Prêtre Georges Maximov, enseignant au
séminaire Sretensky de Moscou, auteur de nombreux livres et publications,
missionnaire.
L’article suivant a été publié en russe sur
le site « Pravoslavie.ru » du monastère Sretensky à Moscou ainsi
qu’en serbe sur le site « Tv Hram », la chaîne télévisée de l’Église
orthodoxe serbe.
L’hérésie
du papisme constantinopolitain
L’intrusion
en Ukraine
La décision du patriarche de Constantinople
Bartholomée d’intervenir en Ukraine a produit dans toute l’Église orthodoxe d’énormes
secousses qui ne cessent pas depuis déjà de nombreux mois. Les orthodoxes de
différents pays observent avec perplexité et horreur comment le primat d’une
Église respectée déclare que son territoire canonique ce qui a été reconnu par
tous sans exception, durant plus de trois cents ans, comme faisant partie d’une
autre Église locale, tandis qu’il déclare partie d’une Église canonique ceux
qui étaient reconnus à l’unanimité comme schismatiques, menaçant simultanément
de déclarer schismatiques ceux avec lesquels toutes les Églises locales restent
en communion eucharistique. Ce faisant, le patriarche Bartholomée semble ne pas
remarquer que ses agissements ont lancé le départ des persécutions
gouvernementales contre l’Église canonique d’Ukraine. C’est un fait que « l’obtention
du Tomos », est l’un des points principaux du programme pré-électoral du
président ukrainien actuel qui souhaite être réélu pour un second mandat au
printemps prochain. Et voici que les hiérarques de l’Église orthodoxe canonique
d’Ukraine sont appelés dans les bureaux des fonctionnaires laïcs qui leur
transmettent une lettre du patriarche de Constantinople, que des prêtres sont
amenés pour des « discussions prophylactiques » aux services de
sécurité (SBU), l’organisme ukrainien qui a succédé au KGB, tandis que les
moines et moniales sont menacés d’être expulsés des monastères. Le patriarche
Bartholomée qualifie ses agissements « d’octroi de l’autocéphalie à
l’Ukraine », mais ce faisant, deux tiers des orthodoxes ukrainiens sont
paroissiens de l’Église qui ne lui a pas demandé l’autocéphalie et refusent de
la recevoir. Nous voyons, probablement pour la première fois dans l’histoire,
un « octroi d’autocéphalie » par la force, ce qui donne déjà beaucoup
à réfléchir. De nombreux articles critiques sont parus ces derniers mois ainsi
que les interventions des Églises locales les plus différentes à l’endroit des
agissements du Patriarcat de Constantinople. Des articles apologétiques des
représentants de celui-ci sont parus, et la polémique entamée s’est rapidement
approfondie dans les labyrinthes de l’histoire, lorsque sont proposées au
lecteur différentes interprétations de l’un ou l’autre groupe de mots d’un
texte du XVIIème siècle. Ces thèmes, indubitablement, sont également
importants, mais il paraît bien plus fondamental d’examiner ce qui se produit
dans un contexte plus large et comprendre quelles sont les causes des secousses
qui ont surgi.
Les
présents agissements du Patriarcat de Constantinople en Ukraine sont-ils sans
précédent ?
Pour cela, il faut répondre à deux questions.
La première : les présents agissements du Patriarcat de Constantinople en
Ukraine sont-ils sans précédent ? Hélas, non. Une même intrusion a eu lieu
en Estonie en 1996, lorsque le patriarche Bartholomée a reçu en communion les
schismatiques de ce pays. Il convient de préciser tout de suite que ce serait
une erreur de chercher une réponse à ces agissements dans la personnalité du
seul patriarche actuel, étant donné que des agissements analogues ont été
accomplis par ses prédécesseurs, à commencer en 1920 par le patriarche Mélèce
IV (Metaxakis) de triste mémoire. En 1923, celui-ci s’est emparé de l’Église
russe en Finlande et en Estonie, les soumettant à sa juridiction puis, l’année
suivante, il a arraché les diocèses de Pologne à l’Église russe, déclarant
arbitrairement leur « autocéphalie ». En 1936, le patriarche de
Constantinople a proclamé sa juridiction en Lettonie, tandis que quatre années
plus tôt, contre la volonté de l’Église orthodoxe russe, il avait inclus dans
sa juridiction les paroisses russes émigrées en Europe occidentale, les
transformant en son propre exarchat (dissous récemment par le patriarche
Bartholomée). Il convient de ne pas oublier que ces actes d’immixtion et
d’annexion ont été précisément réalisés alors que l’Église orthodoxe en Russie
était exsangue, ayant subi des persécutions sans précédents de la part de
l’État ennemi de Dieu. Si les communistes s’emparaient des églises et des
monastères de l’Église orthodoxe à l’intérieur de l’URSS, le Patriarcat de
Constantinople, lui, le faisait à l’extérieur de ses frontières. Mais ce serait
injuste de dire que les mesures mentionnées ont été prises seulement à l’égard
de l’Église orthodoxe russe. Dans les années 1920, le Patriarcat de
Constantinople a exigé de l’Église de Grèce de cesser sa présence ecclésiale
aux États-Unis et en Australie, en 1986, il a obtenu l’abolition et
l’absorption de l’exarchat de l’Église d’Alexandrie aux États-Unis. Tout récemment, en 2008, le patriarche Bartholomée a
obtenu la renonciation du Patriarcat de Jérusalem à ses paroisses aux
États-Unis et leur transfert à la juridiction de Constantinople. Mais de tels
agissements ne se sont pas toujours achevés par une victoire. Par exemple, en 1931,
le patriarche de Constantinople Photios II a tenté, sans succès, de transférer
à sa juridiction les paroisses de l’Église orthodoxe serbe se trouvant à
l’étranger. Il écrivit au patriarche de Serbie Barnabé : « Toutes les
communautés ecclésiales, quelle que soit leur nationalité, doivent ecclésialement
être soumises à notre très saint Trône patriarcal ». Mais l’Église serbe
n’a pas cédé à ces exigences, de même que l’Église roumaine. Si, au XXème
siècle, les efforts des patriarches de Constantinople ont été concentrés en
grande partie sur la soumission à eux de la diaspora orthodoxe, au XXIème
siècle a déjà commencé l’expansion sur les territoires des Églises autocéphales
elles-mêmes. Évoquant la critique de ses actes concernant
la question ukrainienne, le patriarche Bartholomée s’est efforcé, récemment,
d’expliquer cela par des différends nationaux, à savoir que toute l’affaire se
résumerait à ce que « nos frères slaves ne peuvent tolérer la primauté du
Patriarcat œcuménique et de notre nation dans l’Orthodoxie ». En
elle-même, cette déclaration raciste, qui tombe sous la définition de l’hérésie
de l’ethno-phylétisme, a été prononcée dans le but d’obtenir du soutien dans la
société grecque. C’est une tentative en quelque sorte de jouer sur le sentiment
de la solidarité nationale. Or, celle-ci ne reflète pas la situation réelle,
étant donné que le Patriarcat de Constantinople a agi non moins violemment à
l’égard d’autres Églises grecques, que dans le cas de l’Église russe. C’est ainsi,
par exemple, qu’en 2003, le patriarche Bartholomée a soudain réclamé de
l’Église orthodoxe grecque qu’elle transmette à son contrôle 36 diocèses des
« Nouveaux Territoires » [i.e. diocèses de la Grèce du Nord, ndt], au moins en ce qui concerne la nomination
des évêques sur les sièges épiscopaux concernés. Le Synode de l’Église de Grèce
a refusé de se soumettre et son primat d’alors, l’archevêque d’Athènes
Christodoulos a dit qu’accepter une telle exigence discréditerait le fait même
de l’existence autocéphale de l’Église orthodoxe grecque. Après que les
nouveaux hiérarques aient été élus sans son accord, le patriarche Bartholomée a
annoncé la rupture de la communion eucharistique de l’Église de Constantinople
avec l’Église de Grèce. Lorsque l’Église russe a rompu récemment la communion
avec Constantinople, en tant que protestation et exhortation extrême contre son
intrusion inique sur son territoire canonique, nombreux ont été ceux qui ont
critiqué cette décision comme trop abrupte. Cependant, le Patriarcat de
Constantinople a lui-même pris cette mesure pour faire pression sur une autre
Église locale grecque. L’Église de Grèce, elle-aussi, n’a pas supporté cette
pression et, finalement, s’est soumise en transmettant les « nouveaux
territoires » sous l’administration du Patriarcat de Constantinople. Cela
s’est-il produit parce que ses évêques se sont convaincus de la justesse des
actes du patriarche Bartholomée ? Non, l’Église de Grèce a qualifié sa
décision « d’acte de sacrifice afin de préserver la paix
ecclésiale ». Mais ce sacrifice a-t-il pu réellement préserver la
paix ? Hélas, non. Même les faits historiques mentionnés plus haut
montrent que les sacrifices et les concessions effectués par les différentes
Églises n’ont pas éteint, mais plutôt attisé encore plus les appétits des
patriarches de Constantinople et les ont encouragés à de nouvelles conquêtes.
