samedi 11 mai 2019

Higoumène AIMILIANOS: Mémoire éternelle!

Père Aimilianos
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Père Aimilianos est né au Ciel le 9 mai 2019. La première fois, nous l'avons rencontré chez Père Sophrony de bienheureuse mémoire. Il était en visite en Grande Bretagne. 

Je travaillais alors à la traduction de Sa Vie est mienne dans la bibliothèque du monastère Saint John the Baptist. Père Sophrony est entré avec Père Aimilianos, Père Macaire de Simonos Petra, et il m'a présenté. Je fus très impressionné par l'expression de bonté, de bienveillance  et de douceur qui émanaient de lui.

Il y eu le lendemain la Divine Liturgie concélébrée dans la chapelle de Tolleshunt en bas du monastère. Ce séjour fut trop court!
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Quelques années plus tard, il était en visite en France, chez Père Placide, à Saint Antoine le Grand. Nous avions l'habitude d'aller passer de longues périodes à Fond de Laval, mais là, sortant d'une intervention chirurgicale, il fut impossible d'aller rencontrer Père Aimilianos. Et j'en fus infiniment triste...

Quelques jours après son passage en France, je reçus une lettre. Père Aimilianos, avec grande bonté, m'envoyait ses meilleurs vœux de rétablissement et sa bénédiction. La lettre était en français (traduite par un de ses moines) et signée de sa main. Elle contribua à ma joie après l'épreuve.

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C'est peu de choses, mais c'est beaucoup aussi. Avoir la joie de rencontrer un véritable staretz, est une grande bénédiction et un viatique précieux pour la vie spirituelle.

Si je n'avais pas rencontré Père Aimilianos, le simple fait d'en entendre parler par Père Elie de Terrasson m'aurait convaincu de la haute stature spirituelle du Père. 

Et si j'avais seulement lu le petit livret de Père Elie: L'ORTHODOXIE/ Un guide lumineux et illuminateur de nos âmes: Géronda Aimilanos, j'aurais eu la même conviction d'être en présence d'un authentique père spirituel. Et la lecture de Ses Discours Ascétiques/ Commentaire d'Abba Isaïe (Editions ORMYLIAS 2014), me permet encore et toujours de réaliser la profondeur de ses connaissances spirituelles et son don béni de pédagogue du Christ.

Puissions-nous avoir sa bénédiction et sa prière!

C.L.-G.

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Quelques textes de Père Aimilianos!

LECTURE DU PSAUME 16
extraits

14. Seigneur, fais-les disparaître de la terre;
disperse-les durant leur vie. 
De tes réserves leur ventre est rempli; 
ils ont été rassasiés de fils, 
et ils ont légué leur surplus à leurs petits enfants.

 « Seigneur, fais disparaître les impies de cette terre, éloigne-les des fidèles, qui sont si peu nombreux. Fais disparaître les méchants durant leur vie, lorsqu’ils pensent être à l’apogée de leur prospérité, quand ils croient atteindre bientôt leur but. Fais-les disparaître de la vie présente pour qu’ils ne scandalisent pas les fidèles.» La prospérité des incroyants et des impies est cause de scandale pour les croyants. 

De tes réserves leur ventre est rempli. « Seigneur ! ceux qui ne croient pas en toi, les infidèles, mes ennemis sont comblés de biens! Ils ne leur manquent rien. Ils se rassasient non seulement de la nourriture commune aux mortels mais, de plus, de tes réserves; leur ventre est rempli de ce qu’il y a d’exquis dans cette vie. Ils se délectent de ce que les pauvres et les croyants n’ont jamais vu, même en rêve. Les nombreux enfants étaient le signe du bonheur : Ils ont été rassasiés de fils ».

D’autres manuscrits portent : «ils ont été rassasiés de viande de porc ». Le porc était, d’une part, interdit par la Loi — leur transgression est donc prouvée —, d’autre part, la viande de porc exprime le repas plantureux, l’abondance, la volupté, le bien-être. Ils ont été rassasiés : ils ont mangé autant qu’ils le désiraient et le surplus était si abondant qu’ils en nourrirent leurs petits enfants; ils étaient comblés de bonheur. 

