samedi 14 juillet 2018

Prêtre Andrei Chizhenko: LE PLUS IMPORTANT MIRACLE DES APÔTRES PIERRE ET PAUL




    
Le mot "apôtre" traduit du grec signifie "émissaire". Les apôtres du Christ ont été envoyés dans le monde pour apporter la bonne nouvelle de l'Évangile, pour apporter le témoignage du Christ, et pour fonder et confirmer l'Église.

Un groupe d'hommes, une centaine, a pris le monde entier dans les filets du Christ. Et c'est un miracle absolu et merveilleux ! C'est la preuve la plus importante que Dieu était avec eux et que Dieu est avec nous, qui sommes leurs disciples et leurs enfants. Après tout, toute la puissance de l'Empire romain, enflammée par la colère des Juifs, était contre eux. Quatre-vingt-dix pour cent de tous les Romains aristocratiques civilisés, les Grecs intellectuels raffinés et des centaines de tribus barbares et grossières d'Europe et d'Asie n'avaient jamais entendu parler du Christ. De plus, ils ne voulaient pas entendre parler de Lui, et ils ont pris une position agressive contre les apôtres. Le paganisme officiel romain, centré autour de la figure déifiée de l'empereur, semblait être une puissance solide et invincible.

Mais comme on le chante dans la vieille chanson rock and roll (en russe), "Une petite pousse a fendu le rocher." Un peu plus de 300 ans passèrent et le colosse de la religion païenne s'écrasa, et à sa place bourgeonna l'arbre vivant de l'Orthodoxie.

N'est-ce pas un miracle ? Il semblait que tout était contre lui. Il semblait que toutes les conditions terrestres existantes n'étaient rien d'autre que mortellement dangereuses pour le christianisme. En termes biologiques, il s'agissait d'un environnement agressif et hostile.

Mais la vigne du Christ s'épanouit et porte du fruit...

L'infatigabilité des apôtres est aussi stupéfiante au-delà de toute imagination. Lisez simplement ce qu'ils ont atteint aux extrémités de la terre et à quelles tribus hostiles ils sont allés pour prêcher l'Evangile : Rome, la Grèce, l'Espagne, la Grande-Bretagne, l'Afrique, l'Iran, l'Inde, le Caucase ?

Et partout cette vigne plantée par la main droite de Dieu a pris racine. C'est parce que l'homme ne l'a pas plantée ; le Seigneur l'a plantée.

Et nous devons probablement aussi comprendre que nous sommes les descendants directs et les héritiers des apôtres, que le monde, qui est resté païen à bien des égards - ou plutôt qui conserve l'inclination à revenir au paganisme - exige de nous le zèle apostolique et le témoignage du Christ. Dans nos familles, au travail, dans les transports publics, le chrétien est un apôtre, c'est-à-dire un émissaire du Christ.

En passant devant une église orthodoxe dans le bus, on peut se signer ou se retourner honteusement. A la maison, fatigués après le travail, nous pouvons soit enseigner à notre enfant le "Notre Père", soit lui donner une tablette avec internet, et nous plonger dans l'internet ou la télévision...

Il y a énormément de possibilités pour le chrétien moderne d'être apôtre. Il est important que le cœur brûle de foi et de recherche de Dieu et de soif de Sa connaissance. Il est important que nous soyons à la fois le rocher (Pierre) et le petit (Paul, Paulos en latin, signifie "moindre, petit") - c'est-à-dire que nous soyons à la fois un rocher indestructible de la foi orthodoxe et rempli de cette petitesse, nous percevant comme petits, pauvres en esprit ; c'est-à-dire, ayant œuvré avec l'aide de Dieu pour posséder la vertu de l'humilité, sans laquelle il n'y a pas de salut. 

En attendant, bien sûr, ne pas oublier la vertu de l'amour. Et nous attendent nos propres Corinthiens, Romains et Thessaloniciens dans nos familles, dans le métro et les bus, et au travail. Et le Seigneur est le même pour nous que pour les apôtres.

Saint chef des apôtres Pierre et Paul, priez Dieu pour nous !

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 13 juillet 2018

Père Artemy: Conseils pour guérir la dépression


Le Père Artemy parle très doucement, phénomène assez inhabituel en Russie, où les prêtres puissants qui parlent souvent sans détour et directement sont plus la règle que l'exception. Entre-temps, il utilise souvent un langage symbolique et poétique, trahissant sa formation littéraire (Dites-nous ce que vous en pensez dans les commentaires !). 

Ici, il parle de la Dépression, le fléau du monde riche et prodigue... comment renverser les ténèbres et les transformer en lumière. 



Chers amis !

Beaucoup d'entre vous savent que dans la plupart des pays européens prospères, par exemple en Suède, les gens souffrent de dépression et de dépression inexplicable. La même situation se retrouve dans les villes qui offrent la vie la plus confortable tant pour les autochtones que pour les soi-disant réfugiés qui obtiennent 1000 euros par mois avec un logement gratuit.

Aux Etats-Unis, connus pour la plus forte consommation d'énergie par tête (plus élevée qu'en Europe, sans parler des pays du Tiers Monde), on ne peut se passer de psychologues, de psychanalystes, d'astrologues et de psychiatres. Et presque tout le monde prend des antidépresseurs.

Il est raisonnable de prendre des médicaments dans certains cas, mais lorsqu'il s'agit de la majorité de la population, il y a là quelque chose de louche, n'est-ce pas ?

Il s'avère que le niveau de prospérité et les exigences croissantes n'apportent pas le bonheur à l'âme. Ils ne donnent pas la vivacité, la joie et l'hilarité au cœur. Au contraire, les adolescents chéris et suralimentés qui reçoivent de la nourriture et un logement ne savent pas comment gérer leur vide intérieur et comment le combler. Ils souffrent d'un manque de sens de la vie. A la recherche d'adrénaline, ils font parfois des choses terribles, extrêmes ou suicidaires. D'autres s'adonnent à une agressivité irrationnelle, ils aiment faire souffrir les autres. Qu'est-ce que cela montre clairement ? Cette vie sans Jésus-Christ est vide.

Ceux qui n'ont pas gagné une fondation en Jésus-Christ et ne connaissent pas le Dieu vivant et qui se sont retirés de la grâce de Dieu ne sont pas complètement des gens, mais des créatures intelligentes à deux pattes souffrant de douleurs intérieures sans fin. Ce n'est pas le corps qui souffre, mais l'âme, notre moi éternel.

