jeudi 27 juin 2019

Les saints martyrs de Cordoue, un exemple pour notre temps

Autel avec les reliques des saints martyrs de Cordoue

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Il y a une multitude de saints occidentaux peu connus au sein de l'Église orthodoxe. Avec l'ajout officiel des saints d'Espagne et du Portugal au calendrier liturgique de l'Église russe, il est important de réfléchir sur l'importance des martyrs dans ce groupe. Quelles leçons peut-on tirer de leur vie ?
La vie des saints a tant à offrir en termes de perles de sagesse pour vivre une vie sainte. Pratiquement tout ce que nous pouvons apprendre des saints a une application contemporaine. Il est donc crucial de lire la vie des saints aussi souvent que possible. Les saints de la péninsule ibérique, d'Espagne et du Portugal d'aujourd'hui, ne sont pas très bien connus dans l'Église orthodoxe. Malgré cela, ce ne sont pas des exceptions, surtout ceux qui ont été martyrisés sous l'oppression musulmane.
LE CONTEXTE
A partir de 711 après J.-C., le califat omeyyade envahit l'Ibérie wisigothique. Une fois au pouvoir, le califat remplaça le christianisme orthodoxe par l'islam comme religion officielle du pays. Les chrétiens et les autres minorités furent forcés d'accepter la supériorité islamique, d'éviter de prêcher aux musulmans et de payer le jizya, une taxe pour les non musulmans. En vertu de la loi islamique, l'apostasie et le blasphème étaient passibles de la peine de mort. La vie de chrétien en Espagne durant cette période était loin d'être idéale. Il y eut des pressions pour s'assimiler à la culture islamique et même se convertir à l'islam. Ceci conduit beaucoup à pratiquer leur foi chrétienne en secret.
Voici un bref aperçu des martyrs qui ont vécu sous le califat de Cordoue, al-Andalus (Ibérie musulmane).
Sainte Nathalie de Cordoue
LES SAINTS
Aurèle, Sabigotho (Natalia), et Georges
Aurèle naquit d'un père musulman et d'une mère chrétienne. Aurèle était chrétien par la foi, mais en vertu de la loi islamique, il était considéré comme un musulman donc il pratiquait son christianisme en secret.
Sabigotho (Natalia) naquit de parents musulmans, mais après la mort de son père, sa mère se remaria avec un chrétien secret[1] L'influence de son beau-père amena sa mère à adopter le christianisme. Cela conduisait finalement à la conversion de Sabigotho. Lorsqu'elle épousa Aurèle, tous deux pratiquèrent secrètement leur foi chrétienne dans la crainte des autorités musulmanes[1].
Georges était un moine de Palestine. Il fut envoyé par son higoumène pour demander des dons aux monastères d'Afrique du Nord[2] Après avoir vu leur oppression, il décida de s'aventurer en Ibérie, mais il fut aussi choqué par l'oppression des chrétiens qui y vivaient. Une higoumène de Tabanos lui ordonna de chercher Sabigotho[3].
Finalement, la persécution publique des chrétiens inspira Aurèle et Sabigotho à proclamer publiquement le Christ. Ils rendirent visite aux chrétiens persécutés en prison. Sabigotho eut une vision des deux martyrs, Flora et Maria, au cours de laquelle elles dirent à Sabigotho qu'elle rencontrerait son martyre quand un moine étranger arriverait[4] Quand Sabigotho rencontra Georges, elle était convaincue que son heure était proche. Sabigotho fut d'abord arrêtée pour apostasie et Aurèle fut arrêté peu après. Georges aurait été libéré parce qu'il ne pouvait pas être accusé d'apostasie, mais après l'arrestation d'Aurèle, il insulta l'Islam et fut arrêté pour blasphème[5] Tous trois obtinrent la couronne du martyre le 27 juillet 852.

Félix et Liliosa (Lillian)
Félix était un parent d'Aurélius qui s'était converti à l'islam, mais était revenu au christianisme en secret, car c'était illégal. Liliosa était l'épouse de Félix, qui pratiquait sa foi chrétienne en secret. Inspiré par Aurèle, Félix décida qu'il ne voulait plus être un chrétien secret. Le couple commença à rendre visite aux chrétiens persécutés en prison avec Aurélius et Sabigotho. Liliosa fut arrêtée pour apostasie avec Sabigotho. Félix fut arrêté peu après. Le couple futmartyrisé avec leurs parents et le moine Georges le 27 juillet 852.
Martyr de saint Euloge de Cordoue
Euloge
Euloge était un prêtre très respecté de cette époque. Il avait fait ses études au monastère de Saint-Zoilus et il devint finalement chef de l'école ecclésiastique de Cordoue. Euloge encouragea la communauté chrétienne à proclamer avec zèle le Christ malgré les dangers. Il fut  visité par Aurèle et Sabigotho pendant l'une de ses incarcérations. Euloge fut décapité pour avoir aidé un converti chrétien le 11 mars 859.
Isaac
Noble, éduqué en arabe, Isaac accéda à un poste élevé dans le gouvernement (secrétaire de l'alliance)[1] Il finit par démissionner et entra au monastère de Tabanos. Après quelques années au monastère, il retourna à Cordoue et s'approcha immédiatement du palais de l'émir. Il déclara à un juge du palais que le "prophète" de l'Islam était en enfer[2] Le 3 juin 851, Isaac fut décapité pour blasphème et son corps fut pendu pour que le public puisse voir son sort[3].
Parce que la culture de l'époque rendait si difficile d'être chrétien, beaucoup s’éloignèrent de la foi. Euloge encourageait le martyre tandis que la hiérarchie de l'église locale le décourageait. Même une partie du clergé désirait s'assimiler à la culture islamique. Les chrétiens nominaux se convertirent ou cessèrent de pratiquer. Les martyrs ibériques nous enseignent qu'indépendamment des pressions sociales ou de ce qui semble populaire, nous devons toujours suivre l'exemple du Seigneur. Ces saints n'hésitèrent pas à renoncer au prestige social, à la richesse, ni même à leur vie. La foi chrétienne n'est pas une foi qui peut être compromise avec l'esprit du temps.
Il y a maintenant et il y aura toujours beaucoup de pression sur l'Église pour qu'elle devienne sécularisée. Suivons l'exemple des martyrs de Cordoue et soyons zélés dans notre foi en Jésus Christ.
Saints martyrs de Cordoue, priez Dieu pour nous !
 Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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NOTES
1] Kenneth B. Wolf, Christian Martyrs in Muslim Spain (New York : Cambridge University Press, 1988), 28.

1] Ibid, 23.

2] Ibid.

3] Ibid, 24.

1] Ibid.

2] Ibid, 29.

3] Ibid.

4] Ibid, 28.

5] Ibid, 29.

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