lundi 24 juin 2019

Jean-Claude LARCHET: Recension/ Saint Nicolas Vélimirovitch, « Lettres missionnaires »



Saint Nicolas Vélimirovitch, Lettres missionnaires. Traduit du serbe par Lioubomir Mihailovitch. Éditions des Syrtes, Genève, 2019, 483 p.
Les Lettres missionnaires sont considérées comme l’une des œuvres fondamentales de l’évêque serbe Nicolas Vélimirovitch (1880-1956), aujourd’hui canonisé sous le nom de saint Nicolas de Žiča et d’Ohrid. Il s’agit d’un recueil de 300 lettres, écrites dans une période qui s’étend des années 20, alors que Mgr Nicolas était évêque de Bitolj et d’Ohrid, aux années précédant la Seconde guerre mondiale, alors qu’il était évêque de Žiča.
Ces lettres ont fait l’objet de plusieurs éditions, successivement augmentées. Mgr Nicolas a commencé à les publier dans une petite revue qu’il a fondée en 1932, alors qu’il était évêque d’Ohrid et de Bitolj. Intitulée Lettres d’un missionnaire, cette revue a paru mensuellement pendant trois ans, présentant quelques lettres dans chaque numéro.
Ces lettres, et d’autres écrites par la suite, ont été compilées par Mgr Nicolas entre 1937 et 1941, alors qu’il était évêque de Žiča.
On s’étonne une fois de plus de la puissance de travail de l’auteur, car cette période fut pour lui riche en activités pastorales et littéraires (plusieurs de ses livres furent écrits au cours de ces années), perturbée par de nombreux déplacements à l’étranger pour des conférences et des rencontres internationales, et fortement troublée par une situation politique difficile dans laquelle il fut fortement engagé pour la défense de l’Église menacée dans son identité. En effet, le travail de Mgr Nicolas ne s’est pas limité à faire un choix parmi toutes les lettres qu’il avait écrites pendant cette période d’une vingtaine d’années : il a soigneusement réécrit le début de chacune d’elles, de manière à donner, à l’intention du lecteur et pour rendre plus intelligible sa réponse, un résumé précis de la situation et de la demande de son interlocuteur.
Les questions posées par les correspondants de Mgr Nicolas sont d’une grande variété, et touchent à tous les domaines de la vie courante, à des circonstances historiques diverses, à de multiples interrogations de la raison face au contenu de la foi ou aux épreuves de la vie, à divers états psychologiques et spirituels, à diverses positions face aux religions, et à l’Orthodoxie en particulier, dans ses croyances et ses pratiques.
Le saint évêque prend soin de répondre à chaque personne de la même manière simple et claire, quel que soit son statut social (certains de ses correspondants sont aisés et occupent des fonctions importantes, civiles ou religieuses ; la plupart d’entre eux sont de condition modeste : paysans, ouvriers, employés, étudiants…), et quels que soient son niveau intellectuel et son degré de maturité spirituelle. Chaque question, même la plus simple ou la plus étrange, est pour lui la bienvenue. Sa réponse est toujours une marque d’attention et d’amour personnels envers son correspondant, qu’il soit connu ou inconnu de lui. Mais très souvent les problèmes exposés se posent à beaucoup, et l’on peut dire qu’au-delà de chaque correspondant, Mgr Nicolas s’adresse dans ses réponses à une multitude de lecteurs qui vivent des situations semblables et leur cherchent des solutions. Chaque lettre est comme un petit sermon dont la portée est universelle. C’est la raison pour laquelle Mgr Nicolas a décidé de rendre ces lettres publiques. C’est la raison pour laquelle aussi celles-ci gardent un intérêt et nous touchent encore aujourd’hui, dans un contexte historique, géographique, social et culturel pourtant bien différent.
Dans chacune de ses réponses, Mgr Nicolas fait preuve de discernement, de bienveillance, d’optimisme, de sa foi profonde et de sa totale confiance en Dieu. Il sait rattacher chaque problème à un sens spirituel profond et lui trouver une solution spirituelle positive.
On retrouve dans ces lettres tout le génie de Mgr Nicolas, fait d’intelligence, de profondeur, d’originalité, d’une grande capacité à se renouveler, et d’un style d’une qualité exceptionnelle, qui lui a valu le surnom de « Chrysostome serbe ».

Jean-Claude Larchet


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