lundi 23 septembre 2019

Evêque Alexis [Polykarpov]: LE STARETZ ARISTOCLE, SES PROPHÉTIES ET SES FILLES SPIRITUELLES



Le vénérable Aristocle (Amvrosiev ; 1838-1918 ; fête : 24 août /6 septembre) du Mont Athos et Moscou est l'un des saints les plus populaires parmi les Moscovites. Il y a quinze ans, ses reliques ont été découvertes au cimetière Danilovsky et transféréles du monastère Saint-Daniel au Metochion Athonite de Moscou (6 rue Goncharnaya), où elles sont restées depuis. 

Mgr Alexis (Polikarpov), évêque de Salnechnogorsk, higoumène du monastère Saint-Daniel de Moscou, nous fait part des traditions populaires orales concernant le hiéromoine mégaloschème Aristocle, ses bénédictions, ses miracles et ses prophéties. 

Vénérable Aristocle de Moscou 

J'ai connu une moniale qui, dans sa jeunesse, a connu le staretz Aristocle. C'était peu avant la Révolution, mais elle recherchait la vie monastique. Elle s'appelait Mère Panteleimona, et elle a été tonsurée à la fin de sa vie. Elle a dit que son père était propriétaire d'un atelier de tissage de franges et qu'ils vivaient dans le village d'Iksha près de Dmitrov [une ancienne ville pittoresque à 60 kms au nord de Moscou]. Ses parents voulaient la présenter à un jeune homme, mais elle s'est dit : "Et si je tombe amoureuse de lui après l'avoir rencontré ?" Elle décida donc d'aller d'abord voir le staretz et lui demander sa bénédiction pour entrer dans un couvent. Le hiéromoine mégaloschème Aristocle recevait les fidèles dans une grande salle du métochion du monastère russe Athonite de Saint-Panteleimon à Moscou, qui avant la Révolution se trouvait rue Polyanka. Ses jambes lui faisaient mal, alors il recevait les gens assis. Les visiteurs s'approchaient de lui à tour de rôle et s'agenouillaient à ses côtés. Quand la future Mère Panteleimona (son nom séculier était Evdokia/Eudocie) attendait son tour, une fille vêtue de vêtements foncés s'approcha du staretz avant elle et lui demanda sa bénédiction pour devenir moniale. 

Mais le Père Aristocle dit : 

"Non, tu ne devrais pas entrer dans un couvent." 

Mais la jeune fille a insisté. 

"N'y va pas !" continua-t-il en colère. "Après trois ou quatre mois passés là-bas, tu quitteras le couvent et lui apportera la honte ! Ne fais pas ça !" 

Pendant ce temps, Eudocie se tenait debout et tremblait : "Qu'est-ce qu'il va me dire ? Et s'il me dit la même chose ?...." 

"Et tu peux entrer dans un couvent. Mais pas un couvent en ville..." 

La translation des reliques de Saint Aristocle en 2004 

Elle alla donc dans un couvent à Filimonki [1], dans le district d'Odintsovo, près de Moscou. C'est ainsi que les startsy pouvaient prédire le destin des gens ! Mais, comme elle l'a dit, ce couvent fut fermé par la suite. Les sœurs vivaient dans des appartements à différents endroits. Elle s'installa au couvent de l'Icône du Sauveur "Non-fait-de-main-d’homme " et de l'Icône de la Mère de Dieu des Blachernes [2], qui fut restaurée il n'y a pas si longtemps également. Mais elle fut aussi fermée. Une moniale, Mère Agrippine, l’amena à la gare touristique, et elle dit : 

"Qu'est-ce que je vais faire seule ici ?" 

"Tu ne seras pas seule !" lui répondit-elle. 

Et en effet, toutes les moniales s'y trouvaient réunies. Elles furent envoyés loin au nord - dans les environs de Plesetsk, dans la région d'Arkhangelsk - pour abattre des arbres dans la forêt. Comme l'a raconté Mère Panteleimona, aucune moniale ne fut tuée par la chute d'un arbre, bien qu'il y ait eu des accidents mortels parmi les détenus séculiers. 

