielle standard sans rapport que rhétorique avec la boisson comparée.


Non, non et non !
Les similitudes entre les "confessions" dites chrétiennes ne m’intéressent même pas !
Et je n’en ai rien à faire de la fraternité œcuméniste des "chefs religieux", du mariage de la carpe et du lapin, des bisous de réconciliation de frères ennemis victimes des malentendus, des partis-pris historiques, géopolitiques, idéologiques etc. RIEN À FAIRE !


CE QUI M’INTÉRESSE PAR-DESSUS
TOUT C'EST DE CULTIVER LES DIFFÉRENCES !


Ma famille d'origine n'est pas orthodoxe, la plupart de mes amis ne sont pas orthodoxes, quelquefois même pas chrétiens, certains même pas préoccupés par une foi quelconque… voire de grands pécheurs au regard de nos préceptes et canons, croyez-vous que je ne les fréquente pas, ne bois ni ne mange avec eux, les déteste ou veux leur faire la guerre et les éliminer de la terre des vivants ? — Non. Que nenni ! Absolument pas ! Ils me savent orthodoxe et fervent orthodoxe, sûr de ma foi, et quand ils viennent chez moi, ils voient une veilleuse constamment allumée devant un coin d'icônes (orthodoxes !). Ils entendent nos chants au moment des repas. Ils peuvent voir les titres de la partie visible de notre bibliothèque. Je ne fais aucun prosélytisme bien que si on me pose des questions, je me fasse un plaisir d'exposer ma foi en temps opportun, mais je ne fais preuve d'aucun œcuménisme non plus, et je refuse toute assimilation, toute réduction au même. Pas question ! Parce que sinon alors je peux allonger sérieusement l'exposé avec des détails. Mais pour filer la métaphore, il est expérimentalement prouvé que le mélange des vins ou des alcools n'est pas d'une efficacité remarquable pour la clarté de l'esprit, le bon fonctionnement de l'assimilation et la santé des entrailles.


Bien que j'aie la conviction forte (et que ceux qui me voient comme "appartenant à la mouvance intégriste" [Mort de rire 😂 ] aillent voir dans les sous-sols pour voir si j'y suis) qu'à être chrétien il vaut mieux être orthodoxe sinon cela ne vaut pas la peine, je suis pour que chacun recherche le meilleur de sa pratique et fiche la paix aux autres… dans la paix sociale et le bon voisinage bien sûr.


Dans une époque de formatage des esprits à outrance et d'asservissement de masse des esprits, je revendique ma liberté, ma différence et oserais-je le dire (mais ça devrait être un argument entendu de nos jours…) ma minorité (du moins en France ! 


Est-ce à dire que je cautionne tout ce qui se passe d'inique dans ma religion ? — certes non et mes blablas blogueux en attestent pour ceux qui se donnent la peine de lire.


Est-ce que je me prends pour un saint ? — Les citations en tête de mon blog ne sont-elles pas assez claires là-dessus ? Et vous savez-quoi, c'est bien parce que j'ai assez peu confiance en ma capacité à ne pas pécher que j'accorde d'autant plus d'importance à demeurer fidèle, en tout point, à une véritable Tradition spirituelle, transmise et expérimentée vraiment, sans interruption de maître à disciple, — notre premier Maître étant le Christ et non pas un quelconque Pape, fût-il canonisé.


"Chat échaudé craint l'eau froide" dit-on et j'ajouterai que ce n'est pas l'eau tiède du Catholicisme contemporain qui pourra m'attirer davantage. 


Eh quoi ? Serais-je passé par le décapage du Taoïsme et du Bouddhisme pour revenir à ce qui n'a ni nourri ni désaltéré spirituellement mon enfance assoiffée d'eau pure. Je suis devenu orthodoxe parce que Dieu a entendu ma prière, Il a eu pitié de ma soif et de ma faim et qu'II m'a patiemment guidé, dans son infinie miséricorde, pas à pas, après toutes mes errances, attendant que ma colère tombe enfin, vers le lieu où Il a posé ses pieds saints que je peux enfin baiser, comme Marie Madeleine, de mes lèvres souillées. 