C'est pourquoi l'acathiste à  Notre très doux Seigneur Jésus (un type d'hymne récité par des chrétiens orthodoxes orientaux ou catholiques orientaux, dédié à un saint, un événement saint ou à l'une des personnes de la Sainte Trinité) que nous lisons avec un sentiment spécial et une pensée profonde, contient de tels mots :

Jésus, joie de mon cœur !

Comme cette phrase semble inattendue et étonnante ! Pour la personne éloignée de l'Eglise et de tout sentiment religieux, la religion et la foi ne sont qu'un ensemble de règles, principalement des interdictions et des tabous. On ne peut pas faire ceci et cela - quelle vie ennuyeuse ! De telles personnes peuvent penser que ces règles ne doivent être suivies que parce que " la plus haute autorité continue de nous surveiller..."

Naturellement, l'âme qui n'a aucune raison d'être joyeuse évite désespérément de telles leçons de morale ennuyeuses.

Pendant ce temps, le roi David, parent éloigné du Dieu incarné, prévoyant la venue dans le monde de Notre Seigneur Jésus-Christ, Lui adressait à Lui, le Fils de Dieu, de telles paroles mystérieuses :

Tu es mon refuge contre la tribulation qui m'enserre; ô ma joie, délivre-moi de ceux qui me cernent. (Psaume 31:7)

Dieu est la plénitude qui remplit tout en tout. Il est le Sauveur, Alpha et Oméga, le Début et la Fin, la Fontaine, la Raison et la Destination de l'existence humaine. Il est la fontaine qui coule abondamment. Ce n'est que par l'unité vivante avec Jésus-Christ et le contact mystérieux avec Lui par la foi, la repentance, la prière et en suivant Ses commandements que nous pouvons sentir que notre cœur prend vie après la mort. L'espace du cœur est rempli d'une eau mystérieuse, joyeuse et vivifiante - la grâce de l'Esprit Saint.

Ainsi, la foi, l'espérance et l'amour sont des qualités très justes, vitales et inspirantes. Paul l'Apôtre, en pensant aux fruits de la foi, met la joie de l'existence comme l'une des joies principales. Jésus-Christ s'adresse à ses disciples :

"Si vous ne vous convertissez pas et ne devenez comme des petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux." (Matthieu 18:3)

Et le Royaume des Cieux n'entrera pas en vous.

Souvenons-nous des jours dorés de notre enfance. A l'âge de 3, 5, 6 ans, nous avons pu être heureux avec chaque jour à venir. Le monde, étonnant et éternellement diversifié, nous attirait. Notre âme innocente fut émerveillée par les couleurs de l'été et de l'automne. Chaque son, chaque ligne ou forme, chaque petite pierre et chaque brin d'herbe étaient des objets de notre longue contemplation et peut-être même de réflexion (si les enfants réfléchissent lorsqu'ils sont seuls...). C'est le signe d'une âme chrétienne juste, douce, humble de cœur, orante et sage, qui perçoit le saint don de la vie comme précieux. Si notre courte vie sur terre est si belle, alors quoi et Qui l'âme trouve-t-elle " le plus beau des enfants des hommes" (Psaume 44:3) ?

Il témoigne de lui-même : "Je suis le chemin, la vérité et la vie " (Jean 14:6). La vie en abondance. Il est Lumière (1 Jean 1:5), et il y a de la vie pour tous les gens dans cette Lumière. Ainsi, la vraie foi en Christ ressuscité, la foi voyant et chaude, par-dessus tout, tinte dans un cœur comme une joie mystérieuse. "Eurêka ! On m'a montré quelque chose ! J'ai trouvé quelque chose que mon âme cherche depuis ma jeunesse."

Le Christ Sauveur est vraiment la raison vivante de notre être. Il est l'exemple parfait, l'idéal Que nous pouvons et devons nous efforcer d'atteindre. Il n'est pas un Absolu froid, caché quelque part au loin. Mais Il est le Dieu vivant, qui nous voit, nous entend et nous aime, Qui étend Ses bras jusqu'à nous depuis la Croix. De plus, Il nous offre son aide à chaque minute ou seconde de notre vie. Il nous soutient et nous fortifie, nous tient à l'écart des tentations, nous tend Sa main secourable dans notre lutte contre le mal qui frappe à la porte de notre cœur.  

"Jésus, joie de mon cœur !"

Les chrétiens vraiment croyants commencent et finissent leur journée en remerciant Dieu.

"Ô Seigneur, merci pour la nuit. Bénis mon jour à venir."

Souvenons-nous de notre ancêtre, le Prince Vladimir le Soleil Radiant, Monomaque qui était le descendant du Saint Prince Vladimir le Grand. Il a participé à plus de 44 batailles au cours de sa vie, riche en événements. Le Prince Vladimir Monomaque adorait la nature, la chasse, le confort de sa maison. Il fut un mari fidèle à son épouse et avait un caractère paisible et ne recherchait pas la guerre. Comment commençait-il sa journée ? Il se levait avec le soleil (et c'est pourquoi il reçut un surnom si inhabituel) et adressait immédiatement une prière glorieuse au Créateur.

"Merci Seigneur, de m'avoir donné de voir Ta fabuleuse Lumière. Ajoute-moi un mois ou une année de vie pour que je puisse me repentir de tous mes péchés et louer Ton Saint Nom."

Ainsi, le meilleur remède à la douleur et à la détresse, au blues de Pouchkine et à la mélancolie, au désespoir, qui parfois claque à nos talons, c'est l'amour et la foi en Christ. Non pas le genre de foi que les méchants montrent (car ils croient aussi et tremblent devant Sa présence), mais la foi qui fait que notre cœur remercie Dieu et qui laisse un beau sourire sur notre visage. 

Nous sommes appelés à accomplir une juste alliance dans notre vie courte, et pour cette raison si belle, une vie de prière à Dieu et d'amour pour les gens.

Alors, n'oublions pas les premières paroles du Christ adressées aux Apôtres et aux femmes myrrhophores juste après Sa résurrection d'entre les morts :

"Réjouissez-vous. Et je le redis : "Réjouissez-vous!"