Elle raconta également comment, le premier jour elles furent amenées à la caserne du camp, avec des "détenus religieux" d'un côté et de vrais criminels de l'autre. Aucune place pour la future Mère Panteleimona (alors encore Eudocie) ne fut trouvée parmi ses sœurs, elle a donc dû être logée à côté. Elle a eu un impact très favorable sur l'une de ses compagnes et la calma à plusieurs reprises. Chaque fois que cette dernière perdait son sang-froid et prenait un couteau dans ses mains, tout le monde se précipitait vers Mère Panteleimona en criant : "Eudocie, calme-la !" 

De retour d'exil, Mère Panteleimona vécut ensuite dans un appartement partagé. Il semble que les voisins étaient en armes contre elle là-bas, mais elle les pacifia et les réconcilia tous par son amour et sa compassion. Alors plus tard, quand ils se sont installés dans différents endroits, ils ont pleuré pour elle comme si elle était de la famille.... 

Comme Mère Panteleimona avait des problèmes de colonne vertébrale, il lui était extrêmement difficile d'abattre des arbres dans le camp. C'est ainsi qu'avec une autre sœur, elle se rendit chez Vladyka Eusèbe de Cronstadt, exilé avec eux, pour demander sa bénédiction d'apprendre à devenir infirmière afin qu'ils puissent être soulagés de leur dur travail. Le hiérarque dit : 

"Pas des infirmières, mais des sœurs de la charité !" [3] et il les bénit. 

C'est donc là, dans le camp, qu'elle a apprit les compétences médicales de base. Plus tard, elle revint du camp et fut infirmière en chef à l'hôpital municipal de Dmitrov pendant de nombreuses années. Elle reçut la tonsure monastique avant sa mort. C'était une personne très calme et très humble. Tout le monde lui demandait : "Mère, pourquoi n'étais-tu pas tonsurée avant ?" Et elle répondait humblement : "Parce que personne ne me l'a offert." 

Mgr Alexis (Polikarpov), évêque de Solnechnogorsk 

Quant au vénérable Aristocle, avant de devenir moine, il avait vécu comme bourgeois de la ville d'Orenbourg et avait une femme. Veuf, il se rendit au monastère russe de Saint Panteleimon sur le Mont Athos. Là, il fut tonsuré et reçut le nom d’Aristocle. A cette époque, il était de coutume d'envoyer leurs frères à Moscou pour exécuter diverses obédiences. Il travaillait beaucoup pour le bien du monastère et du peuple. Il apportait des reliques saintes de la Sainte Montagne pour les malades et les affligés, guérissant des multitudes de gens. Après avoir rencontré ce staretz spirituel, les gens ne rompaient jamais le contact avec lui. Il correspondait tout le temps avec ses enfants spirituels. Il travaillait et priait beaucoup, donnant des soins spirituels aux gens. Il guérissait ceux qui souffraient de diverses maladies, faisait des miracles et guérissait des centaines de personnes. 

Une fille spirituelle du staretz Aristocle tomba gravement malade. Ses jambes étaient paralysées. Alors le staretz vint la voir et la réconforter. Après avoir passé quelque temps avec elle, il la bénit et dit avant de partir : 

"Eh bien, mon enfant bien-aimé, je dois partir. Ne perds pas courage, mais prie et remercie le Seigneur. Quand je partirai, monte à la fenêtre et fais-moi signe de la main. Et je te saluerai aussi." 

La fille spirituelle devint très confuse et dit : 

"Père, je ne peux pas me lever, et tu veux que j'aille à la fenêtre et que je te fasse signe ?" 

Le staretz sourit et dit : 

"Peu importe, dis-moi au revoir d’un signe de la main." 

A peine le staretz avait-il quitté sa maison que cette servante de Dieu retrouva soudain sentiment et force dans ses jambes et se leva. Incapable d'y croire elle-même, la femme monta jusqu’à la fenêtre. Le staretz, qui venait de sortir, se retourna et lui fit signe de la main, et elle lui fit signe de la main. 