Non je ne Lui donnerai pas le baiser de Judas (qui a désespéré de tout) et je ne retournerai pas comme le chien à son vomi.

mercredi 1 mai 2019

Métropolite Paul de Vyshgorod et Tchernobyl: ETIENNE A DIT : "VLADYKA, TOUT VA BIEN POUR MOI", S'EST TOURNÉ ET Il EST DEVENU INVISIBLE

Archidiacre mégaloschème Etienne après sa tonsure

La mort est un mystère. C'est notre troisième anniversaire. Je serai honnête - pas un jour ne passe  sans que je pense à la mort. Mais il est impossible de sonder la profondeur du sens de ce mot et l'expérience de l'événement lui-même. Je peux penser à la façon dont je vais me coucher dans la tombe, mais ce que l'âme va vivre ne correspond tout simplement pas à ma conscience. Tout rite funèbre, qu'il s'agisse d'un laïc ou d'un nourrisson, est tout simplement insondable dans son sens. Mais il y a un rite funèbre spécial pour les monastères - il est extraordinairement profond par essence, significatif pour l'âme et en même temps si joyeux que je le comparerais au canon pascal. Si les gens savaient à quel point c'est rempli de grâce, probablement que le monde entier voudrait recevoir la tonsure monastique, ne serait-ce que juste avant la mort, juste pour le bienfait de ce rite.

Les funérailles d'un des frères de notre monastère, l'archimandrite mégaloschème Etienne, en sont la confirmation. Il est mort à l'âge de vingt-cinq ans. Alors que nous retournions à la Laure après l'enterrement de mon père, il a soudain dit : "Qui sera le prochain après votre père ?" J'ai répondu : "Peut-être moi ?" Je dois ajouter que le P. Etienne a toujours été très heureux pour les gens qui avaient le cancer. Il disait : "Quel chanceux ! Il peut se préparer et donner toutes ses affaires lui-même." Le mois de mai arriva, et je pouvais voir qu'il ne mangeait presque rien. Je dis toujours aux frères : "Si quelqu'un tombe malade, dis-le-moi." La maladie est une chose naturelle, comme la mort. Nous ne connaissons pas les voies de Dieu. Je n'essaie pas d'entrer dans ce qui nous est impossible à savoir ; il me suffit que le Seigneur me permette de vivre. Sa bonne volonté s'étend à tous, si seulement nous pouvions être de vrais chrétiens et rester fermes dans notre sainte foi orthodoxe.

Alors le P. Etienne a admis : "Vladyka, j'ai très mal au ventre." J'ai dit : "Pourquoi tu n'as rien dit ?!" Chaque fois que c'est nécessaire, je peux appeler mon ami Alexandre Yourievich Ousenko, le directeur de l'Institut de chirurgie Chalimov. Le P. Etienne y a été emmené dès le lendemain. Ils l'ont opéré un jour après l'examen. Le docteur nous a dit ce qu'il a trouvé : "Il y a de l'hydropisie ici, mais espérons qu'il n'y a rien d'autre... Nous allons faire une étude tissulaire et ensuite je pourrai dire." Après l'opération, nous avons ramené le P. Etienne à la maison, et quelques jours plus tard, Ousenko m'appelle. "Il a déjà une métastase dans les os sous la taille, au niveau des reins." J'ai demandé : "Que pouvons-nous faire ?" "Maintenant, rien", répondit-il.

J'ai dû rendre visite au patient, mais ce n'est pas facile d'apporter de telles nouvelles. Je suis entré, je me suis assis et j'ai dit : "Dois-je te dire la vérité ?" Il hocha la tête, "Allez-y". "Tu as un cancer." Il s'est signé et a dit : "Gloire à Dieu !"