Et voici qu’après l’intrusion sur le territoire canonique de l’Église de Grèce
s’est produit une intrusion à plus grande échelle et criante sur le territoire
canonique de l’Église orthodoxe russe, à savoir l’Église autonome d’Ukraine. Et
que se passerait-il si l’Église russe suivait l’exemple de l’Église de
Grèce ? Les appétits du patriarche de Constantinople s’en éteindraient-ils
et pourrait-on attendre qu’à l’avenir aucune Église ne serait exposée à la
violence de sa part ? Tout cela se terminerait-t-il avec l’Ukraine ?
Hélas, non. Le patriarche Bartholomée a déjà annoncé qu’il se préparait à la
même chose en Macédoine, qui est le territoire canonique de l’Église orthodoxe
serbe. Au départ, les questions « ukrainienne » et
« macédonienne » ont été examinées simultanément. Le 9 avril 2018, le
président ukrainien Petro Porochenko a rencontré le patriarche Bartholomée, et
le 10 avril, le président macédonien Gjorje Ivanov a fait de même. Les deux
présidents ont demandé l’octroi du statut canonique aux communautés
schismatiques de leurs pays. Et les deux présidents, à l’issue de leur
rencontre avec le patriarche, ont émis des pronostics optimistes. Le 30 mai, le
Synode du Patriarcat de Constantinople a entrepris « d’examiner le
statut » de « l’Église orthodoxe de Macédoine » schismatique
qui, à l’instar des schismatiques ukrainiens, avait envoyé une demande de
reconnaissance. Et le 11 juin, le patriarche Bartholomée a déclaré
publiquement : « Lorsque l’Église-Mère cherche les voies de salut de
nos frères d’Ukraine et de Skoplje, elle accomplit son devoir apostolique.
Notre obligation et notre responsabilité est de ramener ces peuples dans la
vérité ecclésiale et l’ordre canonique ». Tous ces pas ont montré que
Constantinople propose l’intrusion simultanée en Ukraine et en Macédoine avec
la reconnaissance de leurs schismatiques contre la volonté des Églises locales,
dont le territoire canonique est les pays mentionnés. Cependant, en toute
hypothèse, c’est précisément la position extrêmement dure de l’Église russe au
sujet de l’intrusion en Ukraine ainsi que le mécontentement manifeste des
autres Églises locales qui ont contraint le patriarche Bartholomée à surseoir à
son ingérence sur le territoire de l’Église serbe. Il a été décidé de revenir à
la tactique qui a déjà fait ses preuves de faire plier les Églises locales à
tour de rôle. Mais, indubitablement, si l’Orthodoxie universelle se résigne au
sujet de l’iniquité commise en Ukraine, ce sera ensuite le tour de la
Macédoine. Or, celle-ci constituera-t-elle la dernière intrusion ? La
question est rhétorique, parce que la réponse est évidente. Aucune Église
locale n’est à l’abri d’une intrusion de la part de Constantinople. Et même
s’il n’y a pas de conditions préalables à cela, par exemple en Roumanie ou en
Bulgarie, le patriarche Bartholomée ou ses successeurs, sans aucun doute,
tireront profit de la situation lorsque l’occasion s’en présentera. Après la
Serbie, le candidat fort probable à l’ingérence sera le territoire canonique de
l’Église orthodoxe de Géorgie en raison de la situation complexe en Abkhazie,
où il y a déjà des schismatiques qui luttent pour la résolution de la question
ecclésiale locale en s’adressant au Patriarcat de Constantinople. Ceux-ci ont
proclamé « la sainte métropole d’Abkhazie » et ils ont déjà rendu
visite en 2012 au patriarche Bartholomée, tandis qu’ils se sont, en 2016,
adressés à lui pour la seconde fois, en lui demandant de « régler le
problème ecclésiastique abkhaze ». Dans les circonstances géopolitiques
actuelles, cette ingérence est peu probable, mais si les conditions changent à
l’avenir, cela se produira indubitablement et rien n’empêchera le patriarche de
Constantinople de déclarer une nouvelle fois « qu’il accomplit son devoir
apostolique » pour « le salut de nos frères » d’Abkhazie.
Une
nouvelle conception ecclésiologique
Passons maintenant à la deuxième
question : que se trouve-t-il derrière tous ces agissements des
patriarches de Constantinople ? Pourquoi se considèrent-ils en droit de
les entreprendre, et quels buts, ce faisant, poursuivent-ils ? Pour
répondre à cette question, point n’est besoin de recourir à la
« conspirationnisme » ou de bâtir des suppositions – il est
pleinement suffisant de prêter attention aux paroles qui ont été prononcées
publiquement. Derrière tous les cas mentionnés d’expansion, et aussi de
nombreux autres que nous n’avons pas mentionnés afin d’éviter d’alourdir
inutilement le texte de cet article, se trouve une doctrine ecclésiologique
particulière sur la position exclusive du patriarche de Constantinople dans
l’Église orthodoxe. Le patriarche Bartholomée a déclaré que, « pour
l’Orthodoxie, le Patriarche œcuménique sert de levain « qui fait lever
toute la pâte » (Gal. 5,9) de l’Église et de l’histoire… Le commencement
de l’Église orthodoxe est le Patriarcat œcuménique, « en lui est la vie et
cette vie est la lumière de l’Église »… L’Orthodoxie ne peut exister sans
Patriarcat œcuménique… Le patriarche œcuménique comme chef du Corps orthodoxe…
Si le Patriarcat œcuménique quitte la scène inter-orthodoxe, les Églises
locales seront « comme des brebis sans pasteur » (Matth. 9,36). On
peut compléter cela par les déclarations d’autres représentants du Patriarcat
de Constantinople. Voici, par exemple, les paroles du métropolite
d’Adrianoupolis Amphiloque : « Que serait l’Église orthodoxe sans
Patriarcat œcuménique ? Une sorte de protestantisme… Il est inimaginable
qu’une quelconque Église locale… rompe la communion avec (le Patriarcat
œcuménique) étant donné que de lui provient la canonicité de son
existence » [1]. Et voici les paroles du protopresbytre Georges Tsetsis :
« Le patriarche de Constantinople, que cela plaise ou non, est le Primat
de l’Orthodoxie, le signe visible de son Unité et le garant du fonctionnement
normal de l’institution que nous appelons ‘Église orthodoxe’ » [2]. Comme
nous le voyons l’affaire est allée très loin. Si tout cela a commencé par les
affirmations selon lesquelles toutes les Églises se trouvant dans la diaspora
doivent lui être soumises, on en est arrivé maintenant au point que le
patriarche de Constantinople, paraît-il, est le primat de toute l’Orthodoxie,
le chef du Corps orthodoxe, tous les hiérarques de toutes les Églises relèvent
de son jugement, et les primats des autres Églises locales sont pour lui comme
les brebis pour le pasteur. Et sans lui, l’Église orthodoxe ne serait pas
orthodoxe. Tout cela a-t-il été « cru par tous, toujours et par tous »
(St Vincent de Lérins) ? Ces affirmations n’étonnent-elles pas ceux qui
sont au moins quelques peu au fait de l’histoire ecclésiastique ? Comme on
le sait, même les prétentions à la primauté exclusive de la part de l’évêque de
Rome ont été rejetées comme hérésie par le monde orthodoxe, mais les évêques de
Constantinople ont encore moins de fondements pour de telles prétentions. Ne
serait-ce que parce que jusqu’au IVème siècle Constantinople n’existait pas.
