lundi 18 mars 2019

Pour l'Orthodoxie les icônes sont bien plus que de l'art!



Abordons le commandement contre l'idolâtrie (Exode 20:3-5). Il n'est pas surprenant que les premiers chrétiens qui ont commencé à faire des icônes étaient familiers de ce passage, mais ils l'ont interprété dans un contexte plus large que celui de la loi de Moïse.

Ils comprirent que toute tentative de représenter Dieu au temps de Moïse était impossible, puisque Dieu n'avait pas encore été vu. Toute image que l'on pourrait faire (comme un veau d'or) serait si éloignée de la réalité réelle de Dieu qu'elle créerait un être artificiel à Ses côtés.

En même temps, ces chrétiens croyaient que Dieu avait surmonté la barrière de sa transcendance en se rendant visible et tactile. Celui qui parlait des cieux a commencé à parler comme un homme sur terre. Jésus, croyaient-ils, était l'icône (image) parfaite du Père. Celui qui Le voyait voyait Dieu, et non pas simplement l'enveloppe extérieure d'une divinité invisible.

Le Fils de Dieu s'est fait chair, révélant Dieu à Ses créatures, et faisant de Dieu le premier iconographe. Cet enseignement que la Parole s'est faite chair était répugnant non seulement pour beaucoup de Juifs, mais aussi pour la société grecque qui les entourait, qui considérait le corps et la base d'existence matérielle comme sans valeur, et seulement l'âme et le domaine immatériel comme ayant une valeur.

Le fait que le Fils de Dieu soit entré volontairement dans la création - non seulement en mourant sur la Croix, mais en ressuscitant dans la chair et non comme un fantôme - a amené les chrétiens à conclure qu'Il était venu pour sauver des âmes et des corps, pour racheter la matière elle-même. Si Dieu s'est vraiment fait chair, la matière compte.

Les manuels scolaires décrivent les icônes comme "l'Evangile pour les analphabètes" - des illustrations visuelles de l'Écriture pour ceux qui sont incapables de la lire - mais même cette justification pragmatique les réduit à de simples aides visuelles, autorisées comme dispense pour les faibles.

Les orthodoxes croient que les icônes sont plus que simplement permises. Elles sont nécessaires. Si une image vaut mille mots, une icône dit tout ce qui doit être dit sur l'incarnation.

Il fut un temps où ces implications de l'incarnation étaient atténuées, et le rôle de la nature physique du Christ dans la sanctification de la création était supprimé.

Du VIIIe au IXe siècle, l'Empire romain a connu une flambée d'"iconoclasme" (destruction d'icônes). Les icônes étaient illégales. L'État poursuivit leur destruction. L'iconoclasme se fondait davantage sur le littéralisme de l'Ancien Testament et la philosophie grecque que sur l'idée désordonnée que Dieu devint homme.

Dans les églises stériles et blanchies, les iconoclastes prêchaient une foi confinée à l'intellect, adorant un Dieu qui était plus une idée qu'une personne, son corps un simple véhicule pour la déité cachée à l'intérieur. D'une certaine façon, les iconoclastes anticipaient le christianisme sec, rationalisé et post-lumière.

Le premier dimanche de Carême en 843, les icônes furent restaurées et l'iconoclasme prit fin.

Les orthodoxes célèbrent cet événement chaque année. Nous portons des icônes préférées en procession autour de nos temples à la fin de la Divine Liturgie. Il ne s'agit pas d'une simple appréciation de l'art, mais d'une revendication que Dieu s'est fait homme pour restaurer de l'intérieur l'image et la ressemblance de Lui-même.

Nous ne vénérons pas seulement les icônes. Nous espérons devenir des icônes.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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