15. Et moi, dans ta justice je paraîtrai devant ta face ;
 je serai rassasié quand paraîtra devant moi ta gloire. 

Comme le psalmiste pense différemment ! Les impies vivent pour le plaisir des sens, alors que le prophète pense uniquement aux délices spirituelles. Ils vivent des biens terrestres et pour les biens terrestres, alors que David, lui, vole au-dessus de tout cela. Il considère comme rebuts ce qui rassasie les autres. Rien de commun entre eux. 

«Ils se rassasient de biens matériels. Mais est-il possible que l’âme de l’homme puisse en être rassasiée? Assurément, Seigneur, ils sont dans l’illusion quand ils pensent posséder. Mais moi, dans ta justice, je paraîtrai devant toi. Je ne me rassasierai pas de biens périssables, je serai comblé seulement quand je verrai ta gloire. »  Il y a contradiction entre les hommes qui se repaissent de bonheur terrestre et ceux qui jouissent des délices spirituelles. 

Lorsque David dit : quand paraîtra devant moi ta gloire et je paraîtrai devant ta face, il sous-entend sa présence dans le Temple, là où Dieu le voit et l’écoute. Mais aussi en toute autre circonstance où Dieu se manifeste à l’homme, comme il est apparu  à Moïse ainsi qu’à tous ceux qui le cherchaient.
Chacun de nous peut voir Dieu et être vu de Dieu en cette vie, en raison de sa justice, de sa pureté. 

Le verset je serai rassasié quand paraîtra devant moi ta gloire est, dans la traduction du texte hébreu : «Au réveil je me rassasierai de ton image. » Il y a une légère nuance qu’il nous faut examiner. Combien de fois ne sommes-nous pas scandalisés lorsque nous constatons le bonheur des impies, quand nous voyons la joie, apparente, de ces hommes. Et survient en nous cette question :  «peut-être ai-je commis quelque erreur ? » Il n’en est rien. Eux vivent dans le temps présent. 

La version des Septante quand paraîtra devant moi ta gloire, cache un sens eschatologique. Le prophète, en pensée mais aussi avec son cœur, vit dans le présent et dans l'avenir, au moment où il ressuscitera et verra la face de son Seigneur. Il vit au-delà de ce monde, après le monde actuel. Nous sommes en présence du bonheur futur. Pour s’encourager, le psalmiste compare le monde présent et le monde à venir. C’est une prophétie sur la béatitude après la mort. Dans la nuit et dans le désespoir qui l’habite, surgit une lueur : 1’autre vie. Là, il verra Dieu « face à face». Mais il ne le contemplera que dans la mesure où il l’aura déjà vu sur terre

Le verbe «se rassasier » renferme, outre son sens évident, une autre signification, laquelle doit retenir notre attention de façon toute particulière. Nous nous rassasions quand nous mangeons. Le rassasiement indique la participation à la gloire divine. Voir Dieu veut dire que nous recevons Dieu, que nous participions à sa vie. Le rassasiement suppose donc aussi une union avec Dieu. Non pas un mélange des deux natures, mais une divinisation par grâce particulière de Dieu. Se rassasier de sa gloire veut dire que nous participons à la vie — c’est-à-dire à l’énergie et non à l’essence — de la Divinité ; nous devenons des dieux. 

Le psalmiste dit :  «Seigneur, ils sont absorbés par les biens matériels, moi je préfère ne pas être une masse de chair animée qui se promène, mais être un intellect qui voit Dieu, une âme qui palpe Dieu. Je veux participer à ta vie, ne faire qu’un avec toi. Ma vie est cachée dans ta vie, je suis toi et toi tu es moi. » 
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Ce psaume admirable est à la fois si simple et tellement important c'est la prière d’un homme qui souffre. 
Si nous ne souffrons pas aujourd’hui, n’oublions pas que, vraisemblablement, demain nous souffrirons et qu’autour de nous il y a des milliers de frères éprouvés, amis proches ou lointains, qui ne cessent d’être membres de notre corps. Prions avec ce psaume ou avec de semblables paroles pour ces hommes. Nous venons de dire que si nous ne souffrons pas aujourd’hui, nous souffrirons peut-être demain, pour mieux dire, nous souffrons toujours. Chaque chose peut devenir cause de douleur. Le combat du chrétien, notre combat, est lui aussi une cause de souffrance. Satan « comme un lion rugissant » cherche l’occasion de nous induire en tentations. Même nos amis, voire les êtres qui nous sont chers, peuvent être source de souffrances. Nous pouvons dire que notre vie est une passion. Toutefois n'oublions pas le sens profond que nous livre ce psaume : la souffrance, les difficultés, les échecs sont une visite de Dieu. C’est lorsque nous souffrons que Dieu est avec nous.
extrait de 
éditions Ormylia