Qui était alors le principe, le levain, la vie et la lumière de l’Église ?
L’Église se passait parfaitement du Patriarcat de Constantinople, dans l’une
des plus glorieuses périodes de son histoire. Mais après l’avènement du siège
de Constantinople, comme le sait bien, à maintes reprises, celui-ci fut occupé
par des hérétiques. Ce ne sera pas une faute de dire que dans l’histoire du
Trône de Constantinople, les hérétiques occupaient le trône plus souvent
qu’aucun autre siège. Et ces périodes ont duré des années, voire parfois des
décennies. Comment peut-on dire après cela que l’Orthodoxie ne peut exister sans
Patriarcat œcuménique et que c’est précisément de lui que les autres Églises
reçoivent leur canonicité ? En ces temps, au contraire, la canonicité et
l’appartenance à l’Orthodoxie était alors déterminée par l’absence de communion
avec le Trône de Constantinople (et par la préservation de la pureté de la foi,
bien entendu). Il n’est guère difficile de voir que nous avons affaire à une
doctrine nouvelle et fausse, prêchée par le Patriarcat de Constantinople. C’est
précisément cette doctrine qui est la source et en même temps l’argumentation théorique
pour toutes ses intrusions anti-canoniques durant les cent années passées, à
commencer par la Finlande et, pour finir, l’Ukraine. Toute nouvelle fausse
doctrine qui est apparue dans l’Église s’est heurtée à la résistance et à la
critique, il en va de même pour la doctrine discutée ici. Le saint confesseur
de l’Église orthodoxe russe, le patriarche de Moscou Tikhon écrivit en 1924 au
patriarche de Constantinople Grégoire VII : « Nous avons été fort
troublés et étonnés que… le Chef de l’Église de Constantinople, sans aucunement
en référer préalablement à Nous, en tant que représentant légal et le Chef de
toute l’Église orthodoxe russe, s’immisce dans la vie interne et les affaires
de l’Église russe autocéphale. Les saints Conciles (cf. 2ème et 3ème
canon du IIème Concile œcuménique) n’ont toujours reconnu à l’évêque de
Constantinople que la primauté d’honneur, mais n’ont pas reconnu ni ne
reconnaissent pour lui la primauté de pouvoir ». Cela fut dit en réponse à
la reconnaissance, alors, par le patriarche de Constantinople, des
schismatiques-rénovés soutenus par le pouvoir communiste, tandis que le Phanar
appelait saint Tikhon à partir et à abroger le Patriarcat dans l’Église russe.
À son tour, le saint hiérarque Jean (Maximovitch) a fait remarquer, en 1938,
que l’apparition de la fausse doctrine susmentionnée coïncidait avec la perte
pour le Patriarcat de Constantinople de la quasi-totalité de ses fidèles sur
son territoire canonique en raison des guerres du début du XXème siècle. Ainsi,
les patriarches de Constantinople ont décidé de compenser leurs pertes par son
expansion au détriment des autres Églises. Selon saint Jean « le
Patriarcat œcuménique a voulu compenser la perte des diocèses qui ne se
trouvaient plus dans sa juridiction, ainsi que la perte de son importance
politique dans les frontières de la Turquie, par la soumission à lui-même de
régions qui jusqu’à présent n’avaient pas de hiérarchie orthodoxe, ainsi que
les Églises des États dont le gouvernement n’était pas
orthodoxe… En même temps se produisit la soumission [au Patriarcat de Constantinople] de parties séparées de l’Église orthodoxe
russe se trouvant détachées de la Russie… Élargissant
sans limites ses souhaits de soumettre [au Patriarcat de Constantinople] des régions russes, les patriarches de
Constantinople ont commencé à déclarer même que la réunion de Kiev au
Patriarcat de Moscou était illégale… Le pas suivant du Patriarcat œcuménique
serait de déclarer que toute la Russie se trouve sous la juridiction de
Constantinople ». Cependant, en fait, comme le dit le saint hiérarque
Jean, « Le Patriarcat œcuménique… avant perdu sa signification comme
Colonne de la Vérité et étant devenu la source de la division, et, en même
temps, étant accablé par une soif de pouvoir exorbitante, présente un triste
spectacle, rappelant les pires époques de l’histoire du siège patriarcal de
Constantinople » [3]. Le disciple de saint Silouane de l’Athos,
l’archimandrite Sophrony (Sakharov) a parlé avec encore plus de détermination
du problème mentionné. En 1950, il écrivait : « Actuellement, au sein
de notre sainte Église, est apparu un grand danger de l’altération de la
doctrine dogmatique la concernant… Vous demandez : en quoi cette
altération est-elle visible maintenant ? Nous répondons : dans le néo-papisme
constantinopolitain qui, rapidement, d’une phase théorique, est passée à la
pratique… [Les partisans de cette doctrine] ont commencé par reconnaître le
privilège des droits juridictionnels à Constantinople… Ils se sont mis ensuite
à établir pour lui le droit d’instance suprême d’appel dans l’Église
universelle, oubliant que ce sont précisément ces prétentions de Rome qui ont
amené à la grande et définitive séparation des Églises (1054)… En proclamant le
principe catholique-romain de développement, ils ont reconnu à Constantinople
le droit exclusif sur toute la diaspora orthodoxe dans le monde, le refusant
aux autres Églises autocéphales relativement à leurs propres diasporas… [L’Église
de Constantinople] considère les autres Églises autocéphales mineures par rapport
à elle-même. Constantinople est à elle-même l’Église universelle, les autres en
sont des parties, et appartiennent à l’Église universelle pour autant qu’elles
soient liées à Constantinople. Quel chrétien véritable peut accepter
cela ? Et si, supposons, qu’en raison de l’une ou l’autre catastrophe,
disparaissent de la face de la terre la Première et la Deuxième Rome, cela
voudra-t-il dire que le monde restera sans véritable lien avec Dieu, parce que
les chaînons nous liant avec Lui auront disparu ? Non, c’est la voix d’un
étranger (Jn 10,5). Ce n’est pas notre foi chrétienne. Faut-il dire que cette
forme de papisme est aussi une hérésie ecclésiologique, à l’instar du papisme
romain ?... Nous rejetons toute « Rome » : tant la première,
que la deuxième et la troisième, s’il est question d’introduire le principe de
subordination dans l’existence de notre Église. Qu’il s’agisse du papisme
romain, constantinopolitain, moscovite, londonien, parisien, new-yorkais, et de
toute autre papisme, nous le rejetons comme une hérésie ecclésiologique,
altérant le christianisme » [4]. Non seulement les auteurs ecclésiastiques
russes, mais aussi ceux des autres Églises locales ont écrit au sujet de ce
problème. Ainsi, par exemple, l’archiprêtre Radomir Popović, de l’Église serbe,
après l’exposé de la doctrine susmentionnée de l’Église de Constantinople,
remarque « que cette forme de pensée rappelle la même chose qu’à Rome…
Ici, il n’est pas seulement question de la primauté d’honneur de l’évêque de
Rome, mais de toute une série de prérogatives d’un pouvoir exclusif de facto sur le monde orthodoxe entier.