Et c'est pourquoi l'acathiste nous fait penser aux paroles :

"Jésus, joie de mon cœur !"

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 12 juillet 2018

Sur orttodossiatorino.net: Les sacrements catholiques sont-ils valides ?


La question sur la validité des sacrements catholiques ouvre un débat qui fait trembler de peur (1) beaucoup plus les théologiens que moi-même, auteur de ces lignes... Je peux comprendre que la réponse d'un simple pasteur orthodoxe peut ne pas être satisfaisante.

Le concept même de " validité " doit être défini de manière très précise et sans ambiguïté pour tout le monde, ce qui n'est pas toujours possible. 

Un jour, on m'a demandé si pour moi, un prêtre anglican est un vrai prêtre. J'ai été forcé de répondre que pour moi, un prêtre anglican est un vrai prêtre anglican! En d'autres termes, tant qu'il exerce son ministère dans la Communion anglicane, il ne devrait pas y avoir de problème avec sa "validité", mais s'il décide de passer le Rubicon (ou plutôt le Tibre, ou peut-être la Moscova...) alors il devrait s'adapter à la vision de l'Église dans laquelle il cherche refuge. Si ceci "valide" ses ordres, tant mieux, si ce n'est pas le cas (peut-être en disant au prêtre anglican que je ne peux pas accepter sa prêtrise parce que le prêtre en question est une femme!...), alors il devra accepter le jugement, ou se préparer à passer un autre fleuve.

En soi, je pense qu'il est inutile de se demander si un sacrement réalisé en dehors de la communion de l'Église est "valide" ou "authentique". Il sera tout au plus possible de parler de son "authentification" au moment où la communion est rétablie. Jusque-là, débattre de sa validité est une question dépourvue de pertinence (2) qui n'apporte aucun bienfait.

Il est plutôt inutile d'argumenter sur la "validité" d'un sacrement à partir d'un seul cas miraculeux, non seulement parce que cela ne tient pas compte du fait que le miracle pourrait se produire même sans appareil sacramentel, mais parce que tous les cas similaires devraient être authentifiés. 

Un exemple : nous voyons un cas de miracle eucharistique dans l'Église romaine (par exemple une hostie sanglante, mais il y a des dizaines de miracles similaires) et nous concluons que l'Eucharistie de l'Église romaine est "valide" : bien, mais nous devons aussi examiner les nombreux cas dans lesquels les miracles eucharistiques se produisent dans les "petites églises" séparées de Rome, et souvent avec des théologies plutôt aberrantes : toutes "valides" même dans ces parties ?

En fin de compte, j'ai l'impression que l'on parle de "validité" davantage pour se sentir plus sûr de soi. Je ne pense pas que cet attachement ait une vraie valeur, dans un contexte de foi.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



(1) Allusion à l'expression utilisée par Dante dans son premier chant de l'Enfer pour indiquer une grande peur (Cf. Vedi la bestia per cu'io mi volsi;aiutami da lei, famoso saggio,ch'ella mi fa tremar le vene e i polsi.)
(2) L'expression italienne, plus savoureuse parle d'une question de laine caprine ( una questione di lana caprina)

Sur Parlons d'Orthodoxie

Une nouvelle édition du "Petit Chaperon rouge"  de Charles Perrault  illustrée par Xenia Krivochéine
"Le Petit Chaperon rouge'' de Charles Perrault, richement illustré par Xenia Krivochéine et mis en page par Daria Aleks, vient d’être publié sous les auspices de la cathédrale de la Sainte Trinité à Paris

Les dessins originaux se trouvent au Japon dans une collection particulière.

Nous espérons que ce beau livre fera la joie des enfants ainsi que de leurs parents. On peut l'acheter à la librairie de Centre spirituel orthodoxe, 1 quai Branly, Paris 7e 

Une nouvelle édition du "Petit Chaperon rouge"  de Charles Perrault  illustrée par Xenia Krivochéine
XENIA KRIVOCHEINE (Ershova) née à Saint-Pétersbourg, elle est diplômée de l'Institut du Théâtre, de la Musique et du Cinéma. Xenia Krivochéine est parisienne depuis 1980.

À partir de 1969, elle commence à travailler d'une manière professionnelle, illustrations de nombreux livres et albums pour enfants, essentiellement des contes populaires russes. Ces livres sont connus à l'Occident, ils ont été édités en France ( L'École des Loisirs, Flammarion, etc. ), en Allemagne, en Finlande, en Australie.

Artiste peintre, elle a publié plusieurs textes littéraires et historiques Les originaux des illustrations « Petit Chaperon Rouge » se trouvent au Japon, dans une collection particulière. 

Une nouvelle édition du "Petit Chaperon rouge"  de Charles Perrault  illustrée par Xenia Krivochéine
Под покровительством Свято-Троицкого кафедрального собора в Париже вышло подарочное издание сказки Шарля Перро "Красная Шапочка"

Иллюстрации Ксении Кривошеиной, графическое оформление Daria Aleks "Teremok/Design". Оргиналы этого издания находятся в частной коллекции в Японии.

Надеемся, что эта богато иллюстрированная книга порадует как детей, так и родителей. Ее можно приобрести в книжном отделе церковной лавки в Троицком соборе: 1 Quai Branly 75007 Paris.

Ксения Игоревна Кривошеина /Ершова/ - художник и писатель. В СССР была членом Союза Художников, иллюстратор детских книг, имеет многочисленные публикации, организует выставки в различных странах мира. В частности, Ксения занимается живописным и литературным наследием монахини Марии (Скобцовой).

Une nouvelle édition du "Petit Chaperon rouge"  de Charles Perrault  illustrée par Xenia Krivochéine
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Juillet 2018 à 12:32 0 commentaire Permalien

mercredi 11 juillet 2018

Père Lazare Moore et la présence du Saint-Esprit



Au cours d'une de nos dernières soirées avant qu'il ne subisse la dernière série d'attaques, je lui ai demandé de me pardonner et de prier pour moi quand il arriverait au Ciel.  Je me souviens qu'il répondit : "Tu pries pour moi... Dieu pardonne tout."

C'était un jour de novembre très froid.  Je n'avais pas pu me réchauffer de toute la journée.  Je me suis assis à son chevet.  Nous sommes restés assis en silence pendant un moment.  Alors je lui ai demandé : "Père Lazare... comment sais-tu que le Saint-Esprit est présent ?"