Notre jeune archidiacre a reçu cette nouvelle très calmement. Il a dit que sa tante et sa grand-mère avaient aussi un cancer. Quand les frères m'ont demandé de l'ordonner dans le grand schème, nous avons commencé à réfléchir au nom à lui donner. Le P. Polycarpe a dit : "Etienne en l'honneur du protomartyr Archidiacre Etienne." Il n'a pas accepté la tonsure immédiatement, mais a ensuite accepté l'offre. C'est ainsi que nous avons réalisé sa tonsure à l'image angélique la plus haute, dans les Grottes. Bien sûr que j'étais en larmes - je savais qu'une jeunesse de vie sainte était en train de mourir. Mais que pouvais-je faire ? A la fin de la tonsure, j'ai dit : "D'habitude, c'est un moment où tout le monde vous félicite... mais tu connais la raison de ta tonsure. Et je ne peux rien te dire." Mais il a juste souri, "Vladyka, ne dites rien du tout. Vous avez déjà tout dit et tout fait." Je l'ai béni : "P. Etienne, pendant que tu le peux encore, va à l'office et assieds-toi à ma place." Et il venait tous les jours, et entonnait la litanie de la paix. Puis il s'asseyait sur la chaise où l'higoumène était assis, et à la fin les frères l'aidaient à aller jusqu'à sa cellule.

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Je vous dis qu'il n'avait pas la moindre crainte, plainte ou grief. Ce n'est que lorsque sa mère est arrivée et lui a pris la main - il ne pesait plus que 35 kilos à ce moment-là - qu'elle a seulement gémi, et il a pris un bâton et l'a lancé sur elle. Sa mère s'en est plainte auprès de moi, et je suis allée le voir et lui ai dit : "Etienne, tu ne te conduis pas bien." Il lui a demandé de partir, puis il m'a dit : "Vladyka, je me sens déjà assez mal comme ça, et la voilà qui gémit pour que tout le monde l'entende. Il est trop tard pour pleurer. Je suis le seul enfant de mes parents et c'est déjà assez difficile comme ça quand je pense à qui va s'occuper d'eux..." Sa mère était une ballerine, une artiste primée de Crimée, et son père était un premier ténor, un artiste primé de l'Union soviétique. "Je sais qu'ils seront laissés seuls. Je suis tellement désolé pour elle que je ne peux pas vous le dire. Mais je sais que le Seigneur ne les abandonnera pas." (Sa mère est déjà morte - le Seigneur l'a emmenée à Pâques.) Alors je raisonnai avec elle : "Nina, arrête de te tourmenter. Ne pleure pas en sa présence." "Comment ?!" elle a sangloté. "Je l'ai porté comme un bébé dans mes bras..." J'ai dit : "La Mère de Dieu a aussi tenu son Fils dans ses bras quand il a été descendu de la croix. Imite-la."

L'archidiacre Etienne lors de la procession de la croix
 dans la Laure en la fête de saint Théodose 
des Grottes de Kiev. 1998.

Le jour de la fête onomastique de Etienne approchait. Quand je suis venu à lui avant, il a soudain dit : "Vladyka, le jour de ma fête onomastique, ils me porteront dans l'église avec les mots : "Les justes fleuriront comme un palmier..." et tout le peuple demandera à qui ils ont apporté des reliques. Ce sera mon premier et mon dernier jour." C'est ainsi que tout s'est passé. Le 8 janvier, il a reçu la communion et, après la fin de la Liturgie, il a commencé à partir. J'ai lu le canon pour le départ de l'âme. Alors je me suis penché vers lui et je lui ai demandé : "P. Etienne, m'entends-tu ? Fais-moi un signe." Et une larme est tombée de ses yeux. Il tenait toujours fermement sa croix de tonsure sur la poitrine.