C’est malheureusement identique aux prétentions de l’évêque de Rome, et pour
cette raison nombreux sont ceux qui parlent de l’apparition d’un nouveau pape
[5]. Et voici les paroles d’un des hiérarques de l’Église d’Antioche,
l’archevêque d’Australie et de Nouvelle Zélande Paul : « Dans les
cercles instruits, il est bien connu que le patriarche de Constantinople n’a
pas, dans la hiérarchie de l’Église, la place qu’occupe l’évêque de Rome dans
l’Église catholique. Le patriarche de Constantinople n’est pas le pape de Rome
en Orient. On sait bien encore que dans le passé, il y eut des cas, où les
patriarches de Constantinople furent reconnus hérétiques par des Conciles
œcuméniques et d’autres Conciles locaux… Le patriarche de Constantinople n’est
pas la voix de l’Orthodoxie et ne peut pas définir des normes dans l’Orthodoxie
[6]. Enfin, voici ce qu’écrit l’archiprêtre Bojidar Glavev, de l’Église
orthodoxe de Bulgarie : « Le patriarche de Constantinople… passe à
une expansion de plus en plus inquiétante de ses pouvoirs, se mouvant vers le
but final de son élévation au rang de pape oriental et à la primauté non
seulement d’honneur, mais de pouvoir… Il est évident qu’il agit déjà comme un
pape oriental et fait des déclarations destinées non seulement à ses fidèles,
mais à tout ‘le plérôme de l’Église’… L’absurdité de la situation ecclésiale
actuelle est constituée par le fait qu’au lieu de soumettre à la condamnation
ecclésiale l’activité destructrice du patriarche Bartholomée, il se passe le
contraire : le pouvoir du Trône de Constantinople s’élargit toujours plus,
et dans un sens qui ne correspond pas à la tradition de l’Église [7]. On peut
produire encore plus de semblables citations, dont des auteurs d’autres Églises
locales. Mais le rejet de la doctrine erronée mentionnée du Patriarcat de
Constantinople ne se limite pas aux déclarations d’auteurs individuels, sa
condamnation conciliaire a déjà eu lieu. Cela s’est produit en 2008 lors de
l’Assemblée des évêques de l’Église orthodoxe russe. Dans une résolution
séparée, il était dit : « L’Assemblée exprime sa profonde
préoccupation quant aux tendances… qui sont apparues dans les déclarations de
certains représentants de la sainte Église de Constantinople. Se fondant sur
une compréhension du 28ème canon du IVème Concile œcuménique non
partagée par le plérôme de l’Église orthodoxe, ces hiérarques et théologiens
développent une conception ecclésiologique qui devient une provocation pour l’unité
orthodoxe entière. Selon cette conception : 1) seule l’Église locale qui
se trouve en communion avec le Trône œcuménique est considérée comme
appartenant à l’Orthodoxie universelle 2) Le Patriarcat de Constantinople a le
droit exclusif de juridiction ecclésiale dans tous les pays de la diaspora
orthodoxe 3) Dans ces pays, le Patriarcat de Constantinople représente seul les
points de vue et les intérêts de toutes les Églises locales devant les
autorités gouvernementales 4) Tout hiérarque ou clerc qui accomplit son
ministère hors des limites du territoire canonique de son Église locale se
trouve sous la juridiction canonique de Constantinople, même s’il n’en a pas
conscience… et 5) Le Patriarcat de Constantinople définit les frontières
géographiques des Églises et, si son opinion ne coïncide pas avec celle de
telle ou telle autre Église sur la question donnée, il peut instituer sur le
territoire de cette Église sa propre juridiction… Une telle vision du
Patriarcat de Constantinople quant à ses propres droits et pouvoirs entre en un
conflit insurmontable avec la tradition canonique pluriséculaire, sur laquelle
est bâtie l’existence de l’Église orthodoxe russe et des autres Églises
locales ». [8] Bien que dans
cette décision conciliaire ne soit pas prononcée, par économie ecclésiastique,
le mot « hérésie », la doctrine rejetée et condamnée est désignée par
l’expression « nouvelle conception ecclésiologique », ce qui délimite
le problème dans le cadre dogmatique, et non pas seulement canonique, car
l’ecclésiologie fait partie de la dogmatique. En 2012, le Synode de l’Église
orthodoxe russe a adopté le document « Sur la question de la primauté dans
l’Église universelle », dans lequel il est expliqué pourquoi le Synode
n’accepte pas la nouvelle doctrine du Patriarcat de Constantinople :
« Dans la sainte Église du Christ la primauté en tout appartient à son
Chef, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ… Les différentes formes de
primauté dans l’Église sont secondaires par rapport à la primauté éternelle du
Christ comme Chef de l’Église… Au niveau de l’Église universelle en tant que
communauté des Églises orthodoxes locales autocéphales, unies en une famille
par la confession de la foi et demeurant dans la communion sacramentelle les
unes avec les autres, la primauté est définie conformément à la tradition des
saintes diptyques et constitue une primauté d’honneur… L’ordre des diptyques a
changé au cours de l’histoire… Les règles canoniques sur lesquels reposent les
saints diptyques, ne donnent pas quelque pouvoir primatial au niveau de toute
l’Église… Les altérations ecclésiologiques, prescrivant un hiérarque détenant
une fonction de direction primatial au niveau universel… ont reçu l’appellation
de « papisme » [9]. Dans une déclaration très récente du Saint-Synode
de l’Église orthodoxe russe du 14 septembre 2018, les paroles susmentionnées du
discours du patriarche de Constantinople ont été commentées comme suit :
« Il est difficile d’évaluer autrement ces propos que comme une tentative
de reconstruire l’ecclésiologie orthodoxe sur le modèle catholique-romain… afin
d’affirmer ses pouvoirs inexistants et qui n’ont jamais existé dans l’Église
orthodoxe ». Toutes ce citations prouvent que l’apparition d’une nouvelle
fausse doctrine qui altère le dogme de l’Église n’est pas resté inaperçue :
des voix d’auteurs individuels comme celle de conciles l’ont dénoncée. Il est
très triste de constater que l’ancien siège de Constantinople s’est trouvé à
nouveau infecté par l’hérésie, mais ce ne sont plus de simples suspicions, ce
sont des faits accomplis, témoignés à de nombreuses reprises. C’est précisément
cette hérésie, comme nous l’avons déjà mentionné, qui pousse les patriarches de
Constantinople à accomplir des actions iniques, qui ont pour but d’affermir
dans l’Église orthodoxe le pouvoir qu’ils s’attribuent. Et ce processus ne
s’achèvera pas en Ukraine ou en Macédoine. En effet, toutes les Églises n’ont
pas cédé leurs paroisses de l’étranger à Constantinople, ni marqué leur accord
sur ses prétentions. Ce problème ne peut être résolu par quelque procédé
diplomatique, des compromis ou des tentatives de se mettre d’accord. Tout cela
s’est produit et n’a pas donné de résultats positifs. Selon saint Marc d’Éphèse, « tout ce qui se rapporte à l’Église ne se corrige
jamais par les compromis : il n’y a pas de juste milieu entre la Vérité et
le mensonge » [10].