Il était allongé là, silencieusement.  Je croyais qu'il ne m'entendait pas.  Il s'est alors retourné et m'a regardé directement et m'a demandé : "As-tu froid maintenant ?"

Je ne lui avais pas dit que j'avais froid.... mais je me suis soudain rendu compte que j'étais merveilleusement réchauffé et paisible.  Je n'étais pas au courant du changement jusqu'à ce qu'il me le demande.  C'est un peu la même chose à présent que je raconte à nouveau cette histoire...

Je suis toujours impressionné.  La paix semblait rayonner de lui.  Nous nous sommes de nouveau assis en silence... Je ne voulais pas que ce moment se termine.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 10 juillet 2018

Jean-Claude LARCHET: Recension/ Patrick Koelher, Sainte-Odile. Le mont et les grâces


Patrick Koelher, Sainte-Odile. Le mont et les grâces, Éditions du Cerf, Paris, 2018, 240 p.

Le Père Patrick Koehler, recteur depuis 2010 du Mont Sainte-Odile, vient de publier un livre pour introduire le Jubilé qui, en 2020, célébrera le 1300e anniversaire de la mort de sainte Odile, patronne de l’Alsace.

Reprenant au début des chapitres des extraits de la Vita sanctæ Odiliæ virginis et se référant aussi aux scènes d’une tapisserie du XVe siècle située dans les bâtiments qui conservent les reliques de la sainte, l’auteur se sert de situations qu’ils évoquent pour faire part de ses expériences pastorales ayant un rapport avec eux, au Mont Saint-Odile et dans les lieux où il a exercé précédemment son sacerdoce. Il s’agit, dans le style catholique, d’un livre rempli de témoignages et « d’émotions » comme l’a noté un critique, qui fait une lecture de la vie de la sainte à la lumière d’expériences actuelles.

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Ce livre nous donne l’occasion de rappeler l’importance qu’a sainte Odile, une sainte orthodoxe du premier millénaire, dans le monde orthodoxe. Le Père Macaire de Simonos Pétra lui a consacré une notice sans son Synaxaire en date de sa commémoration le 13/26 décembre. Sa Vie et son tropaire ont été publiés en russe, à l’intention des nombreux pèlerins venus de Russie qui se rendent de nos jours au Mont Saint Odile, lieu où a été bâti le monastère fondé par la sainte, pour vénérer les reliques de celle-ci. Ce lieu magnifique, situé près de la ville d’Obernai sur une hauteur qui domine la plaine d’Alsace, attire aussi des pèlerins orthodoxes venus de France, de Suisse, et d’autres pays d’Europe, y compris la Grèce où un service liturgique complet (Petites Vêpres, Vêpres, Matines, Liturgie) a été composé à l’intention de sainte Odile, que l’on trouvera ici en pdf. Des reliques de la sainte sont vénérées dans plusieurs églises orthodoxes, dont celle du monastère de Pantocrator au Mont-Athos, et des icônes qui la représentent figurent dans de nombreuses sanctuaires orthodoxes. Beaucoup de fidèles orthodoxes ont été guéris de maladies ophtalmiques parfois très graves par l’intercession de la sainte qui, née aveugle, a elle-même recouvré la vue dans son enfance grâce à un miracle. Ces miracles sont souvent liés à l’application de l’eau qui coule d’une source miraculeuse située en contrebas du sanctuaire, au bord d’une route forestière qui mène à un second monastère fondé par la sainte, celui de Niedermunster, aujourd’hui en ruine. En relation avec l’un de ces miracles, un très bel acathiste à la sainte a été composé par Claude Lopez-Ginisty.


Nous donnons ci-dessous le texte de la Vie de sainte Odile, extrait des Petits Bollandistes, ainsi que son tropaire et son kondakion.


Jean-Claude Larchet


VIE DE NOTRE MÈRE SAINTE ODILE (VERS 662 – VERS 720


Sainte Odile

Du temps de l’empereur Childéric II (650-675), vivait un duc illustre nommé Adalric, aussi appelé Ethic. Il était d’origine noble. Son père Liuthéric avait exercé la fonction d’intendant au palais du susdit empereur. Le fils était honnête et voulut, quoique laïc, mener une existence spirituelle. Ce pourquoi il s’enquit d’un endroit favorable au culte divin. Adalric confia son dessein à ses fidèles, et un jour ceux‑ci purent lui signaler que des chasseurs avaient découvert sur la hauteur d’une montagne un site appelé Hohenburg [aujourd’hui le Mont-Saint-Odile, près d’Otrott dans le Haut-Rhin] en raison de la disposition des hautes fortifications : celui‑ci paraissait convenir au vœu du duc. Au temps du roi Marcellin la hauteur devait avoir été fortifiée à cause des nombreuses incursions guerrières. La situation plut au duc. Peu après il y ordonna la construction d’une église ainsi que l’édification des autres bâtiments nécessaires aux « soldats du Christ » (moines),
Adalric avait pour épouse une femme de noble lignée, du nom de Persinde, qui était la tante maternelle de saint Léger. Elle était pieuse, distribuait de larges aumônes et écoutait volontiers les Écritures Saintes. Selon la volonté de Dieu, il leur naquit une fille aveugle. Le père en conçut du désarroi car il croyait que Dieu voulait ainsi le punir d’un délit, Rien de tel, pensait‑il n’était jamais arrivé à quiconque de sa famille. C’est pourquoi il donna l’ordre de se débarrasser de l’enfant. La mère plaida la cause de l’enfant. Elle s’appuya particulièrement sur ces paroles que le Christ adressa un jour à ses disciples alors qu’ils le questionnaient à propos de l’aveugle-né : «Ni celui‑ci ni ses parents n’ont péché, mais Dieu veut manifester en lui son œuvre » (Jean 9, 3). Celle référence à l’Écriture ne consola aucunement le duc. Il se répétait que c’était pour lui une grande honte d’avoir une fille aveugle. Conformément à son ordre, la mère devait trouver une homme de confiance qui tuât l’enfant ou l’exilât en un lieu où personne ne pût l’apercevoir.