Une autre fille spirituelle du saint staretz venait le consulter dans les années précédant la Révolution russe. Un jour, elle l'interrogea sur le destin de la Russie. Le saint répondit que d'abord les bolcheviks s'empareraient du pouvoir, puis il y aurait une "grande chaussure " [4], qui "irait et viendrait", et ensuite "ceux qui avaient des queues de cochon" viendraient. 

Mais qui sont "ceux avec des queues de cochon" qui devaient venir ? 

Archimandrite Nikon (Smirnov) 

Nous avons demandé à l'Archimandrite Nikon (Smirnov), qui a été pendant de nombreuses années recteur du Metochion Athonite à Moscou (où sont conservées les reliques de saint Aristocle), d'interpréter la prophétie du saint ancien mentionnée ci-dessus : 

On peut en déduire que ces "nouveaux venus aux queues de cochon" sont des laïcs aux principes et aux attitudes libérales, quand les hommes, comme les femmes, font pousser leurs cheveux longs et ne se les font pas couper. Aujourd'hui, les hommes portent des boucles d'oreilles, les femmes ont envie d'un pantalon et les petites filles de trois ou quatre ans sont en jean. Briser les frontières définies par Dieu est un signe très alarmant. Pourquoi ? 

Tout commence par de petites choses, mais la nation se dégrade et les "mariages" homosexuels sont officiellement légalisés. Une fois la perversion légitimée, la nation n'a plus les critères pour discerner entre le bien et le mal, et il semble donc que tout est permis ! Aucune société ne peut vivre sans éthique et sans morale. Cette confusion du bien et du mal est en fait une rébellion contre la loi de Dieu dictée par le Tout-Puissant à Moïse : Car tous ceux qui agissent ainsi sont en abomination au Seigneur ton Dieu (Deutéronome 22:5). Cette vague déferle actuellement sur les pays de l'Union Européenne, mais il y a aussi des protestations. 

Quant à la Russie, le Seigneur a ici tempéré la justice par la miséricorde. Même les changements extérieurs sont apparents. Les églises sont ouvertes et tout le monde peut y aller librement. Il en va de même pour les monastères et les couvents : ceux qui ont un désir de vie monastique sont libres de les rejoindre. Il n'y a plus de restrictions imposées artificiellement par l'État. À mon avis, ces changements indiquent que Dieu est avec nous, qu'Il nous accueille et qu'Il se rapproche de nous. La question est de savoir si nous marchons ou non vers le Seigneur. 

Version française Claude Lopez-Ginisty 
d'après

NOTES:
1 Le couvent du village de Filimonki du district d'Odintsovo fut fondé en l'honneur du Prince Vladimir. Il ouvrit ses portes en 1891 à l'église de la maison du manoir de la famille Svyatopolk-Chetvertinsky avec les fonds de V.B. Svyatopolk-Chetvertinskaya. Dans les années 1920, le couvent fut fermé et, jusqu'en 1931, soixante-cinq moniales vivaient dans les églises de la Sainte Trinité et de la Dormition, qui étaient devenues des églises paroissiales. En 1931, ces églises furent également fermées. 

2 Le couvent de l'Icône du Sauveur "Non-fait-de-main-d’homme" et l'Icône de la Mère de Dieu des Blachernes du village de Dedenevo (anciennement Novospasskoye) près de la ville de Dmitrov fut fondé en 1861 - une communauté de moniales fondée par la veuve A.G. Golovina sur l'ancien domaine du Golovin y fut transférée. L'église du couvent abritait une copie de l'icône "Hodigitria". de la Mère de Dieu des Blachernes Il a été fermé en 1928 et utilisé comme maison de retraite par la suite. En 2001, il fut rendu à l'Église orthodoxe russe. 

3 En fait, ce vieux terme russe [Сестрой милосердия] par opposition à [Медсестрой ]signifie "une infirmière d'hôpital" qui est moniale en même temps. 

4 L’allusion à la chaussure… Impliquant le fameux incident de Nikita Khrouchtchev qui s'est produit lors d'une réunion plénière de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York en 1960, où il se mit à taper sur son pupitre avec sa chaussure.

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