dimanche 20 octobre 2019

Sur PARLONS D'ORTHODOXIE: Daniel Struve: Appel à la communauté orthodoxe



Appel à la communauté orthodoxe contre la tentative de destruction et de spoliation en cours contre l'Archevêché des paroisses orthodoxes russes d'Europe Occidentale

Je me permets de lancer cet appel à la communauté orthodoxe, parce qu’il me semble que toutes les personnes de bonne volonté devraient pouvoir s’entendre sur des principes fondamentaux sans lesquels nous seulement aucune église, mais aucune communauté humaine ne saurait se construire.

Je dénonce comme monstrueuse la tentative en cours pour détruire et spolier l’Archevêché des paroisses orthodoxes russes d’Europe occidentale conduite par le métropolite Emmanuel Adamakis avec le soutien d’un groupe d’anciens prêtres et laïques de l’Archevêché.

Après la suppression unilatérale et sans préavis de celui-ci par la décision du Synode de Constantinople le 27 novembre 2018, un large consensus s’était dégagé au sein de l’Archevêché autour de l’archevêque Jean pour refuser une décision à la fois inapplicable et inique, qui visait à la destruction et à la spoliation de l’Archevêché.


Il apparut très vite que la seule voie possible, si l’Archevêché voulait retrouver une assise canonique, était le retour à la situation d’avant 1931, c’est-à-dire la réintégration de l’Archevêché au sein du Patriarcat de Moscou, si possible avec la préservation de l’autonomie interne qui avait été la sienne depuis sa fondation et qui jusqu’en 2018 lui avait été garantie par des engagements solennels du Patriarcat Œcuménique, confirmées.

Alors que les négociations lancées avec le Patriarcat de Moscou avançaient et se concluaient par un accord, toutes les autres voies envisagées se sont rapidement révélées illusoires, soit du fait d’un manque de volonté des parties contactées, soit du fait d’une trop faible adhésion des fidèles de l’Archevêché, et surtout mal fondées d’un point de vue canonique et historique.

Cependant une minorité de paroisses, de membres du clergé et de laïques de l’Archevêché, conduite par sept membres du Conseil de l’Archevêché, s’opposa pour des raisons diverses à la seule alternative possible à la dissolution et tenta de bloquer les mécanismes de prise de décision de l’Archevêché, cherchant à délégitimer l’Archevêque et à lui faire porter contre toute évidence la responsabilité de la crise. Lorsqu’en septembre, l’archevêque Jean, assumant ses responsabilités, prit en tant qu’archevêque dirigeant la décision de rejoindre le Patriarcat de Moscou et de rendre ainsi à l’Archevêché une assise canonique perdue depuis le 27 novembre 2018, cette minorité non seulement refusa de reconnaître cette décision en rejoignant d’autres diocèses, mais se rallia au projet de destruction et de spoliation de l’Archevêché du métropolite Emmanuel Adamakis.

C’est cette tentative de destruction et de spoliation soutenue par d’anciens membres de l’Archevêché qui apparaît comme une imposture monstrueuse, destructrice du lien devant unir les membres d’une seule église fussent-ils séparés par les frontières juridictionnelles. Conduite au prix de violations grossières des Statuts de l’Archevêché (en continuité avec celles qui avaient gravement entaché la période d’intérim et les élections de 2013) et des moyens douteux comme les attaques personnelles et la calomnie, cette entreprise fourvoyée va manifestement au-delà d’une simple démarche de contestation des décisions adoptées par l’Archevêque et la majorité de l’Archevêché en vue de préserver celui-ci. Elle cherche à semer le doute dans les esprits et les consciences. Elle contrevient grossièrement à toutes les règles ecclésiales, comme à toutes les règles de comportement au sein d’une communauté humaine. Elle ne poursuit aucun but positif et ne s'appuie sur aucun projet clairement argumenté. Conduite par certains au nom d'une idée abstraite de l'église locale, elle consiste paradoxalement à s'en prendre à une des rares entités ecclésiales de la diaspora engagée dans une démarche authentiquement locale.

Toute en étant confiant que l’Etat de droit saura préserver l’intégrité de l’Archevêché et le prémunir contre la tentative d’usurpation et de spoliation en cours, j’en appelle à la raison, au sens des responsabilités et à la conscience de chacun pour refuser de prendre part à cette entreprise de destruction et de division, ne serait-ce que pour préserver l’avenir de l’unité orthodoxe en France et pour éviter le grave discrédit que ne manqueraient d’attirer sur l’Eglise orthodoxe pareils agissements.

Le retour de l’Archevêché des paroisses orthodoxes russes au sein du Patriarcat de Moscou à la veille du centenaire de sa fondation et après un parcours de près de 90 ans au sein du Patriarcat Œcuménique ne va pas sans déchirements et sans appréhensions. L’Eglise de Russie dont l’Archevêché a accepté la protection canonique portera encore longtemps les stigmates laissés par les décennies de persécution et d’oppression de la part d'un régime totalitaire. Néanmoins cette solution permet de préserver les institutions uniques de l’Archevêché, dont la reconnaissance officielle par l’Eglise de Russie est en soi un événement plein de signification. Elle permet à l’Archevêché de renouer avec son histoire et de se projeter dans l'avenir, ce qu’il n’aurait sans doute jamais fait sans le choc provoqué par la décision du Patriarcat Œcuménique à qui nous pouvons être reconnaissants pour cela.

Ce qui devait arriver est finalement arrivé. En même temps, il est naturel qu'une partie des membres de l’Archevêché préfère pour diverses raisons rejoindre les métropoles grecques ou d’autres formations plutôt que de suivre l’Archevêché dans ce tournant. Une telle démarche est compréhensible. Elle ne brise en rien l’Unité de l’Eglise à condition d’être accomplie en conformité avec l’ordre ecclésial et dans le respect que se doivent mutuellement les membres d’une communauté. Ce qui est incompréhensible et destructeur du lien ecclésial en revanche, c’est l’acharnement de ceux qui, non contents d’avoir quitté l’Archevêché, s'associent aujourd'hui à une entreprise visant dès le départ sa destruction et sa spoliation.

Daniel Struve
Paris, le 18 octobre 2019

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