Apeurée la mère ne sut que faire de sa fille. Finalement, éclairée par l’Esprit Saint, elle trouva une solution. Elle se souvint d’une certaine femme qu’elle avait élevée depuis l’enfance dans sa maison comme l’une des leurs. On l’avait congédiée à cause d’une faute. Elle était mariée et avait un fils. Persinde fit appeler la femme et lui exposa son affliction. Touchée, celle‑ci déclara qu’elle nourrirait et élèverait la fillette jusqu’à la maturité, ce qui consola 1a duchesse Elle prit l’enfant aveugle et la posa dans les bras de la servante avec ces mots : « Je te la remets afin que tu la nourrisses, et qu’elle soit recommandée à mon Seigneur Jésus-Christ. »

La domestique accepta l’enfant avec joie, l’emmena dans sa maison et la nourrit presqu’une année entière. Des racontars commencèrent à circuler parmi les voisins au sujet de cet enfant qui recevait des soins si particuliers. De peur que le secret ne fût découvert, la servante envoya un messager à la duchesse pour l’en informer. Persinde lui donna la consigne de s’enfuir furtivement en un autre endroit nommé Balme [aujourd’hui Baume-les-Dames, situé entre Besançon et Montbéliard], et d’y cacher l’enfant ; et elle ajouta qu’elle avait là‑bas une amie qui pourvoirait à son entretien. La servante obéit et fuit avec l’enfant vers le lieu désigné. Là, elle éleva la fillette au monastère, jusqu’à ce que le Seigneur apparût en songe à un évêque nommé Erhard [évêque irlandais d’Ardagh, alors itinérant en Bavière] et lui ordonna : «Va dans un certain couvent, qui s’appelle Balme ; là tu trouveras une fillette aveugle de naissance ; tu la baptiseras au nom de la Sainte Trinité et lu l’appelleras Odile, et immédiatement après le baptême elle recouvrera la vue. » Erhard se mit aussitôt sur le chemin du monastère et baptisa la fillette par immersion dans l’eau bénite. Lorsqu’il la sortit du baptistère et oignit ses yeux du Saint Chrême, le bandeau de ses yeux se délia et elle éleva un regard clair sur l’évêque. Puis il exhorta les moniales rassemblées à s’occuper avec le plus grand empressement de la vierge consacrée au Christ. Après qu’il eût donné le baiser de paix à sa filleule, il retourna dans son pays.

Les pieuses religieuses élevèrent avec amour la vierge chrétienne et la maintinrent dans la méditation fervente des Saintes Écritures. Elle était studieuse, vigilante à la prière, rigoureuse dans l’abstinence, distribuait l’aumône autant que faire se peut, et méprisait totalement les vanités terrestres pour être plus libre de servir Celui qu’elle avait choisi.

Une révélation du Ciel informa le père que sa fille, dont il avait conclu à la mort, vivait encore et avait retrouvé la vue lors du baptême par un évêque. L’évêque ignorait celle vision. Sur le chemin du retour il fit annoncer par un messager au duc ce qui était arrivé à Balme, et le pria de se réconcilier avec sa fille.

Odile était donc au couvent et se distin­guait par son zèle à servir Dieu. Cela excita la jalousie de quelques moniales. Toutes les offenses qu’elles lui firent subir, elle les supporta par amour pour Dieu et s’efforçait de progresser quotidiennement dans la vertu. Elle avait au pays un frère de belle figure et de haute culture, que le père aimait également beaucoup. Elle lui écrivit une lettre dont elle confia l’acheminement à un pèlerin. Elle le conjura au nom de l’amour fraternel de se souvenir d’elle. Il s’en ouvrit à son père. Mais ce dernier ne voulut rien entendre du retour de sa fille et interdit à son fils d’évoquer ce sujet à l’avenir. Cependant, le jeune homme avait pitié de sa sœur minée de nostalgie ; à l’insu du père il lui envoya une voiture pour la ramener à la maison.

Alors qu’un jour le duc était assis sur une hauteur de Hohenbourg en compagnie de son fils et de ses gens, il se trouva qu’Odile, la fiancée du Christ, approcha assise dans une voiture et escortée d’une foule. Adalric leva les yeux, aperçut cet attroupement et demanda ce que cela signifiait. « C’est Odile » répliqua le jeune homme. Mais le père dit : « Qui a eu la témérité de la rappeler sans mon ordre ? » L’adolescent répondit qu’il avait fait ce geste pour sa sœur qui vivait dans une grande pauvreté. Qu’il se rendait compte à présent combien sottement il avait agi et qu’il en implorait le pardon. Saisi de fureur, le duc, du bâton qu’il tenait à la main, battit son fils avec une violence qui dépassa son intention. Il en résultat que celui‑ci contracta une maladie qui eut une issue fatale. Alors le père comprit le crime commis sur son fils. Pour celle raison il termina sa vie au monastère de Hohenbourg et s’efforça, par de nombreux actes de pénitence, par des pèlerinages à des lieux saints, d’apaiser la colère du Justicier.

Alors le père se souvint du discrédit de sa fille et la fit venir. Il avait l’intention de la traiter avec plus de bienveillance et lui confia le soin d’une religieuse britannique. On lui accorda ce qu’on octroie quotidiennement à l’entretien d’une servante. Odile l’accepta avec reconnaissance et passa un long temps au monastère d’Hohenbourg sans posséder autre chose que l’ordinaire d’une domestique.

Sur ces entrefaites sa nourrice décéda. Odile n’avait pas oublié la sollicitude avec laquelle celle‑ci l’avait nourrie autrefois. Elle ordonna de creuser une tombe et s’occupa elle‑même de son inhumation.

Quelque quatre‑vingts ans plus tard, on ouvrit la sépulture pour y adjoindre une autre dépouille. Le corps entier de la nourrice était réduit en poussière, seul le sein droit qui avait jadis alimenté l’enfant aveugle, était resté intact.

Odile vécut longtemps au monastère, satisfaite de la subsistance qu’on lui avait concédée. Son père ne l’appelait pas. et elle n’avait pas non plus l’envie de paraître devant lui sans y être convié. Alors qu’un jour Odile portait un récipient de farine sous son manteau, elle rencontra son père dans l’enceinte du couvent. Et voici que, mû par une inspiration divine, il abandonna son caractère rébarbatif et l’aborda ainsi avec douceur : « Ma très chère fille, d’où viens‑tu ? Où veux‑tu aller ? Que portes‑tu donc ? » Elle s’arrêta et répondit : « Je porte un peu de farine, seigneur, pour préparer de la nourriture et rassasier les pauvres. » Mais il lui dit : « Ne t’afflige pas d’avoir vécu jusqu’à cet instant dans la pauvreté. Grâce à la Providence tu en es dorénavant délivrée. Et le jour même il lui remit le couvent avec toutes ses dépendances et la chargea, elle et sa compagnie, de prier ardemment Dieu pour le pardon de son méfait. Peu après le duc rendit l’âme.