Lors du service du soir, le cercueil avec le reliquaire tenant le doigt du protomartyr et archidiacre Étienne était placé au centre de l'Église de l'Exaltation de la Croix. Et quand le chœur chanta le prokiménon : "Le juste fleurira comme un palmier, comme un cèdre au Liban, il se multipliera" (Psaume 91:3), les frères portèrent le cercueil avec le P. Étienne en lui par les portes latérales de l'église et le placèrent près du tombeau de l'archidiacre Étienne. Tout le monde s'est mis à se demander : "A qui sont ces reliques ?" Et quand ils s'approchèrent d'elles, ils vénérèrent les deux cercueils. On a servi son rite funèbre après minuit. À 14 h 30, nous avons commencé l'office de minuit, puis les Matines, la Liturgie, le rite funèbre à 19 h, et nous avons terminé alors qu'il faisait encore nuit. Et voici un autre paradoxe : pendant tout ce temps, toute la nuit, des mouettes volaient au-dessus de l'église jusqu'au moment où il a été descendu dans la tombe. C'était en janvier, au-dessus de la Laure... Il est mort la veille du jour de sa propre fête onomastique et il a été enterré le jour de son nom - le jour de la fête de son saint patron.

Un jour, alors que nous marchions dans le cimetière du monastère, Sa Béatitude Vladimir [(Sabodan) alors chef de l'Église orthodoxe ukrainienne] m'a montré où nous devrons l'enterrer le moment venu, et où je devrais être enterré. Ainsi, après la mort du P. Etienne, je suis venu au cimetière alors que les fossoyeurs avaient déjà creusé la tombe, et elle occupait pratiquement la moitié de ma propre tombe. Je murmurai un peu, mais le P. Basile m'a dit : "Vladyka, ne vous inquiétez pas ! Nous allons canoniser Etienne, et vous mettre dans cet endroit." Il y a eu un autre moment important. Le quarantième jour du repos de l'archidiacres du grand schème approchait et Sa Béatitude m'appela. "Dis-moi, Vladyka, à quoi ressemblait Etienne ?" Je lui ai montré une photo. Il la regarda et dit avec étonnement : "Écoute, aujourd'hui je suis entré dans la cathédrale de la Dormition et j'ai vu un reliquaire au centre. Sur le couvercle du reliquaire il y avait une icône représentée, et sur l'icône était... lui! Puis lui et une multitude de moines entrèrent dans le sanctuaire.

Higoumène des Grottes de la Laure de Kiev Paul
 et archidiacre mégaloschème Etienne (à gauche).

En réponse, j'ai raconté à Sa Béatitude une autre histoire étonnante. Quand notre archidiacre mégaloschème était encore sain d'esprit, nous étions en train de parler et je lui ai demandé, "P. Etienne, viens me voir en rêve après ta mort et dis-moi comment tu vas." C'est ainsi que, le 8 janvier, je suis allé dans ma cellule après l'office, après lui avoir rendu visite juste avant. Et quelques minutes avant 23 h, je me suis allongé pour me reposer. De dix heures à minuit, le P. Basile frappa à ma porte et dit : "Le père du P. Etienne est arrivé." J'ai demandé : "Etienne est-il mort ?" "Comment l'avez-vous su ?" "Je viens de le voir." "Comment ?!" demanda le P. Basile, étonné. Voilà comment c'était. Je dormais, mais c'était comme si je m'étais déjà réveillé, que j'étais assis sur mon lit et que j'avais vu le Père Etienne entrer. A côté de lui se trouvaient deux beaux jeunes gens vêtus comme des moines mégaloschèmes avec des coules (capuchons monastiques) et c'était tout simplement inexprimable. Il m'a dit : "Vladyka, je vais bien, je suis en bonne santé." J'ai été surpris. "Etienne," dis-je, "tu ne pouvais même pas te lever. J'étais dans ta cellule et tu étais couché là, incapable de bouger." Il souriait de temps en temps et disait : "Je suis en bonne santé, Vladyka, et je n'ai mal nulle part." Il s'est retourné et est devenu invisible. Je venais à peine de le voir qu'ils sont venus me voir pour me dire que le P. Etienne était mort. C'est ainsi que les moines informent l'higoumène et les frères de leur fin. Nous ne devrions pas croire aux rêves, mais il y a des cas où le Seigneur informe une personne par un rêve.