Un
Concile panorthodoxe est nécessaire
Comme cela est toujours la règle dans
l’Église, on ne remédie à un problème dogmatique que par la condamnation
conciliaire de l’hérésie et des hérétiques, par leur déposition et l’institution
d’évêques orthodoxes sur les sièges épiscopaux occupés par les hérétiques.
Cette voie est certes douloureuse, mais elle seule conduit à la guérison du
Corps de l’Église. Et les événements actuels montrent que s’écarter de la
résolution ecclésiale du problème donné n’est pas sans douleurs. Car les
fidèles de l’Église orthodoxe canonique en Ukraine souffrent déjà. Mais ils
pourraient être les derniers si se trouvait chez toutes les Églises locales la
volonté de condamner conciliairement le nouveau papisme. Ce faisant, il faut
condamner une fois pour toutes chaque velléité de papisme, afin qu’à l’avenir
aucune Église n’éprouve la tentation d’y tomber, afin que personne à l’avenir
ne suive la première et la seconde Rome. Un Concile panorthodoxe doit être
convoqué, lequel donnera une évaluation sensée tant de la nouvelle doctrine que
de ses expressions pratiques sous la forme d’intrusions iniques sur le
territoire des autres Églises. Bien sûr, il est peu probable que le patriarche
Bartholomée participe à ce Concile. En effet, dans le cadre de sa fausse
doctrine, il promeut l’idée que lui-seul peut convoquer des conciles
panorthodoxes. Ainsi, il se trouve qu’il ne puisse être jugé par personne, et
il est évident que le patriarche Bartholomée lui-même ne convoquera jamais un
concile qui jugerait ses discours et ses actions. Cette idée contredit
l’histoire : aucun Concile œcuménique n’a jamais été convoqué par le
patriarche de Constantinople, bien plus, certains de ces conciles ont déposé et
anathématisé les évêques hérétiques de ce siège. Et après l’époque des Conciles
œcuméniques, l’Église a utilisé son pouvoir de jugement des patriarches de
Constantinople lorsque cela était nécessaire. C’est ainsi que, par exemple, après
l’union de Ferrare-Florence de 1443 eut lieu à Jérusalem la synaxe des trois
patriarches orientaux qui ont déposé le patriarche hérétique de Constantinople
Métrophane. À cette époque, pendant de nombreuses années, celui qui eut le
premier rang d’honneur dans l’Église orthodoxe fut le patriarche d’Alexandrie,
jusqu’à ce que l’on ait réussi à nommer un patriarche orthodoxe sur le siège de
Constantinople. En 2005, le patriarche Bartholomée a convoqué un concile
panorthodoxe, au cours duquel il obtint la déposition du patriarche de
Jérusalem Irénée, bien que les actes dont ce dernier fut accusé, ne soient pas
des délits canoniques susceptibles de déposition et, d’autant, plus la
réduction à l’état laïc. Les actes et les affirmations du patriarche Bartholomée
lui-même méritent un examen impartial lors d’un Concile panorthodoxe. Et lors
de cet examen, il convient absolument de prendre en compte le fait que cette
fausse doctrine promue par les patriarches de Constantinople depuis 1922
contredit la foi que confessaient ses anciens prédécesseurs. C’est ainsi, par
exemple, que le patriarche Germain II de Constantinople (1222-1240) a
dit : « Il y a cinq patriarcats avec des limites définies pour chacun
d’entre eux, et cependant, ces derniers temps un schisme a surgi parmi eux [i.e. celui de Rome], dont le commencement a été posé par une
main audacieuse cherchant la prépondérance et la domination dans l’Église. Le
Chef de l’Église est le Christ, toute recherche de domination s’inscrit contre
Sa doctrine » [11]. Malheureusement, ses successeurs actuels ont décidé de
rechercher la domination dans l’Église, considérant de toute évidence que se
trouver sous la domination du Christ est insuffisante pour les orthodoxes. Bien
que, dans le passé, les patriarches de Constantinople aient dit ouvertement
qu’ils s’opposaient à la primauté du pape de Rome et ce non dans le but
d’affermir leur propre primauté. En particulier, le patriarche Nil Kerameus
(1380-1388) a écrit au pape Urbain VI : « Il est injuste que certains
disent de nous que nous souhaitons soi-disant la primauté » [12]. L’actuel
patriarche fait honte aux paroles de ses prédécesseurs, étant donné que,
malheureusement, il a rendu ces accusations pleinement justifiées. Et voici ce
que dit l’encyclique des quatre patriarches de 1848 : « La dignité [du
siège romain] ne réside ni dans sa souveraineté ni dans sa suprématie, qui
n'ont jamais été l'apanage de saint Pierre lui-même, mais bien plutôt dans une
préséance fraternelle au sein de l'Église universelle accordée aux papes par
égard à la célébrité et l'ancienneté de leur ville… chez nous, l'Orthodoxie a
préservé l'Église catholique [i.e. universelle] comme
une fiancée immaculée pour son Époux, bien que nous ne possédions
aucun pouvoir séculier pour nous soutenir ni, comme l'appelle Sa Sainteté,
aucun « gouvernement ecclésiastique ». Nous n'avons d'autre lien que celui de
l'amour et du zèle pour notre mère commune, dans l'unité de la foi scellée par
les sept sceaux de l'Esprit (Apoc. V, 1), c'est-à-dire les sept Conciles Œcuméniques
et dans l'obéissance à la vérité ». Sous cette encyclique figure la
signature du patriarche de Constantinople Anthime qui, à l’instar de ses
anciens prédécesseurs, partageait ce point de vue sur la primauté dans
l’Église, tel qu’il est maintenant exprimé par l’Église orthodoxe russe. C’est
de cette foi juste dont a dévié l’actuel Patriarcat de Constantinople, et de
façon si évidente qu’elle a été critiquée et même qualifiée d’hérésie, ce qui
ressort des paroles de l’ancien secrétaire du Synode du Patriarcat de
Constantinople, l’archimandrite Elpidophore (Lambriniadis), actuellement
métropolite de Prousse qui a déclaré que « le refus de reconnaître la
primauté dans l’Église orthodoxe, la primauté qui ne peut être incarnée que par
le premier, ce n’est rien d’autre qu’une hérésie ». Il a fallu plus de
temps, à l’Église romaine même, pour arriver à la dogmatisation de la doctrine
sur la primauté papale. Il est triste de devoir reconnaître que c’est
précisément dans les Églises grecques que l’on a laissé passer cette hérésie.
Il y eut une certaine résistance dans le Patriarcat d’Alexandrie au milieu du
XXème siècle, mais elle cessa ensuite. Ce faisant, il est difficile de
qualifier le patriarche Bartholomée de figure populaire, et on peut trouver en
langue grecque des articles critiques à son sujet. On l’accuse de
transgressions canoniques et de différentes hérésies, mais on ne trouve en
langue grecque quasiment aucune accusation à son endroit d’hérésie néo-papiste.