Comme Odile savait, par l’opinion générale et aussi par une révélation divine, que son père n’avait pu entrer au Paradis, elle implora Dieu en sa faveur en veillant, jeûnant et priant. Sa prière ne fut pas vaine.

Un jour, elle priait en toute ferveur pour la rédemption de son père en un endroit caché de la montagne sur laquelle s’étendait le monastère. Voilà que le ciel s’ouvrit, et une lumière inonda l’orante tandis qu’une voix retentit : « Odile, aimée de Dieu, ne sois plus triste, car tu as obtenu du Seigneur la délivrance de ton père ! Vois, sauvé des enfers il est conduit dans le chœur des Patriarches par des anges. » Par une prière à Dieu elle Le remercia de ce gracieux exaucement.

Odile avait environ cent trente moniales sous sa direction. La sainte mère était doublement leur guide : elle les instruisait en paroles et les stimulait par son exemple. Elle était zélée dans la prière, dans la méditation de la Parole Divine, s’exerçait à mesurer ses discours, était un modèle de sobriété à tel point qu’en dehors des jours de fête elle n’absorbait d’autres mets que du pain d’orge et des légumes. Une peau d’ours lui servait de couche, une pierre d’oreiller. Elle ne recherchait cependant pas la louange des hommes mais ne souhaitait qu’attirer l’attention de son Sauver, et pour cela elle s’acquittait de son devoir envers Dieu dans la plus grande discrétion.

Le couvent que dirigeait la vénérable abbesse s’étendait sur une haute montagne. Ainsi il était vraiment difficile d’y accéder non seulement pour les malades et les faibles, mais aussi pour les bien portants. La sainte servante de Dieu était affligée de ce que pour cette raison ils ne vinssent que rarement au monastère et qu elle ne pût leur prodiguer une réelle hospitalité. Elle rassembla donc la communauté des sœurs pour s’en ouvrir à elles, ainsi que de son dessein de construire un hospice pour l’accueil de chrétiens sur le versant de la montagne. Les compagnes approuvèrent ce projet à l’unanimité. Cependant la Sainte érigea d’abord une église qu’elle fit consacrer à saint Martin. Ensuite elle édifia également un gîte pour les pauvres. Ce logis, qui était joliment implanté et abondamment irrigué plut tant aux moniales qu’elles réclamèrent à Odile d’y construire aussi un monastère, car l’abbaye sur la montagne manquait d’eau. Elle adhéra au souhait des sœurs et bâtit un monastère qui existe encore aujourd’hui.

Alors qu’on était occupé à la construction du monastère, un homme lui apporta trois rameaux de tilleul et lui dit de les planter afin que plus tard ils soient considérés comme arbres du souvenir. Odile fil creuser trois trous. Une sœur craignit que dans ces arbres aussi, comme souvent dans de tels arbres, des vers malins ne s’installent. Toutefois l’abbesse la soulagea en l’assurant que rien de contrariant n’adviendrait jamais à ces arbres. Ensuite elle planta les trois rameaux au nom de la Sainte Trinité. Ces arbres s’épanouirent largement et dans la chaleur de l’été offrirent jusqu’à aujourd’hui une ombre rafraîchissante aux servantes du Christ.

Odile avait coutume d’accueillir la vie monastique des pèlerines tant d’Irlande que d’Angleterre. Elle recevait également avec plaisir des religieux venant de diverses régions, et demanda que quelques-uns d’entre eux lui fussent attachés comme prêtres. Puis elle acheva les deux monastères et y installa des sœurs. Pour le choix de la règle elle convoqua toutes les moniales. À la question de savoir si elles voulaient mener une existence canoniale ou régulière, elles répondirent toutes qu’elles préféreraient la vie régulière. Mais Odile n’approuva pas ce désir. Elle appuya son refus sur le fait que le site inhospitalier et pauvre en eau était impropre à la vie régulière. Les moniales se rangèrent unanimement à son avis et optèrent pour la règle canoniale. L’abbesse remercia Dieu d’une courte prière tout en implorant la bénédiction sur la communauté religieuse.

Odile s’élevait dans la sainteté comme le sapin qui aspire à la hauteur. Bien qu’invoquant de toute sa force l’aide de tous les saints, elle honorait pourtant particulièrement les reliques de saint Jean‑Baptiste parce qu’elle avait recouvré la vue grâce au baptême. C’est pourquoi elle songea aussi à édifier une église en son honneur. Comme elle souhaitait connaître le lieu où devrait être érigée l’église par l’inspiration du saint, elle se leva avant les offices nocturnes et se rendit à l’endroit qu’elle avait choisi pour la prière, et pria étendue sur un énorme rocher qui en souvenir porte encore aujourd’hui une haute croix de bois. Pendant qu’elle se livrait à l’oraison, le Baptiste lui apparut selon la tradition, nimbé d’une grande clarté, dans le vêtement avec lequel il avait baptisé le Seigneur dans le Jourdain. Une sœur, qui était chargée de donner le signal des matines, observait habituellement les étoiles pour savoir l’heure. C’est ainsi qu’elle aperçut une grande lueur. Elle s’approcha de l’endroit et vit Sainte Odile dans la lumière, mais elle ne vit pas saint Jean‑Baptiste. Alors le Baptiste révéla à sainte Odile l’emplacement de l’église et lui en indiqua aussi les dimensions. Après matines, Odile pria la sœur qui avait été témoin de l’apparition, de n’en rien trahir jusqu’à sa mort. Odile se mit immédiatement à l’ouvrage commandé par Dieu,

Un miracle se produisit au début de la construction. Les bœufs, qui tiraient vers le chantier un chariot rempli de pierres, tombèrent du haut de la montagne, d’environ soixante‑dix pieds. Tous accoururent pour achever les bœufs au cas où ils vivraient encore. On désirait en effet savourer leur viande. Par suite de l’intercession de saint Jean‑Baptiste ils trouvèrent les bœufs saufs et la voiture encore chargée. Les bœufs hissèrent ensuite de nouveau le chariot vers la construction sur un étroit sentier à peine praticable par des chevaux. Lorsque la chapelle fut terminée, Odile fit élever à côté un dortoir et les autres bâtiments et y mena avec quelques religieuses une existence retirée,

Odile avait un frère, nommé Adalbert. Celui‑ci avait trois filles appelées Eugénie, Attale et Gundelinde. Elles se sentirent poussées à quitter le monde pour se placer sous l’autorité de leur tante. Instruites par son exemple, elles voulurent servir dignement le Seigneur Jésus-Christ pour obtenir avec elle l’impérissable récompense de la vie éternelle. Odile les accueillit avec joie, les initia consciencieusement et les voua ensuite au service du Seigneur.

Plus fard il advint qu’un domestique du couvent tua son frère. Cette mort l’attrista beaucoup, ainsi que toute la communauté, C’est pourquoi elles prièrent le Seigneur de venger le méfait de telle façon que le meurtrier subît la punition méritée non dans l’au‑delà, mais dans ce monde. Leur prière fut exaucée, comme la suite le démontra, car dans sa famille aucun enfant ne naquit qui ne souffrît d’une calamité.

Au monastère il était d’usage de jeûner et psalmodier quotidiennement. Un jour de jeûne où les religieuses chantaient les psaumes dans le chœur, une servante avertit la maîtresse que le vin destiné à la communauté ne suffisait plus. Odile la consola et raffermit sa confiance dans le Christ qui nourrit des milliers de gens avec cinq pains et deux poissons. Celui‑ci pouvait aussi intervenir favorablement dans ce cas. Lorsqu’arriva l’heure de la distribution de vin, la servante se dirigea vers le tonneau qui contenait encore un petit reste – que l’on appelle « Wogin » en gaulois – et le trouva plein. Devant cette preuve des bontés de Dieu la joie régna parmi les sœurs.

À la suite de beaucoup d’exercices de mortification et de la progression constante de la vertu, la sainte vierge récolta en son âme les fruits de la sainteté. Alors le Seigneur décida que sa sainte se reposerait du travail et de la lutte et recevrait la récompense qu’elle avait méritée en ce avec une grande ardeur. Lorsqu’Odile sut que sa délivrance approchait, elle se rendit dans la chapelle de Saint Jean, y réunit toutes les sœurs et les exhorta d’aimer le Seigneur dans l’observance de ses commandements, et leur demanda aussi instamment de prier ardemment pour elle comme pour son père et sa parenté. Ensuite elle envoya les sœurs à l’église Sainte‑Marie y chanter les psaumes. Elle, cependant resta seule. Pendant qu’elles récitaient les offices des heures, son âme quitta son corps. Un parfum suave se répandit dans toute la maison. Quand les religieuses revinrent de la prière, elles trouvèrent leur mère morte. La tristesse les submergea, parce qu’elles n’avaient pas été présentes à la mort d’une âme si sainte, et que leur mère bien-aimée avait rendu son esprit sans avoir communié. En grande affliction elles supplièrent 1e Seigneur de la ressusciter. Et voyez, l’âme retourna dans le corps. La sainte servante de Dieu se redressa et réprimanda maternellement les sœurs pour leur manière d’agir. Elle avait été placée dans la compagnie de sainte Lucie par la grâce de Dieu et savouré une grande joie qu’aucun être humain ne pourrait décrire. Mais maintenant le poids de l’imperfection reposait de nouveau sur elle. Pour se justifier, les sœurs avancèrent qu’elles avaient procédé de la sorte pour qu’on ne les accusât pas de négligence si elle avait expiré sans la communion. Elle la prit de ses propres mains, se l’administra elle-même et rendit l’âme devant toutes. Ce calice est toujours conservé au couvent en souvenir de cet événement.

Les servantes de Dieu inhumèrent alors avec grand respect le saint linceul dans cette chapelle sur le côté droit devant l’autel de saint Jean Baptiste. Le doux parfum qui s’était déjà répandu persista encore huit jours. De même l’on parla de plusieurs miracles qui survinrent là après sa mort, On ne doit pas s’étonner que sainte Odile ait voisiné avec la sainte vierge et martyre Lucie, comme elle le dit elle-même ; car au temps des persécutions elle n’aurait pas soustrait sa tête au glaive. Elle mourut, ou plutôt échangea la vie terrestre contre une vie meilleure, le treize décembre.



Sainte Odile

Tropaire, ton 4 :

Comme l’aveugle de naissance dans la piscine de Siloam,* tu as trouvé la vue dans les fonts baptismaux. * Tu as vu par les yeux corporels et spirituels,* tu as voulu servir le seul Seigneur,* tu as acquis la grâce par la sagesse en Dieu * et par de nombreux labeurs.* Aussi, nous te louons comme une fille de la lumière, vénérable Mère Odile,* afin que par tes prières, le Christ, la Lumière véritable,* illumine nos âmes et nous conduise dans les tabernacles célestes.


Kondakion, ton 3 :

Ton père, ignorant la puissance de Dieu qui s’accomplit dans la faiblesse,* fut rempli de colère et de fureur et souhaitait te livrer à la mort.* Pourtant il connut dans des grands signes la volonté du Seigneur,* et t’installa dans le monastère sur la montagne élevée.* Et toi, comme un luminaire radieux,* tu as éclairé tous ceux qui cherchaient le salut,* et tu rassemblas une multitude de vierges sages.* Maintenant, alors que tu te tiens dans les cieux, glorieuse Odile,* tu abreuves d’abondants flux de grâce ceux qui accourent à tes reliques.


lundi 9 juillet 2018

Monastère de Draganac /Bulletin du début de l'été


Avec le nombre croissant d'amis et de sympathisants à l'étranger, nous avons décidé de lancer un bulletin électronique mensuel pour vous informer de ce qui se passe ici à Draganac. Nous espérons que vous apprécierez les mises à jour sur la vie du monastère, et n'hésitez pas à les partager avec vos amis ! Merci à tous pour votre soutien, nous ne pourrions pas faire ce que nous faisons sans votre soutien.