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Archimandrite Aimilianos, 
L'expérience de la Transfiguration dans la vie du moine athonite
éd. Monastère Saint-Antoine-Le-Grand, 
Saint-Laurent-en-Royans, 1996, p. 23-24.


Au coucher du soleil, lorsque ayant terminé son service (diakonia) et accompli les œuvres du jour, le moine rentre dans sa cellule, il ne cesse pas pour autant de vivre la Transfiguration sous les deux formes dont les Disciples l'ont vécue de façon exemplaire au sommet du Thabor. Tandis que dans l'assemblée liturgique il voit le Christ dans la lumière de Sa gloire et participe avec le monde visible et la communauté à la lumière du Royaume de Dieu, lorsqu'il ferme derrière lui la porte de sa cellule, telle la pierre qu'on avait roulée à l'entrée du tombeau du Seigneur (Mc, 15,46), alors, dans l'obscurité de la nuit, il est couvert par la nuée. C'est à ce moment que, seul avec Dieu, il vit vraiment comme «moine », monachos . Tout vain luminaire de ce monde, des voluptés, des préoccupations et des idées s'éteint. La consolation de la présence des frères et le reflet liturgique de la splendeur de la Nouvelle Jérusalem lui sont retirés, et il doit faire face à sa propre obscurité, aux ténèbres de ses passions, à l'instabilité, à la dispersion de son intellect (noûs) et à l'endurcissement de son cœur. Il descend alors dans son propre enfer intérieur, pour y triompher avec le Christ vainqueur de la mort.


Pendant la journée, il s'est préparé au combat de la nuit, accomplissant les «œuvres de lumière» et purifiant les sens de son âme par la lumière des commandements divins. Il apprête alors, comme l'écrit saint Syméon le Nouveau Théologien, les saintes vertus semblables à des charbons ou à des cierges qui s'embraseront dès que le feu du Saint-Esprit s'en approchera. Le jour est donc le temps de la «praxis », dont le terme est l'impassibilité (apatheia), et la nuit est celui de la contemplation (théoria), de la communion personnelle avec Dieu par la prière. Chaque nuit, dans l'obscurité et la quiétude (hésychia), est pour le moine un sabbat quotidien. Tout travail servile cesse alors et seul reste ce cri incessant adressé à Dieu: « Illumine mes yeux !» (Ps., 12,4) ou, comme le répétait sans cesse saint Grégoire Palamas: « Illumine mes ténèbres! ». Il n'y a plus alors qu'une seule activité pour le moine: laver les yeux de son cœur avec les larmes de son visage, en disant avec le Psalmiste: « De mes larmes ( ... ) je baigne ma couche» (ps., 6,7), et de s'agripper aux franges du manteau de Jésus (cf. Matth., 14, 36) en criant, comme l'aveugle de l'Évangile : « Seigneur, aie pitié de moi, que je recouvre la vue !» (Le, 18, 39-41), de sorte que l'obscurité soit dissipée par l'invocation du Nom du Seigneur. Le Nom de Jésus, de l'Un de la Sainte Trinité, devient alors l'écho personnel et intérieur de la voix divine que les Disciples entendirent sur le Thabor, venant de la nuée, pour témoigner de la divinité du Sauveur. Le Christ se rend présent ici par le mystère de Son Nom, et l'obscurité se transfigure alors en une « nuée lumineuse », en une ténèbre où Dieu habite.

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