Le
papisme dans les document du tristement célèbre Concile de Crète
Prenons même ce tristement célèbre Concile de
Crète qui a été la cause de tant de scandales et de divisions. Combien de
critiques ont été exprimés à son sujet par les gens les plus doctes ! Des
accusations d’erreurs dogmatiques de ce texte ont même été prononcées mais, ce
faisant, personne n’a remarqué les nombreuses métastases d’hérésie du papisme
constantinopolitain qui ont surgi dans différents documents du Concile. Bien
que, nous en sommes convaincus, c’est précisément en vue de la reconnaissance
panorthodoxe de privilèges que le Patriarche de Constantinople s’est attribué
arbitrairement, que ce concile a été réuni. Ses documents ne présentent aucune
valeur pour quelque Église orthodoxe locale que ce soit, aucun des problèmes communs
à toute l’Orthodoxie n’a été réglé. Or, dans les documents du concile, un
certain nombre de choses ont été écrites en faveur du patriarcat de
Constantinople, et nous en mentionnerons ci-dessous quelques exemples. Il faut
ici souligner que la version constantinopolitaine du papisme ne correspond pas
à cent pour cent à la version romaine. Il y a aussi des différences. Par
exemple, si dans le papisme romain, tout en élevant la figure du pape, tous les
autres évêques sont considérés comme égaux entre eux, dans la version
constantinopolitaine du papisme, des droits et des privilèges spéciaux s’étendent
dans une certaine mesure à tous les hiérarques de l’Église de Constantinople.
Cela est consigné dans
le document « La diaspora orthodoxe » adopté au Concile de Crète.
Dans la section 2b est prescrit le mode de fonctionnement des assemblées
épiscopales dans les pays non orthodoxes du monde et, il s’avère
particulièrement que « Ces assemblées seront composées de tous les évêques
de chaque région, qui se trouvent en communion canonique avec toutes les très
saintes Églises orthodoxes et seront présidées par le premier parmi les
hiérarques relevant de l’Église de Constantinople ». Comme nous le voyons,
ce n’est pas seulement le patriarche de Constantinople, mais aussi tous les
évêques qui lui sont soumis qui doivent disposer du droit de primauté envers
tous les autres évêques de toutes les autres Églises locales, étant donné que
c’est précisément eux qui doivent présider les assemblées locales des évêques
orthodoxes des différentes juridictions. Ce ne sont pas les plus anciens selon
l’âge ou l’ordination, ce ne sont pas ceux qui sont les plus vertueux,
expérimentés et respectés, mais ce sont absolument les hiérarques du Patriarcat
de Constantinople. Comme si en quelque sorte nous avions affaire à une caste
particulière, supérieure, d’évêques, plus élevés par rapport à tous les autres,
du seul fait de leur proximité de celui qui s’appelle « le patriarche
œcuménique ». Dans le cadre de cette logique, les prêtres du Patriarcat de
Constantinople doivent également avoir la priorité dans l’Église par rapport
aux prêtres des autres Églises orthodoxes, tandis que les laïcs du Patriarcat
de Constantinople doivent considérés supérieurs quant à leur statut, par
rapport aux laïcs des autres Églises. Même les Latins n’avaient pas pensé à
cela. Dans de nombreux endroits des documents du Concile de Crète, le
patriarche de Constantinople s’attribue le pouvoir sur toute l’Église
orthodoxe, dont celui du jugement ecclésiastique. En particulier :
« Quant aux questions d’intérêt commun qui… nécessitent d’être examinées à
l’échelon panorthodoxe, le président (de l’assemblée épiscopale) se réfère au
Patriarche œcuménique pour que suite soit donnée » (Diaspora orthodoxe,
6). « Pendant la consultation panorthodoxe, le Patriarche œcuménique cherche à obtenir le consensus des autres Églises
orthodoxes » (Les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde
chrétien, 10). « Les Églises autonomes
ne sont pas créées dans la région (ou territoire) de la diaspora, sauf dans les cas d’assentiment unanime, assuré
par le Patriarche œcuménique (L’autonomie et la manière de la proclamer, 2,4).
En cas de contestation… « les parties impliquées
s’adressent conjointement ou séparément au Patriarche œcuménique afin que
celui-ci trouve la solution canonique à la question » (L’autonomie et la manière de la proclamer,
2,5). Dans le message du Concile de Crète, il est proposé d’instituer un Saint
et Grand Concile en tant qu’institution permanente, dont le droit de
convocation est pour quelque raison réservé exclusivement au patriarche de
Constantinople, ce qui n’a de fondement ni dans l’histoire, ni dans la
théologie de l’Église orthodoxe. Or, le droit de convocation du Concile
panorthodoxe doit appartenir non pas seulement au premier primat selon les
diptyques, mais à tout primat d’une Église autocéphale. La limitation de cela
au seul patriarche de Constantinople rend impossible la convocation du concile
en cas de griefs d’une Église locale à l’égard du patriarche de Constantinople
et transforme de facto le patriarche
de cette Église en personne non passible de jugement ecclésiastique, ce qui
contredit l’ordre canonique de l’Orthodoxie, conformément auquel tout hiérarque
est passible du jugement de ses pairs. Pourquoi donc les auteurs orthodoxes
grecs ont-ils laissé passer tout cela, comme, au demeurant, d’autres
expressions de l’hérésie du papisme constantinopolitain encore plus criantes,
que nous avons reproduites plus haut ? Cela veut-il dire que tous partagent
cette hérésie ? Ou bien sont-ils prêts à s’en accommoder pour des raisons
de solidarité nationale ? Il est difficile de le croire car la gloire du
peuple grec a toujours été son attachement à la vérité en raison de laquelle
ses meilleurs représentants n’ont pas eu peur de dénoncer les patriarches de
Constantinople tombés dans l’hérésie. Il en était ainsi avec saint Maxime le
Confesseur à l’époque des patriarches monothélites, il en était ainsi avec
saint Marc d’Éphèse lors de l’union de Ferrare-Florence, de
même avec saint Mélèce le Confesseur lors de l’union de Lyon, on pourrait
continuer avec les exemples. Pour tous ces saints grecs, la fidélité à la
vérité se trouvait au premier rang. Qu’est-ce qui a changé maintenant ? La
question n’est pas « d’être du côté des Russes » ou des
« Slaves », mais de se trouver du côté de la vérité. Combien de
confesseurs et de martyrs du peuple grec ont-ils souffert pour ne pas accepter
le papisme occidental ! Serait-ce seulement pour que leurs descendants
adoptent docilement la même hérésie, mais dans une enveloppe orientale,
grecque ? Que pareille chose ne se produise pas ! Il convient
d’évoquer brièvement les revendications du patriarche de Constantinople au
pouvoir judiciaire ecclésiastique et d’arbitrage dans toute l’Église orthodoxe,
étant donné que ceci constitue une partie de la même « enveloppe ».
Il est entendu que le présent article est consacré à une question dogmatique et
pour cette raison, nous n’examinons pas les questions canoniques, qui sont
suffisamment analysées dans d’autres articles. Si l’on regarde les
transgressions systématiques et le non-respect d’une multitude de canons par le
Patriarcat de Constantinople, on est simplement saisi de stupeur, alors qu’en
même temps on entend des déclarations selon lesquelles le « Patriarcat
œcuménique prend la responsabilité de mettre les choses en ordre ecclésiastique
et canonique ». Et ces déclarations se font entendre au moment même où ce
patriarcat abolit les canons, par exemple, les canons apostoliques interdisant
le second mariage du clergé.
Le
Patriarcat de Constantinople dispose-t-il du droit d’appel ?