Comment meurt un CHRETIEN
Il a été le premier d'entre nous à partir... le nouveau moine Constantin, le premier de la fraternité moderne et renouvelée du monastère de Draganac, le premier à faire son chemin jusqu'à notre but commun, la tombe et, espérons-le, le premier à atteindre notre but commun, le Royaume des Cieux. Il est venu nous voir il y a quelques mois, juste avant le Grand Carême, avec un cancer en phase terminale. Son désir était de mourir comme moine dans un monastère, et notre higoumène l'a accepté. Au début, il était assez indépendant, mais il a été diminué. Il a été tonsuré moine il y a environ un mois, et il était déjà dans un tel état qu'il lui était difficile de se tenir debout.

La tonsure a eu lieu dans sa chambre, avec de nombreux moines, moniales et laïcs présents, tous portant des cierges. Nous lui avions dit qu'il pouvait être tonsuré au lit, mais il a insisté pour se tenir debout pour le service. Dans sa tonsure, le Père Constantin a fini par être une image de l'humanité brisée que nous partageons tous. L'office de tonsure a duré assez longtemps pour qu'il ne puisse pas se tenir debout seul, alors il s'est littéralement appuyé sur son parrain monastique, notre Père Justin. Et pourtant, n'est-ce pas là un exemple de nous tous, dans notre faiblesse, incapables même de nous tenir debout seuls, et ayant besoin de quelqu'un sur qui s'appuyer, pour nous élever vers le Christ ? Ce fut vraiment un moment où nous avons tous rendu grâce à Dieu pour Son Église et pour les bonnes âmes qui nous portent : que ce soit avec les sacrements, avec leur amour, leurs prières, ou comme ici, littéralement, vers la vie en Christ.

Pendant le dernier mois et demi de sa vie, les frères ont pris soin du Père Constantin 24 heures sur 24. Récemment, l'higoumène a fait un voyage d'environ une semaine, et avant de partir, il a dit au Père Constantin d'"attendre" son retour. La nuit du 29 juin, le Père  Hilarion est revenu du voyage, il est allé dans la chambre du Père Constantin pour le voir et lire une prière. Pas plus de cinq minutes plus tard, le frère qui le surveillait a dit qu'il était mort. Le Père Constantin s'est soudainement réveillé de son sommeil, a laissé échapper un dernier souffle, et a quitté cette terre. Obéissant jusqu'au bout ! 


Que Dieu lui accorde la mémoire éternelle et le repos avec les saints, et que nous ayons tous une telle fin bénie dans les bras de l'Église du Christ.

Moutons, moines et femmes : UNE COLLABORATION





Ça commence avec les moutons. Dečani Le monastère, notre monastère frère et le monastère d'origine de notre higoumène, le Père Hlarion, possède un grand nombre de moutons qu'ils utilisent pour la fabrication de fromage et d'autres produits laitiers. Mais, jusqu'à présent, la laine issue de la tonte régulière des moutons était simplement stockée pour un usage futur. Mais pour quoi ?
Autour de Draganac, il y a encore un certain nombre d'enclaves serbes, où les familles vivent depuis des siècles. Ceux qui restent aujourd'hui sont vraiment des survivants, des gens durs qui endurent toutes sortes de privations et de persécutions pour l'amour du Christ. Un problème aujourd'hui est qu'il y a peu de possibilités d'emploi au Kosovo pour les chrétiens orthodoxes. La plupart des familles de ces enclaves vivent avec environ 100 euros par mois d'aide de la Serbie et de l'agriculture de subsistance. C'est une existence difficile.

Cependant, les femmes serbes sont connues pour leurs talents de tricoteuses, et beaucoup d'entre elles viennent au monastère avec de beaux pulls qu'elles ont confectionnés elles-mêmes. C'est ainsi que nous avons eu l'idée d'utiliser leurs compétences et leur créativité, combinées à la laine de notre monastère et à l'audience en ligne via notre site web, pour les aider.

Le monastère de Dečani fournit la laine, notre monastère paie pour qu'elle soit nettoyée et transformée en fil, et nous la donnons gratuitement aux femmes des villages locaux pour en faire de belles créations : pulls, sacs et chaussettes. Tous les produits sont fabriqués avec une combinaison de design traditionnel mais avec un oeil pour le style occidental moderne. Les bénéfices des ventes de notre "Women's Wool Collective" vont entièrement aux femmes et les aident à atteindre une plus grande indépendance et à permettre à leurs familles de rester au Kosovo.
Imaginez : La famille d'une femme vit avec 100 euros par mois, puis l'un de ses pulls fabriqués à la main se vend en ligne au même prix. Elle vient de doubler les revenus de sa famille. S'il vous plaît envisagez d'acheter des produits de nos femmes locales que nous offrons sur notre boutique en ligne, et d'aider une sœur !


Bénédiction des Abeilles

Grâce à l'aide d'amis locaux, nous avons commencé l'année dernière à élever des abeilles à Draganac. Cette année, pour la première fois, nous avons fait la bénédiction traditionnelle annuelle des abeilles, suivie de la première récolte de miel pour l'année. Que Dieu augmente la population d'abeilles dans le monde entier, et qu'Il nous bénisse avec leurs fruits sucrés.

Diffusion de la PAROLE




En plus de l'anglais, notre site Web est maintenant disponible en serbe, français, grec et russe. Partagez-le avec vos amis qui pourraient être intéressés et aidez-nous à diffuser le travail sur la vie de notre monastère ainsi que sur l'Église orthodoxe serbe et son travail au Kosovo-Métochie !



Nous offrons maintenant des chapelets de laine (Tchotkis)
Nous offrons maintenant des chapelets, fabriqués par les frères du monastère de Draganac, en vente sur notre site web. Ils sont disponibles en taille de poignet, avec 50 nœuds et 100 nœuds.
Venez voir !


Boutique du Magasin
Tous les produits vendus ici sont fabriqués par les frères du monastère de Draganac au Kosovo. Ce sont les fruits de nos obédiences monastiques accomplies dans la prière, ou les tâches données aux moines pour soutenir et aider la vie de la communauté.

Si vous ne voyez rien ici dont vous avez besoin, mais que vous voulez quand même aider, vous pouvez envisager de faire un don, qui peut être fait en cliquant sur le lien ici.


Nous offrons la livraison gratuite dans le monde entier pour toutes les commandes de plus de 50€.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
DRAGANAC MONASTERY
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