J'aimais vraiment le P. Etienne. C'était un moine obéissant et plein de zèle. On parlait souvent. Il avait une belle voix, et il chantait sur les falaises avec le P. Polycarpe. Si vous écoutez l'enregistrement de l'Acathiste à la Dormition de la Mère de Dieu, vous entendrez sa voix angélique.

Je pense que ce sont des histoires très édifiantes. Elles montrent que nos proches défunts sont toujours avec nous. Seulement, souvent, nous ne comprenons pas cela. Mais par la volonté de Dieu, l'éternité nous est cachée par un voile de temporalité.
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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 30 avril 2019

Staretz Cléopa-Ilie: POURQUOI DIEU PERMET-IL LE MAL?


A la question : "Pourquoi le Seigneur permet-il le mal ?" Père Cléopa répondit à cette question en racontant l'histoire suivante.

*

Il y a longtemps, un moine, ermite, vivait dans le désert égyptien. Parfois, il allait à Alexandrie pour vendre les paniers qu'il fabriquait. Presque tout l'argent reçu pour les paniers, l'ermite distribué aux pauvres et acheté seulement l'essentiel.

Un jour, allant à la ville, il se demanda : "Pourquoi le Seigneur permet-il le mal dans la vie des gens, s'Il est bon, juste et tout-puissant ? Son esprit n'aimait pas le fait qu'il avait vu tant de misère et de chagrin la dernière fois qu'il était en ville.

En chemin, il rencontra un autre moine, qui se rendait aussi à Alexandrie. Ils parlèrent, et il parla à son compagnon de ses tourments. Voyant à quel point l'ermite était troublé, le moine le réconforta et lui dit que le Seigneur lui révélerait la vérité quand ils arriveraient à la ville, mais que lui-même devrait prier continuellement et ne rien demander, peu importe ce qui leur arriverait.

L'ermite promit de faire ce que le moine demanda, et ils continuèrent leur chemin. Ils passèrent la nuit dans la même maison. Les maîtres les reçurent gracieusement et les traitèrent avec générosité. Il y avait un beau vase en argent sur la table. Avant d'aller se coucher, le moine prit lentement le récipient et le mit dans son sac. L'ermite voulut le reprocher à son compagnon, mais il se souvint de sa promesse et ne dit rien.

Le matin, ils arrivèrent à la rivière. Le moine sortit le vase du sac, fit dessus un signe de croix et le mit à l'eau.

À l'heure du déjeuner, les voyageurs avaient atteint un autre village. Ils furent invités à un repas dans l'une des maisons. Quand ils partirent, un chien aboya dans la cour. Le moine le tua. Puis un garçon sortit de la maison en courant et commença à crier. Le compagnon de l'ermite le saisit par la main droite, la tira et la brisa, puis poursuivit tranquillement son voyage. L'ermite indigné voulait lui dire ce qu'il pensait, mais il se souvint de sa promesse et il garda le silence.

La nuit tombée, le moine et l'ermite décidèrent de passer la nuit dans une maison délabrée, mais il s'avéra que des enfants y vivaient. Leurs parents étaient morts et il n'y avait personne pour s'occuper d'eux. Les compagnons y passèrent la nuit, et le matin, avant leur départ, le moine prit une bûche en feu du poêle et mit le feu à la maison. Une fois de plus, l'ermite fut outré, mais il dut se taire.

Ils arrivèrent au troisième village. Il y avait un temple qui s'effondrait, mais il était encore possible d'y entrer pour prier. Le moine prit la pierre et la jeta par la fenêtre de l'église, qui se brisa. Puis il emmena son collègue surpris au cabaret. Après être entré, le moine fit trois métanies. L'ermite avait déjà accepté les actes étranges de son compagnon et se contentait de prier.