Bien qu’ici, il y ait beaucoup à dire, cela
allongerait indûment l’article. Néanmoins, il est nécessaire d’examiner un
exemple, précisément, de revendication du pouvoir judiciaire dans toute
l’Église. Dans le discours déjà mentionné, le patriarche Bartholomée a déclaré
« le privilège unique de l’Église de Constantinople de recevoir l’appel
des hiérarques et du clergé cherchant refuge depuis toutes les Églises orthodoxes
locales ». Ce faisant, de telles déclarations se réfèrent au 9ème
et au 17ème canon du IVème Concile œcuménique, lesquelles
conféreraient, soi-disant, un tel privilège au Patriarcat de Constantinople. Et
c’est ainsi qu’est justifié, en partie, l’intrusion dans l’affaire ukrainienne
et l’accueil de schismatiques réduits à l’état laïc. À quel point cette
interprétation des canons correspond à la Tradition de l’Église, nous pouvons
le comprendre si nous la comparons au commentaire de saint Nicodème l’Hagiorite
dans son célèbre « Pedalion » [« Le gouvernail », recueil des saints canons
avec leurs commentaires] :
« Constantinople n’a pas le pouvoir d’agir dans les diocèses et les
limites des autres Patriarches, et par ce canon ne lui est pas donné le droit
d’instance en dernier appel dans toute l’Église… C’est pourquoi Zonaras, dans
son commentaire du 17ème canon du même Concile, dit que (le
hiérarque) de Constantinople n’est pas institué juge sur tous les métropolites
en général, mais seulement sur ceux qui lui sont soumis. Le (hiérarque) de
Constantinople est le premier et dernier juge pour les métropolites qui lui
sont soumis, mais non pour ceux qui sont soumis à d’autres patriarches, parce
que seul le Concile œcuménique est le premier et universel juge de tous les
patriarches et nul autre ». Comme nous le voyons, la fausse doctrine sur
les dogmes est fondée sur une fausse interprétation des canons ce qui n’est pas
étonnant, puisqu’il s’agit d’une doctrine étrangère à l’Église orthodoxe.
Naturellement, les partisans d’une telle doctrine, comme tous les autres
hérétiques, peuvent rechercher des citations qui leur sont favorables dans les
textes anciens, provenant principalement de Constantinople, peuvent mentionner
l’absorption par Constantinople des Églises bulgare et serbe au temps de
l’empire ottoman, des agissements fort douteux et discutables, que
Constantinople a dû corriger par la suite. Mais tout cela ne peut supprimer le
fait que tout papisme, tant occidental qu’oriental, est étranger à la doctrine orthodoxe.
Comme l’a écrit le hiéromartyr Gorazd de Prague (+1942), « L’Église
orientale a reconnu pour Chef de l’Église Jésus-Christ seul et a refusé l’idée
même de reconnaître pour chef un (simple) homme… car cette idée est apparue
suite à un manque de foi dans le Chef invisible – Jésus-Christ – et Sa
direction vivante du corps de l’Église universelle… et aussi comme incompatible
avec le principe apostolique de résolution conciliaire des problèmes
ecclésiaux, ce qui s’est exprimé au plus haut niveau lors des Conciles œcuméniques [13]. Il faut encore mentionner que le Patriarcat de
Constantinople utilise ses différents titres honorifiques pour fonder et
promouvoir son papisme, et avant tout le titre de « Patriarche
œcuménique ». Si, dans le passé, il s’agissait simplement de l’un des
titres honorifiques comme, par exemple, pour le patriarche d’Alexandrie, le
titre « juge de l’univers », à l’époque récente, il est devenu de facto l’appellation officielle et
principale que se donnent les primats constantinopolitains. Depuis longtemps,
ils se donnent exclusivement ce titre, comprenant par là que leur juridiction
ecclésiale s’étend littéralement à tout l’univers. À titre d’exemple
d’utilisation de ce terme, on peut citer ces paroles du métropolite Elpidophore
(Lambriniadis) : « La primauté de l’archevêque de Constantinople n’a
rien de commun avec les diptyques, qui ne font qu’exprimer l’ordre
hiérarchique… Si nous parlons de la source de la primauté, une telle source est
la personne même de l’archevêque de Constantinople qui, comme évêque, est le
premier ‘parmi les égaux’ mais, comme archevêque de Constantinople et, par
conséquent, patriarche œcuménique, est le premier sans égaux » [14]. Un
tel concept de leur « juridiction universelle » s’est exprimée
également en ceci qu’au XXème siècle, les hiérarques de l’Église de
Constantinople ont partagé entre eux tous les pays du monde à l’exception de
ceux qu’ils reconnaissent appartenir aux autres Églises autocéphales. C’est
ainsi que même les pays dans lesquels il n’y a pas un seul chrétien orthodoxe,
se trouvent inscrits en tant que territoires canoniques d’un quelconque
hiérarque de l’Église de Constantinople. Et celui-ci protestera avec véhémence
si une quelconque Église ouvre sa mission dans un pays où Constantinople n’a
jamais mis les pieds et où il n’a pas un seul fidèle, tout cela simplement sur
la base de la répartition mentionnée. Le fait que cette répartition du monde
n’a été accomplie qu’au XXème siècle, dénonce cette doctrine comme nouvelle et
inconnue précédemment dans l’Église. Si elle avait été ancienne, les hiérarques
constantinopolitains auraient procédé à cette répartition, bien avant. Il est
assez connu que, dès l’utilisation du titre « œcuménique » (dans le
sens « universel ») par les évêques de Constantinople, le pape saint
Grégoire le Grand s’est prononcé contre cela catégoriquement. Il a écrit, entre
autres, au patriarche de Constantinople Jean : « Par suite de votre
titre criminel et plein d’orgueil, l’Église est divisée, et les cœurs de tous
les frères sont scandalisés… Si l’apôtre Paul ne voulait pas que les membres du
corps du Seigneur fussent rattachés par parties à d’autres têtes qu’à celle du
Christ, quoi que ces têtes fussent des apôtres, vous, que direz-vous au Christ,
qui est la tête de l’Église universelle, que lui direz-vous au dernier
jugement, vous qui, par votre titre d’universel, voulez vous soumettre tous ses
membres ? » Et voici ce qu’il écrit aux patriarches Euloge
d’Alexandrie et Anastase d’Antioche : « Aucun de mes prédécesseurs
n’a voulu se servir de ce mot profane (universel), parce que, en effet, si un
patriarche est appelé universel, on ôte aux autres le titre de
patriarche ». Cependant, les patriarches de Constantinople n’ont pas
observé les paroles du pape orthodoxe Grégoire le Grand qui était alors le
premier selon l’honneur. Et ce titre continua à être utilisé. On dit pour la
défense de son utilisation, qu’il n’aurait pas été utilisé dans le sens que lui
attribuait saint Grégoire, qu’il s’agissait seulement d’un beau titre, semblable
à celui de « Docteur universel » et de « Bibliothécaire universel»,
qu’il y avait également dans la capitale de l’empire. C’était peut-être le cas
au début, mais si l’on regarde comment ce titre a commencé à être utilisé en
fin de compte, on peut considérer les paroles de saint Grégoire comme
prophétiques. Saint Grégoire n’a pas été le seul pape qui se soit dressé contre
l’utilisation du titre « universel ». C’est ainsi que dans les Actes
seconds du VIIème Concile œcuménique, nous lisons que lecture a été donnée du
message du pape de Rome Adrien à l’empereur. Dans le texte original de ce
message, hormis la condamnation de l’iconoclasme, se trouvent ces
paroles : « Nous avons été fortement étonnés lorsque nous avons
trouvé que dans vos décrets impériaux, édités au sujet du patriarche de la
ville impériale, c’est-à-dire Taraise, il fût également appelé universel. Nous
ne savons pas si c’est par ignorance, ou sous l’inspiration des schismatiques
et hérétiques impies, que cela a été écrit, mais nous demandons instamment
votre miséricordieuse autorité impériale qu’il ne signe jamais, dans aucun de
ses écrits, en tant qu’universel ; parce que, de toute évidence, cela est
contraire aux dispositions des saints canons et à la Tradition des saints
Pères… Pour cette raison, si quelqu’un l’appelle universel ou donne son accord
à ce sujet, qu’il sache qu’il est étranger à la foi orthodoxe ». Bien que
selon toute vraisemblance, ces passages du message n’aient pas été traduits en
grec lors de la lecture de celui-ci au Concile, il n’en ressort pas moins que,
pour la deuxième fois, le premier primat, en ce temps, critiquait ouvertement
et empêchait l’utilisation du titre « universel » aux patriarches de
Constantinople. Ces témoignages donnent une base pour parler de l’illégalité de
l’utilisation du titre en question. C’est la raison pour laquelle les auteurs
orthodoxes doivent renoncer à l’appellation « Patriarcat œcuménique »
et nommer celui-ci « patriarche de Constantinople » et grâce à ce
dernier titre, ne pas soutenir la propagation de l’hérésie du nouveau papisme.