La dernière nuit, les voyageurs furent invités à passer la nuit dans la maison à l'orée de la forêt. Il y avait là une jeune famille qui n'avait pas d'enfants. Le matin, les hôtes allèrent travailler dans les champs et les voyageurs continuèrent leur chemin. Mais soudain, le moine revint et mit le feu à cette maison.

Ils arrivèrent enfin à Alexandrie. L'ermite était impatient de comprendre le sens de ce qui leur était arrivé sur le chemin de la ville. Et il demanda à son compagnon :

- Dis-moi, qui es-tu enfin ?

- Je suis un ange ! - lui répondit-il.

- Quel genre d'ange es-tu ? - Dit l'ermite outragé. - Tu es un diable ! Seul un démon peut commettre toutes les abominations que tu as faites. Tu répondais tout le temps à l'hospitalité de ces braves gens avec une ingratitude noire. Tu étais voleur, incendiaire, meurtrier, sacrilège. Tu portais aussi des vêtements monastiques !

Je suis un ange, et j'ai été envoyé pour répondre à la question qui te tourmente: pourquoi le Seigneur fait-Il le mal.

- Tu as tort, dit calmement le compagnon de voyage. - Je suis vraiment un ange. Je t'ai été envoyé parce que le Seigneur a vu ton tourment et a voulu répondre à tes questions. Je sais que tu veux savoir pourquoi j'ai fait tout cela. Je vais commencer par le début.

Pourquoi as-tu volé le vase ? Je te répondrai : Il a été volé par le grand-père du maître de maison dans un temple monastique, et à cause de ce sacrilège, trois générations de ce genre ont été punies par des maladies et autres maux. En gage de ma gratitude pour leur hospitalité, j'ai décidé de les débarrasser de cette punition. J'ai béni le vase d'un signe de croix et je l'ai jeté dans la rivière. Les moines y viendront laver leur linge, le trouveront et le rendront à leur monastère.

Je savais que le chien était déjà en colère. Il mordrait ses maîtres, alors je l'ai tué. J'ai cassé le bras de leur fils parce que je l'ai vu devenir voleur. Et avec une main aussi malade, on ne vole pas.

Pourquoi ai-je mis le feu à la maison des enfants ? Ces enfants seraient bientôt morts sans aucun soin pour eux, et maintenant ils trouveront de l'argent caché par leurs parents dans le feu et ils pourront aller à Alexandrie chez leur oncle évêque - il prendra soin d'eux. Quand ils seront grands, les garçons deviendront prêtres et les filles se marieront.

Les gens perçoivent les oeuvres de Dieu comme des afflictions, et le Seigneur ne le fait que pour le bien et leur correction.

Je sais que tu te demandes pourquoi j'ai jeté une pierre sur une église et me suis prosterné dans un cabaret. J'ai vu des démons danser près de la fenêtre de l'église, et je les ai chassés avec cette pierre. Ce temple sera bientôt réparé. Juste au cabaret, un riche marchand a promis à un prêtre qu'il paierait tous les frais de rénovation du temple. Alors je me suis prosterné devant lui.

Enfin, la dernière maison. J'ai mis le feu pour débarrasser la jeune famille de la malédiction du manque d'enfants. Auparavant, le mari avait conclu une entente malhonnête et construit sa maison avec l'argent qu'il avait recueilli. C'est pour ça qu'ils n'ont pas d'enfants. Je vois qu'il se repent de son acte et ne sait pas comment se débarrasser de sa maison. Maintenant, il va construire une maison plus modeste, mais avec de l'argent honnêtement gagné. Et Dieu les bénira avec des enfants.

Tu as compris ? La miséricorde de Dieu pour les hommes apparaît en tout, mais ils ne la voient pas et ne peuvent la comprendre. Le Seigneur ne fait jamais le mal. Mais les gens perçoivent Ses œuvres comme des malheurs et des peines, et le Seigneur ne le fait que pour le bien et leur correction. Ne regarde donc pas à l'extérieur, mais essaies de voir la justice de Dieu en tout.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après