Église-Mère ?
L’autre titre, activement utilisé par
Constantinople pour fonder ses ambitions, est « Église-Mère », bien
que ce titre, comme le précédent, n’ait jamais été attribué au Trône de
Constantinople par un quelconque Concile œcuménique, mais constitue une
usurpation arbitraire. Il n’est pleinement justifié que dans un contexte
historique et seulement à l’égard des Églises qui ont reçu l’autocéphalie de
l’Église de Constantinople. Cependant, il est utilisé dans un sens bien plus
large. Par exemple dans le discours susmentionné, le patriarche Bartholomée
parle de son patriarcat comme « de la Mère pleine de sollicitude et celle
qui enfante les Églises » pour fonder ses revendications à une place
particulière dans la société panorthodoxe. Mais un concept de l’Église de
Constantinople comme Mère de toute les Églises est de toute évidence absurde,
étant donné que les anciens Patriarcats ont précédé historiquement l’apparition
de Constantinople, comment celle-ci peut-elle être leur mère ? S’il y a
une Église qui peut prétendre à juste titre à ce titre, c’est l’Église de
Jérusalem. Son apport historique particulier a toujours été reconnu par toutes
les Églises, mais n’a jamais été compris comme un droit à la domination et au
pouvoir. Or, Constantinople utilise arbitrairement le titre
« d’Église-Mère » pour fonder son aspiration à soumettre à son
pouvoir les autres Églises autocéphales, qui doivent être soumises et
obéissantes, comme la fille à sa mère. Bien que, comme l’a fait remarquer
l’archimandrite Sophrony (Sakharov), même si l’on acceptait que Constantinople
« puisse effectivement s’appeler la mère commune de toutes les Églises… de
toute façon déduire la soumission depuis le fait de la maternité historique,
serait un écart de la Triadologie orthodoxe, conformément à laquelle la
Paternité ou la Filiation n’élimine pas la plénitude de l’unité. Celui qui est
né de l’essence est égal à Celui qui a donné naissance » [15]. Et ces
paroles du patriarche Bartholomée sur la « Mère pleine de sollicitude semblent
particulièrement cyniques. Aucune mère pleine de sollicitude n’agit avec ses
enfants comme agit Constantinople à l’égard de l’Église russe, et il y a
quelques années envers l’Église grecque. Et si l’on ajoute le mot
« mère » au Patriarcat de Constantinople, par ses agissements, elle
illustre plutôt la figure païenne repoussante de la mère qui dévore ses
enfants. Et qui peut blâmer des enfants qui décident de quitter une telle
« mère » ? Le fait que l’Église russe ait rompu la communion
eucharistique avec Constantinople serait justifié même si l’affaire se limitait
à l’aspiration à résister au crime à l’échelle de toute l’Église et préserver
ses enfants de la communion de ceux qui sont entrés eux-mêmes en communion avec
les schismatiques. Mais il y a quelque chose de plus sérieux. L’Église
orthodoxe russe est devenue la première à refuser à se soumettre à l’hérésie du
papisme, semée par le Patriarcat de Constantinople. Quant aux autres Églises
locales, il leur faudra tôt ou tard faire le choix – non pas celui d’être avec
« les Russes » ou « les Grecs », mais entre l’Orthodoxie et
l’hérésie.
NOTES:
[1]
https://cognoscoteam.gr/αρνούμενος-το-οικουμενικό-πατριαρχε/
[2] «Ορθόδοξος «Εκκλησία» ή «Συνομοσπονδία»
Τοπικών Εκκλησιών» – « L’Église orthodoxe ou « confédération » des
Églises locales ? »
[3]
Citations de la conférence « Situation de l’Église orthodoxe après la
guerre », prononcé au IIème Concile de la diaspora (Sremski Karlovci, 1/14‒11/24 août 1938).
[4]
Hiéromoine Sophrony (Sakharov), Единство Церкви по образу Единства Святой
Троицы (L’Unité de l’Église à l’image de l’unité de la Sainte Trinité »// Messager
de l’Exarchat patriarcal russe d’Europe occidental, 1950. № 2–3.pp. 8–32.
[5] Archiprêtre Radomir V. Popović,
Ангажована Теологиjа Цариградске Патриjаршиjе (La théologie engagée du
Patriarcat de Constantinople)// svetosavlje.org/angazovana-teologija-carigradske-patrijarsije/
[6] Archevêque d’Australie et de Nouvelle
Zélande Paul, Дружба с другими Церквами (Amitié avec les autres Églises) //
www.blagovest-info.ru/index.php?ss=2&s=7&id=27764
[7] "https://www.pravoslavie.bg/анализи/вселенският-патриарх-източен-па/"
[8] Décision dе la Sainte Assemblée des hiérarques
de l’Église orthodoxe russe (Moscou, 24-29 juin 2008), « Sur l’unité de
l’Église »
[9]
http://www.patriarchia.ru/db/text/3481089.html
[10] Epître à Scholarios, II // https://azbyka.ru/otechnik/Amvrosij_Pogodin/svjatoj-mark-ehfesskij-i-florentijskaja-unija (Saint Marc d’Ephèse et l’Union de Florence/9).
[11] Citation d’après I.I. Sokolov: Лекции по
истории Греко-Восточной Церкви (Cours d’histoire de l’Église gréco-orientale). Saint-Pétersbourg
2005, p. 129.
[12] Ibid, p. 186
[13] Gorazd, évêque de Tchéquie et de Moravie.
Život sv. Cyrila a Metoděje a jejich poměr k Řнmu a Cařihradu (Vie des saints
Cyrille et Méthode et leur rapport envers Rome et Constantinople//
http://www.orthodoxia.cz/gorazd/pavlik2.htm
[14]
http://history-mda.ru/publ/pervyiy-bez-ravnyih-otvet-na-dokument-o-pervenstve-v-tserkvi-prinyatyiy-na-zasedanii-svyashhennogo-sinoda-russkoy-pravoslavnoy-tserkvi_3650.html
[15] Hiéromoine Sophrony (Sakharov), op.
cit., p. 25
Source
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire